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MEDITATIONS SUR LE CANTIQUE DES CANTIQUES
CHAPITRE 1 (v. 1 à 6)


Introduction
Verset 1
« Le cantique des cantiques, qui est de Salomon ».
Verset 2 - « Qu'il me baise des baisers de sa bouche ! ».
Verset 2 - « Car tes amours sont meilleures que le vin ».
Verset 3 - « Tes parfums sont d'agréable odeur ; ton nom est un parfum répandu ; c'est pourquoi les jeunes filles t'aiment ».
Verset 4 - « Tire-moi : nous courrons après toi ».
Verset 4 - « Le Roi m'a amenée dans ses chambres. - Nous nous égayerons, et nous nous réjouirons en toi ; nous nous souviendrons de tes amours plus que du vin. Elles t'aiment avec droiture ».
Versets 5-6 - « Je suis noire, mais je suis agréable, filles de Jérusalem ! comme les tentes de Kédar, comme les tentures de Salomon. Ne me regardez pas, parce que je suis noire, parce que le soleil m'a regardée : les fils de ma mère se sont irrités contre moi, ils m'ont mise à garder les vignes ; ma vigne qui est à moi, je ne l'ai point gardée ».

 
Introduction

          En tête de cette réédition du Cantique des Cantiques, il nous semble à propos de citer ces lignes de notre cher frère, J.N. DARBY.

          « Ce livre considère les Juifs, ou du moins le résidu, sous un tout autre aspect que ne le font les prophètes. Il décrit les affections que le Roi (titre que prend le Seigneur dans ses relations avec Israël) peut créer dans leurs coeurs et par lesquelles il les attire à lui. Quelle qu'en soit la force, ces affections ne sont pas comparables aux affections chrétiennes. Elles n'ont ni le calme profond, ni la douceur qui découlent d'une relation déjà formée, connue et pleinement appréciée ; d'une affection dont le lien est reconnu ; chacun en jouit, comme d'une chose certaine dans le coeur de l'autre...

          Il ne s'agit pas, dans ce livre, de la purification de la conscience (c'est une question laissée de côté), mais des affections du coeur qui ne sauraient être trop ardentes lorsque le Seigneur en est l'objet.

          Dans son interprétation, ce livre ne s'applique pas à l'Eglise. Cependant j'ai parlé de « nous » et de « nos coeurs » avec raison. En effet, si Israël est l'objet de ce livre, il s'agit du coeur et de ses sentiments, de sorte que, moralement, il a une application pour nous. Du reste, on ne peut pas exagérer l'importance qu'il y a à cultiver les saintes affections qui nous attachent à Christ, nous font connaître son amour et nous le font connaître Lui-même. S'il s'agit de Dieu et de ses voies à notre égard, celui qui n'aime pas ne connaît pas » (Etudes J.N.D.).

          Ce travail sur le Cantique des Cantiques a été publié en 1862 dans L'Echo du Témoignage. Il a été plus tard édité à deux reprises (1873 et 1921) mais peu de personnes possèdent aujourd'hui ces éditions. C'est ce qui nous a engagés à cette réédition adaptée de l'anglais.

          Que notre Dieu et Père veuille l'accompagner et qu'elle laisse partout une riche bénédiction à la gloire du beau nom de Jésus, notre Sauveur et Seigneur.

 

            La plupart des hommes de ce monde redoutent la solitude et la réflexion. Ils aiment mieux être surchargés d'invitations et d'affaires que d'avoir du temps pour réfléchir. Leur conscience mal à l'aise voudrait alors faire entendre sa voix. Mais, sous prétexte de devoirs qu'il faut accomplir, ses avertissements sont souvent étouffés et bientôt volontairement oubliés. Si l'on a sur la conscience des péchés non jugés, la pensée d'avoir affaire à Dieu comme juge est redoutable pour une âme qui ne possède pas la vie divine. Elle ne peut pas supporter la lumière, c'est pourquoi elle préfère les ténèbres. Toute occasion est bonne pour échapper à une calme et sérieuse réflexion. Les plaisirs du monde servent aussi à atteindre le même but.

            On n'accorde ni pensée ni temps aux réalités de l'âme ; on ne prend aucun soin de ses profonds et pressants besoins. Mais « que profitera-t-il à un homme s'il gagne le monde entier, et qu'il fasse la perte de son âme ; ou que donnera un homme en échange de son âme ? » (Marc 8 : 36-37). Hélas ! telle est la condition de l'homme pécheur sans la connaissance de Dieu, et dans l'ignorance de Jésus comme le Sauveur.

            Entretenons avec soin un esprit de méditation. Plus la séparation d'avec le monde sera réelle, plus la communion avec Jésus sera profonde et plus la bénédiction qui en résultera sera grande. Il ne doit pas y avoir de sympathie dans l'esprit et le coeur pour le monde ; bien que nous soyons encore dans le monde, tenons-nous loin de son agitation et de son impiété. Un abîme sépare les croyants du présent siècle mauvais : « ils ne sont pas du monde, a dit Jésus, comme moi je ne suis pas du monde » (Jean 17 : 14). La position de Christ en résurrection détermine la nôtre, car nous sommes ressuscités avec lui (Col. 3 : 1). Le calme, le repos de l'âme en communion avec le Seigneur glorifié, sont les moments les plus précieux sur la terre. On peut les connaître dans une chambre de maladie, au milieu de son travail ou dans l'accomplissement des devoirs de la famille. Tout dépend de l'état du coeur. Etre seul, et pourtant ne plus l'être, car Christ est là, quelle part bénie !

 
 
LE CANTIQUE DES CANTIQUES : CHAPITRE 1 (v. 1 à 6)
 

Verset 1 « Le cantique des cantiques, qui est de Salomon ».

            Pourquoi ce précieux petit livre a-t-il été appelé « Le cantique des cantiques » ? Précisément parce qu'il est de Salomon, un type de Christ qui, au temps convenable, sera roi à Jérusalem, dans la gloire du vrai Salomon. C'est d'après le même principe que le Seigneur est appelé « Roi des rois et Seigneur des seigneurs » (Apoc. 17 : 14). La prééminence en toutes choses lui appartient.

            Il y a de nombreux cantiques dans l'Ecriture: ceux de Moïse, de Marie (soeur de Moïse) et ses compagnes, de Debora, de David, ont tous magnifié la bonté du Seigneur. De Salomon, il est dit que « ses cantiques furent au nombre de mille et cinq » (1 Rois 4 : 32) ; mais celui-ci est appelé « Le cantique des cantiques ». Il surpasse tous les autres. C'est la mélodie de coeurs remplis de l'amour divin. « Nous, nous l'aimons parce que lui nous a aimés le premier » (1 Jean 4 : 19). Si seulement nous étions toujours capables de chanter nos cantiques avec le coeur et l'intelligence !

 

Verset 2 - « Qu'il me baise des baisers de sa bouche ! ».

            Quelle affection ardente et pure exprime cette requête ! Quand l'âme est remplie de son objet, tout le reste disparaît ; elle est transportée par l'heureuse assurance de la place qu'elle occupe dans le coeur de Jésus. Il n'y a plus de doutes ni de craintes pour celui qui parle ainsi à l'époux divin. Plusieurs traitent de présomption cette confiance en son amour parfait, un amour qui exclut toute crainte. S'ils osent se confier en Christ, ce n'est pas sans doutes et sans inquiétude ; cependant, c'est lui qui les a aimés et s'est donné lui-même pour eux, des impies.

            La hardiesse de la bien-aimée dans cette scène signifie-t-elle qu'elle a oublié d'où elle a été tirée ? Non, elle ne l'a pas oublié, mais sa conscience ayant été purifiée de tout péché par le sacrifice de Jésus sur la croix, elle est maintenant libre et heureuse dans la présence d'un Christ ressuscité et glorifié. Le sang de Christ pour la conscience et sa personne pour le coeur, c'est tout ce qui est nécessaire pour qu'un pécheur se sente chez lui et heureux dans la chambre du roi ! Ces deux choses qui sont à la base de toute bénédiction, le chrétien les possède l'une et l'autre. Si nous sommes instruits à cet égard, nous nous sentirons libres, heureux et chez nous dans la présence du Seigneur.

            « Qu'il me baise des baisers de sa bouche ». Ici, la bien-aimée soupire après une preuve directe de l'amour du bien-aimé. Elle est occupée de Christ lui-même, non pas de l'une de ses vertus, ou de quelque grâce particulière reçue de lui. Elle ne songe pas à expliquer de qui elle parle de cette manière. Ainsi, Marie de Magdala, dépouillée de l'objet exclusif de son coeur, demande : « Seigneur, si toi tu l'as emporté, dis-moi où tu l'as mis » (Jean 20 : 15). Jésus seul occupait ses pensées, elle ne s'occupait d'aucun autre. Rien ne pouvait la satisfaire sinon la personne de son Seigneur mort ou vivant. Merveilleuse affection ! Si seulement Jésus avait en nous une telle place ! Encore un peu de temps et il possédera les siens pour toujours.

            Dans l'Ecriture, le baiser est souvent le signe de la réconciliation, le gage de la paix, l'expression de l'affection. David et Jonathan se baisèrent l'un l'autre, et pleurèrent l'un avec l'autre, jusqu'à ce que les pleurs de David devinrent excessifs (1 Sam. 20 : 41). C'est une belle image du vrai David dont l'amour dépasse de beaucoup notre amour. Joseph aussi baisa tous ses frères et pleura sur eux ; et après cela, ses frères parlèrent avec lui (Gen. 45 : 15). De même, le père de l'enfant prodigue l'embrassa alors qu'il portait encore ses haillons. Puis, quand il fut purifié de toutes ses souillures et revêtu de la plus belle robe, était-ce trop de sa part de demander de pareilles démonstrations d'amour ou de s'y attendre ? Non, assurément ! Est-ce trop pour l'épouse dans le Cantique des Cantiques -ou pour le croyant- de désirer une telle expression de l'amour du Seigneur ? L'amour seul peut satisfaire l'amour.

 

Verset 2 - « Car tes amours sont meilleures que le vin ».

            Maintenant l'amour du Bien-aimé est préféré au vin, symbole des joies et des plaisirs de la terre. Ces choses n'ont plus d'attrait pour celui qui fait ses délices de cet amour. Elles ont perdu leur charme et ne sont plus désormais qu'un pesant fardeau pour le croyant. Jésus lui-même fait ses délices. Pierre dira : « Lequel, quoique vous ne l'ayez pas vu, vous aimez ; et croyant en lui, quoique maintenant vous ne le voyiez pas, vous vous réjouissez d'une joie ineffable et glorieuse » (1 Pierre 1 : 8).

            La vigne a ses racines dans la terre. Le nazaréen, tant que durait son voeu, ne devait rien goûter du fruit de la vigne, depuis les pépins jusqu'à la peau du raisin (voir Nom. 6 : 4). Il devait, pour Dieu, être entièrement séparé des plaisirs du monde. Tout croyant doit être un nazaréen, comme le Seigneur. « Je vous dis que désormais je ne boirai plus de ce fruit de la vigne, jusqu'à ce jour où je le boirai nouveau avec vous dans le royaume de mon Père » (Mat. 26 : 29). Associés à lui comme nous le sommes, nous nous trouvons sous l'effet de son voeu, et devons être de vrais nazaréens pour Dieu. Ce n'est possible que si nous trouvons notre joie, nos délices dans l'amour de Jésus. Maintenant, il attend avec patience le matin sans nuages (2 Sam. 23 : 4), où il sortira à nouveau dans son caractère de véritable Melchisédec, pour rafraîchir et bénir son peuple avec le pain et le vin du royaume (Gen. 14 : 18). Nous devons l'attendre patiemment jusqu'au jour où, enlevés d'abord à sa rencontre sur la nue, nous paraîtrons ensuite avec lui dans la gloire. Alors le voeu sera pleinement accompli. Le roi sera à nouveau uni dans Jérusalem à son peuple terrestre, et toutes les nations de la terre se réjouiront. La fille de Sion connaîtra alors le sens profond de ces paroles prononcées longtemps auparavant aux noces de Cana de Galilée : « Toi, tu as gardé le bon vin jusqu'à maintenant » (Jean 2 : 10).

 

Verset 3 - « Tes parfums sont d'agréable odeur ; ton nom est un parfum répandu ; c'est pourquoi les jeunes filles t'aiment ».

            La bien-aimée nous donne maintenant quelque idée du nom de celui qu'elle aime, celui dont le nom est « un parfum répandu ». Il a pour elle une odeur des plus exquises. Tous les noms de Christ, ses titres, ses attributs sont un parfum répandu. Son nom, c'est lui-même ; il est l'expression de sa nature, de sa prééminence en toutes choses, comme de toutes ses grâces. Les expressions manquent à la bien-aimée pour dire les richesses de la bonté de l'époux ; c'est pourquoi elle les résume dans ces mots : « un parfum répandu ». L'épouse n'est pas seule à jouir du parfum qui émane de Christ ; les jeunes filles, ses compagnes, sont attirées et rafraîchies par l'excellence de son nom. Ce n'est point un parfum contenu dans un vase mais un parfum « répandu ». Quelle communion il y a dans l'amour de Jésus ! En lui habite toute la plénitude de la déité corporellement (Col. 2 : 9). Quel centre, quelle source ce nom constitue-t-il ! L'Assemblée de Dieu est maintenant réunie autour de lui, son unique centre, appuyée sur cette parole : « Là ou deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis là au milieu d'eux » (Matt. 18 : 20). Mais, encore un peu de temps et les cieux et la terre de maintenant seront unis sous le sceptre de son règne glorieux. D'une part, la Jérusalem terrestre, avec toutes les nations d'alentour, et d'autre part, la Jérusalem céleste. Les myriades d'anges, l'assemblée universelle, et l'assemblée des premiers-nés écrits dans les cieux (Héb. 12 : 22-23), seront en relation étroite, unies par ce doux et précieux nom, le « seul » nom capable de rassembler autour de lui pour l'éternité. Le Père a préparé dans ses conseils cette gloire pour son Fils ; et pour l'administration de la plénitude des temps (le millénium), il réunira en un  (c'est-à-dire en lui), « toutes choses dans le Christ, les choses qui sont dans les cieux et les choses qui sont sur la terre » (Eph. 1 : 10). Le parfum du nom de Jésus sera répandu en tout lieu. Toutes les familles et toutes les langues s'uniront dans ce chant de louange : « Eternel, notre Seigneur ! que ton nom est magnifique par toute la terre ! » (Ps. 8 : 9).

            Lorsque le temps de la bénédiction et de la gloire milléniale sera accompli, que les cieux et la terre de maintenant se seront enfuis, et que le jugement final aura eu lieu, ce nom n'aura rien perdu de son parfum, de sa puissance et de sa gloire. Il unira alors dans les liens de l'amour et de la sainteté les saints des nouveaux cieux et de la nouvelle terre. Christ sera la source et l'objet de la joie de tous les coeurs, la mélodie de toutes les bouches ! La « montagne de la myrrhe et la colline de l'encens » (Cant. 4 : 6) répandront tout le parfum de son nom. Déjà ses vêtements sont myrrhe, aloès et casse, quand il sort des palais d'ivoire (Ps. 45 : 8). Mais dans l'éternité, les grâces si riches et si variées de son amour rempliront l'univers du parfum éternel de son nom !

 

Verset 4 - « Tire-moi : nous courrons après toi ».

            Plus nous connaîtrons Christ, plus nous désirerons être tout près de lui. Paul exprime ce profond désir : « pour le connaître, lui » (Phil. 3 : 10), et nul sur la terre ne le connaissait mieux. Il dit aussi : « afin que je gagne Christ » (Phil. 3 : 8), et il n'y eut jamais un saint plus assuré de ce prix que Paul. Quoique prisonnier à Rome, dans le dénuement, il pouvait dire avec sincérité : « Pour moi, vivre c'est Christ ; et mourir, un gain » (Phil. 1 : 21). Quelle assurance, quelle joie brillent dans sa lettre aux Philippiens ! Il y a tant de bénédictions en Christ que l'apôtre les nomme « les richesses insondables du Christ » (Eph. 3 : 8). Plus nous goûtons la plénitude de son amour, plus nous comprenons qu'il surpasse toute connaissance.

            Le désir de l'épouse d'être près de son Seigneur est si grand qu'elle ne supporte pas une distance quelconque, entre elle et lui. D'où ses soupirs : « Tire- moi ». Comparativement au verset 2, on remarque un progrès dans son appréciation de la personne de Christ : elle désire une communion plus étroite. Nous trouvons de tels sentiments dans plusieurs psaumes : « O Dieu ! tu es mon Dieu ; je te cherche au point du jour ; mon âme a soif de toi, ma chair languit après toi, dans une terre aride et altérée, sans eau... Mon âme s'attache à toi pour te suivre, ta droite me soutient » (Ps. 63 : 1, 8). La communion la plus étroite avec le Seigneur s'accorde parfaitement avec le désir d'être encore plus près de lui. Est-ce là notre expérience ?

            Le Seigneur tire, et nous courons ; mais remarquons bien ces derniers mots : « après toi ». Ils sont de la plus haute importance. Ce n'est pas après nos propres idées, ni après l'homme le meilleur qui pourrait exister sur la terre. Dans le Psaume 16, le serviteur parfait déclare : « Je me suis toujours proposé l'Eternel devant moi » (v.8) ; ce n'est pas de temps à autre seulement, mais « toujours ». Combien notre marche serait autre si tel était notre cas ! Elle serait séparée de tout ce qui n'est pas de Christ. Certainement, si nous disons au Seigneur : « tire-moi », nous devrions, comme l'épouse et ses compagnes, ajouter en toute sincérité : « nous courrons après toi ». Celui qui tire, marche devant. C'est ainsi que le Seigneur précède son peuple dans le désert, voit le danger et y pourvoit avant même qu'il s'y trouve exposé. Nombreux sont les périls dont il nous délivre sans que nous le sachions. « Et quand il a mis dehors toutes ses propres brebis, il va devant elles ; et les brebis le suivent » (Jean 10 : 4). L'Ennemi nous a peut-être tendu un piège dans le chemin que nous étions disposés à suivre, mais notre divin conducteur, voyant le traquenard, prend une autre direction, et nous échappons ainsi à un grave danger (voir Ex. 13 : 17-18). Mais nous pouvons cependant nous montrer désappointés et mécontents de ce qu'il nous a empêchés de suivre le chemin que nous nous étions proposé !

 

Verset 4 - « Le Roi m'a amenée dans ses chambres. - Nous nous égayerons, et nous nous réjouirons en toi ; nous nous souviendrons de tes amours plus que du vin. Elles t'aiment avec droiture ».

            Maintenant nous avons le fruit béni de l'attrait qu'exerce le Seigneur. Chez ceux qui s'adressent à Dieu, la prière est l'expression d'une faiblesse ressentie et d'un état de dépendance joint à un esprit de sainte diligence. C'est la grâce qui tire, c'est elle qui fait courir et qui couronne ; tout découle de l'amour du Seigneur.

             « Nous nous souviendrons de tes amours plus que du vin ». La bien-aimée connaissait l'amour de Christ auparavant, mais elle en jouit maintenant davantage encore. Elle se sent enveloppée par cet amour qui l'environne.

             « Le Roi m'a amenée dans ses chambres ». Mais pour quelle raison est-il parlé ici du roi ? Il s'agit de la relation de Christ avec Israël quand ce peuple aura été restauré. Pour ce qui est de son droit, de son titre à la royauté, Christ est bien roi et digne de tout hommage : l'Ecriture déclare qu'il est « le chef du corps, de l'assemblée » (Eph. 1 : 20-23) et aussi le roi des Juifs (Matt. 27 : 37). Comme tel, il vint d'abord dans l'humilité et dans la grâce se présenter à la fille de Sion ; hélas! elle refusa de le recevoir. Il fut méprisé, rejeté, crucifié et mis à mort ; mais Dieu le ressuscita et lui donna la gloire. La résurrection d'entre les morts a établi ses droits comme roi des Juifs, mais aussi comme chef de son corps qui est l'assemblée, et comme centre de toute gloire à venir (voir aussi Zach. 9, Actes 2, Phil. 2). Les Juifs avaient bien crié : « Hosanna ! béni soit celui qui vient au nom du Seigneur, le roi d' Israël ! » (Jean 12 : 13). Mais ils s'écrièrent aussi : « Ote, ôte, crucifie-le ! » (Jean 19 : 15). Ils comblèrent ainsi la mesure de leurs péchés. Le Messie a été retranché, le témoignage du Saint Esprit méprisé et les relations avec Dieu rompues. Le temps où le royaume sera rétabli pour Israël n'est pas venu. Mais la Parole du Seigneur demeure ferme à toujours ! L'incrédulité de l'homme ne saurait annuler la fidélité de Dieu (Rom. 3 : 3). Dans la rédemption accomplie par Christ, le fondement a été posé pour la restauration future d'Israël, en grâce, selon le dessein immuable de Dieu. Les enfants recevront toutes les bénédictions promises aux Pères. « Car je dis que Jésus Christ a été serviteur de la circoncision, pour la vérité de Dieu, pour la confirmation des promesses faites aux pères » (Rom. 15 : 8). Il n'y a rien de plus clair que les prophéties de la Parole de Dieu quant au règne futur du Seigneur Jésus, en relation avec le trône de David et de toute la maison d'Israël. Mais son règne et sa gloire ne seront pas limités aux tribus restaurées et au pays d'Israël : Jérusalem et les villes de Juda seront le centre terrestre de son royaume millénaire, absolument comme la Jérusalem céleste, la cité du Dieu vivant, sera le centre de sa gloire céleste dans tout l'univers.

            Puisque c'est le roi qui fait l'objet de notre méditation, arrêtons-nous un peu aux prophéties qui nous révèlent Christ sous ce caractère. « Car un enfant nous est né, un fils nous a été donné, et le gouvernement sera sur son épaule ; et on appellera son nom : Merveilleux, Conseiller, Dieu fort, Père du siècle, Prince de paix. A l'accroissement de son empire, et à la paix, il n'y aura point de fin, sur le trône de David et dans son royaume, pour l'établir et le soutenir en jugement et en justice, dès maintenant et à toujours. La jalousie de l'Eternel des armées fera cela » (Es. 9 : 6-7). Cette prophétie déjà ancienne fut en substance confirmée à Marie par l'ange : « Tu enfanteras un fils, et tu appelleras son nom Jésus. Il sera grand et sera appelé le Fils du Très-haut ; et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son Père ; et il régnera sur la maison de Jacob à toujours, et il n'y aura pas de fin à son royaume » (Luc 1 : 31-33). Déjà, depuis le temps où Israël fut délivré d'Egypte jusqu'aux jours de Samuel, l'Eternel était son roi. Mais ils voulurent avoir un roi comme les autres nations, puis ils rejetèrent l'Eternel (1 Sam. 8 : 7) et une chute complète s'ensuivit. D'ailleurs, des rivages de la mer Rouge au Calvaire et à la lapidation d'Etienne, il en a toujours été ainsi ; quelle que soit la manière dont le peuple a été mis à l'épreuve, que nous considérions Israël sous la loi, comme une vigne transportée hors d'Egypte et plantée dans le pays promis, ou présenté comme cette femme que l'Eternel avait épousée, ou encore comme le témoin de Dieu sur la terre, nous constatons que son égarement a été continuel (Jér. 8 : 5). Aussi, les justes jugements de Dieu tombèrent enfin sur son peuple : Jérusalem fut environnée d'armées. Le temple et la cité furent entièrement rasés, et ceux qui échappèrent au tranchant de l'épée furent dispersés aux quatre vents des cieux. Depuis, Israël a été appelé « la délaissée » et sa terre, « la désolée » (Es. 62 : 4) ; mais elle ne le sera pas toujours. Il est bon de remarquer la différence qu'il y a entre les voies de Dieu en gouvernement à l'égard de son peuple et ses voies en grâce. Selon le juste gouvernement de Dieu, les Juifs sont encore, à cause de leurs péchés et de leur endurcissement, sous le châtiment. Mais la grâce et l'amour de Dieu demeurent invariablement les mêmes. Remarquons les paroles du prophète Akhija à Jéroboam : « J'humilierai la semence de David, à cause de cela, seulement pas à toujours » (1 Rois 11: 39). Ceci est un principe important, non seulement pour Israël et pour l'Eglise, mais aussi pour tout chrétien pris individuellement. L'apôtre y fait allusion quand il traite du rejet et du rétablissement d'Israël : « Elles ont été arrachées pour cause d'incrédulité... mais en ce qui concerne l'élection, ils sont bien-aimés à cause des pères. Car les dons de grâce et l'appel de Dieu sont sans repentir » (Rom. 11 : 20, 28-29). Le prophète Osée décrit d'une manière touchante l'état actuel et la future restauration des Juifs : « Car les fils d'Israël resteront beaucoup de jours sans roi, et sans prince, et sans sacrifice, et sans statue, et sans éphod ni théraphim. Ensuite, les fils d'Israël retourneront et rechercheront l'Eternel, leur Dieu, et David, leur roi, et se tourneront avec crainte vers l'Eternel et vers sa bonté, à la fin des jours » (Os. 3 : 4-5). Précieuse pensée ! Ils rechercheront encore l'Eternel, leur Dieu, et David, leur roi.

            A qui s'adresse le livre du Cantique des Cantiques ? N'est-il pas pour le résidu l'assurance et la confirmation de l'affection immuable du roi ? Les Israélites, les fidèles des derniers jours, pourront lire ici l'amour infatigable et patient de l'Eternel, leur Dieu, et de David, leur roi, l'amour qui ne fait pas de reproche. Dans le passé, ils ont entièrement failli sous la loi ; ils se tenaient devant Dieu sur le fondement d'une alliance conditionnelle, sur le pied de l'obéissance. Dans l'avenir, ils seront sur le fondement de l'alliance inconditionnelle de Dieu. Leur bénédiction aura pour mesure la valeur du sacrifice de Christ, jadis rejeté, et la plénitude de l'amour de Dieu. Mais qui peut mesurer ce qui est incommensurable ? Tel sera l'amour du Roi pour son épouse juive.

            Le livre de Ruth illustre de manière touchante le passé, le présent et l'avenir d'Israël. Il ne resta pas de fruit de la vie d'épouse de Naomi. « Ne m'appelez pas Naomi », dit-elle, (nom qui signifie : mes délices), « appelez-moi Mara (amère) ; car le Tout-Puissant m'a remplie d'amertume » (Ruth 1 : 20). Son mari, Elimélec (nom qui signifie : Mon Dieu est roi) et ses deux fils étaient morts au pays de Moab. Naomi était maintenant veuve, abandonnée, sans enfants, et sans ressources naturelles. « Appelez-moi Mara... Je m'en allai comblée, et l'Eternel me ramène à vide » (Ruth 1 : 21). Image frappante de la nation juive qui, ayant perdu Dieu comme son roi et son mari, est maintenant comme veuve et abandonnée. Mais un faible résidu, en la personne de l'humble et patiente Ruth, s'attache à Naomi, et s'abrite sous les ailes du Dieu d'Israël. « Bienheureux les débonnaires, car c'est eux qui hériteront de la terre » (Matt. 5 : 5). Les champs, dans lesquels entre d'abord Ruth comme une glaneuse, deviennent sa propriété. Mais d'abord le plus proche parent, qui a droit de rachat, refuse de racheter l'héritage car il faut qu'en même temps il prenne Ruth pour femme ; dix témoins attestent ce refus. Ces dix hommes de la ville peuvent représenter les dix commandements qui furent donnés avant la venue du Christ ; il n'y eut pas de fruit pour Dieu sous la loi. (voir Rom. 7 : 14). Puis Boaz (ce nom signifie : en lui est la force) épouse la cause du faible résidu de la maison d'Elimélec. C'est un type de Christ ressuscité, qui a été « déterminé Fils de Dieu, en puissance, selon l'Esprit de sainteté, par la résurrection des morts » (Rom. 1 : 4). Ce qui donne à ce récit une réelle beauté, c'est que Ruth n'avait aucun droit direct sur Boaz. Il n'était pas le plus proche parent ; c'est absolument par grâce qu'il intervient. Désormais, tant Israël que les Gentils parviennent à l'héritage sur le fondement de la miséricorde. Ruth enfante un fils. Alors Naomi prend l'enfant, et le met dans son sein, et elle lui tient lieu de nourrice. Les voisins disent : « Un fils est né à Naomi » (Ruth 4 : 13-17). Scène touchante ! La veuve est en mesure de chanter comme aux jours de sa jeunesse. La délaissée est devenue mère de    fils ; le sein qui avait perdu tous ses enfants possède à nouveau un héritier ; tout est joie et allégresse !

            Quelle délicieuse image nous avons ainsi du retour complet d'Israël à l'honneur, à la gloire et à sa haute position dans le pays ! Avant longtemps, le vrai Boaz prendra en main la cause du résidu fidèle, et rétablira Israël dans sa terre sur un pied complètement nouveau. Tel est le précieux sujet de nombreux passages de l'Ecriture, comme celui-ci : « Et les nations verront ta justice, et tous les rois, ta gloire ; et on t'appellera d'un nom nouveau, que la bouche de l'Eternel désignera. Et tu seras une couronne de beauté dans la main de l'Eternel, et une tiare royale dans la main de ton Dieu. On ne te dira plus la délaissée, et on n'appellera plus ta terre la désolée. Car on t'appellera : Mon plaisir en elle, et ta terre : La mariée ; car le plaisir de l'Eternel est en toi, et ton pays sera marié » (Es. 62 : 2-4). Nous lisons aussi dans le livre du prophète Osée : « C'est pourquoi, voici, moi, je l'attirerai, et je la mènerai au désert, et je lui parlerai au coeur ; et de là je lui donnerai ses vignes, et la vallée d'Acor pour une porte d'espérance ; et là elle chantera comme dans les jours de sa jeunesse et comme au jour où elle monta du pays d'Egypte... Et je te fiancerai à moi pour toujours ; et je te fiancerai à moi en justice, et en jugement, et en bonté, et en miséricorde ; et je te fiancerai à moi en vérité ; et tu connaîtras l'Eternel » (Os. 2 : 14, 15, 19-20). Merveilleuse, incomparable grâce ! L'amour en est la source : « il était perdu, et il est retrouvé » (Luc 15 : 24). Son amour est toujours le même. Le Seigneur aime Israël. Il aime l'assemblée. Il aime d'un amour parfait toute âme qui est attirée vers Lui. « Le roi m'a amenée dans ses chambres » !

 

Versets 5-6 - « Je suis noire, mais je suis agréable, filles de Jérusalem ! comme les tentes de Kédar, comme les tentures de Salomon. Ne me regardez pas, parce que je suis noire, parce que le soleil m'a regardée : les fils de ma mère se sont irrités contre moi, ils m'ont mise à garder les vignes ; ma vigne qui est à moi, je ne l'ai point gardée ».

            L'épouse a parlé de l'amour du roi, de son nom et de ses chambres. Maintenant, elle confesse sans réserve son état. Mais en même temps, elle affirme avec bonheur ce qu'elle est aux yeux de son bien-aimé ! Vérité qu'il faut toujours garder pour conserver un bon équilibre dans notre esprit. Plus nous connaîtrons l'indignité, le caractère incurable de la chair, plus nous apprécierons l'excellence de Christ et nous comprendrons l'oeuvre du Saint Esprit. Tant que nous ne serons pas convaincus de la dépravation totale de la nature humaine, il y aura confusion dans notre expérience entre les vaines prétentions de la chair et les opérations de l'Esprit.

            Il n'y a absolument rien de bon dans l'homme naturel. Paul, qui avait pourtant beaucoup avancé dans la vie chrétienne, pouvait bien dire : « En moi, c'est-à-dire en ma chair, il n'habite point de bien » (Rom. 7 : 18). Mais ne pourrait-on pas l'améliorer par des soins constants, par la prière et la vigilance ? Non, jamais, car elle est incurable ! « Et l'Eternel vit que la méchanceté de l'homme était grande sur la terre, et que toute l'imagination des pensées de son coeur n'était que méchanceté en tout temps » (Gen. 6 : 5). Il est vrai que chez quelques-uns la chair peut se montrer polie, cultivée, tandis que chez d'autres, elle est rude et grossière ; mais chez les uns comme chez les autres, c'est la chair de laquelle il est écrit « qu'elle ne se soumet pas à la loi de Dieu, car aussi elle ne le peut pas » (Rom. 8 : 7). Si nous ne sommes pas capables de plier une barre de fer, nous la chauffons de telle sorte qu'elle devienne tout à fait flexible, mais c'est encore le même fer. Son apparence a changé, mais sa nature est la même. Accepter les déclarations de l'Ecriture sur notre triste état moral nous aidera à distinguer entre la chair et l'Esprit, et savoir d'où peut venir telle pensée, ou tel penchant. Il est de toute importance de voir que la chair et l'Esprit sont tous deux en nous. La pensée de la chair est la mort ; mais la pensée de l'Esprit, vie et paix (Rom. 8 : 6). Une grande confusion et même parfois de l'angoisse résultent de l'ignorance où l'on est au sujet des deux natures. Rien de bon ne saurait venir de notre vieille nature.

            Supposons que je rencontre une personne inquiète à l'égard de son âme et désireuse de connaître Christ et le salut. Je comprends que le Saint Esprit est à l'oeuvre en elle. De tels désirs ne peuvent jamais venir d'une nature qui hait Dieu et Christ. Il est possible qu'elle soit remplie de crainte quant à l'issue de ses débats intérieurs. Il se peut même qu'elle refuse d'être consolée ; mais elle se réjouira lorsqu'elle aura trouvé la paix avec Dieu. Dans le « pays éloigné », la bonne oeuvre était commencée chez le fils prodigue, quand, revenu à lui-même, il dit : « Je me lèverai et je m'en irai vers mon Père » (Luc 15 : 13, 18). Dieu répondra pleinement à tout désir qu'il a lui-même éveillé. Christ est la parfaite réponse à tous les besoins du coeur renouvelé.

            L'Esprit nous enseigne trois points d'une importance pratique journalière à savoir que la chair est opposée à l'Esprit, Satan à Christ, et le monde au Père (Gal. 5 ; Gen. 3 : 1 ; 1 Jean 2). Ce sont là nos trois ennemis, et il importe beaucoup de discerner ce qu'ils voudraient produire. Ainsi, par exemple, au lieu de nous demander avec inquiétude en quoi consiste la mondanité, demandons- nous simplement : ceci est-il du Père ? Et si nous comprenons que la chose ne l'est pas, c'est qu'elle est du monde.

            Il n'y a pas de neutralité dans l'Ecriture. Tout ce qui n'est pas de l'Esprit est de la chair, et ce qui n'est pas de Christ est de Satan.

            Nous sommes entrés dans ces détails pratiques en méditant les paroles de l'épouse, mais nous ne savons pas si de semblables pensées occupaient son esprit.

            « Je suis noire ». Ses paroles sont relatives à son aspect extérieur, à son teint ; elle est brûlée par le soleil. Et elle ressent vivement le regard plein de curiosité des filles de Jérusalem. « Ne me regardez pas, parce que je suis noire, parce que le soleil m'a regardée ». Il fut un temps où la fille de Sion était « belle et glorieuse, un sujet de louange sur la terre ». « Ta renommée, dit le prophète, se répandit parmi les nations à cause de ta beauté ; car elle était parfaite par ma magnificence que j'avais mise sur toi, dit le Seigneur, l'Eternel » (Ezé. 16 : 14). Mais, à cause de son ingratitude et de son infidélité, elle fut réduite à la triste condition d'une pauvre esclave brûlée par le soleil. Le prophète Jérémie, dans ses Lamentations sur la ruine de Jérusalem, décrit aussi de manière touchante ce qu'elle était jadis, et ce qu'elle est devenue à la suite de l'affliction et de la souffrance : « Ses nazaréens étaient plus purs que la neige, plus blancs que le lait ; leur corps était plus vermeil que des rubis, leur taille un saphir. Leur figure est plus sombre que le noir, on ne les connaît pas dans les rues ; leur peau s'attache à leurs os, elle est sèche comme du bois » (Lam. 4 : 7-8). Certes, il peut s'écrier dans l'amertume de son âme : « Comment l'or est-il devenu obscur, et l'or fin a-t-il été changé » (Lam. 4 : 1). Si les fruits du péché sont aujourd'hui redoutables, tristes et amers, que seront-ils dans l'éternité où il n'y aura plus d'espérance, et où le désespoir s'emparera de l'âme coupable ?

            Portons nos regards sur la croix, pour y voir nos péchés, tous nos péchés jugés, expiés, lavés dans le sang de Christ. Dieu et la foi connaissent seuls la puissance du sang de Jésus versé sur la croix, et se glorifient dans son éternelle efficace. Jugeons donc pleinement, aujourd'hui, le mal qui se trouve dans notre coeur ainsi que nos voies, et rappelons-nous que Christ en a porté tout le poids à la croix. Ce qui lui a été imputé ne nous sera jamais imputé. « Bienheureux l'homme à qui l'Eternel ne compte pas l'iniquité, et dans l'esprit duquel il n'y a point de fraude ! » (Ps. 32 : 2).

             Lorsque nous avons saisi que Christ par son sacrifice a porté et ôté pour toujours tel péché sur lequel nous menons deuil, toute fraude s'en va ; nous n'avons plus aucun désir de cacher, d'atténuer, ou d'excuser notre péché. Il a été ôté à la croix, et maintenant, sur ce fondement, il est pardonné. En présence d'un tel amour, la crainte est bannie ; nous avons une entière liberté et le coeur au large devant Dieu. Nous ne pouvons que célébrer le Seigneur pour la grâce infinie dont il a usé envers nous. Cet adjectif « noir » sert généralement dans l'Ecriture à caractériser un état de souffrance. Ma peau, disait Job, « devient noire et se détache de dessus moi, et mes os sont brûlés par la sécheresse » (Job 30 : 30). Il en est de même d'Israël rebelle, mais dans notre passage, la confession de l'épouse est comparable à ce que tous les croyants peuvent exprimer avec foi : « je suis noire, mais je suis agréable ».

             Mes péchés étaient comme le cramoisi ; en Christ, ils sont plus blancs que la neige (Es. 1 : 18). Ce sera le langage du résidu craignant Dieu, qui sera passé par la détresse de Jacob. Il aura été douloureusement noirci par l'ardeur de la grande tribulation. Ces Juifs pieux seront persécutés sous l'Antichrist, le grand oppresseur, et même leurs frères selon la chair se tourneront contre eux : « Ecoutez la parole de l'Eternel, vous qui tremblez à sa parole : Vos frères qui vous haïssaient, qui vous rejetaient à cause de mon nom, disaient : Que l'Eternel soit glorifié, et que nous voyions votre joie ! Mais eux, ils seront confus » (Es. 66 : 5).

            « Les fils de ma mère se sont irrités contre moi, ils m'ont mise à garder les vignes ». Comme Ruth, les vignes où elle a été forcée de travailler sont devenues les siennes. Heureuse désormais, dans l'amour de son grand libérateur, elle peut parler de ce qu'elle est à ses propres yeux : noire comme les tentes de Kédar, mais agréable comme les tentures de Salomon. Les fils d'Israël utilisaient des peaux velues de leurs boucs noirs pour la couverture extérieure de leurs tentes. Elles avaient ainsi dans le désert un aspect extrêmement noir sous les rayons du soleil. Certainement, placé sous les rayons du soleil de justice, l'homme serait plus noir que la tente de ces nomades. Mais si le sentiment de notre laideur est susceptible de nous troubler encore, il ne trouble plus le Seigneur : il l'a éloignée pour toujours. Le jugement de Dieu et celui de la foi sont les mêmes : « tes péchés (qui étaient en grand nombre) sont pardonnés » (Matt. 9 : 2) ; le sang de Jésus-Christ, le Fils de Dieu, nous purifie de tout péché (1 Jean 1 : 7).

            L'expression « tentures de Salomon » fait penser au magnifique voile du temple de Salomon, type de la sainte humanité de Jésus. Tous les croyants seront rendus semblables à l'Homme parfait, maintenant dans le ciel, le chef de la nouvelle création. « Comme nous avons porté l'image de celui qui est poussière, nous porterons aussi l'image du céleste » (1 Cor. 15 : 49). Les filles de Jérusalem introduites ici, sont bien sûr distinctes de l'épouse, quoique étroitement unies avec elle, comme le montre leur place dans cette magnifique scène. Si l'épouse représente la cité bien-aimée, Jérusalem, la capitale terrestre du grand roi, les filles de Jérusalem peuvent représenter les villes de Juda, ce qui explique leur présence en maintes occasions. Mais elles n'atteignent jamais dans la faveur du roi la position de l'épouse. Selon la parole du Seigneur, Jérusalem doit toujours avoir la prééminence : « Car maintenant j'ai choisi et sanctifié cette maison, afin que mon nom y soit à jamais ; et mes yeux et mon coeur seront toujours là » (2 Chr. 7 : 16).