LES EPITRES DE JEAN (5)
Première épître de Jean : La vie divine et ses preuves (suite)
La vie dans la famille de Dieu (2 : 12-28)
Après avoir défini avec soin les deux fruits de la vie divine dans le croyant (obéissance et amour), l’apôtre développe, jusqu’à la fin du chapitre, le sujet de la famille de Dieu (v. 13-28). Dans cette famille, Jean différencie trois groupes : les petits enfants, les jeunes gens et les pères. Il ne s’agit pas d’un âge physique mais de trois « niveaux » de maturité chrétienne.
• La famille de Dieu (v. 12-13)
Les enfants, c’est-à-dire tous les croyants, partagent le fait que leurs péchés sont pardonnés, non en vertu de quelque mérite humain ou d’une certaine expérience, aussi réelle soit-elle ; ils sont pardonnés « par son nom », à cause de la satisfaction que Dieu a trouvée dans la Personne et dans l’œuvre de Christ.
Avec toute la tendresse de l’amour, l’apôtre déjà âgé s’adresse à chacun des trois groupes de ses « enfants » dans la foi. Avec l’expression « je vous écris », il donne d’abord à chacun la raison essentielle de sa lettre. Il souligne ainsi le niveau déjà atteint pour encourager ensuite à tenir ferme. Son but est avant tout de maintenir ce que le Seigneur a établi, et qui fait l’objet de violentes attaques. Puis, par l’expression « je vous ai écrit » (v. 14a, 14b, 26), Jean rappelle son enseignement à chacun de ceux qu’il appelle enfants : aux pères de manière concise ; aux jeunes gens, plus en détail (v. 14b-17) ; aux petits enfants, avec un ample développement (v. 18-27).
• Les pères (v. 14a)
L’exhortation aux pères est très concise. L’apôtre leur dit deux fois la même chose (v. 13a et 14a) parce que connaître Christ est suffisant à tous égards. Il ne s’agit pas seulement de le connaître comme Sauveur ou même comme Seigneur, mais de le connaître comme « celui qui est dès le commencement », Lui qui a manifesté Dieu dans toute sa vie. Cette connaissance dépasse le fait d’avoir bien compris la doctrine chrétienne et d’être un « homme fait » (Eph. 4 : 13 ; Phil. 3 : 15 ; Héb. 5 : 14). Elle englobe le fait d’avoir discerné la gloire du Fils de l’homme, celle du Fils de Dieu, et de goûter « la communion de ses souffrances » (Phil. 3 : 10). Il s’agit d’une plénitude qui ne nécessite pas d’exhortations particulières.
A mesure que les chrétiens avancent vers cet état de pères, ils donnent le bel exemple d’être avant tout occupés de la personne de Christ. Au lieu de penser à eux-mêmes, à leurs sentiments, à leurs expériences, ils sont tournés vers Christ. Ils ne veulent pas améliorer l’homme ni le monde. Ils regardent plus haut à Christ, leur seule espérance.
• Les jeunes gens (v. 14b-17)
Les jeunes gens ont fait des progrès dans la vie chrétienne. Sans avoir perdu leur confiance en l’amour du Père, ils ont acquis la force spirituelle pour vaincre les assauts du diable. Le combat n’est pas fini pour autant. Satan est vaincu, mais il les agresse indirectement, par l’intermédiaire du monde et de ses convoitises. Ayant goûté le pardon des péchés, ils doivent maintenant connaître la délivrance de la puissance du péché (Rom. 8 : 2). Les jeunes gens sont vainqueurs, non par leurs capacités naturelles, mais par la parole de Dieu. Elle habite en eux et forme leurs pensées, elle ravive leur amour et dirige leurs actions. Alors ils peuvent se servir de cette parole comme d’une épée, « l’épée de l’Esprit, qui est la parole de Dieu » (Eph. 6 : 17).
– v. 15 : « N’aimez pas le monde ». Le monde est une arme puissante dans la main de Satan. Il s’en sert pour captiver nos affections et les détourner de Christ. « L’amitié du monde est inimitié contre Dieu » (Jac. 4 : 4) et il exclut l’amour de Dieu dans le cœur. Nous pouvons, hélas, être tentés par le monde, et parfois vaincus par lui, mais, question solennelle, l’aimons-nous ? Sommes-nous à l’aise en sa compagnie ?
– v. 16 : De plus, aimons-nous « ce qui est du monde » ? Qu’elles aient bonne apparence ou qu’elles soient condamnées par la morale humaine, ce sont des convoitises par lesquelles le monde séduit et asservit. La convoitise se range sous trois chefs qui ont été introduits avec la chute de l’homme. Eve vit que l’arbre était bon à manger (convoitise de la chair), un plaisir pour les yeux (convoitise des yeux), désirable pour rendre intelligent (orgueil de la vie) :
– La convoitise de la chair ramène tout à soi, elle est l’opposé de l’amour.
– La convoitise des yeux concerne les tentations extérieures, comme les arts, la littérature, le sport, etc. Ces tentations attirent le cœur sans toucher la conscience.
– L’orgueil de la vie est ce désir de puissance ou cette arrogance basés sur la richesse, le rang social, la tenue vestimentaire (Jac. 2 : 2-3). Séparées de la crainte de Dieu, la technique et la science font partie de l’orgueil de la vie.
L’apôtre présente ici les trois convoitises selon leur ordre moral, comme pour Adam et Eve dans le jardin d’Eden, et pour le Seigneur au désert (dans l’évangile selon Luc). Matthieu les présente dans leur ordre historique :
– la convoitise de la chair qui s’adresse au corps ;
– la convoitise des yeux à l’âme ;
– l’orgueil de la vie à l’esprit.
Le Seigneur Jésus, notre parfait modèle, a remporté une victoire complète sur l’Ennemi, respectivement par la dépendance, l’obéissance et la confiance parfaites en son Père.
Ne nous conformons donc pas au monde, craignons d’adopter ses principes. Ne soyons pas non plus méprisants envers lui mais vivons comme témoins de Jésus, remplis de compassion pour ceux qui ne connaissent pas Dieu.
– v. 17 : Outre le fait que le monde n’est pas du Père, l’apôtre donne une deuxième raison pour ne pas aimer le monde : « la figure de ce monde passe » (1 Cor. 7 : 31). Comme les ténèbres qui sont en lui, il est en train de « se désintégrer ». Seuls ceux qui font la volonté de Dieu habiteront (Ps. 37 : 27-29) dans son Royaume, sur lequel l’ombre de la mort ne s’étendra jamais.
• Les petits enfants (1) (v. 18-23)
Les petits enfants sont très jeunes dans la foi, mais ils connaissent le Père (v. 13). Leur conscience a été réveillée, leurs péchés sont pardonnés, et ils se sont réfugiés sous la protection du nom de Jésus Christ. Ils ont cru en Lui, ils sont nés de Dieu. Peut-être, ont-ils connu une période d’hésitation où ils n’étaient pas certains d’être sauvés ? Mais bientôt, ayant reçu le Saint Esprit, parce qu’ils croyaient, ayant cette onction divine, ce sceau de l’appartenance à Dieu (Eph. 1 : 13), tout a changé. Ils ont compris que Dieu est leur Père, et qu’ils sont enfants de Dieu, ses fils, unis pour l’éternité à Jésus Christ glorifié à la droite de Dieu. Quelle paix a alors rempli leur cœur ! Avec l’Esprit, ils peuvent s’écrier : « Abba, Père ! », c’est-à-dire : « Père bien-aimé » (Rom. 8 : 15-16 ; Gal. 4 : 6). Ils sont en relation avec le Père et en sont conscients.
Ce qui caractérise les croyants de la période chrétienne, c’est de connaître le Père (Jean 20 : 17), et d’avoir reçu le Saint Esprit (v. 27). Telle est la part des petits enfants. Mais ils n’ont pas encore une connaissance suffisante de la Parole de Dieu, et sont donc très exposés aux attaques du diable. L’apôtre leur adresse de pressantes mises en garde contre le mal (v. 18-23) et leur montre leurs sûres ressources (v. 24-27).
• Faux et vrais chrétiens (v. 18-21)
– v. 18 : Les petits enfants sont d’autant plus en danger d’être séduits que la « dernière heure » a sonné, l’heure de l’opposition directe à Christ. Dix-neuf siècles se sont écoulés depuis, mais cela n’annule en rien ce que Jean déclare ici. La dernière heure est morale avant d’être temporelle. Elle culminera par la manifestation de l’Antichrist. Puis viendra le jugement de la chrétienté qui aura abandonné peu à peu la foi en Christ et la pratique de la piété, en se dirigeant vers le reniement ouvert de la doctrine chrétienne ; elle sera alors apostate.
– v. 19 : La preuve de cette dernière heure est la présence de nombreux antichrists, ces docteurs « antichrétiens », unis aux faux prophètes (Marc 13 : 22). Ils ont quitté les fidèles, peut-être parce qu’ils n’arrivaient pas à les convaincre. Leur départ est la preuve qu’ils « n’étaient pas des nôtres », un moyen pour que soit dévoilée l’erreur. La persévérance dans la foi est l’ultime preuve de la connaissance de Christ.
– v. 20 : Les antichrists distillent leur enseignement trompeur, mais les croyants y échappent par le Saint Esprit, qui est « l’onction de la part du Saint ». Cette expression évoque l’action divine qui abreuve, imprègne et instruit le fidèle (2 Cor. 1 : 21 ; Ps. 133 : 2). Jean s’inscrit en faux contre les gnostiques qui estimaient nécessaires certaines initiations pour obtenir des vérités supérieures. Tout croyant, scellé du Saint Esprit, possède de ce fait toute la vérité. Il ne connaît peut-être pas tous les différents aspects de la Parole et il ne sait pas toujours la développer avec clarté, mais il exprime cette vérité quand il la vit par l’action du Saint Esprit. C’est pour cela qu’un chrétien simple et pieux discerne mieux le mal que celui qui, tout en prétendant à un haut degré de connaissance de la Bible, ne la met pas en pratique.
– v. 21 : L’apôtre écrit aux petits enfants justement parce qu’ils connaissent la vérité. Ils ne savent pas toute la doctrine chrétienne, mais ils ont discerné le Fils, ils l’ont reçu (Jean 6 : 40). Ils sont enfants de Dieu (Jean 1 : 12). La vérité est en Jésus (Eph. 4 : 21) et ceux qui Le connaissent et se confient en lui possèdent la vérité.
• La nature et l’effet de l’hérésie (v. 22-23)
Les Juifs incrédules niaient que Jésus fût le Christ, le Messie attendu de l’Ancien Testament -« Messie » est le mot hébreu traduit en grec par « Christ, Oint de Dieu ». Peut-être, ne voulaient-ils pas rejeter Dieu, tel qu’Il est révélé dans l’Ancien Testament. Mais, dit l’apôtre, celui qui ne reconnaît pas Jésus est l’Antichrist qui nie en fait ouvertement Dieu le Père et Dieu le Fils. Il nie Dieu dans sa révélation la plus élevée, celle du christianisme, et il s’oppose ainsi à toutes les révélations divines. Il nie le Dieu d’amour et « Jésus Christ venu en chair »(4 : 2-3). La vérité quant à la personne de Christ est en définitive la pierre de touche de toute profession chrétienne.
– v. 23 : Après avoir dévoilé la nature de l’hérésie, Jean révèle son redoutable effet. Quiconque rejette le Fils, n’a pas non plus le Père. Pour nous, à qui l’évangile a été annoncé, nous ne pouvons avoir communion avec Dieu si nous ne confessons pas le Fils ! « Personne ne connaît le Père, si ce n’est le Fils et celui à qui le Fils voudra le révéler » (Matt. 11 : 27). Cela condamne sans appel toutes les formes de déisme, ancien ou moderne. Le Fils est venu sur la terre pour révéler le Père, et le Père n’est connu qu’en Lui. Refuser le Fils, ses paroles, son œuvre, c’est positivement rejeter Dieu le Père. Mais recevoir le Fils, c’est recevoir le Père (Jean 13 : 20). Quel encouragement !
D’après « Sondez les Ecritures » (vol. 14)