La restauration du croyant
Lire : Genèse 35
Jean 21 : 1-19
Nous désirons que l'Esprit de Dieu se serve de la lecture et de la méditation des passages indiqués ci-dessus pour réveiller les bien-aimés du Seigneur et les amener à rechercher, de tout leur coeur, une marche plus intime avec Dieu, ainsi qu'une consécration plus entière à Christ et à ses précieux intérêts.
Les paroles adressées par Dieu à Jacob : « Lève-toi et monte à Béthel » (Gen. 35 : 1) contiennent une grande vérité pratique sur laquelle nous désirons attirer l'attention du lecteur pendant quelques instants.
Quelqu'un a remarqué que Dieu, dans ses voies envers les siens, revient toujours aux conditions premières. Cette pensée est juste, bien qu'elle semble présenter une certaine contradiction avec cette vraie grâce dans laquelle nous sommes (1 Pier. 5 : 12) et qui règne par la justice pour la vie éternelle par Jésus Christ notre Seigneur.
Beaucoup ont, nous le savons, une sorte d'horreur vis-à-vis de tout ce qui touche, même de façon lointaine, au système de la loi. Certes, nous comprenons leur sentiment, mais en même temps, nous devons prendre garde à ne pas mépriser ce qui est destiné à agir, selon Dieu, sur le coeur et la conscience du croyant.
Nous avons vraiment besoin de vérité pratique, alors qu'un développement considérable de vérité abstraite a cours parmi nous. Nous prenons plaisir à la présentation de la vérité, sous tous ses aspects. Mais il faut alors se souvenir que la vérité est destinée à agir sur les coeurs et les consciences, et qu'ils doivent être touchés. Nous sommes appelés à « supporter la parole d'exhortation » (Héb. 13 : 22), à écouter de saines paroles, et à appliquer diligemment nos coeurs à tout ce qui tend à produire la piété pratique et la sainteté personnelle.
Nous savons que les purs et précieux enseignements de la grâce, trouvent leur centre dans la Personne de Christ, et leur fondement éternel dans son oeuvre. Ce sont les moyens dont se sert le Saint Esprit pour manfester la sainteté dans la vie du chrétien. Mais nous savons aussi que nous pouvons connaître la théorie de ces enseignements, les professer de nos lèvres, sans que notre coeur en éprouve la puissance et que notre marche en manifeste l'influence formative.
Ne faut-il pas constater que ceux qui protestent le plus fort et le plus violemment contre tout ce qui ressemble au légalisme, sont certainement ceux qui, tout en professant les enseignements de la grâce, n'ont jamais éprouvé leur influence sanctifiante ? En revanche, ceux qui comprennent vraiment la signification de la grâce et connaissent sa puissance pour former, façonner, purifier et élever, sont toujours prêts à accueillir les appels les plus sévères, adressés au coeur et à la conscience.
Si Dieu nous appelle à une position ou à un sentier particuliers, et si nous manquons ou nous en éloignons, Il nous le rappellera à maintes reprises. Il nous supporte patiemment et s'occupe de nous en grâce, mais avec le désir constant de nous ramener dans le chemin où Il nous a conduit au début de notre vie chrétienne. Pourrait-Il nous laisser privés de sa sainte présence, errer çà et là, sans intervenir pour nous ramener et nous faire avancer ?
Tel a été le cas pour Pierre. Quand le disciple a été converti au bord du lac de Génésareth, il a tout abandonné pour suivre Jésus. Puis les années se sont écoulées. Pierre a fait maints faux pas. Il a renié son Seigneur. Il est même retourné ensuite à sa barque et à ses filets. Mais Pierre a été pleinement restauré ; et il a pu ensuite se tenir auprès de son Seigneur ressuscité qui l'aimait. Près de la mer de Tibérias, il a entendu alors cette parole brève et définie : « Suis-moi », expression qui dans sa vaste portée, comprenait tous les détails d'une vie de service actif et de souffrance patiente. En un mot, Pierre a été ramené à la condition qui existait au début entre Christ et son âme. Il a appris que le coeur de Jésus n'avait pas changé à son égard, que son amour était éternel et inaltérable. Pour cette raison, Jésus ne pouvait pas accepter de changement dans le coeur de son disciple. Le Seigneur ne pouvait supporter un déclin ou une rupture de communion avec Lui. Le coeur du Maître ne pouvait être satisfait d'un tel état, et son serviteur ne devait pas l'être non plus.
Or on voit précisément la même chose dans l'histoire du patriarche Jacob. Occupons-nous un instant de ce sujet.
A la fin du chapitre 28 de la Genèse, les relations entre l'Eternel et Jacob sont rappelées. « Et Jacob sortit de Beer Sheba, et s'en alla à Charan. Et il se rencontra en un lieu où il passa la nuit, car le soleil était couché. Et il prit des pierres du lieu, et s'en fit un chevet, et se coucha là. Et il songea. Et voici une échelle dressée sur la terre et son sommet touchait aux cieux ; les anges de Dieu montaient et descendaient sur elle. L'Eternel se tenait là et dit : « Je suis l'Eternel, le Dieu d'Abraham, ton père et le Dieu d'Isaac. La terre sur laquelle tu es couché, je te la donnerai et à ta semence. Et ta semence sera comme la poussière de la terre. Et tu t'étendras à l'occident, et à l'orient, et au nord, et au midi. Et toutes les familles de la terre seront bénies en toi et en ta semence » (v. 10-14).
Ici, nous avons donc l'affirmation bénie de ce que le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, avait entrepris de faire pour Jacob et sa descendance. Une affirmation couronnée par ces paroles mémorables : « Et voici, je suis avec toi. Et te garderai partout où tu iras, et je te ramènerai dans cette terre-ci, car je ne t'abandonnerai pas jusqu'à ce que j'aie fait ce que je t'ai dit » (v. 15). Tels sont les termes par lesquels Dieu se lie à Jacob ; béni soit Son nom ! Ils seront accomplis à la lettre, quand bien même Satan et l'enfer s'interposeraient pour l'empêcher. La descendance de Jacob possédera encore tout le pays de Canaan comme héritage. Qui pourrait empêcher Jéhovah Elohim, l'Eternel Dieu Tout-puissant, d'accomplir sa promesse ?
Ecoutons maintenant les paroles de Jacob. « Et Jacob se réveilla de son sommeil et il dit : certainement l'Eternel est dans ce lieu, et moi je ne le savais pas. Et il eut peur, et dit : que ce lieu ci est terrible ! Ce n'est autre chose que la maison de Dieu, et c'est ici la porte des cieux ! Et Jacob se leva de bon matin, et prit la pierre dont il avait fait son chevet, et la dressa en stèle et versa de l'huile sur son sommet. Et il appela le nom de ce lieu-là, Béthel. Mais premièrement le nom de la ville était Luz. Et Jacob fit un voeu en disant : si Dieu est avec moi et me garde dans ce chemin où je marche, et qu'il me donne du pain à manger et un vêtement pour me vêtir, et que je retourne en paix à la maison de mon père, l'Eternel sera mon Dieu. Et cette pierre que j'ai dressée en stèle sera la maison de Dieu. Et de tout ce que tu me donneras, je t'en donnerai la dime » (v. 16-22).
Voilà les conditions établies à Béthel. Dieu accepte de s'engager vis-à-vis de Jacob. Et bien que le ciel et la terre doivent passer, cet engagement doit être maintenu dans son intégrité. Dieu s'est révélé à cet homme solitaire, qui s'était endormi sur son oreiller de pierre ; de plus, Il se lie à lui par un lien que ne peux dissoudre aucune puissance, terrestre ou infernale.
Quant à Jacob, il fait un voeu d'après lequel le lieu où il a eu une telle révélation et entendu de si précieuses promesses, sera la maison de Dieu. Tout ceci est exprimé délibérement devant l'Eternel qui l'enregistre solennellement. Et Jacob poursuit ensuite son voyage. Les années s'écoulent -vingt longues années, chargées d'évènements, d'épreuves et d'exercices. Pendant ce temps, Jacob connaît bien des hauts et des bas, des changements, des évènements inattendus. Toutefois le Dieu de Béthel qui veille sur son serviteur lui apparaît au sein de l'épreuve, en lui disant : « Je suis le Dieu de Béthel, où tu oignis une stèle, où tu me fis un voeu. Maintenant lève-toi, sors de ce pays, et retourne au pays de ta parenté » (Gen. 31 : 13). Dieu n'a pas oublié ce qui s'était passé avec Jacob au commencement, et Il ne veut pas non plus laisser son serviteur l'oublier. Est-ce une forme de légalisme ? Non, c'est simplement la manifestation de l'amour et de la fidélité de Dieu. Dieu aime Jacob, et Il veille jalousement sur l'état du coeur de son serviteur ; de peur qu'il n'oublie les premiers élans de son coeur à Béthel ! Il lui adresse avec douceur ces paroles touchantes et significatives : « Je suis le Dieu de Béthel, où tu oignis une stèle, où tu me fis un voeu ». C'est l'expression de son amour immuable. Il compte sur le souvenir que Jacob garde de cette scène à Béthel.
L'on est surpris que le Très-Haut et le Tout-puissant, qui habite l'éternité, puisse ainsi apprécier l'amour et le souvenir d'un pauvre « ver de terre ». Hélas, nous l'oublions, alors que nous sommes bien disposés par contre à recevoir des mains de Dieu les grâces et les bénédictions qu'Il est prêt à nous accorder. Mais nous devrions nous rappeler qu'Il cherche un dévouement affectueux de nos coeurs à son égard. Et si, dans la fraîcheur et l'ardeur des jours passés, nous avons commencé à suivre Christ, à vivre pour Lui, pouvons-nous supposer un instant qu'Il Lui soit possible de renoncer avec indifférence à ses droits sur les affections de nos coeurs ? Aimerions-nous qu'Il le fasse ? Supporterions-nous la pensée qu'il puisse rester indifférent au fait que nous l'aimons ou non ? La joie de nos coeurs n'est-elle pas de savoir qu'Il recherche du dévouement de la part de notre âme ? Il ne sera pas satisfait sans cela. Si nous errons çà et là, Il nous ramène à Lui, avec une grâce touchante.
De toi que rien ne me sépare,
O mon Sauveur ! Enseigne-moi,
Si de nouveau mon pied s'égare,
A revenir bientôt à toi.
Oui, Il veut gagner nos coeurs errants et les ramener. Il ne cesse de s'occuper de nous, au milieu de nos égarements, de nos faux pas et de nos chutes. Il nous fait comprendre que nous ne pouvons plus nous passer de son amour, et qu'Il ne veut pas se passer du nôtre ! N'est-ce pas vraiment merveilleux ?
Ecoutons les appels touchants que l'Esprit de Christ adresse aux saints, dans les jours passés :
- « Tu as abandonné ton premier amour. Souviens-toi donc d'où tu es déchu et repens-toi, et fais les (ou : tes) premières oeuvres. » (Apoc 2 : 5)
- « Rappelez dans votre mémoire les jours précédents » (Héb 10 : 32)
- « Vous m'avez reçu comme un ange de Dieu… Quel était donc votre bonheur ? » (Gal. 4 : 15).
N'est-ce pas le rappel par Dieu du point de départ du déclin de son peuple ? Ne va-t-Il pas montrer que l'amour mis à l'épreuve a plus de prix dans un sens que le premier amour ? Lorsque nous avons commencé de suivre Jésus, il y avait une simplicité, une sincérité, une fraîcheur, une ferveur et un dévouement profond. Pour différentes raisons, nous n'avons su les conserver. Nous sommes devenus froids et insouciants. Le monde s'est introduit et il a grandement affaibli notre spiritualité ; la nature a pris le dessus, d'une façon ou de l'autre, amortissant notre sensibilité spirituelle, éteignant notre ardeur et voilant notre vision du Seigneur.
Lecteur chrétien, si vous êtes conscient d'un tel état, sachez que Jésus est prêt, qu'Il vous attend. Son amour est immuable et ne peut être satisfait sans une vraie réponse de votre part. C'est pourquoi, quelle que soient les raisons qui vous ont fait perdre la façon avec laquelle vous vous étiez livré à Lui au début de votre conversion, que votre coeur se réveille maintenant et retournez à Lui sans plus attendre. N'hésitez pas ! Ne tardez pas ! Jetez-vous aux pieds de votre Seigneur : Il vous aime et il veut que votre coeur soit uniquement pour Lui. C'est la puissance secrète de tout vrai service. Si Christ n'a pas l'affection de votre coeur, Il n'a que faire de l'oeuvre de vos mains ! Il ne dit pas : « Mon fils, donne-moi ton argent, ton temps, tes talents, ton énergie, ta plume, ta langue, ta tête ». Toutes ces choses ne lui servent à rien et ne Le satisfont nullement. Ce qu'Il vous dit, c'est : « Mon fils, donne-moi ton coeur » (Prov. 23 : 26). Lorsque le coeur est revenu à Jésus, tout prend sa place. Du coeur sont les issues de la vie (Prov. 4 : 23), et il suffit que Christ ait sa vraie place dans le coeur pour que le travail, la marche et la conduite soient ce qu'ils doivent être.
En revenant au récit de la vie de Jacob, nous voyons encore une illustration de notre sujet. A la fin de Genèse 33, nous le voyons s'établir à Sichem, où il s'attire toutes sortes d'ennuis et de la confusion. Sa maison est déshonorée et ses fils, en cherchant à venger ce déshonneur, mettent sa vie en danger. Jacob éprouve vivement tout cela et dit à ses fils, Siméon et Lévi : « Vous m'avez troublé, en me mettant en mauvaise odeur auprès des habitants du pays, les Cananéens et les Phéréziens, et moi je n'ai qu'un petit nombre d'hommes. Et ils s'assembleront contre moi, et me frapperont, et je serai détruit, moi et ma maison » (Gen. 34 : 30). Combien il est déplorable que la pensée qu'il se trouvait où il ne devait pas être ne soit jamais montée, semble t-il, dans l'esprit de Jacob. La souillure et la confusion de Sichem ne suffisent pas à lui ouvrir les yeux sur le fait qu'il n'était pas à la hauteur du début de son chemin avec l'Eternel. Combien souvent il en est ainsi ! Nous restons « en deçà » de la mesure divine dans nos voies pratiques. Nous ne marchons pas à la hauteur de la révélation divine. Bien qu'il y ait des fruits divers de nos manquements de toutes parts, notre vision est obscurcie par l'atomosphère dans laquelle nous vivons habituellement ; notre sensibilité spirituelle est tellement émoussée par nos associations, que nous ne discernons pas notre bas état, et à quel point nous sommes éloignés du but que Dieu nous proposait.
Toutefois, dans le cas de Jacob, nous voyons l'illustration du propos divin. « Et Dieu dit à Jacob : Lève-toi, monte à Béthel, et habite là, et fais y un autel au Dieu qui t'apparut comme tu t'enfuyais de devant la face d'Esaü, ton frère » (Gen. 35 : 1). Nous voyons ici la manière pleine de bonté avec laquelle Dieu s'occupe de nos âmes. Pas un seul mot n'est dit au sujet de Sichem, de ses souillures, et de sa confusion. Telle n'est pas la façon d'agir de Dieu : Il n'adresse pas un mot de reproche à Jacob de s' être établi à Sichem.
Si nous nous étions occupés de Jacob, nous aurions probablement fait peser une main oppressive sur lui et nous lui aurions adressé un sermon sévère au sujet de sa folie . Comment avait-il pu s'établir à Sichem? Ses habitudes personnelles et domestiques laissaient beaucoup à désirer ! Mais les pensées de Dieu ne sont pas nos pensées, ni ses voies, les nôtres ! Au lieu de dire à Jacob : « Pourquoi es-tu allé t'établir à Sichem ? », il lui dit simplement : « Lève-toi, monte à Béthel ». Quand Jacob a entendu cette parole, un flot de lumière a dû jaillir dans son âme. Aussitôt il a été rendu capable de se juger lui-même et tout ce qui l'entourait. « Jacob dit à sa maison et à tous ceux qui étaient avec lui : « Otez les dieux étrangers qui sont au milieu de vous, et purifiez-vous, et changez vos vêtements. Et nous nous lèverons, et nous monterons à Béthel, et je ferai là un autel à Dieu, qui m'a répondu au jour de ma détresse, et qui a été avec moi dans le chemin où j'ai marché » (v. 2-3).
Il s'agissait assurément de la restauration de son âme. Elle est conduite désormais dans des sentiers de justice (Ps. 23 : 3). Jacob comprenait qu'il ne pouvait pas amener des faux-dieux et des vêtements souillés à Béthel. De telles choses pouvaient « convenir » à Sichem, mais elles ne conviendront jamais à Béthel ! « Et ils donnèrent à Jacob tous les dieux étrangers qui étaient en leurs mains, et les anneaux qui étaient à leurs oreilles, et Jacob les cacha sous le térébinthe qui était près de Sichem... Et Jacob vint à Luz (c'est Béthel), qui est dans le pays de Canaan, lui et tout le peuple qui était avec lui. Et il bâtit là un autel et il appela le lieu El Béthel. Car c'est là que Dieu s'était révélé à lui comme il s'enfuyait de devant la face de son frère » (v. 4, 6-7).
« El Beth El » : c'est un précieux titre.Il a Dieu pour Alpha et pour Oméga. A Sichem, Jacob appela son autel « El-Elohe-Israël », c'est-à-dire « Dieu, le Dieu d'Israël ». Mais à Béthel, le vrai terrain, il appela son autel « El Bethel », c'est-à-dire le « Dieu de la maison de Dieu ». C'était une véritable restauration. Jacob est ramené après tous ses égarements, au point même d'où il était parti. Rien moins n'aurait jamais pu satisfaire Dieu à l'égard de son serviteur. Il pouvait l'attendre patiemment, le supporter, pourvoir à ses besoins, s'occuper de lui, prendre soin de lui. Mais Il ne pouvait se contenter de rien moins que de lui dire : « Lève-toi, monte à Béthel » et de le voir obéir.
Puisse Dieu le Saint Esprit ramener là tout coeur égaré ! Puisse-t-Il visiter avec une puissance nouvelle toute âme qui est descendue à Sichem, et ne lui laisser aucun repos jusqu'à ce qu'elle donne une réponse sans réserve à cet appel : « Lève-toi, monte à Béthel ! ». Elle doit jeter loin tout fardeau, toute entrave ; ôter les idoles et changer ses vêtements. Elle doit revenir aux pieds de son Seigneur qui l'aime de cet amour que beaucoup d'eaux ne peuvent éteindre et que des fleuves ne submergent pas (Cant. 8 : 7).
L'examen attentif de ces versets nous permettra de découvrir trois aspects différents de la restauration : la restauration de la conscience, la restauration du coeur et celle de la position.
La restauration de la conscience
La première d'entre elles, la restauration de la conscience, est de toute importance.
Pensons à la valeur devant Dieu d'une conscience pure, qui ne nous condamne pas. Un chrétien ne peut progresser s'il y a une seule tache sur sa conscience. Il faut qu'il marche devant Dieu avec une conscience pure, sans tache. Quel précieux trésor !
Il est de toute évidence que, dans cette scène touchante « au bord de la mer de Tibérias », Pierre avait reçu une telle conscience purifiée. Auparavant, il était tombé honteusement : il avait renié son Seigneur avec des imprécations. Mais il était maintenant restauré. Un regard de Jésus avait atteint les sources cachées de son coeur et fait couler abondamment des larmes sincères. Et ce n'était pourtant pas elles qui constituaient la base de sa pleine restauration de conscience ; c'était l'amour qui les avait fait couler, l'amour immuable et éternel du coeur de Jésus. L'efficace divine du sang de Jésus et sa toute puissante intercession communiquaient à la conscience de Pierre la hardiesse et la liberté qui sont manifestées de façon si frappante et si belle en cette occasion mémorable qui nous occupe.
Dans ces deux chapitres de l'évangile de Jean, le Sauveur ressuscité veille sur ses faibles disciples, égarés, errant sur leur propre chemin. Il se présente à eux de diverses manières, Il se sert de leurs besoins mêmes pour se révéler à leurs coeurs avec une grâce parfaite. Y avait-il une larme à sécher, une difficulté à résoudre, une crainte à dissiper, un coeur accablé à consoler, un esprit incrédule à redresser ? Jésus était présent, dans toute la plénitude et les effets variés de sa grâce, pour répondre à toutes ces choses.
De même aussi, lorsque sous la conduite de Pierre toujours à la tête des autres, les disciples avaient passé une nuit de travail stérile, Jésus avait l'oeil sur eux. Il savait tout ce qui concernait les ténèbres, la pêche et le filet vide, et Il se tenait là sur le rivage pour allumer un feu et leur préparer à dîner. Oui, ce même Jésus qui était mort sur la croix pour ôter leurs péchés se tenait maintenant sur le rivage pour les restaurer de leurs égarements, les rassembler autour de Lui et subvenir à tous leurs besoins. La question : « Avez-vous quelque chose à manger ?» (Jean 21 : 5), mettait en évidence la stérilité de leur labeur pendant la nuit. « Venez, dînez » (v. 11) était l'expression touchante de l'amour tendre du Sauveur ressussité, plein d'égards et suffisant à tout..
Mais remarquons, en particulier, la réalité de la restauration de la conscience de Simon Pierre. « Ce disciple donc que Jésus aimait, lui dit : C'est le Seigneur ! Simon Pierre donc, ayant entendu que c'était le Seigneur, ceignit sa robe de dessus, car il était nu, et se jeta dans la mer » (v. 7). Il ne pouvait attendre les nacelles ni les autres disciples, tant il était pressé d'être aux pieds de son Seigneur ressuscité.
Pierre ne dit pas à Jean ou aux autres disciples : « Vous savez comment je suis honteusement tombé. Depuis lors, j'ai vu le Seigneur, Il a parlé de paix à mon âme. Je pense toutefois qu'il convient mieux à quelqu'un qui est ainsi tombé de rester en retrait. Vous donc, allez d'abord à la rencontre de cette Personne bénie, et je viendrai vous rejoindre ensuite ». Non, Pierre se jette hardiment dans la mer, afin d'être le tout premier à se trouver auprès de son Sauveur ressuscité.
Nous avons donc ici les signes d'une conscience parfaitement restaurée, une conscience sans tache, tout entière dans la lumière de l'amour immuable. Aucun nuage ne trouble la confiance que Pierre a désormais en Christ, et c'est une chose tellement agréable pour le coeur de Jésus ! Le Seigneur aime que l'on se confie en lui : souvenons-nous toujours de cela !
Personne ne doit s'imaginer honorer Jésus en se tenant à l'écart, sous prétexte de son indignité. Il est cependant très difficile pour quelqu'un qui est tombé ou qui s'est éloigné de recouvrer sa confiance en l'amour de Christ. Il comprend pourtant clairement qu'un pécheur est accueilli par Jésus, quels qu'aient pu être ses péchés. Mais alors il pense que le cas d'un chrétien en chute est tout à fait différent.
Si tel était le cas de l'un de nos lecteurs, qu'il comprenne l'importance du retour immédiat vers Jésus. « Revenez fils infidèles, je guérirai vos infidélités. » Quelle est la réponse convenable à cet appel pressant ? « Nous voici, nous venons à toi, car tu es l'Eternel, notre Dieu » (Jér 3 : 22). « Si tu reviens, ô Israël - dit l'Eternel - reviens à moi ; et si tu ôtes tes abominations de devant moi, tu ne seras plus errant » ( Jér 4 : 1).
L'amour du coeur de Jésus ne change pas. Nous changeons, mais Il est, Lui, « le même hier et aujourd'hui et éternellement » (Héb. 13 : 8). Il prend plaisir à ce que l'on se confie en Lui. Sans aucun doute, il est triste de tomber, de s'égarer, de s'éloigner ; mais il est plus triste encore, après cela, de ne pas avoir confiance dans l'amour de Jésus, ou dans sa promptitude pleine de grâce à nous ramener dans son sein.
Si vous vous êtes égaré ou éloigné, si vous avez perdu le doux sentiment de la faveur divine, l'heureuse conscience de votre acceptation devant Dieu, revenez simplement à Lui. Revenez, dans le jugement de vous-même et la confiance la plus entière en l'amour sans bornes et immuable du coeur de Christ. Ne restez pas dans l'éloignement dû à votre propre incrédulité. Ne mesurez pas le coeur de Jésus d'après vos propres pensées. Permettez-Lui de vous dire ce qu'Il a dans son coeur pour vous : « Tu as péché, tu as manqué, tu t'es détourné, et maintenant, peut-être as-tu peur ou bien honte de tourner les yeux vers Celui que tu as peiné ou déshonoré ». Satan aussi vous suggère les plus sombres pensées, car Il voudrait vous tenir à bonne distance de ce précieux Sauveur qui vous aime d'un « amour éternel » (Jér. 31 : 3). .
Fixez les regards sur Jésus, sur la valeur de son sang ; pensez au coeur de Jésus, à son service d'avocat. Vous aurez ainsi une réponse triomphante à toutes les terribles suggestions de l'ennemi et tous les raisonnements incrédules de votre propre coeur. N'attendez plus un instant avant de rechercher à régler entièrement la question entre votre âme et Christ. Souvenez-vous de « l'amour éternel, insondable de Jésus Christ » et de ses propres paroles : « Revenez, fils infidèles ; Revenez à moi ».
La restauration du coeur
Le coeur doit être restauré aussi bien que la conscience - ne l'oublions pas. Il arrive souvent que la conscience soit parfaitement purifiée de certains actes que nous avons accomplis, sans que leurs origines secrètes ne soient pour autant atteintes. Les actes apparaissent à la surface de la vie quotidienne, mais leurs origines sont cachées dans un recoin du coeur, inconnues peut-être même de nous et de nos semblables, mais entièrement à nu aux yeux de Celui à qui nous avons affaire (Héb. 4 : 13) !
Or, ces origines doivent être recherchées, découvertes et jugées, afin que le coeur soit dans une bonne condition devant Dieu. Voyez Abraham : il se met en route avec une certaine racine d'incrédulité dans son coeur à l'égard de Sara. C'est ce qui l'égare quand il descend en Egypte : bien que sa conscience soit restaurée et qu'il revienne à son autel à Béthel, cette racine ne sera découverte que bien des années après, dans l'affaire d'Abimélec, roi de Guérar.
Tout ceci est très pratique et solennel. Pierre aussi bien qu'Abraham nous en fournit une illustration. Mais remarquez avec quelle délicatesse exquise le Seigneur procède pour atteindre les racines dans le coeur de son cher serviteur. « Lors donc qu'ils eurent dîné » (Jean 21 : 15), pas avant, Jésus interroge son disciple. Il ne fait aucune allusion au passé, rien qui puisse refroidir le coeur ou amener un nuage dans l'esprit de Pierre, alors que sa conscience restaurée jouit dans Sa compagnie d'un amour immuable. C'est un beau trait moral qui caractérise les voies de Dieu envers tous ses saints.
La conscience est mise à l'aise en présence de l'amour infini et éternel, mais il faut que l'oeuvre soit plus profonde et aboutisse à la découverte de l'origine des choses dans le coeur. Quand Simon Pierre, dans la pleine confiance d'une conscience restaurée, s'est jeté aux pieds de son Seigneur ressuscité, il a entendu cette invitation pleine de grâce : « Venez, dînez » (v. 11). Puis, après le repas, Jésus prend Pierre à part pour faire luire sur son âme la lumière de la vérité afin que, par elle, il discerne l'origine de sa chute. L'origine était cette confiance en lui-même, qui l'avait conduit à se placer au-dessus de ses condisciples et à dire : « Si même tous étaient scandalisés, je ne le serai pourtant pas moi » (Marc 14 : 23).
Cette racine devait être mise à nu ; c'est pourquoi Jésus dit à Simon Pierre : « Simon, fils de Jonas, m'aimes-tu plus que ne font ceux-ci ? » (v. 15). C'était une question directe et douloureuse qui est allée droit au coeur de Pierre ; celui-ci avait renié trois fois son Seigneur, et celui-ci met maintenant trois fois le coeur de Pierre à l'épreuve – car il fallait atteindre les racines pour produire un bien durable. Il ne suffira pas d'avoir la conscience purifiée de nos méfaits dans la vie pratique, il faut qu'il y ait aussi un jugement moral sur ce qui les a produits. On ne le comprend pas assez et l'on n'en tient pas assez compte. Alors, à maintes reprises, ces racines produisent des rejetons qui portent des fruits et dispersent leur semence mille fois autour de nous. Il en résulte une occupation la plus amère et la plus pénible qui soit. Elle pourrait être entièrement évitée, si les racines des péchés avaient été complètement jugées et contrôlées.
Lecteur chrétien, notre but en écrivant cet article est exclusivement d'ordre pratique. Exhortons-nous donc les uns les autres à juger ces racines, quelles qu'elles soient, dans notre coeur. Les connaissons-nous ? Il est difficile, très difficile parfois de les connaître. Elles sont profondément ancrées et diverses : orgueil, vanité personnelle, convoitise, irritabilité, ambition. Quelques-unes viennent de notre caractère ; ce sont les ressorts de nos actions, sur lesquels une censure rigide doit toujours être exercée. Il faut que la nature apprenne que l'oeil du jugement de nous-mêmes est continuellement fixé sur elle. Nous devons poursuivre la lutte sans interruption. Nous pouvons avoir à déplorer une chute occasionnelle. Mais nous devons continuer la lutte, car la lutte manifeste la présence de la vie divine. Nous devons nous souvenir que dans la chair, il n'habite aucun bien (Rom. 7 : 18).
Puisse Dieu le Saint Esprit nous affermir pour cette lutte incessante.
La restauration de l'âme
La conscience étant pleinement purifiée ainsi que le coeur, et les racines du mal jugées, il y a une préparation morale nécessaire pour le sentier que nous devons suivre. L'amour parfait de Jésus avait dissipé toute crainte dans la conscience de Pierre. Sa triple question avait mis en évidence les racines du mal dans son coeur. Maintenant Jésus lui dit : « En vérité, en vérité, je te dis : quand tu étais jeune, tu te ceignais et tu allais où tu voulais. Mais quand tu seras devenu vieux, tu étendras les mains, et un autre te ceindra, et te conduira où tu ne veux pas. Or Il dit cela pour indiquer de quelle mort Il glorifierait Dieu. Et quand Il eut dit cela, Il lui dit : « Suis-moi » (Jean 21 : 18-19). Il s'agit précisément des conditions réglant les rapports du Seigneur avec Pierre en tant que disciple ; c'était aussi : « Suis-moi ».
Nous avons donc ici, dans ces deux mots, l'indication du sentier qui convient pour un serviteur de Christ : « Suis-moi ». Le Seigneur venait de donner à Pierre les gages les plus précieux de son amour et de sa confiance. Malgré sa chute, Il lui avait confié le soin de tout ce qui était cher, dans ce monde, à son coeur aimant : les agneaux et les brebis de son troupeau. Il lui avait dit en quelque sorte : « Si tu as de l'affection pour moi, pais mes agneaux et sois berger de mes brebis ». Et maintenant, Il lui montre comment parcourir son propre sentier. « Suis-moi ». Cela suffit : cette expression couvre tout le reste.
Si nous désirons suivre Jésus, nous devons garder continuellement l'oeil sur Lui. Nous devons discerner les empreintes de Ses pas et marcher à sa suite. Et lorsque, comme Pierre, nous sommes tentés de nous « retourner » pour voir ce que fait celui-ci ou celle-là, et comment il le fait, nous pouvons entendre ces paroles d'exhortation : « Que t'importe ? Toi, suis-moi » (v. 23). Telle doit être notre seule grande affaire, quoi qu'il advienne. Mille choses peuvent surgir pour nous distraire ou nous entraver. Le diable tentera de nous faire jeter les regards çà et là, de regarder celui-ci et celle-là ; il voudra nous convaincre que nous serions mieux ici que là, ou là qu'ailleurs ; il voudrait que nous désirions faire le travail d'un autre serviteur et il nous poussera à essayer de l'imiter. Notre attitude devant ces tentations est dictée par ces brèves paroles : « Suis-moi ».
Il y a un très grand danger aujourd'hui de suivre le sillage des autres, de faire certaines choses parce que d'autres les font. Il faut bien y prendre garde. Cela ne donnerait certainement rien de bon. Une volonté brisée, tel doit être le véritable esprit d'un serviteur qui s'attend au Maître pour connaître sa pensée. Nous en avons vraiment besoin. Le service ne consiste pas à faire ceci ou cela, ou à courir ici ou là. Il s'agit simplement de faire la volonté du Maître, quelle qu'elle soit. Il est plus facile d'être affairé que de rester tranquille ! Quand Pierre était « jeune », il allait où il voulait. Mais, devenu «vieux », il a dû aller où il ne voulait pas. Quel contraste entre le jeune Pierre agité, ardent, énergique, allant où bon lui semble, et le « vieux » Pierre, expérimenté, soumis, mûri, appelé à aller où il ne voudrait pas !
Puissions-nous dire à notre Maître : « Ce que tu veux, comme tu veux, où tu veux, quand tu veux. Que ta volonté soit faite, Seigneur, et non la mienne ! ».
« Suis-moi » est une précieuse parole ! Puisse-t-elle se graver dans nos coeurs ! Nous aurons alors de la stabilité dans notre marche et notre service sera profitable. Nous ne serons ni distraits ni déroutés par les pensées et les opinions des autres hommes. Il se peut qu'il y en ait très peu qui nous comprennent ou qui sympathisent avec nous ; peu qui approuvent ou apprécient notre travail. Peu importe. Le Maître sait tout ce qu'il en est.
Si un Maître dit positivement à l'un de ses serviteurs d'aller faire une chose donnée, ou d'occuper un poste donné, il convient pour lui d'y aller, sans tenir compte de ce que peuvent penser les autres serviteurs. Ils peuvent lui dire qu'il devrait être ailleurs ou faire autre chose. Un bon serviteur n'y prendra pas garde. Il connaît la pensée de son maître et il doit recevoir le travail de sa part..
Que Dieu veuille que ce soit le cas de tous les serviteurs du Seigneur ! Que chacun d'eux discerne clairement la volonté du Maitre à son égard ! Pierre avait son sentier, et Jean, le sien. Jacques avait son travail et Paul le sien. Il en était de même autrefois pour le Guershonite : il avait son ouvrage, tandis que le Merarite avait le sien. Et si l'un s'était mêlé de l'ouvrage de l'autre, cet ouvrage aurait été entravé ou empêché. Le tabernacle était porté, monté ou démonté. Chacun travaillait à sa propre place ; il en est de même aujourd'hui.
Dieu a différents ouvriers dans sa maison et dans sa vigne. Le Saint Esprit distribue à chacun comme Il l'entend. Il a ses tailleurs de pierre, ses maçons et ses architectes. Tous sont-ils tailleurs de pierre ? Certainement pas. Mais chacun a son ouvrage et l'édifice s'élève lorsque chacun s'occupe de sa propre tâche. Le Maître se sert de tous ses ouvriers, et toutes les fois que l'un veut s'occuper du travail de l'autre - ce que nous faisons, hélas, souvent - cette répréhension fidèle lui est adressée : « Que t'importe ? Toi, suis-moi » (Jean 21 : 23-24).
Auteur inconnu