« Le vent souffle où il veut »
Rien n'est plus remarquable, dans le livre des Actes, que l'action souveraine de l'Esprit de Dieu. D'une manière générale, ce livre est le récit du témoignage du Saint Esprit à travers les apôtres Pierre et Paul, respectivement apôtres de la circoncision et de l'incirconcision. Mais l'action de l'Esprit est toujours libre ; nous ne le trouvons donc pas agissant selon une règle définie, mais suscitant, selon l'occasion et d'une manière très remarquable, des témoins spécifiques.
Pierre et Jean ont été remarquablement utilisés par l'Esprit à Jérusalem. Ils ont rendu dans cette ville un témoignage courageux et fidèle, en particulier Pierre ; ils ont souffert en conséquence. Nous n'avons aucune raison de croire que l'Esprit n'était plus capable de les utiliser à cause d'un quelconque déclin dans leurs âmes ; néanmoins, Etienne a été soudainement appelé en première ligne pour rendre un témoignage très frappant à la nation juive. Ceci est d'autant plus remarquable qu'Etienne venait récemment d'être désigné pour « servir aux tables » (Act. 6 : 3, 5). Il faisait partie des sept mis à part par le choix des saints, et par l'imposition des mains des apôtres après les problèmes temporels de l'assemblée. Il n'a pas été désigné pour prêcher ; en fait jamais personne dans les Ecritures n'a été désigné pour prêcher la Parole de Dieu. Mais Etienne illustre cette vérité : « Ceux qui ont bien servi acquièrent une bonne maturité pour eux-mêmes et une grande hardiesse dans la foi qui est dans le Christ Jésus » (1 Tim. 3 : 13). Nous le trouvons donc très rapidement amené en première ligne du témoignage. Vraiment, « le vent souffle où il veut » (Jean 3 : 8). Les apôtres étaient apparemment tous à Jérusalem à ce moment-là, et plus que probablement remplis de l'Esprit, et ainsi prêts à être divinement utilisés ; pourtant l'Esprit a choisi un Helléniste dans son travail de serviteur, et l'a utilisé pour rendre en Israël un des témoignages les plus solennels jamais rendus à cette nation. En présence du sanhédrin, il a raconté l'histoire du peuple depuis l'appel d'Abraham, et a montré d'une manière décisive leur résistance habituelle à l'Esprit Saint. Il les a solennellement repris au sujet de leur désobéissance à la Loi, de leur manière de persécuter les prophètes, de leur trahison et de leur meurtre du Juste. Finalement le témoignage que l'Esprit Saint rendait par son moyen a été totalement rejeté ; et le témoin fidèle a été lapidé. C'est ainsi qu'Israël a confirmé son message au sujet de Christ : « Nous ne voulons pas que celui-ci règne sur nous » (Luc 19 : 14). Le témoignage d'Etienne a marqué un tournant dans l'histoire des voies de Dieu avec Israël, et il a été la fin de la première partie de la mission confiée aux disciples : « il fallait… que la repentance et le pardon des péchés soient prêchés... en commençant par Jérusalem » (Luc 24 : 47).
Pourquoi l'Esprit de Dieu n'a-t-Il pas employé Pierre ou un autre apôtre pour rendre un témoignage si important ? Nous ne le savons pas ; mais nous apprenons ainsi la souveraineté de son action, et la liberté avec laquelle Il agit.
Le cas de Philippe, rapporté en Actes 8, est aussi remarquable. La Samarie devait être amenée à se soumettre à la puissance de l'évangile. C'était un travail d'importance peu commune, en raison de la position particulière que cette région avait maintenue pendant plusieurs siècles par rapport à Jérusalem. Bien que constituant une race mélangée, les Samaritains professaient adorer le Dieu des fils d'Israël ; ils révéraient leurs Ecritures, et avaient leur propre temple sur le mont Garizim. Aussi les Juifs les détestaient-ils, et n'avaient aucune relation avec eux. Leur conversion était donc une question importante et d'une grande signification ; pourtant nous trouvons l'Esprit de Dieu se passer encore des douze et employer pour ce travail béni un autre parmi les sept. Philippe leur prêcha le Christ, et opéra des miracles de guérison parmi eux, remplissant la ville de joie. Selon la sagesse de Dieu, les convertis samaritains n'ont pas reçu l'Esprit avant que Pierre et Jean soient descendus (dans l'intérêt de l'unité) ; mais tout le travail de base dans leurs âmes avait été opéré par la prédication de l'ardent évangéliste.
Ne peut-on pas voir dans le cas de Philippe, comme dans celui d'Etienne, la souveraineté de l'action de l'Esprit ?
Saul de Tarse apparaît ensuite. Le moment était venu pour que soient révélées les relations célestes de l'Eglise nouvellement rassemblée, et les conseils de Dieu à son égard. Mais Dieu n'a pas employé un des douze dans ce but ; Il a introduit sur la scène un ouvrier tout à fait nouveau, et tout à fait inattendu. Un persécuteur malveillant des saints est arrêté soudain dans son mauvais chemin par la révélation d'un Christ glorifié ; il sera fait, en temps opportun, le dépositaire des pensées et des plans divins au sujet de l'Assemblée de Dieu. Cette manifestation de l'action souveraine de Dieu a été la plus saisissante possible. Bien que Dieu ait voulu que Saul joue un rôle si distingué, ce n'est pas un apôtre qui a été envoyé pour le soutenir pendant ses jours difficiles à Damas, mais un disciple, Ananias, dont nous n'entendons plus rien ensuite. Cet homme a donné à Saul de Tarse le Saint Esprit par l'imposition de ses mains, et l'a aussitôt baptisé. Tout ceci a été accompli de façon entièrement indépendante de Jérusalem et des douze.
Vraiment, « le vent souffle où il veut ».
Plus loin dans le livre des Actes, un autre ouvrier extraordinaire apparaît : c'est Apollos (Actes 18 : 24, 28). Cet homme ne connaissait tout d'abord rien d'autre que le baptême de Jean, mais ce qu'il savait, il le prêchait diligemment, appuyant tout ce qu'il disait par l'Ecriture. Deux personnes humbles, Aquilas et Priscilla, l'ont entendu dans la synagogue à Ephèse. Comprenant que cet homme sincère avait besoin seulement de lumière et d'aide, ils « le prirent à part et lui expliquèrent plus exactement la voie de Dieu » (v. 26). C'est ainsi qu'il est devenu un prédicateur puissant de l'évangile de Christ, apportant une grande aide spirituelle à ceux qui avaient déjà cru par grâce. Appelé séparément de Paul et des douze, il semble avoir poursuivi son chemin de service indépendamment : à une date ultérieure, Paul écrit aux Corinthiens à son sujet : « Quant au frère Apollos, je l'ai prié instamment d'aller auprès de vous avec les frères, mais ce n'a pas été du tout sa volonté d'y aller maintenant ; il ira quand il trouvera l'occasion favorable » (1 Cor. 16 : 12).
De tous ces exemples, des leçons de valeur peuvent être apprises par tous ceux qui ont des oreilles pour entendre. L'Esprit de Dieu est ici pour la gloire de Christ et la bénédiction des hommes. Il est souverain et libre dans toutes ses actions. Les hommes aiment les formes stéréotypées, et voudraient toujours que la bénédiction divine vienne par certains canaux bien identifiés. Mais telle n'est pas la manière de faire de l'Esprit de Dieu. Il en emploie un, puis le met de côté, pendant un temps, ou définitivement, selon qu'Il lui plaît. Il bénit une méthode particulière à une occasion, et ne s'en sert peut-être plus jamais. Il n'est pas ici pour élever des « hommes » ou des « méthodes », mais Christ. Que nous puissions tous bien apprendre cette leçon.
D'après W.W.Fereday (Truth for the Last Days, Vol.2, 1901, p. 69)