LA PREMIERE EPITRE AUX CORINTHIENS (13)
CHAPITRE 13
L'Esprit d’amour (13 : 1-13)
L'amour doit être présent (v. 1-3)
Le treizième chapitre de la première épître aux Corinthiens a souvent été appelé, à juste titre, « l'hymne du Nouveau Testament célébrant l'amour ». Aucun autre livre de la Parole de Dieu ne présente d'une manière aussi belle la grandeur et la beauté de l'amour divin tel qu'il doit se manifester dans les croyants.
Les Corinthiens ne manquaient d'aucun don de grâce (1 : 7), mais ils n'avaient pas les sentiments qui conviennent, comme nous avons déjà pu le constater à plusieurs occasions (1 : 10 ; 3 : 1-4 ; 4 : 6 ; 5 : 2 ; 6 : 1-8). Mais ce qui leur faisait tout particulièrement défaut, c'était un amour vrai les uns envers les autres. Aussi l'apôtre Paul doit-il leur dire maintenant que tout ce qu'un croyant peut exprimer, posséder intérieurement ou faire, est sans valeur si l'amour n'en est pas le mobile. Comme aux chapitres 4 (v. 1- 6), et 9 (v. 26-27), il ne le fait pas cependant par une réprimande directe à l'adresse des Corinthiens, mais se sert de trois exemples hypothétiques, c'est-à-dire seulement supposés, qu'il rattache à lui-même.
S'il s'exprimait dans le langage des hommes ou des anges, mais sans manifester de l'amour ou sans être poussé par l'amour, ses paroles pourraient peut-être faire momentanément une grande impression, comme le son d'une cloche ou d'une cymbale, mais un tel service n'aurait aucun résultat spirituel. C'était le cas du parler en langues, un don particulièrement honoré parmi les Corinthiens, comme le montre le chapitre suivant. Le fait que Paul mentionne ici non seulement les langues humaines mais aussi celles des anges, ne prouve nullement que lui-même les ait effectivement parlées.
Dans l'exemple suivant (v. 2), il mentionne diverses choses impossibles, qui confirment qu'il s'agit bien d'hypothèses. La possession du don de prophétie, le fait de savoir tous les mystères et toute connaissance, la possession d'une foi capable même de déplacer les montagnes (comp. 12 : 9 et Matt. 17 : 20) - qui pourrait prétendre cela pour lui-même ? Pourtant même s'il en était ainsi, tout cela serait aussi entièrement sans valeur, si l'amour pour les frères ne remplit pas le cœur.
Pour finir, Paul mentionne deux exemples de la plus haute abnégation pour les autres (v. 3), tout aussi vains cependant, si l'amour n'en est pas le ressort. Combien tout cela devait frapper les Corinthiens qui visiblement faisaient si attention à l'effet extérieur et étaient si imbus d'apparente grandeur ! Or ce qui leur manquait, c'était l'amour, « l'huile » dans les rouages de la communion pratique fraternelle. C'est pourquoi Paul leur présente dans les versets suivants les caractères du vrai amour divin.
L'essence de l'amour divin dans les croyants (v. 4-7)
L'amour est un caractère de Dieu, qui est amour (1 Jean 4 : 8, 16). L'amour éternel, parfait, que rien ne peut troubler, régnait dans la maison du Père entre le Père et le Fils, avant la création du monde (Jean 17 : 24). Et l'amour pour ses créatures déchues a conduit Dieu à donner son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu'il ait la vie éternelle (Jean 3 : 16). A la différence de l'amour naturel humain, qui est, certes, aussi un don de notre Créateur, l'amour de Dieu n'a besoin d'aucune contrepartie ni d'aucun motif dans son objet. Dieu nous a manifesté son amour alors que nous étions encore des pécheurs. Lors de la nouvelle naissance, Il a versé son amour dans nos cœurs par l'Esprit Saint (Rom. 5 : 5), afin que nous puissions y trouver notre joie et le répandre autour de nous. C'est ainsi que nous témoignons dans la pratique que nous sommes de vrais enfants de Dieu. L'amour dans sa perfection n'a été visible sur la terre que chez un seul Homme : notre Seigneur Jésus. L'énumération qui suit - quinze qualités et caractéristiques du vrai amour - est de ce fait en même temps une description des caractères de Christ, comme homme sur la terre.
Il n'est guère possible de faire un classement précis des caractères de l'amour présentés ici. Nous voyons cependant que huit sont liés à une négation et nous montrent ce que l'amour ne fait pas. Tous les fruits négatifs de la vieille nature chez le croyant, que nous ne connaissons que trop bien, sont incompatibles avec l'amour divin. La patience et la bonté sont des caractères de Dieu connus (comp. Ex. 34 : 6 ; Rom. 2 : 4), que doivent aussi manifester ses enfants. En revanche, l'envie (ou : la jalousie), la vantardise, l'orgueil, l'inconvenance, l'égoïsme, l'irritation, l'imputation du mal à autrui, et le fait de se réjouir de l’injustice, lui sont totalement étrangers. L’amour se réjouit avec la vérité, il supporte tout, croit tout, espère tout, endure tout. « Tout » n'est ici évidemment pas pris dans son sens absolu, mais se rapporte à tout ce qui peut être vécu dans la communion avec Dieu, comme le Seigneur Jésus l'a manifesté dans sa vie sur la terre.
L'amour est éternel (v. 8-13)
La description des caractères de l'amour divin culmine dans cette affirmation : « L'amour ne périt jamais » (v. 8). Etant l'essence même du Dieu d'éternité, il est lui aussi impérissable et éternel. Tout don, tout service aura sa fin, mais non l'amour de Dieu. Les prophéties, et l'accumulation de connaissance des pensées de Dieu disparaîtront lors de la venue du Seigneur, et donc auront leur fin, quand bien même nous ne posséderons qu'alors la parfaite connaissance (comp. v. 12). Quant au don des langues, cependant, une autre expression est utilisée ; il est dit de celles-ci qu'elles « cesseront », ce qui suggère manifestement qu'elles prendront fin plus tôt. Historiquement, ce don-signe est mentionné pour la dernière fois en Actes 19 : 6.
Tout ce que le croyant accomplit sur la terre dans la dépendance de Dieu, demeure pourtant imparfait. Qu'il s'agisse de la prophétie, parlant comme porte-parole de Dieu, ou de la connaissance de ses pensées, tout ici demeure partiel. Ce que les Corinthiens estimaient si haut, Paul, ici, doit le déclarer imparfait, ce qui fait ressortir la grandeur de l'amour. Le motif de cette imperfection n'est cependant pas en Dieu, mais dans les hommes, faibles instruments de sa grâce. Ce n'est que lors de la venue du Seigneur pour enlever les siens que ce qui est partiel disparaîtra. Lorsque le corps de notre abaissement sera transformé en la conformité du corps de sa gloire (Phil. 3 : 21), un état de perfection sera établi pour l'éternité. Alors nous ne serons plus entravés par le péché ou par la faiblesse.
Deux exemples faciles à comprendre sont donnés maintenant, par lesquels Paul, en s’impliquant directement une fois encore à la première personne du singulier, cherche à expliquer la différence entre notre condition présente et celle qui est à venir (v. 11-12). La manière de parler, de penser et de juger d'un enfant tient à son horizon encore limité. Il doit certes être pris au sérieux, mais devenu adulte, il quittera ce qui est de l'enfance et aura d'autres repères. De même aussi le reflet dans un miroir ne peut être comparé avec la vision face à face (dans l'Antiquité, les miroirs étaient constitués de plaques de métal polies, et ne rendaient qu'une image floue). Le résultat de ces deux exemples est résumé par ces mots : « A présent je connais en partie, mais alors je connaîtrai à fond comme aussi j'ai été connu ». Ici-bas, toute notre connaissance demeure limitée et imparfaite. Cette constatation nous garde de l'orgueil, au sujet duquel Paul écrit au chapitre 8 : « Si quelqu'un pense savoir quelque chose, il ne connaît rien encore comme il faut connaître ; mais si quelqu'un aime Dieu, celui-là est connu de lui » (v. 2-3). La vraie connaissance est donc produite par l'amour pour Dieu, non pas seulement par l'intelligence intellectuelle. Mais même cette vraie connaissance ne pourra jamais être parfaite ici-bas.
Peut-il demeurer le moindre doute quant au fait que, déjà maintenant, Dieu ait connu et connaisse parfaitement chacun des siens (comp. 8 : 3 ; Gal. 4 : 9) ? De la même manière, nous posséderons dans la gloire une connaissance non limitée par la faiblesse de notre corps terrestre et par le péché. Notre connaissance cependant ne sera pas selon la mesure de celle de Dieu, car lui seul est omniscient (comp. 2 Chr. 6 : 30).
Lorsque Paul écrit au verset 13, que la foi, l'espérance et l'amour demeurent, il ne le dit pas dans un sens absolu ; en effet, la foi et l'espérance prendront fin à la venue du Seigneur, parce que nous verrons alors tout ce que nous croyons et espérons maintenant (comp. Rom. 8 : 24 ; Héb. 11 : 1). La foi et l'espérance sont des attitudes de l'esprit et du cœur de l'homme durant sa vie terrestre. Mais l'amour subsistera éternellement, comme le verset 8 l'a déjà déclaré. Dieu est amour ; et de même qu'Il ne peut pas passer, de même l'amour ne passera jamais. Au contraire, c’est alors seulement que nous en jouirons d'une manière parfaite. Mais déjà maintenant, et pour ce même motif, il est le plus grand des trois. Par l'amour, nous pouvons manifester, comme croyants, quelque chose de la nature de Dieu.
A. Remmers