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L’ÉGLISE PRIMITIVE (3)


Le ministère de l’apôtre Paul (Act. 20:17-38)
          Rendre témoignage à l’évangile de la grâce de Dieu
          Prêcher le royaume de Dieu
          Annoncer tout le dessein de Dieu 
          Deux dangers annoncés par Paul
          Les croyants recommandés à la grâce de Dieu
 

Le ministère de l’apôtre Paul (Act. 20 :17-38)

            Ces versets du livre des Actes ont un lien très clair avec ce qui nous a occupés précédemment. En Actes 4, nous avons souligné les caractères de l’Église à Jérusalem, dans sa simplicité primitive ; nous n’y avons pas vu les nations appelées dans l’Église. C’est pourquoi nous sommes passés au chapitre 11, où l’on voit le début de cette œuvre remarquable à Antioche. L’évangile nous fait sortir des circonstances juives et de l’exclusivité juive, et nous fait contempler Dieu qui rassemble d’entre les nations « un peuple pour son nom ».
            En Actes 20, nous entendons un homme que Dieu a beaucoup utilisé pour cette œuvre, à cette époque, et nous voyons comment il a travaillé. Il était bien sûr très combattu par les Juifs. Dans l’épître aux Hébreux (il devrait en être l’auteur), au lieu d’inclure les convertis d’entre les nations dans le système juif, il termine son épître en disant en fait : Maintenant, vous qui êtes chrétiens d’entre les Hébreux, sortez hors du camp, vers le Sauveur rejeté. - Qu’est-ce que Dieu a utilisé dans les premiers temps pour accomplir son dessein ? Il y a beaucoup de choses dans ces versets 17 à 38 d’Actes 20, mais nous ne parlerons que de quelques-unes. Remarquons que Paul parle de son ministère, de la manière de l’accomplir, de la méthode et des thèmes qu’il a abordés.
            Que ceux qui cherchent aujourd’hui, dans leur petite mesure, la grâce de prêcher ou d’exercer le ministère de la Parole de Dieu, puissent être guidés par l’esprit qui a marqué l’apôtre. Il dit : « Vous savez de quelle manière je me suis tout le temps conduit parmi vous... » (Act. 20 : 18). Il n’était pas du genre à être bouillant un jour et froid le lendemain. Il ne fluctuait pas mais avait un ministère égal, constant, dans l’abaissement, les épreuves et les difficultés, telles que les tentations ou les mises à l’épreuve qu’il a subies de la part des Juifs qui l’épiaient. Et, non seulement il disait les choses, mais il les faisait. Autrement dit, il mettait en pratique ce qu’il prêchait. C’était ce qu’il faisait et la manière avec laquelle il se comportait.

                        Rendre témoignage à l’évangile de la grâce de Dieu

            Tout d’abord, l’apôtre Paul parle du service qu’il a « reçu du Seigneur Jésus : rendre témoignage à l’évangile de la grâce de Dieu » (v. 24). C’est là que tout a commencé, et que tout commence aujourd’hui. Il est inutile d’aller plus loin tant que cela n’est pas fait. Le fondement est posé par l’évangile. Il ne s’agit pas ici de l’évangile du royaume que nous voyons, par exemple, dans les évangiles. C’était de bonnes nouvelles pour un Juif, car enfin, c’était le Messie, le Roi attendu. Mais ils ne l’ont pas reconnu. Hélas, il n’a été reçu que par un très petit nombre. Mais maintenant, suite à la mort, à la résurrection et à la glorification de Christ, puis à la venue du Saint Esprit, l’évangile de la grâce de Dieu se répand. C’est la période caractérisée par la grâce. Ne l’oublions jamais !
            La grâce contraste avec tout ce qui ressemble au mérite. Le mérite signifie être digne de quelque chose, mais Paul dit : « étant des objets de miséricorde » (2 Cor. 4 : 1), non pas : ayant obtenu le mérite. Nous pouvons remarquer ce que cela signifie concrètement lorsqu’il en vient à ce que nous pourrions appeler notre côté de la question. Il dit : « Je vous ai enseigné, publiquement et dans les maisons, en insistant auprès des Juifs comme auprès des Grecs sur la repentance envers Dieu et la foi en notre Seigneur Jésus Christ » (v. 20-21). Il semble que ceux qui prêchent l’évangile ne rendent pas assez clairement le besoin de repentance envers Dieu. Plus la conviction de péché et celle de ne rien mériter est profonde dans l’âme de tout converti, plus la conversion qui en résulte est stable et satisfaisante. Si la repentance est superficielle et si le sentiment de la grâce n’est pas profond, le chrétien risque d’être plutôt superficiel par la suite.
            Mais Paul ne s’est pas arrêté là. Dans le verset suivant, il mentionne la deuxième chose qu’il a si bien accomplie :

                        Prêcher le royaume de Dieu

            Après avoir parlé de l’évangile de la grâce de Dieu, il dit : « Et voici maintenant, je sais que vous tous, parmi lesquels j’ai passé en prêchant le royaume de Dieu, vous ne verrez plus mon visage » (v. 25). Insistons sur ce petit mot « vous » – vous, vous tous. Paul prêchait donc le royaume de Dieu parmi les saints. Il disait en fait : Regardez, la grâce qui vous a atteints par l’évangile, vous a amenés sous l’autorité divine ; vous avez été transportés de l’autorité des ténèbres et amenés dans le royaume du Fils de l’amour de Dieu. - Le royaume de Dieu est établi dans le cœur de son peuple lorsqu’il se soumet avec joie à Jésus qui est devenu son Seigneur et son Chef. Partout où Paul allait, il amenait la vérité de Dieu à toucher les consciences, les cœurs et les vies de ceux qui recevaient l’évangile. Paul ne s’est jamais contenté d’exposer la vérité. Il a bien sûr commencé par la doctrine, la présentation de la vérité de Dieu, mais il ne s’est jamais arrêté là.
            L’épître aux Romains contient un merveilleux exposé de l’évangile. Nous devons tous prendre notre place d’hommes et de femmes coupables en présence de Dieu. Il doit y avoir repentance envers Dieu. Au fur et à mesure de la lecture de l’épître, la grâce de Dieu se déploie dans toute sa plénitude : la justification, la réconciliation, notre position dans le Christ Jésus, l’Esprit Saint accordé, et l’effet entier du péché annulé. Puis il y a trois chapitres qui règlent les questions que se posent certaines personnes : savoir si cela a mis de côté de quelque manière que ce soit ce que Dieu avait promis auparavant à Israël sur le plan national. Mais en arrivant au chapitre 12, nous avons : « Je vous exhorte donc, frères... ». À la lumière des vérités qu’il leur avait exposées, Paul leur demande de présenter leur corps à Dieu « en sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu... » (v. 1). Avant notre conversion, notre corps exprimait nos pensées et nos désirs pécheurs ; tout était pour le « moi ». Mais le chrétien doit offrir son corps en sacrifice vivant. Un sacrifice est ce qui est consacré à Dieu pour Le servir. Nous le faisons de manière vivante, et notre corps doit être contrôlé par Dieu. Nous devons prouver ce qu’est la volonté de Dieu « bonne, agréable et parfaite » (v. 2). L’apôtre ne se contente pas d’exposer toutes les merveilles de la première partie de l’épître, il applique ce qu’il a enseigné à la conscience des saints. Il dit que nous sommes maintenant introduits dans le royaume de Dieu qui « n’est pas manger et boire, mais justice, paix et joie dans l’Esprit Saint » (Rom. 14 : 17).
            L’épître aux Éphésiens expose la vérité concernant l’Église : ce que Dieu fait aujourd’hui selon son dessein et sa pensée. Mais Paul ne s’arrête pas là. Au milieu du chapitre 4, il dit soudainement : Écoutez, vous n’allez pas faire comme ces nations qui agissent orgueilleusement. Si ce que j’ai écrit est vrai, voyez ce que cela signifie dans la vie chrétienne pratique. Vous devez revêtir l’homme nouveau. Le vieil homme a été dépouillé. Vous avez été placés sous l’autorité divine. - Bien que le mot « royaume » ne soit pas mentionné, ce qu’il implique l’est. Nous sommes placés sous l’autorité divine qui doit avoir le contrôle sur nos désirs, nos paroles et nos actions. Partout où Paul allait, il présentait cela clairement. Il n’était pas un simple professeur de théologie, propageant toutes sortes de belles idées et s’en tenant là, sans que personne ne soit exercé par la lumière que ces idées jettent sur leur comportement pratique. Non, si la vérité est révélée, elle doit exercer son contrôle sur notre vie placée sous la domination divine. Partout où Paul allait, il prêchait « le royaume de Dieu » parmi les croyants.

                        Annoncer tout le dessein de Dieu 

            Paul poursuit en disant : « C’est pourquoi je vous prends aujourd’hui à témoin que je suis net du sang de tous, car je n’ai mis aucune réserve à vous annoncer tout le dessein de Dieu » (Act. 20 : 26-27). Le dessein de Dieu est exposé de manière très complète dans l’épître aux Éphésiens. Au-delà de ce qui répond à nos besoins, il y a ce que Dieu a voulu selon sa propre pensée. Au cours de cette épître, le mot « selon » revient sans cesse. Il nous est montré que Dieu nous a bénis, non seulement selon nos besoins, mais selon ses propres pensées, ses desseins et ses conseils. Ceux-ci ont été formés avant même la fondation du monde. Paul les a manifestés. Il dit : « Je n’ai mis aucune réserve à vous annoncer tout le dessein de Dieu ». Pourquoi aurait-il eu des réserves ? Nous aurions pu penser que Paul ne pouvait avoir que du plaisir à exposer des vérités aussi merveilleuses. Or c’est justement cela qui lui a attiré la colère des Juifs orthodoxes. Pourquoi était-il suivi partout à la trace et traité comme il l’était ? Parce qu’il n’a pas hésité à déclarer tout le conseil de Dieu. Cela élève le chrétien dans des bénédictions célestes au-delà de tout ce qui est connu en relation avec le Juif et la bénédiction que le Juif aura dans le siècle à venir.
            Souvenons-nous de ces trois choses et soyons équilibrés. Nous avons besoin des trois : l’évangile de la grâce, le royaume de l’autorité de Dieu et le conseil du propos de Dieu. C’est ce qui a marqué le ministère de l’apôtre.

                        Deux dangers annoncés par Paul

            L’apôtre annonce aux anciens d’Éphèse deux dangers à venir : des attaques de l’ennemi dont l’une est plus évidente que l’autre.
            Il parle de « loups redoutables » qui s’introduiront parmi les saints et « n’épargneront pas le troupeau » (Act. 20 : 29). Cela allait marquer tout le cours du témoignage chrétien jusqu’à la fin. Comme il est parlé de loups, je pense qu’il ne s’agit pas de vrais chrétiens mais de personnes qui s’introduisent dans les cercles chrétiens, et ce qu’ils propagent est destructeur de la vérité.
            Mais Paul indique un second danger qui, je crains, est encore plus pressant pour nous : « Du milieu de vous-mêmes se lèveront des hommes qui annonceront des doctrines perverses pour entraîner les disciples après eux » (v. 30). Paul s’adresse à ceux qui ont une responsabilité particulière, parce que le Saint Esprit les a faits surveillants ou anciens, pour exercer une certaine surveillance ou autorité spirituelle. Il est question de « doctrines perverses ». Il y a une part de vérité, mais une habile torsion les pervertit. Cela s’est produit bien des fois dans l’histoire de l’Église. Ce peut être même de la part d’un ancien : si l’égoïsme et un désir de prééminence entrent en jeu, il risque d’enseigner quelque chose de tout nouveau juste par une petite torsion. Il devient alors le leader d’une sorte de parti dans l’Église de Dieu ; quelqu’un s’élevant un peu au-dessus du serviteur de Dieu moyen ; un leader qui rassemble les saints autour de lui. N’oublions pas que ces avertissements sont donnés pour que nous soyons nous-mêmes gardés de ce genre de choses.

                        Les croyants recommandés à la grâce de Dieu

            À la lumière de ces dangers, Paul montre comment être gardés et bénis. Il dit : « Et maintenant, je vous recommande à Dieu et à la parole de sa grâce » (v. 32). Il ne pouvait pas dire : Je vous recommande aux anciens, car il s’adressait aux anciens. Les anciens ne sont pas une garantie en soi. Mais Paul dit : « Je vous recommande à Dieu ». Chacun de nous est mis en contact avec Dieu et doit rester en contact avec Lui. Si nous avons Dieu devant nous, nous vivrons une vie où il y aura une part de prière et de dépendance. Le meilleur serviteur et le plus utile est celui qui est en contact avec Dieu.
            C’est Dieu qui nous a bénis, c’est Dieu qui s’est révélé en Christ, et c’est Dieu à qui nous avons affaire. Nous devons prier pour rester en contact avec Lui. Mais il y a une autre chose à côté de cela. Nous sommes recommandés à Dieu, « et à la parole de sa grâce ». Ce n’est pas la « parole de sa loi ». C’était très important à sa place. Il n’y a rien de plus efficace pour produire la conviction de péché. La loi a été introduite pour que le péché abonde, non pas en tant que fait, mais pour que ceux qui étaient sous la loi en aient puissamment conscience. Maintenant, nous avons la « parole de sa grâce ». Je pense qu’elle met l’accent sur le Nouveau Testament. L’Ancien Testament est la Parole de sa loi, si je puis dire de façon générale, mais le Nouveau Testament nous donne la Parole de sa grâce. L’Ancien Testament nous donne des ombres des bonnes choses à venir, mais « non l’image même des réalités », comme nous le dit l’épître aux Hébreux (10 : 1). L’ombre donne un contour, et je peux en déduire certaines choses, mais elle ne donne pas l’image même de la chose. Nous pouvons voir une ombre typique dans le jardin d’Éden lorsque les animaux ont été tués pour fournir aux deux coupables des vêtements de peau (Gen. 3 : 21). Mais maintenant, nous avons la révélation claire des choses et rappelons-nous quelle protection nous avons dans la Parole de sa grâce.
            Je crains que nous ne lisions pas la Parole de Dieu autant que nous le devrions. Il y a tant d’autres choses pour nous distraire et occuper notre temps. Mais avoir affaire à Dieu et à la Parole de sa grâce, nécessite certainement une lecture attentive avec prière du Nouveau Testament, et de l’Ancien Testament à la lumière du Nouveau. Au cours des siècles, c’est ainsi que Dieu a puissamment opéré des réveils ; c’est par la Parole de sa grâce. Les siècles ayant passé, lorsque est arrivée ce que nous appelons la Réforme, l’imprimerie a été inventée et la Bible a commencé à être diffusée grâce à ce moyen. Au lieu d’être enfermée dans des monastères et étouffée par les prêtres, la Parole de la grâce de Dieu a été libérée et la bénédiction en a résulté. Il en a été ainsi depuis le début. C’est quand nos âmes sont placées sous l’influence puissante de la Parole de sa grâce qu’elles sont préservées et enseignées. L’homme est mis de côté, même le meilleur des hommes, et nous sommes préparés pour le service de Dieu. Nous pouvons aller dans la présence même de Dieu et Lui parler, et Lui peut nous parler par sa Parole.


F. B. Hole. - Trois méditations à Lowestoft (1960)