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L'APÔTRE JEAN (4)
 
 
L'EVANGILE DE JEAN
 
 
 1. Le cadre
  
           Deux subdivisions, entre autres, ont été proposées :
                                    - une analogie avec le tabernacle, qui comportait le parvis, le lieu saint et le lieu très saint ;
                                    - une autre subdivision selon les grands thèmes de l'évangile et sa structure.
  
                        a. Analogie avec le tabernacle
 
            Moïse avait été appelé à construire le tabernacle en toutes choses « selon le modèle qui lui avait été montré sur la montagne ». Il était la figure et l'ombre des choses célestes (Héb. 8 : 5).
            L'Evangile de Matthieu présente Jésus avant tout comme Messie : la croix nous parle du sacrifice pour le péché. Dans l'Evangile de Marc, Jésus est plutôt le Serviteur parfait, obéissant jusqu'à la mort de la croix. En Luc, le Fils de l'homme est placé devant nos yeux. Il n'est pas question de sang ; son sacrifice correspond plutôt à l'offrande de gâteau. En Jean, l'Evangile du Fils de Dieu, le sacrifice de Christ est de toute évidence l'holocauste.
 
            Tout à la fin de l'Exode, la gloire de la nuée remplissait le tabernacle ; la présence de Dieu était là. Dans Jean, dès le premier chapitre, la nuée descend : le ciel s'ouvre, la Parole éternelle devient chair et habite au milieu de nous. Sa gloire est présente, comme d'un Fils unique de la part du Père.
            Dans le tabernacle, les tentures et les voiles étaient tissés de quatre couleurs. Dans les voiles, qui parlent avant tout de Christ, le bleu vient d'abord ; dans les tapis, où le fin coton est présenté d'emblée, les croyants sont vus en Christ, constituant la maison de Dieu. Que nous disent ces couleurs ? Nous en trouvons toute la signification dans ce premier chapitre de l'Evangile de Jean. Le Fils unique qui est dans le sein du Père et l'a fait connaître, c'est le bleu : il vient du ciel. L'oeuvre de la croix, le sang versé, que représente l'écarlate, apparaît dans l'Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde. Jean voit Jésus « venir » à lui ; il le regarde qui « marchait » : Voilà l'humanité parfaite dont nous parle le fin coton. Quand enfin Nathanaël se trouve devant lui, Il s'écrie : « Tu es le Fils de Dieu ; tu es le Roi d'Israël ». C'est la pourpre, symbole aussi de sa future royauté universelle. Ainsi dès le premier chapitre toutes ses gloires resplendissent.
 
            Dans l'ancienne alliance Dieu demandait des offrandes ; dans notre évangile, Dieu donne. Nicodème vient l'apprendre de la bouche même de Celui qui s'offre en sacrifice : « Comme Moïse éleva le serpent dans le désert, ainsi il faut que le fils de l'homme soit élevé... car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique » (3 : 14-16). L'autel d'airain est là.
            Nicodème aurait voulu, seul à seul avec Jésus, parler d'égal à égal de choses profondes. Mais le Seigneur l'arrête : Tu n'es pas à même d'entrer dans le sanctuaire ; il te faut d'abord naître de nouveau. Le docteur d'Israël reste sans comprendre. Il sera semble-t-il dans la même attitude jusqu'à la croix. Alors il saisira ce que signifiait « le fils de l'homme élevé comme le serpent dans le désert ».
            Dans ces chapitres, l'un après l'autre, tel le sacrificateur, le Seigneur accueille sur le parvis ceux qui s'approchent de Lui : un Nicodème, la femme de Sichar, le paralytique de Béthesda, la femme adultère, l'aveugle-né.
            Dans le chapitre 13, Jésus lave les pieds des disciples, comme autrefois les sacrificateurs devaient se laver à la cuve d'airain avant d'entrer dans le sanctuaire. Seul ce lavage permet « d'avoir une part avec lui », c'est-à-dire de goûter sa communion.
            Les pieds lavés, ils vont ensemble pénétrer dans le lieu saint : les chapitres 14 à 16. Qu'y avait-il dans ce lieu saint ? - La table des pains, le chandelier, l'autel de l'encens recouvert d'or.
            Judas étant sorti, Jésus est encore à table avec les siens ; ils jouissent là de sa présence, de sa communion. Le Seigneur les nourrit par sa Parole de sa Personne même. Dans le lieu saint, un chandelier donnait sa lumière, type du Saint Esprit. Dans ces chapitres, Jésus va pour ainsi dire en allumer une à une les lampes. Le Consolateur sera l'Esprit de vérité. Il leur fera connaître « que moi je suis en mon Père, et vous en moi, et moi en vous ». Il leur enseignera toutes choses, et leur rappellera toutes les choses que Jésus avait dites. On se lève et se met en route vers Gethsémané, mais le Seigneur continue à parler de ce parfait Consolateur qui rendra témoignage de lui ; les disciples eux-mêmes rendront témoignage. L'Esprit les conduira dans toute la vérité ; il annoncera les choses qui vont arriver ; par-dessus tout « il me glorifiera, dit le Seigneur, il prendra de ce qui est à moi, et vous l'annoncera ».
            La lumière brille dans le sanctuaire, les disciples discernent les pains posés sur la table d'or : les croyants en Christ présentés par Lui devant le Père. De l'autel montent les parfums de l'adoration, l'intercession, la prière : « Demandez et vous recevrez, afin que votre joie soit accomplie... Vous demanderez en mon nom au Père qui « lui-même vous aime ».
            Une autre était entrée avant eux dans le sanctuaire, avec son parfum qu'elle avait répandu sur les pieds de Celui qui allait mourir (12 : 3). Les disciples discutaient du prix du parfum ; elle, le versait comme une louange muette ; et le Seigneur était là écoutant ce premier cantique de la première adoratrice. N'était-elle pas déjà devant l'autel d'or ?
            Dans le chapitre 17, Jésus entre seul dans le lieu très saint. Les disciples ne l'accompagnent pas. Le voile de l'entrée est toujours là, quoique un peu soulevé ; ils entendent la voix du Dieu fait chair s'adressant au Dieu invisible qui va se révéler comme le Père. Au chapitre 20, le voile est déchiré : Jésus montre ses mains et son côté. Ils entrevoient le propitiatoire sur le couvercle duquel on faisait aspersion du sang du sacrifice.
 
 
                        b. La structure de l'évangile selon ses grands thèmes.
 
            Dans les chapitres 3 à 17, nous avons trois groupes de cinq chapitres, dans chacun desquels un des grands thèmes de l'Evangile est abordé. Du 3 au 7, c'est la vie ; du 8 au 12, essentiellement la lumière ; du 13 au 17, l'amour.
            Ces grands thèmes ont un cadre. Nous le trouvons au départ dans les deux premiers chapitres, et d'autre part dans les deux derniers chapitres de l'évangile. Dans les deux premiers chapitres, nous avons trois lendemains, et comme leur faisant pendant, dans les deux derniers, trois apparitions du Seigneur aux siens.
            Le premier lendemain (1 : 29) le Baptiseur voit Jésus venir à lui. Dans la même journée, « le lendemain encore », Jean se tient là et deux de ses disciples qui suivent alors Jésus. Ce premier lendemain va du verset 29 au 43. C'est le temps d'après Jean le Baptiseur, l'époque où l'Agneau de Dieu est révélé comme celui qui ôte le péché du monde et baptise de l'Esprit Saint, - en quelque sorte la période de l'Église. La contrepartie, nous l'avons au chapitre 20, dans cette première apparition du Seigneur dans la chambre haute, où, à la vue de sa personne, de ses mains et de son côté, les disciples se réjouissent quand ils voient le Seigneur.
            Le deuxième lendemain (1 : 44) nous parle, sous la figure de Nathanaël, du retour d'Israël qui reconnaît Jésus comme le Fils de Dieu. Au chapitre 20, nous avons la contrepartie en la personne de Thomas, qui lors de la deuxième apparition du Seigneur aux siens le reconnaît comme « Mon Seigneur et mon Dieu ! » Ce sera plus tard le cas du résidu d'Israël.
            Le troisième lendemain présente les noces de Cana, la fête millénaire, où Jésus apporte la joie. Il en est de même au chapitre 21, où le Seigneur lui-même a préparé un repas où l'on va jouir de sa communion (v. 9 et 13).
            Ce cadre entoure donc la succession de trois fois cinq chapitres. Du 3 au 7, on trouve quarante fois environ les expressions « nouvelle naissance, vie, vivifier », etc. Dans la deuxième section, la lumière est présentée plus de dix fois. La troisième section sera remplie de l'amour ; le chapitre 13 commence  par ce verset merveilleux : « Jésus ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aimé jusqu'à la fin » (13 : 1). Et à la fin du chapitre 17 : « Je leur ai fait connaître ton nom, et je le leur ferai connaître, afin que l'amour dont tu m'as aimé soit en eux, et moi en eux » (17 : 26).
            Restent les chapitres 18 et 19 qui relatent historiquement la crucifixion.
 
 
 
2. Le but de l'Evangile
    
            Un verset capital nous le donne : « Ces choses sont écrites afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu'en croyant vous ayez la vie par son nom » (20 : 31). Croire que « Jésus est le Christ » s'adresse avant tout aux Juifs. Ils croyaient bien en un messie, mais ils ne voulaient pas admettre que Jésus était ce Messie. Le leur prouver par les Écritures sera la première préoccupation des apôtres dans les Actes. D'autre part tous ceux des nations sont appelés à croire qu'il « est le Fils de Dieu ».
            Jean n'a pas été conduit à écrire simplement pour ajouter un évangile aux trois autres ; le but de l'Esprit, en l'inspirant, n'était-il pas avant tout de donner à tant d'âmes cette certitude que l'apôtre lui-même avait acquise au pied de la croix et devant le sépulcre vide : « Il vit, et crut » (20 : 8). Il confirmera ce but dans sa première épître : « Je vous ai écrit ces choses afin que vous sachiez que vous avez la vie éternelle, vous qui croyez au nom du Fils de Dieu » (1 Jean 5 : 13).
 
 
 
3. Les contacts de Jésus avec une personne
 
            L'évangile de Jean est plus que tous les autres l'évangile des contacts.
            Dès les premières rencontres, le regard de Jésus qui sonde est mis en évidence. Simon, tu seras Pierre, une pierre de l'édifice que je vais construire. Nathanaël, quand tu étais sous le figuier, je te voyais ; j'ai compris tes doutes ; j'ai su ce que tu disais de moi, que rien de bon ne peut venir de Nazareth. Pourtant je veux faire de toi un de mes disciples. Et les contacts vont se succéder dans les chapitres suivants où Jésus est toujours disponible pour celui qui vient à lui : ni la nuit ou la fatigue, ni le péché grave ou la cécité, rien n'arrête le Sauveur. Une grande leçon pour nous : la disponibilité.
            Disponible, Jésus l'est pour la femme solitaire qui vient en plein midi rencontrer un autre Solitaire, lassé du chemin et pourtant tout à sa disposition. Isolé par sa perfection, Jésus est tout disposé à rencontrer cette femme isolée par son péché. Combien merveilleux en est le résultat !
            Quand la femme adultère est laissée seule en sa présence (8 : 10-11), il a la parole à propos. Un jet de sa lumière touche la conscience des accusateurs ; un à un ils sortent. La même lumière brille en faveur de la femme. Hélas, elle ne réagit pas.
            L'aveugle-né, dont la foi simple a rendu témoignage au « prophète » qui l'a guéri, est finalement chassé dehors. Il est tout seul. Jésus l'ayant trouvé, se révèle à lui comme le Fils de Dieu. Et l'aveugle guéri lui rend hommage. Le Sauveur était toujours disponible au lieu et au moment voulus.
            Arrivé à la fin de sa carrière, Jean rappelle – il est seul à le faire – les contacts qu'ont eus avec Jésus certains de ses disciples. André mène à lui, d'abord son frère Pierre, puis le petit garçon avec les cinq pains, enfin les Grecs auxquels Philippe ne savait pas être en aide (12 : 22).
            Thomas, lorsque les autres craignaient de monter en Judée avec Jésus, dit : « Allons-y nous aussi, afin que nous mourions avec lui » (11 : 16). En sincérité, en simplicité, devant la perplexité de ses compagnons, Thomas dit tout haut ce que les autres pensent : « Seigneur, nous ne savons pas où tu vas, et comment pouvons-nous en savoir le chemin ? » (14 : 5). Après la résurrection, son incrédulité l'entrave, mais à l'invitation de Jésus d'avancer son doigt et de toucher ses plaies, il s'écrie : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » (20 : 28).
            Jésus avait trouvé Philippe et lui avait dit : Suis-moi. Lorsqu'il l'invite à acheter des pains pour nourrir la foule incrédule, il répond : «Pour deux cents deniers cela ne suffirait pas (6 : 7). A Philippe le Seigneur reproche de ne pas l'avoir connu, malgré les trois ans passés ensemble : « Ne crois-tu pas que moi je suis dans le Père, et que le Père est en moi ? » (14 : 10). D'aucune manière il ne sait aider les Grecs qui désirent voir Jésus. Sa foi est bien faible ; pourtant le Sauveur s'occupe de lui.
 
 
 
4. Un miracle ou un incident conduisent à un enseignement
   
            L'évangile de Jean présente huit miracles et quatre paraboles. Combien de fois, à l'occasion d'un miracle ou d'une parole, un enseignement beaucoup plus profond nous est-il donné !
            Au chapitre 5, le paralytique de Béthesda nous parle pour ainsi dire d'une mort physique apparente. C'est l'occasion pour le Seigneur de présenter la vie et le Fils qui donne sa vie.
            Au chapitre 6, la multiplication des pains rappelle la manne que les pères ont mangée au désert ; maintenant « le pain vivant » est descendu du ciel : Jésus lui-même. « Si quelqu'un mange de ce pain, il vivra éternellement ». Vient ensuite un enseignement beaucoup plus profond : « Le pain aussi que moi je donnerai, c'est ma chair, laquelle moi je donnerai pour la vie du monde » (v. 51). La chair séparée du sang, c'est la mort. Si l'on n'a pas, une fois pour toutes, « mangé (aoriste) la chair du fils de l'homme et bu son sang », on n'a pas la vie (v. 53). « Celui qui mange (présent) ma chair et qui boit mon sang, demeure en moi, et moi en lui ». Il ne s'agit pas ici de la cène du Seigneur, ni d'une transformation matérielle quelconque : « Les paroles que moi je vous dis sont esprit et sont vie » (v. 63). « Manger » c'est spirituellement, dans notre âme, saisir profondément par la foi que Christ a dû mourir afin que celui qui croit en lui ait la vie et puisse en conséquence se nourrir aussi du pain vivant descendu du ciel, Christ lui-même dans sa vie sur la terre.
            Au chapitre 7, la fête des tabernacles est devenue « la fête des Juifs ». Elle n'est plus en l'honneur de l'Eternel, qui est pourtant présent en la personne de Jésus. Lui n'y monte pas. Il attend le dernier jour de la fête, la grande journée, le huitième jour, le premier d'une nouvelle semaine. Alors « Jésus se tint là et cria disant : Si quelqu'un a soif qu'il vienne à moi et qu'il boive » (v. 37). A quoi aboutissaient, du temps de Jésus, les huit jours de la fête ? - A avoir soif ! Les cérémonies mortes ne peuvent satisfaire le coeur. Lui seul est à même de donner « l'eau vive ».
 
 
 
5. L'ombre de la croix
    
            Dès le début de l'évangile (2 : 19) plane l'ombre de la croix ; elle ira s'assombrissant jusqu'au calvaire. « Détruisez ce temple », dit le Seigneur aux Juifs, parlant du temple de son corps (2 : 19-21). Comment le corps de Jésus était-il un temple ? - « En lui, toute la plénitude s'est plu à habiter » (Col. 1 : 19).
 
            Une pensée revient à maintes reprises : « l'heure... ». Trois fois dans les huit premiers chapitres, « l'heure n'est pas encore venue ». Mais dès le 12, Jésus dit : « L'heure est venue... » (v. 23). Dans la perspective de cette « heure », son âme est troublée ; c'est cependant pour cela qu'il est venu. Au chapitre 13 : 1, son heure est venue pour passer de ce monde au Père : « Ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu'à la fin ». Enfin au chapitre 17, levant ses yeux au ciel, il dit : « Père, l'heure est venue ».
 
            A travers l'évangile, des expressions se succèdent : « Il faut que le fils de l'homme soit élevé » (3 : 14) ; « Je donnerai ma chair pour la vie du monde » (6 : 51) ; « Quand vous aurez élevé le fils de l'homme » (8 : 28) ; « Je laisse ma vie de moi-même » (10 : 17-18). Jésus allait mourir (11 : 51). Il parle de sa sépulture en 12 : 7 ; du grain de blé qui meurt (v. 24) ; de quelle mort il allait mourir (v. 33) ; et dans ses dernières paroles aux disciples : « Je laisse le monde et je m'en vais au Père » (16 : 28). Le chapitre 18 le montre s'offrant volontairement (v. 4-9). Puis au chapitre 19, « il sortit, portant sa croix » (v. 17).
 
            « Élevé », terme particulier à Jean, se retrouve trois fois dans ces chapitres :
                        - « Il faut que le fils de l'homme soit élevé » (3 : 14) : Dieu donne son Fils.
                        - « quand vous aurez élevé le fils de l'homme... » (8 :28) : la haine des hommes l'a rejeté et mis en croix.
                        -  « Si je suis élevé de la terre, j'attirerai tous les hommes à moi-même » (12 : 32) : ici nous sommes hors du sanctuaire, à l'autel du sacrifice : Christ s'offre lui-même.
 
            Seul Jean présente Jésus quand, l'oeuvre accomplie, il « baisse » la tête (19 : 30). Dans son chemin, jusqu'au bout, il n'avait pas où « reposer » sa tête (même verbe dans l'original, Luc 9 : 53). Maintenant, devant ses bourreaux, qui croient que tout est fini, volontairement il a baissé la tête ; devant quelques croyants qui l'ont suivi jusque-là, enfin il a trouvé le repos ; devant son Père, dont il a accompli toute la volonté, il peut enfin « reposer » sa tête : l'oeuvre est parfaite.
 
 
 
6. La famille de Dieu
   
            Sur le chemin de Damas, Paul a compris qu'en persécutant les croyants, les membres du corps de Christ, c'est Jésus qu'il persécute (Actes 9 : 5). Cette grande vérité sera développée plus tard dans les épîtres (Eph. 4 : 15-16 ; Col 3 : 19 ; 1 Cor. 12 : 12-13, etc.).
            Pierre parlera des « pierres vivantes » qui constituent l'édifice de la maison de Dieu.
            Jean, déjà dans l'évangile, nous présente la famille de Dieu. D'emblée il parle des enfants : « A tous ceux qui l'ont reçu, il leur a donné le droit d'être enfants de Dieu » (1 : 12). Jésus allait mourir... « pour rassembler en un les enfants de Dieu dispersés » (11 : 52). Après la résurrection, d'amis ils sont devenus « frères » (20 : 17). Dans sa prière (17 : 11), nous avons l'unité des disciples : « Un comme nous ». Un peu plus loin (20-21), l'unité de ceux qui croiront en Jésus par leurs paroles : « Un en nous ». Dans la gloire (v. 23), tous les croyants seront « consommés en un ».
            Dans ses épîtres, l'apôtre ne cessera de parler des enfants de Dieu : « Voyez de quel amour le Père nous a fait don, que nous soyons appelés enfants de Dieu » (1 Jean 3 : 1).
 
 
7. Le Père
   
            S'il y a une famille de Dieu, elle a un Père : « Le Fils unique, qui est dans le sein du Père, lui l'a fait connaître » (1 : 18). Relation toute nouvelle, inconnue de l'Ancien Testament : « Le Père lui-même vous aime » (16 : 26). Terminant sa prière du chapitre 17, Jésus ajoute : « Tu les as aimés comme tu m'as aimé » (v. 23).
 
                                    Amour pur, insondable, être du Dieu suprême,
                                    Qui pour se révéler donna le Fils lui-même,
                                    Dans ce monde envahi par la nuit du péché,
                                    Nos yeux ont pu te voir, et nos mains t'ont touché.
 
                        L'amour va souder la famille de Dieu : l'amour du Père, l'amour du Fils ; l'amour des enfants les uns pour les autres.
                        Reste un mystère plus profond encore. Jésus avait dit : « Moi et le Père nous sommes un » (10 : 3). Dans ses dernières paroles aux disciples avant la croix, il dira : « Je suis sorti d'auprès du Père » (16 : 28). Auparavant il avait dit que le Père l'avait envoyé (6 : 36). Il était venu au nom de son Père (5 : 43) ; et maintenant « Je m'en vais au Père » (16 : 28). Unité de la divinité, mystère qui nous dépasse et devant lequel nous adorons. « Ils allaient les deux ensemble » (Gen. 22).
 
 
 
8. Le carré de l'amour divin
   
                        Au-dessus de nous, en dehors de nous, de toute éternité, « le Père aime le Fils ». Sept fois dans l'Evangile, Jésus le répète, entre autres : avant la fondation du monde (17 : 24) ; dans son obéissance sur la terre (5 : 20) ; parce qu'il laisse sa vie (10 : 17) ; il a mis toutes choses entre ses mains (3 : 35).
            Mais l'amour descend : l'amour du Père pour les rachetés : « Tu les as aimés comme tu m'as aimé » (17 : 23). L'amour du Fils pour les siens : « Comme le Père m'a aimé, moi aussi je vous ai aimés » (15 : 9). Et pour clore le carré, la barre horizontale : « Comme je vous ai aimés, que vous aussi vous vous aimiez l'un l'autre » (13 : 34). S'aimer les uns les autres est relativement facile, c'est collectif. S'aimer l'un l'autre, c'est bien plus : tel frère, telle soeur, celui-là, celle-là, je l'aime quel qu'il soit, où qu'elle soit. Si la base manque, on ne peut jouir vraiment de l'amour qui descend.
 
 
 
9. Le psaume 23
     
                        Nous avons considéré la structure de l'évangile et quelques-uns de ses enseignements principaux. Mais nous pouvons le relire très paisiblement, sans jamais en sonder toute la profondeur.
                        Il est encore une façon très heureuse de le considérer, en faisant un certain parallèle avec le psaume 23.
 
                        Au verset 1, l'Eternel est mon Berger : Je ne manquerai de rien. Telle est l'expérience de l'aveugle-né (9). Il était dénué de tout, mais à la fin chassé dehors, il a été trouvé par le Seigneur, qui est devenu son tout.
                        Le verset 2 nous parle du Berger, qui fait reposer, qui mène, qui nourrit. Voilà le chapitre 10 de l'évangile de Jean, où Jésus conduit ses brebis dehors, rassemble le troupeau autour de lui comme centre, donne la pâture et la vie en abondance.
                        Le verset 4 nous parle de la vallée de l'ombre de la mort. En Jean 11, va-t-il laisser les soeurs seules à Béthanie ? Il tarde. Leur foi est éprouvée. Mais il sera avec elles pour parler de résurrection et de vie, pour pleurer avec Marie, pour consoler : « Tu es avec moi ».
                        Au verset suivant, une table est dressée : n'évoque-t-elle pas laTable de Jean 12 ? Les ennemis sont dehors, complotant la mort de Jésus, et aussi celle de Lazare. A l'intérieur, Jésus est avec les siens. Marie vient oindre ses pieds, met du parfum sur sa tête (Mat. 26 : 7). L'approbation du Seigneur sur son acte, dont on parlera partout où l'évangile sera prêché, est comme une onction sur sa servante.
                        Au chapitre 13, l'ennemi est dedans : c'est Judas ; il sortira dans la nuit.
                        Le verset 6 nous parle de la maison de l'Eternel, pour nous la maison du Père de Jean 14. Le Seigneur y conduit les siens tout doucement à la fin de l'Evangile : Jésus se lève et va partir. Jean le suit. Pierre le suivra. Il les mène au seuil de la « maison ». En Luc 24, nous avons le début du voyage : Il les bénit, et est élevé dans le ciel. En Marc, le Serviteur, son service accompli, est assis à la droite de Dieu. Dans Jean il n'y a ni ascension, ni élévation à la droite de la Majesté, mais l'apôtre et son compagnon s'éloignent : « Là où je suis, moi, là aussi sera mon serviteur » (12 : 26).
 
 
                                                 G. André – extrait de la brochure : « L'apôtre Jean »
 
(à suivre)