LA MANNE
La manne donnée par Dieu à son peuple dans le désert de Sin (Ex. 16 ; Jean 6)
La manne au début du voyage (Nombres 11 : 1-9)
La manne à la fin du voyage (Nombres 21 : 1-9)
La manne en Canaan (Josué 5 : 10-12)
La manne, figure du « pain vivant descendu du ciel » (Jean 6)
La manne cachée (Apoc. 2 : 12 -17)
La manne au début du voyage (Nombres 11 : 1-9)
La manne à la fin du voyage (Nombres 21 : 1-9)
La manne en Canaan (Josué 5 : 10-12)
La manne, figure du « pain vivant descendu du ciel » (Jean 6)
La manne cachée (Apoc. 2 : 12 -17)
Dans ses premiers pas dans le désert de Sin, Israël était conduit par la grâce de son Dieu Sauveur ; Sinaï n'était pas encore atteint, où il allait présomptueusement prétendre obéir à tout ce que l'Eternel lui dirait ! Mais avant de se placer sous la loi, Israël allait commencer à apprendre les leçons du désert. Peuple racheté, il ne devrait plus chercher pour sa subsistance ce qui venait de la terre, mais il allait recevoir du ciel ce qui conviendrait à sa nouvelle condition.
Quelle grâce que celle de l'Eternel ! Il paraît dans la nuée, parce qu'Il a entendu les murmures de son peuple, et, bien loin de le consumer, Il lui annonce de la chair entre les deux soirs et au matin, du pain à satiété !
« Au matin, il y eut une couche de rosée autour du camp; et la couche de rosée se leva, et voici sur la surface du désert quelque chose de menu, de grenu, quelque chose de menu comme de la gelée blanche sur la terre »(Ex. 16 : 13-14). N'était-ce pas comme des « arrhes » des bénédictions du pays promis, béni par l'Eternel de ce qu'il y a de plus précieux dans le ciel atmosphérique, de la rosée (Deut. 33: 13) ? Et pourtant quand la couche de rosée se fut levée, il y eut cette merveilleuse manne, plus précieuse encore que la rosée, ce pain que l'Eternel faisait pleuvoir des cieux (v. 4), figure du « pain qui descend du ciel », selon l'enseignement du Seigneur Jésus : « Moi, je suis le pain vivant qui est descendu du ciel ; si quelqu'un mange de ce pain, il vivra éternellement ; or le pain que moi je donnerai, c'est ma chair, que je donnerai pour la vie du monde » (Jean 6 : 50-51). Les fils d'Israël ne pouvaient pas comprendre ce que représentait la manne. Ils se dirent l'un à l'autre : « Qu'est-ce que cela ? ». Et Moïse leur dit : « C'est le pain que l'Eternel vous a donné à manger » (Ex. 16 : 15).
La manne est une image touchante de Christ dans l'abaissement de son humanité sans tache. L'expression « quelque chose de menu, de grenu » (v. 14) rappelle à nos coeurs la parole du Seigneur : « Je suis débonnaire (ou : doux) et humble de coeur » (Matt. 11: 29), accessible ainsi aux plus petits parmi les hommes. Il est insisté sur l'aspect menu « comme la gelée blanche sur la terre », étincelante sous les rayons du soleil levant. N'est-ce pas là encore une figure de Christ dans tout l'éclat de sa pureté, tout en étant « sur la terre » ?
Le commandement de l'Eternel
« Recueillez-en, chacun en proportion de ce qu'il peut manger, un omer par tête, selon le nombre de vos personnes ; vous en prendrez chacun pour ceux qui sont dans sa tente » (Ex. 16 : 16). Nous trouvons dans ce verset un ensemble de commandements qui témoignent des soins attentifs de Dieu pour pourvoir à la nourriture de ses enfants.
Les fils d'Israël devaient recueillir la manne, chacun selon ses besoins. Il y a là un double exercice :
- D'abord, recueillir la nourriture offerte par l'Eternel, ce qui suppose une activité diligente. Nous lisons un peu plus loin (v. 21) que la récolte avait lieu le matin, avant que la chaleur du soleil, figure sans doute de l'effet de nos occupations quotidiennes, ne fasse disparaître la manne. Cela nous montre l'importance de recueillir dès le début de la journée la nourriture dont nos âmes et nos coeurs ont besoin. C'est ainsi que nous cherchons « ce qui est en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu » (Col. 3 : 1).
- Ensuite, la quantité de manne à recueillir était donnée avec exactitude : « un omer par tête, selon le nombre de vos personnes ». Nous comprenons donc que la tâche de recueillir la manne incombait à ceux qui avaient la responsabilité d'une tente ou d'une maison, « ceux qui sont dans sa tente ».
Cette pensée divine à l'égard de nos maisons se trouve d'ailleurs aussi de manière remarquable dans l'institution de la première Pâque (Ex. 12 : 3). Dieu nous enseigne que son peuple est composé de familles, ou de maisons, et c'est tout d'abord dans nos maisons que Dieu met à l'épreuve notre obéissance à sa Parole. Là, commence notre service et notre témoignage. Cela suppose que le chef de famille récolte la manne, selon les besoins de chacun des siens, afin de nourrir dès le matin chacun de ceux qui sont dans sa maison, « en proportion de ce qu'il peut manger »(v. 16).
Ajoutons que pour recueillir la manne, il fallait se courber, puisqu'elle était « sur la surface du désert » (v. 14) ; ce qui évoque l'esprit d'humilité avec lequel nous nous tenons « aux pieds de Jésus », pour écouter sa parole (Luc 10 : 39).
A la manifestation de l'amour de Dieu, répond celle de l'insouciance, sinon de l'incrédulité de l'homme ; de sa désobéissance, comme en témoignent les versets 20 et 27 ! La grâce de Dieu est incomprise pour l'homme dans la chair, car « ceux qui sont selon la chair ont leurs pensées aux choses de la chair »(Rom. 8: 5); certains au milieu du peuple n'écoutèrent donc pas Moïse.
« Et la maison d'Israël appela le nom de cela manne. Et elle était comme de la semence de coriandre, blanche, et avait le goût d'un gâteau au miel » (v. 31). La blancheur de la manne représente sa pureté. Le miel, dont elle avait le goût, représente la douceur de l'amour des saints qui rafraîchit nos affections en Christ (Phm 20). Abreuvés à la même source et nourris du même pain du ciel, nous pouvons avoir ensemble un seul coeur (Act. 4 : 32).
La manne dans le sanctuaire
« Et Moïse dit : Voici la parole que l'Eternel a commandée : Qu'on en remplisse un omer pour le garder pour vos générations, afin qu'elles voient le pain que je vous ai fait manger dans le désert… Prends une cruche, et mets-y plein un omer de manne, et pose-la devant l'Eternel, pour là garder pour vos générations. » (Ex. 16 : 32-33).
Le livre de l'Exode ne nous révèle pas la nature du vase destiné à contenir la manne, peut-être parce que l'Esprit Saint avait plutôt en vue ici l'abaissement de Christ. Mais l'épître aux Hébreux qui nous montre Christ dans la gloire, nous apprend qu'il s'agissait d'une cruche d'or (Héb. 9 : 4). C'était en parfaite harmonie avec le tabernacle où, dans le bois de sittim plaqué d'or, l'humanité sainte de Jésus est intimement associée à sa nature divine. Comme dans la table des pains, l'autel de l'encens et l'arche, l'or montre à l'adorateur la gloire de Christ, selon le désir de son coeur : « afin qu'ils voient ma gloire, que tu m'as donnée » (Jean 17 : 24). Mais, par le langage symbolique du bois de sittim, nous nous souvenons qu'Il a été « trouvé quant à son aspect comme un homme » (Phil. 2 : 8).
La cruche d'or remplie de manne, les tables de la loi et la verge d'Aaron qui avait bourgeonné étaient gardées dans l'arche sainte, sous le propitiatoire, figures de ce qui remplissait le coeur de Christ : le soin constant de la gloire et du plaisir de Dieu son Père, figures aussi de ce dont se nourrissait le Dieu Saint et de ce en quoi il trouve ses délices éternelles.
Citons ce qu'ont écrit autrefois deux de nos conducteurs :
« La cruche d'or contenant la manne est placée devant lui, pour exprimer ses délices en elle ; et il nous donne de nous nourrir de cette manne cachée »(G.V Wigram).
Exacte portion que chaque Israélite
Recueillait aussitôt que le jour avait lui,
Elle était, dans cette ombre où la splendeur habite
La part de l'Eternel au pain donné par lui. (AG. - La manne cachée.)
Un omer de manne
« Or l'omer est la dixième partie de l'épha » (Ex. 16 : 36). Ce détail nous donne encore une précieuse instruction au sujet de la manne. Nous avons là en effet, une allusion touchante à « la grâce de notre Seigneur Jésus Christ » : pour nous, « lui qui était riche, a vécu dans la pauvreté », afin que par sa pauvreté nous soyons« enrichis » (2 Cor. 8 : 9).
La cruche d'or ne contenait que le dixième de la pleine mesure de capacité. Cela évoque le fait que nous ne connaissons qu'en partie, mais ce qu'il nous est donné de saisir de la Personne de Christ remplit déjà nos coeurs. La grâce de Dieu nous est en aide dans notre faiblesse tout en plaçant dans nos coeurs la certitude bénie que bientôt nous connaîtrons « à fond » comme aussi nous avons été connus (1 Cor. 13 : 12). Nous pourrons dire, mieux encore que la reine de Shéba : « Ce que j'avais entendu dire dans mon pays sur tout ton état et sur ta sagesse, était la vérité ... et voici, on ne m'avait pas rapporté la moitié » (1 Rois 10 : 6-7)
La manne, avons-nous remarqué, a été donnée aux fils d'Israël avant le Sinaï et la Loi. Ce qui la concerne fait pourtant l'objet de commandements répétés de la part de l'Eternel (v. 16, 24, 28, 32, 34). Dieu nous a donné ses commandements bien avant la Loi ; en fait, les premières paroles adressées à Adam étaient un commandement (Gen. 2: 16). Mais si les pères terrestres exercent l'autorité envers leurs enfants, combien serons-nous plutôt soumis au « Père des esprits », et nous vivrons (Héb. 12 : 9). Et avant de quitter les siens, Jésus lui-même leur a laissé - et également à nous aujourd'hui - ses commandements, et le secret pour que nous les gardions : « Si vous m'aimez » (Jean 14 : 15).
Le livre des Nombres, celui du désert, nous présente la manne sous un caractère différent de celui de l'Exode, car Israël était maintenant sous la loi. La manne, don de grâce de Dieu, lui est toujours donnée chaque jour (Nom. 11 : 7-9) ; cependant il ne peut l'apprécier de la même manière qu'avant Sinaï. A cause de leur incrédulité, les fils d'Israël allaient traverser un grand et terrible désert et avaient sans doute besoin d'une aide nouvelle de l'Eternel pour apprécier ses soins fidèles, et de sa grâce supportant leurs incessants murmures.
Nous voyons l'influence néfaste du ramassis de peuple qui était au milieu d'eux, des gens qui suivaient les fils d'Israël, prompts à se plaindre, comme il s'en est toujours trouvé dans le peuple de Dieu : « des gens qui nous troublent », « ceux qui nous bouleversent » ; « de faux frères, furtivement introduits » (Gal. 1 : 7 ; 5 : 12 ; 2 : 4). Car à peine le voyage est-il commencé que ces gens s'éprennent de convoitise, et les fils d'Israël aussi ;ils se mettent encore à pleurer. Le pain des puissants (Ps. 78: 25) ne leur convenait plus, ils regrettaient l'Egypte parce que leurs coeurs y étaient restés ! Ils en énumèrent avec regret les nourritures (v. 4-6), oubliant leurs durs travaux, leur affliction et leur cri.
En contraste avec ces choses, la manne est à nouveau présentée. La manière merveilleuse dont elle leur était donnée, sur la rosée du matin est rappelée ici, en témoignage de la fidélité de Dieu. Se tourner vers Christ, présenter Christ aux saints, est la meilleure et même la seule réponse aux fausses doctrines et aux paroles d'incrédulité. Les circonstances du peuple avaient changé, puisqu'il se trouvait entre le Sinaï et Canaan, mais les soins de Dieu n'étaient pas interrompus ni altérés : la manne qui descendait sur la rosée à Tabhéra, était la même que celle qui était descendue dans le désert de Sin, entre la mer Rouge et le Sinaï.
Elle était, nous redit l'Ecriture, « comme la graine de coriandre » (Nom. 11 : 7) : elle avait toujours le même aspect qu'au moment où elle avait été donnée pour la première fois (Ex. 16 : 31), car « Jésus Christ est le Même » (Héb. 13 : 8). Il est ajouté ici que son apparence était comme l'apparence du bdellium. Selon certains auteurs, ce nom signifie « perle excellente », ou encore « perle blanche ».
Notre attention est ainsi attirée sur le prix de la manne pour Dieu, afin qu'elle soit précieuse aussi à nos âmes. L'Esprit Saint nous révèle quelque chose de plus de l'Homme Christ Jésus dont la manne est une figure. Au moment où la manne a perdu de sa saveur selon l'estimation du peuple, Dieu nous dit, en utilisant une autre figure de Christ - la « pierre vivante » - qu'elle est choisie et précieuse auprès de Lui, et Il veut qu'elle ait aussi ce prix pour nous qui croyons (voir 1 Pier. 2 : 4, 7).
Selon Exode 16 : 23, les Israélites déjà la faisaient cuire ou bouillir ; il est dit maintenant qu'ils en faisaient des gâteaux, « et son goût était comme le goût d'un gâteau à l'huile » (Nom. 11 : 8).En se plaçant sous la loi, au pied du mont Sinaï, le peuple a perdu la jouissance de la seule grâce qui l'avait conduit depuis l'Egypte et ne pouvait plus goûter la douceur (voir Juges14 : 14) du pain donné par l'Eternel. Et pourtant, la manne n'avait pas cessé d'être le don de Dieu, elle demeurait inchangée dans sa nature et dans la manière dont elle était dispensée. Elle témoignait de la fidélité des soins de l'Eternel envers son peuple, bien qu'ayant désormais pour celui-ci « comme le goût d'un gâteau à l'huile ». C'était toujours le pain qui pleuvait des cieux, celui que l'Eternel leur donnait à manger (Ex. 16: 4, 15) ; et les Israélites (ceux du moins qui étaient fidèles), avaient appris à découvrir une saveur nouvelle de la manne dont ils se nourrissaient. Elle avait le goût, plus riche que celui du miel, d'un gâteau à l'huile. Car au commencement de la traversée d'un grand et terrible désert, l'Eternel voulait donner à son peuple une appréciation nouvelle du « pain du ciel ».
Si nous considérons que l'huile est, dans l'Ecriture, une figure constante du Saint-Esprit, ce récit nous enseigne que ce n'est que par sa puissance et sous sa direction que nous pouvons nous nourrir de Christ, entrer dans « l'excellence de la connaissance du Christ Jésus, notre Seigneur » (Phil. 3 : 8) et estimer à sa juste valeur ce que le monde peut nous offrir. Telle était la manne en comparaison des nourritures de l'Egypte.
L'enfant de Dieu aujourd'hui, au fur et à mesure qu'il progresse dans la lecture de la Parole, dans un esprit de prière et avec le secours du Saint Esprit, y trouve une joie plus grave et plus profonde qu'au moment où il vient d'en découvrir la saveur pour son coeur. C'est ainsi que selon la promesse du Seigneur Jésus, le Consolateur nous rappelle ses paroles et nous conduit dans toute la vérité (Jean 16 : 13). Ce qui arriva « comme type » à Israël nous enseigne que dans notre propre traversée du désert, nous ne pouvons apprécier Christ comme pain du ciel que par la puissance du Saint-Esprit.
A la veille d'entrer en Canaan, le peuple « parla contre Dieu et contre Moïse » (Nom. 21 : 5). Est-il possible qu'après une victoire sur les Cananéens, avant-goût de celles qu'il allait remporter de l'autre côté du Jourdain, le coeur du peuple se soit découragé ? Bien des années auparavant, Israël avait dit : « Nous avons péché » (14: 40), ne croyant pas que l'Eternel pouvait le faire entrer en Canaan.
Nous voyons ainsi que l'Egypte était encore, d'une manière générale, dans le coeur de ce peuple, qui méprise ici le pain donné par l'Eternel, en disant : « notre âme est dégoûtée de ce pain misérable » (21 : 5). Nous pouvons nous demander ce que la génération qui devait mourir dans le désert avait enseigné à ses enfants, puisqu'ils regrettaient toujours l'Egypte ! Ils avaient oublié l'expérience de Kadès (Nom. 13 et 14) ! Quel avertissement pour nous « que les fins des siècles ont atteints » (1 Cor. 10: 11) !
Un tel peuple n'était pas en état d'entrer en Canaan : il devait d'abord confesser qu'il avait péché contre l'Eternel. Il allait éprouver les conséquences amères de son mépris des dons de la grâce divine. C'est pourquoi l'Eternel envoya parmi le peuple les serpents brûlants. Et le peuple vint à Moïse et dit : « nous avons parlé contre l'Eternel et contre toi » (Nom. 21 : 7). La gravité de leurs paroles méprisantes au sujet de la manne leur apparaît enfin. Et maintenant, qui peut les délivrer, sinon Celui dont ils avaient rejeté les dons ?
L'Eternel ne retire pas les serpents, Il n'annule pas la sentence de mort conséquence du péché, mais Il sauve le pécheur qui, par la foi, accepte son salut. Le châtiment du peuple est le moyen par lequel la grâce infinie de Dieu est manifestée, moyen si merveilleux que sa signification nous a été révélée par le Seigneur Jésus lui-même : « comme Moïse éleva le serpent dans le désert, ainsi il faut que le fils de l'homme soit élevé, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu'il ait la vie éternelle »(Jean 3: 14-16).
Combien grands sont la sagesse, l'amour et la puissance de Dieu, qui se sert même de l'incrédulité et des murmures de son peuple pour annoncer la venue en grâce du Sauveur !
Sous la protection de l'arche de l'alliance de l'Eternel, Israël traverse le Jourdain, quitte le désert et ce qui s'y rattache. Ce peuple mis à l'abri du jugement par le sang de l'Agneau de la Pâque, délivré et racheté à la mer Rouge, mort et ressuscité avec Christ en figure, entre dans le pays promis, image des lieux célestes. Il y entre pendant la saison où le Jourdain regorge par-dessus tous ses bords, tout le temps de la moisson (Josué 3: 15), au moment aussi de célébrer la Pâque dans les plaines de Jéricho.
Dans un court paragraphe (Josué 5 : 10-12), tout ce que Dieu a fait en faveur de son peuple, pour se l'acquérir, pour le nourrir dans le désert et pour le bénir dans le pays promis se trouve réuni : l'Agneau de la Pâque, la manne et le vieux blé du pays. Il y a là une véritable fête du souvenir, une figure admirable des bénédictions que nous avons dans la Personne et l'oeuvre de Christ, maintenant et pour l'éternité.
La manne cesse dès ce moment, car c'est d'un Christ céleste qu'un peuple ressuscité va désormais se nourrir. Mais nous savons que Dieu a conservé pour lui, dans son sanctuaire, l'omer de manne contenu dans le vase d'or. Car pour lui, Christ dans son abaissement est toujours la nourriture précieuse de son amour.
Le Seigneur Jésus Lui-même nous apprend la signification de la manne : « Nos pères ont mangé la manne au désert, ainsi qu'il est écrit : "Il leur a donné à manger du pain venant du ciel". Jésus leur dit : En vérité, en vérité, je vous dis: Ce n'est pas Moïse qui vous a donné le pain qui vient du ciel, mais c'est mon Père : Lui vous donne le véritable pain qui vient du ciel... Moi, je suis le pain de vie. Vos pères ont mangé la manne au désert et sont morts. C'est là le pain qui descend du ciel, afin que celui qui en mange ne meure pas : Moi, je suis le pain vivant qui est descendu du ciel ; si quelqu'un mange de ce pain, il vivra éternellement ; or le pain que moi je donnerai, c'est ma chair, que je donnerai pour la vie du monde » (Jean 6: 31-32 ; 48- 51).
Ainsi, pour que le « vrai pain de Dieu » donne la vie au monde, la mort du Seigneur était nécessaire. L'anéantissement du Christ Jésus pendant son séjour sur la terre, son service parfait, ne pouvaient pas donner la vie au monde, mais ces choses étaient nécessaires pour qu'Il manifeste, dans son humanité pure et sans tache - son apparence comme l'apparence du bdéllium - son obéissance« jusqu'à la mort de la croix » (Phil. 2 : 8).
Le Seigneur développe son enseignement en montrant que pour vivre éternellement, il faut manger son corps et boire son sang :
- Il faut donc que sa mort intervienne premièrement, ce qui n'est reçu que par la foi. Et le Seigneur poursuit : « Si vous ne mangez la chair du fils de l'homme et ne buvez son sang, vous n'avez pas la vie en vous-mêmes »(Jean 6 : 53). La traduction donnée dans la version anglaise de J.-N. D. de ce passage est encore plus explicite : « A moins que vous n'ayez mangé la chair du fils de l'homme et bu son sang » ; nous comprenons qu'il s'agit là d'une appropriation faite une fois pour toutes.
- Ensuite, le croyant doit nourrir et fortifier cette vie ; il le fait en se nourrissant habituellement de ce qui représente la mort de Christ : c'est là manger sa chair et boire son sang ; et ainsi, il demeure en Christ et Christ en lui (v. 56). « Voilà le pain qui est descendu du ciel... celui qui se nourrit de ce pain vivra éternellement »(v. 58).
Nous lisons en Hébreux 9 : 4, que l'omer de manne qu'Israël devait garder pour ses générations était contenu dans une cruche d'or placée dans l'arche sainte, c'est-à-dire confiée à Christ.
La dernière mention de la manne se trouve dans le deuxième chapitre de l'Apocalypse ; il s'agit là de la manne cachée (v. 17), récompense donnée par le Seigneur Jésus au fidèle de Pergame, qui a refusé de manger des choses sacrifiées aux idoles. L'Eglise avait accepté d'habiter dans le monde dirigé par Satan, oubliant ainsi son caractère céleste. La corruption religieuse et l'idolâtrie étaient les inévitables conséquences de cette infidélité.
La manne cachée répond parfaitement à la fidélité de ceux qui, à Pergame, ont refusé de manger des choses sacrifiées aux idoles. Ils goûteront dans la gloire l'excellence de ce que Christ a été pour son Père dans son humanité, Lui, le témoin fidèle et véritable, dont Antipas a suivi les traces (v. 13).
La manne cachée était celle du sanctuaire, Christ dans son humanité pure était la part de Dieu dans le don qu'Il accordait chaque jour au peuple qu'Il s'était acquis par le sang de l'Agneau de la Pâque et qu'Il avait racheté. Nous ne connaissons qu'en partie, mais nous avons ici comme un avant-goût de ce que nous connaîtrons dans la gloire. Les évangiles nous présentent le Seigneur sur la terre, traversant le désert de ce monde ; en les lisant, nous nous nourrissons de lui, vrai « pain du ciel », dont la manne était la figure. Durant notre passage sur la terre, qui est un « désert » pour le croyant, la Parole de Dieu est mise à notre disposition chaque jour, par la fidèle grâce de Dieu notre Père ; mais au ciel, il nous sera donné de la manne cachée.
Elle est le souvenir de l'Homme Christ Jésus, débonnaire et humble de coeur, « un homme, appelé Jésus » (Jean 9 : 11), mais qui, au regard de la foi, était « le Fils de Dieu » (v. 36) ; sans apparence en lui pour le faire désirer (Es. 53 : 2), mais en même temps les délices parfaites de Dieu sur la terre, comme éternellement dans le ciel.
Quelle récompense est ainsi préparée pour le vainqueur, celui qui, par grâce sera resté séparé d'avec le monde, étant sorti vers Christ, hors du camp, portant son opprobre (Héb. 13 : 13) :ce ne sera rien moins que sa communion au ciel avec le Père dans la révélation de la « manne cachée ».
Combien grande sera notre joie de repasser le chemin de Christ sur la terre, quand alors nous connaîtrons à fond toutes ces « autres choses que Jésus a faites »(Jean 21 : 25), trop nombreuses pour être écrites sur la terre, mais qui rempliront nos bouches et nos coeurs d'une louange enfin parfaite dans le ciel. « Nous le verrons comme il est » (1Jean 3 : 2) et le Père se plaira à ouvrir pour nous tous les trésors du sanctuaire, dans la pleine révélation de son Fils bien-aimé.
Le don du « caillou blanc » accompagne celui de la manne cachée. Il dit à nos coeurs : « c'est moi qui vous ai choisis » (Jean 15 : 16), je vous fais part maintenant d'un secret entre moi et vous, « un nouveau nom écrit que personne ne connaît, sinon celui qui le reçoit » (Apoc. 2 : 17).
Ce double don est complet : dans la manne, a-t-on dit, nous voyons l'appréciation de Christ par le saint ; dans le caillou blanc, l'appréciation du saint par Christ.
« Grâces à Dieu pour son don inexprimable ! » (2 Cor. 9 : 15).
Et maintenant, voici, récompense suprême,
Part bénie au secret plaisir du très saint lieu,
A celui qui vaincra tu donneras toi-même
D'en goûter la saveur unique auprès de Dieu.
Oh que, nourris de toi, bien-aimé, sur la terre,
Nous soyons ces vainqueurs luttant jusqu'à la mort
Pour lesquels tu tiens prête, au divin sanctuaire,
La manne pure enclose au flanc du vase d'or !
A.G. - La manne cachée.
D'après J.P. Fuzier – Nov. 2002