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APERCU DU LIVRE DE JOB (2)
 
 
 
II – LES DEBATS DE JOB ET DE SES AMIS : chapitres 4 à 26
 
 
            Les discours alternés de Job et de ses amis se divisent en trois séries :
           
                        - 11 chapitres (4-14) : à tour de rôle, les trois amis parlent et Job répond à chacun d'eux.
                        - 7 chapitres  (15-21) : une seconde fois, l'un après l'autre, les amis de Job présentent leurs arguments avec toujours plus de virulence, et Job les conteste.
                        - 5 chapitres (22-26) : dans une troisième série, seuls deux amis s'expriment, le second très brièvement, et Job répond de même.
 
            Ces divers discours sont encadrés par la complainte de Job au chapitre 3 et par son monologue des chapitres 27 à 31 ; aucun de ces longs exposés n'apporte une solution.
 
            La pensée essentielle de tous ces débats est que la souffrance est punitive ; elle résulte de la justice de Dieu s'exerçant envers le péché.
            Les amis accusent Job d'avoir péché gravement, et de ne pas vouloir le reconnaître. Tes souffrances, lui disent-ils, sont dues à tes fautes ; celles-ci ont attiré le châtiment de Dieu qui laisse même dans l'ombre beaucoup de ton iniquité. Tu dois donc te repentir afin que Dieu te bénisse.
            Job se défend : il affirme qu'il est innocent et que ses amis s'acharnent à tort contre lui. Dieu est injuste, Il le fait souffrir sans cause, pense-t-il.
 
            Ainsi est soulevé le problème de la souffrance. Celle-ci peut en effet être un châtiment dû à la justice de Dieu à l'égard du péché.
            Par exemple, les enfants d'Israël ayant refusé de monter à la conquête du pays de Canaan (Nom. 14), durent errer dans les solitudes, portant la peine de leur faute : leurs cadavres ont été « consumés dans le désert » (v. 33).
            Les Israélites qui se sont découragés en chemin et ont parlé contre Dieu et contre Moïse, taxant la manne de pain misérable, ont été mordus par les serpents brûlants (Nom. 21 : 4-6).
             En 1 Corinthiens 11, le châtiment atteint ceux qui participent à la Cène du Seigneur « indignement » (v. 30).
            Mais la souffrance n'est pas toujours un châtiment. Provenant de l'amour de Dieu pour ses enfants, elle est une discipline qui peut être uniquement éducative (Héb. 12 : 4-11). Cette discipline est celle d'un père envers son fils. Elle a pour but notre profit, « afin que nous participions à Sa sainteté » (v. 10). Il importe de ne pas la mépriser, ni de perdre courage quand on est repris par le Seigneur (v. 5). Pour le présent, elle semble être un sujet de tristesse ; mais plus tard « elle rend le fruit paisible de la justice », non pas pour tout le monde, mais « à ceux qui sont exercés par elle » (v. 11).
 
            La souffrance peut aussi, dans certains cas, être « pour la gloire de Dieu ». Le Seigneur précise en Jean 9 que ni l'aveugle lui-même, ni ses parents, n'ont péché, mais « c'est afin que les oeuvres de Dieu soient manifestées en lui » (v. 3). Quel témoignage rendra cet aveugle : « je sais une chose, c'est que j'étais aveugle, et que maintenant je vois » (v. 25). Et finalement il rendra hommage au Fils de Dieu lui-même.
             En Jean 11, la maladie de Lazare était spécifiquement « pour la gloire de Dieu, afin que le Fils de Dieu soit glorifié par elle » (v. 4).
 
            La souffrance humaine, par contre, n'est jamais expiatoire, quoi que plusieurs puissent en penser. Les actes méritoires d'un homme ne peuvent nullement compenser ses fautes devant Dieu, ni celles d'autrui : « Un homme ne pourra en aucune manière racheter son frère, ni donner à Dieu sa rançon » (Ps. 49 : 7). Seul le Seigneur Jésus pouvait, par ses souffrances et sa mort, expier nos péchés : « Lui-même a porté nos péchés en son corps sur le bois » (1 Pier. 2 : 24) ; « Celui qui n'a pas connu le péché, il l'a fait péché pour nous » (2 Cor. 5 : 21). « Il n'y a point d'autre nom sous le ciel, qui soit donné parmi les hommes, par lequel il nous faille être sauvés » (Act. 4 : 12).
 
 
            1- Première série : 4 : 1 – 14 : 22
 
                        Les amis ne profèrent pas encore d'accusations directes contre Job, mais procèdent plutôt par sous-entendus.
                        Eliphaz, apparemment le plus âgé, fonde ses reproches sur l'expérience : « selon ce que j'ai vu... Nous avons examiné cela ; il en est ainsi » (4 : 8 ; 5 : 27). Il souligne la grandeur et la justice de Dieu.
                        Bildad est imprégné de la tradition : « Interroge, je te prie, la génération précédente, et sois attentif aux recherches de leurs pères... ceux-ci ne t'enseigneront-ils pas ? » (8 : 9-10). Pour lui, les pensées des anciens constituent un sûr critère. Il estime que la souffrance est une rétribution.
                        Tsophar est le plus jeune, semble-t-il. Dur et sévère, véhément, il est catégorique dans ses assertions : tu as péché, donc tu souffres, dit-il à Job.
 
                        Ces trois caractères ne se retrouvent-ils pas bien souvent de nos jours ? Ils ne sont pourtant pas ceux d'un homme de Dieu. Pour gagner les âmes, il faut se mettre à leur niveau, s'approcher d'elles avec compréhension et sympathie, être conscient que seule la Parole de Dieu agira dans les coeurs : « Le Seigneur l'Eternel m'a donné la langue des savants pour que je sache soutenir par une parole celui qui est las ». On ne le peut qu'en suivant l'exemple de Jésus lui-même : « Il me réveille chaque matin, il réveille mon oreille pour que j'écoute comme ceux qu'on enseigne » (Es. 50 : 4).
 
 
                        1.1 Premier discours d'Eliphaz (4-5)
 
                                   Le Thémanite reproche à Job d'être irrité parce que le malheur est venu sur lui ; il lui rappelle ses vertus et son dévouement et s'étonne qu'après avoir enseigné et encouragé les autres, il soit maintenant lui-même troublé par l'épreuve qui l'atteint (4 : 1-6).
                                   Eliphaz ajoute que « ceux qui labourent l'iniquité et qui sèment la misère la moissonnent » (4 : 8 ) mais aussi que « l'homme est né pour la misère, comme les étincelles volent en haut » (5 : 7). « Qui a péri étant innocent ? » (4 : 7), demande-t-il. Ignorait-il Abel, et tant d'autres après lui ?
 
                                   Il présente ensuite la grandeur de Dieu (5 : 8-16). C'est Lui qui « fait la plaie », mais c'est Lui aussi qui « la bande » (v. 18). L'Eternel allait guérir cette plaie pour le bonheur de Job. « Celui que le Seigneur aime, il le discipline » (Héb. 12 : 6) ; l'épreuve du croyant est une preuve de l'amour divin !
 
                                   Dieu peut guérir Job, si celui-ci ne méprise pas le châtiment du Tout-puissant, affirme Eliphaz (v. 17, 26). Job sera effectivement guéri de ses peines ; toutefois celles-ci n'avaient pas le caractère d'un châtiment, mais concouraient, dans la main de Dieu, à former son serviteur.
 
 
                        1.2 Première réponse de Job (6-7)
 
                                    Les amis de Job ne comprennent pas combien il souffre (v. 1-7). Il estime que le poids immense de son chagrin justifie ses « paroles outrées » (v. 3).
                                    Si seulement Dieu voulait le retrancher, pense Job, il aurait au moins la consolation de n'avoir pas renié les paroles du Saint (v. 8-13). Tout en ayant le bon désir de rester fidèle jusqu'au bout, il fait valoir ici sa propre justice, prétendant n'avoir jamais renié Dieu.
 
                                   Au lieu de lui apporter leur soutien, ses frères l'ont « trahi » (v. 14-23). Ils sont comme un oued du désert, plein d'eau à la fonte des neiges, mais qui se perd vite dans le sable jusqu'à disparaître quand la chaleur de l'été frappe ; les caravanes assoiffées ne trouvent plus rien à boire. La censure de ses amis, que reprend-elle ? Qu'ils l'enseignent, vraiment, et lui se taira (v. 24-30).
 
                                   Au chapitre 7 : 1-10, Job souligne la brièveté de la vie, la misère qui l'a atteint, les nuits sans sommeil, sa chair couverte de vers et de croûtes ; il n'y a plus pour lui que la mort (v. 15-16). Pourtant, à travers la révolte de Job, sa foi apparaît : il sait que le coeur de Dieu s'occupe de lui, malgré sa petitesse (v. 17).
                                   Dans la détresse de son âme, il commence à s'en prendre directement à Dieu et renouvelle ses pourquoi ? (v. 19-21). Précédemment, il avait dit à sa femme : « Nous avons reçu le bien aussi de la part de Dieu, et nous ne recevrions pas le mal ? » (2 : 10). Maintenant, au lieu de chercher à comprendre l'épreuve que Dieu permet, il l'accuse : « Que t'ai-je fait ? Toi qui observes l'homme, pourquoi m'as-tu placé pour être l'objet de tes coups ? » (7 : 20).
                                  
                                   Job a conscience enfin que Dieu ne peut cesser de le chercher (v. 21) ; après bien des étapes, il comprendra enfin que cette patiente recherche était la preuve d'un amour divin infini.
 
 
                        1. 3 Premier discours de Bildad (8)
 
                                   Le Shukhite met en avant la justice de Dieu : « Est-ce que Dieu pervertit le droit ? » (v. 3). C'est parce que les fils de Job ont péché qu'Il les a livrés à leur rébellion (v. 4).
                                   Interroge les anciens, et tu verras que le châtiment divin est réservé à ceux qui oublient Dieu et aux impies, déclare-t-il à Job (v. 13). « Dieu ne méprisera pas l'homme parfait » (v. 20), ajoute-t-il. Il tient compte de la droiture de l'homme, mais Bildad sous-entend qu'elle ne se trouve pas chez Job !
 
 
                        1.4 Deuxième réponse de Job (9-10)
 
                                   Comprenant bien que Dieu bénira « l'homme parfait » (8 : 20-21), Job pose maintenant la question : « Mais comment l'homme sera-t-il juste devant Dieu ? » (9 : 2). Voilà la question capitale à laquelle, bien des siècles plus tard, répondra l'épître aux Romains : « ... étant justifiés gratuitement par sa grâce, par la rédemption qui est dans le Christ Jésus » (3 : 24 ) et plus loin : « ... Jésus, notre Seigneur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification » (4 : 25). Pour Job et ses amis, le problème est resté sans solution : « Qui est-ce qui tirera de l'impur un homme pur ? Pas un ! » s'écrie-t-il (14 : 4). Un peu plus tard, Bildad s'interrogera à son tour : « Et comment l'homme sera-t-il juste devant Dieu et comment serait pur celui qui est né de femme ? » (25 : 49).
 
                                   Dieu est infiniment plus grand que l'homme, dit Job. Il ne répondra pas à celui qui voudrait contester avec lui (v. 3). « Je ne le vois pas... Je ne l'aperçois pas » (v. 11). Il m'écrase dans une tempête ; il multiplie mes blessures sans cause, il me rassasie d'amertume. Le patriarche en vient même à déclarer : « Si j'étais parfait, il me montrerait pervers » (v. 20) ; et plus loin : « Si je me lave... tu me plongeras dans un fossé » (v. 30-31).
                                   La seule solution serait qu'il y ait « entre nous un arbitre qui mettrait sa main sur nous deux », pense Job (v. 33). Cette pensée de l'arbitre, du médiateur, ira s'accentuant dans les discours de Job, jusqu'à ce que Dieu lui envoie Elihu, type de Christ, l'homme Christ Jésus, seul médiateur entre Dieu et les hommes (1 Tim. 2 : 5-6).
 
                                   Le malheureux donne libre cours à sa plainte ; « Mon âme est dégoûtée de ma vie ». Il perd la foi en la bonté de Dieu (10 : 1-17) : « Prends-tu plaisir à opprimer... tu scrutes mon péché et tu sais que je ne suis pas un méchant... » (v. 3, 6-7). Pourtant, il fait encore appel de façon bouleversante à  Celui qui l'a « façonné comme de l'argile » : « Souviens-toi, je te prie... » (v. 9).
 
                                   De nouveau revient le désir de la mort, comme, lui semble-t-il, la seule issue à son désespoir (v. 18-22).
 
 
                        1.5 Premier discours de Tsophar (11)
 
                                    Après avoir traité Job de grand parleur et de menteur, Tsophar souhaite que Dieu « ouvre ses lèvres contre lui » (v. 5). Il estime même que Dieu est indulgent envers Job : « Dieu laisse dans l'oubli beaucoup de ton iniquité » (v. 6).
                                    Le Tout-puissant est tellement plus grand que l'homme que celui-ci ne peut découvrir par lui-même qui est Dieu (v. 7-9). Les questions au sujet de l'infini de Dieu dans toutes ses directions (hauteur, profondeur, longueur, largeur) sont évoquées ici ; aucun mortel ne peut les apprécier ; mais, par l'Esprit, tous les croyants sont rendus «capables de comprendre quelle est la largeur et la longueur, et la profondeur et la hauteur, et de connaître l'amour du Christ qui surpasse toute connaissance » (Eph. 3 : 18-19).
 
                                   Mal à propos, Tsophar adresse à Job un appel à se repentir de son iniquité, de son injustice, et conclut que « les yeux des méchants seront consumés » (v. 20).
 
 
                        1.6 Troisième réponse de Job (12-14)
 
                                   Le patriarche déploie son ironie envers ses amis maladroits qui le méprisent dans son malheur, alors que pour eux tout semble bien aller  (Ps. 123 : 4). Le rappel des sentences bien connues de Job a été un affront pour lui (v. 1-5).
                                   Job souligne la toute-puissance de Dieu (v. 6-25), et l'accuse d'être l'auteur du mal (v. 14-25). Il traite ses interlocuteurs de faux accusateurs, de « forgeurs de mensonges » et souhaite qu'ils se taisent (13 : 4-13).
                                   Un éclair de foi montre qu'il n'a pourtant pas perdu tout espoir : « Voici qu'il me tue, j'espérerai en Lui » (v. 15). Mais tout aussitôt il invoque sa propre justice : « Seulement, je défendrai mes voies devant lui... j'exposerai ma juste cause : je sais que je serai justifié » (13 : 15, 18).
 
                                   Job se lance ensuite dans une longue diatribe contre Dieu, cherchant à voir ce qui peut être un obstacle à la faveur divine (13 : 20 - 14 : 22). Il Lui demande d'éloigner sa main de dessus lui (13 : 21) et il est prêt à Le laisser engager le dialogue (v. 22). Sa soif de communion est réelle mais il devra comprendre qu'il peut en jouir même en traversant l'épreuve, ainsi que l'écrira Paul (Rom. 8 : 35-39).
 
                                   « Ma transgression est scellée dans un sac et dans tes pensées, tu ajoutes à mon iniquité » (v. 17). Occupé de sa propre justice, il n'a pas conscience de la plénitude de la grâce. Le chrétien connaît Celui qui purifie parfaitement le pécheur souillé et qui a jeté tous ses péchés dans les profondeurs de la mer (Mich. 7 : 19).
 
                                   « Il y a de l'espoir pour un arbre; s'il est coupé, il repoussera... Mais l'homme meurt et gît là » (14 : 7, 10). Il existe chez Job un certain pressentiment de l'au-delà : « L'homme se couche et ne se relève pas ; jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de cieux, ils ne s'éveillent pas... Si un homme meurt, revivra-t-il ? » (v. 12-14). Il n'y a pas encore de révélation, à proprement parler, de la résurrection, mais quelque vague espoir d'une nouvelle vie après la mort.
            Quelle plénitude de certitudes et de bénédictions est notre part, à nous chrétiens, car : « nous savons que toutes choses travaillent pour le bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son propos... ; et ceux qu'il a appelés, il les a aussi justifiés ; et ceux qu'il a justifiés, il les a aussi glorifiés ». Nous pouvons bien ajouter avec l'apôtre dans une profonde gratitude : « Que dirons-nous donc à ces choses ? ... » (Rom. 8 : 28-31).