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NOTES SUR LE LIVRE DE LA GENÈSE (ch. 47 à 48)

 

GENÈSE 47
          Devant le Pharaon (v. 1-12)
          Joseph prend soin des siens (v. 13-26)
          Les derniers jours de Jacob adorant dans la pensée de la résurrection (v. 27-31)
GENÈSE 48
          Rappel de Béthel et Ephrath (v. 1-7)
          La perception spirituelle de Jacob (v. 8-22)


GENÈSE 47

                        Devant le Pharaon (v. 1-12)

            Joseph n’a pas honte de son père et de ses frères ; il annonce leur venue au Pharaon. C’est une belle figure du Seigneur qui n’a pas honte de nous appeler frères et qui peut dire : « Me voici, moi, et les enfants que Dieu m’a donnés » (Héb. 2 : 11-13).
            Le Pharaon pose la question : « Quelle est votre occupation ? ». Les frères de Joseph répondent : « Tes serviteurs sont bergers, tant nous que nos pères » (v. 3). Le service de berger, en opposition avec celui de chasseur, est selon la pensée de Dieu dans toute la Parole : Abraham, Moïse, David en sont des exemples. Avons-nous à cœur le bien de notre frère, de notre sœur, et d’être un berger comme Pierre ? De plus ici, il y avait un opprobre à être berger, nous l’avons vu à la fin du chapitre précédent. Mais le résultat est que les frères de Joseph ont eu la meilleure partie du pays. Si nous acceptons l’opprobre, nous jouirons d’une meilleure part avec le Seigneur : joie, paix, en lui et communion avec lui.
            La gloire de Joseph rejaillit sur son père et ses frères ; le Pharaon invite Joseph à faire habiter sa famille dans la « meilleure partie du pays » (v. 6, 11). Nous qui sommes dans le monde sans Dieu où règne la « famine » spirituelle, la « meilleure partie du pays » représente sans aucun doute l’Assemblée lors des rassemblements, où l’on trouve de la nourriture spirituelle (47 : 11-12).
            Tout ce qu’ont fait les frères de Joseph est jugé, pardonné. Il en est de même pour nous. Dieu (dont le Pharaon est ici une image) possède les richesses et nous donne ce qu’il y a de meilleur. Les conseils de Dieu s’accomplissent pour protéger son peuple. En restant en Palestine, les fils d’Israël auraient été en danger de se mélanger aux Cananéens comme Siméon (voir 46 : 10). Dieu les en retire. Les Égyptiens ne se mélangeaient pas aux autres peuples. Dieu place alors son peuple en Égypte, mais à part. « C’est un peuple qui habitera seul, et il ne sera pas compté parmi les nations », prophétisera plus tard Balaam malgré lui (Nom. 23 : 9).

            Jacob se tient devant le Pharaon (v. 7), grand souverain de l’époque. Scène extraordinaire : il entre, il bénit, il parle, il bénit, il sort. C’est un contraste saisissant entre la grandeur de l’homme et la grandeur selon Dieu.
            Contrairement au chapitre 43 : 11, Jacob n’offre pas de présent au Pharaon, mais il le bénit deux fois. Jacob est la bouche de Dieu qui bénit le monarque. Dans son humilité, il a conscience de sa dignité d’homme de Dieu, en communion avec Lui. Cette double bénédiction enrichit moralement ce grand roi bien plus que n’aurait pu le faire un « présent » : « La bénédiction de l’Éternel est ce qui enrichit » (Prov. 10 : 22). Le Pharaon, conscient de la grandeur morale de ce simple berger qui le bénit en entrant et en sortant, sans autre forme de déférence, ne s’en offusque pas.
            Jacob n’est qu’un canal d’où coule la bénédiction de Dieu vers le Pharaon : c’est le prince de Dieu qui bénit un prince de ce monde, sans orgueil ni prétention, mais humblement ! « Le moindre est béni par le plus excellent » (Héb. 7 : 7).

            Jacob est rempli :
                  - de dignité : le pauvre patriarche est supérieur au roi le plus glorieux, car c’est Joseph qui le fait entrer et se tenir devant le Pharaon (v. 7), pas ses besoins ou sa volonté. Il est en relation avec le vrai Dieu. De même, le croyant doit se présenter devant le monde avec la conscience de sa dignité d’enfant de Dieu et pour lui apporter la grâce et la bénédiction divine ;
                  - du caractère d’étranger : « Il séjourne » seulement sur cette terre, comme ont séjourné ses pères (v. 9) ;
                  - d’humilité : il n’a pas une haute pensée de lui-même, mais il se place dans la lumière de Dieu (v. 9). Il porte un jugement sur lui-même ; de sa vie, il ne restera que ce qui est à la gloire de Dieu. De même, le temps de notre vie n’a de valeur que selon le nombre et la durée de nos rapports avec Dieu et de notre témoignage pour Christ. Tout le reste ne compte pas.
            Jacob n’a pas eu une vie longue et prospère car il n’a pas honoré son père comme le demandera la Loi rappelée par l’apôtre aux Ephésiens (Éph. 6 : 1-3). Tout ce que Dieu lui a confié, l’homme l’a gâté. Depuis le début de l’Église, il y a eu un affaiblissement général. La puissance de Dieu n’a pas diminué, mais elle ne peut se manifester pleinement. Quelle que soit la faiblesse, l’exhortation à être fidèle demeure : « Mais toi… » (2 Tim. 3 : 14 ; 4 : 5). De plus la prise de conscience du déclin a été à l’origine de manifestations extraordinaires de la puissance de Dieu : la période de la Réformation et celle du Réveil du 19ème siècle par exemple.
            C’est avec respect que le Pharaon demande à ce vieillard qui est devant lui : « Combien sont les jours des années de ta vie ? » (v. 8). Pour le Pharaon, homme du monde, seul compte le nombre des années passées sur la terre. Mais Jacob, homme de Dieu, fait la différence entre les années de son « séjour sur terre », et le nombre des années vécues en communion avec Dieu. Il peut dire : « Les jours des années de ma vie ont été courts et mauvais » (v. 9). Jacob, longtemps occupé à s’enrichir sur la terre par toutes sortes de moyens, a enfin réalisé que Dieu a préparé pour tous les croyants « une cité qui a les fondements », céleste, et que les patriarches étaient « étrangers et de passage sur la terre » ; ils cherchaient « une meilleure » patrie » (Héb. 11 : 9-16).
            Ne soyons pas, nous non plus, de « ceux qui habitent sur la terre » (Apoc. 13 : 8). La brièveté de notre vie nous incite à attendre l’entrée dans notre vraie patrie céleste quand la trompette de Dieu nous appellera en haut (1 Cor. 15 : 51-52). Cela doit se voir dans notre conduite. Nous avons un « héritage incorruptible, sans souillure, inaltérable » que Dieu nous a préparé (1 Pier. 1 : 4). Le Psaume 39 nous fait mesurer la brièveté de notre vie et la vanité d’amasser des biens matériels (v. 4-6) ; nos projets peuvent se révéler illusoires (Jac. 4 : 13-14). Dieu ne retiendra, à la fin, que ce qui aura été fait pour Lui, dans sa communion. Au « tribunal de Christ », où nous ne serons pas jugés nous-mêmes, mais nos actions, nous recevrons « les récompenses » selon ce que nous aurons fait « soit bien, soit mal » (2 Cor. 5 : 10). Ce qui apparaîtra, ce sera sa gloire pour Lui, et sa grâce pour nous. Notre corps n’est qu’une « tente » temporaire (2 Cor. 5 : 1), montrant la fragilité de notre vie physique. Mais Dieu attend de nous que notre vie serve « les desseins de Dieu », comme David en son temps (Act. 13 : 36). La « course » de Jean le Baptiseur a été courte (31 ans environ), mais sa vie a été riche au service de Dieu. Isaac, lui, a vécu longtemps (180 ans), mais, après sa faute pour avoir voulu donner à Ésaü la bénédiction que Dieu réservait à Jacob, Dieu se tait sur la fin de sa vie. Si notre vie est courte (Job 14 : 1-2), apprenons à bien « compter nos jours afin que nous en acquérions un cœur sage » (Ps. 90 : 12). Mettre sa confiance en Dieu pour « être riches en bonnes œuvres... prompts à donner, généreux », c’est « saisir ce qui est vraiment la vie » (1 Tim. 6 : 18-19). Paul est un exemple pour nous car il peut écrire : « Le temps de mon départ est arrivé ; j’ai combattu le bon combat, j’ai achevé la course, j’ai gardé la foi » (2 Tim. 4 : 7-8).

            Joseph s’occupe de ses frères (v. 11-12) ; personne n’est oublié. Chaque racheté du Seigneur est unique et l’objet de ses soins constants.
            Joseph reste humble et déférent devant celui qui est plus haut placé que lui. Il ne prend pas sur lui d’installer sa famille dans la meilleure partie du pays sans l’ordre du Pharaon. Prenons garde à l’orgueil spirituel, le pire de tout. L’humilité de Joseph se manifeste en présentant au Pharaon, cinq de ses frères seulement (v. 2), le chiffre cinq représente la faiblesse humaine.
            Bien que les bergers soient en abomination pour les Égyptiens, le Pharaon établit ces Hébreux dans la partie la plus riche de l’Égypte. Bien que haïs du monde à cause de Christ (Jean 15 : 18-19), nous devons aimer, non le monde ennemi du Seigneur, mais tous les hommes. À Israël, l’Éternel dit : « Tu n’auras pas en abomination l’Égyptien, car tu as séjourné comme étranger dans son pays » (Deut. 23 : 7), bien qu’il y ait servi durement !
            Dans l’avenir, l’Égypte sera étroitement liée à Israël, car elle a accueilli la famille de Joseph, puis la famille terrestre du Seigneur, le préservant ainsi des intentions criminelles d’Hérode. Tant pour Israël que pour le Seigneur, Dieu dit : « J’ai appelé mon fils hors d’Égypte » (Osée 11 : 1 ; Matt. 2 : 15). Selon l’attitude de ce monde vis-à-vis de son peuple, Dieu tient compte de ces choses dans son gouvernement. « Le cœur d’un roi, dans la main de l’Éternel, est des ruisseaux d’eau ; il l’incline à tout ce qui lui plaît » (Prov. 21 : 1). Le Pharaon, ignorant le comportement antérieur des frères de Joseph, pense qu’ils en sont le reflet moral, et leur fait confiance. Nous savons quel profond travail Dieu a dû opérer en eux ! Le travail de Dieu en nous, nous fait-il reconnaître comme ayant « été avec Jésus » (Act. 4 : 13) ? Sommes-nous « la bonne odeur de Christ » au milieu de ce monde (2 Cor. 2 : 15) ? Pour nous, la meilleure partie du pays, c’est là où se trouve le Seigneur, lorsque nous sommes réunis en son nom, là où Il nous nourrit de sa Parole. Répondons à toutes ses invitations. Si les frères de Joseph jouissaient de l’abondance du pays, ils devaient servir le Pharaon, selon leurs capacités (v. 6). Nous aussi, nourris abondamment de la Parole de Dieu, nous devons servir le Seigneur, selon ce qu’Il place devant nous, avec les capacités qu’Il nous donne.

                        Joseph prend soin des siens (v. 13-26)

            Le pays de Canaan est étroitement associé à l’Égypte dans la disette qui a « épuisé » ces deux pays. L’accent est mis sur l’intensité de la famine qui sévissait. Plus le temps passe et plus l’épreuve réduit les hommes à recourir à l’ultime ressource : aller à Joseph. La prospérité les avait maintenus loin de lui : « Les biens du riche sont sa ville forte, et comme une haute muraille, dans son imagination » (Prov. 18 : 11) ; mais l’épreuve les rejette sur lui. Le croyant ne s’appartient plus à lui-même, mais à Christ, et doit avoir recours à Lui dans toutes ses circonstances qu’il est incapable de contrôler.
            Prophétiquement, l’Égypte représente les nations, et Canaan, le futur pays d’Israël. Jusqu’à ce jour, tant Israël que le monde incrédule en général, rejettent Dieu et le Sauveur. La famine spirituelle intense sévit parmi les hommes. Se tenir loin de Christ, c’est se vouer à la disette. Une deuxième partie de la prophétie concerne la période immédiatement située avant le millénium ; on retrouve Israël apostat et le monde, rejetant toujours le Seigneur, en proie à une famine spirituelle encore plus douloureuse : « Et le ciel se retira comme un livre qui s’enroule… » (Apoc. 6 : 14). Après l’enlèvement de l’Église auprès de son Seigneur dans le ciel, les hommes n’auront plus aucune lumière : le ciel sera fermé pour eux. « Des jours viennent, dit le Seigneur, l’Éternel, où j’enverrai une famine dans le pays ; non une famine de pain… mais d’entendre les paroles de l’Éternel. Et ils erreront d’une mer à l’autre et du nord à l'est… pour chercher la parole de l’Éternel, et ils ne la trouveront pas » (Amos 8 : 11, 12).
            Joseph agit avec sagesse, et il ne garde rien pour lui-même, comme le Seigneur fera toujours tout pour la gloire de son Père. Avons-nous tout donné au Seigneur ? (Marc 10 : 28-30). Les apôtres réalisaient qu’ils étaient « esclaves de Dieu et du Seigneur Jésus Christ » (Jac. 1 : 1). Nous sommes esclaves de Celui à qui nous appartenons (2 Cor. 5 : 14-15). Les Macédoniens s’étaient donnés « d'abord au Seigneur » (2 Cor. 8 : 5). Cherchons-nous nos propres intérêts ou ceux de Jésus Christ ? (Phil. 2 : 21). Joseph est comme cet économe fidèle de Luc 12 : 42-44, donnant à tous leur ration de blé au temps convenable. Et, comme dans Matthieu 24 : 47, il est conscient d’avoir un maître au-dessus de lui. Sa fidélité trouve un écho dans le cœur des Égyptiens reconnaissants : « Tu nous as conservé la vie » (v. 25). Quatre fois, il est mentionné que Joseph a conservé la vie (45 : 5, 7 ; 47 : 25 ; 50 : 20). Le Seigneur n’est-il pas Celui qui donne la vie « en abondance » (Jean 10 : 10) ?
            Quant aux terres des sacrificateurs (v. 22, 26), on peut retenir la pensée générale que, occupés des choses de leur religion (idolâtre), le Pharaon se devait de donner à ces sacrificateurs ce qui leur était nécessaire. En Israël, plus tard, les lévites vivront des dîmes apportées par le peuple.
            Joseph, dans sa sagesse, donne aux Égyptiens la nourriture quotidienne, mais il leur donne aussi de quoi semer, en vue des besoins futurs (v. 23). Nourrissons nos âmes chaque jour ; mais pensons à semer en nous-mêmes, en pensant à l’avenir qui nous est inconnu.

            Pendant ces années de famine, Joseph s’est occupé aussi des Égyptiens, mais en faisant tout revenir au Pharaon (v. 14, 20, 23). Il y a un travail progressif : l’argent d’abord (v. 14), puis le bétail (v. 17), enfin les terres et les personnes (v. 18). Il en est de même pour nous :
                  - tout ce que nous avons (« l’argent ») doit être pour Dieu ;
                  - notre travail (« le bétail », instrument du travail des Égyptiens) doit être fait pour lui ;
                  - nos motifs, le sens de notre vie (« la terre », base de la vie des Égyptiens), tout doit être pour le Seigneur ;
                  - nos corps mêmes doivent être livrés au Seigneur – les croyants de Macédoine s’étaient « donnés d'abord eux-mêmes au Seigneur » (2 Cor. 8 : 5).
            Joseph laissait aux Égyptiens les quatre cinquièmes (v. 24), ce qui était largement suffisant pour la vie et la semence ; de même, si nous apportons tout au Seigneur, Il ne sera jamais en reste avec les siens et il y aura beaucoup de bénédictions.

            Prophétiquement les versets 13 à 27 nous parlent du millénium, lorsque le Seigneur établira sa domination sur le monde entier. Toutes les nations seront soumises au Seigneur et tout sera remis à Dieu. Ce sera alors l’état éternel où Dieu sera « tout en tous » (1 Cor. 15 : 28). Comme pour la famille de Jacob (v. 27), le peuple d’Israël aura une place à part, une bénédiction toute spéciale.

                        Les derniers jours de Jacob adorant dans la pensée de la résurrection (v. 27-31)

            Contrairement aux versets 13 à 26, où les Égyptiens ont été dépouillés de tout contre leur nourriture, « Israël habita dans le pays d’Égypte… ils y acquirent des possessions, ils fructifièrent et ils se multiplièrent extrêmement » (v. 27). Et Joseph les fournit de pain, sans le leur faire payer (v. 12). Dieu permet cet enrichissement auquel les fils de Jacob s’attachent peut-être. Mais Jacob est détaché des choses de la terre, en contraste avec sa vie d’autrefois. Dieu nous donne ce qui nous est nécessaire, mais gardons-nous de remplir nos cœurs des biens terrestres, au détriment des bénédictions spirituelles.
            Au chapitre 46 : 2-4, Dieu avait parlé à Jacob à Beër-Shéba, où il était venu adorer au lieu de la bénédiction. Avant de partir pour l’Égypte, il désire s’enquérir de la pensée de Dieu, contrairement à sa manière passée d’agir, selon sa propre volonté. Il a toujours désiré ardemment les bénédictions divines, et est attaché de cœur à l’héritage promis, contrairement à Ésaü, son frère, homme profane. Selon sa promesse, Dieu commence à bénir le peuple en Goshen où il vit séparé des Égyptiens. Dans tout l’Ancien Testament, les bénédictions de Dieu se traduisaient par la multiplication des biens matériels. C’est en Égypte qu’Israël devient une grande nation selon la promesse de Dieu ; mais Jacob n’est nullement attaché à l’Égypte : « étranger et de passage sur la terre » (Héb. 11 : 13), il veut être enterré en Canaan, pays de la promesse (v. 30), avec tous ceux de la lignée de la foi, qui a commencé avec Seth et se poursuit toujours (49 : 29-30). Au chapitre 50, la Parole révèle au verset 5 qu’il s’était taillé lui-même un sépulcre en Canaan. La foi de Jacob se manifeste dans son espérance de la résurrection. Canaan est une image du ciel, pour les croyants, dont ils jouiront après être ressuscités. Il est, en figure, « étranger et de passage » en Égypte, qui est une image du monde où vivent encore les croyants en marche vers le ciel, leur vraie patrie.
            Au verset 28, le fruit de la grâce de Dieu envers Jacob est affirmé : « Et les jours de Jacob, les années de sa vie, furent 147 ans ». Aux versets 7-9, humblement, Jacob avait distingué entre « les années de son séjour sur terre » et sa vie de communion avec Dieu. Mais ici, Dieu ne fait plus de distinction, et attribue à Jacob une vie entière de communion avec Lui. Dieu a pardonné et ne se souvient plus de ses péchés. Parlant de la part de l’Éternel, le prophète Ésaïe dira : « C’est moi, c’est moi qui efface tes transgressions à cause de moi-même ; et je ne me souviendrai pas de tes péchés » (És. 43 : 25) … Joseph, à la fin de sa vie, désirera, lui aussi, être enterré en Canaan ; et les fils d’Israël emporteront ses os en partant d’Égypte (Josué 24 : 32). Que notre comportement et nos désirs soient en rapport avec notre héritage céleste, malgré nos occupations terrestres indispensables. « Là où est ton trésor, là sera aussi ton cœur » (Matt. 6 : 21). « Marchez d’une manière digne de l’appel dont vous avez été appelés… » (Éph. 4 : 1).
            Enfin, au verset 31, Jacob adore, prosterné sur le chevet du lit. La fin de sa vie honore Dieu. Notre vie pratique doit être vécue en pensant à la résurrection qui nous introduira dans notre vraie patrie, le ciel. Jacob use de la manière de jurer de cette époque, déjà révélée au chapitre 24 : 3. Ayant obtenu le serment de la part de Joseph, il « se prosterna sur le chevet du lit ». Quelle différence avec sa fuite de Canaan, où il n’avait qu’une pierre pour chevet et où il s’écriait, saisi de peur : « Que ce lieu-ci est terrible ! Ce n’est autre chose que la maison de Dieu… » (28 : 17).
            Joseph a trois entrevues avec son père :
                  - chapitre 47 (fin), où il lui fait le serment demandé ;
                  - chapitre 48, où Jacob bénit les deux fils de Joseph (v. 13-14) et où celui-ci reçoit une double bénédiction (une double part ») en Éphraïm et Manassé.
                  - chapitre 49, où Jacob, ayant convoqué tous ses fils, leur délivre leur prophétie individuelle, avec un grand discernement.
            Mais avant de convoquer ses autres fils, Jacob appelle Joseph (v. 29) ; car c’est lui, l’héritier qui, à la mort de son père, deviendra la tête de file de la lignée de la foi ; le dépositaire des promesses faites, d’abord à Abraham, puis à Isaac, ensuite à Jacob, avant que lui-même ne les recueille, car c’est lui que Dieu a choisi, lui « qui a été mis à part de ses frères » (49 : 26).


GENÈSE 48

                        Rappel de Béthel et Ephrath (v. 1-7)

            On trouve dans ce chapitre des leçons morales dans le travail accompli par Dieu en Jacob, et des illustrations d’enseignements doctrinaux du Nouveau Testament.
            Joseph, ayant appris que son père était malade, se rend à son chevet avec « ses deux fils, Manassé et Éphraïm » (v. 1). Jacob, apprenant à son tour que son fils vient vers lui, rassemble ses dernières forces pour s’asseoir sur le lit (v. 2). La bénédiction des fils de Joseph est présentée en Hébreux 11 : 21 comme l’acte de foi de la vie de Jacob. Dans ce chapitre, le patriarche est nommé encore Jacob (v. 3), ce qui rappelle la grande miséricorde de Dieu envers lui, mais surtout Israël (v. 8), ce qui rappelle la dignité à laquelle Dieu l’a élevé en le faisant « asseoir avec les nobles » (1 Sam. 2 : 8). Il en est de même pour nous ; tout ce que nous sommes provient de la miséricorde de Dieu, et Il nous a donné une position très élevée.
            Jacob rappelle quelques-unes des étapes de sa vie : Béthel (v. 3), Bethléhem (le chemin d’Ephrath) (v. 7), les années pendant lesquelles il croyait Joseph mort (v. 11). La fidélité de Dieu l’a accompagné partout. Le résultat de ce long travail de Dieu, c’est maintenant, à la fin de sa vie, un grand discernement spirituel et la capacité de parler de la part de Dieu pour communiquer la bénédiction de Dieu à sa descendance.
            Jacob a appris à connaître Dieu :
                  - Au chapitre 28, il était terrifié en sa présence et voulait faire un marché avec Lui. Il affirme : « L’Éternel est dans ce lieu » (v. 16). Il réalise que c’était « la maison de Dieu » (Béthel), mais son mauvais état spirituel lui fait dire : « Que ce lieu-ci est terrible ! » (v. 17).
                  - Au chapitre 35, il s’est purifié pour venir à Dieu et il réalise qu’Il est « le Dieu de la maison de Dieu » (El-Béthel).
                  - Au chapitre 31 : 5, il parle de Lui comme du Dieu de son père.
                  - Ici, il parle de Dieu selon la révélation qu’il a reçue personnellement au chapitre 35 : 9-11. C’est d’ailleurs cet arrêt à Béthel qu’il rappelle maintenant, avec la bénédiction promise par Dieu ce jour-là.
            Le Nouveau Testament nous révèle le nom que Dieu prend pour nous, et l’héritage qu’Il nous accorde. Il est important que nous connaissions Dieu et ce qu’Il nous donne, selon cette révélation. Il est notre Père, et c’est de Lui que découlent les bénédictions et l’héritage qu’il Lui plaît de nous donner :
                  - 1 Pi. 1 : 3-5 (héritage dans les cieux, futur)
                  - Éph. 1 : 3-14 (bénédiction dans les lieux célestes, possédée actuellement par la foi, et dont nous avons les arrhes)
                  - 2 Cor.1 : 3-4 (consolation dans l’affliction actuelle). Si au début de la vie chrétienne nous nous adressons plus facilement au Seigneur, Dieu nous apprend ensuite à nous adresser à Lui comme Père. Il s’agit de demander au Père « en mon nom », dit le Seigneur (Jean 16 : 23), comme de sa part (v. 23 ; 14 : 13-14 ; 15 : 16…) - sans que cela nous fasse oublier de prier toujours le Seigneur.
            Jacob veut associer étroitement les siens à sa relation avec Dieu et à la bénédiction que Dieu lui a promise pour sa descendance. Il fait d’Éphraïm et de Manassé, fils de Joseph nés en Égypte d’une mère égyptienne, ses propres fils : « Ils sont à moi » (v. 5). C’est une figure de l’adoption, un enseignement du Nouveau Testament, présenté entre autres en Galates 3 : 21 à 4 : 7 et Éphésiens 1 : 5. Ces passages lient ensemble la connaissance de Dieu comme Père, l’œuvre du Seigneur Jésus, l’habitation du Saint Esprit dans nos cœurs, l’adoption de fils pour ceux qui ne l’ont pas naturellement, alors que la relation d’enfant résulte de la nouvelle naissance. Éphésiens 1 : 5 : « adopter pour lui » ; Genèse 48 : 5 : « ils seront à moi. »
            Une épreuve reste profondément ressentie dans le cœur de Jacob, c’est la mort de Rachel (v. 7), l’épouse qu’il avait aimée et pour laquelle il avait servi 20 ans. Ce fait a suivi de peu les révélations et les promesses du chapitre 35. En rappelant douloureusement le décès de Rachel, l’émotion de Jacob est encore profonde. Cette scène montre le côté précieux pour nous, mais aussi pour Dieu, des liens familiaux qui sont bénis de Dieu. Les liens entre les époux sont une image vivante des liens qui unissent pour l’éternité, le Seigneur et l’Assemblée (Éph. 5 : 28). Ainsi, les liens unissant les membres du corps de Christ sont précieux pour Dieu (il n’y a qu’une seule assemblée), et doivent l’être pour nous. Et puis, Joseph était l’aîné des deux fils de Rachel. D’un autre côté, Israël a retenu les leçons de ses épreuves. Certaines épreuves proviennent de nos inconséquences, mais aussi des désordres introduits dans le monde par la présence du péché.

                        La perception spirituelle de Jacob (v. 8-22)

            Après le rappel des souvenirs, Jacob revient à ce qui l’occupait à ce moment-là (v. 8). « Israël regarda les fils de Joseph, et il dit : Qui sont ceux-ci ? Joseph dit à son père : Ce sont mes fils, que Dieu m’a donnés ici » (v. 8-9). La profonde piété de Joseph lui faisait discerner que ses fils étaient un don de Dieu. Il en est de même pour nos enfants ; et nous devons les élever pour le Seigneur, en vue du ciel, car nous aurons des comptes à Lui rendre. La mère de Samuel avait compris cela et avait « prêté » son fils « à l’Éternel » (1 Sam. 1 : 28). Il restait sous sa responsabilité, et elle lui faisait une robe à sa mesure « d’année en année » (2 : 19).
            Si la vie de Jacob, faite de propre volonté, a été tourmentée, la fin de sa carrière terrestre honore Dieu. Sa profonde piété lui donne le discernement de la pensée divine. Dans une heureuse communion avec Dieu, Israël comprend qu’il a une mission à accomplir avant sa mort : bénir Joseph dans ses deux fils en les adoptant, en mettant Éphraïm, le plus jeune avant Manassé, le premier-né. Il fait cela selon la pensée divine qu’il discerne. Bien qu’aveugle physiquement, sa vue « spirituelle » est très claire. Son grand âge et sa cécité ne gênent en rien son discernement spirituel, démontrant ainsi sa profonde communion avec son Dieu. Son père Isaac, aveugle à la fin de sa vie et occupé de jouir des bonnes choses terrestres, n’avait plus aucun discernement spirituel. Au chapitre 27, Isaac n’avait pas discerné la volonté de Dieu lorsqu’il avait voulu bénir Esaü, alors que Dieu voulait bénir Jacob. Ce dernier devait se souvenir qu’il avait usurpé la bénédiction de manière frauduleuse. Dieu l’aurait béni malgré tout, mais d’une manière bien différente. Éli était spirituellement aveugle (1 Sam. 1 : 12-15). C’est à dessein qu’Israël croise ses mains pour octroyer à Éphraïm la première place. Son grand âge et sa cécité ne gênaient en rien son discernement spirituel, démontrant ainsi sa profonde communion avec son Dieu.
            Jacob bénit les fils de Joseph afin « qu’ils croissent pour être une multitude… » (v. 16). Jacob a vu, longtemps avant les faits, que Manassé deviendrait une tribu nombreuse : 52’700 dénombrés (Nom. 26 : 34-37) ; mais Éphraïm désignera, par la suite, les dix tribus du royaume d’Israël, séparé du royaume de Juda. Il est remarquable que lorsque Jacob bénit les fils de Joseph, il est appelé « Israël » (v. 8, 10, 11, 13, 14, 21). Mais il s’efface devant ses pères, ces anciens témoins de la foi (v. 16).
            Nous avons, nous-mêmes, besoin de discernement personnel, dans la communion avec Dieu. Mais, de façon générale, Dieu donne à certains frères ou sœurs, un don de discernement, dans les assemblées. La tribu d’Issacar savait « discerner les temps pour savoir ce qu’Israël devait faire » (1 Chr. 12 : 32). Joseph a eu, tout au long de sa vie, un grand discernement, mais ici, il n’a pas « vu » la pensée de Dieu, quant à ses fils.
            Éphraïm et Manassé devaient avoir une vingtaine d’années lorsque Israël les a bénis. Nos jeunes gens et jeunes filles recherchent-ils la bénédiction de Dieu ? Que les parents prient pour cela : « Croissez dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ » (2 Pi. 3 : 18).

            Israël exprime sa certitude en disant : « Dieu sera avec vous, et vous fera retourner dans le pays de vos pères » (v. 21). Sa foi vigoureuse s’empare d’avance des promesses et des bénédictions de Dieu (Héb. 11 : 13). Pour nous le Seigneur dit : « … Je suis avec vous tous les jours, jusqu’à l’achèvement du siècle » (Matt. 28 : 20). Le pays de la promesse qui nous est préparé, c’est le ciel ; même si, jusque-là, nous sommes sur la terre, la foi nous donne la hardiesse de jouir, déjà, des promesses du Seigneur de revenir nous chercher (Jean 14 : 3). Et cette promesse nous est d’un grand secours dans nos épreuves.
            Jacob était attaché à la terre de Canaan, pays de la promesse. Au chapitre 33 : 18, 19, il avait acheté une « portion du champ où il avait dressé sa tente ; et il dressa là un autel et l’appela El-Elohé-Israël » : Dieu, le Dieu d’Israël. Il y possédait aussi une « fontaine », une source jaillissant au fond d’un « puits » (Jean 4 : 6, 12). Ces faits montrent que Jacob avait l’assurance que ce pays serait, plus tard, partagé entre toutes les tribus d’Israël. Quant à nous, sommes-nous attachés aux promesses et à l’héritage célestes ?


À suivre