Lexique des termes bibliques
Ce lexique fournit une explication de termes bibliques recouvrant des vérités fondamentales de la Parole de Dieu.
Visitation
La visitation, selon les Écritures, est une intervention de Dieu à l'égard de l'homme soit en grâce, soit en jugement. Elle est mentionnée, comme étant la manifestation tantôt de sa riche grâce, tantôt de son juste jugement.
Dans l'Ancien Testament, il est déjà parlé de plusieurs visitations de Dieu en grâce. Joseph, peu avant de mourir, dit à ses frères : « Dieu vous visitera certainement, et vous fera monter de ce pays-ci dans le pays qu'il a promis par serment à Abraham, à Isaac et à Jacob. » Il le répète dans le verset suivant : « Certainement Dieu vous visitera » (Gen. 50 : 24, 25). Le jour est venu en effet où Dieu a conduit les enfants d'Israël hors du pays d'Egypte pour les amener en Canaan.
De Naomi, revenant de son chemin d'éloignement, il est écrit qu'elle avait entendu dire que l'Eternel avait visité son peuple pour lui donner du pain. Et elle revint à Bethléhem, au commencement de la moisson des orges (Ruth 1 : 6, 22).
Il a été accordé à David de saluer les jours heureux d'une création renouvelée, où toute chair viendra à Dieu. Bénissant par avance, il dit : « Tu as visité la terre, tu l'as abreuvée, tu l'enrichis abondamment : le ruisseau de Dieu est plein d'eau » (Ps. 65 : 9).
Il est clair que c'est dans le Nouveau Testament que nous avons la visitation suprême de la grâce de Dieu. Au début de l'Evangile, Zacharie, père de Jean le Baptiseur, prophétise et bénit le Seigneur « qui a visité et sauvé son peuple ». Il parle des « entrailles de miséricorde de notre Dieu, selon lesquelles l'Orient d'en haut nous a visités » (Luc 1 : 68, 78). Qui est cet Orient d'en haut, sinon le Messie promis, le Christ, qui a apporté aux hommes la lumière, la vie, la paix. Mais ce message divin n'a pas été reçu. Aussi le Seigneur doit-il, à la fin de l'Evangile, prononcer une sombre complainte en prédisant le jugement terrible qui allait fondre sur Jérusalem, parce qu'elle n'avait point connu le temps de sa visitation (Luc 19 : 44).
Plus tard, lors du concile de Jérusalem, l'apôtre Pierre raconta comment Dieu avait « premièrement visité les nations pour en tirer un peuple pour son nom », c'est-à-dire l'Eglise (Actes 15 : 14). C'est ce que signifie, on le sait, le mot Eglise, venant du terme grec ek-klesia », qui veut dire appelé hors des nations.
Dans sa première épître le même apôtre exhorte les fidèles à avoir une conduite honnête parmi les nations, « afin que, quant aux choses dans lesquelles ils médisent de vous... ils glorifient Dieu au jour de la visitation, à cause de vos bonnes oeuvres qu'ils observent » (2 : 12). Ceux-ci, visités un jour par la grâce de Dieu, lui rendraient gloire en se souvenant des bonnes oeuvres de ces fidèles témoins qu'ils avaient eu la méchanceté de calomnier (H.R.).
Comme il a été dit au début de ces lignes, Dieu ne visite pas seulement les hommes en grâce, mais aussi en jugement. De nombreux passages des prophéties de l'Ancien Testament l'attestent, le livre de Jérémie en particulier. A l'égard de Jérusalem il est dit : « C'est la ville qui doit être visitée (ou : punie) ; tout est oppression au milieu d'elle » (Jér. 6 : 6). A l'égard du peuple il est écrit : « L'Eternel... visitera leurs péchés » (Jér. 14 : 10). Aux pasteurs, plus responsables que d'autres, il est annoncé : « Vous avez dispersé mon troupeau... vous ne les avez pas visités ; voici, je visite sur vous l'iniquité de vos actions » (Jér. 23 : 2). Quant aux nations, à Babylone tout d'abord, le terrible verdict est signifié : « Je visiterai sur le roi de Babylone et sur cette nation-là leur iniquité... et je le réduirai en désolations perpétuelles » (Jér. 25 : 12). Cette même visitation avait déjà eu lieu à l'égard du roi d'Assyrie : « Je visite le roi de Babylone et son pays, comme j'ai visité le roi d'Assyrie » (Jér. 50 : 18).
Il est toutefois parlé aussi, dans ce même livre, de visitation en grâce de la part de Dieu. Par exemple : « Lorsque soixante-dix ans seront accomplis pour Babylone, je vous visiterai, et j'accomplirai envers vous ma bonne parole, pour vous faire revenir en ce lieu » (Jér. 29 : 10).
On ne saurait clore ces quelques pensées sur les visitations de Dieu à l'égard de l'homme, en grâce ou en jugement, sans parler de celle dont le Seigneur Jésus a été l'objet de la part de son Dieu. A deux reprises elle est annoncée prophétiquement dans le livre des Psaumes : au psaume 8 et au psaume 17.
Le psaume 8 dépeint la beauté de la création. En présence de telles merveilles l'esprit ne comprend pas que les cieux dans toute leur gloire aient été faits pour l'homme devenu pécheur, donc mortel : »Qu'est-ce que l'homme... que tu le visites ? » (v. 4). La solution de l'énigme est donnée dans l'épître aux Hébreux qui cite ce passage en parlant, non pas d'Adam, mais du dernier Adam. Le premier homme ayant failli, nos regards sont dirigés sur le second homme, Jésus, qui un jour a été visité par Dieu, tandis qu'il a été fait un peu moindre que les anges, tandis qu'il a goûté la mort pour tous et pour tout, tandis qu'il a été consommé par des souffrances (Héb. 2 : 5-10). Toute la création n'est donc, dans la pensée de Dieu, que le piédestal où, un jour, notre Sauveur sera placé après avoir accompli les conseils de Dieu en rédemption (H.R.).
Au psaume 17 le Seigneur dit par l'Esprit prophétique : « Tu as sondé mon coeur, tu m'as visité de nuit ; tu m'as éprouvé au creuset, tu n'as rien trouvé » (v. 3). Quelle épreuve, quelle nuit que celle où Jésus fut visité par le Dieu saint ! L'épée du jugement divin s'est en effet réveillée et a fouillé son Être saint durant les trois heures de ténèbres pour ne rencontrer que perfection sur perfection (Zach. 13 : 7). Le psalmiste peut bien ajouter : « Tu n'as rien trouvé ».
Dans la céleste cité, là où « il n'y aura pas de nuit » (Apoc. 21 : 25), les croyants se souviendront à jamais de la nuit où leur Sauveur souffrit sous le poids de la juste colère de Dieu à l'endroit du péché, afin que l'accès à une telle cité leur fût ouvert.
Pierre Rossel