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Quelques remarques sur l’épître de Jacques (4)


CHAPITRE 4
          Guerres et contestations (v. 1-5)
          Exhortations pour un cœur partagé : soumission à Dieu, résistance au diable, humiliation (v. 6-10)
          Ne pas parler l’un contre l’autre (v. 11-12)
          Les indifférents – oublier Dieu et se vanter (v. 13-17)
         

CHAPITRE 4

                        Guerres et contestations (v. 1-5)

            Le chapitre 3 se termine par ce qui apporte la paix. Le chapitre 4 commence par ce qui est à l'origine des guerres et des contestations (littéralement : combats). Le dernier paragraphe du chapitre 3, en effet, met en contraste la conduite du chrétien fidèle, selon la sagesse qui descend d'en haut, et l'esprit de jalousie et de querelle, là où se manifeste la sagesse terrestre.
            Jacques revient maintenant sur ce qu'il a évoqué au verset 16 du chapitre précédent et pose la question de l'origine des guerres et des querelles parmi ceux de la Dispersion. Les principes qu'il énonce sont, cela va sans dire, applicables aux chrétiens issus des nations, car la chair est la même chez tous.
            Ici, cependant, Jacques s'adresse à l'ensemble des Israélites, croyants ou non, chrétiens ou non. Cette remarque est nécessaire pour comprendre certaines des expressions que nous rencontrons dans cette épître. Elle contient des enseignements pour les croyants et des avertissements pour les incrédules.
            « D'où viennent les guerres, et d’où viennent les contestations parmi vous ? » (v. 1). Le langage de Jacques est très fort ; il nous fait d'ailleurs penser à celui de Paul dans l'épître aux Galates. C'est le témoignage d'une vive affection pour les douze tribus dont les discordes l'affligent profondément et l'indignent.
            L'origine de ces troubles n'est pas dans la nouvelle nature, car celle-ci a sa source en Dieu, mais dans l'ancienne. La recherche de la satisfaction des désirs de la vieille nature pécheresse est la source de toutes sortes de conflits ; d'ailleurs, le cœur naturel est tel que rien ne peut le satisfaire. Que trouvons-nous dans « nos membres qui sont sur la terre » (voir Col. 3 : 5-7) ? Tout d'abord la convoitise, qui introduit la corruption dans le monde (2 Pi. 1 : 4), et qui, d'une manière générale, « enfante le péché » (Jac.1 : 15).
            « Vous tuez », dit Jacques (v. 2). Ici, il ne s'agit pas sans doute de tuer littéralement ; mais le même verbe est employé au verset 6 du chapitre 5, où Jacques rappelle aux riches qu'ils ont mis à mort le Juste. Les amis du monde dont Satan est le chef, agissent selon ses caractères : il est « menteur » et « meurtrier » (Jean 8 : 44), de sorte que l'homme naturel est « du Méchant », et cela dès le commencement (Gen. 4 : 8 ; 1 Jean 3 : 12). Du cœur d'un tel homme viennent les mauvaises pensées, les meurtres, les adultères, les fornications, les vols, les faux témoignages, les injures (Matt. 15 : 19). Ces sept choses constituent une plénitude de mal, elles sont l'expression des ardents désirs des ennemis de Dieu.
            Ces convoitises, ces ardents désirs, ces luttes, n'aboutissent à rien, car le cœur n'est jamais satisfait. Dieu seul peut répondre à tous les besoins, mais les « amis du monde » ne demandent rien à Dieu. Le feraient-ils que, par leur nature même, leurs désirs, étrangers à tout ce qui est bon, ne sauraient trouver faveur auprès du Père des lumières (voir 1 : 16-17).
            Remarquons par parenthèse, que la nouvelle nature a, elle aussi, d'ardents désirs, et nous sommes exhortés à rechercher les dons parfaits qui descendent d'en haut. L'apôtre Pierre nous invite à désirer ardemment le pur lait de la Parole afin que « nous croissions par lui à salut » (1 Pi. 2 : 2-3).
            Paul nous exhorte à désirer avec ardeur les dons de grâce plus grands (1 Cor. 12 : 31), « les dons spirituels, et surtout celui de prophétiser » (14 : 1, 12, 39), tandis que le psalmiste exprimait son ardent désir des commandements de l'Éternel (Ps. 119 : 131).
            Mais, dira-t-on, peut-il y avoir des hommes pour « demander » s'ils se trouvent dans l'état moral qui caractérise l'homme naturel ? Il y en avait certainement à l'époque où Jacques écrivait son épître, il y en a aussi aujourd'hui, et d'ailleurs, « pensez-vous que l’Écriture parle en vain ? » (v. 5). Il s'agit ici des professants qui n'ont pas la vie de Dieu ; on les trouve encore « aux derniers jours », avec tous les caractères que décrit Paul (2 Tim. 3 : 1-9). Ils sont « amis des plaisirs plutôt qu'amis de Dieu, ayant l’apparence de la piété, mais en ayant renié sa puissance ».
            Jacques appelle de telles personnes « adultères ». Le mot est au féminin, sans doute pour toucher la conscience de ceux qui s'étaient détournés de Dieu, comme une femme infidèle se détourne de son mari. Cette image, si fréquente chez les prophètes de l'Ancien Testament, ne pouvait qu'être très familière aux Juifs de la dispersion (voir És. 57 : 3 ; Jér. 3 : 1, 6-9 ; 9 : 1 ; Osée 3 : 1 ; Matt. 12 : 39…) et ils ne pouvaient pas ignorer l'opposition absolue entre le monde et Dieu. L'Écriture qu'ils devaient connaître - et qu'en fait, ils se vantaient de connaître - avait-elle parlé en vain ? Nous avons remarqué que Jacques s'adresse à tous les Israélites, aux chrétiens autant qu'à ceux qui n'avaient pas reçu Christ ; et il passe sans transition d'un groupe à l'autre.
            Et pour les Juifs familiers avec les Écrits prophétiques, cette manière d'écrire n'était pas surprenante. Au verset 5, Jacques parle aux enfants de Dieu, car l'Esprit n'est pas en ceux qui n'ont pas entendu la parole de la vérité (voir Éph. 1 : 13-14). Or il est évident que l'Esprit ne désire pas ce qui plaît à la chair (Gal. 5 : 17) ; au contraire, il donne une plus grande grâce et rend le fidèle capable de résister au diable et de marcher dans la pureté du cœur. « Car la grâce de Dieu qui apporte le salut est apparue à tous les hommes, nous instruisant pour que, reniant l'impiété et les convoitises mondaines, nous vivions dans le présent siècle sobrement, et justement et pieusement » (Tite 2 : 11-12). La grâce nous affermit, elle nous fortifie (Héb. 13 : 9 ; 2 Tim. 2 : 1).

                        Exhortations pour un cœur partagé : soumission à Dieu, résistance au diable, humiliation (v. 6-10)

            Jacques cite au verset 6 le livre des Proverbes (3 : 34) pour montrer que la pensée de Dieu est toujours de venir en aide à ceux qui sentent leur faiblesse, tandis qu’Il résiste aux orgueilleux. Ces derniers, en effet, pensent pouvoir se passer de Dieu. Le verset cité par Jacques fait partie d'un petit groupe de quatre sentences, où sont mises en contraste les voies de Dieu envers les justes, d'une part, et les méchants, d'autre part :
                  - les pervers y sont opposés aux hommes droits ;
                  - la maison du méchant à l'habitation des justes ;
                  - les moqueurs aux débonnaires ;
                  - la gloire (part des sages) à la honte (lot des sots).

            Aux caractères de ceux qui font partie du monde, inimitié contre Dieu, répondent les traits des enfants du royaume des cieux (Matt. 5 : 1-10). Et Jacques conclut : « Soumettez-vous donc à Dieu » (v. 7).
            C'est d'ailleurs aussi la condition nécessaire pour résister au diable ; car c'est par l'obéissance à la Parole de Dieu, donc à Dieu lui-même, que le Seigneur Jésus a vaincu Satan au désert. Résister au diable, c'est aussi, et d'abord, refuser de l'écouter, car pour l'avoir fait, Ève a été séduite (Gen. 3 : 1-7). C'est donc encore refuser de prêter l'oreille aux fausses doctrines et ne pas recevoir ceux qui les apportent (2 Jean 10). Ces principes, notons-le, valent aussi bien pour des assemblées locales que pour des croyants pris isolément.
            La Parole est claire à ce sujet : elle ne nous demande pas d'étudier les doctrines prêchées çà et là - « doctrines diverses et étrangères » (Héb. 13 : 9), présentation « d'un autre Jésus », réception d'un « esprit différent » (2 Cor. 11 : 4) ou d'un « évangile différent, qui n'en est pas un autre » (Gal. 1 : 6-7). La ruse du serpent consiste à détourner les saints de « la simplicité à l’égard de Christ » (2 Cor. 11 : 3). Nous connaissons Christ par une foi simple comme celle des petits enfants (Matt. 11 : 25-30) ; la ruse de l'Ennemi est de prétendre Le révéler par toutes sortes de raisonnements. « Prenez garde que personne ne fasse de vous sa proie par la philosophie et par de vaines tromperies, selon l'enseignement des hommes, selon les principes du monde, et non selon Christ » (Col. 2 : 8). « Soumettez-vous à Dieu » (v. 7) ; mais ce n'est pas tout : « approchez-vous de Dieu » (v. 8a). Cette invitation suppose naturellement la foi chez celui qui l'entend. « Sans la foi, il est impossible de lui plaire ; car il faut que celui qui s'approche de Dieu croie que Dieu est » (Héb. 11 : 6) ; la seconde partie de l'invitation est : « Il (Dieu) s'approchera » de vous » (v. 8b). « Il récompense ceux qui le recherchent », est-il ajouté dans ce verset d’Hébreux 11.
            Dieu s'est premièrement approché en grâce de l'homme pécheur ; mais une fois que celui-ci est devenu un homme sauvé « par la grâce, par le moyen de la foi, non pas sur la base des œuvres (Éph. 2 : 8-9), il est responsable de s'exercer à la piété. Les paroles de Jacques comprennent cette pensée. Le proverbe humain dit avec raison : Loin des yeux, loin du cœur. - La foi « fixe les yeux sur Jésus » (Héb. 12 : 2). La pratique de la piété demande de la persévérance : « Occupe-toi de ces choses ; sois-y tout entier, afin que tes progrès soient évidents pour tous » (1 Tim. 4 : 15).
            Le paragraphe se termine par un avertissement aux pécheurs (v. 8-10). W. Kelly a écrit : « Car prétendra-t-on que les pécheurs soient des saints ? Ils sont entièrement différents... Celui qui est sauvé possède une vie nouvelle et le Saint Esprit ; pécher ne lui est pas naturel ; il doit marcher dans l'Esprit, comme il vit en lui. Évidemment, s'il pèche, c'est qu'il marche à l'encontre de sa nouvelle nature et de sa nouvelle position, et de la délivrance que Dieu lui a donnée en Christ ». La délivrance est dans l'humiliation devant le Seigneur.

                        Ne pas parler l’un contre l’autre (v. 11-12)

            L'exhortation à ne pas parler l'un contre l'autre a un accent particulièrement adapté aux croyants juifs de cette époque. En se référant à la loi, Jacques donnait à ses avertissements une plus grande force. En effet, parler contre son frère, aller çà et là, médisant contre le peuple de Dieu, est contraire au second et grand commandement de la loi : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Lév. 19 : 16-18).
            Souvenons-nous qu'au début du christianisme, les chrétiens juifs se rendaient encore au temple à Jérusalem (Act. 3 : 1, 11), et que les apôtres prêchaient dans les synagogues (Act. 14 : 1 ; 17 : 1-2). Cela montre que la loi était toujours en honneur et que les chrétiens juifs se détachaient lentement et difficilement de leurs coutumes ; évidemment, cette remarque ne signifie pas que les chrétiens d'entre les nations n'aient pas à tenir compte de cette exhortation.
            Nous ne saurions toutefois limiter ces recommandations aux croyants juifs, parce que nous ne sommes pas sous la loi, mais sous la grâce. La liberté à laquelle nous avons été appelés ne doit pas être utilisée comme « une occasion pour la chair » ; elle nous est acquise afin que, par amour, nous nous servions l'un l'autre (voir Gal. 5 : 13-15).
            Implicitement, Jacques nous renvoie à « la loi de la liberté » selon laquelle il nous engage à parler et à agir (2 : 12-13).

                        Les indifférents – oublier Dieu et se vanter (v. 13-17)

            Jacques s'adresse maintenant avec une véhémence particulière à deux catégories de personnes : les indifférents, et les riches.
            Parler l'un contre l'autre (v. 11) n'est pas la seule conduite à bannir. Les Juifs de la dispersion allaient à la synagogue (2 : 2), où Moïse leur était lu (Act. 15 : 21), et où aussi Jésus était prêché (Act. 9 : 19-20 ; 13 : 5, 15...). Mais, comment recevaient-ils ce qu'ils entendaient ? La seule lecture de la Parole de Dieu les plaçait directement devant sa souveraineté, devant Celui qui dit, au jour qu’Il a déterminé : « Retournez, fils des hommes ». Ils étaient ainsi enseignés à compter leurs jours, « afin d'en acquérir un cœur sage » (Ps. 90 : 3, 12). Cependant, il semble bien que plusieurs agissaient sans tenir compte de ces avertissements, de sorte qu'ils se glorifiaient du jour de demain (v. 16 ; Prov. 27 : 1).
            Nous devons bien, dans un sens, penser aux jours qui viennent, prévoir ce que nous aurons à faire, car nous sommes assujettis au temps. Cependant, nous ne devrions jamais oublier que nos temps sont dans la main de Dieu (Ps. 31 : 16), ce qui est d'ailleurs une incomparable source de tranquillité pour le cœur. Nous pouvons alors, non seulement Lui remettre toutes choses, mais aussi et surtout, nous pouvons nous confier en sa sagesse, ses soins, et son amour.
            « Si le Seigneur le veut, et si nous vivons » (v. 15) est l'expression de l'obéissance et de la confiance en Dieu ; c'est le contraire de la conduite de « ceux qui habitent sur la terre » (Apoc. 3 : 10 ; 6 : 10 ; 8 : 13…) et qui, comme aux jours de Noé, vivent sans se soucier de la pensée et des avertissements de Dieu (voir Luc 17 : 26-27). Les temps actuels n'ont-ils pas aussi les caractères de l'iniquité de Sodome : « orgueil, abondance de pain et insouciant repos » (Ézé. 16 : 48-49) ? Mais si nous pensons dans nos cœurs que la venue du Seigneur est proche, nous dirons en vérité, et non comme une formule sans réalité : « Si le Seigneur le veut … ».
            Jacques ne mentionnera qu’une deuxième fois la venue du Seigneur (5 : 7-8), et cela sans doute parce que « la doctrine du christianisme n'est pas le sujet de cette épître » (J.N. Darby).
            Enfin, la soumission à la volonté du Seigneur est aussi un rappel de ses paroles : « Ne soyez donc pas en souci pour le lendemain, car le lendemain sera en souci de lui-même : à chaque jour suffit sa peine » (Matt. 6 : 34). Il s'agit donc bien de mettre la parole en pratique, de ne pas se contenter de savoir que le Seigneur doit venir, mais d'agir en conséquence. Nous avons bien également ici un rappel de l'invitation à être « des faiseurs d'œuvre » et non des « auditeurs oublieux » (1 : 25). Nous voyons là que la réalité de la foi consiste à « savoir faire le bien » (v. 17), c'est-à-dire à connaître la volonté de Dieu et à Lui obéir ; désobéir, c'est pécher.
            Ces paroles de Jacques ont donc une grande portée pratique, pour le croyant individuellement, comme aussi pour une assemblée locale. C'est une mise en garde contre l'indifférence à l'égard du mal. Car ne pas faire le bien, c'est faire, ou laisser faire le mal ; ces deux choses sont d'ailleurs équivalentes. Il s'agit là d'un péché positif. Nous trouvons un avertissement semblable dans les paroles du Seigneur à l'ange de l'assemblée qui est à Thyatire, avertissement aggravé par ces mots : « J'ai contre toi que tu laisses faire ... » (Apoc. 2 : 20). Faire le bien, dans ce cas, consistait à s'opposer à « la femme Jézabel », à la combattre en rejetant son enseignement. Combien ces choses sont actuelles ! Et combien cela nous montre que la Parole de Dieu est vivante et qu'elle répond aux besoins des saints, aussi bien à la fin qu'au début de l'ère de la grâce.
            Ainsi donc, il est extrêmement sérieux de penser qu'on peut pécher aussi bien en ne mettant pas la Parole en pratique, passivement, qu'en lui désobéissant activement. Faire le bien caractérise d'ailleurs les œuvres de foi : ce sont celles qui plaisent à Dieu (voir Héb. 11 : 5-6).


J-P. Fuzier - septembre 2009


À suivre