LE LIVRE DU PROPHETE ZACHARIE (4)
1.1 Le Roi qui vient (chapitre 9)
Le renversement de la puissance des nations et l'établissement du royaume messianique sont les thèmes de cette dernière partie du livre de Zacharie. Ces chapitres sont du plus grand intérêt : celui qui apporte la délivrance, Christ, le Roi Messie, y est également dépeint comme celui qui est souffrant, rejeté, vendu, percé et mis à mort. Nous assistons aussi au dernier conflit et au siège final de Jérusalem.
- Le fardeau du pays de Hadrac (v. 1-8)
Le début du chapitre 9 concerne les peuples voisins d'Israël. Leur conduite avait été observée à leur insu, car « l'Eternel a l'oeil sur les hommes » (v. 1 et 8b). Combien nombreux sont ceux qui, oubliant ce saint regard, se comportent comme si le Seigneur ne les voyait pas ! Le pays de Hadrac, contre lequel est prononcé le premier oracle, ne peut être clairement identifié (le mot « oracle » est traduit parfois par « charge ». C'était pour le prophète, un « fardeau » reçu de la part de l'Eternel, fardeau dont il devait se décharger). Son étroite relation avec Damas et Hamath montre que cette région devait être alors une des provinces du royaume de Syrie. Les cités phéniciennes de Tyr et de Sidon sont ensuite nommées, puis il est fait mention de quatre villes des Philistins : Askalon, Gaza, Ekron, Asdod.
C'est contre ces contrées que Zacharie annonce un jugement accompagné de grandes destructions. La verge que Dieu va utiliser pour les exécuter s'appelait Alexandre le Grand. C'est lui qui détruisit l'empire des Perses, 180 ans plus tard, ce qui lui ouvrit l'accès de la Syrie. Ainsi furent détruites la sagesse humaine et la force de Tyr, qui « amassait de l'argent comme de la poussière », la fausse confiance d'Ekron, l'orgueil et les abominations des villes de Philistie, brusquement privées de tous leurs habitants.
Mais n'est-ce pas plus remarquable encore de voir annoncée la « conversion » de Philistins idolâtres ? Celui qui restera, laissant de côté ses abominations passées, deviendra lui aussi un résidu pour notre Dieu, et sera comme un chef en Juda (v. 7), pendant le règne millénaire de Christ.
La campagne éclair d'Alexandre devait épargner Jérusalem. L'Eternel veut toujours protéger son peuple : « Je camperai à côté de ma maison... l'exacteur ne passera plus sur eux », déclare ce verset 8. Il tourne ainsi nos regards vers la délivrance finale, encore à venir. Quand Jérusalem connaîtra la dernière attaque de l'Assyrien (14 : 1-15), cette prophétie s'accomplir pleinement. Le peuple sera cette fois définitivement sauvé par la présence du Roi puissant et débonnaire.
- Le roi de paix de Sion (v. 9-12)
La première venue du Seigneur (v. 9) : Une parole encore plus remarquable suit immédiatement. Elle donne un exemple frappant d'une prophétie partiellement réalisée. En effet dans ces versets 9 et 10, les deux venues du Seigneur Jésus, du vrai roi d'Israël, sont confondues.
« Réjouis-toi avec transports, fille de Jérusalem !... Voici, ton roi vient à toi ; il est juste et ayant le salut, humble et monté sur un âne, et sur un poulain, le petit d'une ânesse » (v. 9). Qui pourrait dire que ces versets ont été entièrement accomplis ? Certes, le roi est déjà entré à Jérusalem, humble et monté sur un ânon (Jean 12 : 14-15 ; Matt. 21 : 4). Mais, dans les Evangiles, il n'est pas question des « transports de réjouissance » de Jérusalem. En Matthieu, ils sont remplacés par ces simples mots : « Dites à la fille de Sion ». Nous ne trouvons pas non plus cette expression : « Il est juste et ayant le salut ». Seuls, ses caractères d'humilité et de débonnaireté sont mis en évidence. Nous le contemplons dans son humiliation passée et dans son exaltation future. Le peuple n'a pas reçu son Messie : « Nous ne voulons pas que celui-ci règne sur nous ». Au lieu de se réjouir, il l'a méprisé » (Es. 53 : 3), puis crucifié.
Zacharie ne parle pas, ici, du rejet de Christ. Il passe, sans transition aucune, de la première venue de Christ sur la terre, à son apparition future pour Israël.
La deuxième venue du Seigneur (v. 10) : Ainsi, depuis bientôt deux mille ans, l'accomplissement de cette prophétie s'est arrêté entre ces versets 9 et 10. Elle reprendra bientôt son cours. La délivrance, dont parle le verset 8, aura alors lieu. Après de terribles jugements, le Roi réapparaîtra dans toute sa majesté (Es. 40 : 10), assis, cette fois, sur un cheval blanc (Apoc. 10 : 11). Et Jérusalem, délivrée du joug de l'oppresseur, accueillera avec transports ce roi de justice et de paix. Vrai Melchisédec, « il annoncera la paix aux nations et dominera d'une mer à l'autre » (v. 10).
La prophétie accomplie n'est donc qu'un avant-goût des gloires futures de Christ.
Puis, le prophète ajoute, parlant de Jérusalem : « Quant à toi aussi, à cause du sang de ton alliance, je renverrai tes prisonniers hors de la fosse où il n'y avait point d'eau (comp. Gen. 37 : 24). Revenez à la place forte, prisonniers de l'espérance ! » (v. 11-12). Ces prisonniers semblent être des fils de Sion et leur captivité est suggérée par ce puits sans eau. Elle rappelle l'épreuve de Jérémie (Jér. 38 : 6). Ils seront enfermés de toutes parts et privés des sources de la vie.
Mais ses prisonniers seront délivrés (Jér. 31 : 17), à cause de l'alliance conclue pour Israël, sur la base du sang de Christ versé en propitiation. Quand Christ viendra dans sa puissance, il libérera ces prisonniers, ce faible résidu resté à Jérusalem, dont une partie aura souffert le martyre. Les fidèles, qui se seront enfuis (Matt. 24 : 16-22) au moment où l'idole sera placée dans le temple de Dieu, seront invités à revenir à la « place forte », c'est-à-dire à Jérusalem. La réalisation de cette prophétie est donc encore à venir.
- Paix et prospérité à venir, triomphe assuré (v. 13-17)
Le temps de la bénédiction attendue est maintenant précisé et il devient évident que le prophète a en vue des jours futurs. « Car j'ai bandé pour moi Juda, d'Ephraïm j'ai rempli mon arc, et je réveillerai tes fils, ô Sion, contre tes fils, ô Javan, et je te rendrai telle que l'épée d'un homme fort ». Ces métaphores sont significatives. Juda sera l'arc, Ephraïm, le carquois. Les flèches, habilement dirigées, iront frapper les ennemis du peuple de Dieu.
Les fils de la Grèce (Javan) représentent ici les nations en général. Ils évoquent l'invasion – qui était alors à venir – de la Terre sainte par Alexandre le Grand, invasion qui n'est elle-même qu'un signe avant-coureur des attaques dont Israël sera l'objet à la veille de l'apparition du Messie. Alors, comme cette prophétie et d'autres le montrent, Christ se servira de son peuple pour soumettre les nations (Jér. 51 : 20-23).
Cette prophétie s'est peut-être partiellement accomplie lors des victoires des Macchabées, en lutte contre les Grecs. On peut entrevoir ici leurs combats, leur fidélité et le secours divin. Daniel, le prophète (Dan. 11 : 29-35), mettrait en évidence leurs souffrances pour le témoignage et la manière dont ils furent purifiés par l'épreuve.
Nous aurions donc sous les yeux une prophétie qui se serait accomplie, en partie, trois siècles et demi environ après avoir été prononcée. Mais c'est aussi une anticipation des temps de la fin et des combats qui opposeront alors les princes de Juda à l'Assyrien prophétique, tel que le présente le chapitre 10. A ce moment-là, la réalisation ultime de cette prophétie est certaine.
Une métaphore se présente à l'esprit du prophète (v. 15 ; Nom. 23 : 24 ; Mich. 5 : 8). Elle signifie que les ennemis du peuple ne seront plus jamais en mesure de lui nuire : ils disparaîtront comme le combustible que l'on jette dans un feu ou de la nourriture placée devant celui qui a faim.
La fin de ce chapitre (v. 16-17) nous ramène au temps où le roi de Sion apparaîtra pour le salut à son peuple. Ses rachetés seront comme les pierres précieuses de sa couronne (Es. 62 : 3). Ils contribueront à la beauté merveilleuse du Roi, « plus beau que les fils des hommes « (Ps. 45 : 2) ! Et le seul fait de leur présence auprès de lui, soulignera son ineffable bonté (v. 17 ; Ps. 31 : 19, 21 ; 27 : 4, 13).
Cette gloire d'Israël est future. Actuellement, jusqu'à la venue en gloire de Christ, « Lo-Ammi » (« pas mon peuple ») est encore prononcé sur Israël.
Les trois grands événements de ce chapitre, la conquête d'Alexandre, l'entrée du Seigneur à Jérusalem et les victoires des Macchabées, illustrent ce que nous lisons ailleurs : « Sachant ceci premièrement, qu'aucune prophétie de l'Ecriture ne s'interprète elle-même (2 Pier. 1 : 20). Autrement dit, elle ne peut être isolée de ce que l'Ecriture déclare dans son ensemble.
1.2 La restauration (chapitre 10)
- Des ondées de pluie (v. 1)
Le premier verset se rattache plutôt à la fin du chapitre 9, qui promet une grande fertilité. Or, sans pluie, le sol demeure stérile. La première pluie tombait au moment des semailles. Pour l'Eglise, cette bénédiction a eu lieu à la Pentecôte, ainsi que le rapporte le chapitre 2 du livre des Actes. Ici, il s'agit de la dernière pluie, qui aide au développement et à la maturation du fruit.
Si le ciel avait retenu la pluie, c'était le péché d'Israël qui en était la cause. Maintenant, Dieu pense à faire du bien à Israël et il les exhorte à chercher sa face pour retrouver leur prospérité antérieure. En réponse à une prière instante, la pluie de la dernière saison tombera en abondance au temps convenable sur la terre. « Demandez à l'Eternel... et il ... donnera » (Matt. 7 : 7-11). Cette pluie évoque aussi des bénédictions spirituelles, lorsque Dieu répandra alors son Esprit sur toute chair (Joël 2 : 28).
- L'apostasie d'Israël dans les derniers jours (v. 2-4)
Le coeur infidèle d'Israël avait été, dans le passé, la cause de ses calamités et de sa ruine. Le peuple s'était détourné de son Dieu et avait cherché du secours dans l'idolâtrie et la divination. Mais les théraphim que l'on venait consulter, ne pouvaient propager que des « paroles de vanité », les devins ne pouvaient que voir « un mensonge » et prononcer des « songes trompeurs », consolant « en vain ». Et Israël, dans son affliction, était devenu semblable à un troupeau qui n'a pas de berger (v. 2 ; Matt. 9 : 36).
Dans les derniers temps, la nation juive dans son incrédulité sera disposée à se tourner à nouveau vers un esprit impur d'idolâtrie, sous une forme plus grossière encore qu'au début (Matt. 12 : 43-45). Les apostats accepteront de rendre hommage à « l'homme de péché » (2 Thes. 2 : 3 ; Apoc. 13 ; Dan. 9 : 27). C'est pourquoi la colère de Dieu s'embrasera contre les faux bergers et il punira les boucs, ces chefs qui opprimeront le résidu fidèle (Ezé. 34 : 1-10, 17 ; Es. 14 : 9 ; Dan. 8 : 21).
Pourtant, en même temps, il y aura un résidu qui se tiendra séparé de ces abominations ; ils craindront l'Eternel et refuseront de s'allier avec la bête. La fin du verset 3 de ce chapitre concerne ces fidèles : « l'Eternel des armées a visité son troupeau, la maison de Juda, et il en a fait son cheval de gloire dans la bataille ». On pourrait traduire « le cheval de sa majesté ». Il se servira d'eux pour exécuter ses jugements et les délivrera (Jér. 51 : 20).
La pierre angulaire (v. 4) : « De lui est la pierre angulaire, de lui le clou, de lui l'arc de guerre, de lui sortent tous les dominateurs ensemble ». La répétition de l'expression « de lui » donne beaucoup de vigueur à la pensée. C'est de la tribu de Juda que le Christ a surgi (Héb. 7 : 14) :
* Il est la pierre angulaire, fondement assuré pour son peuple, en contraste absolu avec l'abri de mensonge que les hommes ont édifié : « Celui qui se fie à cette pierre, ne se hâtera pas » (avec frayeur ; Es. 28 : 16). A la lumière du Nouveau Testament, Christ est aussi le sûr fondement, la pierre angulaire de la maison de Dieu, de l'Eglise du Dieu vivant (Eph. 2 : 19-22).
* Il est aussi le clou. Le clou, dans une maison orientale, est une cheville solide, souvent magnifiquement ornée, où les objets les plus précieux sont accrochés. « Et je le fixerai comme un clou dans un lieu sûr, et il sera un trône de gloire... et on suspendra sur lui toute la gloire de la maison de son père » (Es. 22 : 22-25). Cette parole est d'abord adressée à « un » fils de David, Eliakim. Elle devait vraiment s'accomplir dans le Messie, « le » Fils de David. Lui seul a ce caractère d'un clou placé à l'intérieur de la maison spirituelle (Esd. 9 : 8). Sur lui reposent toutes les promesses. Il est le oui et l'amen, la certitude et la garantie, à la gloire de Dieu (2 Cor. 1 : 20). Reconnaissons-le dans toute sa seigneurie !
* Lors de sa seconde venue, Christ sera alors « l'arc de guerre », l'archer habile et puissant, dont les flèches aiguës pénétreront dans le coeur de ses ennemis (Ps. 45 : 5).
* Il n'est pas possible d'affirmer absolument le sens du dernier caractère : « De lui sortent tous les dominateurs (ou exacteurs) ensemble ». Ils remplaceront les mauvais bergers d'autrefois. Durant le règne du Messie sur la terre, la volonté souveraine de Dieu sera pleinement accomplie par Celui qui est amour, glorieux en sainteté, infini en sagesse et en puissance. Il paîtra ses ennemis et ceux de son peuple avec une verge de fer (Apoc. 2 : 27). Et Juda, autrefois humilié, aura désormais la prééminence dans le royaume, comme Moïse l'annonçait déjà (Gen. 49 : 10).
- La victoire sur les ennemis (v. 5-7)
La grande victoire finale est annoncée dans ces versets. Juda combattra et tiendra l'Assyrien en échec : « Ils seront dans la bataille comme des hommes forts qui foulent aux pieds la boue des rues », car l'Eternel des armées « sera avec eux » comme aux jours d'autrefois. La maison de Joseph, qui était apparemment dans une situation encore plus désespérée, sera sauvée. « Je les ramènerai, car j'userai de miséricorde envers eux ; et ils seront comme si je ne les avais pas rejetés ». La mention d'Ephraïm, qui représente habituellement les dix tribus, permet d'affirmer que c'est Israël tout entier qui sera restauré. Son « coeur s'égayera en l'Eternel ».
Trouvons-nous notre joie dans le Seigneur ?
- Délivrance et rassemblement d'Israël, sa restauration (v. 8-12)
En ce jour-là, Israël sera spirituellement guéri. L'Eternel les « sifflera ». En contraste, Esaïe nous montre l'Eternel sifflant une nation pour qu'elle vienne combattre contre Israël (5 : 26). Cet appel qui n'admet ni lenteur, ni réplique, est employé par les bergers pour rassembler leurs brebis dispersées. Ils se servent aussi souvent, dans ce but, d'un sifflet ou d'un pipeau. Alors, ils se souviendront de l'Eternel « dans les pays éloignés » et il les ramènera au pays de Galaad, comme du temps de Moïse, et au Liban, ce qui n'avait jamais eu lieu, même sous la conduite de Josué. « Il ne sera pas trouvé assez de place pour eux » dans les limites de leur héritage ; la prospérité promise à Abraham sera enfin leur part (Gen. 15 : 18-20 ; Jér. 30 : 19).
* v. 11 : Le Messie traversera avec son peuple la mer de l'affliction (Es. 43 : 2), comme il a été avec lui en Egypte ou au désert, quand il le précédait dans la colonne de nuée.
Extrait de « Sondez les Ecritures » (volume 13)