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Défaillances de Pierre et ressources de la grâce divine 

 
            Pierre était l’un des douze disciples que Jésus avait appelés « pour être avec lui, et pour les envoyer prêcher… » (Marc 3 : 13-14). La Parole a retenu plusieurs occasions où le disciple ne s’est pas montré à la hauteur de son appel. Comme chacun d’entre nous, il a manqué parfois de foi et de sagesse ; il n’a pas toujours été disposé à accepter les paroles du Seigneur. Mais les manquements des brebis de Jésus ne lassent jamais sa patience et son amour. Chaque fois, Il s’approche pour soutenir, enseigner, guérir celui qui a manqué. Gardons-nous toutefois d’oublier très vite nos moments de faiblesse, pensant qu’il faut simplement s’en remettre à la grâce de Dieu ; elle est très grande, mais il ne faut pas en abuser ! (Rom. 6 : 1). C’est parce qu’il n’avait pas encore appris à n’avoir aucune confiance dans sa chair que Pierre, malgré les avertissements que constituaient ses défaillances répétées, en arrivera finalement à renier son Seigneur par trois fois. Sa conduite a été plus triste encore que celle des autres disciples qui avaient abandonné Jésus et s’étaient enfuis (Matt. 26 : 56).
            En considérant un peu ces exemples remarquables des soins divins à l’égard de Pierre, n’oublions pas que chaque croyant est au bénéfice de la même sagesse et de la même miséricorde du Seigneur.
 
 
Sur la barque (Matt. 14 : 22-33)
 
            Alors que Jésus est « sur la montagne, à l’écart, pour prier », la barque où se trouvent les disciples est « battue par les vagues, car le vent était contraire » (v. 23-24). Le Seigneur vient à leur rencontre et dit : « Courage ! C’est moi, n’ayez pas peur » (v. 28). Alors Pierre lui répond : « Seigneur,  si c’est toi, commande-moi d’aller vers toi sur les eaux » (v. 28). A l’appel du Seigneur, avec foi, il marche sur les eaux. Mais l’instant d’après, effrayé par la violence des vagues, il défaille et commence à enfoncer. Il crie et aussitôt le Seigneur se porte à son secours en lui disant : « Homme de petite foi, pourquoi as-tu douté ? » (v. 31).
 
 
Sur la sainte montagne (Matt. 17 : 1-8 ; Marc 9 : 5-6 ; Luc 9 : 28-36)
 
            Le Seigneur a amené trois de ses disciples « à l’écart sur une haute montagne », avant d’être transfiguré devant eux. Effrayé devant toute cette gloire, Pierre propose sans réfléchir de faire une tente pour le Seigneur, mais aussi pour Moïse et Elie, ces hommes de Dieu qui parlaient avec Lui. Dieu lui-même intervient alors aussitôt. Une nuée lumineuse les couvre, une voix en sort : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai trouvé mon plaisir ». Il ne peut y avoir de confusion avec ses serviteurs, si honorés soient-ils. Pierre et ses compagnons tombent à terre. Jésus s’approche et les relève : « N’ayez pas peur ». Levant les yeux, ils ne voient personne, sinon Jésus seul.
 
 
Avec les receveurs des didrachmes (Matt. 17 : 24-27)
 
            Il est frappant de trouver dans le même chapitre de Matthieu, un autre récit où Pierre semble avoir promptement oublié la majesté suprême du Seigneur. Il affirme légèrement aux receveurs des didrachmes que son Maître paiera l’impôt du temple ! Jésus doit le reprendre et lui rappeler que le fils d’un roi ne paie pas d’impôts à son père. Puis Il montre sa toute-puissance : Il envoie Pierre à la mer, où il trouve un statère dans la bouche du premier poisson qu’il prend.
 
 
Aux quartiers de Césarée de Philippe (Matt. 16 : 3-28)
 
            Là, près des sources du Jourdain, Jésus interroge ses disciples : « Qui dit-on que je suis, moi, le Fils de l’homme ? » (v. 13). Leur réponse montre combien les opinions à son égard sont diverses. Alors Jésus leur dit : « Et vous, qui dites-vous que je suis ? ». Et Simon Pierre répond : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » (v. 17). Le Père seul avait pu dicter à Pierre cette magnifique réponse. Jésus lui déclare : « Tu es bienheureux, Simon, fils de Jonas » (v.17).
            Sur cet inébranlable fondement, le Seigneur va édifier son Assemblée. Simon sera l’une des pierres de cet édifice ! Jésus l’honore d’une mission particulière : ouvrir les portes du royaume aux Juifs et aux nations (Act. 2 : 36 ; 10 : 43). Il le fera en particulier par ses prédications.
            Dès lors Jésus commence à montrer à ses disciples qu’il faut qu'Il aille à Jérusalem, et qu'Il y souffre beaucoup… Il doit être mis à mort, et Il ressuscitera le troisième jour (v. 21). Alors Pierre, qui un instant auparavant a parlé comme « oracle de Dieu » (1 Pier. 4 : 11), devient un instrument dans la main de Satan ! « L’amenant à l’écart, Pierre se mit à le reprendre en disant : Seigneur, Dieu t’en préserve, cela ne t’arrivera pas ! » (v. 22). Le diable cherchait toujours à détourner le Seigneur du chemin de l’obéissance. Peu lui importe le moyen, pourvu qu’il parvienne à ses fins ! Il y a beaucoup d’hommes soumis à son esclavage et à sa disposition ; mais il ne dédaigne pas de se servir d’un disciple du Seigneur. Il n’a pas changé : connaissant ses desseins, soyons sur nos gardes !
            Satan est aussitôt reconnu et repoussé. Jésus se retourne et dit à Pierre : « Va arrière de moi, Satan, tu m’es en scandale ; car tes pensées ne sont pas aux choses de Dieu, mais à celles des hommes » (v. 23).
            Jésus avait accepté de se rendre à Jérusalem pour y mourir. Or Pierre affirmait : « Cela ne t’arrivera pas ». Il avait de l’amour pour son Maître, mais il n’accepte pas ce que le Seigneur vient de dire. Il se laisse guider par ses sentiments. Mû par son attachement pour son Maître, il manifeste pourtant un « fruit de la chair », car celle-ci peut être aimable.
            Nous avons pu comprendre la valeur de la Parole, en accepter pour un temps l’autorité sur notre vie et perdre ensuite peu à peu de vue cette soumission aux enseignements de Celui qui est la Parole. Dans de telles conditions, on est entraîné par ses sentiments, faisant inconsciemment le travail de l’Ennemi. Restons fermement attachés à la vérité, soumis à l’Ecriture !
            En se laissant guider par ses sentiments naturels, Pierre ne peut que manquer de discernement. Son entourage, attiré par sa personnalité attachante, se laisse facilement séduire. En fait, une chute beaucoup plus sévère se prépare ! On peut devenir un « jouet » dans les mains de Satan. Bien que certaines paroles du Seigneur paraissent parfois « dures » (Jean 6 : 60-61 ; 66-67), elles doivent faire autorité sur nos consciences et nos cœurs.     
 
 
Quelques jours avant la Pâque (Jean 13 : 1-20)
 
            « Sachant que son heure était venue pour passer de ce monde au Père » (Jean 13 : 1), Jésus montre à ses chers disciples, par ses soins vigilants, l’étendue de son amour. Lui, « le Seigneur et le Maître », met de côté ses vêtements et se ceint d’un linge. Puis, prenant la place d’un esclave, Il commence à laver les pieds de ses disciples. Après avoir foulé les sentiers détournés de ce monde (Jug. 5 : 6), leurs pieds sont couverts de poussière.
            Par cet acte, le Seigneur nous rappelle les conséquences de nos contacts, même involontaires, avec le mal environnant. Nous sommes exposés à des souillures, en pensées, en paroles et en actes. Le Seigneur y a pourvu : Il veille à la sainteté pratique des siens. Il veut les purifier et les amener à se juger à la lumière de la Parole. L’eau employée ici en est une figure (Eph. 5 : 26). Avec cette intention, Jésus s’approche « à son tour » de Simon Pierre. Ce dernier, devant tous, s’étonne : « Seigneur, tu me laves les pieds, toi ? » (v. 6). Il ne prend pas ici le Seigneur « à part » pour Lui faire part discrètement de ses pensées, comme dans une autre scène. Il a pris, semble-t-il, de l’assurance ; il occupe au milieu des disciples une place en vue !
            Jésus lui dit : « Ce que je fais, tu ne le sais pas maintenant, mais tu le comprendras par la suite » (v. 7). En effet, Pierre ignorait la signification de cet acte d’amour de la part du Seigneur. Il refuse catégoriquement de se laisser laver les pieds : « Non, tu ne me laveras jamais les pieds ! » (v. 8a). Cette véhémence était bien en accord avec son caractère. Mais, en réalité, ses paroles, qui se voulaient sans appel, cachaient beaucoup d’incompréhension. En cherchant à nous affirmer, nous nous éloignons de plus en plus du Seigneur, comme Pierre.
            Le Seigneur montre une grande patience à l’égard de son disciple. Il l’avertit : « Si je ne te lave pas, tu n’as pas de part avec moi » (v. 8b). Sans prendre le temps de réfléchir à ces paroles d’une portée capitale, Simon Pierre réclame tout à coup : « Seigneur, non pas mes pieds seulement, mais aussi mes mains et ma tête » (v. 9). Il ne sait pas, semble-t-il, que le premier devoir d’un disciple est d’apprendre et ensuite d’obéir. Jésus veut l’éclairer et lui dit : « Celui qui a tout le corps lavé n’a besoin que de se laver les pieds : il est net tout entier » (v ; 10). Il parle ici de la purification initiale, celle que l’on reçoit une fois pour toutes, en acceptant Jésus comme son Sauveur !
            Apprenons à laisser le Seigneur agir, confions-nous sans réserve aux soins de son amour. Ses desseins à notre égard ne sont pas toujours évidents dès l’abord, mais Il veut toujours notre bien.
 
 
A table, avec Jésus (Matt. 26 : 20-35 ; Luc 22 : 14-34)
 
            Les défaillances successives de Pierre, faute d’un sérieux jugement de lui-même, vont aboutir à un  reniement.
            Jésus annonce à ses disciples que le fils de l’homme va être livré pour être crucifié (Matt. 26 : 2). Il institue la Cène, un signe tout particulier de son amour, à garder pendant le temps de son absence (v. 26-29). Il les avertit : « Vous serez tous scandalisés à mon sujet cette nuit » (v. 31). Présomptueux, Pierre lui répond : « Si tous étaient scandalisés à ton sujet, moi, je ne serai jamais scandalisé » (v. 33). Jésus lui dit : « En vérité, je te dis que, cette nuit-ci, avant que le coq chante, par trois fois tu m’auras renié » (v. 34). Pierre affirme : « Même s’il me faut mourir avec toi, je ne te renierai pas » (v. 35).
            Plein de confiance en lui-même, Pierre a refusé d’accepter la parole du Seigneur, de s’y soumettre humblement. Au lieu d’être craintif, il affirme avec force être prêt à mourir avec Lui… mais, hélas, il n’ira pas loin sans renier le Seigneur avec imprécations.
            Si nous ne jugeons pas à la racine dans nos cœurs les « tendances » qui s’y trouvent cachées, elles risquent fort de bourgeonner rapidement. Chacun doit probablement avoir  à confesser et à juger de telles racines en lui. Sinon, plus l’accoutumance se crée, et plus les rechutes se répètent ; un endurcissement s’ensuit. On ne ressent plus, comme au début, la gravité de certaines fautes et on les laisse se multiplier !
            L’Ennemi sait parfaitement qu’il ne peut pas nous ôter la vie reçue du Seigneur (Jean 10 : 27-28). Alors il cherche à nous priver au moins de la paix intérieure, celle que le Seigneur nous a laissée, Sa paix (Jean 14 : 27). Satan cherche inlassablement à interrompre notre communion avec Lui, quitte, si nous tombons dans un de ses pièges, à chercher ensuite à nous persuader qu’il n’y a plus de restauration possible, vue la gravité des fautes commises !
            Il est très encourageant de nous souvenir des paroles du Seigneur à Pierre, précisément à ce moment-là ; elles sont rapportées par Luc: « Simon, Simon, - c’était son « ancien » nom - voici, Satan a demandé à vous avoir pour vous cribler comme le blé ; mais moi, j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas ; et toi, quand tu seras revenu, fortifie tes frères »  (v. 31-32). Dieu permettait une terrible épreuve, mais à l’issue de ce « criblage », les disciples en sortiraient semblables à des vases pour l’orfèvre (Prov. 25 :4).
            Quelle assurance est donnée à Pierre ! Il pourra se souvenir que son Maître a prié pour lui - avant même sa chute ! C’est un touchant exemple de la miséricorde du bon Berger. Le disciple apprend simultanément à  mesurer l’ampleur de sa faiblesse naturelle. Les larmes amères de sa repentance seront adoucies en se souvenant de l’amour si merveilleux de son Seigneur. N’est-ce pas également une nécessité pour chacun d’entre nous ? 
 
 
A Gethsémané (Luc 22 : 39-46)
 
            Pendant la terrible agonie morale de Jésus dans le jardin de Gethsémané, Pierre est trouvé endormi avec les deux autres disciples, au lieu de veiller et de prier. Il tente ensuite de « défendre » son Maître en frappant de l’épée, sans en attendre un ordre bien improbable de la part du Seigneur. Il s’assied dans la cour du palais du souverain sacrificateur et se chauffe au même feu que les ennemis déclarés du Seigneur. Enfin, tandis qu’à portée de voix, Jésus confesse la vérité devant les hommes, Pierre ment et renie son Seigneur par trois fois. Il ira jusqu’à user d’un langage grossier dans l’espoir de ne pas être reconnu (Matt. 26 : 74).
            Un seul regard de Jésus, se retournant vers Pierre (Luc 22 : 61), brise le cœur de ce pauvre disciple. Oh, ce regard ! Combien il pénètre sa conscience : c’est le commencement d’une œuvre de restauration. Le reniement de Pierre, si douloureux pour le cœur du Seigneur, vient s’ajouter à tous les outrages qu’Il reçoit.
            Pierre ne se trouvera pas, à la différence de Jean, au pied de la croix. D’autres mains ont été choisies pour ensevelir avec amour le corps de Jésus. Pensons, chers lecteurs, à nos propres reniements (un simple silence peut en être un !) et à leurs conséquences. Celles-ci peuvent être incalculables et nous rendre, au moins pour un temps, impropres à effectuer un bon service. Nous avions sans doute tardé à reconnaître vraiment notre incapacité, à réaliser que Lui seul peut nous garder « d’entrer en tentation » (Matt. 26 : 41). Combien de fois notre obstination, notre prétention, font souffrir le cœur aimant et fidèle de notre Sauveur !
 
 
Devant le tombeau de Jésus ressuscité : un message pour Pierre (Marc 16 : 5-7)
 
            Trois jours après, Christ ressuscite. Son sacrifice infini est accompli. Aux horreurs d’une nuit profonde, succède le jour le plus beau ! A l’aube, trois femmes se hâtent vers le tombeau, portant des aromates pour embaumer son corps. Elles découvrent un jeune homme, vêtu d’une robe blanche, assis sur le côté droit du tombeau. C’est lui qui leur annonce que Jésus est ressuscité et qui leur confie un message à ce sujet : « Allez dire à ses disciples et à Pierre : Il va aller devant vous en Galilée ; là vous le verrez, comme il vous l’a dit » (Marc 16 : 7).
            Cette mention personnelle de Pierre était de nature à l’encourager ! Plus loin, nous apprenons que le Seigneur a eu un entretien « personnel » avec lui - avant même de rencontrer l’ensemble des apôtres. Il y a tout lieu de penser que c’est à ce moment-là que Pierre connaît, pour la joie de son cœur, une restauration « privée ».
            Nos âmes ont grand besoin de ces entretiens secrets avec le Seigneur, d’autant plus nécessaires lorsque la communion avec Lui doit être retrouvée (Osée 2 : 14). 
 
 
En Galilée, près de la mer de Tibérias (Jean 21)
 
            Cinq apôtres seulement et « deux autres » se rendent en Galilée, pour répondre à l’appel du Seigneur. Pierre en fait partie. Mais, un instant, il semble prêt à reprendre le cours de sa vie antérieure. Il annonce son intention de partir à la pêche ; et les autres sont aussitôt disposés à le suivre ! Combien vite on se laisse entraîner par le comportement d’un « chef », tel que ce monde le définit. Attention, dans un moment de désarroi spirituel, de faiblesse, on peut, en cherchant à « oublier » les incertitudes de l’heure, se montrer prêt à dire ou à faire à peu près n’importe quoi !
            La pêche de ces disciples - pourtant la plupart des marins expérimentés – sera, cette nuit-là, sans succès. Jésus les avait appelés à devenir des « pêcheurs d’hommes ». L’ont-ils donc oublié ? N’est-ce pas, parfois, aussi notre cas ?
            L’aube venant déjà, le Seigneur les attend sur la plage. Ils ne le reconnaissent pas. Mais, quoique fatigués, à son commandement, ils jettent le filet et ne peuvent plus le retirer, à cause de la multitude de poissons. Jean, « le disciple que Jésus aimait », déclare : « C’est le Seigneur » et Pierre, avec sa fougue habituelle, met son vêtement et se jette à la mer pour aller vers Lui (Jean 21 : 4 -7).
            Apprenons beaucoup mieux à discerner Sa présence, au milieu de nos échecs ou de nos succès. Il ne cesse de nous parler à travers toutes ces circonstances. Il a quelque chose à me dire (Luc 7 : 40).
            Jésus avait déjà tout préparé ; ils vont retrouver des forces en prenant part à son repas. Puis, le Seigneur va poursuivre, en leur présence, le service d’amour commencé, à l’égard de son serviteur Pierre. Celui-ci a renié son Maître à trois reprises ; Jésus va le sonder trois fois en lui posant la même question lancinante : « M’aimes-tu ? ». Il avait prétendu avoir plus d’attachement pour Lui que « ceux-ci ». Eux se sont enfuis, mais ils ne l’ont pas renié ouvertement (Marc 14 : 50). Où donc est cet amour ardent qu’il affichait ? Le Seigneur n’en a pas eu la preuve tangible !
            On peut, semble-t-il, résumer les réponses de Pierre par ses paroles : « Tu sais tout, tu sais que je t’aime ». Pour répondre, il a volontairement choisi un verbe qui signifie « avoir de l’affection » (Jean 21 : 17). Au moment de sa troisième interrogation, le Seigneur se servira du même verbe. On pourrait penser qu’Il met même en doute cette « affection ». Pierre est humilié ; dans son amour sincère, il s’en remet à Celui qui seul, devant des faits extérieurs en contradiction avec ses dires, est capable de discerner l’état intérieur réel de son disciple. Il connaît parfaitement la condition morale de chacune de ses brebis ! 
                                                                                                 
            Jésus ne voulait pas le déclarer impropre désormais au service, ce que nous ferions si facilement avec nos cœurs durs à l’égard de nos frères ! Au contraire, Il confirme ici ce qu’Il lui avait dit avant même sa chute : « Toi, quand tu seras revenu, fortifie tes frères » (Luc 22 : 33).
            Pierre peut maintenant servir, car il a perdu cette confiance en lui-même qui l’avait si longtemps et si fortement entravé ! Son Maître lui dit : « Pais mes agneaux…. mes brebis » - en fait : « mes petites brebis ». En s’occupant des « siens », Pierre montrera son attachement à Christ. L’amour pour Lui est l’âme de la vie chrétienne et de tout apostolat véritable.
            Jésus poursuit cet entretien avec Pierre par une déclaration solennelle. Il se sert d’une expression qui se trouve exclusivement dans cet évangile : « en vérité, en vérité ». Il lui annonce les grandes épreuves qu’il doit traverser, en réponse à son désir de témoigner son amour à son Seigneur.
            Pouvoir nouer soi-même sa ceinture pour aller où l’on veut, est le fait de la jeunesse, un signe d’activité et parfois d’indépendance. Pierre avait usé abondamment de cette liberté, bien en accord avec son caractère ardent et prompt. Mais la vieillesse viendrait rapidement : Pierre serait placé sous la dépendance d’un autre. Ce serait déjà pour lui - et tant d’autres croyants - un pénible sacrifice. Bientôt il en serait réduit à « étendre les mains ». Un autre le ceindrait et le conduirait finalement où il ne voulait pas (v. 18), c'est-à-dire à la mort, comme le précise le verset suivant. Pierre n’offrira plus aucune résistance : ce sera chez lui un profond changement ! Voilà qui rappelle la merveilleuse attitude du Seigneur lui-même, semblable à un agneau amené à la boucherie (Jac. 5 : 6 ; Es. 53 : 7).
            « Quand il eut dit cela, il dit à Pierre : Suis-moi » (v. 19). Cet ordre solennel s’adresse à tous les chrétiens, sans exception. Chacun doit prendre la voie de l’obéissance ! Il semble qu’ici Jésus a repris sa marche. Jean le suit, toujours attentif à rester à proximité de Celui dont il connaissait l’amour. Pierre se retourne, le voit et demande : « Seigneur, et celui-ci, que lui arrivera-t-il ? » (v. 22a). Sans doute est-il rempli d’un sérieux intérêt pour ce disciple qu’il aime. On les verra avec joie monter ensemble au temple, et servir ensemble le Seigneur (Act. 3).
            Chers lecteurs chrétiens, de telles interrogations peuvent monter dans nos cœurs à l’égard de nos frères et sœurs. Elles ne doivent pas être l’expression d’une simple curiosité,  ni le mauvais fruit d’une jalousie exacerbée par leur piété et leur réel dévouement. Estimons notre frère supérieur à nous-mêmes (Phil. 2 : 3) et réjouissons-nous sincèrement de tout ce que le Seigneur lui confie !
            Peut-être y avait-t-il une légère désapprobation dans la réponse du Seigneur à Pierre ? « Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe ? Toi, suis-moi » (v. 22b). Il est le seul qui dispose souverainement de nos vies. Chacune de ses brebis doit s’appliquer à Le suivre de près ; elle sera bien gardée (1 Sam. 21-22).  
 
 
            Ces différents récits des faiblesses et des manquements de Pierre sont, pour nous chrétiens, autant de sérieux avertissements. N’ayons pas confiance en la chair (Phil. 3 : 3). Demeurons soumis à la Parole et vigilants dans la prière. Souvenons-nous aussi, pour notre encouragement, combien Dieu s’est plu à employer à son service son disciple restauré. Ne lui a-t-Il pas confié ses agneaux (Jean 21) et le soin de fortifier ses frères (Luc 22) ?
            Retenons la dernière exhortation que cet apôtre lui-même nous a laissée : « Vous donc bien-aimés… prenez garde, de peur qu’entraînés par l’erreur des pervers, vous ne veniez à déchoir de votre propre fermeté ; mais croissez dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ » (2 Pier. 3 : 17-18).
                                                          
                                                                                     Ph. L          le 01. 03. 11
 
                        Les brebis de Jésus, objets de sa tendresse,
                        Reconnaissent sa voix pour la suivre sans cesse ;
                        Celui qui les conduit les comble de faveurs ;
                        Il a mis son amour pour toujours dans leurs cœurs.
 
                        Il ne leur manque rien dans son gras pâturage ;
                        Auprès du bon Berger, l’on ne craint pas l’orage.
                        Il garde ses brebis, les porte dans son sein ;
                        Son consolant regard les réjouit sans fin.