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LE CANTIQUE DES CANTIQUES
CHAPITRE 1 (v. 7 à 17)

 

Verset 7 - « Dis-moi, toi qu'aime mon âme, où tu pais ton troupeau, où tu le fais reposer à midi ; car pourquoi serais-je comme une femme voilée auprès des troupeaux de tes compagnons ? »
Verset 8« Si tu ne le sais pas, ô la plus belle parmi les femmes ! sors sur les traces du troupeau, et pais tes chevreaux près des habitations des bergers ».
Versets 9-11« Je te compare, mon amie, à une jument aux chars du Pharaon. Tes joues sont agréables avec des rangées de joyaux ; ton cou, avec des colliers. Nous te ferons des chaînes d'or avec des paillettes d'argent ».
Verset 12 - « Pendant que le roi est à table, mon nard exhale son odeur ».
Verset 13 - « Mon bien-aimé est pour moi un bouquet de myrrhe ; il passera la nuit entre mes seins ».
Verset 14 - « Mon bien-aimé est pour moi une grappe de henné dans les vignes d'En-Guédi ».
Verset 15 - « Voici, tu es belle, mon amie ; voici tu es belle ! Tes yeux sont des colombes ».
Versets 16-17 - « Voici, tu es beau, mon bien-aimé ; oui, tu es agréable ! oui, notre lit est verdoyant. Les solives de nos maisons sont des cèdres ; nos lambris des cyprès ».

  

Verset 7 - « Dis-moi, toi qu'aime mon âme, où tu pais ton troupeau, où tu le fais reposer à midi ; car pourquoi serais-je comme une femme voilée auprès des troupeaux de tes compagnons ? »

            Un changement se produit dans les pensées de l'épouse. L'époux remplit son coeur et ses regards. Le moi tend à disparaître ; quelle grâce, car c'est toujours fâcheux de s'occuper du moi ! Si nous sommes occupés de nous-mêmes au lieu de Christ, il en résulte toutes sortes d'angoisses et de douleurs.

            Ce verset renferme trois choses qui méritent d'être méditées :

            D'abord, nous remarquons l'affection ardente de l'épouse. Elle ne dit point : « ô toi que mon âme doit aimer », ou même « désire aimer », mais « ô toi qu'aime mon âme ». Il y a en elle un amour fervent pour son Sauveur et Seigneur. Quelle heureuse condition : elle le connaît intimement ! Quelle est notre « appréciation » du Seigneur ? A-t-il la première place dans nos affections ? Le jour approche où nos yeux verront le roi dans sa beauté (Es. 33 : 17). Alors ce coeur si froid, si lent à croire, sera ravi par sa beauté et rempli d'un amour parfait pour lui seul.

            Ensuite, nous voyons que c'est de lui-même qu'elle désire recevoir directement sa nourriture. « Dis-moi... où tu pais ton troupeau ». Elle ne va point vers les bergers d'Israël qui se souciaient plus de la toison que du troupeau (Ezé. 34 : 3), mais auprès du souverain pasteur lui-même. Elle l'avait connu auparavant dans son caractère de roi, maintenant elle fait appel à lui comme berger. Comme David jadis, il est le roi berger; et avec quelle tendresse, ne rassemble-t-il pas les brebis d'Israël maintenant dispersées ! « Car, ainsi dit le Seigneur, l'Eternel : Me voici, moi, et je rechercherai mes brebis, et j'en prendrai soin. Comme un berger prend soin de son troupeau, au jour où il est au milieu de ses brebis dispersées, ainsi je prendrai soin de mes brebis, et je les sauverai de tous les lieux où elles ont été dispersées... Je les amènerai dans leur terre... Elles seront là, couchées dans un bon parc, et paîtront dans de gras pâturages, sur les montagnes d'Israël. Moi-même je paîtrai mes brebis, et moi je les ferai reposer, dit le Seigneur, l'Eternel » (Ezé. 34 : 11-15).

            Enfin, son coeur soupire après le repos que le troupeau goûte à midi : « Dis-moi… où tu fais reposer ton troupeau à midi ». Communion personnelle, nourriture et repos, telles sont les riches bénédictions après lesquelles maintenant son âme soupire avec ardeur. Fatiguée d'avoir vainement cherché la nourriture et le repos loin de Dieu, elle soupire après les verts pâturages et les eaux paisibles de sa grâce (Ps. 23 : 2). Ceux qui ont erré sur les montagnes connaissent leur stérilité. Mais lorsque le rétablissement est complet, ces ressources sont plus précieuses encore. L'Eglise, ayant goûté le bonheur qui se trouve dans la communion avec le Seigneur, a maintenant pour seul désir qu'elle augmente et qu'elle ne soit plus interrompue.

            « Pourquoi, ajoute-t-elle, serais-je comme une femme voilée auprès des troupeaux de tes compagnons ? ». Quels sont ces compagnons ? Cela est difficile à dire, à moins qu'il ne s'agisse de bergers placés sous les ordres du berger royal. Ils pouvaient montrer moins de compréhension et de sympathie à l'égard de l'épouse, mais celle-ci pouvait se confier en celui que son âme aimait.

            Le terme « voilée »suggère l'idée d'une personne qui cherche à se cacher ou qui montre une modestie de bon aloi (Gen. 24 : 65). C'est une plus grande proximité avec son bien-aimé qu'elle recherche. Il y a une énergie de l'amour qui ne saurait s'accommoder avec le formalisme. Elle sera souvent mal comprise. Il en était ainsi d'Anne, la mère de Samuel. Elle priait avec une réelle énergie spirituelle intérieure, mais Elie, le sacrificateur de Dieu, ne la comprit point (1 Sam. 1 : 14-15). Le Seigneur seul connaît les motifs du coeur et la source de l'énergie de la foi.

            Au moment où la bien-aimée souffrait peut-être des soupçons des autres, le bien-aimé apparaît pour la rassurer. C'est la première fois que nous entendons la voix de l'époux. Mais quelles paroles de grâce sur ses lèvres ! Sa première expression : « ô la plus belle parmi les femmes ! » (Cant. 1 : 8) suffit certainement pour adoucir la plus grande amertume.

             L'épouse pouvait être troublée par sa propre apparence, par les mauvaises pensées des autres ; mais une telle affirmation de l'amour et de l'estime du Seigneur est bien propre à éloigner tout chagrin, et à la remplir de joie. Au lieu de la voir noire comme les tentes de Kédar -comme une esclave brûlée par le soleil- le bien-aimé déclare qu'elle est à ses yeux la plus belle parmi les femmes.

 

Verset 8 – « Si tu ne le sais pas, ô la plus belle parmi les femmes ! sors sur les traces du troupeau, et pais tes chevreaux près des habitations des bergers ».

            Rien ne saurait jamais altérer l'affection du bien-aimé pour son épouse, même s'il y a, dans ce qu'elle dit et ce qu'elle fait, des choses qu'il ne saurait approuver. Le croyant est parfait en Christ. Quant à la position qu'il occupe en Christ devant Dieu, il est entièrement justifié, même s'il y a des manquements dans sa marche.

            Ce petit mot « si » n'implique-t-il pas que le bien-aimé s'attendait à ce qu'elle connaisse le sentier du troupeau ? De la même manière, le Seigneur dit à Philippe : « Je suis depuis si longtemps avec vous, et tu ne m'as pas connu, Philippe ? » (Jean 14 : 9). Certains chrétiens se préoccupent peu de la communion telle qu'elle est enseignée dans la Parole de Dieu. La plupart d'entre eux suivent le chemin qui leur convient le mieux ou leur est le plus agréable. Ils ne cherchent pas à s'assurer s'ils marchent vraiment sur les traces du troupeau. Ils n'ont jamais examiné la Parole de Dieu avec prière, pour connaître sa pensée. Si l'Eglise avait toujours marché dans ce qui est bon et droit aux yeux du Seigneur, pour lui plaire à tous égards (Col. 1 : 9-10 ; comp. Deut. 12 : 8 et 5 : 28-29), un tel exercice de conscience n'aurait pas de raison d'être. Mais l'Eglise professante est aujourd'hui dans le désordre, il est donc convenable que tout enfant de Dieu sonde les Ecritures afin de connaître la volonté de Dieu, en revenant à ce qui est dès le commencement. Il est douloureux de voir tant de chers rachetés du Seigneur considérer ce sujet comme n'étant pas essentiel, ou même comme sans importance. Une telle pensée, déshonorante pour Dieu, est très préjudiciable pour l'âme.

            Les épreuves à travers lesquelles nous voyons passer l'épouse, paraissent dues à sa négligence des instructions que son bien-aimé lui donne ici. Si le chrétien ne cherche pas le terrain scripturaire sur lequel une vraie communion selon Dieu peut se réaliser, il se laissera diriger par sa propre volonté. La Parole de Dieu est mise de côté, l'Esprit est attristé et le premier amour décline. Rien de plus clair n'est donné dans la Parole de Dieu, quant au terrain scripturaire, que Matthieu 18 : 20 : « Là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis là au milieu d'eux ». Ces paroles posent nettement la base de toute vraie communion chrétienne : Christ pour centre, et les croyants rassemblés autour de lui par le Saint Esprit. Le Seigneur ne dit pas : là où deux ou trois se « rencontrent », ni là où deux ou trois « s'assemblent », mais «  là où deux ou trois sont assemblés », faisant allusion à la volonté du Seigneur qui rassemble. Rien n'est laissé au choix ou à l'exercice de la volonté humaine. Le Saint Esprit est celui qui rassemble autour de Christ ; la puissance qui agit sur la foi, c'est le nom de Jésus (Jean 14 : 15).

            Tous les croyants sont rassemblés au nom de Christ, comme leur centre unique, constitués en un seul corps et maintenus dans une unité vivante par la présence du Saint Esprit. Remarquons qu'il demeure avec nous éternellement, dans l'Assemblée (Eph. 2 : 22) et dans chaque croyant personnellement (1 Cor. 6 : 19). Nous trouvons au chapitre 20 de l'évangile de Jean un tableau remarquable de l'Assemblée de Dieu : Christ ressuscité au milieu, comme centre, et les disciples réunis autour de lui. La paix, le service, le culte les caractérisent. Une assemblée réunie sur cette base divine reconnaîtra la présence de Christ au milieu d'elle, et le Saint Esprit comme source d'édification et de consolation. On s'attendra au Seigneur, pour être guidé par son Esprit, à la gloire de Dieu (1 Cor. 12 : 14). Ce que nous avons à demander au Seigneur, c'est qu'il nous garde de suivre notre propre volonté et qu'il daigne nous conduire par son Saint Esprit dans la voie de la vérité. Il s'est engagé à être là où ses disciples sont rassemblés en son nom. Sa présence suffit pour remplir l'âme. « Ta face est un rassasiement de joie » (Ps. 16 : 11). Le plus précieux ministère, les plus chères associations sont peu de chose à côté de Christ ; ce dont nous avons besoin, c'est de nous trouver là où la foi peut dire avec certitude : Christ lui-même y est.

 

                                                Quand c'est ton coeur, Jésus, qui nous rassemble
                                                Autour de toi, dans ton fidèle amour,
                                                Oh! quel bonheur d'adorer tous ensemble,
                                                Et d'annoncer ta mort et ton retour!

                                                Quelle douceur dans ce culte de frères,
                                                Où l'Esprit Saint est notre directeur!
                                                Dans ce concert de chants et de prières,
                                                Par tous offert d'un accord et d'un coeur!
                                                Oui, là, Seigneur, ta présence se trouve,
                                                Mettant le coeur en joie, en liberté,
                                                Et dans la paix, tout fidèle en éprouve
                                                Et le pouvoir et la réalité.

 

             « Pais tes chevreaux près des habitations des bergers ». Ayant appris de la Parole de Dieu le vrai fondement et le vrai caractère de la communion chrétienne, nous avons la responsabilité de guider dans ces sentiers, sur les traces du troupeau de Dieu, les jeunes qui sont parmi nous. Là se trouve la nourriture convenable pour chacun. L'agneau apprend vite à suivre les traces de sa mère, et à se nourrir de la même pâture. Le Berger d'Israël prend soin des agneaux : « Comme un berger il paîtra son troupeau ; par son bras, il rassemblera les agneaux et les portera dans son sein ; il conduira doucement celles qui allaitent » (Es. 40 : 11). Les plus faibles du troupeau étaient l'objet de ses tendres soins, quand il conduisit son peuple hors d'Egypte et à travers la mer. Le matin, il y avait autour de leurs tentes de la nourriture pour chacun, tout le temps qu'ils voyagèrent à travers le désert grand et terrible. (Deut. 8 : 3, 14). Le Seigneur veut qu'il en soit ainsi maintenant, dans les assemblées des saints. Là où le Saint Esprit est libre d'agir sans entraves, il fournira sûrement du lait aux petits enfants, et de la viande solide aux hommes faits. L'Assemblée est mentionnée comme l'habitation ou le tabernacle de Dieu (Eph. 2 : 22). Avec quelle ardeur et quelle affection ne devrions-nous pas prier pour que tous les agneaux s'y rassemblent, puisque Dieu lui-même daigne y habiter !

            Que serait sur terre la plus belle assemblée et le ciel même sans la présence du Seigneur ? De lui seul découle la bénédiction. Dieu veuille rassembler tous les agneaux autour du Berger et du surveillant de nos âmes ! (1 Pier. 2 : 25).

 

Versets 9-11 « Je te compare, mon amie, à une jument aux chars du Pharaon. Tes joues sont agréables avec des rangées de joyaux ; ton cou, avec des colliers. Nous te ferons des chaînes d'or avec des paillettes d'argent ».

            Maintenant il s'adresse à elle. Il exprime ouvertement son admiration et son amour ! Mon amie, je te compare... tes joues sont agréables... ton cou, avec des colliers. Le Seigneur aussi nous orne de sa propre beauté, de ses propres attraits. Il n'y a plus rien qui puisse blesser ses regards et attrister son coeur. « Tu es toute belle, mon amie, et en toi il n y a point de défaut » (Cant. 4 : 7). Elle possède la même vie et la même position que son Seigneur ressuscité et vivant. Quelle gloire et quelle bénédiction !

            Dans son grand amour, Jésus Christ s'est donné lui-même pour nous ; et maintenant, les siens sont identifiés avec lui, non seulement dans sa mort, mais également dans sa résurrection, « rendus agréables dans le bien-aimé » (Eph. 1 : 6). « La gloire que tu m'as donnée, moi, je la leur ai donnée » (Jean 17 : 22). Il admire son épouse, encore dans le désert, revêtue de sa propre perfection. Rebecca fut enrichie et parée des joyaux d'Isaac, longtemps avant de l'avoir rencontré (Gen. 24 : 22, 30, 53). C'est ainsi que jadis à Charan les parents de Rebecca contemplèrent, étonnés, les joyaux dont elle venait d'être revêtue. Qui pouvait douter, en la voyant ainsi parée de tous ces présents, de l'amour et de la libéralité d'Isaac ? D'Israël, il est écrit : « Je te parai d'ornements, et je mis des bracelets à tes mains et un collier à ton cou ; et je mis un anneau à ton nez et des pendants à tes oreilles, et une couronne de beauté sur ta tête... Et ta renommée se répandit parmi les nations à cause de ta beauté, car elle était parfaite par ma magnificence que j'avais mise sur toi, dit le Seigneur, l'Eternel » (Ezé. 16 : 11, 12, 14).

            Un collier d'or est le signe, comme dans le cas de Joseph et de Daniel, d'une dignité élevée. Mais que signifient ces paroles du roi ? Il a admiré son épouse, ses joyaux, ses colliers, et maintenant il veut faire davantage pour elle : « Nous te ferons des chaînes d'or avec des paillettes d'argent ». La manière dont le Seigneur exprime son amour est précieuse. Il lui fait part de ses pensées. Le premier désir de l'amour, c'est la communion. Il sait comment remplir à jamais le coeur de joie.

            « Je te compare, mon amie, à une jument aux chars du Pharaon ». Israël a été racheté à bras étendu de l'Egypte et du Pharaon, de la fournaise de fer. L'amour qui nous a délivrés du monde et qui nous amène vers Christ dans la gloire, déploie ses gratuités tout le long du chemin. Le cheval de trait, avec son magnifique harnais, peut être considéré comme le symbole de la force et de la promptitude dans le service. En outre, il obéit à la moindre impulsion donnée aux rênes. Servons-nous avec la même promptitude ? Examinons nos voies sous le regard du Maître.

 

Verset 12 - « Pendant que le roi est à table, mon nard exhale son odeur ».

            Dans les sacrifices offerts par feu, il était défendu d'offrir du miel, symbole de la douceur des affections naturelles. Un peu de miel au bout d'un bâton pouvait, au jour de la bataille, éclaircir les yeux et rafraîchir le coeur de Jonathan (1 Sam. 14 : 27), mais il ne pouvait convenir pour Dieu. Ces affections ont leur place dans la famille, le cercle de nos amis, mais elles ne sauraient convenir à l'autel de Dieu ou à la table du roi.

            Pour faire quelque chose qui plaise à Dieu ou lui offrir un sacrifice agréable, il faut être né de nouveau. Le nard est, pour lui, un parfum de bonne odeur. Le vase d'albâtre de nard pur qui a jadis rempli de son parfum la maison de Béthanie, était précieux pour le Seigneur. « Ce qui était en son pouvoir, elle l'a fait » (Marc 14 : 8), telle fut l'approbation immédiate de son amour, accompagnée de ces paroles : « En quelque lieu que cet évangile soit prêché dans le monde entier, on parlera aussi de ce que cette femme a fait, en mémoire d'elle » (Matt. 26 : 13).

            C'est une erreur de supposer que nous n'avons rien à offrir au roi pendant qu'il est à table. Il est vrai que nous lui apportons de ce qui est à lui. L'Israélite devait apporter une corbeille pleine des prémices de tous les fruits de la terre et la présenter à l'Eternel : « tu prendras ... que tu tireras de ton pays, que l'Eternel, ton Dieu, te donne, et tu les mettras dans une corbeille, et tu iras au lieu que l'Eternel, ton Dieu, aura choisi pour y faire habiter son nom » (Deut. 26 : 2-3). Le véritable culte est le fruit de la communion. Si l'époux a des parfums d'agréable odeur, l'épouse, par grâce, a son nard. La table est sienne, et le nard l'est aussi : « Tu dresses devant moi une table, en la présence de mes ennemis ; tu as oint ma tête d'huile, ma coupe est comble » (Ps. 23 : 5).

            Le véritable culte, précieux et béni, vient d'un coeur qui déborde. Quand le Saint Esprit nous présente la plénitude qui est en Christ, notre âme déborde ! De là vient la différence entre une réunion de prières et une réunion de culte. Nous nous rendons à la première avec des besoins pour crier au Seigneur et dans les dispositions convenables pour être exaucés. C'est avant tout l'accord, selon Matthieu 18 : 19, puis la foi, la confiance (Matt. 21 : 22 ; Jac. 1 : 6), ensuite la précision dans la prière (Luc 11 : 6), et enfin la persévérance jusqu'à l'importunité (Luc 18 : 1-8). Mais quant au culte, c'est après avoir complètement jugé le moi que nous devons y venir, les coeurs remplis du Seigneur, des fruits de la victoire et des richesses insondables de la grâce manifestés dans le Père et dans le Fils. Avant de nous asseoir à table, n'avons-nous rien à demander ? Rien, sinon une capacité plus grande. Nous trouvant dans le lieu saint de la présence du Seigneur, nourris des immenses richesses de la grâce du Christ, nous serons rendus capables de célébrer, de bénir et d'adorer notre Dieu et Père, et notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ.

             L'épouse atteint maintenant le degré le plus élevé de la bénédiction. Elle jouit paisiblement de la présence du roi pendant qu'il est à table. L'activité du service fait place au repos du culte. La persécution, la pauvreté, la souffrance, tout est oublié en présence de Jésus. Le vase est rompu ; le nard coule, le parfum remplit la maison, sa tête et ses pieds sont oints, et son coeur est ravi par l'épouse.

 

Verset 13 - « Mon bien-aimé est pour moi un bouquet de myrrhe ; il passera la nuit entre mes seins ».

            Si le cheval de trait suggère la bonne volonté dans le service, et si le nard est le symbole du culte, le bouquet de myrrhe n'est-il pas l'emblème d'un témoignage de chaque instant pour Christ, conséquence d'une profonde communion avec lui ? Notre service sera sans puissance, si nous négligeons la communion personnelle.

            Comment David fut-il capable de déployer un tel courage dans la vallée d'Ela ? Etait-ce la témérité de sa jeunesse inexpérimentée ? Non ! Mais sa foi s'était développée à l'école de Dieu lorsqu'il tua le lion puis l'ours, de sorte qu'il connaissait ses pensées à l'égard de son peuple : « Béni soit l'Eternel, mon rocher ! qui enseigne mes mains pour le combat, mes doigts pour la bataille » (Ps. 144 : 1).

             La même vérité nous est enseignée par le Seigneur : « Jésus se tint là et cria, disant : Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi, et qu'il boive ; des fleuves d'eau vive couleront de son ventre » (Jean 7 : 37-38). Pour être une source de bénédiction pour d'autres, il nous faut boire d'abord nous-mêmes en abondance à la source de toute grâce en Jésus. Chaque nouveau témoignage pour Christ devrait être le fruit d'une communion plus profonde avec lui. Comme Moise au pays de Madian, asseyons-nous près du puits des eaux vives (Ex. 2 : 15-17). Ainsi, il fut à même de secourir les filles du sacrificateur de Madian.

            Comme celui de la femme près du puits de Sichar, le coeur de l'épouse déborde : « Mon bien-aimé est pour moi un bouquet de myrrhe ». Heureux fruit d'un état d'intimité avec lui, de la communion goûtée auprès de lui ! Heureuse épouse qui peut dire en vérité : « Mon bien-aimé ». Elle est résolue à placer tout près de son coeur cette myrrhe au parfum suave. Désormais, où qu'elle aille, cette odeur se dégage. Répandons-nous au travail, dans la famille, en tout lieu, cette odeur de la connaissance de Christ, sa bonne odeur pour Dieu (2 Cor. 2 : 14-15) ? Et même lorsque nous nous sommes retirés, le parfum demeure-t-il en témoignage du prix que Christ a pour nous ? Il nous a demandé d'être occupés de lui durant son absence, de lui donner toute la place dans nos coeurs. En instituant le mémorial de son amour et de sa mort, il a dit : « Faites ceci en mémoire de moi » (Luc 22 : 19). L'avons-nous fait ? La fiancée de l'Agneau a-t-elle placé ainsi le bouquet de myrrhe sur son coeur, le porte-t-elle durant la longue nuit de son absence ? Hélas! les requêtes de l'amour de l'époux ont été oubliées. Des rivaux admis et entretenus ont pris sa place (Es. 26 : 13), et c'est une chose triste de le voir, lui, dehors, dans son infatigable amour, frapper à la porte. « La nuit est avancée, et le jour s'est approché » (Rom. 13 : 12). Oui, il approche, le jour heureux où les affections de son peuple céleste et de son peuple terrestre répondront parfaitement aux siennes.

 

Verset 14 - « Mon bien-aimé est pour moi une grappe de henné dans les vignes d'En-Guédi ».

            Le sachet de myrrhe est caché dans le sein, loin des regards, mais la grappe de henné est visible ; elle se porte ouvertement à la main. La myrrhe est la sève qui découle de l'arbre à travers les saignées pratiquées dans l'écorce. Les fleurs de henné sont des grappes épaisses aussi belles que parfumées. « De sorte que le Christ habite, par la foi dans vos coeurs » (Eph. 3 : 17), est la prière de l'apôtre. Et nous devons porter toujours partout dans le corps la mort de Jésus, « afin que la vie aussi de Jésus soit manifestée dans notre corps » (2 Cor. 4 : 10). Notre Seigneur ressuscité, exalté et glorifié est un objet de contemplation pour le regard et un délicieux parfum pour le coeur. Sa personne, son ministère, son oeuvre sont d'un prix infini. « Mon bien-aimé est blanc et vermeil, un porte-bannière entre dix mille... Toute sa personne est désirable » (Cant. 5 : 10, 16). « En lui habite toute la plénitude de la déité corporellement » (Col. 2 : 9).

             Les vignes d'En-Guédi étaient célèbres pour leurs fruits excellents et leurs précieux aromates. Et ces lieux ont aussi servi de retraite à David et à ses gens quand Saül les persécutait (1 Sam. 24 : 1-4). Les fertiles vallées en bas, ainsi que les montagnes environnantes avec leurs forteresses, fournissaient à la fois refuge, nourriture et lieu de repos à l'Oint du Seigneur et à ceux qui avaient uni leur sort au sien. Mais toutes les bonnes choses de la terre ne représentent que très faiblement les richesses insondables de Christ ! Ce que nous connaissons maintenant de sa plénitude est comme une goutte d'eau à côté de l'océan. « Tout ce qui nous est donné de bon et tout don parfait descendent d'en haut, du Père des lumières, en qui il n'y a pas de variation ou d'ombre de changement » (Jac. 1 : 17). Pensons à lui, le bien-aimé absent. La myrrhe découlant, et le henné fleuri sont bien propres, en nous rappelant la croix et la gloire, à attirer nos pensées sur Celui qui a été livré pour nos fautes et ressuscité pour notre justification (Rom. 4 : 25).

 

Verset 15 - « Voici, tu es belle, mon amie ; voici tu es belle ! Tes yeux sont des colombes ».

             Comment un être souillé par le péché peut-il être ainsi beau aux yeux du Seigneur ? L'Evangile de la grâce de Dieu fournit la réponse. Dès qu'une âme est attirée à Jésus, elle est reçue et placée dans la lumière de la présence de Dieu, dans la pleine valeur de son oeuvre accomplie, pour être revêtue de l'incomparable beauté de sa personne adorable. Tous ceux qui croient sont rendus « agréables dans le bien-aimé » par l'oeuvre accomplie sur la croix (Eph. 1 : 6). Son sang précieux purifie de tout péché (1 Jean 1 : 7).

            Joshua était vêtu de vêtements sales, et Satan était là pour s'opposer à lui (Zach. 3). Mais le Seigneur tance l'adversaire et le réduit au silence : il parle et agit en faveur de Joshua. Les vêtements sales sont ôtés. Il est revêtu d'habits de fête et une tiare pure est placée sur sa tête. La beauté de l'Eternel est maintenant sur lui !

            Si les vêtements de l'épouse sont parfumés de myrrhe, il est dit de l'époux : « Tous tes vêtements sont myrrhe, aloès et casse » (Ps. 45 : 8). L'épouse est unie à Christ mort, ressuscité et glorifié ! Elle reflète sa beauté. Ce qui est dit ici, d'une manière prophétique, d'Israël ou du résidu : « Voici tu es belle, mon amie », est vrai, dans un sens plus profond, de l'Epouse, la femme de l'Agneau. L'amour du Seigneur est parfait. Il a aimé l'Assemblée ; il aime Israël, et au temps convenable, il créera dans le coeur de ceux qui font partie de l'Israël de Dieu, comme il l'a fait en ceux qui forment l'Eglise, des affections qui répondront parfaitement aux siennes. Il faut toutefois se souvenir de la différence entre la position d'Israël au dernier jour, et celle de l'Eglise aujourd'hui. Quoique ce ne soit pas encore le temps des noces de l'Agneau, la relation entre Christ et l'Eglise est déjà formée. L'apôtre déclare : « Je vous ai fiancés à un seul mari, pour vous présenter au Christ comme une vierge chaste » (2 Cor. 11 : 2).

            Vérité bénie ! Mais jouissons-nous de cette tendre et étroite relation ? Au lieu de l'incertitude pénible qui agite souvent l'esprit de ceux qui croient que cette relation ne se réalisera que dans l'avenir, possédons-nous cette joie paisible qui découle tout naturellement d'une telle union ? Alors notre coeur soupirera ardemment après la venue du Seigneur. L'amour est le vrai fondement de ce cri : « Viens, Seigneur Jésus ! » (Apoc. 22 : 20).

            L'époux ajoute encore : « Tes yeux sont des colombes ». La colombe occupe dans la Parole une place intéressante. La première mention est en rapport avec l'arche de Dieu et l'olivier, précieux types du salut et de la paix avec Dieu. La colombe arracha et retint fermement une feuille d'olivier. Les eaux du jugement de Dieu couvraient encore la terre. Et tant qu'elles n'eurent pas baissé, ne trouvant pas où se poser, la colombe revint vers Noé dans l'arche : le monde sous le jugement de Dieu n'était pas un lieu pour elle. Ensuite nous trouvons que de tous les oiseaux, seule la colombe était offerte en sacrifice sous la loi, comme un type du Seigneur lui-même. Dans une merveilleuse unité, le même type sert pour l'Epoux et son épouse. La colombe typifie aussi le Saint Esprit. Jean rendit témoignage, disant : « J'ai vu l'esprit descendant du ciel comme une colombe, et il demeura sur lui » (Jean 1 : 32). Il paraît que lorsque la colombe est éloignée de sa compagne, elle reste solitaire et gémit : « Je gémissais comme la colombe », est-il écrit en Es. 38 : 14. Nous lisons aussi dans le même livre :                « Nous ne cessons de gémir comme les colombes » (Es. 59 : 11). Il semble que la colombe représente la simplicité, la pureté, la fidélité, et surtout l'attachement à son colombier. Quand l'oeil du chrétien est simple (Matt. 6 : 22), fixé constamment sur Christ, on peut dire de lui : « Tes yeux sont des colombes ».

 

Versets 16-17 - « Voici, tu es beau, mon bien-aimé ; oui, tu es agréable ! oui, notre lit est verdoyant. Les solives de nos maisons sont des cèdres ; nos lambris des cyprès ». 

             L'épouse entend Christ exprimer son amour et son admiration, mais elle ne dit pas un mot d'elle-même, pas même qu'elle est indigne d'un tel amour. Aussi profonde que soit son émotion, le « moi » est laissé de côté. C'est le signe d'une véritable humilité. Nous pouvons parler de la méchanceté et de l'indignité du moi, et être rempli d'orgueil. La vraie humilité ne dit rien de soi, ni en bien, ni en mal ; mais c'est une leçon difficile à apprendre. Christ est notre unique et parfait modèle. Le premier Adam s'éleva, et il fut abaissé ; le dernier Adam s'est abaissé lui-même et Dieu l'a haut élevé. « Quiconque s'élève, sera abaissé ; et celui qui s'abaisse sera élevé » (Luc 18 : 14). C'est un principe d'une grande importance pratique. La chair est toujours prête à écouter le mensonge du tentateur : « Vous serez comme Dieu », tandis que l'homme spirituel est content de la place où Dieu l'a mis, jusqu'à ce qu'on lui dise : « Ami, monte plus haut » (Luc 14 : 10).

            Quelle est donc pour le chrétien la place du vieil homme ? Les Ecritures disent clairement qu'il a pris fin à la croix : « Sachant ceci, que notre vieil homme a été crucifié avec Christ » (Rom. 6 : 6). D'où la conséquence pratique : « Ceux qui sont du Christ ont crucifié la chair avec les passions et les convoitises » (Gal. 5 : 24) et encore : « Je suis crucifié avec Christ, et je ne vis plus, moi, mais Christ vit en moi, -et ce que je vis maintenant dans la chair, je le vis dans la foi, la foi au Fils de Dieu, qui m'a aimé et qui s'est livré lui-même pour moi » (Gal. 2 : 20). Celui qui marche dans la lumière, et réalise l'efficace de cette vérité fondamentale, sera humble de coeur ; la chair en lui, dans sa vanité et son orgueilleuse prétention, sera tenue à sa place, dans la mort. Il manifestera l'esprit doux et humble de Christ qui est d'un grand prix devant Dieu. Marie a choisi la bonne part, lorsqu'elle s'est assise aux pieds de Jésus (Luc 10 : 39, 42). L'humble Lydie aussi est devenue un temple pour le Seigneur (Act. 16 : 14-15).

            Si Christ est l'unique objet que nous contemplons, le coeur est satisfait. Il est beau et agréable tout à la fois : « Voici tu es beau, mon bien-aimé, oui, tu es agréable ! ». Quelle perfection, quelle harmonie on trouve en lui ! En Jésus seul, nous trouvons un repos parfait. C'est pourquoi l'épouse ajoute : « Oui, notre lit est verdoyant ». Les verts pâturages et les eaux paisibles sont les symboles du repos et du rafraîchissement dont jouissent les brebis, objets des tendres soins du Berger. Mais il ne dresse jamais sa tente à l'intérieur des murailles de la ville, car il n'y a rien là pour faire paître son troupeau. Dans ce livre, la ville est un type du monde. L'épouse n'y trouve que honte et souffrance. Jamais l'époux ne s'y trouve ; ses retraites favorites sont les vignes, les jardins, les montagnes de la myrrhe, les coteaux des drogues aromatiques et les vallées où fleurissent les lis. Il y a dans les dernières paroles de l'épouse deux petits mots qui montrent une heureuse communion avec le bien-aimé : « notre » et « nos ». Tout comme les « nous » et les « avec » de l'épître aux Ephésiens, ils sont l'expression d'une heureuse et éternelle unité avec Christ. Etre un avec lui dans la vie, le repos, et la gloire céleste !

            Sans la présence de notre bien-aimé Seigneur, la maison du Père serait vide. Notre foi repose sur la promesse : « Ainsi nous serons toujours avec le Seigneur » (1 Thes. 4 : 17). Elle saisit aussi tout le prix de ces paroles du Seigneur : « Afin que là où moi je suis, ils y soient aussi avec moi » (Jean 17 : 24). Le voir dans sa gloire sera notre félicité.