Oui, Seigneur
Une femme cananéenne
Deux aveugles
Pierre
En considérant quelques-unes des occasions où ces deux mots ont été adressés à notre Seigneur Jésus Christ, nous pouvons découvrir qu’ils sont non seulement le critère d’une consécration vraie, sans réserve, mais aussi le premier pas vers une bénédiction plus grande.
Une femme cananéenne
« Partant de là, Jésus se retira vers la région de Tyr et de Sidon. Et voici qu’une femme cananéenne venue de ces territoires se mit à crier : Aie pitié de moi, Seigneur, Fils de David ; ma fille est cruellement tourmentée par un démon. Mais il ne lui répondit pas un mot. Ses disciples, s’approchant, le prièrent : Renvoie-la, car elle nous poursuit de ses cris. Il répondit : Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël. Mais elle vint lui rendre hommage, en disant : Seigneur, viens à mon secours ! Il répondit : Il ne convient pas de prendre le pain des enfants et de le jeter aux chiens. Elle dit : Oui, Seigneur ; car même les chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres. Alors Jésus lui répondit : Femme, ta foi est grande ; qu’il te soit fait comme tu veux. Et, dès cette heure-là, sa fille fut guérie » (Matthieu 15 : 21-28).
Lorsque cette femme vient implorer une grande faveur pour sa fille, le Seigneur ne lui dit pas un mot. Et quand enfin Il lui adresse la parole, Il emploie une expression qui paraît étrange, venant de sa bouche, mais qui, pour une femme orientale, a dû paraître extrêmement dure : « Il ne convient pas de prendre le pain des enfants et de le jeter aux chiens » (v. 26). Une telle comparaison pouvait signifier que Jésus la repoussait avec mépris. Mais elle l’accepte, et prenant la place d’humilité, elle Lui dit : « Oui, Seigneur ; car même les chiens mangent des miettes qui tombent de la table de leurs maîtres » (v. 27). Ainsi sa foi triomphe d’une façon merveilleuse et le Seigneur déclare : « Femme, ta foi est grande ». Il lui accorde aussitôt la faveur qu’elle recherchait.
Alors que Jésus semblait la repousser, Il lui enseignait que le secret de toute vraie bénédiction, c'est de prendre une place d’humilité devant Lui. La foi devient victorieuse quand le vrai sentiment de notre propre néant lui est associé. Nous avons besoin de pouvoir dire : « Oui, Seigneur » quand Il parle pour nous débarrasser de notre orgueil. Parfois, quand nous venons rechercher la bénédiction, le Saint Esprit nous rend davantage conscients de notre péché, et c’est la seule façon dont Il peut nous amener dans la pleine bénédiction qu’Il a en réserve pour nous. Devant la vérité humiliante de notre propre état, nous devons d’abord apprendre à dire « Oui, Seigneur » ; ainsi, nous pouvons recevoir la bénédiction non pas sur la base de nos prétendus mérites, mais sur celui de sa plénitude.
Le Seigneur ne se détourne jamais de ceux qui peuvent se confier en Lui. La bénédiction peut être retardée, mais ne sera jamais refusée quand nous sommes amenés dans cette attitude convenable devant Lui. Quand enfin Il accordera la faveur longtemps recherchée, nous saurons que tout le temps pendant lequel nous pensions qu’Il refusait notre requête, Il ne faisait que nous attirer plus près de Lui. Il nous amenait à prendre une place humble, dans la soumission, nous rendant ainsi plus propres à recevoir et apprécier ses meilleurs dons.
Nous rend-Il conscients de notre indignité totale ? Nous abaisse-t-Il et nous révèle-t-Il les profondeurs de notre état de péché et de notre besoin ? N’hésitons pas à dire : Oui, Seigneur, tout cela est vrai. Je sais que je suis entièrement indigne, et que toute bénédiction doit venir de ta pure grâce. - En continuant de regarder vers Lui avec confiance, acceptant tout ce qu’Il nous révèle au sujet de nous-mêmes et au sujet de Lui-même, nous entrerons assurément en possession d’une faveur qui, souvent, sera même plus grande que celle que nous recherchions.
« Comme Jésus passait plus loin, deux aveugles le suivirent en criant : Aie pitié de nous, Fils de David ! Quand il fut arrivé à la maison, les aveugles vinrent à lui. Et Jésus leur dit : Croyez-vous que je puisse faire cela ? Ils lui disent : Oui, Seigneur. Alors il toucha leurs yeux et dit : Qu’il vous soit fait selon votre foi. Et leurs yeux furent ouverts. Puis Jésus leur parla sévèrement : Prenez garde que personne ne le sache. Mais eux, une fois sortis, répandirent sa renommée dans tout ce pays-là » (Matt. 9 : 27-31).
Voici deux aveugles qui avaient suivi Jésus le long de la route en Lui demandant l’unique et grande faveur de recouvrer la vue. Il semble ici, comme pour la femme cananéenne, qu’Il n’ait d’abord pas fait attention à eux. Mais, toujours poussés par l’intensité de leur besoin, ils continuent de Le suivre dans la maison. Il pose enfin la question qui éprouve le cœur : « Croyez-vous que je puisse faire cela ? » (v. 28). Ils répondent par un confiant « Oui, Seigneur ». Et sans plus tarder, Il touche leurs yeux et dit : « Qu’il vous soit fait selon votre foi » (v. 29). Alors leurs yeux sont ouverts.
Croyez-vous que je puisse faire cela ? Jésus leur dit, en quelque sorte : Vous êtes au bout de vos propres ressources. Vous savez que vous ne pouvez pas ouvrir vos propres yeux. Mais alors il ne s’agit pas de vos capacités, mais des miennes. Pouvez-vous croire, croyez-vous, que je puisse faire cela pour vous ? - Et leur réponse confiante reçoit une pleine manifestation de la puissance du Seigneur pour répondre à leur besoin.
Croyons-nous, bien qu’étant conscients de notre propre impuissance, qu’Il peut répondre à notre besoin ? Ainsi, souvent, dans notre quotidien, nous sommes amenés en face de difficultés trop grandes pour que nous les surmontions, de tentations trop fortes pour les vaincre par notre propre force, de situations embarrassantes qui semblent dépasser toute solution humaine. Mais croyons-nous que Lui puisse faire « cela » ? Peut-être combattons-nous quelque grande tentation que nous n’arrivons jamais à vaincre. Très souvent, nous y avons cédé malgré toutes nos résolutions souvent répétées et nos plus ardents efforts. Mais ne se peut-il pas que le Seigneur nous pose la question : « Croyez-vous que je puisse faire cela… ? ». Pouvons-nous lui dire « Oui, Seigneur », dans la simple confiance qu’Il peut briser la tyrannie de notre péché et nous donner la victoire ? « Qu’il vous soit fait selon votre foi ».
Il se peut que nous soyons placés dans une difficulté sérieuse, et que toute issue paraisse impossible ; notre cas semble tout à fait désespéré. Mais voulons-nous faire intervenir Jésus qui nous dit : « Croyez-vous que je puisse faire cela ? ». Oh ! confions-Lui tous les détails de nos circonstances. Soumettons-nous à Lui dans toutes ses voies envers nous et abandonnons tout entre ses mains. Il ne nous fera pas défaut.
Est-ce la pensée du futur qui nous cause de l’anxiété : Que ferai-je quand telle et telle chose arrivera ? – En y pensant, notre cœur s’affaiblit et l’incrédulité s’insinue pour nous priver de notre joie et de notre paix. Et cependant Christ est pleinement suffisant. Ne pouvons-nous pas remettre entre ses mains tout ce qui nous concerne ?
Tournons-nous de nouveau vers Lui, et si, en réponse à sa question : « Croyez-vous que je puisse faire cela ? », nous pouvons vraiment dire en toute confiance : « Oui, Seigneur », alors nos yeux seront ouverts, et par la foi nous verrons sa main partout et dans tout ce qui nous concerne. Nous jouirons ainsi de sa paix, en communion avec Lui-même.
« Quand ils eurent mangé, Jésus dit à Simon Pierre : Simon, fils de Jonas, m’aimes-tu plus que ceux-ci ne m’aiment ? Il lui dit : Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime. Jésus lui dit : Fais paître mes agneaux. Il lui dit une deuxième fois : Simon, fils de Jonas, m’aimes-tu ? Pierre lui dit : Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime. Jésus lui dit : Sois berger de mes brebis. Il lui dit, la troisième fois : Simon, fils de Jonas, m’aimes-tu ? Pierre fut attristé de ce qu’il lui avait dit, la troisième fois : M’aimes-tu ? Et il lui dit : Seigneur, toi tu sais tout, tu sais que je t’aime. Jésus lui dit : Fais paître mes brebis » (Jean 21 : 15-17).
Cette scène mémorable a eu lieu sur les rives de la Mer de Galilée après le miracle de la prise de poissons et la manifestation des tendres soins de Christ envers ses disciples auxquels Il a préparé un repas chaud, après leur longue nuit de travail sans fruit.
Le Seigneur pose cette question à Simon Pierre d’une voix très tendre, mais qui néanmoins, met à nu les profondeurs de sa conduite coupable, tout en touchant son cœur : « Simon, fils de Jonas, m’aimes-tu plus que ceux-ci ne m’aiment ? » (v. 15a). Que pouvait répondre Pierre ? Il avait affirmé devant le Seigneur : « Si tous étaient scandalisés à ton sujet, moi, je ne serai jamais scandalisé » (Matt. 26 : 33). Le souvenir de cette confiance en lui-même, manifestée alors, a dû remplir aussitôt son esprit ; il a pu repenser au moment où, près du feu, il s’était assis et se chauffait, tandis que son Maître était à l’interrogatoire, entouré de ses ennemis implacables. Et il avait ensuite renié trois fois de Le connaître.
Humilié, touché dans sa conscience, mais éprouvant une affection réelle et profonde pour le Seigneur qu’il avait si honteusement renié, Pierre ne peut que dire : « Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime » (v. 15b). On a souvent fait remarquer que le mot « aimer » employé par Pierre et celui que prononce le Maître n’étaient pas les mêmes. Quand Christ demande à Pierre s’il L’aime, Il emploie un mot parlant d’un amour profond et durable, que l’on ne peut mettre en doute – le même mot est employé pour l’amour divin en Jean 14 : 21, par exemple. Mais Pierre n’ose pas maintenant exprimer un dévouement tel que celui que ce mot implique, et bien qu’il aime vraiment Jésus, il ne peut cependant qu’affirmer : Oui Seigneur, tu sais que tu m’es cher.
Le Seigneur lui pose à nouveau la question, employant le même mot qu’auparavant. Pierre déclare à nouveau son amour, bien qu’il ne prétende toujours pas affirmer que son attachement puisse être nommé d’un terme aussi fort que celui que le Seigneur a employé.
Une fois de plus, la question est posée, rappelant tendrement le triple reniement de Pierre ; mais cette fois Jésus emploie le propre mot de Pierre, et sa question est simplement : Simon, fils de Jonas, est-il vrai que je te suis cher ? - Alors Pierre ne peut que répondre, en effet : « Seigneur, toi tu sais tout, tu sais que je t’aime » (v. 17) - les secrets même des cœurs des hommes te sont révélés et tu sais que, malgré ma misérable chute et mon péché, tu m’es cher.
N’est-ce pas quelque chose de merveilleux que même après sa résurrection, et en vue de l’imminence de son retour dans la gloire du trône de son Père, Christ trouve encore son plaisir dans l’expression de l’amour de son serviteur coupable ? Assurément, il en est exactement de même aujourd’hui. Le cœur de Dieu serait-il moins sensible à l’amour exprimé par ses enfants ? Le Fils de l’Homme glorifié ne se réjouit-Il pas toujours de toute déclaration sincère, sans réserve, de notre amour pour Lui ? Cela ne Lui échappe jamais : « Si quelqu’un aime Dieu, celui-là est connu de lui » (1 Cor. 8 : 3). Et il n’est certainement pas irrévérent de dire qu’Il a toujours soif de l’amour de ceux pour lesquels Il a laissé sa vie, et se réjouit chaque fois que – si coupables et indignes que nous soyons – nous nous courbons dans l’adoration devant Lui, et murmurons : Seigneur, tu connais tout, tu sais que je t’aime.
Ce sera la source de tout vrai service. Si nous ne L’aimons pas, c’est en vain que nous nous proposerons de faire ceci ou cela pour Lui, sans avoir le motif convenable qui Lui plaise. Mais quand nous sommes animés par l’amour et la gratitude, tout service devient alors une joie véritable et la vie elle-même est transformée et glorifiée.
D’après F.J. H