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LA PREMIERE EPITRE AUX CORINTHIENS (10)

 
 
CHAPITRE 10 
 
           

La table du Seigneur et la responsabilité qui s’y lie (10 : 1 à 11 : 1)

                        L'exemple solennel du peuple d'Israël (v. 1-13)

            La responsabilité liée à la profession d'appartenir à Dieu est illustrée par Paul dans la première partie du chapitre 10 par l'histoire du peuple d'Israël dans la traversée du désert. Délivré de l'Égypte, il fut conduit par la nuée et traversa sans dommage la mer Rouge. La nuée évoque la communion avec Dieu ; la mer Rouge, la séparation de l'Egypte, figure du monde. Le « baptême », au verset 2, n'est évidemment pas le baptême chrétien. Le verbe « baptiser », dans le Nouveau Testament, est employé dans différents sens. Pensons simplement au baptême de Jean (Marc 1 : 4), et au baptême du Seigneur à la croix (Luc 12 : 50). Une des significations de la notion biblique du baptême est l'identification. Par le baptême pour Moïse dans la nuée et dans la mer, les fils d'Israël ont été rattachés à Moïse. Il a été leur conducteur au travers du désert.
            Pendant la traversée du désert, les Israélites ont mangé la manne (Ex. 16), et ont bu l'eau du rocher (Ex. 17 ; Nom. 20). Ces deux choses avaient une origine divine - et non pas naturelle - et sont de ce fait appelées « viande spirituelle » et « breuvage spirituel ». La signification profonde de cet enseignement ressort clairement de ce que le Rocher, d'où jaillissait l'eau, n'était personne d'autre que le Christ. Il est aussi la vraie manne, le pain de vie (comp. Jean 6).
            L'histoire du peuple d'Israël dans le désert est des plus tristes. Au lieu de parcourir leur chemin avec reconnaissance pour leur délivrance, dans une confiance entière en leur Dieu et dans la joyeuse espérance du pays de Canaan qu'Il leur avait promis, les Israélites murmurèrent et s'élevèrent continuellement contre Dieu et contre les conducteurs qu'Il leur avait donnés. C'est pourquoi Dieu n'a pas pu prendre plaisir en eux. Les rapports négatifs de dix des douze espions les mécontentèrent tellement que Dieu leur imposa quarante ans de pérégrinations jusqu'à la mort de tous ceux qui avaient été délivrés d'Egypte. Deux d'entre eux seulement purent entrer dans le pays de Canaan : Josué et Caleb.
            Dans le verset 6, une déclaration d'une grande portée nous est donnée. L'histoire d'Israël n'a pas seulement pour nous un intérêt historique, mais elle a été écrite pour notre instruction spirituelle. Les récits consignés dans l'Ancien Testament ont une signification typique, symbolique. C'est-à-dire qu'ils contiennent sous la surface un enseignement profond, comme nous l'avons déjà vu pour « la manne » et pour « l'eau du rocher », qui sont tous deux des types de Christ. Le but de ces enseignements symboliques est de nous mettre en garde contre les mauvais chemins.
            Puis, dans les versets 6 à 10, cinq exemples tirés de la période du pèlerinage d'Israël dans le désert sont mentionnés pour nous servir d'avertissement. Les trois premiers montrent principalement les dangers de la convoitise de la chair, les deux derniers mettent en garde contre la rébellion contre Dieu.
            Le premier danger et le plus fréquent consiste dans la convoitise de « choses mauvaises ». En Nombres 11 : 4, il est relaté que le ramassis du peuple, qui était monté d'Egypte avec Israël, convoita et que tout le peuple fut contaminé. Certes Dieu leur donna, selon leur convoitise, de la chair sous la forme des cailles, mais « il envoya la consomption dans leurs âmes » (Ps. 106 : 15).
            Puis Paul rappelle le culte du veau d'or (Ex. 32), à l'occasion duquel le peuple se divertit sous la conduite d'Aaron.
            Ensuite la fornication d'Israël avec les femmes moabites et madianites (Nom. 25) est mentionnée. La prostitution est dans la Bible une image de l'éloignement de Dieu. Le nombre de 23 000 morts n'est pas en contradiction avec les 24 000 en Nombres 25 : 9, où la totalité est indiquée, tandis que dans notre passage, il est précisé : « en un seul jour ».
            Les deux derniers exemples nous montrent combien il est grave d'être insatisfaits des voies de Dieu. En Nombres 21, les Israélites étaient tout près du but, et pourtant ils se plaignirent à nouveau de la manne. Bien qu'ils aient expérimenté la bonté de Dieu pendant quarante ans, ils la mirent en doute. Il envoya alors des serpents brûlants et un grand nombre mourut de leur morsure. Seul un regard vers le serpent d'airain élevé par Moïse pouvait les sauver. Paul mentionne pour finir les murmures des Israélites après la révolte et la mort de l'assemblée de Coré (Nom. 16 : 41-50). Là encore ce fut une manifestation de mécontentement incompréhensible envers les voies de Dieu.
            Au verset 11, Paul explique encore une fois que la signification symbolique de ces événements est destinée à nous servir d'instruction, à nous qui vivons à la fin de toutes les économies ou époques passées des voies de Dieu envers les hommes. De même que l'appartenance au peuple d'Israël ne suffisait pas pour entrer dans le pays de Canaan, de même aujourd'hui une simple confession de Dieu et la connaissance des bénédictions et des privilèges chrétiens ne suffisent pas pour avoir part au salut éternel.

            Qu'aucun enfant de Dieu ne pense qu'il est fort de par sa propre force ! Précisément celui qui croit être debout, est en grand danger de tomber. Mais, d'un autre côté, nous pouvons nous appuyer sur l'immense grâce de Dieu, notre Père. Les tentations qu'Il nous envoie pour mettre à l'épreuve notre foi ne dépasseront jamais nos forces et nos capacités humaines. En revanche, les tentations que le Seigneur a connues dans le désert (Matt. 4) allaient en partie au-delà de l'horizon humain. Dieu est fidèle envers ses enfants et ne permettra pas que les épreuves dépassent leurs forces. Il donnera le secours au moment opportun.

                        La table du Seigneur (v. 14-22)

            Paul en vient maintenant à un problème particulier des Corinthiens. Ils vivaient au milieu d'idolâtres et étaient eux aussi, comme Israël autrefois, en danger de se laisser entraîner encore, (ou même de nouveau) par les idoles. Déjà au chapitre 8, avec un sérieux appel à l'amour fraternel, l’apôtre Paul les avait mis en garde contre le fait de manger des sacrifices offerts aux idoles. Il revient à nouveau sur ce sujet, mais avec, en arrière-plan, l'exemple solennel du peuple d'Israël et le grand privilège de la communion avec Christ, leur Seigneur.
            « Fuyez l'idolâtrie » (v. 14). Dans la Parole de Dieu, nous sommes souvent exhortés à fuir (comp. 6 : 18 ; 1 Tim. 6 : 11 ; 2 Tim. 2 : 22), lorsqu'il y a danger que notre chair se sente attirée par des tentations du diable habilement présentées. De plus Paul en appelle au discernement spirituel des Corinthiens, qui, en pratique, n'était pas bien grand, mais qu'il s'efforçait toujours de stimuler (v. 14-15).
            Il présente dans les versets suivants le grand privilège de la communion avec le Seigneur, qui trouve son expression la plus élevée à sa table. Chaque premier jour de la semaine - le jour du Seigneur (comp. Act. 20 : 7 ; Apoc. 1 : 10), nous avons le privilège de nous rassembler autour de Lui, d'exprimer d'une manière visible, en participant au pain et à la coupe, notre communion avec Lui et les uns avec les autres, et d'offrir, à Lui et au Père, notre adoration. Nous le faisons dans la conscience des merveilleuses bénédictions que nous avons reçues par son œuvre rédemptrice à la croix. C'est sans doute aussi pour cette raison qu'ici, à la différence de l'ordre habituel, « la coupe de bénédiction », qui est en si grand contraste avec la coupe que notre Seigneur a vidée entièrement à la croix (comp. Luc 22 : 42), est mentionnée en premier (v. 16).
            De même que, dans les sacrifices de l'Ancien Testament, il était d'abord fait aspersion du sang sur l'autel, de même aussi ici, il est d'abord fait mention de la coupe, comme expression de « la communion du sang du Christ ». Le sang précieux de Christ, le prix le plus élevé qui pouvait être payé, a ouvert l'accès jusque dans le sanctuaire de Dieu et nous a acquis justification, rédemption, paix et purification de la conscience (1 Pier. 1 : 19 ; Héb. 10 : 19 ; Rom. 5 : 9 ; Col. 1 : 20 ; Héb. 9 : 14) ! Tout croyant a part à ce sang et à tous ses effets bénis.
            « Le pain que nous rompons, n'est-il pas la communion du corps du Christ ? » (v. 16b). En mangeant du seul pain, nous exprimons une double communion - d'une part avec le Seigneur Jésus, qui a livré son corps pour nous - d'autre part la communion les uns avec les autres. C'est ce qu'explique Paul au verset 17. Il se place au milieu des croyants à Corinthe quand ils sont réunis à la table du Seigneur et déclare : tous ceux qui participent à ce seul pain, forment ensemble l'expression du seul corps de Christ à Corinthe. Selon la Parole de Dieu, le fait que tous les croyants vivants sur la terre sont baptisés en un seul corps par un seul Esprit trouve son expression visible dans la fraction du pain. Bien que maintenant beaucoup de « barrières » séparent les croyants les uns des autres, la pensée de Dieu subsiste cependant que la table du Seigneur est en principe la place de tous les membres du corps de Christ. Tous ceux qui y participent, expriment d'une manière visible leur communion spirituelle avec Christ et les uns avec les autres. Ce n'est pas une affaire insignifiante ou secondaire ! Lorsque l'âme et l'esprit sont occupés du Seigneur Jésus, il est impossible que le corps ne participe pas ou agisse d'une manière contradictoire. C'est contre ce danger que Paul veut mettre en garde les Corinthiens. Il prend encore une fois dans ce but un exemple du peuple Israël.
            Lorsque les Israélites mangeaient le sacrifice de prospérités (seul sacrifice dont, selon Lévitique 7 : 19, chacun avait en principe le droit de manger), ils exprimaient leur communion avec l'autel et avec Dieu. Après avoir fait aspersion du sang du sacrifice de prospérités sur l'autel, le sacrificateur devait faire fumer la graisse sur l’autel en odeur agréable à Dieu ; c’était la partie la plus précieuse de l'offrande, sa nourriture, son pain. Les sacrificateurs recevaient la poitrine et l'épaule droite et le reste de la chair pouvait être mangé par celui qui apportait l'offrande, et avec lui par tout Israélite qui était pur selon la Loi (Lév. 3 et 7 : 11-38). C'était une action sainte accomplie dans un lieu saint. L'autel de l'holocauste est appelé en Malachie 1 : 7 et 12, la « table de l'Éternel », ou « table du Seigneur », quatre cents ans avant que cette notion se trouve dans le Nouveau Testament. Il n'y a aucun doute que Paul veut mettre ici en évidence la similitude entre le fait de manger le sacrifice de prospérités et la participation à la cène du Seigneur comme étant l'expression d'une sainte communion. Bien qu'il s'agisse dans les deux cas d'un acte extérieur, il représente beaucoup plus : il doit exprimer une communion intérieure.
            Ce n'est que maintenant que Paul met en évidence le vrai caractère du culte idolâtre païen. Les païens apportaient eux aussi à leurs idoles des sacrifices que, la plupart du temps, ils mangeaient ensuite lors d'un repas en commun. Paul avait certes affirmé au chapitre 8 qu'une idole, et par conséquent ce qui lui est sacrifié, n'est rien. Mais il met en lumière maintenant l'aspect sérieux de la communion avec les démons, sur laquelle les Corinthiens n'étaient visiblement pas au clair. La forme de la question rhétorique : « Que dis-je donc ? - que ce qui est sacrifié à une idole est « quelque chose » ? ou qu'une idole est quelque chose ? » (v. 19), montre qu'il est conscient que les Corinthiens pourraient lui répliquer : Tu viens de nous dire qu'une idole n'est rien et maintenant tu lui donnes une telle importance ? C'est pourquoi il s’explique aussitôt : « Mais... ce que les nations sacrifient, elles le sacrifient à des démons et non pas à Dieu » (v. 20). D'un côté, une idole en elle-même n'est rien qu'une représentation inerte, ou tout au plus une œuvre d'art humaine, et un sacrifice fait à une idole n'est que de la viande ordinaire. Mais ce n'est pas tout. Le pain et le vin, et la chair d'une bête pure, ne sont pas en eux-mêmes des choses consacrées. Cependant une élévation et une consécration spirituelles leur sont conférées par le but saint qui trouve son expression dans la table du Seigneur et par le sacrifice de prospérités à l'Eternel. Il en est de même des sacrifices offerts aux idoles que les nations offrent, non aux idoles, mais aux démons qui sont derrière. Les idoles sont la représentation visible des puissances invisibles mauvaises, imaginées par des incrédules insensés à l'esprit aveuglé par Satan, le dieu de ce monde (Rom. 1 : 22-23 ; 2 Cor. 4 : 4). De même que la communion avec Dieu est exprimée à la table du Seigneur et dans le sacrifice de prospérités, de même la communion avec les démons l'est dans le fait de manger du sacrifice offert aux idoles. Certainement les Corinthiens ne voulaient pas avoir communion avec les démons. Mais par leur participation à leurs repas de sacrifices, ils en donnaient l'impression, tout au moins aux autres participants et éventuels observateurs. De plus, il y avait le danger que, par une participation assidue, ils deviennent insensibles intérieurement ou même soient influencés. « Ne vous y trompez pas : les mauvaises compagnies corrompent les bonnes mœurs » (15 : 33).
            C'est pourquoi Paul continue : « Or je ne veux pas que vous ayez communion avec les démons. Vous ne pouvez pas boire la coupe du Seigneur et la coupe des démons ; vous ne pouvez pas participer à la table du Seigneur et à la table des démons » (v. 20-21). Il n'est pas juste de qualifier de tables des démons les célébrations chrétiennes de la cène qui n’auraient pas lieu en tenant compte des vérités de la Parole de Dieu ; car il est parlé ici de gens des nations, c'est-à-dire de païens, qui sacrifient aux démons. Mais lorsque le Seigneur répond à l'exclamation pourtant bien intentionnée de Pierre : « Va arrière de moi, Satan, tu m'es en scandale ; car tes pensées ne sont pas aux choses de Dieu, mais à celles des hommes » (Matt. 16 : 23), et lorsque Paul, plus tard, appelle l'interdiction de se marier et de manger de certains aliments, des « enseignements de démons » (1 Tim. 4 : 1-3), nous ne pouvons qu'en tirer la conclusion suivante : toute déviation de l'enseignement divin quant à la table du Seigneur peut bien aussi sembler être « seulement » une modification humaine, mais doit en réalité être attribuée à l'influence de Satan et de ses démons. Toutes les ordonnances de Dieu sont toujours le but des attaques du diable.
            Pour tout enfant de Dieu, c'est une impossibilité morale de maintenir, à côté de la communion à la table du Seigneur, une autre communion qui se trouve en opposition avec la parole de Dieu. Celui qui pense cependant avoir cette prétendue liberté doit être conscient que par là, il provoque la sainte jalousie du Dieu saint (comp. Deut. 32 : 16).

 

                        Des égards envers les autres (v. 23-33 ; 11 : 1)

            Les Corinthiens avaient une conception charnelle de la liberté chrétienne, qui les conduisait à penser qu'ils pouvaient faire tout ce qui leur plaisait. C'est pourquoi l'apôtre Paul doit revenir à plusieurs reprises sur ce point dans son épître (6 : 12 ; 8 : 9 et 9 : 1). Il leur rappelle en même temps que Dieu les a acquis à un grand prix et que de ce fait ils lui appartiennent comme ses serviteurs (6 : 19, 20 ; 7 : 22, 23). Il leur expose aussi plus d'une fois les égards fraternels (comp. 8 : 9-11).
            Dans la Loi, toute la vie de l'Israélite était réglée jusque dans les détails, tandis qu'ici, il est dit : « Toutes choses sont permises » (v. 23). Mais n'oublions pas que la Loi concerne l'homme naturel non régénéré, tandis que les enseignements du Saint Esprit dans le Nouveau Testament s'adressent à des hommes nés de nouveau, qui prennent « plaisir à la loi de Dieu, selon l'homme intérieur » (Rom. 7 : 22) !
            Il y a, évidemment, des actes qui transgressent toujours la volonté de Dieu, tels que le vol, la fornication, etc. Mais il y a aussi des agissements extérieurs qui en eux-mêmes ne sont pas mauvais (bien qu'il n'y ait aucun comportement qui ne puisse devenir un péché du fait d’une mauvaise intention). C'est de cela que l'apôtre Paul parle lorsqu'il dit à deux reprises : « Toutes choses sont permises ». Les limites qu'il ajoute chaque fois montrent cependant que nous sommes toujours appelés à examiner si ce que nous faisons est « utile », c'est-à-dire s'il en résulte pour nous et pour d'autres un profit spirituel réel, et si cela « édifie », c'est-à-dire sert à la croissance spirituelle. S'il en est ainsi, nous sommes libres de le faire ; sinon, nous devrions renoncer. Il ressort clairement du verset 24 qu'il ne s'agit pas de l'utilité et de l'édification personnelles : « Que personne ne cherche son propre intérêt, mais celui d'autrui ».
            Paul revient une fois encore sur le thème des « sacrifices offerts aux idoles », qu'il a déjà abordé aux chapitres 8 et 10 (v. 19). Mais tandis que dans ces deux passages, il s'agissait de manger sciemment des sacrifices offerts à des idoles dans un temple païen (8 : 10 ; 10 : 21), il est question ici simplement de toute viande vendue au marché. Il semble que c'était une habitude, chez les Grecs de mettre en vente à la boucherie une partie des animaux offerts aux idoles, tandis que lors des sacrifices israélites, les animaux étaient soit entièrement brûlés, soit mangés sur place par les sacrificateurs et ceux qui avaient apporté l'offrande.
            Les chrétiens n'avaient pas à s'enquérir pour chaque achat de viande au marché si elle avait éventuellement été auparavant sacrifiée à une idole, mais ils pouvaient la manger en toute bonne conscience (v. 25). Nous aussi nous pouvons nous souvenir à chaque repas que Dieu, le créateur et le conservateur de tous les hommes, nous donne tout, richement, pour en jouir (1 Tim. 6 : 17), et lui rendre grâces de tout notre cœur pour ses dons. Il en est de même lorsque des parents, des connaissances ou des relations d'affaires incrédules nous invitent à un repas. Nous ne devons certes pas aimer le monde, ni ce qui est dans le monde (1 Jean 2 : 15), mais il y a des situations où nous ne pouvons pas éviter d'accepter une telle invitation. C'est pourquoi Paul ajoute cette remarque : « ...et que vous vous vouliez y aller ». Si donc, après mûre réflexion, nous arrivons à la conclusion que cela puisse selon la volonté de Dieu être utile et pour l'édification (par exemple pour rendre témoignage pour le Seigneur), nous pouvons alors manger de tout ce qui est présenté sans nous enquérir de rien.
            Mais si quelqu'un (qui pourrait être un « faible » dans le sens du chapitre 8 verset 7, ou peut-être un incrédule) disait : « ceci a été offert en sacrifice », les Corinthiens ne devaient pas en manger (v. 28). Comme nous l'avons vu au verset 8 du chapitre 8, le chrétien est certes libre de manger de toute chair, mais dans un tel cas, il ne devait pas le faire. Le motif n'en est pas qu'un tel acte lui paraît mauvais, mais est qu'il ne doit pas utiliser sa liberté pour une chose que la conscience d'un autre condamne comme mauvais. Si ce que je fais moi-même en rendant grâces, devient une occasion de blasphème pour un autre, je dois y renoncer par égard pour lui ! Si je ne le fais pas, je ne suis pas un témoin pour le Seigneur Jésus, mais le contraire.
            C'est pourquoi Paul ajoute cette double affirmation que, d'un côté et en premier lieu nous devons tout faire pour la gloire de Dieu, mais que, d'un autre côté, nous ne devons donner lieu à aucune occasion de scandale aux Juifs, aux païens et à l'assemblée de Dieu (v. 31-32). Nous n'avons nullement à mettre en opposition ces deux déclarations, car elles se complètent. Comme si souvent dans ses épîtres, Paul se présente en exemple : « ...comme moi aussi je m’efforce de plaire  à tous en toutes choses, ne cherchant pas mon intérêt personnel, mais celui du grand nombre, afin qu'ils soient sauvés » (v. 33). Ces paroles confirment qu'il est d'abord question dans ces versets du témoignage pour le Seigneur et en vue du salut des incrédules.

            L'apôtre commence le chapitre suivant en disant : « Soyez mes imitateurs, comme moi aussi je le suis de Christ » (11 : 1). Il avait déjà une fois encouragé les Corinthiens dans cette épître à être ses imitateurs (4 : 16). La manière dont il s'exprime ici montre bien qu'il ne cherchait pas à grouper les croyants autour de lui ou derrière lui. Non, son seul désir était de suivre et de servir son bien-aimé Seigneur et de manifester les mêmes sentiments que lui. Malgré ses dons exceptionnels et sa mission, Paul était un homme comme les autres. Et il ne voulait pas que les Corinthiens l'imitent comme un homme extraordinaire, mais souhaitait qu'ils le considèrent comme un fidèle disciple de Christ et marchent en cela dans ses pas. 

                                                                                                   A. Remmers