LA PREMIERE EPITRE AUX CORINTHIENS (11)
CHAPITRE 11 :
Ordonnances divines (11 : 2-34)
Dans cette partie, Paul traite d'une question d'ordre extérieur, qui concerne aussi bien les hommes que les femmes. Deux choses y retiennent notre attention. Bien que l'apôtre ait eu beaucoup à reprendre parmi les Corinthiens, il les loue pourtant ici de ce qu'ils se souvenaient de lui et gardaient les enseignements qu'il leur avait donnés (voir aussi v. 23). Le second point important est qu'il met toutes les questions vitales des croyants en rapport avec Dieu et ses pensées. Il le fait aussi dans d'autres passages, par exemple en Ephésiens 5 : 22-33, où il compare la relation de mari et de femme avec l'amour de Christ pour son assemblée. Il est ainsi clair qu'il n'existe aucun domaine neutre dans la vie de la foi, mais que toute notre vie et tout notre comportement doivent être dirigés par nos relations spirituelles et célestes.
Il y avait, semble-t-il, à Corinthe des sœurs qui, en priant ou en prophétisant, se comportaient de manière inconvenante. Paul commence son enseignement à ce sujet en détournant l'attention de dessus les hommes pour la fixer sur Dieu. Dans la création, Dieu a établi un ordre qui, bien qu'il ne soit pas respecté dans le monde, doit toujours être reconnu par les rachetés. Christ, le Fils de Dieu devenu homme et le Fils de l'homme glorifié, est comme tel, depuis son œuvre rédemptrice, non seulement la tête de son corps, l'assemblée (Eph. 4 : 15 ; 5 : 23 ; Col. 1 : 18), mais aussi le chef de toute principauté et autorité (Col. 2 : 10) et chef sur toutes choses (Eph. 1 : 22). Il est aussi de ce fait le chef invisible de tout homme et de toute femme ; mais Dieu a placé sur la terre l'homme comme chef visible de la femme (voir Gen. 2 : 18 ; Eph. 5 : 23). Dieu lui-même est élevé comme chef sur toutes choses (1 Chr. 29 : 11) et Il est donc aussi le chef de Christ – en tant qu’homme (comp. 15 : 27-28).
En Christ, c'est-à-dire dans la position des croyants devant Dieu, toutes les différences terrestres sont mises de côté (comp. Gal. 3 : 28). Mais aussi longtemps que nous sommes sur la terre, l'ordre divin doit s'exprimer dans notre vie et notre comportement. Le silence des femmes dans les assemblées en fait aussi partie (14 : 34). Si donc il est parlé ici de prier et de prophétiser en relation avec les femmes, ceci ne concerne pas les réunions de l'assemblée, mais se réfère à d'autres occasions comme par exemple dans la famille ou un cercle de sœurs.
Quand donc un homme se tient devant Dieu pour la prière, ou bien qu'il se lève dans la présence de Dieu et prophétise, il doit exprimer de manière visible le fait qu'il agit comme autorité établie de Dieu. Il ne doit par conséquent pas avoir la tête couverte. S'il le fait, il déshonore Christ, son chef (v. 4). En revanche, si une femme prie ou prophétise sans couvrir sa tête, elle déshonore sa tête, car elle agit alors comme un homme, ce qu'elle n'est pas.
Pour souligner le sérieux de cet enseignement, Paul avance ensuite quatre arguments différents.
Premièrement, il explique qu'un tel comportement de la femme équivaut pour elle à la honte d'avoir les cheveux rasés (v. 5). Dans tous les temps et toutes les cultures, avoir la tête rasée a toujours été un signe de honte. Si l'absence de couverture sur la tête de ces femmes n'était pas ressentie comme une honte, elles comprenaient néanmoins parfaitement qu'il était déshonorant pour elles d'avoir les cheveux coupés ou d'être rasées (v. 6). L'homme ne doit pas couvrir sa tête, parce qu'il a été créé à l'image de Dieu et doit Le représenter, Lui le chef invisible, dans la création. La femme, qui n'a pas été créée dans cette pensée, mais a été prise de l'homme comme une aide qui lui corresponde, n'a pas cette fonction de représentation publique et doit, dans son comportement, reconnaître et honorer l'homme comme chef visible.
L'origine et le but lors de la création de l'homme sont mentionnés comme deuxième motif (v. 8-9 ; Gen. 2 : 18-25). L'homme a été créé par Dieu le premier, tandis que la femme a été tirée de lui ; et l'homme n'a pas été créé pour la femme, mais la femme pour l'homme. Cet ordre, nous ne pouvons pas le discerner dans le monde qui nous entoure, nous ne le voyons qu'en reportant nos regards en arrière au début de l'humanité. Dans les versets 11-12, il nous est cependant rappelé la dépendance réciproque de l'homme et de la femme, et leur dépendance commune de Dieu. N'est-ce pas un équilibre divin ? S'il avait été pris en considération, les pays dits chrétiens auraient été gardés, dans les siècles passés, des déductions erronées et charnelles qui ont conduit à une dépréciation de la position de la femme, laquelle a provoqué la réaction actuelle tout aussi erronée allant dans la direction de l'égalité de la femme.
Les anges sont nommés comme troisième motif pour que la femme doive porter sur sa tête un signe de l'autorité sous laquelle elle se trouve ; depuis la création, mais surtout en rapport avec l'œuvre rédemptrice de Christ à la croix, ils sont témoins des voies de Dieu envers l'homme (1 Pier. 1 : 12 ; Eph. 3 : 10 ; 1 Cor. 4 : 9).
Enfin le quatrième et dernier argument est un appel au sentiment naturel (v. 13-15). Celui-ci existe-t-il encore dans les pays occidentaux, où habite la majorité de nos lecteurs, ou bien ne voyons-nous pas au contraire comment toutes les relations naturelles sont renversées ? Il est tout aussi inconvenant qu'une femme se tienne tête découverte dans la présence de Dieu, qu'un homme porte une longue chevelure. C'est au contraire une gloire pour une femme d'avoir une longue chevelure, que Dieu lui a donnée comme voile. Le voile a pour rôle de cacher et est le symbole de la retenue. De même que beaucoup d'autres phénomènes apparus précisément dans les régions qui ont été imprégnées du christianisme pendant des siècles, la mode des cheveux courts pour les femmes, introduite au vingtième siècle, est en contradiction non seulement avec le comportement chrétien, mais aussi avec l'ordre biblique dans la création. Le Seigneur adresse dans ce passage un appel au cœur de chaque femme croyante, comme il l'a fait autrefois à Pierre par ces paroles : « M'aimes-tu ? » (Jean 21 : 15, 16, 17).
Les Corinthiens avaient une beaucoup trop haute opinion d'eux-mêmes. L'apôtre les exhorte à plusieurs reprises avec une légère ironie à cet égard (3 : 8 ; 8 : 2 ; 11 : 16 ; 14 : 37). Ici aussi, il condamne leur manière de mettre leur propre pensée au-dessus des communications du Saint Esprit par cette brève remarque : « Si quelqu'un paraît vouloir contester, nous n'avons pas, nous, une telle coutume, ni les assemblées de Dieu » (v. 16).
L'apôtre Paul avait déjà blâmé, dans les premiers chapitres, la tendance dangereuse des Corinthiens à former des groupes qui s'affrontaient entre eux. Il était presque inévitable que cette tendance se manifeste aussi dans les réunions. Mais ainsi, ils perdaient le but du rassemblement, qui consiste justement à conduire les membres du corps de Christ à l'unité de la foi. Se réunir en assemblée signifie que les croyants d'un même lieu se rassemblent de manière à manifester le caractère de l'Assemblée de Dieu selon le Nouveau Testament. Le Seigneur Jésus en est le centre (Matt. 18 : 20). Quel déshonneur pour son saint et glorieux Nom lorsque surgissent dans un tel rassemblement de la division ou du désaccord (en grec : schisma, comp. Jean 10 : 19) ! L'on est alors bien encore ensemble extérieurement, mais intérieurement, il y a déjà une déchirure.
Satan cherche toujours à détruire l'unité pratique des enfants de Dieu. Lors donc qu'il existe de la désunion entre les frères et les sœurs, ce n'est pas l'œuvre du Saint Esprit. Seule une profonde et sincère humiliation peut guérir une telle plaie. Si celle-ci n'est pas réalisée, le désaccord intérieur dans l'assemblée produira la formation de partis (grec : hairesis, secte) et finalement la séparation. Ce n'est que de cette manière que seront manifestés comme approuvés ceux qui ne peuvent pas s'associer plus longtemps aux principes et à l'esprit de ceux qui suscitent les dissensions. La Parole de Dieu nous appelle à nous supporter l'un l'autre dans l'amour, et cela va extrêmement loin (Eph. 4 : 2). Mais nous ne sommes jamais exhortés à reconnaître ou à tolérer ce qui est en contradiction avec la volonté et la nature du Seigneur Jésus.
Dans les premiers temps, les chrétiens avaient apparemment l'habitude de se réunir souvent pour prendre un repas en commun (agape, ou repas d’amour) et, en même temps, célébrer aussi la cène du Seigneur (comp. Act. 2 : 46). Le Seigneur lui-même avait institué la cène à la fin du repas de la Pâque. Mais la cène du Seigneur n'est pas un repas pour satisfaire notre faim et notre soif naturelles, comme le faisaient les Corinthiens. Il semble de plus que leur désunion se soit également manifestée dans ces occasions (Jude 12). Tandis que quelques-uns s'en revenaient en ayant encore faim ou ne recevaient rien, d'autres avaient déjà festoyé et même s'enivraient. Avec indignation, Paul doit leur demander : « N'avez-vous donc pas des maisons pour manger et pour boire ? Ou méprisez-vous l'assemblée de Dieu, et faites-vous honte à ceux qui n'ont rien ? » (v. 22). Le comportement des Corinthiens manifestait un mépris peut-être involontaire de la sainteté de l'assemblée de Dieu, qui attirait la plus grande condamnation.
Le Saint Esprit prend occasion de cette circonstance pour rappeler aux Corinthiens ce que l'apôtre leur avait déjà communiqué oralement quant à la cène du Seigneur. Comme Paul n'avait pas assisté à l'institution de la cène, il en avait reçu la révélation du Seigneur glorifié lui-même.
Toute l'importance de la cène ressort des paroles par lesquelles Paul aborde le sujet : « ...la nuit où il fut livré... » (v. 23). En cette nuit où sa vie et son ministère en faveur d'hommes perdus approchaient du but que Dieu s'était fixé de toute éternité, et où Il voyait l'horreur de la crucifixion se dresser devant Lui, le Seigneur rassembla une dernière fois tous ses disciples autour de Lui, pour leur manifester son amour. Après la Pâque, qui allait trouver son accomplissement en Lui, le vrai agneau pascal, le Seigneur dirige, par les signes du pain et de la coupe, le cœur de ses disciples sur son sacrifice tout proche de la croix. Après l'accomplissement de l'œuvre de la rédemption et son élévation dans la gloire du ciel, ils auraient le privilège de se souvenir continuellement par ces signes de sa mort pour leurs péchés. Lui qui connaît le cœur humain, savait combien nous sommes oublieux, et il veut que nous gardions le souvenir permanent de son don de lui-même à la croix.
Le Seigneur prit premièrement le pain et exprima, en rendant grâces, sa parfaite communion avec le Père dans ce moment aussi. Puis Il le rompit et le donna à ses disciples en disant : « Ceci est mon corps, qui est pour vous ; faites ceci en mémoire de moi » (v. 24). Le pain rompu nous rappelle son corps saint dans lequel Il a porté nos péchés sur la croix et qui a été offert là pour nous (Héb. 10 : 10 ; 1 Pier. 2 : 24). Le Seigneur veut que nous mangions le pain en mémoire de Lui, et que nous nous souvenions ainsi de Lui, de ses souffrances et de sa mort pour nous.
Il en fut de même de la coupe que le Seigneur prit, pour laquelle Il rendit grâces, et qu'Il donna ensuite à ses disciples. Comme en Luc 22 : 20, elle est appelée la coupe « après le souper », car, lors du repas de la Pâque, le Seigneur avait déjà tendu à ses disciples une coupe qu'ils devaient partager entre eux. Cette coupe marquait symboliquement la fin de l'époque de l'ancienne alliance. La coupe après le repas est pourtant appelée « la nouvelle alliance en mon sang » (v. 25). Lors de l'institution de la cène, l'assemblée de Dieu n'existait pas encore. C'est pourquoi le Seigneur parle ici de la nouvelle alliance qui sera établie un jour avec le peuple d'Israël restauré (Jér. 31 : 31). Cependant le sang par lequel nous sommes maintenant réconciliés avec Dieu est le même sang de Christ, qui constituera aussi le fondement de la nouvelle alliance encore future avec le résidu d'Israël. Les chrétiens sont au bénéfice de ce sang, sur la base duquel une nouvelle alliance sera établie pour Israël (Héb. 8 : 10).
Le sang, selon la Parole de Dieu, est le symbole de l'âme et de la vie (Lév. 17 : 11). Le sang répandu parle donc de l'offrande de la vie. C'est aussi le moyen ordonné de Dieu pour la propitiation. La mort est le salaire du péché et ce n'est que par l'offrande de la vie parfaite de Christ, l'Agneau de Dieu, que nous pouvions être délivrés de la mort éternelle. C'est ce dont nous devons nous souvenir en buvant à la coupe.
Le pain et la coupe, comme figure de la séparation du corps et du sang de Christ, nous présentent ainsi ensemble sa mort. Quelle somme de pensées il y a dans ces mots : « la mort du Seigneur » ! Son abaissement, son obéissance, son amour et son dévouement, mais aussi le châtiment de Dieu sur le péché - tout cela est rappelé à notre mémoire. Chaque fois que nous mangeons le pain et que nous buvons la coupe, nous annonçons la mort du Seigneur jusqu'à ce qu'il vienne (v. 26). Par la fraction du pain, nous rendons, au milieu de ce monde et devant les anges, un témoignage constamment renouvelé à la mort de notre Seigneur. Les premiers chrétiens le faisaient chaque jour (Act. 2 : 42, 46), mais ensuite cela s'est fait chaque premier jour de la semaine, le jour de la résurrection de Christ, le « jour du Seigneur » (Act. 20 : 7 ; voir Apoc. 1 : 10).
Tandis qu'au chapitre 10 : 14-22, l'enseignement concernant la table du Seigneur nous est présenté sous l'aspect de la communion et de la responsabilité qui y est liée, l'attention des croyants est attirée ici sur leur responsabilité personnelle. Ces deux aspects se complètent mutuellement. Paul adresse à chaque croyant à Corinthe un sérieux appel à ne pas continuer de participer de manière indigne à la cène du Seigneur et se rendre ainsi coupables. En ayant rabaissé la fraction du pain au niveau d'un repas ordinaire au cours duquel se manifestaient les mauvais débordements de la chair, ils méprisaient les « symboles » qui parlaient de la mort de leur Sauveur et Seigneur. Chaque croyant individuellement est ainsi exhorté à s'éprouver soi-même dans la lumière divine, pour pouvoir participer dignement. En principe, les Corinthiens, comme tout croyant, en étaient rendus dignes par le salut qu'ils avaient reçu. Mais dans la pratique, ils s'étaient conduits indignement - et cela peut nous arriver aussi - parce qu'ils avaient oublié, en participant à cette sainte cène, que ces signes parlaient de la mort de leur Seigneur. En mangeant et en buvant à la coupe légèrement, plusieurs avaient attiré sur eux le jugement de Dieu et étaient tombés malades. D'autres étaient même déjà morts, parce qu'ils avaient déshonoré leur Seigneur d'une telle manière que Dieu n'avait pas voulu les laisser plus longtemps sur cette terre (voir Act. 5 : 1-11 ; 1 Jean 5 : 16).
Les Corinthiens auraient pu éviter ce châtiment de la part de Dieu en s'éprouvant sérieusement eux-mêmes et en jugeant le mal dans leur cœur. Mais ainsi, ils étaient châtiés par le Seigneur. La deuxième partie du v. 32 montre bien qu'il s'agit d'un jugement temporel : « ... afin que nous ne soyons pas condamnés avec le monde ». Les hommes de ce monde, qui ont rejeté le Seigneur Jésus, connaîtront un jugement éternel. Mais celui qui est délivré de la condamnation éternelle par la foi dans le Sauveur doit savoir que le Seigneur discipline les siens, s'ils méprisent sa volonté (voir 1 Pier. 1 : 15-21).
Finalement, Paul revient encore une fois sur le motif de ses enseignements et de ses répréhensions, et exhorte fraternellement les Corinthiens à s'attendre les uns les autres dans l'amour et la patience, et à ne pas profaner la cène du Seigneur. Il réglerait tous les autres points lors de sa venue.
A. Remmers