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L’ÉGLISE PRIMITIVE (2)


Un peuple tiré d’entre les Juifs et d’entre les nations
          Abolition de la séparation entre Juifs et nations
          L’œuvre à Antioche 
          L’activité de l’adversaire
          Les immenses richesses de la grâce de Dieu
          



Un peuple tiré d’entre les Juifs et d’entre les nations

            Nous avons précédemment examiné le tableau de l’Église primitive à Jérusalem donné en Actes 4 et 5. Mais un détail très important, lié à l’œuvre de Dieu quant à l’appel de l’Église, manque dans ces versets.

                        Abolition de la séparation entre Juifs et nations

            En écrivant aux Éphésiens, Paul rappelle aux croyants que Dieu a aboli la séparation qui existait entre Juifs et Gentils (gens des nations non-juives) par la mort de notre Seigneur Jésus (voir Éph. 2 : 11-18). À présent, il fait des deux « un seul homme nouveau ». En fait, c’est le mot créer qui est utilisé : « afin de créer les deux en Lui-même pour être un seul homme nouveau » (v. 15). Le même mot est utilisé précédemment : « Nous sommes son ouvrage, ayant été créés dans le Christ Jésus pour les bonnes œuvres... » (v. 10). Le Juif et le Gentil sont amenés sur un pied d’égalité, et de la même manière, dans une nouvelle position que Dieu crée ; et cela est aussi valable aujourd’hui, vers la fin de l’histoire de l’Église, qu’au début, quand Paul écrivait ces versets. Des élus d’entre les Gentils sont introduits dans cette nouvelle position et exactement sur le même pied d’égalité que des élus que Dieu tire d’entre les Juifs. Cela, bien sûr, ne se voyait pas encore en Actes 4. Dieu a commencé l’œuvre au milieu d’Israël. Les foules qui étaient rassemblées le jour de la Pentecôte étaient des Juifs, avec peut-être quelques prosélytes – des gens originaires des nations, qui s’étaient attachés à la synagogue juive. Trois mille âmes avaient été converties après la prédication de l’évangile (Act. 2 : 41). Ceux-là aussi avaient sans doute œuvré pour le Seigneur ; ensuite les apôtres avaient été arrêtés et avaient eu des ennuis. Puis nous lisons ce beau récit concernant l’assemblée à Jérusalem (v. 42-47). À ce moment-là, si nous avions été là et examiné les milliers de personnes qui faisaient partie « des leurs », nous aurions constaté qu’elles étaient pratiquement toutes d’origine juive, tant hommes que femmes.

                        L’œuvre à Antioche 

            Le livre des Actes relate une période de transition, comme nous l’appelons parfois. Dieu ne fait pas les choses précipitamment. Non, la pensée divine s’opérait tranquillement. C’est ce que nous voyons dans le récit concernant l’œuvre à Antioche (Act. 11). C’est là, de façon évidente, que Dieu a commencé cette œuvre remarquable de rassembler parmi les nations un peuple pour son nom.
            Beaucoup de croyants de Judée étaient partis, dispersés lors de la persécution qui avait eu lieu après le martyre d’Étienne. La majorité d’entre eux ne pensaient encore qu’aux Juifs. Ils prêchaient le Messie, crucifié et ressuscité d’entre les morts, et ils le prêchaient uniquement aux Juifs. Mais quelques-uns sont allés plus loin. Des hommes de Chypre et de Cyrène « parlaient aussi aux Grecs, annonçant le Seigneur Jésus » (Act. 11 : 20), et « la main du Seigneur était avec eux », et « un grand nombre crurent et se tournèrent vers le Seigneur (v. 21) ; « une grande foule fut ajoutée au Seigneur (v. 24).
            Un travail puissant s’accomplissait alors à Antioche parmi les Gentils ; la seigneurie de Christ était clairement présentée et il était bien sûr insisté sur ce point fondamental. Quand Pierre a parlé à Corneille, il a dit : « La parole que Dieu a envoyée aux fils d’Israël, annonçant la bonne nouvelle de la paix par Jésus Christ (lui est Seigneur de tous), vous la connaissez…  » (10 : 36-37). Christ est Seigneur, non seulement des Juifs, mais aussi des nations. Son autorité messianique s’appliquait plus particulièrement au Juif qui avait reçu les Saintes Écritures, dont les prophéties sur la venue du Messie ; mais si nous le considérons du point de vue de sa seigneurie, alors toute autre distinction disparaît. Il est Seigneur du Juif, comme du Gentil. Les croyants prêchaient le Seigneur Jésus, et les gens se tournaient vers le Seigneur. Si je me tourne vers le Seigneur, je suis implicitement sous son autorité. Ma place est d’être soumis à sa puissante Parole. Il y a donc eu alors à Antioche une œuvre très remarquable parmi les nations, presque parallèle à celle qui avait eu lieu parmi les Juifs le jour de la Pentecôte à Jérusalem.
            Barnabas est envoyé à Antioche par l’assemblée qui est à Jérusalem. « Étant arrivé et ayant vu la grâce de Dieu, il se réjouit  » (11 : 23a). C’était un « homme de bien » (v. 24). Il voyait combien Dieu avait béni le travail d’autrui, et même si cela ne lui donnait aucun mérite, il était heureux de voir que le Seigneur était glorifié. « Il les exhortait tous à demeurer attachés au Seigneur de tout leur cœur » (v. 23b). On ne saurait avoir de meilleur conseil. Puissions-nous avoir un lien vivant entre nos âmes et le Seigneur, sans rien laisser venir nous détourner du Seigneur. En venant au milieu des croyants à Antioche, Barnabas a donné un nouvel élan à l’œuvre de conversion, et beaucoup de personnes ont été amenées au Seigneur. Puis Barnabas est allé chercher Paul à Tarse et l’a amené à Antioche. Ils y sont restés une année entière, exerçant leur ministère et enseignant (v. 25-26ab).
            Les disciples ont été appelés chrétiens tout d’abord à Antioche (v. 26c). Comment les appelait-on dans les milieux juifs ? Nous en trouvons la réponse dans les paroles de Tertulle accusant Paul en présence du pouvoir romain : « Nous avons constaté que cet homme, une peste, provoque des séditions parmi tous les Juifs dans toute la terre habitée ; c’est un meneur de la secte des Nazaréens » (Act. 24 : 5). Il y avait les Pharisiens, qui étaient de grands défenseurs de la loi et plutôt imbus d’eux-mêmes ; les Sadducéens qui étaient très analytiques et critiques et ne croyaient pas ceci ou cela ; les Hérodiens qui ne se préoccupaient pas tellement de ces choses, mais suivaient le pouvoir en place afin d’en tirer profit dans les affaires du monde. Les Juifs qui avaient ces sectes parmi eux disaient : Nous avons maintenant les Nazaréens, disciples de cette personne singulière, Jésus de Nazareth, qui a été crucifié. - Mais il y avait maintenant autre chose. Là où l’œuvre s’opérait parmi les nations, ceux qui étaient convertis reconnaissaient l’autorité du Seigneur sur leur cœur et leur vie et cela mettait l’empreinte de Christ sur eux. Ceux qui regardaient ces croyants devaient penser : Nous ne pouvons pas les définir par une longue explication, il faut quelque chose de court et précis ; puisqu’ils sont de Christ, ils sont chrétiens. - On a souvent fait remarquer que ce mot n’apparaît que trois fois dans le Nouveau Testament. Agrippa le connaissait (Act. 26 : 28). Le nom de chrétien était clairement parvenu dans les hautes sphères. Agrippa n’a pas dit : Bientôt, tu vas me persuader de devenir Nazaréen, mais : « Bientôt, tu vas me persuader de devenir chrétien » (Act. 26 : 28). Le Saint Esprit cautionne cela, car dans la première épître de Pierre Il dit : « Si c’est comme chrétien » que quelqu’un souffre, « qu’il n’en ait pas honte, mais qu’il glorifie Dieu en ce nom » (1 Pi. 4 : 15-16). L’Esprit de Dieu accepte, pour ainsi dire, ce nom comme une bonne définition de ceux qui sont introduits dans son œuvre nouvelle et puissante.

                        L’activité de l’adversaire

            Nous avons vu Dieu travailler parmi les nations, et y rassembler un peuple pour son nom. Mais l’adversaire s’active. Ceux que l’on appelle « docteurs judaïsants » voulaient rendre tous les croyants, en particulier ceux des nations, conformes à un certain modèle juif. C’est ce que nous voyons au chapitre 15 des Actes. Certains de ces docteurs étaient allés à Antioche pour leur dire : « Si vous n’avez pas été circoncis selon l’usage de Moïse, vous ne pouvez être sauvés » (v. 1). La circoncision faite « selon l’usage de Moïse », ou selon la loi, rattachait la personne circoncise au judaïsme. En proposant cela, ces docteurs cherchaient à introduire le mur mitoyen de clôture que Dieu avait abattu. Il n’y a pas de telle séparation dans l’Église ; nous qui en faisons partie, que nous soyons Juifs ou Gentils, nous sommes tous ensemble sur une nouvelle base, car nous sommes créés en un seul homme nouveau. Nous sommes unis ensemble, mais l’adversaire cherche, bien sûr, à gâcher l’œuvre de Dieu. Ces docteurs sont donc allés leur dire en fait : Vous devrez faire de ces gens des Juifs de second ordre. Vous devrez les intégrer dans notre système légal, sinon ils ne seront jamais sauvés. - En lisant attentivement le chapitre 15, nous voyons qu’une grande dispute s’est produite. Ce n’est pas qu’ils en venaient aux mains et se disputaient bruyamment, mais que la question était débattue.
            Alors Pierre se lève et dit : « Vous savez vous-mêmes que, dès les premiers jours, Dieu m’a choisi parmi vous, afin que par ma bouche les nations entendent la parole de l’évangile et qu’elles croient » (v. 7). Cela avait eu lieu quand Pierre était allé chez Corneille (Act. 10). Dieu lui avait donné à trois reprises une même vision, pour le délivrer d’idées préconçues qui l’auraient entravé, et Pierre y était enfin allé. Il est remarquable que le récit divinement inspiré de l’historien Luc, rapporté dans le chapitre10, soit repris au chapitre 11, bien que sous un angle un peu différent. Au chapitre 11, c’est Pierre qui donne le compte rendu de ce qui s’était passé, à ceux qui l’interrogent, quand il revient à Jérusalem. Et ici, au chapitre 15, il est fait référence à Corneille pour la troisième fois ; c’est un événement qui fait date. Les pharisiens étaient très pointilleux sur le lavage de telle ou telle chose, mais ils ne se souciaient guère de leur cœur. Pierre dit en fait : Mes chers frères, regardez ce qui s’est passé quand Dieu m’a choisi parmi vous afin que, par ma bouche, l’évangile soit prêché aux nations. C’est le Saint Esprit qui a tranché la question. Vous dites que ce sont des nations impures, mais leurs cœurs ont été purifiés par la foi. Dieu a purifié leur cœur, et Celui qui connaît le cœur leur a donné le Saint Esprit, comme il l’a fait pour nous.
            En Actes 10, il est frappant que rien n’est dit sur leur baptême avant qu’ils aient reçu le Saint Esprit. Au chapitre 2, en réponse à la question : « Frères, que devons-nous faire ? », Pierre avait dit : « Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus Christ, pour le pardon des péchés ; et vous recevrez le don du Saint-Esprit » (v. 37-38). Le baptême occupe une place très particulière pour le Juif. Si l’on me demandait de donner en un mot sa signification, je prendrais le mot « rupture », bien qu’il ait en vue un nouveau lien. Dans le contexte d’Actes 2, il s’agissait de couper le lien avec la nation qui avait rejeté le Messie. Pierre disait en quelque sorte : Coupez vos liens avec la nation qui a mis à mort le Messie ; séparez-vous d’elle. Sauvez-vous de cette génération perverse. - Et ils ont été baptisés ; ils ont coupé leurs liens et ont rompu avec la nation apostate de l’époque.
            Nous voyons au chapitre 10 que pendant que Pierre prêchait la Parole qui les dirigeait vers le Christ ressuscité, le Saint Esprit est tombé sur tous ceux qui l’entendaient (v. 44). Une telle situation s’est-elle jamais reproduite ? Beaucoup d’entre eux étaient sans doute des personnes pieuses et craignant Dieu mais pas vraiment converties. Tous ceux qui étaient là, incroyants, à part Pierre et ses accompagnateurs, sont tous convertis sans exception. Le Saint Esprit tombe sur tous ceux qui entendent la Parole : Corneille, les soldats, les amis et la famille. Et Pierre doit dire : Pouvons-nous refuser de baptiser ces gens ? Qu’ils coupent les liens avec leur ancienne vie, et viennent parmi nous en tant que chrétiens. - Dieu avait réglé la question. C’est ce qu’ils disent plus tard au chapitre 15 : « Car il a semblé bon au Saint Esprit et à nous... » (v. 28). L’Esprit Saint a tranché la question de l’accueil des nations en tombant sur eux tels qu’ils étaient, quand la lumière de l’évangile a brillé dans leurs cœurs. Le jour de la Pentecôte, ils étaient trois mille ; ici il n’y avait qu’une salle pleine, mais ils étaient tous « baptisés d’un seul Esprit pour être un seul corps » (1 Cor. 12 : 13). Nous voyons ici les choses prendre forme, selon ce qui sera développé doctrinalement plus tard dans l’épître aux Éphésiens, à savoir l’œuvre de Dieu qui appelle maintenant d’entre les nations un peuple pour son nom. Ce travail a commencé de manière très remarquable dans le cas de Corneille et de sa famille, et s’est poursuivi à Antioche par le travail de ces humbles gens. Ce n’étaient pas de grands prédicateurs, mais simplement des hommes de Chypre et de Cyrène. Il n’est pas dit comment ils s’appelaient ; nous le saurons peut-être le jour où le Seigneur évaluera tous ses serviteurs et les récompensera pour ce qu’ils ont fait pour Lui. Ces humbles croyants inconnus avaient été chassés de leur pays lors de la persécution qui était survenue au sujet d’Étienne et avaient peut-être dû fuir à l’étranger pour sauver leur vie ; ceux-ci se mirent à parler aux gens de ces nations. Et puisque c’était le dessein de Dieu d’aller vers les nations (Il l’avait fait comprendre dès le départ aux apôtres), la main du Seigneur était donc avec eux. Un grand nombre ont cru, se sont tournés vers le Seigneur, et ont été introduits dans l’assemblée.

                        Les immenses richesses de la grâce de Dieu

            À la fin du livre des Actes, l’apôtre est prisonnier à Rome. Il réunit les Juifs. Il semble que quelques-uns aient cru, mais hélas la grande masse rejetait le témoignage de l’évangile. Paul, après avoir cité quelques versets du chapitre 6 d’Ésaïe, doit leur dire une chose très solennelle : « Sachez donc que ce salut de Dieu a été envoyé à ceux des nations ; eux, ils écouteront » (28 : 28). Il n’y a pas de doute qu’au cours de cette longue période dans laquelle nous sommes, où Dieu travaille et rassemble hors du cercle juif, l’œuvre principale a été de rassembler d’entre les nations. C’est pourquoi l’Écriture dit qu’Il montrera « dans les siècles à venir les immenses richesses de sa grâce, dans sa bonté envers nous dans le Christ Jésus » (Éph. 2 : 7). Le mot « immense » pourrait être traduit par « surpassant » ; c’est quelque chose qui surpasse tout le reste. L’œuvre de grâce agissant aujourd’hui, rassemblant d’entre les nations un peuple pour son nom, les amenant dans cette merveilleuse position de proximité et de faveur et finalement de gloire en association avec Christ, est une démonstration de la grâce de Dieu qui surpasse tout.


F. B. Hole. - Trois méditations à Lowestoft (1960)

À suivre