2 CHRONIQUES 1 à 9 : Le règne de Salomon (3)
2 CHRONIQUES 5 : 2 à 7 : La dédicace du temple
1– L'entrée de l'arche dans l'oracle, la louange, la gloire de l'Eternel remplissant la maison : (2 Chr. 5 : 2-14)
1. 1 L'arche portée par les lévites dans le lieu très saint (5 : 2-9)
Selon les directives de l'Eternel (1 Chr. 15 : 2), l'arche est solennellement portée par les lévites, de la cité de David, à la maison magnifique que Salomon lui a préparée. Le tabernacle et ses ustensiles qui étaient à Gabaon rejoignent l’arche dans le temple. Le souvenir du voyage dans le désert reste ainsi continuellement devant Dieu. Cette installation de l’arche se fait au 7ème mois, à la fête des tabernacles (Lév. 23: 34) et elle est accompagnée d’un grand nombre de sacrifices, exprimant la joie et la communion.
L’arche est placée sous les ailes des chérubins, dans le lieu très-saint (v. 7). Les barres qui servaient à son transport dans le désert, sont toujours là ; elles se voient dans l’intérieur du temple, mais pas de l’extérieur (v. 9). Elles rappellent la traversée du désert et en même temps la grâce divine qui avait accompagné le peuple. Cette même grâce nous introduit avec Christ dans la maison de Dieu.
1. 2 Le contenu de l'arche (5 : 10)
L’arche ne contient plus que les tables de la Loi. Même dans le règne millénaire, la loi de Dieu demeurera. Elle sera respectée par tous, parce qu’elle sera au-dedans d’eux, « écrite sur leurs cœurs » (Jér. 31 : 33) ; ils auront l’Esprit de Dieu au-dedans d’eux (Ezé. 36. 27).
La cruche d’or remplie de manne a disparu. Il n’est plus besoin du souvenir de la nourriture du désert, ou de Christ nourrissant les siens pendant son absence, puisque le Roi est là. Pour la même raison, la verge d’Aaron, qui rappelait la sacrificature d’intercession d’Aaron dans le désert (Nom. 16 : 46-48) n’a plus de raison d’être, puisque le Roi, sacrificateur sur son trône est présent (Zach. 6. 13).
Il n’est pas parlé des ustensiles du parvis, ni de l’autel d’airain érigé par Moïse et où Dieu venait en grâce rencontrer le pécheur. Cet autel du désert est remplacé par celui de Salomon, qui correspond lui-même à l’autel dressé par David sur l’emplacement de l’aire d’Ornan. L’autel de Salomon n’est mentionné qu’en passant dans le premier livre des Rois (8 : 22) qui présente un autre aspect de la scène de louange qui se déroule sous nos yeux.
L’arche a enfin trouvé un lieu de repos (Ps. 132 : 8), mais la scène millénaire évoquée par ces chapitres, n’est pas celle du repos éternel et définitif pour le trône de Dieu. Toute la scène de bénédiction millénaire décrite ici prendra fin quand les nouveaux cieux et la nouvelle terre seront établis.
1. 3 Louange et manifestation divine (5 : 11-14)
Ces versets ne figurent pas dans le premier livre des Rois ; ce qu’ils expriment a donc un caractère propre au livre des Chroniques. C’est bien l’image du culte millénaire où « le chant de triomphe et de louange » sera entonné (2 Chr. 20 : 21). L’Eternel y est célébré « de ce qu’Il est bon, parce que sa bonté demeure à toujours » (1 Chr. 16 : 41 – 2 Chr. 7 : 3, 6 ; Ps. 106 : 1 ; 107 : 1 ; 118 ; 136 ; Jér. 33. 11). Tous les instruments de musique retentissent comme au Psaume 150, qui décrit la même scène.
C’est ici qu’à lieu à proprement parler la dédicace de l’autel (7 : 9) précédant la fête des tabernacles ; seul le livre des Chroniques montre la gloire de l’Eternel remplissant deux fois la maison (5 : 14 ; 7 : 2). De fait, il y a eu deux fêtes : l’une de 7 jours : la dédicace de l’autel, et l’autre de 8 jours : la dédicace de la maison ou la fête des tabernacles (7 : 9). Lors de ces fêtes, les chantres et les musiciens se trouvent là entonnant le même cantique et en présence de la gloire de Dieu qui remplissait le temple, sujet bien approprié à ce livre qui nous parle du culte et de l’accomplissement des conseils de Dieu.
Le cantique : « Sa bonté demeure à toujours » est caractéristique du règne millénaire à son début. Comme nous l'avons fu, il est mentionné deux fois dans ces chapitres en rapport avec la gloire de l'Eternel alors qu'il n'est pas mentionné dans le livre des Rois. La scène est bien plus complète ici : les conseils de Dieu quant à l’établissement de la royauté de Christ sur la terre sont enfin accomplis en type.
On peut remarquer que le nom de Dieu remplace souvent celui de l’Eternel dans ces chapitres, faisant allusion à ses relations avec les nations qui reconnaissent le Dieu d’Israël comme leur Dieu.
2. 1 La bénédiction de la congrégation d'Israël (6 : 1-3)
L'Eternel a accompli la parole dite à David. La maison de l’Eternel est achevée. Maintenant Salomon va exprimer sa reconnaissance envers l'Eternel, devant son peuple.
Salomon a bâti « une maison d'habitation » pour que l’Eternel y demeure à toujours (v. 2). Il parle d'un « lieu fixe » qui évoque la stabilité et de la gloire du millénium, en contraste avec la tente du tabernacle. Dieu n’habitera « avec les hommes » que dans l’état éternel (Apoc. 21 : 3). L'Agneau est la lampe de la sainte cité, Jérusalem, descendant du ciel d’auprès de Dieu (Apoc. 21 : 23).
« Et le roi tourna sa face, et bénit toute la congrégation d’Israël » (v. 3). Il y a une dignité remarquable dans l'attitude de Salomon, qui représente la gloire et la dignité du Seigneur lui-même. Il présente ainsi Celui qui seul pouvait bénir. Le peuple est debout, attitude respectueuse devant la grandeur du Dieu des cieux et la magnificence de son œuvre dans sa maison. Pour s'approcher de Dieu et se tenir debout en sa présence, il faut avoir été rendu propre à occuper une telle position.
Salomon peut se tenir devant l'Eternel, alors que les sacrificateurs selon la Loi ne pouvaient pas se tenir dans la présence de Dieu sauf Aaron, une fois par an, non sans présenter du sang (Héb. 9 : 7). Mais ici, Salomon figure Christ, l'homme selon la pensée de Dieu, qui peut se tenir devant Dieu. Il est roi et sacrificateur sur son trône, non selon l'ordre d'Aaron, souligne Hébreux 7, mais selon celui de Melchisédec qui bénit Abram et qui bénit le Dieu Très-haut (Gen. 14 : 19-20). Il est là comme Celui qui, par sa sacrificature non plus en intercession mais en bénédiction, tourne le cœur du peuple vers Dieu pour le constituer adorateur.
2. 2 « Béni soit l'Eternel, le Dieu d'Israël » (6 : 4-11)
Après avoir béni Israël, Salomon apporte la bénédiction à l'Eternel pour cette œuvre magnifique qui est achevée. Sur le terrain de la Loi, Salomon n’aurait pas pu se tenir devant Dieu ; mais il sait que tout est fondé sur la grâce, les grâces assurées de l'Eternel envers David (v. 42).
Comme roi et sacrificateur, Salomon est identifié à Joshua, le grand sacrificateur sur la tête duquel Zacharie pose des couronnes royales ; le grand sacrificateur est un type de Christ dans la gloire, roi et sacrificateur pour l’éternité. « Voici un homme dont le nom est Germe… Lui, il bâtira le temple de l’Eternel, et il portera la gloire, et il s’assiéra, et dominera sur son trône, et sera sacrificateur sur son trône » (Zach. 6 : 11-13).
Salomon rappelle ce que Dieu a été de tout temps pour le peuple :
- les conseils immuables de Dieu (v. 4) :
Salomon rappelle au peuple que Dieu a accompli sa parole dite à David (4b, 10). Il avait choisi Jérusalem comme lieu de son habitation. Salomon réalise bien que ce qui lui a été donné d’accomplir avec ce temple, n'est pas son œuvre, mais celle de Dieu. Dieu a accompli sa parole, « comme l'Eternel l'a dit » (v. 10). Salomon a pu construire cette maison seulement parce que Dieu est un Dieu fidèle qui tient ses promesses.
Salomon fait remonter son rappel historique à la sortie d’Egypte (v. 5), presque 500 ans avant ; les conseils de Dieu datent de loin ; ils sont fidélité et vérité, des choses merveilleuses (Es. 25 : 1). Dieu a toujours eu à cœur d'habiter au milieu de son peuple. Il habitait dans la proximité même d’Adam. Mais à cause du péché, Il a dû mettre une distance entre l'homme et lui. Salomon le rappelle : « L’Eternel a dit qu’il habiterait dans l’obscurité profonde » (v. 1). Dieu avait dit à Moïse: « Tu ne peux pas voir ma face, car l’homme ne peut me voir et vivre » (Ex. 33 : 18-23). Aussi, même des hommes qui vivaient dans la proximité de Dieu (Daniel, à Babylone, Jean à Patmos, les disciples sur la montagne de la transfiguration), ont été saisis de crainte lorsque Dieu s’est manifesté à eux.
Cependant la délivrance d’Egypte n’était-elle pas une manifestation de la seule grâce de Dieu envers son peuple ? Celui-ci s'était placé sous la Loi, après le Sinaï, et Dieu a habité au milieu de lui dans le désert, mais caché dans l’obscurité du lieu très saint, derrière le voile. L’expérience des relations avec l’homme a suffisamment démontré que Dieu ne peut pas s'approcher de l'homme sur un terrain légal, mais uniquement sur celui de sa pure grâce. « La Parole devint chair et habita au milieu de nous (et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme d’un Fils unique de la part du Père) pleine de grâce et de vérité » (Jean 1 : 14). Dieu a habité dans la Personne de son Fils au milieu de nous, et le croyant peut maintenant contempler « à face découverte la gloire du Seigneur » (2 Cor. 3 : 18).
- Dieu est souverain (v. 5-6) :
« J’ai choisi Jérusalem, afin que mon nom y soit… j’ai choisi David… » (v. 6). Dieu a toute autorité ; Il décide, choisit, fait toutes choses selon sa souveraineté pour le bien de son peuple et pour sa gloire. Et l'Eternel « a accompli sa parole… » (v. 4, 10). La citation du Psaume 110, en Hébreux 7, concernant Melchisédec, montre bien que quand l'Eternel a décidé une chose, il l'accomplit (Nom. 23 : 19 ; Es. 14 : 24) ; ce que sa bouche a dit, sa main l'accomplira. Comme chrétiens, nous attendons le Seigneur qui a dit : « Je viens bientôt » (Apoc. 22 : 7). Il accomplira sa promesse.
L’Eternel utilise des hommes qu’Il a choisis. David avait obéi et avait tout préparé ; mais Dieu reste le maître absolu de toute la situation, et tout s’accomplit selon sa pensée. Nous voyons d'une part sa souveraineté, et d’autre part, du côté de l’homme, l’obéissance et la soumission. Au-dessus de tout, c'est la Parole de l'Eternel qui s'accomplit toujours.
3. 1 Sur une estrade d'airain (6 : 12-13)
Ce passage, qui ne figure pas dans le premier livre des Rois, est bien en accord avec le thème central du livre des Chroniques : celui de la grâce.
L’estrade est en airain ; elle a les mêmes dimensions que l’autel d’airain, construit par Betsaleël : 5 x 5 x 3 coudées (Ex. 27 : 1). Salomon l’a dressée « au milieu de la cour » (v. 13a), le parvis du tabernacle où se trouvait autrefois l'autel d'airain. Celui-ci, comme on l'a déjà remarqué, n'est pas mentionné parmi les ustensiles apportés de Gabaon dans le temple (5 : 5 ; 1 Rois 8 : 4). Il a donc disparu pour être remplacé par cette estrade de même matériau. Ainsi, le lieu où la victime pour le péché a été offerte (la croix sur laquelle Christ est mort pour le péché) devient le lieu où Salomon, figure de Christ, est glorifié aux yeux de tout le peuple. Combien cet endroit nous parle de Christ. Son oeuvre est achevée et « maintenant, le fils de l’homme est glorifié » (Jean 13 : 31).
Sur cette estrade, Salomon « fléchit les genoux… et étendit ses mains vers les cieux » (v. 13b). Il intercède pour Israël qui par sa conduite ultérieure, se rendra coupable, risquant d’anéantir les conseils de Dieu, si tant est que cela soit possible. Il est une figure de Christ dans son rôle d’avocat (1 Jean 2 : 1-2), basé sur la propitiation qu’Il a faite à la croix. L’intercession de Salomon était inséparable de cette estrade, qui rappelait l’autel d’airain.
3. 2 Fidélité et grandeur de Dieu (6 : 14-18)
Salomon rappelle la fidélité de Dieu qui donne toujours ce qu’Il a promis (v. 14-15). Mais pour goûter ses promesses, il faut obéir. Le roi en a conscience et c’est ce qu’il rappelle au verset 16. Aucun homme ne peut vivre dans une sainteté sans faille. « Nous faillissons tous à bien des égards (Jac. 3 : 2). Salomon en fera lui-même l’expérience, mais il est à noter que dans les Chroniques ses manquements sont passés sous silence. Le roi de paix nous y est présenté, attaché à l’Eternel et confiant dans Sa bonté.
Au verset 18, Salomon proclame l’infini de Dieu : Il ne peut être renfermé dans des limites humaines. Cependant, ce Dieu si grand fait cas de l’homme et veut habiter avec lui. Il est prêt à le sauver, à le bénir, à le rendre heureux s’il se tourne vers Lui.
Salomon réalisait bien qu’une maison terrestre aussi magnifique fût-elle, ne pouvait être une habitation définitive pour Dieu. Le Dieu qui a fait les bouts de la terre, qui est de toute éternité, ne peut habiter dans des « demeures faites de main » ; cette expression est employée par Etienne quand il évoque le temple de Salomon (Act. 7 : 48) et par Paul à Athènes (Act. 17 : 24).
Aujourd’hui le Seigneur habite dans l’assemblée par son Esprit (Eph. 2 : 22), et parlant d’une assemblée locale, Il promet : « Là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis là au milieu d’eux » (Matt. 18 : 20). Ce lieu où Il a promis de venir doit porter la marque de l'autorité de son propriétaire. On ne s'y conduit pas n'importe comment ; son autorité doit être reconnue, sa présence désirée, goûtée et aimée. C’est dans la mesure où nous l'aimons, où nous réalisons son autorité sur nos cœurs, que nous pourrons jouir de sa présence au milieu de nous.
Cette maison a été bâtie pour y mettre l'arche, figure de l'autorité du Seigneur sur nos cœurs, et pour faire fumer l'encens, c'est-à-dire adorer. Réalisons- nous que la présence du Seigneur au milieu des « deux ou trois » est un privilège inestimable ?
3. 3 Appel à la grâce de Dieu : « Ecoute et pardonne » (6 : 19-39)
Dans les versets 19 à 39, Salomon intercède pour différents cas précis. Dans toutes ces situations, il fait appel à la grâce de Dieu en répétant ces paroles comme un refrain : "Ecoute et pardonne... écoute et agis... écoute et fais-leur droit".
- Intercession en faveur de tous (v. 19-21) : Salomon intercède pour lui et pour Israël; Il demande que les yeux de l’Eternel soient continuellement sur sa maison pour écouter les supplications et pardonner, en relation avec Son nom. Avons-nous un tel désir de grâce, aussi ardent, en faveur de tous nos frères et soeurs dans la foi ?
- Péché d’une personne (v. 22-23) : Salomon pense à la parole prononcée avec serment devant l’autel par l’homme qui a péché contre son prochain ; il fait appel à la justice de Dieu qui agit selon sa parfaite connaissance.
- Trois cas de péché du peuple (v. 24-31) :
. le péché a entraîné une défaite : le peuple doit retourner à Dieu, confesser son nom et Le supplier, afin qu’Il pardonne et ramène les siens dans le lieu de la bénédiction.
. le péché a provoqué la sécheresse : cette épreuve a pour but d’atteindre les consciences et de ramener le peuple vers Dieu, après avoir produit la conviction de péché.
. le péché est sanctionné par une plaie, la famine, une épidémie ou une guerre : de tels avertissements solennels produiront un appel à Dieu qui seul peut guérir et délivrer ; la crainte pour « marcher dans ses voies » sera désormais manifestée.
- Demande d’un étranger (v. 32-33) : L'étranger représente les croyants « tirés » des nations. Pendant le millénium, selon la prophétie de Zacharie, les étrangers des nations « saisiront, oui, saisiront le pan de la robe d’un homme juif, disant : Nous irons avec vous, car nous avons oui dire que Dieu est avec vous » (Zach. 8. 23). Ils participeront aux bénédictions d’Israël : « Que le fils de l’étranger ne parle pas, disant : l’Eternel m’a entièrement séparé de son peuple… les fils de l’étranger qui s’attachent à l’Eternel pour le servir et aimer le nom de l’Eternel… je les ferai venir à ma montagne sainte, et je les rendrai joyeux dans ma maison de prière » (Es. 56 : 3, 6-7).
- Combat pour Dieu (v. 34-35) : Lorsque le peuple combat dans le chemin où Dieu l’envoie, il connaît la délivrance de Dieu en réponse à sa prière et à sa supplication.
- Persistance dans le péché,qui a entraîné la déportation (v. 36-39) :
Ici Salomon, comme Moïse en son temps, prévoit la captivité du peuple chez un ennemi envoyé par Dieu (Lév. 26 : 33-45 ; Deut. 28 : 65-48). Dieu ne se trompe pas et sait d’avance ce qu’il adviendra du peuple en s'engageant dans l'alliance. Cette éventualité n’aurait jamais dû se produire ; mais même dans ce cas, humainement irrémédiable, s'ils reviennent de tout leur cœur et de toute leur âme et prient, l'Eternel écoutera et pardonnera (v. 38). Cette parole prophétique de Salomon s’accomplira 400 ans plus tard : une grande partie du peuple avec Daniel et ses compagnons, sera déportée à Babylone par Nébucadnetsar. Jérusalem sera entièrement détruite et le temple qui s’élevait dans toute sa splendeur au temps de Salomon, sera réduit en cendres. Malgré cette ruine totale, le cœur de Daniel restera toujours tourné vers Jérusalem (Dan. 6 : 10). On aurait pu lui dire : Il n'y a plus rien, tout est réduit en cendres, le temple n'existe plus ! Mais Daniel s’appuiera sur la Parole. Sa foi n’exprimera pas une pensée personnelle, mais se basera sur ce que Dieu avait dit par Salomon dans ces versets 37 et 38 qui apportent la garantie divine que si le peuple se tournait vers Jérusalem, il serait exaucé.
Dans les versets 21 à 38, il est question de se tourner vers l’Eternel, vers son autel, vers sa maison et de confesser le péché. Salomon demande le pardon de Dieu sur toutes leurs fautes confessées. « Il y a pardon auprès de toi » (Ps. 130 : 4). Dieu aime pardonner, mais ne peut le faire tant que le péché n’est pas confessé. S’ils « rentrent en eux-mêmes… disant : Nous avons péché… », et qu’ils le disent « de tout leur cœur et de toute leur âme » (v. 38), ils témoigneront alors d’une vraie repentance. C’est beaucoup plus profond que de dire rapidement : Nous nous sommes trompés, nous ferons mieux la prochaine fois ! Les Israélites devaient, pour prier, se tourner vers Jérusalem, vers cette maison ; mais nous, croyants de l’Eglise, avons un libre accès à Dieu, au trône de la grâce, « par le chemin nouveau et vivant » que le Seigneur nous a ouvert « à travers le voile, c'est-à-dire sa chair » (Héb. 10 : 19). Nous sommes déjà une « nation sainte » (1 Pier. 2 : 9). « Il a fait de nous un royaume, des sacrificateurs pour son Dieu et Père » (Apoc. 1 : 6).
Au verset 29, la supplication peut venir d’un homme quelconque ou de tout le peuple. Ici, Salomon est moralement seul en présentant cette supplication, comme le sera Daniel plus tard (Dan. 9). C’est aussi à cause de l’intercession et de l’humiliation personnelle d’Esdras et de Néhémie que le peuple a le cœur touché et se rassemble.
3. 4 Les vœux de Salomon (6 : 40-42)
Ces deux versets manquent dans les Rois. Salomon présente à l'Eternel ses désirs qui sont conformes à Sa pensée. Dieu répondra favorablement et au début du chapitre 7, la gloire de l'Eternel remplissant la maison manifeste son approbation sur toutes les demandes du roi.
Le Psaume 132 nous entretient des afflictions de David dans son fervent désir de trouver des demeures pour le Puissant de Jacob. L’objectif secret de David, à travers l’épreuve, était de bâtir une habitation pour Dieu, afin qu’Il revienne habiter au milieu de son peuple et que celui-ci revienne à Lui. Il y pensait continuellement (Ps. 132 : 3-5). Quand Salomon dit ici : « Lève-toi pour entrer dans ton repos... » (v. 41), il voit la réalisation tangible de ce qui avait préoccupé si intensément le cœur de son père.
Mais dans ce monde, il est impossible de trouver le repos ; tout est en désordre et souillé par le péché (Mich. 2 : 10). C'est à cause de la souillure du péché que le repos est impossible. Les afflictions de David évoquent pour nous les afflictions de Jésus, les souffrances qu’Il a endurées à la croix. C’est à cause des souffrances de Jésus que Dieu pourra retrouver son « repos », perdu du fait du péché, et qu’Il introduira son peuple dans ce repos-là. Salomon voit très loin quand il décrit ces sacrificateurs « revêtus de salut » et des saints qui chantent de joie. Dans le Psaume 132 : 9, c'est le salut et la joie milléniale (v. 9), le repos des élus que rien ne pourra venir troubler : « une joie éternelle sera sur leur tête » (Es. 35 : 10 ; 51 : 11). Ce repos permanent et cette joie éternelle nous reportent au Seigneur : à cause de Lui et par Lui, Dieu pourra déverser sa bénédiction pendant Son règne.
L'Ancien Testament se termine par la malédiction (Mal. 4 : 6). La première page du Nouveau Testament présente Jésus Christ, Celui qui seul peut apporter la bénédiction ; et il se termine par la pensée de la grâce (Apoc. 22 : 21). Après l’énoncé des malédictions en cas de désobéissance, ce chapitre 6 se termine aussi sur les « grâces envers David, son serviteur ». Les saints se réjouissent dans la bonté de Dieu. Les « grâces de David » sont ce que la bonté de Dieu lui a accordé. Le Psaume 89 parle de la bonté et de la fidélité de l’Eternel qui accompagneront David, son serviteur (v. 1-3) ; son fils Salomon représente prophétiquement, dans ce Psaume, Christ qui sera élevé à la position de « Premier-né, le plus élevé des rois de la terre » (v. 27), et auquel la bonté et la fidélité ne seront jamais retirées. Ici, Salomon dit : Souviens-toi de ta miséricorde, de tes grâces envers David. C’est comme si Salomon disait : Je ne peux pas me tenir devant toi sur le pied de la responsabilité, car je sais que sur ce terrain-là, le peuple faillira ; mais je ne peux que faire appel à ta grâce.
Cette prière de Salomon est magnifique. Après lui, peu nombreux sont ceux qui ont manifesté un tel attachement pour cette maison où l'Eternel avait mis la mémoire de son nom. Citons toutefois quelques rois pieux : Josaphat, Ezéchias, Josias ; et après la déportation, des serviteurs fidèles, Daniel, Esdras et Néhémie.
Tous ceux qui ont assisté à la prière de Salomon ont vu que l'Eternel était là. Salomon les a avertis du mal qui leur arriverait s'ils désobéissaient et les a invités très vivement à suivre l'Eternel. Le peuple tout entier est engagé à se réjouir en sa bonté (v. 41) ; mais pour pouvoir se réjouir, il fallait que leur état collectif soit en accord avec la sainte présence de leur Dieu. En Malachie 3 : 16-17, la crainte de l’Eternel ne caractérise plus qu’un petit nombre de personnes, et il ne s’agit plus du peuple collectivement. Nous pouvons nous réjouir dans le Seigneur pendant un temps, puis les affections se relâchent ; c'est pourquoi il faut toujours regarder à Lui.
4. 1 L'approbation de Dieu (7 : 1-3)
Le feu descend du ciel et la gloire remplit la maison. L’Eternel a écouté la prière de Salomon et Il y répond publiquement, et de façon visible, aux yeux de tout le peuple, en faisant descendre le feu du ciel. Pour la seconde fois, la gloire de l’Eternel vient remplir la maison. C’est un signe d’approbation sur le règne de Salomon, et sur son désir de dépendance et de crainte de l’Eternel. Ici la réponse est publique, tandis qu'au verset 12, elle sera secrète, personnelle.
Ici il n'est pas question de la grandeur du roi, ni de la mesure de sa foi ; Dieu répond, quelle que soit la foi, grande ou petite (Matt. 15 : 28 ; 14 : 31).
Le peuple sait qu'il est accepté par Dieu et n’est pas effrayé comme au Sinaï où l’Eternel était apparu en gloire et en sainteté, de telle sorte que même Moïse était épouvanté et tout tremblant. Ici, Dieu apparaît en gloire et en grâce. Le feu ne vient pas pour consumer le peuple, mais l’holocauste et les sacrifices. Ils s’inclinent le visage contre terre, se prosternent dans l’adoration devant cette gloire qui remplit le saint lieu et ils célèbrent l’Eternel et sa bonté qui « demeure à toujours » (v. 3).
A la fin de Lévitique 9, le feu sort de devant l'Eternel et consume l’holocauste sur l'autel (v. 24) ; le peuple pousse des cris de joie et tombe sur sa face. Là, le peuple ne dit pas que sa bonté dure à toujours ; il n’en avait pas encore fait toute l’expérience. Mais après des centaines d'années et bien des générations, marquées par l'infidélité et les épreuves douloureuses qui en découlèrent, il est précieux pour le cœur de ce peuple de rappeler qu'au-dessus des nuages brille la bonté divine qui demeure à toujours. fait grâce.
4. 2 Sacrifices de la dédicace, suivis par la fête des tabernacles (7 : 4-11)
Salomon a probablement offert beaucoup de sacrifices pendant les 40 ans de son règne, mais ceux de la dédicace de la maison de Dieu sont consignés dans la Parole : 22 000 bœufs et 120 000 moutons offerts en holocauste et en sacrifices de prospérités (v. 5). Tous ces sacrifices de prospérité nous parlent d’une plénitude de paix, de joie, de communion céleste. Il y avait tellement de sacrifices que Salomon doit sanctifier le parvis (v. 7), le réserver à un usage insolite parce que l'autel d'airain construit par Salomon pourtant presque quatre fois plus grand que celui du désert était apparemment trop exigu pour tant d'offrande. Pour nous, il y a eu une seule offrande qui nous a rendus « parfaits à perpétuité » (Héb. 10 : 10, 11, 14). Maintenant, nous sommes en communion avec le Fils et avec le Père et nous pouvons jouir d’une joie complète (1 Jean 1 : 4).
Sur quel terrain nous tenons-nous là ? Sur celui d'une œuvre parfaite. Comment y venons-nous ? « Avec quoi m’approcherais-je de l’Eternel... avec des holocaustes... des milliers de béliers, des myriades de torrents d’huile ? » (Mich. 6 : 6-7). Ce qui compte pour Dieu, c’est la base, c’est notre état moral, celui convient devant Dieu, pour que nous puissions jouir, dans sa présence, des bénédictions qu'Il a préparées pour nous.
La fête se déroule en trois phases, évoquant les 3 dernières fêtes de Lévitique 23 :
- Les sacrificateurs sonnent des trompettes pour assembler le peuple (v. 6) ; Lors de la sainte convocation ordonnée en Lévitique 23, le premier jour du 7ème mois (v. 23-25), devait retentir le son éclatant des trompettes (Nom. 29 : 1). Cette fête symbolise l’appel au peuple pour sa restauration, l’appel à revenir ; c’est, prophétiquement, le réveil du résidu juif à la veille de la grande tribulation annoncée par le Seigneur lui-même (Matt. 24 : 21).
- La dédicace de l’autel a lieu pendant sept jours (v. 8) ; ce qui correspond à la fête des propitiations pour les péchés (Lév. 16 : 27), le 10ème jour du mois. C’était sur ce terrain de la confession et de la repentance, qu’Israël pouvait revenir et retrouver la paix, la joie, la communion avec Dieu.
- La fête de la dédicace de la maison est célébrée pendant sept jours (v. 9) ; elle se termine par un huitième qui est le vingt-troisième jour du 7ème mois (v. 10). Le 15ème jour, commençait la fête des tabernacles, pendant 7 jours jusqu’au 22ème jour. Cette fête figurait le repos de Dieu, dans lequel le peuple allait entrer. Le peuple était appelé à se souvenir de tout ce que l'Eternel avait fait pour lui dans le désert, pour l’amener dans son repos. Au 23ème jour, il y avait un « huitième jour », symbole de renouveau, de résurrection, d’éternité, un jour de joie céleste, mettant fin définitivement aux épreuves du voyage sur la terre. Israël peut se réjouir de ce que Dieu a été et a fait pour eux.
Cette fête de la dédicace de la maison, se terminant au 23ème jour, est, comme la fête des tabernacles, l'anticipation de la gloire, du repos et de la joie du millénium, dans lequel le peuple entrera en vertu du sacrifice du Seigneur Jésus, le vrai Salomon. Nous aussi, une fois venus à Christ, nous ne devons pas nous reposer sur nos sentiments, mais sur son œuvre, le sacrifice fait une fois pour toutes, et alors nous pourrons goûter la communion avec le Seigneur Jésus. Quelle relation bénie !
Salomon peut renvoyer le peuple à ses tentes, joyeux et le cœur heureux à cause du bien que l'Eternel avait fait à David, à Salomon et à son peuple. L’obéissance a conduit à réaliser la présence de Dieu, et elle a procuré la joie. La maison de l'Eternel est achevée, ainsi que celle de Salomon ; la promesse faite à David est accomplie (v. 11).
4. 3 Nouvelles apparitions divines et réponse à la prière de Salomon (7 : 12-22)
Dieu était avec Salomon, car Salomon avait obéi, sans s’écarter de sa Parole. Alors Dieu lui apparaît à nouveau (v. 12), pour confirmer sa satisfaction de voir le peuple et Salomon agir de cette manière-là.
Dieu s’était choisi « ce lieu-ci pour une maison de sacrifice » (v. 12). L'arche de Dieu a trouvé ainsi son repos. C'est le désir de Dieu d'avoir une maison où on lui apporte des sacrifices, c'est-à-dire là où Il est adoré. C'est toujours ce que Dieu désire aujourd'hui. Chacun peut adorer chez lui, mais ce qui est en vue ici, c’est le culte rendu en commun.
Le verset 14 montre le chemin pour revenir à Dieu après avoir péché :
- Premièrement : s'humilier. Ce peuple s'est égaré en se détournant de Dieu, ce qui peut arriver à chacun. « Qu’est-ce que l’Eternel recherche de ta part, sinon… que tu marches humblement avec ton Dieu ? » (Mich. 6 : 8). La première et la seule chose qui convient est de s'humilier, et non de chercher des excuses. Job cherchait toujours à se justifier, mais à la fin il justifie Dieu, et s'humilie.
- Deuxièmement : prier, se tourner résolument vers Dieu, car les faux dieux ne répondent pas. Il faut prier parce qu'on s'est écarté, en exposant les difficultés, les épreuves comme celles envisagées au chapitre 6. Quand Manassé a été dans la détresse, il s'est humilié, et il a prié ; même dans un cas pareil, il y a encore des ressources auprès de Dieu qui s'est laissé fléchir et a écouté la prière. Quelle miséricorde dans le cœur de Dieu !
L’Eternel fait appel ensuite à la responsabilité personnelle de Salomon : « Si tu marches…si tu gardes… » (v. 17-18). L’approbation de l’Eternel était un encouragement à persévérer dans la fidélité et à être toujours à l'aise, en communion avec l'Eternel. C’était un avertissement très sérieux pour Salomon à toujours rechercher l'Eternel. Il demeure le même pour nous aujourd'hui. Lisons attentivement ces exhortations à revenir, à nous humilier, à confesser nos fautes et à rechercher la face du Seigneur - démarches qui sont suivies par le pardon et la bénédiction. L’Eternel rappelle à Salomon l’exemple de son père : « comme a marché David, ton père » ! Il y a une bénédiction prévue : l’affermissement de son trône.
Des avertissements collectifs viennent ensuite, plus longs que la bénédiction du verset 18, montrant les conséquences désastreuses de l’abandon de l’Eternel. Restons bien dans la proximité du Seigneur, car nos cœurs naturels ont toujours tendance à se croire capables de s'améliorer par eux-mêmes.
Le peuple, pas plus que son roi qui aurait dû montrer l’exemple, n'a su prendre garde aux commandements de l’Eternel ; il en est résulté la ruine totale et la déportation. Les nations se demandent comment c'est possible, et les Israélites sont l'objet de railleries (v. 20b). Salomon n'a pas pu répondre aux conditions du verset 17, et personne n’a jamais pu le faire, sinon le Fils de Dieu. Le but constant de Dieu est de bénir, mais c’est seulement à cause de son Fils et de son œuvre, que Dieu pourra bénir son peuple dans le millénium, et que des sacrifices seront de nouveau offerts et acceptés.
Ces derniers versets du chapitre montrent la dégradation progressive de l'état du peuple : ils commencent par se détourner, abandonnent les commandements de l’Eternel, puis l’Eternel lui-même ; ils se prosternent devant des idoles et finissent par les servir alors que seul Dieu qu'ils ont abandondné pouvait les satisfaire ; il fallait bien qu'ils s'attachent à quelque chose ! Au contraire, les Thessaloniciens s’étaient détournés « des idoles pour servir le Dieu vivant et vrai » (1 Thes. 1 : 10). Le peuple est moralement très bas et il est appelé à revenir, car il y a toujours une possibilité de retour s’il s’humilie, prie et revient de ses mauvaises voies (v. 14).
Cette réponse divine contenait donc des promesses pour ceux qui gardaient la Loi et des menaces pour ceux qui l'abandonnaient. Le peuple était toujours sous la menace de cette alliance conditionnelle du Sinaï, renouvelée lors de leur entrée en Canaan, basée sur son obéissance (Deut. 28 : 69). L'homme livré à lui-même est incapable de faire le bien, car dans ses « membres », il y a une autre loi qui le rend captif de la loi du péché (Rom. 7 : 23). Ce pauvre peuple juif abandonne l’Eternel et en subit les conséquences douloureuses. Mais, après sa restauration future, Israël jouira d’une autre alliance (Jér. 31 : 31), nouvelle, basée sur le seul engagement de Dieu, sur sa grâce seule.
Cette nouvelle alliance portera trois caractères distincts :
- le peuple sera conscient d’être l’objet d’un pardon absolu après s’être repenti.
- il aura une vraie connaissance de Dieu
- la Loi sera écrite dans leur cœur, et donnera à ce peuple juif le désir et la « capacité » de faire la volonté de Dieu ; il trouvera ses délices à la faire.
Il n'y a pas d'alliance avec les chrétiens, car ils sont des enfants de Dieu le Père. Or un père ne traite pas alliance avec ses enfants, mais il leur commande ce qu’il désire qu’ils fassent. Si le père demande quelque chose que l'enfant aime faire, celui-ci le fera joyeusement ; mais s’il ne l’aime pas, le fera-t-il parce qu'il est sous une alliance ? Non, mais il le fera tout de même parce qu'il aime son père. C’est la loi de la liberté. Comme des enfants, nous aimons notre Père et faisons les choses qu'Il nous demande.