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LES SOUFFRANCES DU SEIGNEUR JÉSUS (4)

Extraits de méditations



Les heures de la croix
            Le chemin de la croix
            Golgotha
            Les souffrances morales des trois premières heures de la croix
            Les trois heures de ténèbres


Les heures de la croix

                        Le chemin de la croix

            Nous arrivons maintenant à l’heure de la croix, ultime étape de ce long et douloureux chemin. C’était « l’élément principal » - si l’on peut s’exprimer ainsi - de ce que le Seigneur appelait : « Mon heure » (Jean 2 : 4). Il était venu dans le monde (Jean 16 : 28) comme un petit enfant né dans une étable, couché dans une crèche (Luc 2 : 16). Et, jusqu’à la croix, Il a été « l’homme de douleurs » (Es. 53 : 3). Cette dernière scène que nous abordons sera la plus douloureuse de toutes.
            « Portant lui-même la croix, il sortit et alla au lieu dit le Crâne, appelé en hébreu Golgotha, où ils le crucifièrent... » (Jean 19 : 17). L’évangile de Jean, qui nous présente le Seigneur Jésus comme le Fils de Dieu, ne parle pas de l’intervention de Simon le Cyrénéen que les soldats romains contraignirent de porter la croix de Jésus.
            Les hommes ont inventé une histoire à ce sujet, prétendant que le Seigneur était tellement affaibli qu’Il ne pouvait pas porter sa croix et que c’est pour cela qu’on avait contraint Simon le Cyrénéen de le faire à sa place. La Parole ne nous dit rien de semblable, et nous lisons ici que Jésus porte sa croix. S’il avait fallu, Il l’aurait portée jusqu’au Calvaire. N’ajoutons pas à l’Écriture ce qu’elle ne nous dit pas.
            Il n’était pas seul à porter une croix. Deux brigands, deux criminels condamnés à mort Lui font escorte. Voilà la compagnie dans laquelle le Seigneur a été placé par les chefs du peuple. Est-ce que nous nous représentons ce cortège ? De ces trois hommes qui vont être crucifiés, l’un est le Fils de Dieu venu en chair, Celui dont l’innocence a été proclamée plusieurs fois par Pilate. Et Il était là ayant déjà subi le supplice de la flagellation ainsi que toutes les brutalités, toutes les humiliations dont nous nous sommes entretenus précédemment. Il s’avance, ne se défend pas, suit son chemin, chemin d’obéissance dans lequel Il n’a qu’un but, qu’une pensée : accomplir la volonté de Dieu. Et l’accomplissement de cette volonté comportait aussi cette scène : les soldats, la foule, les chefs du peuple, tout le peuple de Jérusalem, tout ce cortège bruyant, haineux, qui accompagne Jésus portant sa croix.
            Il sort de Jérusalem, « la ville qui tue les prophètes et qui lapide ceux qui lui sont envoyés » (Luc 13 : 34), parce qu’il fallait qu’Il souffre hors de la porte (Héb. 13 : 12). Il était le parfait bouc Azazel chargé des péchés de son peuple, chassé hors du camp d’Israël (Lév. 16 : 9-10). Il va souffrir et mourir hors de la porte, hors de Jérusalem.

                    O Jésus, sainte Victime !
                    
Tu vins, jusqu’en ce bas lieu
                    
Sous nos pieds fermer l’abîme
                    
Où nous tombions loin de Dieu.

                    Tu vins, dans notre nature,
                    
Prendre sur toi nos langueurs ;
                    
Pour sauver ta créature,
                    
Tu fus l’homme de douleurs.

                        Golgotha

            Ils arrivent à Golgotha. Quel puissant écho ce lieu n’a-t-il pas évoqué au long des âges dans le cœur des croyants ! Golgotha ! Le lieu où le Fils de Dieu a été élevé de la terre comme Il l’avait annoncé : « Quand vous aurez élevé le Fils de l’homme » (Jean 8 : 28). Voici l’heure qui s’approche. Golgotha ! Le lieu où Il a accompli pour nous une rédemption éternelle ; le lieu où Il a pleinement glorifié Dieu. Golgotha ! Le lieu où le Seigneur va être abandonné de son Dieu, où, dans une solitude totale, descendant dans les profondeurs des abîmes, Il va être frappé de Dieu qui détourne sa face de lui. Oui, Golgotha, c’est tout cela. Que ce nom, placé une fois de plus par l’Esprit devant nos cœurs, puisse ranimer en nous de saintes affections pour notre bien-aimé Sauveur, car c’est le lieu où Il a été conduit et où se sont déroulés ces événements qui touchent à l’éternité ! Événements qui constitueront le thème éternel de notre louange quand nous serons réunis autour de Lui, dans la maison du Père.
            « Ils le crucifièrent, et avec lui deux autres, un de chaque côté, et Jésus au milieu » (Jean 19 : 18). Admirons une fois de plus la sobriété de la Parole de Dieu. Aucun lyrisme, pas de détails ; une sobriété éloquente qui nous montre avec une évidence flagrante ce que l’homme a fait de Dieu manifesté en chair. Voilà la place que l’homme a donnée au Seigneur Jésus : une croix sur laquelle il L’a cloué, avec un brigand à sa droite, un autre brigand à sa gauche. Quelle souffrance morale ! Il ne Lui était pas indifférent d’être mis au rang des iniques, comme Il l’a annoncé par l’Esprit prophétique - être « compté parmi les transgresseurs » (Es. 53 : 12). Et si cela a été écrit près de 750 ans avant que le fait se réalise, c’est bien que ce fait devait comporter pour Christ une souffrance profonde. Les Psaumes et les prophètes sont là pour nous aider à le comprendre.
            « Je suis devenu semblable au pélican du désert ; je suis comme le hibou des lieux désolés. Je veille, et je suis comme un passereau solitaire sur un toit » (Ps. 102 : 6-7).
            Quelle solitude que celle du Seigneur Jésus sur la croix ! Tous les disciples l’avaient abandonné (Matt. 26 : 56). Tous sont contre lui. Et finalement, Dieu l’abandonne. Remarquons en passant que ces images du pélican et du hibou correspondent à deux oiseaux impurs : il y a une leçon en cela pour nous, manifestement : les hommes ont traité la personne sainte du Seigneur Jésus comme un homme impur, comme un transgresseur et notre attention est attirée sur cette réalité par le Saint Esprit.
            « Des chiens m’ont environné, une assemblée de méchants m’a entouré ; ils ont percé mes mains et mes pieds ; je compterais tous mes os. Ils me contemplent, ils me regardent ; ils partagent entre eux mes vêtements, et sur ma robe ils jettent le sort. Et toi, Éternel ! ne te tiens pas loin ; ma Force ! hâte-toi de me secourir. Délivre mon âme de l’épée, mon unique de la patte du chien. Sauve-moi de la gueule du lion » (Ps. 22 : 16-21). Tous ces gens qui entourent le Seigneur sont appelés des chiens (animaux impurs aussi), une assemblée de méchants. Il annonce prophétiquement : « ils ont percé mes mains et mes pieds » ; ils partagent entre eux mes vêtements, et sur ma robe ils jettent le sort ». Quand nous lisons de tels passages, comment comprendre qu’il y ait encore des personnes incrédules ! Voilà des portions de la Parole de Dieu qui ont été écrites environ dix siècles avant que ne se réalisent les événements auxquels ils se rapportent, et ils sont d’une telle précision - même dans les détails - que nous ne pouvons qu’admirer la perfection de cette Parole.
            Mais revenons à notre sujet : les souffrances de la crucifixion. Relisons au Psaume 22, le verset 14 : « Je suis répandu comme de l’eau, et tous mes os se déjoignent ; mon cœur est comme de la cire, il est fondu au-dedans de mes entrailles ». Nous savons qu’il s’agit là d’un langage symbolique, mais ce sont des paroles par lesquelles l’Esprit veut exprimer les souffrances physiques de la crucifixion. Ce supplice était si cruel que pour abréger leurs souffrances, on brisait les jambes des suppliciés, ce qui eut lieu pour les deux brigands. Il fut, comme dit l’apôtre Paul dans la deuxième épître aux Corinthiens, « crucifié en faiblesse » (13 : 4). Lui, le Fils de Dieu, le Tout-Puissant, qui a manifesté une puissance divine extraordinaire, ressuscitant des morts, guérissant des malades, délivrant ceux qui étaient assujettis à la puissance de Satan, a accepté d’être « crucifié en faiblesse ».

                        Les souffrances morales des trois premières heures de la croix

            Arrêtons-nous maintenant aux souffrances morales que le Seigneur a rencontrées dans les trois premières heures de la croix. Le récit nous est donné dans ces versets de l’évangile de Matthieu : « Ceux qui passaient par là l’injuriaient ; ils hochaient la tête et disaient : Toi qui détruis le temple et qui, en trois jours, le bâtis, sauve-toi toi-même. Si tu es Fils de Dieu, descends de la croix. De même aussi les principaux sacrificateurs, avec les scribes et les anciens, disaient en se moquant : Il a sauvé les autres, il ne peut pas se sauver lui-même ; s’il est le roi d’Israël, qu’il descende maintenant de la croix, et nous croirons en lui. Il s’est confié en Dieu, qu’il le délivre maintenant, s’il tient à lui, car il a dit : Je suis Fils de Dieu. Les brigands aussi qui avaient été crucifiés avec lui l’insultaient de la même manière » (27 : 39-44).
            Une première constatation nous frappe dans ce court paragraphe, c’est le grand nombre de personnes qui y sont mentionnées. Nous voyons d’abord ceux qui passaient par là, la foule anonyme des curieux, puis les principaux sacrificateurs, les scribes, les anciens, et pour finir les brigands. Or nous trouvons une évocation de cette scène au Psaume 57 : « Mon âme est au milieu de lions ; je suis couché parmi ceux qui soufflent des flammes, - les fils des hommes, dont les dents sont des lances et des flèches, et la langue une épée aiguë » (v. 4). Ne retrouvons-nous pas dans ces expressions, comme un reflet de la souffrance infligée au Seigneur Jésus par les paroles de méchanceté et de moquerie qui lui étaient adressées ? Il était victime de ce « venin mortel », comme l’appelle l’apôtre Jacques (3 : 8), qui produisait dans ce cœur si divinement sensible, une souffrance intense. Voilà ce qu’Il a dû entendre de la bouche de tous ses ennemis qui étaient là devant Lui, eux auxquels cependant Il avait témoigné, tout au long de sa carrière, une grâce inlassable. Dans le Psaume 22, nous avons un autre écho de cette souffrance : « Tous ceux qui me voient se moquent de moi ; ils ouvrent la bouche, ils hochent la tête : il se confie à l’Éternel : qu’il le fasse échapper, qu’il le délivre, car il prend son plaisir en lui !... Beaucoup de taureaux m’ont environné, des puissants de Basan m’ont entouré ; ils ouvrent leur gueule contre moi, comme un lion déchirant et rugissant » (v. 7-8, 12-13). Et aussi au Psaume 69 : « Ceux qui me haïssent sans cause sont plus nombreux que les cheveux de ma tête » (v. 4).
            Ces passages nous permettent d’entrer un peu dans ces souffrances que notre adorable Sauveur a éprouvées du fait de tous ses adversaires qui ne cessaient de déverser sur Lui leur haine, par leurs moqueries, leurs sarcasmes, leurs défis.
            Mais le Seigneur Jésus n’a jamais douté qu’Il ne puisse être délivré par Dieu ; sa confiance en Dieu ne l’a jamais quitté et nous voyons cela au Psaume 3 où ce qu’exprime l’Esprit prophétique paraît bien se lier à ce moment de la croix : « Éternel ! combien sont multipliés mes ennemis, et sont nombreux ceux qui s’élèvent contre moi. Beaucoup disent de mon âme : Il n’y a point de salut pour lui en Dieu... Mais toi, Éternel ! tu es un bouclier pour moi ; tu es ma gloire et celui qui élève ma tête » (v. 1-3). Même à ce moment-là, au milieu de cette foule haineuse d’adversaires, où tous étaient contre Lui, où notre Sauveur était submergé par le grand nombre de ses ennemis, Il ne s’est pas départi de sa confiance en Dieu : « Tu es ma gloire et celui qui élève ma tête ».

                         Les trois heures de ténèbres

            « Mais, depuis la sixième heure, il y eut des ténèbres sur tout le pays, jusqu’à la neuvième heure. Et vers la neuvième heure, Jésus s’écria d’une voix forte : Éli, Éli, lama sabachthani ? c’est-à-dire : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Matt. 27 : 45).
            Une première remarque : la brièveté de la Parole sur ces instants qui marquent le sommet des souffrances de notre Sauveur. Il y a là manifestement une sainte réserve de la part du Saint Esprit et nous pouvons en tirer une leçon. Abordons une telle scène avec retenue et dans le sentiment de la sainteté de ce qui est placé devant nous.
            « Mais, depuis la sixième heure... ». Ce « Mais » marque une césure entre ce qui a précédé et ce qui va se passer. C’est le commencement des souffrances expiatoires, c’est le moment où va se réaliser ce que nous lisons en particulier en Ésaïe 53 : « Il plut à l’Éternel de le meurtrir ; il l’a soumis à la souffrance » (v. 10). C’est le moment où Jésus va offrir son âme en sacrifice pour le péché, où Il va livrer son âme à la mort. C’est là que s’accomplit « le travail de son âme » (v. 11). Toutes ces expressions nous font pénétrer au cœur des souffrances de notre Seigneur et Sauveur tout en restant là, à distance. Les hommes sont mis de côté, on ne les entend pas durant ces trois heures de ténèbres. Ils n’ont plus rien à dire.
            Mais c’est Dieu que Jésus va rencontrer comme un juge, un juge qui ne peut renoncer à aucune des exigences de sa justice et de sa sainteté vis-à-vis même de son propre Fils bien-aimé, Celui qui toujours, n’avait recherché qu’une chose : le glorifier et faire sa volonté. Dieu va déverser sur Lui les flots de sa colère, tandis qu’Il s’écriera : « Un abîme appelle un autre abîme à la voix de tes cataractes ; toutes tes vagues et tes flots ont passé sur moi » (Ps. 42 : 7). Expressions symboliques qui nous aident un peu à comprendre cette indicible souffrance ! Nous contemplons de loin en adorant, car en effet c’est là que notre Seigneur « a été fait péché pour nous afin que nous devenions justice de Dieu en Lui » (2 Cor. 5 : 21). C’est là qu’Il est « devenu malédiction pour nous, car il est écrit : Maudit est quiconque est pendu au bois » (Gal. 3 : 13). Alors Dieu détourne sa face de Lui. Il nous faut lire quelques versets dans les Lamentations de Jérémie qui, tout en s’appliquant directement à la souffrance du prophète à cause de la ruine de Jérusalem, donnent une expression à ce qu’un homme fidèle peut éprouver en traversant un tel châtiment de la part de Dieu, châtiment rendu nécessaire par les péchés du peuple. Sans être proprement celles de l’expiation, dans lesquelles personne, sinon Christ, ne pouvait entrer, ces paroles nous amènent au seuil de cet abîme : « Je suis l’homme qui ai vu l’affliction par la verge de sa fureur. Il m’a conduit et amené dans les ténèbres, et non dans la lumière. Certes c’est contre moi qu’il a tout le jour tourné et retourné sa main... Il a fait une clôture autour de moi... Même quand je crie et que j’élève ma voix, il ferme l’accès à ma prière. Il a barré mes chemins avec des pierres de taille ; il a bouleversé mes sentiers... Tu t’es enveloppé de colère... Tu t’es enveloppé d’un nuage, de manière à ce que la prière ne passât point » (Lam. 3 : 1-3, 7-9, 43-44). Alors se sont réalisées aussi les paroles du Psaume 22 où Dieu s’est tenu loin de son salut, des paroles de son rugissement (v. 1). Il n’y a eu à ce moment-là pour Lui aucune consolation et, quand Il élevait ses yeux vers le ciel, Il n’y rencontrait qu’un trône de justice, et d’une justice inflexible, un trône entouré des nuages de la colère. Ce sont des images symboliques dont la Parole se sert pour nous aider à mesurer ce qu’a été la part de notre bien-aimé Sauveur.
            Il convient que nous nous arrêtions encore aux détails que nous rapportent les versets 45 et 46 de Matthieu 27 : « Depuis la sixième heure, il y eut des ténèbres sur tout le pays ». Pourquoi des ténèbres ? Il convenait qu’au moment où Dieu mettait son Bien-aimé dans « des lieux ténébreux » (Ps. 88 : 6), toute la création soit plongée dans les ténèbres physiques. Il convenait que tous les êtres, toutes les choses, soient enveloppés de ce voile ténébreux, car il se déroulait une scène unique dans les annales de la terre et du ciel : Dieu, le Dieu juste frappait son propre Fils.
            Dieu se détourne de Lui et cache sa face. Quand nous pensons à cette communion dont le Seigneur Jésus n’a cessé de jouir avec son Dieu tout au long de sa carrière terrestre... ! Elle était de tous les instants, c’est pourquoi Il peut dire en vérité : « Le Fils de l’homme qui est dans le ciel » (Jean 3 : 13). Le moment vient où l’Homme parfait est privé de cette communion. Elle est interrompue ! Pourquoi ? Parce qu’Il est là comme la propitiation pour nos péchés, comme le péché personnifié. Il est le serpent d’airain dressé sur la perche (Nom. 21 : 6-9 ; Jean 3 : 14) ! Le Dieu juste et saint ne peut alors que détourner ses yeux de Lui et L’abandonner.
            Tout ce que Dieu était dans sa nature - en sainteté, en justice, en lumière, en gloire, en majesté - était nécessairement contre le péché. Or voilà que ce Dieu juste et saint a devant Lui un Être dans lequel le péché est pour ainsi dire incorporé, qui est chargé de l’immense fardeau de toutes nos fautes. Dieu va-t-Il renoncer à tout ce qui constitue sa nature ? Non, Il revendique tous ses droits face à cet homme qui est son Fils et l’abandonne, parce qu’Il ne peut faire aucune concession aux exigences de sa justice, de sa sainteté et de sa gloire que nous, nous avions foulées aux pieds comme pécheurs. Et c’est Christ qui prend notre place sous le courroux de Dieu et qui est abandonné.

Quand vint l’heure suprême
Tu fus abandonné,
Le Dieu très-saint lui-même
De toi s’est détourné.
Insondable mystère,
Toi, l’objet de son cœur,
Rencontras sa colère,
Dans toute sa rigueur.

 

D'après M. Tapernoux - « Messager évangélique » (1990)


A suivre