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APERCU DU LIVRE DE JOB (3)
 
 
 
II – LES DEBATS DE JOB ET DE SES AMIS (suite) :
 
 
            2- Deuxième série : chapitres 15-21
 
                        Les discours des amis de Job continuent sur le même thème, mais deviennent plus durs, et tendent à écraser le patriarche et à le pousser au désespoir.
                        Il y a, selon Job, une anomalie dans ses souffrances ; il lui semble que Dieu s'acharne contre un innocent. Pourtant, apparaissent çà et là des éclairs de foi de plus en plus remarquables.
 
 
                        2.1 Deuxième discours d'Eliphaz (15)
 
                                   Tous les discours, tant ceux de Job lui-même que ceux de ses amis, débutent par des blâmes réciproques. Est-ce ainsi qu'on « gagne » les âmes ? Eliphaz taxe de « vent » les paroles du patriarche qui, à son tour, lui rétorque que ses consolations ne sont que « paroles de vent » (15 : 2 ; 16 : 3) !
                                   Après des propos durs et méprisants (15 : 1-6), Eliphaz affirme que son interlocuteur n'est pas plus sage que d'autres : « Que sais-tu que nous ne sachions ?... Parmi nous il y a des hommes à cheveux blancs, des vieillards plus âgés que ton père... Tu tournes contre Dieu ton esprit ! » (v. 9-13) .
                                    Une assertion d'Eliphaz peut pourtant être en aide à son ami découragé : « Est-ce trop peu pour toi que les consolations de Dieu et la parole douce qui se fait entendre à toi ? » (v. 11).
 
                                   Qu'est-ce que l'homme devant Dieu, pour qu'il soit pur ou juste (v. 14-16) ? Job n'est donc pas pur, il n'est pas juste ! A la fin du chapitre, Eliphaz met en évidence le châtiment réservé aux méchants : « Tous ses jours le méchant est tourmenté... car il a étendu sa main contre Dieu et il s'élève contre le Tout-puissant » (v. 20 et 25). Il donne alors de nombreux détails sur les misères qui atteignent l'impie sur la terre.
                                   Sans le dire ouvertement, tout ces jugements étaient appliqués à Job lui-même mais combien c'était à tort qu'on le traitait d'homme qui buvait l'iniquité comme l'eau et qui par conséquent était abominable et corrompu (v. 16).
 
 
                        2.2 Quatrième réponse de Job (16-17)
 
                                    Que peut répondre Job ? Le discours d'Eliphaz n'a rien apporté de nouveau. Ses amis sont « des consolateurs fâcheux ». Qu'ils se mettent un peu à sa place (v. 1-5) !
                                   De fait, constate Job, Dieu et les hommes sont contre lui. Il accuse le Tout-puissant d'avoir dévasté sa famille, d'avoir ruiné sa santé : « J'étais en paix, et il m'a brisé... Il m'a broyé » (v. 12).
 
                                   Le malheureux décrit sa misère, son visage enflammé, la moquerie de ses amis... Et pourtant sa foi se ressaisit : « Mon témoin est dans les cieux... vers Dieu pleurent mes yeux » (v. 19-20). Alors réapparaît le désir, déjà appelé de ses voeux au chapitre 9, de « l'arbitre », du médiateur, qui interviendrait entre Dieu et lui (v. 21).
                                   Et la détresse augmente : « Mes jours s'éteignent : pour moi sont les sépulcres » (17 : 1). « Mes jours sont passés, mes desseins sont frustrés – les plans chéris de mon coeur » (v. 11). Quel espoir reste-t-il, sinon la fosse et le repos dans la poussière ? (v. 13-16).
 
                                   Quel changement si, au milieu de sa peine, Job avait su se taire et écouter Dieu ! Saurions-nous réagir autrement ?
 
 
                        2.3 Deuxième discours de Bildad (18)
 
                                   Les reproches de Job sont injustifiés : « Toi qui déchires ton âme dans ta colère, la terre sera-t-elle abandonnée à cause de toi ? » (v. 4).
                                   Le sort du méchant sur la terre est terrible (v. 5-21). « De toutes parts des terreurs l'alarment... il est forcé de marcher vers le roi des terreurs... il n'a pas d'enfants ni de postérité parmi son peuple ». Quelle remarque cruelle vis-à-vis d'un homme qui a perdu tragiquement tous ses enfants !
                                   Ce noir tableau, dans l'esprit de Bildad, s'applique bien sûr à Job. Comment est-ce possible qu'il puisse ainsi conclure : « Certainement, telles sont les demeures de l'inique, et tel est le lieu de celui qui ne connaît pas Dieu » (v. 31) !
 
 
                        2.4 Cinquième réponse de Job (19)
 
                                   Job considère comme des outrages les paroles de ses amis (v. 1-5). « Sachez donc que c'est Dieu qui me renverse » (v. 6). Une fois de plus son amertume contre le Tout-puissant se donne libre cours (v. 8-13).
                                   Ses proches l'ont délaissé (v. 14-19). « J'ai appelé mon serviteur, et il n'a pas répondu  » (v. 16). Ce verset peut s'appliquer à l'appel du Seigneur lui-même, invitant l'un de nous à son service, quelle qu'en soit l'importance. Au lieu de répondre comme le jeune prophète d'autrefois : « Me voici, envoie-moi », on ne donne pas suite à l'occasion proposée (Es. 6 : 8).
 
                                   Dans sa peine, Job fait appel à la piété de ses amis (v. 21-24). En pensant à tout son malheur, il voudrait qu'au moins ses paroles soient gravées dans le roc pour toujours.
                                   Alors pour un instant, l'Esprit de Dieu déchire le voile de l'au-delà et donne à Job l'espérance centrale de son livre : « Moi, je sais que mon rédempteur est vivant... et après ma peau ceci sera détruit, et de ma chair je verrai Dieu, que je verrai, moi, pour moi-même ; et mes yeux le verront, et non un autre » (v. 25-27).
                                   Prémonition de la résurrection, du « voir face à face » exprimé à trois reprises ; espérance glorieuse de tout racheté, combien plus précise dans la période chrétienne comme le chante le poète :

                        Nos yeux contempleront, sur ta face adorable,
                        Du Sauveur, de l'Epoux, la suprême beauté ;
                        Et nous pourrons sonder le mystère ineffable
                        De ta grâce sans borne et de ta charité.
 
                                   Job entrevoit donc, par la foi, une résurrection du corps, thème que développera, sous nos yeux émerveillés, l'apôtre Paul dans le chapitre 15 de la première épître aux Corinthiens.  
 
                                   La lumière a brillé pour quelques moments ; elle est de nouveau voilée ; mais Job saisit l'occasion pour avertir ses amis du jugement qui pourrait les atteindre s'ils ne reviennent pas vraiment à Dieu (v. 29 ; voir 42 : 7).
 
 
                        2.5 Deuxième discours de Tsophar (20)
 
                                    Avec sa véhémence habituelle, Tsophar n'a pas d'autre argument que de répéter ses diatribes sur « l'exultation des méchants » (v. 5).
                                   Il en vient à des reproches directs à Job : « Il a avalé les richesses et il les vomira... Il a opprimé, délaissé les pauvres ; il a pillé une maison qu'il n'avait pas bâtie... Rien n'a échappé à sa voracité... Toutes les ténèbres sont réservées pour ses trésors » (v. 15, 19, 21, 26).
                                   Tsophar ne parlera plus. Il ne sait plus qu'ajouter dans des circonstances aussi déconcertantes. Les consolations qu'il venait apporter à son malheureux ami s'étaient changées... « en un fiel d'aspic au-dedans de lui » (v. 14).

 
                        2.6 Sixième réponse de Job (21)
 
                                   Job trouve l'argument décisif pour répondre à ses amis. Il est faux de dire que les méchants sont jugés constamment sur la terre. « Pourquoi les méchants vivent-ils, deviennent-ils âgés et croissent-ils même en force ? » (21 : 7). Tout va bien pour eux, pour leurs troupeaux, pour leurs enfants. Ils disent à Dieu : « Retire-toi de nous » (v. 14).
                                   Et le mystère demeure : « L'un meurt en pleine vigueur, entièrement tranquille et à l'aise... l'autre meurt dans l'amertume de son âme et n'a jamais goûté le bonheur. Ils gisent ensemble sur la poussière et les vers les couvrent » (v. 23, 25-26).                                     Ne trouve-t-on pas l'écho des paroles de Job dans l'Ecclésiaste, où nous voyons un homme « sous le soleil », sans la révélation divine, n'ayant d'autre issue que de « faire désespérer son coeur » (Ecc. 2 : 20).
                                   Sans doute Dieu juge-t-il parfois les méchants ou leurs fils (21 : 19) ; de fait, la mort atteint les impies comme ceux qui craignent Dieu.
 
 
           
 
            3- Troisième série : chapitres 22-25
 
                        Les amis ne peuvent que se répéter, et finalement... se taire. Job a des arguments plus forts ; il leur ferme la bouche, mais reste quant à lui-même sans soulagement, ni solution.
 
 
                        3.1 Troisième discours d'Eliphaz (22)
 
                                   « L'homme peut-il être de quelque profit à Dieu ? » (v. 2). Etre juste est un gain pour soi-même, mais est-ce une raison pour que Dieu « conteste » avec lui (v. 2-4) ?
 
                                   Le Thémanite amoncelle une fois de plus les accusations directes contre Job (v. 5-20). Que d'assertions fausses : « Tu n'as pas donné d'eau à boire à celui qui se pâmait de soif... Tu as renvoyé les veuves à vide, et les bras des orphelins ont été écrasés » (v. 7 et 9).
 
                                   Eliphaz conclut son discours en disant à Job : « Réconcilie-toi avec Lui... Si tu éloignes l'iniquité de ta tente... alors tu trouveras tes délices dans le Tout-puissant » (v. 21, 23, 26). De tels propos étaient vrais, mais mal appliqués. L'iniquité ne remplissait pas la demeure de Job ; au contraire, sa vie était marquée par la crainte de Dieu et la droiture. Mais qui tenait donc la grande place dans son coeur, sinon lui-même, sa propre justice, ses propres mérites ?
                                   Pourtant, pour achever son dernier discours, Eliphaz a une parole toujours valable : « Celui qui a les yeux baissés, Il le sauvera » (v. 29).
 
 
                        3.2 Septième réponse de Job (23-24)
 
                                   Le désir profond du patriarche serait de pouvoir parvenir où Dieu est assis pour exposer sa juste cause devant lui (23 : 3-4). Mais il ne peut, dans cet état d'esprit, accéder à sa présence : « Je vais en avant, mais il n'y est pas ; et en arrière, mais je ne l'aperçois pas ; à gauche, quand il y opère, mais je ne le discerne pas ; il se cache à droite et je ne le vois pas » (v. 8-9).
                                   Dieu est encore un Dieu de loin, il n'est pas déjà un Dieu de près (Jér. 22 : 23). L'aboutissement de ses voies envers Job sera justement de l'amener dans Sa présence.
 
                                   Un nouvel éclair de foi jaillit dans le coeur de Job : « Il connaît la voie que je suis ; il m'éprouve, je sortirai comme de l'or » (23 : 10). Mais sans se déconcerter, le patriarche souligne une fois de plus sa propre justice, affirmant que le Tout-puissant est son ennemi ; « Dieu a fait défaillir mon coeur, et le Tout-puissant m'a frappé de terreur », dit-il (v. 16).
 
                                   Puis il est question des malheureux qui errent çà et là sans asile, exploités par les forts ; des soupirs montent des villes (24 : 1-12). Suivent toutes les iniquités des « ennemis de la lumière » (v. 13-24), tous les crimes, les meurtres, les adultères, les pillages ; pourtant « Dieu leur donne la sécurité et ils s'appuient sur elle » (v. 23). Toutefois soudain « ils ne sont plus... ils sont coupés comme la tête d'un épi » (v. 24).
 
                                   L'énigme de la prospérité des méchants, des iniquités qui remplissent le monde, alors que le croyant est souvent dans l'épreuve, a aussi tourmenté Asaph. Il nous donne le récit de son expérience dans le psaume 73.
                                   Le psalmiste a porté envie aux arrogants, en voyant la prospérité des méchants (v. 3). Lui, Asaph a purifié son coeur, il a lavé ses mains dans l'innocence (v. 13) ; or tous les jours il est éprouvé ; son châtiment revient chaque matin (v. 14). Il ne voudrait pas imiter les impies et être infidèle. Méditer ce mystère « fut un travail pénible à ses yeux » (v. 16).
                                   Mais un jour il est « entré dans les sanctuaires de Dieu » (v. 17). Alors il a compris ! Le jugement de Dieu atteint les méchants à son heure ; quant au croyant, même si ses circonstances restent pénibles, il est « stupide » de tourmenter son coeur ; maintenant, étant entré dans la présence de Dieu, Asaph peut dire : « Je suis toujours avec Toi ; tu m'as tenu par la main droite... Ma chair et mon coeur sont consumés (l'entourage n'a pas changé) ; Dieu est le rocher de mon coeur... Pour moi, m'approcher de Dieu, est mon bien ; j'ai mis ma confiance dans le Seigneur l'Eternel, pour raconter tous tes faits » (v. 23, 26, 28).
 
                                   Telle sera la solution pour Job, quand il aura été vraiment amené dans la présence de Dieu.
 
 
                        3.3 Troisième discours de Bildad (25)
 
                                   Cet homme n'a pas grand chose à ajouter : deux versets sur la grandeur de Dieu (v. 2-3), trois versets sur la petitesse de l'homme, « un vermisseau » qui ne peut être « juste devant Dieu » (v. 4-6).
 
 
                        3.4 Huitième réponse de Job (26)
 
                                   Ironiquement, Job fustige la futilité des paroles de Bildad (v. 2-4). Il souligne la puissance du Dieu Créateur, mais rappelle que « ces choses sont les bords de ses voies, et combien faible est le murmure que nous en avons entendu » (v. 14).
 
                                   Le long débat se termine sur deux points d'interrogation :
                                               - « Comment l'homme sera-t-il juste devant Dieu » ?
                                               - « Qui peut Le comprendre » ?
                                   A quoi servent tant de discussions, auxquelles on se complaît souvent et qui restent sans profit ? On en vient parfois à des reproches réciproques, et on se sépare sans qu'aucune issue ait été trouvée.
 
                                   Il importe plutôt de venir humblement, « les yeux baissés » (Job 22 : 29), dans la présence de Dieu, d'entrer ensemble dans le sanctuaire, de prier ensemble, de se placer ensemble devant la grandeur du Seigneur, mais aussi devant son amour et sa grâce. Dans une réelle humiliation on trouvera alors les solutions qu'Il ne manquera pas de donner à ceux qui Le recherchent. « Dieu est fidèle... avec la tentation il fera aussi l'issue, afin que vous puissiez la supporter » (1 Cor. 10 : 13).