LE LIVRE DU PROPHETE ZACHARIE (3)
Après le livre des visions (chapitres 1-6) commence celui des oracles. Presque deux années se sont écoulées depuis les grandes visions de Zacharie ; pendant ce temps, le peuple s'est montré obéissant et il a travaillé à rebâtir la maison de l'Eternel. Cette reconstruction a progressé. Le service et l'adoration de l'ancien culte vont pouvoir reprendre.
1.1 La question (v. 1-3)
C'est alors qu'une question se pose au sujet de certains jours de jeûne, dont le principal est un jour commémoratif de la prise de Jérusalem par les Babyloniens : le dixième jour du cinquième mois, le mois d'Ab.
A ce moment-là, l'armée babylonienne avait entièrement brûlé le magnifique temple de Salomon, tandis que le feu faisait rage dans la ville, du septième au dixième jour de ce mois (2 Rois 25 : 8, 9 ; Jér. 52 : 13).
Une délégation vient de Béthel (« maison de Dieu ») pour implorer l'Eternel, et parler aux sacrificateurs et aux prophètes. Ce fait montre que les habitants de Béthel acceptent comme étant leur seul espoir le réveil qui s'est produit dans le royaume de Juda. Ils reconnaissent Jérusalem comme le lieu que Dieu avait choisi. (Béthel était une de ces villes où quelques réchappés de la captivité étaient revenus – Esd. 2 : 28 ; Néh. 11 : 31. Elle était située au nord de Jérusalem. Dans le passé, elle avait été un centre religieux, jusqu'au moment de la chute du royaume d'Israël. C'est là que Jéroboam avait placé un des veaux d'or, aussi Béthel était-il devenu un lieu où se pratiquait un culte idolâtre -1 Rois 12 : 28, 29 ; Amos 7 : 13).
Cette délégation est conduite par deux hommes portant des noms étrangers : Sharétser et Réguem-Mélec, qui signifieraient « prince du trésor » et « l'officier du roi ». Ils transmettent la question au prophète : « Pleurerai-je au cinquième mois, en me séparant comme j'ai fait, voici tant d'années ? » (Ps. 137).
Alors que la maison de Dieu a été reconstruite ou est en passe de l'être, convenait-il de continuer à observer ce jeûne ? C'est apparemment une question sensée, toute naturelle !
La réponse va leur être donnée dans quatre paragraphes successifs, chacun d'eux commençant par ces mots : « Et la parole de l'Eternel vint à moi, disant » (7 : 4-7 ; 7 : 8-14 ; 8 : 1-17 ; 8 : 18-23). La parenthèse du chapitre 8 : 1-17, sans être une réponse directe en soi, présente le même sujet.
1.2 La réprobation (v. 4-7)
La parole de l'Eternel vient maintenant au prophète, sous la forme d'une répréhension. Le message n'est pas adressé aux envoyés de Béthel seulement, mais à tout le peuple et aux sacrificateurs. Dieu, qui connaît les coeurs, montre ainsi qu'ils ont tous besoin des mêmes exhortations.
Ici, deux jeûnes sont mentionnés : celui du cinquième mois rattaché au souvenir de la destruction de la ville, et celui du septième mois, au jour anniversaire du meurtre de Guedalia à Mitspa (Jér. 41). Mais pourquoi avaient-ils institué ces jours de jeûne ? Pourquoi les gardaient-ils encore ? Le Seigneur demande : « Est-ce réellement pour moi, pour moi ? » (v. 5). Non, ce n'était pas pour la gloire et l'honneur de Dieu. Ce qui se cachait derrière leurs pratiques, c'était la recherche de leur propre gloire. Peut-être, au début, étaient-ils animés d'une sincère repentance. Mais, avec le temps, cette célébration avait pris le caractère d'une vaine forme de piété. Elle était devenue futile et formaliste. L'expression employée par la délégation (« tant d'années ») rappelle celle du fils aîné dans l'évangile : « Voici tant d'années que je te sers » (Luc 15 : 29). C'est le langage d'un esprit légaliste, qui accomplit son « devoir » sans joie ; ce n'est pas celui d'un fils de la famille de Dieu. D'ailleurs, Dieu ne leur avait jamais demandé de jeûner. Leurs institutions étaient purement humaines, circonstancielles, et l'esprit dont ils étaient animés, lui déplaisait grandement. Quand le jeûne était terminé et qu'ils festoyaient, ce n'était pas pour servir le Seigneur, mais pour leur propre plaisir. La vraie humiliation est secrète, non pas extérieure (Joël 2 : 12-14 ; Matt. 6 : 16-18 ; 2 Rois 6 : 30). Apparemment, c'était le cas d'Israël, qui était humilié, mais l'humiliation d'Elisée est bien plus profonde. Ce que le Seigneur recherche toujours, c'est l'obéissance. L'incrédulité était à la base de tout leur comportement. Zacharie les engage à écouter la parole de Dieu et à agir en conséquence. Alors, tous leurs jours de jeûne seront pour eux occasion d'allégresse, de joie et d'heureuses assemblées (8 : 19).
Tout ceci est pour chacun d'entre nous un sujet sérieux de réflexion. Les formes de la piété sont sans valeur pour Dieu. Il y a bien des institutions humaines et des rites extérieurs qui le déshonorent et servent la prétention de l'homme. Ne cherchons pas à donner une approbation divine à ce qui ne serait qu'un arrangement humain (Es. 58 : 3-5 ; Col. 3 : 23). Nous pouvons assister régulièrement au culte, participer à la cène, présenter l'Evangile aux inconvertis ou ses enseignements aux croyants, mais quelles sont nos motivations ? Au-delà de nos actes visibles, éprouvons devant Dieu nos véritables raisons cachées (Prov. 21 : 2) : crainte d'une sanction, intérêt personnel, souci de notre propre réputation, ou amour pour le Seigneur ?
1.3 Les leçons du passé (v. 8-14)
Ces versets commencent par le rappel des exigences invariables de l'Eternel. Le jugement est tombé sur ce peuple, parce qu'il se refusait à pratiquer la justice, la droiture et la grâce. Les versets 11 et 12 nous montrent une progression dans son endurcissement. Dieu met en évidence les résultats de sa désobéissance : sa colère l'a dispersé au milieu des nations et tout le pays a été désolé.
Aussi Dieu adresse-t-il aux fils d'Israël des recommandations pressantes, afin de pouvoir les bénir. Il les exhorte à prononcer des jugements de vérité, à user de bonté et de miséricorde l'un envers l'autre, à ne pas opprimer ces êtres faibles que sont la veuve et l'orphelin, l'étranger ou l'affligé. Et il conclut : « Ne méditez pas le mal dans votre coeur, l'un contre l'autre » (v. 10 ; com. 8 : 17). Ce message est aussi pour nous. Le Seigneur nous invite à être compatissants et miséricordieux (1 Pier. 3 : 8).
Leurs pères n'avaient pas été attentifs à ces avertissements et ils avaient été dispersés, comme par un tourbillon, parmi les nations. Le résidu connaissait très bien l'histoire passée de sa nation. Le pays désirable avait été totalement ravagé par Nebucadnetsar et leur condition misérable actuelle en était la preuve.
Nous avons parfois tendance à ne pas voir la main et le coeur de Dieu dans sa discipline envers nous. Il nous rappelle que l'obéissance à sa Parole est le seul moyen de rester dans une heureuse et paisible communion avec lui.
2.1 Le redressement d'Israël est annoncé (v. 1-3)
La réponse à la question posée (7 : 3) est maintenant donnée. Elle est étroitement liée à la troisième vision nocturne du chapitre 2. C'est une grande prophétie touchant la reconstruction de Jérusalem. « Ainsi dit l'Eternel » répète inlassablement le prophète (v. 1, 3, 4, 6, 7, 9, 19, 20, 23). Il proclame que les magnifiques promesses faites ici viennent de Dieu lui-même.
- l'Eternel est jaloux pour Israël. Le temps du verbe hébreu donne une idée de continuité : « J'ai été jaloux et je suis toujours jaloux » (v. 2). Aussi versera-t-il sur les nations sa fureur.
- Il établira sa demeure au milieu de son peuple (v. 3). Jérusalem ne sera plus foulée aux pieds par les nations. Désormais elle portera un nouveau nom, « la ville de vérité » : la fidélité envers Dieu y sera constamment réalisée. Combien ce nom diffère de ceux qu'elle a reçus pendant le temps de son humiliation ! Elle était appelée « l'impure » (Lam. 1 : 8, 17) ; « une prostituée », l'habitation des « meurtriers » (Es. 1 : 21) ; « Sodome et l'Egypte » (Apoc. 11 : 8). Et même si, pour une courte période, celui qui est la vérité, le chemin et la vie est demeuré au milieu d'elle, il a promptement été rejeté et crucifié, tandis que Pilate, en autorisant ce crime, demandait avec scepticisme : « Qu'est-ce que la vérité ? » Non, Jérusalem, n'a jamais été digne d'être appelée « la ville de vérité », mais elle le sera dans l'avenir.
2.2 La paix de Jérusalem (v. 4, 5)
- La cité connaîtra la paix et la prospérité et elle sera largement habitée. La vie humaine sera prolongée (Es. 65 : 20). La ville sera pleine de jeunes garçons et de jeunes filles, jouant sur ses places (v. 5). Il n'y aura plus de guerres pour retrancher la jeunesse du pays, mais au contraire, joie, sécurité, longévité.
2.3 Le retour dans le pays (v. 6-8)
Le peuple rentrera dans son pays. Déjà au second chapitre (v. 6, 7), le retour de ceux qui avaient été dispersés dans le pays du nord était annoncé. La grâce seule réalisera cela, la grâce unie à la puissance.
- L'Eternel déclare qu'il va sauver son peuple du pays du levant, et du pays du soleil couchant (v. 7). Comptons sur sa puissance, il tiendra ses promesses qui seront réalisées lors de la seconde venue du Seigneur.
- Ramenés de tous les pays où ils auront été exilés, alors, « ils seront mon peuple » (Héb. 8 : 10), et moi je serai leur Dieu, en vérité et en justice » (v. 8).
2.4 La bénédiction du pays et du peuple (v. 9-23)
L'Eternel revient au temps d'alors, aux jours des petits commencements. Il rassure le peuple, au moment où « le fondement de la maison de l'Eternel a été posé pour bâtir le temple » (v. 9).
- Ils sont invités à achever avec zèle la reconstruction : « Que vos mains soient fortes » (v. 9, 13).
Quel contraste avec les jours précédents, jours de jugement, de dispersion et de misère ! Jusqu'alors, « il n'y avait point de salaire pour les hommes, et... point de salaire pour les bêtes... point de paix pour celui qui sortait, ni pour celui qui entrait, à cause de la détresse » (v. 10 ; Aggée 1 : 6) – ou de l'adversaire. En outre, Dieu les avait livrés à des querelles intestines.
Mais avec la faveur retrouvée de l'Eternel envers le « reste de ce peuple » (v. 11) - expression choisie à dessein pour souligner leur humble recommencement - la bénédiction réapparaîtra et la crainte s'enfuira.
« Je ne m'en suis pas repenti » (v. 14) : dans l'Ancien Testament, les termes, repentance, se repentir, correspondent au mot hébreu « nacham » qui signifie : être soulagé ou être réconforté. Il est utilisé à la fois pour Dieu et pour les hommes. Employé pour Dieu négativement, il exprime la fermeté absolue de ses desseins : Dieu n'est pas un fils d'homme pour se repentir (1 Sam. 15 : 29 ; Nom. 23 : 19). Affirmativement, il indique un changement dans son action envers des hommes. En général, Dieu se repent du mal dont il a menacé les hommes lorsqu'ils reconnaissent leurs fautes, parfois du bien annoncé lorsqu'ils refusent d'écouter sa voix (Jér. 18 : 8, 10). Appliqué à un homme, ce mot exprime un changement de pensée, d'attitude qui accompagne le jugement qu'on porte sur soi, sur ses actions, devant Dieu –Job 42 : 6).
Il en va de même pour l'Eglise de Dieu. Le mal fera place au bien qui sera produit pas le Seigneur seul (v. 14, 15).
- « J'ai pensé de nouveau, en ces jours-ci, à faire du bien à Jérusalem et à la maison de Juda » (v. 15) ; Jér. 29 : 11). Le résidu sera un peuple saint. D'ores et déjà, si les fidèles désirent marcher avec Dieu, ils sont invités à « parler la vérité » chacun à son prochain, à juger « selon la vérité » et à « prononcer un jugement de paix ». L'exhortation adressée à Juda : « Parlez la vérité chacun à son prochain » est aussi adressée à nous chrétiens, avec ce motif supplémentaire : « car nous sommes membres les uns des autres » (Eph. 4 : 25). Dans un jour de confusion et de désordre, les croyants sont appelés à marcher premièrement dans la justice pratique (2 Tim. 2 : 22).
Ce que l'Eternel hait, comment ne pas le haïr ? Comment pourrait-on méditer du mal dans son coeur, chacun contre son prochain ? C'est l'exhortation qui avait déjà été adressée en vain au peuple dans le passé (Zach. 7 : 10). Comment pourrait-on aimer le faux serment ? Pour recevoir les bénédictions promises, il fallait, il faut toujours que la vie pratique soit gouvernée par la parole de Dieu.
2.5 Les jeûnes transformés en fêtes (v. 18-23)
L'Eternel répond enfin à la question initiale de la délégation de Béthel. Il va même au-delà et met l'accent sur quatre jours de jeûnes différents (v. 19). Le peuple cherchait ainsi à garder le souvenir de terribles circonstances, sans retenir qu'elles étaient la conséquence de leurs péchés. Le souvenir de ces expériences passées n'aura plus de raison d'être. L'Eternel annonce que ces jours de jeûne deviendront des temps de joie et d'allégresse, d'heureuses assemblées. Les cantiques de louange qui terminent les psaumes seront chantés par la nation réédifiée.
Dans ce jour à venir, la maison de Dieu sera vraiment « une maison de prière pour tous les peuples » (Es. 56 : 7). Des nations puissantes y viendront nombreuses pour rechercher et implorer l'Eternel (Es. 2 : 2-4). Et les Juifs, depuis si longtemps méprisés, seront les envoyés du Messie au milieu des nations. Dix hommes, un nombre représentatif de l'ensemble des nations, s'efforceront de « saisir le pan de la robe » de l'un d'entre eux. Avec confiance, les nations demandent une protection à ce peuple aimé. Chacun se montre prêt à suivre l'Israélite pour aller à Jérusalem, disant : « Nous avons entendu dire que Dieu est avec vous ! » (comp. Gen. 21 : 22 ; 2 Chro. 15 : 9 ; Est. 8 : 17).
Aujourd'hui aussi, la présence du Seigneur se manifeste-t-elle au milieu des siens ? Des âmes sont-elles alors attirées, désirant participer à cette bénédiction ? (1 Cor. 14 : 25). N'est-ce pas un magnifique témoignage rendu à la présence de Dieu au milieu de son peuple ?
Les versets 19-23 ont une résonance évangélique. Si l'Eglise réalise sa vocation de témoin de Christ, en « aimant la vérité et la paix », l'allégresse et la paix en découleront dans d'heureuses relations fraternelles. La communion réalisée pour rechercher ensemble le Seigneur sera plus éloquente que beaucoup de paroles (v. 21).
Extrait de « Sondez les Ecritures » (volume 13).