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LE LIVRE DU PROPHETE ZACHARIE (5)
 
 
 
 
3ème partie : LES ORACLES PROPHETIQUES (suite)
 
 
            1- Le premier oracle : Christ, roi et berger (suite des chapitres 9-11)
 
                                   1.3 Christ et l'Antichrist (chapitre 11 : 1-17)
 
                        Les chapitres précédents ont déployé les grâces et les bénédictions de Dieu préparées pour Israël, révélé sa guérison spirituelle nationale. Ils ont parlé de la défaite de ses ennemis, de la destruction des puissances de ce monde, du rétablissement de la théocratie et des bénédictions du royaume.
 
                        Mais maintenant, ce qui doit précéder cette période glorieuse est décrit plus en détail : le rejet du Messie et les circonstances particulières aux derniers jours (destruction de Jérusalem et manifestation de l'Antichrist).
                        Il peut sembler étonnant de trouver ici des paroles aussi sévères, mais elles décrivent le jugement du gouvernement de Dieu vis-à-vis de son peuple.
                        Souvenons-nous que « l'Esprit de Christ » qui parlait par les prophètes, rendait « par avance témoignage des souffrances qui devaient être la part de Christ et des gloires qui suivraient » (1 Pier. 1 : 11). Ici, le prophète disparaît et les paroles qu'il prononce ne peuvent s'appliquer qu'à Christ (voir v. 7-14, en particulier les v. 12 et 13).
 
 
                                               - Le jugement du pays (v. 1-3)
 
                        Ce tableau présente l'avancée irrésistible d'un envahisseur venu du nord. La destruction commence par le Liban, invité à « ouvrir ses portes » pour faciliter la progression d'un incendie qui va dévorer ses cèdres majestueux ! Peut-être représentent-ils les grands d'Israël et les cyprès, le peuple ?
                        Des montagnes du Liban, la dévastation passe aux robustes chênes de Basan, qui formaient une forêt réputée inaccessible. C'est leur tour de hurler à l'approche de ce feu qui ravage tout sur son passage. Ils seraient une figure de ces Juifs nobles et puissants qui, comme au temps du Seigneur, s'attribuaient la place de conducteurs. Au lieu de paître le troupeau, ils se paissaient eux-mêmes (Ezé. 34 : 8).
                        Les ravages gagnent de plus en plus vers le sud ; alors il n'y a plus d'espoir pour les riches pâturages, dont l'anéantissement arrache des cris de désespoir aux bergers. Il n'y a plus de nourriture pour les troupeaux (Jér. 25 : 34-37).
 
                        Ce sombre tableau prophétique annonce, peut-être aussi, de façon imagée, la dévastation du pays en l'an 70 après J.-C. Ce feu qui vient du nord – une armée romaine assoiffée de vengeance – répandit la ruine et la misère partout sur son passage. Après un terrible siège, Jérusalem est tombée, le temple a été brûlé et le peuple juif livré à la boucherie.
 
                        Peu avant cet événement dramatique, la voix du Seigneur, pleurant sur Jérusalem, se fera entendre à son tour : « Des jours viendront sur toi, où tes ennemis t'entoureront de tranchées, et t'environneront... de tous côtés, et te renverseront par terre, toi et tes enfants au-dedans de toi ; et ils ne laisseront pas en toi pierre sur pierre, parce que tu n'as point connu le temps de ta visitation » (Luc 19 : 43-44). Ils allaient combler la mesure de leurs iniquités en crucifiant le « Seigneur de gloire ». Depuis, le peuple a connu des abîmes de souffrances (lors de la destruction de Jérusalem en l'an 70 et durant ce que l'on a appelé « l'Holocauste » -lors de la seconde guerre mondiale). Il est toujours méprisé et menacé. Et pourtant, une tribulation plus grande encore, maintenant proche, accomplira complètement la prophétie. Après l'enlèvement de l'Eglise, Israël devra traverser « la détresse de Jacob » (Jér. 30 : 7).
 
 
 
                                               - Le massacre du troupeau (v. 4-6)
 
                        Dans les versets 4-6, un nouveau berger apparaît. On peut noter la formule inhabituelle : « l'Eternel, mon Dieu ». Elle souligne l'intimité de la relation du prophète avec Dieu. Incontestablement, sous les traits du prophète, Christ lui-même est introduit. C'est Lui en fait qui a reçu cette mission spéciale, paître le « troupeau de la tuerie » (Ps. 44 : 22 ; l'apôtre Paul cite les versets de ce Psaume en Romains 8 : 36. Les premiers chrétiens y sont comparés à ces brebis de boucherie, et les prétendus bergers d'Israël sont leurs persécuteurs). Israël ressemble à un troupeau qui court à la mort. Mais la grâce divine fait encore un ultime effort pour l'arracher au sort qui le menace, et le conduire dans de « verts pâturages ». C'est le sens même de la vie de Christ au milieu d'Israël.
 
                        Ces versets illustrent la manière dont cette prophétie relie, sans aucune transition, la première venue de Christ à sa venue future pour délivrer Juda et juger ses adversaires. Ce trait est plus frappant encore, si l'on rapproche de ces versets le chapitre 34 d'Ezéchiel qui, tout entier, traite de la destruction des mauvais pasteurs et de l'apparition du Seigneur, fils de David, comme le Berger des brebis. Dans un temps futur, le Seigneur sera reconnu comme le conducteur de son peuple. Ici, dans Zacharie, nous trouvons tout autre chose : « Pais le troupeau de la tuerie ». Et l'Esprit de Dieu dénonce la conduite de ceux qui ont la charge du troupeau.
 
                        On peut distinguer trois catégories de personnes :
                       
                                   * les possesseurs : les nations qui les oppriment et les tuent, sans pour autant être tenues pour coupables par les autres peuples
                                   * les vendeurs : les chefs politiques du peuple. Pour satisfaire leurs propres intérêts, ils ont accepté le joug des nations
                                   * les bergers : les conducteurs religieux qui n'épargnent pas le troupeau (Jean 10 : 1 ; Ezé. 34 : 8-10). Hypocrites, ils remercient Dieu pour les richesses acquises en vendant les brebis de son troupeau (v. 5).
 
                        La patience de Dieu est à son terme. Le refus de la grâce amène le jugement. « Je n'épargnerai plus les habitants du pays ». La nation sera livrée à la destruction.
 
 
                                               - Le vrai Berger mis de côté et rejeté (v. 7-14)
                                              
                        Le prophète est ici un type de Christ en tant que Berger, alors que Joshua et Zorobabel le représentaient comme Sacrificateur et comme Roi. En décrivant les brebis comme un troupeau déjà destiné à la boucherie, Zacharie expose le caractère en grande partie infructueux de ce travail de pasteur. Toutefois, au milieu de ceux qu'il est venu paître, quelques-uns, « les pauvres du troupeau », ont entendu la voix du bon Berger et s'y soumettent. Ce sont ceux qu'il déclare bienheureux (Matt. 5 : 3-5). Il les appelle par leur nom, il les nourrit, leur donne la vie éternelle. Personne ne les ravira de sa main (Jean 10 : 28). Tels étaient les disciples qui entouraient le Seigneur pendant sa carrière sur la terre.
 
                                   *Rupture : Zacharie agit à nouveau symboliquement en prenant ces deux bâtons, qu'il appelle, l'un « Beauté » (ou « faveur ») et l'autre, « Liens ». Ce sont des attributs d'autorité et les instruments du berger pour défendre et délivrer son troupeau. Le premier bâton symbolise probablement l'offre pleine de grâce du Roi à son peuple. Le second bâton parle d'union, d'unité, de communion. Christ était venu pour racheter son peuple, pour le délivrer de ses puissants ennemis et de ses mauvais conducteurs. Si le peuple avait alors reçu son Messie, le royaume de Dieu aurait pu être établi. Les nations se seraient rassemblées autour du Roi, et Juda et Israël auraient retrouvé, sous son sceptre, l'ancienne unité nationale. C'est sous ce caractère de Roi Berger que le Seigneur s'est mis à paître le troupeau. Voyant les foules, il était « ému de compassion pour elles, parce que ils étaient las et dispersés, comme des brebis qui n'ont pas de berger » (Matthieu 9 : 36). Il a proclamé ce que les prophètes annonçaient depuis longtemps : l'amour et la grâce de Dieu.
 
                                   Mais l'hostilité des conducteurs, qui se disaient les bergers du peuple – et n'étaient de fait que des « voleurs et des larrons » - ne cessa de grandir. Aussi est-il dit : « Et je détruisis trois des bergers en un mois, et mon âme fut ennuyée d'eux, et leur âme aussi se dégoûta de moi » (v. 8). On a rapproché cette destruction du revers des conducteurs politico-religieux du peuple – les Pharisiens, les Sadducéens et les Hérodiens – dans les derniers temps de la vie du Sauveur sur la terre, avant la croix (Matt. 22 : 15, 16).
 
                                   Devant l'inimitié du peuple, le Seigneur renonce pour un temps au royaume et laisse le troupeau à la ruine et à la destruction : « Je ne vous paîtrai pas : que ce qui meurt, meure... quant à ce qui reste, qu'ils se dévorent l'un l'autre » (v. 9). Ce sont des paroles terribles et effrayantes. Elles ont trouvé un accomplissement lors du siège de Jérusalem en l'an 70.
 
                                   Le Seigneur renonce maintenant à ce qui est sa prérogative absolue : il rompt ses bâtons (pas plus ici que plus haut, pour la destruction de trois bergers, on ne doit attribuer de telles actions à Zacharie lui-même, mais il agit comme représentant du Seigneur) :
 
                                               . « Beauté », en figure son alliance avec « tous les peuples » (Israël) :    le mot « peuples » est au pluriel, comme en Genèse 49 : 10. Il s'agit donc ici des tribus d'Israël.
                                               . « Liens » (v. 10, 14), c'est-à-dire la fraternité entre Juda et Israël.
 
                                   Mais il ne brisera ce second bâton qu'un peu plus tard, quand il aura reçu son salaire : c'est à regret qu'il se sépare de ce troupeau qu'il aime. Il a espéré jusqu'au bout que le peuple se détournerait de ses mauvaises voies.
 
                                   Le rassemblement général est remis à un temps futur, comme nous le voyons dans le livre du prophète Ezéchiel (37 : 15-28). Mais « les pauvres du troupeau » qui « prenaient garde » à lui (cette expression appliquée au résidu est remarquable) comprirent ce que l'Eternel faisait et quel était son but (v. 11). Au milieu d'un si triste état de choses, les pauvres connurent la pensée du Seigneur, car sa personne avait du prix pour eux. Ils comprirent que leurs espérances juives ne pouvaient se réaliser tant que le Roi serait rejeté. Ils reçurent instruction de celui en qui ils avaient mis leur confiance, quand il répondit à leur question : « Est-ce en ce temps-ci que tu rétablis le royaume pour Israël ? » (Act. 1 : 6). Un nouvel ordre de choses allait être introduit, bien supérieur à tout ce que ces disciples avaient osé escompter. Ils avaient espéré qu'il était « celui qui doit délivre Israël » (Luc 24 : 21). Maintenant, par sa mort et sa résurrection, ils allaient être introduits dans la patrie céleste du royaume, réservé à l'Eglise.
 
 
                                   *Donnez-moi mon salaire : « Et je leur dis : « Si cela est bon à vos yeux, donnez-moi mon salaire ; sinon laissez-le. Et ils pesèrent mon salaire, trente pièces d'argent ». Cette demande de recevoir son « salaire », exprimée après la rupture du premier bâton, était encore, si elle avait été comprise, un appel à la repentance. Mais au lieu de recevoir du « fruit » pour ses soins et son travail d'amour, ce ne furent que des « raisins sauvages » (Es. 5 : 2).
 
                                   « Et l'Eternel me dit : Jette-le au potier, ce prix magnifique auquel j'ai été estimé par eux. Et je pris les trente pièces d'argent, et je les jetai au potier, dans la maison de l'Eternel » (v. 12, 13). C'est à ce prix qu'ils ont estimé le Berger d'Israël, un prix injurieux (magnifique : c'est par dérision que l'Eternel s'exprime ainsi –comp. Lév. 27 : 3), et pourtant soigneusement pesé. Trente pièces d'argent : c'était l'indemnité que l'on versait à un propriétaire, pour le dédommager, lorsqu'un esclave avait été frappé par les cornes d'un boeuf (Ex. 21 : 32 ; c'etait le signe des voies gouvernementales de Dieu : l'histoire profane rapporte qu'à Alexandrie, en l'an 70, trente Juifs étaient vendus... pour une pièce d'argent, seulement ! Et encore, avaient-ils du mal à trouver acquéreur...).
                                   A quel prix estimons-nous le Seigneur Jésus ?
 
                                   Sur l'ordre divin, cet argent est jeté, avec indignation, dans le temple. Les sacrificateurs, qui connaissaient si bien la lettre de la loi et des prophètes, accomplirent, bien malgré eux, ce que les Ecritures avaient prédit à leur sujet ; Judas aussi a eu le comportement que la parole de Dieu annonçait. Il a reçu ce salaire d'iniquité de leurs mains, pour prix de sa trahison. Plus tard, pris de remords, il voulut le leur rendre ; mais les principaux sacrificateurs, cachant leur méchanceté sous la forme de la piété, plutôt que de le mettre dans le trésor du temple, achetèrent le champ du potier, pour la sépulture des étrangers (Matt. 26 : 15, 16 ; 27 : 3-10). Ainsi la parole de Dieu s'est accomplie à la lettre et c'est encore elle qui les jugera au dernier jour.
 
 
                                               - Le berger insensé accepté (v. 15-17)
 
                        Le berger insensé est le même que celui qui est appelé ailleurs l'Antichrist. Le prophète doit agir comme un berger insensé. Il ne tient plus dans ses mains les bâtons appelés « Beauté » ou « Liens », mais des instruments non précisés dont ce berger insensé se servira pour frapper et blesser.
                        Le vrai Berger, Christ, est venu pour chercher, pour sauver, pour nourrir, pour guérir et pour rassembler. Le « pasteur de néant » agira avec cruauté et dureté de coeur. Il agit exactement à l'inverse de ce que le bon Berger fait en perfection (v. 16).
 
                        Lorsque le « grand Pasteur des brebis » (Héb. 13 : 20) a été rejeté, la nation est devenue la proie de bergers insensés. Mais le dernier à paraître sur la scène sera l'Antichrist. Ses caractères ont été vus dans bien des personnages de ce monde, mais ils n'étaient pas encore aussi manifestes que ceux qui seront vus dans cet « homme de péché » qui deviendra un objet de vénération et se fera adorer comme un dieu.
                        Le Seigneur a dit : « Moi, je suis venu au nom de mon Père, et vous ne me recevez pas ; si un autre vient en son propre nom, celui-là vous le recevrez » (Jean 5 : 43).
 
                        Ce sera juste avant la venue du Roi des rois, le vrai Berger du troupeau. Celui-ci consumera l'Antichrist par le souffle de sa bouche et l'anéantira par l'apparition de sa venue. Malheur à lui ! Sa carrière sera brève, sa fin soudaine. Un terrible châtiment le frappera quand le Seigneur viendra avec tous ses saints pour le salut d'Israël. L'épée tombera sur son bras et sur son oeil droit – respectivement symboles de la force et de l'intelligence (v. 17).
 
 
                        Les événements décrits dans ce chapitre 11 de Zacharie sont les plus sombres de l'histoire d'Israël. La nuit a commencé par l'apostasie et le rejet du Seigneur de gloire, ce Berger plein d'amour, né volontairement sous la loi, pour les sauver. Elle s'achèvera dans des ténèbres plus épaisses encore, sous le règne du Berger insensé. Mais le matin se lèvera après la terrible nuit et le soleil d'Israël ne se couchera plus jamais.
  
 
                                                       Extrait de «  Sondez les Ecritures » (volume 13)