Compassions

On sait peut-être que le verbe compatir est un mot latin qui signifie souffrir avec. Les compassions de Dieu sont la manifestation de son amour qui veut bien s'occuper de l'homme dans sa misère profonde. Deux passages de la parole de Dieu évoquent d'une manière touchante cette pensée. Au livre des Juges il est écrit : L'âme de l'Eternel « fut en peine de la misère d'Israël » (10 : 16), et au livre des Psaumes : Lequel, « dans notre bas état, s'est souvenu de nous, car sa bonté demeure à toujours » (136 : 23).
Il est très souvent fait mention des compassions divines, dans l'Ancien comme dans le Nouveau Testament. Il est bienfaisant d'en relever, selon les Écritures, les divers caractères :
1.      Elles sont grandes. C'est ce que David a exprimé dans les jours de son humiliation : « ô
Dieu... selon la grandeur de tes compassions,efface mes transgressions » (Ps. 51 : 1). Et plus tard, au jour d'une grande détresse : « que nous tombions, je te prie, dans les mains de l'Eternel, car ses compassions sont grandes » (2 Sam. 24 : 14).
2. Elles sont nombreuses. C'est ce que dit le psalmiste : « tes compassions sont en grand
nombre » (Ps. 119 : 156). Néhémie le déclare aussi : « dans tes grandes (ou : nombreuses) compassions, tu ne les abandonnas point dans le désert » (9 : 19 – note). Et le prophète de reconnaître : « ce n'est pas à cause de nos justices que nous présentons devant toi nos supplications, mais à cause de tes grandes (ou : nombreuses) compassions » (Dan. 9 : 18 – note).
3. Elles sont incessantes. Le prophète, dans les temps sévères qu'il traverse, proclame que les
compassions de l'Eternel « ne cessent pas ; elles sont nouvelles chaque matin » (Lam. 3 : 22).
4. Elles sont actives. « Toutes ensemble, dit Dieu, mes compassions se sont émues. Je ne donnerai pas cours à l'ardeur de ma colère » (Osée 11 : 8).
Ces divers passages montrent combien réelle allait être l'attitude de l'Eternel vis-à-vis des enfants de son peuple, attitude qui fut révélée lorsque la loi a été donnée pour la deuxième fois – la loi mitigée de grâce (Ex. 33 : 19). L'apôtre Paul rappelle ces paroles que Dieu dit à Moïse à cette occasion : « Je ferai miséricorde à qui je fais miséricorde, et j'aurai compassion de qui j'ai compassion » (Rom. 9 : 15).
Le peuple d'Israël a toujours été l'objet des compassions de Jéhovah. S'il s'agit du passé, nous lisons par exemple que, durant le temps de l'oppression par le roi de Syrie aux jours du roi Joakhaz, « l'Eternel usa de grâce envers eux, et eut compassion d'eux, et se tourna vers eux » (2 Rois 13 : 23). S'il s'agit de l'avenir, ces mêmes compassions leur sont assurées. Le prophète peut dire : « Il aura encore une fois compassion de nous, il mettra sous ses pieds nos iniquités » (Michée 7 : 19). Un autre prophète en parle à trois reprises dans un seul chapitre de son livre : « Avec une bonté éternelle j'aurai compassion de toi, dit ton rédempteur, l'Eternel » (Es. 54 : 7, 8, 10).
En lisant l'Evangile nous voyons le Seigneur Jésus qui, plus d'une fois, est ému de compassion. Il l'est soit à l'égard d'une âme, soit à l'égard des foules. Nous apprenons ainsi qu'il a été ému de compassion à l'égard d'un lépreux (Marc 1 : 41), à l'égard de deux aveugles (Matt. 20 : 34), à l'égard d'une veuve éplorée (Luc 7 : 13). Dans le sens d'une parabole Il devait être représenté par un Samaritain ému de compassion envers un pauvre homme couvert de blessures (Luc 10 : 33). Une autre parabole parle des compassions divines dans la personne d'un père à l'endroit de son fils qui était perdu et qui revient (Luc 15 : 20). Elles se manifestent aussi vis-à-vis de la foule qui est lasse ou qui a faim (Matt. 9 : 36 ; 14 : 14 ; 15 : 32). Jésus était là, Jéhovah de l'Ancien Testament, présent au milieu de son peuple. Ses compassions, dit un psaume, venaient en hâte au-devant d'eux, car ils étaient devenus fort misérables (Ps. 79 : 8).
Il est enfin un passage qui doit retenir notre attention : « Je vous exhorte donc, frères, par les compassions de Dieu (Rom. 12 : 1). Avec le chapitre 12 de cette épître l'apôtre entre dans le sujet des exhortations pratiques qui découlent de l'enseignement doctrinal dans les chapitres 1 à 11. Sans les compassions de Dieu nous ne pourrions jamais y répondre. Il faut nous en souvenir, nous souvenant aussi que la fin du Seigneur est qu'il est « plein de compassion et miséricordieux » (Jacq. 5 : 11).

Pierre Rossel