LA PREMIERE EPITRE AUX CORINTHIENS (12)
CHAPITRE 12 :
Au chapitre 12, Paul se tourne vers un nouveau sujet à l'égard duquel les Corinthiens lui avaient, semble-t-il demandé conseil (comp. 7 : 1, 25 ; 8 : 1 ; 16 : 1). Ils ne manquaient, certes, d'aucun don de grâce (1 : 7), mais ne savaient pas gérer de la manière convenable cette diversité divine, de sorte qu'il en était résulté divers problèmes entre eux.
L'Esprit de puissance (12 : 1-31)
Manifestations spirituelles (v. 1-11)
L'apôtre doit d'abord enseigner aux Corinthiens que la diversité des dons, des manifestations et des opérations spirituels, n'avait absolument rien à faire avec la multiplicité des idoles qu'ils avaient connue précédemment. Il y avait en effet chez les Grecs une infinité d'idoles pour toutes les situations possibles de la vie. Sans savoir réellement ce qu'ils faisaient, ils s'étaient laissés entraîner vers ces idoles muettes (comp. Jean 4 : 22) et ils n'avaient aucune possibilité de juger de ce que les prêtres et les augures qui étaient en relation avec ces idoles, leur faisaient miroiter.
Il en est cependant tout autrement quant aux diverses manifestations du Saint Esprit. Son but est de glorifier le Seigneur Jésus (Jean 16 : 14). C'est pourquoi le chrétien a la possibilité de discerner quel esprit est à l'origine des diverses manifestations auxquelles il peut être confronté. Il est impossible que quelqu'un puisse prononcer une malédiction à l'égard du Seigneur Jésus en étant conduit par le Saint Esprit, quelque belles que puissent paraître ses autres paroles. Une telle déclaration ne peut venir que d'une influence démoniaque. D'un autre côté, celui qui confesse Jésus comme Seigneur ne peut le faire que dans la puissance du Saint Esprit. En lisant les évangiles, nous constatons que les démons ne nommaient jamais Jésus du nom de « Seigneur ». Nous avons aujourd'hui la Parole de Dieu complète entre nos mains et pouvons reconnaître si une doctrine est en accord avec elle. Aux Corinthiens qui ne la possédaient pas encore, Dieu donnait cependant par ces enseignements un moyen simple pour distinguer les esprits.
Tous les divers dons de grâce, dont plusieurs seront encore mentionnés dans ce chapitre, procèdent du seul et même Esprit, l'Esprit de Dieu. Il ne s'agit cependant pas là des facultés naturelles de l'homme, mais ce sont des dons divins, qui peuvent toutefois se servir des capacités humaines. Mais tous les dons de grâce ont la même source, qui ne consiste pas en une formation scolaire particulière, mais relève de l'opération souveraine de l'Esprit de Dieu. Quand donc ces dons de grâce sont exercés en vue de la gloire de Dieu et de la bénédiction et l'édification spirituelle des croyants, il y a « service ». Pour tout serviteur, ce « service » doit être effectué sous la direction du même Seigneur. Les hommes ne peuvent pas mandater - ou encore moins ordonner pour un ministère spirituel -, mais il appartient au seul Seigneur qui domine sur tous ses serviteurs de le faire. Lui seul appelle ses serviteurs, et, tôt ou tard, cela sera reconnu de tous les chrétiens spirituels. Aussi bien l'exercice du ministère que ses effets sont « des opérations », qui viennent de Dieu, car Lui seul est la source de toute bénédiction. Les regards doivent se porter sur Dieu « qui opère tout en tous », et non pas sur le serviteur (v. 4-6).
Non seulement l'origine de toutes les manifestations de l'Esprit de Dieu est la même, mais leur but aussi est le même. Si diverses qu'en soient les formes, elles sont néanmoins toutes données pour le bien spirituel de ceux qui en bénéficient (v. 7). Le corps de Christ, dont il est parlé en détail par la suite, doit être édifié et stimulé par ce moyen afin que les divers membres vivent de plus en plus en harmonie avec Dieu et avec ses pensées. Les Corinthiens étaient cependant en danger de se complaire dans les dons spirituels comme des enfants dans un nouveau jouet, et de donner plus d'importance aux instruments humains qu'au Saint Esprit. Ainsi donc dans les versets suivants, quelques-uns des dons de grâce sont énumérés dans l'intention de montrer que c'est le Saint Esprit, et lui seul, qui les distribue (v. 8-11). En tant que Personne divine habitant dans les croyants et dans l'assemblée, Il est, pour toute manifestation venant de Dieu, Celui qui donne comme intermédiaire (« par l'Esprit »), la mesure divine (« selon le même Esprit »), et la puissance caractéristique (« par le même Esprit »).
La « parole de sagesse » et la « parole de connaissance » sont mentionnées en premier lieu. La première désigne l'explication intelligible des choses spirituelles telles que Dieu les voit, la seconde concerne l'exposé, uni au discernement, de Ses pensées révélées (comp. Col. 2 : 3). « La foi » est ici le don particulier de surmonter les difficultés avec une pleine confiance en Dieu. Les « dons de grâce de guérisons », les « opérations de miracles », les « diverses sortes de langues » - avec « l'interprétation des langues » nécessaire – (v. 9-10) sont appelés des dons-signes, que Dieu a donnés au début du christianisme pour confirmer avec puissance la prédication de l'évangile (comp. Marc 16 : 17, 18 ; Héb. 2 : 4). Il y a également eu des signes lors de la délivrance du peuple d'Israël hors d'Egypte. En revanche, « la prophétie et les « discernements d'esprits » sont des dons qui aident à connaître la pensée de Dieu et révèlent les fausses ou mauvaises influences (comp. 1 Jean 4 : 1).
La comparaison du verset 28 avec Romains 12 : 6-8 et Ephésiens 4 : 11 montre que nous ne trouvons nulle part dans le Nouveau Testament une énumération complète des dons de grâce. Chacun de ces passages n'en mentionne que quelques-uns, et ceci avec une intention bien précise. En 1 Corinthiens 12, c'est avant tout pour souligner que les diverses manifestations spirituelles dans les différents croyants sont produites et utilisées par un seul et même Esprit, selon que lui, dans sa sagesse divine, le juge bon (v. 11).
Plusieurs membres – un seul corps (v. 12-31)
L'origine unique de toutes les diverses manifestations de l'Esprit est illustrée par l'image du corps humain, qui lui aussi constitue une remarquable unité, bien qu'il soit formé de nombreux membres. Déjà David exprime dans le Psaume 139, ces paroles : « Je te célébrerai de ce que j'ai été fait d'une étrange et admirable manière » (v. 14). Tous les membres sont reliés au cerveau par le système nerveux et sont dirigés par lui. Chez une personne en bonne santé, le corps tout entier fonctionne par conséquent comme une unité parfaite.
Cette image, compréhensible pour tous, est maintenant appliquée au Christ. Le Saint Esprit utilise ainsi une chose connue de chacun pour expliquer une réalité spirituelle qui a son origine dans le conseil éternel de Dieu, le Père (comp. Eph. 3 : 1-12). Le Seigneur glorifié est la tête dans le ciel, et les membres de son corps – dont il a déjà été fait mention dans les chapitres 6 (v.15) et 10 (v. 17) – se trouvent encore sur la terre. Tous les croyants vivants sont considérés comme les membres d'un corps, composé uniquement de vrais croyants (v. 12). C'est donc l'aspect temporel du corps de Christ qui est placé devant nous ici. Etroitement lié à celui-ci, il y a aussi un aspect local, que nous trouvons au verset 27 de ce chapitre. Enfin s'y ajoute encore l'aspect éternel, qui nous est présenté par exemple en Ephésiens 1 : 23 ; sous ce dernier point de vue sont compris tous les croyants depuis la Pentecôte (Actes 2) jusqu'à l'enlèvement.Ce corps de Christ trouve son commencement dans le baptême du Saint Esprit qui a eu lieu le jour de la Pentecôte, après l'ascension du Seigneur Jésus (Act. 2). Jean le Baptiseur avait déjà mentionné cet événement extraordinaire (Matt. 3 : 11) et le Seigneur lui-même en avait parlé d'une manière plus claire encore (Luc 24 : 49). Peu avant de s'en aller auprès du Père, Il avait dit à ses disciples : « Vous, vous serez baptisés de l'Esprit Saint dans peu de jours » et encore : « Vous recevrez de la puissance, le Saint Esprit venant sur vous » (Act. 1 : 5, 8). Après l'élévation du Seigneur au ciel, le Saint Esprit, « l'autre consolateur », est venu pour demeurer dans chaque croyant individuellement et aussi au milieu de ceux qui allaient former l'Assemblée de Dieu sur la terre (comp. 1 Cor. 6 : 19 ; 3 : 16). Chaque croyant individuellement est maintenant un temple du Saint Esprit et un membre du corps de Christ, et tous ensemble ils constituent « une habitation de Dieu par l'Esprit » (Eph. 2 : 22) et « le corps de Christ ». Tout cela est le résultat de l'œuvre rédemptrice de Christ et de la venue du Saint Esprit ici-bas.
Ces deux faits, la séance du Seigneur glorifié comme tête dans le ciel, et l'habitation du Saint Esprit dans chaque croyant et dans le seul corps de Christ sur la terre, peuvent être considérés comme les caractères spécifiques de l'économie actuelle de la grâce. Lors de la venue du Seigneur Jésus pour l'enlèvement des siens, le corps sera réuni à lui, la tête, pour l'éternité dans la gloire. La vérité liée à ceci était cachée autrefois, et n'a été révélée qu'à l'apôtre Paul. Ce n'est que dans la mesure où nous la comprenons que nous pouvons réaliser de la bonne manière les pensées de Dieu quant à son Assemblée.
Dans ce seul corps, toutes les distinctions terrestres sont mises de côté. Du temps de l'Ancien Testament, Dieu avait ordonné une séparation stricte entre son peuple et les nations païennes, telles que les Grecs, mais les hommes tombés dans le péché avaient aussi introduit des différences, comme celle entre esclaves et hommes libres. Dans la nouvelle création, et dans le corps de Christ, toutes ces distinctions sont supprimées, car les croyants, par la nouvelle naissance, sont devenus les enfants d'un seul Père et, après avoir cru à l'évangile du salut, ont reçu le même Esprit Saint, dont ils ont été « abreuvés » et dont ils doivent être remplis (v. 13).
Après avoir brièvement expliqué, par une comparaison avec le corps humain, la vérité concernant « le Christ », c'est-à-dire ici Christ et son Assemblée, Paul reprend cette image pour préciser deux enseignements importants. Les versets 14 à 26 parlent donc du corps humain. Ce n'est qu'au verset 27 que l'application du tout est faite au corps de Christ. Il faut toutefois observer une différence significative. Dans le corps humain, tout fonctionne normalement de manière spontanée, car nos membres n'ont pas de volonté propre. Il n'en est pas automatiquement ainsi dans le corps de Christ, car chacun des membres est une personne responsable. Bien que nous soyons nés de nouveau, notre propre volonté charnelle peut s'opposer à la volonté de la Tête. Il en résulte du trouble dans le corps de Christ. Une telle chose est impossible dans notre corps. C'est précisément pour cette raison qu'il est une image si riche en enseignements pour le corps spirituel de Christ, l'Assemblée.
Notre corps est composé non pas d'une seule partie, mais d’un grand nombre (v. 14), c'est-à-dire qu'il n'a pas une seule fonction, mais en a plusieurs différentes. Chacun des membres est nécessaire. Le pied ne peut pas dire : « Parce que je ne suis pas main, je ne fais pas partie du corps », ni l'oreille : « Parce que je ne suis pas œil, je ne fais pas partie du corps » (v. 15, 16). Cela suggère la présence parmi les Corinthiens d'un danger : la sous-estimation de soi ou le complexe d'infériorité. Il peut aussi arriver aujourd'hui, qu'un chrétien se compare à d'autres frères et sœurs qu'il estime plus doués que lui, et en arrive à la conclusion : Si j'étais comme le frère X ou la sœur Y, je pourrais faire quelque chose de valable pour le Seigneur. Mais comme je n'ai pas de tels dons, je ne suis bon à rien. Une telle attitude est impensable de la part des membres de notre corps. L'enseignement que nous avons à en retirer est que dans le corps de Christ aussi, c'est impossible. Sinon, n'y aurait-il pas le danger d'aspirer tous à un seul et même don ?
La réponse est la suivante : « Mais de fait, Dieu a placé les membres - chacun d'eux - dans le corps, comme il l'a voulu » (v. 18). Celui qui a formé notre corps selon sa divine sagesse, a aussi assigné sa place à chaque membre du corps de Christ, et il est bon que nous la reconnaissions et que nous la prenions dans sa dépendance, comme le font les membres de notre corps, qui n'ont pas tous la même fonction, mais qui, malgré leur diversité, forment néanmoins une unité.
Mais il y a aussi dans le corps de Christ le danger inverse, qu'un membre soit orgueilleux et se surestime. Il arrive très souvent parmi les croyants que l'un se place au-dessus de l'autre et pense qu'il n'a pas besoin de lui. Ceci n'existe pas non plus dans notre corps. « L'œil ne peut pas dire à la main : Je n'ai pas besoin de toi ; ou bien encore la tête, aux pieds : Je n'ai pas besoin de vous. Bien plus, les membres du corps qui paraissent être les plus faibles, sont nécessaires (v. 21, 22). Chaque partie de notre corps a sa fonction et par conséquent sa nécessité. Nous ne pouvons renoncer à aucune sans subir un dommage. Celles-là même qui ne paraissent pas aussi belles ou fortes, nous les traitons avec des égards particuliers. Tandis que le visage, considéré souvent comme la partie la plus noble, ne nécessite aucune protection particulière, nous revêtons nos pieds de chaussures afin qu'ils ne soient pas blessés dans leur activité, la marche. Ainsi Dieu a assemblé le corps de manière à donner aux parties les plus laides, telles que le cerveau, le cœur et les poumons, une bonne protection par une carapace osseuse, afin qu'aucune partie du corps ne soit désavantagée ou favorisée. Il en est exactement de même pour le corps spirituel, l'Assemblée, et ceci « afin qu'il n'y ait point de division dans le corps » (v. 25). Si un membre souffre, tous les autres doivent alors souffrir avec lui ; ils sont inévitablement affectés. Mais si un membre est glorifié, c'est-à-dire s'il accomplit son service selon la volonté de Dieu, tous les membres en reçoivent de la bénédiction et se réjouissent.
Par les paroles : « Or vous êtes le corps de Christ, et ses membres chacun en particulier » (v. 27), Paul applique ce qu'il vient de dire à l'Assemblée, et spécialement aux croyants à Corinthe. Les Corinthiens n'étaient qu'une partie du corps de Christ, et ils sont pourtant appelés « le corps de Christ ». L'assemblée dans un lieu donné est effectivement la seule forme de représentation possible de l'Assemblée entière sur la terre dans son aspect temporel, ce qui trouve en particulier son expression dans la fraction du pain (comp. 10 : 16-22). L'assemblée locale, selon la Parole de Dieu, représente ainsi toujours l'assemblée tout entière sur la terre et agit pour elle.
C'est ainsi qu'il faut comprendre le verset suivant, où l'ensemble du corps de Christ est de nouveau en vue. Dieu a donné différents dons de grâce aux divers membres. Les apôtres et les prophètes ont été certainement les instruments les plus importants du Saint Esprit dans l'Assemblée (comp. Eph. 2 : 20 ; 3 : 5) et figurent pour cette raison en premier dans la liste des dons, mais il n'y a aucun doute qu'ils ne se trouvaient pas dans chaque assemblée locale. De plus, cette énumération n'est pas exhaustive (comp. v. 8-10) ; elle sert à mettre en évidence que tous les membres du corps n'ont pas la même fonction, comme le montrent les questions posées dans les versets 29 et 30. Chaque membre doit donc tendre à devenir un instrument toujours mieux approprié à l’usage que l'Esprit Saint se propose pour elle. On pourrait l'exprimer ainsi : plus il y a de consécration, plus il y aura de dons en exercice. Car cette consécration au Seigneur, l'amour pour Lui et pour les siens, est le seul vrai mobile de tout service pour Lui. L'amour divin en nous est le « chemin bien plus excellent » (v. 31) qui nous est présenté dans le chapitre suivant.