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Quelques remarques sur l’épître de Jacques (5)


CHAPITRE 5
          Le jugement des riches (v. 1-6)
          La venue du Seigneur (v. 7-8)
          Exhortations à ceux qui sont frères (v. 9-12)
          La prière (v. 13-18)
          « Si quelqu’un s’égare de la vérité » (v. 19-20)
 

CHAPITRE 5

                        Le jugement des riches (v. 1-6)

            Le premier paragraphe du chapitre 5 est, dans sa forme, semblable au dernier paragraphe du chapitre précédent. Il n'y a en réalité pas de coupure. Jacques s'adresse aux riches avec autant de véhémence qu'à ceux qui se glorifient dans leurs vanteries. Ces deux catégories de personnes ont en commun qu'elles oublient les droits du Seigneur.
            La clef de ce paragraphe est au verset 5 : « Vous avez vécu dans les délices sur la terre ». Ce principe a été illustré par le Seigneur Jésus dans la parabole dite « du riche et Lazare », par laquelle il répondait aux pharisiens qui étaient avares... et se moquaient de Lui (Luc 16 : 14, 19-31). La parole de Dieu est adressée ici aux riches, non plus par Moïse et les prophètes, mais en grâce, une fois de plus, par un « esclave de Dieu et du Seigneur Jésus Christ » (1 : 1). L'enseignement du Seigneur demeure vivant dans le cœur de Jacques qui nous fait entendre un écho des paroles prononcées au cours du discours sur la montagne (Matt. 6 : 19-21), et aussi une application des avertissements de la fin du chapitre précédent, concernant la précarité de la vie sur la terre.
            Qu'allons-nous faire pendant la courte durée de notre passage ici-bas ? Amasser des richesses ? - Pourquoi, pour combien de temps ? Les derniers jours sont là. - Jacques nous fait entendre la question d'Élisée à Guéhazi : « Est-ce le temps de prendre... ? » (2 Rois 5 : 26). Guéhazi avait pourtant bien vu que les richesses et les honneurs de la terre n'avaient pas permis à Naaman de se délivrer de sa lèpre. Il avait pourtant convoité ces richesses pourries, sans penser qu'il n'en jouirait, au mieux, que sur la terre, mais que des misères suivraient, peut-être éternellement. Où est notre trésor ? Où donc est notre cœur ? (voir Matt. 6 : 21)
            De plus, les richesses ne sont-elles pas acquises parfois au détriment des malheureux ? Jacques signale maintenant cette forme particulière d'oppression qui consiste à frustrer de leur salaire les ouvriers qui ont « récolté » dans les champs des riches (v. 4). Cela aussi est une violation de la loi (Lév. 19 : 13). Une telle injustice, à l'égard de l'homme à gages affligé et pauvre est un péché qui s'attache à celui qui l'a engagé et ne tient pas sa promesse.
            De plus, si le cri de celui qui est frustré n'est pas écouté par son maître, il parvient aux oreilles du « Seigneur Sabaoth ». Ce terme, employé une seule autre fois dans le Nouveau Testament (Rom. 9 : 29), correspond à « l'Éternel des armées » dans l'Ancien Testament, où ce nom se trouve à plusieurs reprises :
                  - Il exprime d'une part la souveraineté de Dieu pour rassembler et diriger toutes les « armées » que mentionne l'Écriture - toute l'armée des cieux et de la terre (1 Rois 22 : 19) ; l’armée céleste (Luc 2 : 13) ... pour accomplir ses desseins.
                  - D'autre part, l'Éternel intervient sous ce nom envers son peuple dans l'affliction et la détresse, aussi bien pour le secourir et l'encourager (Zach. 1 : 12-17 ; 2 : 5-9 ; Mal. 3 : 17 ; És. 1 : 9 ; Rom. 9 : 27-29), que pour le reprendre (Mal. 1 : 6, 11-14, etc.).

            Les deux passages du Nouveau Testament où se trouve ce terme, s'adressent spécialement aux Juifs, dans le but, sans doute, de solliciter plus fortement leur attention. Dans une pensée analogue, en adressant aux Juifs de Jérusalem son apologie, Paul leur parle en langue hébraïque, si bien qu'en l’entendant, « un grand silence s’établit » (Act. 21 : 40), « ils firent silence encore plus » (22 : 1-2). Nous pouvons donc penser que Jacques voulait rappeler à ceux de la Dispersion qu’il était, lui aussi, de leur nation. Il ne se présente donc pas comme un accusateur, mais il les avertit comme un frère. N’est-ce pas dans ces termes affectueux que Paul parle de « ses parents selon la chair, qui sont Israélites », quand il évoque leurs privilèges nationaux dont le plus grand est que « le Christ, qui est sur toutes choses Dieu béni éternellement » est, selon la chair, issu d’Israël (Rom. 9 : 1-5) ? Mais étant d'abord l'apôtre des nations, Paul, en rappelant aux Juifs l’immutabilité des dons de grâce et de l'appel de Dieu, montre que, renfermés dans la désobéissance, Juifs et nations sont également les objets de la miséricorde divine (Rom. 11 : 28-32). « À lui la gloire éternellement. Amen ! » (v. 36).
            Le service de Jacques ne s'étendait pas, en principe, au-delà d'Israël, ce qui ne signifie pas qu'il était indifférent aux exercices de ceux des nations (Act. 15 : 19-21) ; mais il limite ici ses avertissements aux douze tribus qui sont dans la Dispersion (1 : 1).
            Nous ne devons pas penser non plus que Jacques écrivait ces choses dans le but d'amener plus de justice sociale sur la terre. La terre n'est ni le domaine ni la patrie du chrétien : il y est un étranger et n'a pas à participer à ses conflits. Ces avertissements sont donnés en vue de ce qui est éternel. D'ailleurs, Jacques rappelle que « le jugement (a été) repoussé en arrière, et la justice se tient loin ; car la vérité a trébuché sur la place publique, et la droiture ne peut pas entrer. La vérité fait défaut, et celui qui se retire du mal devient une proie. Et l'Éternel l'a vu » (voir És. 59 : 14-15). N'est-ce pas là, en effet, le sens de ces paroles de Jacques : « Vous avez condamné, vous avez mis à mort le juste : il ne vous résiste pas (v. 6). Le rejet de Christ, la mise à mort du saint et du juste, est l'expression de tout le mal moral.
            En parlant de la mise à mort du seul juste, Jacques veut aussi montrer aux enfants de Dieu qu'ils ne sauraient en aucune manière participer aux efforts des hommes sur la terre pour améliorer la condition humaine. Comment s'associer à des juges et à une justice, coupables de la plus grande des injustices ? Le service du fidèle à l'égard du monde est celui dont Abraham nous donne l'exemple (Gen. 18 : 22-33 ; voir aussi 1 Tim. 2 : 1-4). Les habitants de Canaan ne pouvaient pas comprendre « Abraham l’Hébreu » à l'écart sur la montagne avec sa tente et son autel ; mais ils pouvaient comprendre Lot et ils lui donnèrent une place d’honneur aussi longtemps qu'il se contenta de « tourmenter son âme juste » (2 Pi. 2 : 8).
            Les riches auxquels Jacques s'adresse « habitent sur la terre », ils y ont leurs intérêts. Mais la pourriture de leurs richesses témoignera que ceux qui les ont acquises ont semé pour la chair de sorte qu’ils en récolteront la corruption (Gal. 6 : 8) pour leur propre destruction.

                        La venue du Seigneur (v. 7-8)

            « La venue du Seigneur est proche » (v. 8). Jacques se tourne à nouveau vers ses frères pour les inviter à la patience (voir 1 : 3-4). Il les encourage en leur rappelant I’espérance chrétienne : la venue du Seigneur.
            Avoir part au royaume, c'est aussi avoir part à la tribulation et à la patience en Jésus (Apoc. 1 : 9). Ici, la patience est plus exactement la constance ou la persévérance (Héb. 6 : 12). Il s’agit de garder « la pleine certitude de I’espérance jusqu’au bout » (Héb. 6 : 11), c’est-à-dire jusqu'à la venue du Seigneur. Ce terme comporte, nous le savons, la pensée du retour du Seigneur pour les siens et aussi sa présence avec eux jusqu'à sa manifestation au monde.
            Cela nous conduit à voir dans le laboureur, non seulement un exemple pour notre patience, mais aussi une figure de Christ lui-même. La figure bien connue (des Juifs au moins) des pluies de la première et de la dernière saison, appuie cette pensée si nous nous souvenons que Jacques écrit à la Dispersion. À l'espérance purement chrétienne du retour du Seigneur s'ajoute la pensée consolante de sa fidélité envers Israël selon Joël 3 : 1. Les chrétiens juifs devaient apprendre et réaliser que leurs bénédictions étaient célestes. Mais ils pouvaient se demander ce qu’il en serait des promesses de Dieu envers Israël.
            Nous pensons qu’ils avaient besoin de savoir qu'elles s'accompliraient un jour pour ce peuple sur la terre, et cela était sans doute une consolation pour eux. Car un plus grand qu’eux, détenteur de la révélation du mystère caché dès les siècles en Dieu exprimait, nous I’ avons vu, son amour pour « ses frères, ses parents selon la chair » (Rom. 9 : 3) et se réjouissait dans la certitude qu'en un jour, proche maintenant, « tout Israël sera sauvé » (Rom. 11 : 26).
            Considérant alors la fidélité de Dieu et la constance de sa grâce envers tous les hommes, Paul s'écrie : « Ô profondeur des richesses et de la sagesse et de la connaissance de Dieu ! Que ses jugements sont insondables et ses voies indiscernables ! Car qui a connu la pensée du Seigneur, ou qui a été son conseiller ? Qui lui a donné le premier, pour qu’il lui soit rendu ? Car de lui, et par lui, et pour lui, sont toutes choses ! À lui la gloire éternellement ! Amen » (Rom.11 : 33-36).
            Ayant exhorté ses frères à la patience, Jacques les encourage aussi à tenir ferme, car « la venue du Seigneur est proche ». Le Seigneur fait entendre le même encouragement au fidèle de Philadelphie : « Je viens bientôt ; tiens ferme ce que tu as, afin que personne ne prenne ta couronne » (Apoc. 3 : 11). Jacques ne dit pas, remarquons-le : « Usez de patience jusqu'à ce que vous vous endormiez en Jésus », mais il dit : « jusqu'à la venue du Seigneur ». Le chrétien n'a pas devant lui la mort ; en fait, s'il suit le Seigneur, il s'approprie les paroles qu'Il adressait à Pierre au sujet de Jean, et il se dit à lui-même : « Si le Seigneur le veut, je demeurerai jusqu'à ce qu'il vienne », tout en sachant aussi que Jésus ne lui a pas dit qu'il ne mourrait pas, mais : « Si je veux… » (Jean 21 : 22).
            Au verset 7, l'exhortation à la patience était en relation avec le temps de l'attente du Seigneur. L'exemple du laboureur nous paraît avoir deux significations :
                  - Pour le fidèle, il s'agit d'attendre l'accomplissement de la promesse, comme le laboureur attend le fruit de la terre : ce fruit viendra, mais en son temps ;
                  - L'autre sens nous semble se rattacher à la patience de Christ, qui attend la pleine maturité du fruit avant de le récolter : « La patience de notre Seigneur est salut » (2 Pi. 3 : 15).

            Au verset 8, la venue du Seigneur est un motif d'affermissement de nos cœurs.

                        Exhortations à ceux qui sont frères (v. 9-12)

            Jacques ajoute : « Le juge se tient devant la porte » (v. 9). C'est sans doute un rappel des exhortations du chapitre 4 (v. 11-12). Non seulement il n'est pas bien de parler contre son frère, mais nous serons jugés à ce sujet. Agissons par rapport au Seigneur : Lui seul est « législateur et juge » (4 : 12). Le Seigneur entend toutes choses ; Il se tient devant la porte : remettons-nous donc à Celui qui juge justement (1 Pi. 2 : 23), car Il connaît nos cœurs et Il nous montrera bientôt la vanité des reproches que nous nourrissons facilement les uns à l'égard des autres, et souvent sans doute, parce que nous ne connaissons que notre propre amertume (Prov. 14 : 10). C'est pourquoi nous avons ici cette exhortation à la patience et au support à l'égard de nos frères. Combien les prophètes et les serviteurs de Dieu ont eu à souffrir à cause de telles choses ! Jacques les cite en exemple, car ils avaient certainement bien des raisons de gémir devant l'incrédulité et l'hostilité du peuple.
            Job offre un autre exemple de patience, dans une épreuve extraordinaire, dont le but était double :
                  - d'une part, de le conduire - et nous avec lui - à la connaissance de son état et au sain jugement de lui-même dans la lumière de Dieu (Job 42 : 1-6) ;
                  - d'autre part, de nous révéler les compassions et la miséricorde du Seigneur.

            Les murmures contre nos frères, nous venons de le voir, seront jugés par le Seigneur. Les serments aussi nous exposent à son jugement. Dans l'un et l'autre cas, Jacques place devant ses frères les enseignements du « discours sur la montagne » : « Ne jugez pas, afin que vous ne soyez pas jugés… » ; et encore : « Moi je vous dis de ne pas jurer du tout... mais que votre parole soit oui : oui, et votre non : non » (Matt. 7 : 1-2 ; 5 : 37). Le Seigneur avait déclaré par l'Esprit prophétique : « Tu m'as éprouvé au creuset, tu n'as rien trouvé ; ma pensée ne va pas au-delà de ma parole » (Ps. 17 : 3). Jacques insiste d'ailleurs sur l'importance primordiale de la droiture de l'esprit, qui accompagne la pureté du cœur (Ps. 51 : 12).
            En pratique, le serment, bien loin d'ajouter quelque crédibilité à l'égard de celui qui le prononce, ne fait que nous laisser entendre que ses affirmations habituelles - son « oui » et son « non » - sont sujets à caution s'ils ne sont assortis d'une garantie supplémentaire.

                        La prière (v. 13-18)

            Jacques aborde maintenant le sujet de la prière. Elle est mentionnée à sept reprises au cours de ces versets, et elle est appelée une fois « la fervente supplication du juste » (v. 16).

                                    - Les vertus de la prière
           
La première mention de la prière nous ramène une fois de plus au « discours sur la montagne » (Matt. 6 : 5-15), c'est-à-dire aux principes du royaume.
            Les cantiques sont l'expression de la joie du chrétien, bien différente de celle de l'incrédule, car « même dans le rire le cœur est triste ; et la fin de la joie, c'est le chagrin » (Prov. 14 : 13). Un cantique spirituel (Éph. 5 : 19), au contraire, exprime la joie « dans le Seigneur » (Phil. 4 : 4), une joie que personne ne peut nous ôter. Nous possédons de nombreux cantiques spirituels, mais il y a aussi dans le cœur de tout racheté un cantique qui ne peut être écrit dans les langues des hommes : c'est Christ lui-même : « Yah est ma force et mon cantique » (Ex. 15 : 2) ou encore, comme le dit Ésaïe : « Chantez l'Éternel, car il a fait des choses magnifiques » (És. 12 : 5).
            Jacques revient alors au sujet de la prière, en relation avec la maladie, vue ici sans doute comme un acte gouvernemental de Dieu. Une difficulté apparaît pour nous, en ce qu'il est question des « anciens de l'assemblée » (v. 14). Dans l'état présent de ruine où se trouve l'assemblée - et les assemblées locales - (pour ne rien dire du fait que seuls les apôtres avaient eu l'autorité de désigner des anciens), l'application littérale de ce passage ne semble guère possible. Quant à l'onction d'huile, nous pouvons penser qu'elle se pratiquait chez les croyants juifs en souvenir des ordonnances de l'ancienne alliance, si proche de leurs pensées (voir aussi Marc 6 : 13).
            Nous y verrions plutôt aujourd'hui une figure de la capacité de discerner par l'Esprit Saint les voies disciplinaires du Seigneur. Il apparaît d'après le texte que le malade a conscience d'être soumis à une telle action ; c'est pourquoi il appelle « les anciens de l'assemblée ». En l'absence d'anciens proprement dits, un tel malade pourrait faire appel à quelques frères « spirituels » (voir Gal. 6 : 1), capables de prendre part à ses exercices et de « manger le sacrifice pour le péché dans le lieu saint » (Lév. 10 : 17). De tels frères pourront alors prier pour lui et « la prière de la foi sauvera le malade » (v. 15). La confession des fautes est ici de « l'un à l'autre », c'est-à-dire d'offenseur à offensé (v. 16). Les intéressés sont ainsi amenés à s'examiner dans la conscience de l'amour de Christ pour eux, et de considérer l'étendue de la dette remise à l'un comme à l'autre, selon la parabole du Seigneur en Matthieu 18 : 23-35.
            Cela n'exclut pas qu'on puisse se confier à un frère fidèle et grave qui « relèvera ... dans un esprit de douceur » (Gal. 6 : 1), si du moins la faute confessée dans ces conditions n'est pas susceptible de donner aux ennemis de Christ une occasion de blasphémer, ni de porter atteinte à la sainteté de la table du Seigneur. Ne peut-on pas penser aussi que si un frère (ou une sœur) a sur son cœur un exercice caché, il pourrait s'en ouvrir auprès d'un frère pieux susceptible de discerner la conduite à tenir vis-à-vis du Seigneur quant à cet exercice. Quoi qu'il en soit, toute faute, tout péché est une chose très grave, car le Seigneur est toujours le premier offensé.

                                    - La puissance de la prière : l’exemple d’Élie

            Jacques montre ensuite la puissance de la prière, par l'exemple remarquable d'Élie. Car qu'était Élie ? Ce n'est pas sa qualité de prophète qui est notée ici, mais bien plutôt qu'il était « un homme, ayant les mêmes penchants que nous » (v. 17). Quel encouragement ! Mais nous avons aussi en Élie l'exemple d'un homme juste, vivant dans la crainte de Dieu, dans sa lumière et, pour employer le langage du Nouveau Testament, ayant « la justice qui vient de Dieu » (voir Phil. 3 : 9). Son exemple nous enseigne ce qu'est la prière selon Dieu :
                  - Premièrement, il pria avec instance ;
                  - Deuxièmement, sa demande était pour la gloire de Dieu et, par là même, pour le bien réel de son peuple ; il pria pour qu'il ne pleuve pas, requête étrange sans doute, selon l'intelligence de l'homme, car il ne pouvait ignorer que l'exaucement d'une telle demande serait une pénible épreuve pour Israël ;
                  -Troisièmement, il attendit pendant bien des jours que la parole de l'Éternel vienne à lui la troisième année, avant de prier « de nouveau » afin que le ciel donne de la pluie et que la terre produise son fruit.

            L'Éternel avait dit à Élie qu'Il allait donner de la pluie ; mais Élie a compris qu'il devait encore prier très ardemment (à sept reprises) pour recevoir la délivrance promise par l'Éternel. L'apparition d'un « petit nuage, comme la main d'un homme » a été alors pour lui la pleine certitude « d'une abondance de pluie » (1 Rois 18 : 42-45).
            Nous aimons répéter que « la fervente supplication du juste peut beaucoup » ; mais n'oublions pas de considérer, à la lumière de l'exemple d'Élie, ce qui caractérise « le juste » :
                  - ferveur instante pour prier
                  - communion avec Dieu pour demander « comme il convient » (Rom. 8 : 26) ;
                  - patience, dépendance et confiance en la grâce miséricordieuse de Dieu.

                        « Si quelqu’un s’égare de la vérité » (v. 19-20)

            La prière est un service dans le peuple de Dieu, et en faveur de celui-ci (sans oublier de prier pour tous les hommes). Mais Jacques conclut son épître en mentionnant encore un service qu'un frère peut accomplir en faveur d'un autre, ou d'une personne qui s'égare de la vérité.
            Jacques envisage ce service d'une façon très générale, de sorte qu'on peut envisager deux catégories de personnes à « ramener » : un croyant égaré, ou un pécheur non converti.
            Au verset 19, il est question de « quelqu'un parmi vous » qui « s'égare de la vérité ». Il peut s'agir d'une personne séduite peut-être par des doctrines diverses et étrangères, mais qui en tout cas a trébuché et s'est éloignée de Christ. Nous pouvons penser au cas de Simon Pierre quand il a renié son Seigneur. Jacques emploie ici le terme « pécheur », pour montrer que si nous étions attentifs à la condition d'une telle personne, nous serions exercés envers elle pour la ramener de son égarement. Il s'agit de la ramener à Christ, par la grâce, en l'amenant à confesser sa transgression. Ainsi peuvent être couverts « une multitude de péchés » (v. 20 ; Ps. 32 : 1-5 ; 1 Pi. 4 : 8).
            Ajoutons que pour un croyant juif fidèle, connaissant la valeur des Écritures, c'est-à-dire de l'Ancien Testament, la pensée de « couvrir les péchés » s'associait sans doute au souvenir du propitiatoire, dont le nom hébreu signifie « couverture » (voir Ex. 25 ; Lév. 16), ainsi qu'à l'enseignement du Psaume 32. La parole de la croix et la valeur du sang précieux de Christ sont ainsi sous-entendues à la fin de cette épître.


J.P. Fuzier – septembre 2009