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 LA PROPHETIE DE MALACHIE (1)
 
 
 
1- La condition du peuple
 
 
                        1.1 Un résidu autrefois en Israël
 
                                   Le prophète Malachie a eu le devoir solennel de délivrer le dernier message de Dieu à son peuple terrestre avant la venue de Christ. Une fois ce message délivré, Dieu n'a plus parlé par les prophètes pendant quatre cents ans. Puis le silence fut rompu par la voix de celui qui criait dans le désert : « Préparez le chemin du Seigneur, faites droit ses sentiers » (Matt. 3 : 3).
 
                                   Les dernières paroles d'une personne ont une valeur spéciale qui, souvent, fait qu'elles atteignent la conscience, touchent le coeur et se gravent dans la mémoire. S'il en est ainsi avec de pauvres paroles d'hommes, combien plus quand Dieu dit son dernier mot à la fin d'une dispensation ! En lisant le prophète Malachie, accordons à ces dernières paroles de Dieu toute l'attention qui leur est due.
 
                                   Considérons d'abord les circonstances dans lesquelles ce livre a été écrit, car, même s'il a une application pour le peuple de Dieu dans ces derniers jours, nous ne devons pas oublier à qui il a été adressé en premier lieu. La prophétie commence par ces paroles : « L'oracle de la parole de l'Eternel à Israël ». C'est donc un message au peuple terrestre choisi de Dieu. Bien que la prophétie ait en vue tout Israël, elle s'adresse en fait seulement à la petite partie du peuple (souvent appelée « le résidu ») qui avait été délivrée de la captivité de Babylone. Selon ce que nous apprenons ailleurs dans l'Ecriture, alors que la grande majorité du peuple était encore en captivité, il avait été accordé à environ 60 000 personnes de retourner dans le pays de leurs pères, aux jours d'Esdras et de Néhémie ; ils avaient pu reconstruire le temple, recommencer à offrir des sacrifices, construire la muraille et remettre en place les portes de Jérusalem.
 
                                   A cette époque, le peuple de Dieu se trouvait donc divisé en deux catégories principales dont il est utile de noter les différences.
 
                                   - Premièrement, il y avait la masse de la nation, en captivité à Babylone. Ils avaient été placés là en Babylonie par leur péché. Ils n'étaient plus des hommes libres, selon ce que Dieu avait fait auparavant d'eux dans sa puissance et sa bonté, mais ils étaient maintenant des esclaves, assujettis à un maître étranger. Ils étaient donc manifestement dans une mauvaise position, n'étant ni dans le lieu, ni dans l'état désirés par Dieu pour eux.
 
                                   Mais ils étaient aussi dans une fâcheuse condition, car ils se contentaient de rester dans cette mauvaise position, malgré l'occasion qui leur avait été offerte de la quitter. L'invitation à remonter à Jérusalem est rapportée en Esdras 1 : 3.
 
                                   - Deuxièmement, il y avait la petite troupe des Israélites qui étaient rentrés et demeuraient dans leur propre pays, pratiquant les rites religieux originellement ordonnés de Dieu. Contrairement à leurs frères captifs, on peut dire que ceux-ci étaient dans une bonne position, puisqu'ils étaient dans le lieu prévu pour eux par Dieu et pratiquant les préceptes religieux reçus de Dieu. Mais, comme ceux de Babylonie, ils étaient dans un mauvais état, et tout au long du livre de Malachie, leurs défaillances morales et spirituelles nous sont exposées, malgré leur « orthodoxie » extérieure.
 
                                   Puis, au milieu de ces deux grandes catégories, il y avait des personnes formant un heureux contraste avec leur entourage : des hommes marqués par leur proximité, leur fidélité et leur consécration pratiques à Dieu. On peut citer d'une part Daniel et ses compagnons parmi ceux de la captivité, et d'autre part Esdras, Néhémie et ceux que mentionne Malachie 3 : 16 parmi le « résidu » rentré dans son pays.
 
                                   Tels sont en peu de mots les circonstances et les caractéristiques de la nation au temps de Malachie. Mais, bien que la prophétie commence par l'expression « l'oracle de la parole de l'Eternel à Israël », il est clair que ce dernier message de Dieu n'était adressé qu'au résidu revenu en Palestine. Nous y trouvons des allusions au temple, aux sacrifices, aux sacrificateurs, aux dîmes par exemple, toutes choses qui étaient parfaitement naturelles pour les habitants de Jérusalem et de Judée, mais qui étaient étrangères aux exilés de Babylone.
 
                                   Sur quels points portait la parole de l'Eternel pour le résidu retourné en son pays ? Il ne s'agissait plus de dénoncer l'idolâtrie, comme aux jours des rois ; ce n'était plus un appel au retour dans le pays comme au temps d'Esdras, ni un appel à reconstruire le temple comme aux jours d'Aggée ou à rebâtir la muraille comme au temps de Néhémie. L'idolâtrie avait cessé ; le résidu était rentré dans le pays ; le temple était rebâti, et le cycle des cérémonies religieuses se déroulait apparemment avec ordre, au moins extérieurement. Mais bien que la position extérieure fût bonne et le rituel correct, l'état moral était réellement mauvais. Et c'est ainsi que l'oracle de l'Eternel, dans son dernier message, consiste principalement à faire appel à la conscience du résidu au sujet de leur bas état moral et spirituel.
 
 
 
                        1.2 Un résidu aujourd'hui dans l'Eglise de Dieu
 
                                   Arrêtons-nous un peu, maintenant. Gardons à l'esprit ce que nous avons vu sur le cadre de ce livre et son message caractéristique, et considérons maintenant la position et la condition de l'Eglise de Dieu aujourd'hui pour lui appliquer les leçons spirituelles que suggèrent le prophète Malachie. En faisant ainsi, nous serons obligés de reconnaître que, dans le peuple de Dieu dans le temps présent, on trouve des conditions correspondant de manière frappante à celles qui se trouvaient à la fin de la dispensation précédente.
 
                                   En passant en revue la chrétienté, nous sommes d'abord contraints de reconnaître que la plupart des chrétiens sont maintenus « captifs » dans des systèmes religieux non scripturaires, pour ne pas dire apostats, de manière similaire à la nation d'Israël maintenue en captivité dans la Babylone idolâtre. Autrement dit, la grande masse de la chrétienté est dans une mauvaise position, si l'on s'en réfère au plan de Dieu à l'égard de l'Eglise, tel qu'il est révélé dans sa Parole. En outre, un observateur fidèle est obligé de reconnaître que la chrétienté n'est pas seulement dans une position mauvaise, mais aussi dans une condition morale mauvaise. La lettre à Laodicée en Apocalypse 3 : 14-17 en apporte la triste preuve et le témoignage. La chrétienté dans son ensemble correspond de façon frappante à Israël à Babylone, au temps de Malachie.
 
                                   Portons nos regards maintenant sur la chrétienté au commencement du 19ème siècle ; il faut reconnaître à ce moment-là un travail de Dieu manifeste, par lequel un résidu du peuple céleste (comme celui de sa nation terrestre aux jours d'Esdras et de Néhémie) a été délivré des systèmes religieux humains non scripturaires qui le maintenaient captif. Libérés du sectarisme, ils furent rendus capables, par grâce, de retrouver le vrai terrain sur lequel Dieu s'était proposé d'avoir tout son peuple, et ainsi, comme leurs prédécesseurs juifs, ils furent placés à nouveau dans une position juste. Mais le temps passant, bien qu'ils continuent à professer être sur le vrai chemin selon le vrai caractère de l'appel de l'Eglise, manquements et déclin se sont de plus en plus combinés l'un à l'autre, en sorte qu'aujourd'hui, Dieu a, avec ces saints délivrés, une controverse solennelle quant à leur mauvaise condition morale. Leur position ecclésiastique peut être encore juste, mais leur condition morale et spirituelle n'est pas en accord avec la position qu'ils occupent. Cette catégorie de personnes correspond étroitement au résidu d'Israël ramené dans son pays.
 
                                   Pourtant, pour continuer encore le parallèle, dans ces deux catégories de chrétiens, il y a toujours eu des serviteurs dont la condition morale et spirituelle est élevée, et dont la marche a plu au Seigneur.
 
 
 
                        1.3 Un appel spécial du Seigneur
 
                                   La prophétie de Malachie a donc en vue, principalement, le résidu d'Israël restauré dans son pays, extérieurement orthodoxe, mais constituant, par l'état réel des coeurs, une offense pour Dieu ; et elle donne une merveilleuse parole d'encouragement pour les individus fidèles au milieu d'eux. De la même manière, nous pensons que cette prophétie lance aujourd'hui un appel spécial au résidu faible et défaillant des croyants qui ont été tirés de la captivité ecclésiastique de la chrétienté, ainsi qu'aux individus fidèles qui se trouvent parmi eux. Et exactement comme au temps de Malachie, où le dernier message au peuple avant la venue du Seigneur a été donné pour éveiller les consciences quant à leur condition, de même aujourd'hui, à la veille du retour du Seigneur, nous croyons que le dernier message de Dieu à son peuple est un appel solennel pour réveiller nos consciences quant à notre condition morale et spirituelle. Il doit y avoir sur cette terre des âmes dans un état convenable pour Celui qui vient, et ils doivent pouvoir dire, avec des affections réveillées : « Viens Seigneur Jésus ! ».
 
 
                        1.4 Quatre points précis
 
                                   Ayant vu que c'est au résidu rentré dans son pays que la prophétie est adressée, et qu'elle porte sur son état, il faut nous enquérir soigneusement en quoi consiste cet état, et nous demander dans quelle mesure il dépeint la condition du peuple de Dieu aujourd'hui.
                                  
 
                                   - 1er point : Ils étaient caractérisés par une profession prétendument élevée, mais une pratique très affaiblie (1 : 6). 
                                   Ils professaient que l'Eternel était leur père et leur maître, mais en pratique ils ne rendaient pas à l'Eternel ce qui lui était dû, ni l'honneur comme père, ni la crainte comme maître. Ne devons-nous pas reconnaître aujourd'hui que notre état pratique est tombé très en dessous de notre profession ? Honorons-nous le Seigneur dans notre vie et dans notre marche journalière ? Pensons-nous, parlons-nous, agissons-nous dans la crainte du Seigneur ? En ne rendant pas honneur à l'Eternel et en ne lui témoignant pas de crainte, le résidu s'exposait en outre à l'accusation de mépriser son nom. Or à cette accusation, ils répondent immédiatement : « En quoi avons-nous méprisé ton nom ? » Cette misérable réponse faite à une accusation solennelle apporte une lumière supplémentaire sur un autre aspect fâcheux de leur condition réelle !
 
 
                                   - 2ème point : Ils étaient caractérisés par un aveuglement spirituel quant à leur bas état.
                                   Il est le résultat inévitable d'une profession qui se prétend élevée mais qui est jointe à une marche située à un bas niveau. Le peuple de Dieu est enclin, presque inconsciemment, à excuser sa marche de bas niveau par sa haute profession. On dit : Nous avons beaucoup de manquements, mais nous avons la lumière et nous sommes dans une position juste. Alors notre profession devient un « instrument » de notre aveuglement pour mesurer la gravité de notre bas état. Placés en face de nos défaillances, ou bien nous les atténuons, ou bien nous refusons de les voir, ou bien encore, comme le résidu, nous disons ouvertement que nous n'en voyons aucune
 
 
                                   - 3ème point : Le service du Seigneur continuait extérieurement, mais les vrais motifs intérieurs pour le service manquaient (1 : 7-10).
                                   Ils apportaient leurs offrandes à l'autel encore appelée la table de l'Eternel ; ils allumaient le feu sur l'autel, ouvraient et fermaient les portes du temple. Mais le motif du service était l'amour de soi-même, ce n'était pas l'amour du Seigneur. Il en résultait qu'on agissait n'importe comment dans le service du Seigneur. L'offrande d'une bête paralysée ou malade était estimée Lui convenir. Ils n'auraient pourtant pas osé traiter de cette manière un maître terrestre. Les hommes avaient plus d'importance à leurs yeux que le Seigneur, ce qui revenait à Le traiter avec mépris. S'ils avaient traité leur gouverneur de cette manière, quelles auraient été les conséquences ?
 
                                   Alors l'Eternel dit : « Je ne prends pas plaisir en vous » (1 : 10). En se souvenant de son propos à leur égard, il pouvait dire : « Je vous ai aimés » (1 : 2) ; en voyant leur état pratique, il doit leur dire : « Je ne prends pas plaisir en vous ». C'est solennel quand le Seigneur doit dire à ceux qu'il aime : « Je ne prends pas plaisir en vous » !
 
                                   Ce tableau ne nous parle-t-il pas ? Ne peut-il pas aussi nous arriver de continuer le service extérieur du Seigneur – de prêcher, d'enseigner, de prodiguer des soins pastoraux... – tout en étant dans une situation où les bons motifs manquent ? Le service extérieur est correct, mais les motifs intérieurs sont corrompus. Nous trouvons l'illustration d'un tel état lorsque nous comparons l'église à Ephèse à celle des Thessaloniciens (Apoc. 2 : 2 ; 1 Thes. 1 : 3). L'église à Ephèse s'occupait au service du Seigneur, mais les motifs que le Seigneur peut approuver manquaient. L'église à Thessalonique en revanche était marquée par des « oeuvres de foi », un « travail d'amour » et une « patience d'espérance ». L'église à Ephèse avait aussi des « oeuvres », du « travail » et de la « patience », mais la foi, l'espérance et l'amour manquaient, et c'est pourquoi le Seigneur doit lui dire : « tu es déchue ». Nous pouvons bien nous demander si la foi, l'amour et l'espérance sont les sources de notre service. Ce sont des vertus que seul le Seigneur peut discerner, et qui sont très précieuses à Ses yeux. Ou, au contraire, le motif de notre service est-il, en quelque mesure, le moi, son exaltation, son avancement ou l'espoir d'un gain ?
 
 
                                   - 4ème point : le service du Seigneur commençait à fatiguer le résidu (1 : 13).
                                   La profession sans la mise en pratique, et le service sans le dévouement, conduisent l'homme à se fatiguer de servir le Seigneur, et la fatigue se termine par du mépris. C'est ainsi que le résidu ne dit pas seulement du service du Seigneur « Voilà, quel ennui », mais de plus il souffle dessus (1 : 13). Hélas, ne pouvons-nous pas voir de nos jours la même fatigue pour les intérêts du Seigneur ? Beaucoup ne sont-ils pas fatigués, alors qu'ils avaient été fort actifs au service du Seigneur ? Peut-être que leur état pratique est tombé en dessous du niveau de ce qu'ils prêchaient ; la prédication a continué alors que le dévouement avait disparu, et ils se sont fatigués. Les mains se sont lassées et les genoux ont défailli (Héb. 12 : 12) ; les mains ont cessé de se lever pour supplier et les genoux de se plier dans la prière. Ils se sont fatigués de prier, de lire la Bible, de se souvenir du Seigneur, fatigués de prêcher l'Evangile, d'écouter, fatigués de s'occuper des intérêts du Seigneur, fatigués même du peuple de Dieu. Et ce dont nous sommes fatigués, nous le méprisons ; rien d'étonnant que ce déclin spirituel se termine en « soufflant » sur les choses du Seigneur et sur le peuple de Dieu. Combien il est important d'avoir toujours Christ devant nous, lui qui est le vrai motif de tout service, le chef et le consommateur de la foi. Considérons celui qui a enduré une telle contradiction de la part des pécheurs contre lui-même, afin que nous ne soyons pas lassés, étant découragés dans nos âmes (Héb. 12 : 3).
 
 
                                   Tel est le tableau solennel brossé par le prophète sur la condition générale dans laquelle la masse du résidu était tombée :
                                               - une profession de haut niveau et une pratique de bas niveau
                                               - une insensibilité morale et un aveuglement spirituel
                                               - un service extérieur du Seigneur, mais sans véritable consécration
                                               - la fatigue et le mépris du service du Seigneur.
 
                                   Interrogeons-nous sérieusement. Dans quelle mesure ces déclarations ne sont-elles pas le véritable tableau de notre propre état ?
 
 
                                                                                                          H. Smith
 
(A suivre)