« MOI, JE SUIS... » (6)
« Moi, je suis le vrai cep » (Jean 15 : 1)
En Adam, tout avait été ruiné ; en Christ, Dieu a tout restauré. Comme homme, Christ recommence l'histoire de l'homme sur la terre et instaure une économie nouvelle, qui se substitue à celle de la loi. Une profession nouvelle – la profession chrétienne – remplace celle d'Israël, qui se fondait sur l'appartenance à la postérité d'Abraham et sur la loi donnée à Moïse.
Christ, le vrai cep, prend sur la terre la place d'Israël, le cep que l'Eternel avait transporté hors d'Egypte (Ps. 80 : 8 ; Osée 11 : 1). « Moi, je suis le vrai cep, dit-Il, et mon Père est le cultivateur... Moi, je suis le cep, vous, les sarments » (Jean 15 : 1, 5). Tous ceux qui font partie de la profession chrétienne sont considérés comme des sarments du vrai cep. Certains d'entre eux, il est vrai, lui sont unis par une relation de pure forme ; ils n'ont que la profession et non la vie, de sorte qu'ils ne sauraient porter de fruit. Ils ne peuvent « demeurer » en Christ dont ils ne possèdent pas la vie et subiront le jugement décrit aux versets 2 et 6 de Jean 15. En revanche, ceux qui sont liés au cep par une union vitale, ont à porter du fruit, et le Père les « nettoie » (v. 2), afin qu'ils portent « plus de fruit », « beaucoup de fruit » (v. 5).
Christ, le vrai cep, est donc la source du fruit, ce « fruit de la justice, qui est par Jésus Christ à la gloire et à la louange de Dieu » (Phil. 1 : 11). Mais ce sont les sarments qui portent le fruit, en tant qu'ils font partie intégrante du cep. Ils ne pourraient, en aucun cas, en porter par eux-mêmes. « Séparés de moi, vous ne pouvez rien faire » (Jean 15 : 5). Ils ont besoin de recevoir la sève qui vient du cep. La profession seule, sans vie, est vaine ; se dire chrétien ne confère pas la vie divine. Mais si le sarment est uni vitalement à Christ, le vrai cep, il doit y avoir du fruit, si faible et ignorant que soit le sarment. Alors le Père, le Cultivateur, intervient en grâce par sa discipline, afin d'amener le sarment à porter toujours plus de fruit. « Celui-ci nous discipline pour notre profit, afin que nous participions à sa sainteté ». La discipline produit « le fruit paisible de la justice » (Héb. 12 : 10, 11).
Dieu permet la détresse
Afin de nous bénir ;
Jamais sa main ne blesse
Pour nous faire souffrir.
Le serment qu'Il émonde
C'est celui qu'Il chérit,
Afin que dans ce monde
Il porte plus de fruit.
Fidèle discipline
D'un Dieu de sainteté,
Où la grâce divine
Abonde en fruit porté !
Tu formes sur la terre
Tes bien-aimés enfants.
Sois loué, tendre Père,
Pour tes soins vigilants !
La vie se montre par le fruit. Mais, dit le Seigneur Jésus, « comme le sarment ne peut porter de fruit de lui-même, à moins qu'il ne demeure dans le cep, de même vous non plus vous ne le pouvez pas, à moins que vous ne demeuriez en moi » (Jean 15 : 4). Demeurer en Christ, c'est être attaché à lui comme le sarment dépend du cep, avec lequel il constitue une seule plante. C'est goûter une communion si constante et si réelle avec Christ, que toutes nos pensées, nos paroles et nos actions soient l'expression de sa volonté, de sorte qu'aucun acte d'indépendance ne vienne interrompre la progression de la sève jusque dans le sarment. Il suffit de peu de chose pour qu'une plante se fane. De même, le moindre obstacle entre Christ et notre âme entrave notre croissance spirituelle et nous condamne à la stérilité. C'est pourquoi Jésus dit : « Demeurez en moi, et moi en vous ».
Demeurer en Christ, c'est aussi se nourrir de Lui, s'occuper de lui, user des ressources qu'Il met à notre disposition – en particulier la Parole et la prière – pour nous faire croître dans la connaissance de sa Personne ; c'est vivre de sa vie, marcher sur ses traces. Alors Il sera vu en nous, car le fruit du sarment n'est autre que celui du cep : ce fruit sera comme un reflet des perfections que Christ a manifestées ici-bas à la gloire de son Père. Nul ne peut vivre dans la communion avec Christ sans ressembler à Christ : obéissance, dépendance, douceur, bonté, humilité, patience, support, charité, amour, sainteté seront autant de fruits produits dans la vie du croyant qui demeure en Christ. Il ne peut en être autrement.
Mais cela n'est jamais le résultat de nos propres efforts. Ainsi que quelqu'un l'a écrit, ce n'est pas en faisant un effort incessant pour recevoir l'air et le soleil, que le sarment porte du fruit. C'est simplement en demeurant attaché au cep, dans une union silencieuse et paisible, et les fleurs et les fruits apparaissent comme par une croissance spontanée. De même, il suffit au croyant de s'abandonner tout entier au Seigneur, de porter ses regards, ses pensées, ses affections sur Lui pour recevoir sa grâce. Demeurons donc en Lui, dans la jouissance de notre union avec lui. Sa vie étant notre vie, nous pénètre tout entiers, comme la sève va du cep jusqu'aux extrémités du sarment. La vie de l'un, c'est la vie de l'autre, tellement qu'on ne peut plus distinguer ces deux vies. Le Seigneur n'a pas dit : « Demeurez avec moi », mais « Demeurez en moi ». Il veut que nous participions pleinement à sa vie divine. Il nous porte et nous nourrit de sa sève, comme le cep le fait pour les sarments. C'est de Lui seul que dépend notre croissance, comme notre fruit. Saisir cette réalité par la foi nous rend capables de porter du fruit, plus de fruit, beaucoup de fruit, du fruit qui demeure.
L'important n'est donc pas de nous agiter, mais de demeurer en Christ. C'est à Lui-même que nous avons affaire. C'est de Lui que nous avons besoin. Lui-même nous invite à accepter non seulement les grâces qu'Il veut nous communiquer, mais à l'accepter, Lui. « Venez à moi ». « Demeurez en moi ». « Apprenez de moi ». C'est comme s'Il nous disait : « Laissez votre coeur être occupé exclusivement de moi. Nourrissez-vous de moi. Ne soyons plus deux, mais un, vous et moi ».
Alors nous porterons beaucoup de fruit, le Père sera glorifié et nous serons vraiment disciples de Christ.
Simplement être témoin,
Simplement parler de Lui,
Simplement au près, au loin,
En Jésus porter du fruit.
M. Tapernoux – d'après un article paru en 1971 dans le « Messager Evangélique » (p. 14)
(A suivre)