bible-notes.org

Imprimer ou partager la page :

Quelques remarques sur l’épître de Jacques (2-3)


CHAPITRE 2
          La foi en notre Seigneur Jésus Christ (v. 1-7)
          La loi de la liberté (v. 8-13)
          Les œuvres de foi (v. 14-26)
CHAPITRE 3
          Les paroles des hommes (v. 1-13)
          La sagesse terrestre et la sagesse d’en haut (v. 14-18)
 

CHAPITRE 2

                        La foi en notre Seigneur Jésus Christ (v. 1-7)

            Mes frères, dit Jacques, si vous avez la foi de notre Seigneur Jésus Christ, considérez-Le comme le Seigneur de gloire, placez-vous devant Lui, vous verrez ainsi la vanité des hiérarchies que les hommes établissent entre eux et vous serez gardés de faire des considérations de personnes.
            Dans le monde où ils vivaient, les chrétiens juifs constataient que les gens riches recevaient les honneurs et occupaient les premières places, tandis que les pauvres étaient méprisés. Ils risquaient d'appliquer ces principes dans leurs relations fraternelles, oubliant que les principes du royaume des cieux sont opposés à ceux du monde (Matt. 5 : 1-12). Ce danger ne se limite pas aux chrétiens issus du judaïsme, comme en témoigne l'exhortation de Paul : « Ne vous conformez pas à ce monde » (Rom. 12 : 2). En général, l'homme regarde à l'apparence extérieure, mais Dieu « regarde au cœur » (1 Sam. 16 : 7). Cela n'autorise en aucune manière le chrétien fidèle à être négligent dans ses vêtements et sa tenue. Nous donnons à juste titre un sens moral et pratique à l'exhortation d'Ecclésiaste 9 : 8 : « Qu'en tout temps tes vêtements soient blancs » ; mais nous saurons aussi en faire l'application spirituelle à notre tenue habituelle. Certains estimeront peut-être faire preuve d'une certaine humilité en méprisant leur tenue : nous pouvons craindre que dans le meilleur cas, il ne s'agisse que d'une « apparence d'humilité... pour la satisfaction de la chair » (Col. 2 : 23), s'il ne s'agit pas simplement d'une forme de conformité à ce monde.
            Juger selon l'apparence extérieure n'est pas compatible avec « la foi en notre Seigneur Jésus Christ ». Lui est « Seigneur de gloire » (1 Cor. 2 : 8) ; et « Dieu a choisi les choses viles du monde, celles qui sont méprisées et celles qui ne sont pas, pour annuler celles qui sont – afin que personne ne se glorifie devant Dieu » (1 Cor. 1 : 28-29). L'incomparable valeur de « la foi en notre Seigneur Jésus Christ » est dans son Objet : Christ, le Seigneur de gloire.
            Rendre honneur à un homme à cause de ses « vêtements éclatants » et de sa « bague d'or » (v. 2-3), c’est juger non selon la valeur que Dieu lui donne, mais selon l'estimation humaine de sa richesse. Le Seigneur Jésus nous a dit à ce sujet que même Salomon dans toute sa gloire n'était pas vêtu comme les lis de champs (Matt. 6 : 29). Or, où se trouvent les vraies richesses, celles qui ne se corrompent pas ? Dieu les donne à ceux qui sont pauvres quant au monde - pauvres en esprit. Ceux-là sont riches en foi, héritiers du royaume qu'il a promis à ceux qui l'aiment. L'amour pour Dieu, reçoit les promesses les plus excellentes. Nous avons vu que Dieu leur donne la « couronne de vie » (1 : 12) ; ici, au verset 5, le royaume (de Dieu), ses richesses et ses gloires éternelles, leur sont réservés. Quel contraste avec les richesses trompeuses que peut offrir le monde, car « il s'en va, lui et sa convoitise » (1 Jean 2 : 17).
            Ces choses ont une telle importance pratique que Jacques fait appel à toute l'attention de ses frères. Il s'adresse à leurs cœurs en les appelant « frères bien-aimés » (v. 5). Il va ainsi encore une fois, diriger leurs regards vers le Seigneur Jésus Christ, Seigneur de gloire (voir v. 1), mais en Le leur montrant comme « le pauvre » (v. 6).
            En méprisant le pauvre, les riches agissaient comme on l'avait fait à l'égard du Seigneur Jésus qui, dans sa grâce, a vécu dans la pauvreté pour nous (2 Cor. 8 : 9).
            Jacques reprend des frères ici, mais dans toute la délicatesse du véritable amour. Vous êtes, leur dit-il en quelque sorte, des frères bien-aimés, mais non seulement de moi, mais d'abord du Seigneur. Si maintenant vous regardez ces pauvres comme Dieu les voit, vous discernerez qu'eux aussi sont des bien-aimés car :
                  - Premièrement, Dieu les a choisis : « ce qui est haut estimé parmi les hommes est une abomination devant Dieu » (Luc 16 : 15) ;
                  - Deuxièmement ; ils sont « pauvres quant au monde », de sorte que rien n'y attache leurs cœurs. Ne servant pas les richesses, ils peuvent servir Dieu. C'est pour cela que ceux qui ont des richesses entreront difficilement dans le royaume de Dieu (Luc 18 : 24), à moins que la grâce ne leur enseigne à user du monde comme n'en usant pas à leur gré (1 Cor. 7 : 31) ;
                  - Troisièmement, ils sont « riches en foi », riches quant à Dieu (Luc 12 : 21). Nous pouvons dire qu'ils sont déjà riches sur la terre, n'ayant rien, mais possédant tout (2 Cor. 6 : 10), et riches en espérance, car...
                  - Quatrièmement, ils sont « héritiers d'un royaume » dont les richesses dépassent ce que l'homme peut imaginer. En vertu de la mort de Christ, médiateur d'une nouvelle alliance, ils reçoivent l'héritage éternel qui a été promis (Héb. 9 : 15).

            Mais Jacques, comme nous l'avons déjà remarqué, rappelle aux fidèles de la Dispersion que la grâce de Dieu qui les a choisis, les rend capables d'accomplir le grand et premier commandement de la loi : Dieu, en effet, promet l'héritage du royaume « à ceux qui l'aiment ».
            Les versets 6 et 7 nous rappellent que Jacques écrivait à des chrétiens encore habitués aux coutumes des pays où ils étaient dispersés, aussi bien qu'aux coutumes juives. Le verset 2 nous parle de ce qui peut arriver « dans votre synagogue (réunion) ». Nous pouvons alors penser que les Juifs faisaient appel aux tribunaux des nations au milieu desquelles ils séjournaient (voir Act. 18 : 12-15) comme d'ailleurs le faisaient les chrétiens issus des nations (1 Cor. 6 : 1). Les Juifs riches qui opprimaient ainsi leurs frères pauvres au mépris de la loi de Moïse (Ex. 23 : 6 ; Deut. 24 : 14-15), outrageaient par cela l'Éternel (Prov. 17 : 5). De plus, ils blasphémaient le nom de Christ invoqué sur eux ; mais ces pauvres étaient sans doute de ceux qu'on appelait « chrétiens ».
            Jacques introduit ici par contraste la « loi royale », qui correspond en fait au second commandement de la loi de Moïse et est semblable au premier (Matt.22 : 38-39) : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Dans le livre du Lévitique, cette injonction est suivie de ces paroles : « Moi, je suis l’Éternel » (Lév. 19 : 18). Cette loi est appelée « royale » parce qu'elle a été donnée par l'Éternel, le Roi d'Israël (1 Sam.12 : 12b).

                        La loi de la liberté (v. 8-13)

            Cela conduit alors Jacques à mettre en contraste la loi de Moïse et ses effets, et la « loi de la liberté » dont il avait parlé peu avant (1 : 25). Il montre, par un exemple simple, que la loi de Moïse ne peut que condamner ceux qui prétendent l'accomplir, car qui oserait dire qu'il n'a pas manqué, au moins en un seul point, aux dispositions de cette loi ? « Tu connais les commandements », avait dit le Seigneur Jésus à un homme qui pensait pouvoir hériter de la vie éternelle en les observant. Cet homme était sincère et droit, et « Jésus, l'ayant regardé, l'aima ». Cependant, il lui manquait d'aimer véritablement son prochain et le Seigneur ; si bien qu'il préféra garder ses biens plutôt que de les distribuer aux pauvres, et conserver sa maison plutôt que de charger la croix (Marc 10 : 17-22). On a comparé la Loi à un fil à plomb : la rectitude du fil à plomb ne peut redresser un mur qui penche, mais il met en évidence le défaut du mur !
            Le péché dont parle Jacques (v. 11) a sa source dans l'amour de soi-même ; le « moi » a la première place, au mépris des pensées de Dieu et de l'amour du prochain. Celui qui commet de telles choses est alors justiciable de la loi du péché et de la mort (Rom. 8 : 2). Mais, « personne n'a jamais haï sa propre chair » (Éph. 5 : 29). Cela ne pose-t-il pas la grande question : « Qui me délivrera de ce corps de mort ? » Mais la réponse immédiate de la foi est : « Je rends grâces à Dieu par Jésus Christ notre Seigneur » (Rom. 7 : 24-25). « La loi de l'Esprit de vie dans le Christ Jésus m'a affranchi de la loi du péché et de la mort » (Rom. 8 : 2). Jacques démontre (ainsi que Paul) que la loi de Moïse ne peut que manifester la culpabilité de quiconque prétend la garder et nous savons par une autre écriture que Christ nous a placés dans la liberté en nous affranchissant (Gal. 5 : 1).
            Que nos paroles donc, et nos actions, correspondent à notre position de soumission à la loi de la liberté saisie par la foi. Cette loi est celle de la miséricorde de Dieu en Christ ; si nous nous y soumettons, il nous convient d'en appliquer les principes à nous-mêmes et à nos relations les uns avec les autres. Miséricorde m'a été faite ! À moi d'exercer la miséricorde à l'égard de mes frères. Le Seigneur a illustré ce principe par la parabole du roi qui voulut compter avec ses esclaves (Matt. 18 : 23-35). Mais il s'agit là, notons-le, de relations entre frères ; car si quelqu'un porte atteinte à la sainteté et à la gloire de Dieu, notre affaire n'est plus de pardonner - car nous ne sommes pas l'offensé - mais d'avertir (2 Thes. 3 : 15) et, s'il le faut, d'ôter le méchant (1 Cor. 5 : 13).
            Les versets 12 et 13 sont la conclusion du paragraphe où Jacques nous invite à ne pas mêler des considérations de personnes avec la foi en notre Seigneur Jésus, c'est-à-dire, en nous établissant de fait, comme des juges ayant de mauvaises pensées. Le jugement porté sur « le pauvre » ne correspond pas à la miséricorde révélée dans l'évangile. Mais si la miséricorde peut « s’élever au-dessus du jugement », c’est-à-dire se « glorifier » vis-à-vis du jugement, ce n'est pas au détriment de la justice de Dieu satisfaite à la croix.

                        Les œuvres de foi (v. 14-26)

            Dès le début de son épître (1 : 3, 6), et au début de ce chapitre, Jacques mentionne la foi. Nous savons combien il était important pour les chrétiens juifs, d'apprendre que sans la foi, il est impossible de plaire à Dieu (voir Héb. 11 : 6). L’apôtre Pierre, dans sa première épître adressée à « ceux de la dispersion », bénit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ et rappelle aux chrétiens juifs qu'ils sont « gardés par la puissance de Dieu, par la foi, pour un salut qui est prêt à être révélé », et met en évidence le résultat de l'épreuve de cette même foi (1 Pi. 1 : 5, 7).
            C'est en étant « fermes dans la foi » que nous pouvons résister à notre adversaire, le diable (1 Pi. 5 : 9). Pierre adresse sa seconde épître à « ceux qui ont reçu en partage une foi de pareil prix avec nous » ; il les invite à joindre à leur foi « la vertu ; à la vertu, la connaissance ; à la connaissance, la maîtrise de soi ; à la maîtrise de soi, la patience ; à la patience, la piété ; à la piété, l’affection fraternelle ; et à l’affection fraternelle, l’amour », et il ajoute : « si ces choses sont en vous et y abondent, elles ont pour effet de ne pas vous laisser inactifs, ni stériles pour ce qui concerne la connaissance de notre Seigneur Jésus Christ (2 Pi. 1 : 1, 5-8). Il est bien clair que cette foi, si nécessaire à ceux de la Dispersion, l'est tout autant pour nous, « autrefois les nations dans la chair » (Éph. 2 : 11), et qu'il s'agit bien de la même foi dont Christ est l'Objet, le Chef et Celui qui la mène à l’accomplissement (Héb. 12 : 2).
            Jacques, dans les versets 1 à 13 du deuxième chapitre de son épître, a exposé ce qui est incompatible avec « la foi en notre Seigneur Jésus Christ ». À partir du verset 14 et jusqu'à la fin du chapitre, il va parler des « œuvres de foi » par lesquelles le croyant en montre la réalité dans son cœur.
            Pour qu'il y ait de telles œuvres, il faut, premièrement, que la foi soit effectivement dans le cœur du croyant.
            Il importe ici de bien distinguer le sujet de l'enseignement de Paul de celui de Jacques.
                  - Paul parle des œuvres de loi par lesquelles « personne ne sera justifié devant Dieu » (Rom. 3 : 20). Si Abraham avait pu se prévaloir d'œuvres susceptibles de le justifier, il aurait pu avoir des motifs de se glorifier, mais non relativement à Dieu (ou devant Lui). Abraham, dira-t-on, vivait avant la loi de Moïse ; mais quand l'homme pense pouvoir s'approcher de Dieu par des œuvres (que nous pourrions appeler religieuses), il se place sous l'obligation de les accomplir ; et cela est moralement une loi, sinon la loi, au sens littéral du terme.
                  - Ici, dans son enseignement, Jacques traite du sujet des œuvres de foi. Prétendre avoir la foi, dire qu'on la possède, est une chose ; en montrer la réalité en est une autre. Si, dit Jacques, je vois un frère ou une sœur dans le besoin, et que je leur dise : « Allez en paix, chauffez-vous et rassasiez-vous » (v. 15-16), il n'y a là que des mots, traduisant l'indifférence et n'apportant rien à mon frère nécessiteux. Ce frère pourrait dire alors : « Tu prétends suivre Christ, mais ta conduite ne le montre pas ». Les paroles ne suffisent pas pour soulager pratiquement celui qui est dans le besoin ; ainsi, la foi sans œuvres est « morte en elle-même » (v. 17). Ce n'est qu'une profession sans réalité.

            La foi doit donc se voir. « Tu as la foi, et moi j'ai des œuvres. Montre-moi ta foi sans œuvres, et moi, par mes œuvres, je te montrerai ma foi » (v. 18). Mais, que seront ces œuvres ? Toutes les œuvres ne sont pas bonnes, toutes ne sont pas des œuvres de foi. Même les démons croient que Dieu est un ; mais le résultat de ce qu'ils croient est qu'ils frissonnent (v. 19). C'est pourtant « une œuvre », ou plutôt une profession de foi, une certitude dont Jacques peut constater les effets en eux (et nous croyons sa parole). Et combien de personnes aujourd'hui répondront : « Bien sûr, moi, je suis croyant », sans que leur conduite le manifeste.
            La vraie foi, celle qui peut se manifester par des œuvres (de foi), a pour origine la réception dans le cœur de la parole de Dieu. Car « la foi vient de ce qu'on entend - et ce qu'on entend par la parole de Dieu » (Rom. 10 : 10, 17). Celui qui possède une telle foi a été « engendré par la parole de la vérité » (Jac. 1 : 18). La vérité de cette foi peut alors se manifester par des œuvres qui en témoigneront. Jacques ici, ne s'adresse plus à ses frères bien-aimés, mais à l'homme vain, à celui qui s’est « égaré dans ses raisonnements » (Rom. 1 : 21) et dont le cœur destitué d'intelligence est rempli de ténèbres. Laisse-toi instruire par l'Écriture, homme vain, lui dit Jacques, par les exemples qu'elle te donne ! Comme Paul, Jacques se réfère à l'autorité infaillible de l'Écriture, selon le modèle laissé par le Seigneur Jésus : « II est écrit » (Matt. 4 : 4, 7, 10). « Que dit l'Écriture ? » demande Paul (Rom. 4 : 3). « Abraham crut Dieu, et cela lui fut compté à justice » (v. 23b) : il est justifié par la foi en la parole de Dieu.
            Paul se réfère au moment où, à l'invitation de l'Éternel, Abram regarde vers les cieux, contemple la partie céleste de sa descendance promise (Héb. 11 : 15, 18), c'est-à dire-vers Christ (dont il a vu le jour). « Et il crut l'Éternel ; et il lui compta cela à justice » (Gen. 15 : 6). Nous pouvons encore noter que l'Éternel s'adressa là à Abram plus de 13 ans avant qu'il ne lui donne le nom d'Abraham (Gen. 17 : 5) et le signe de son alliance avec lui (Gen. 15 : 18 ; 17 : 1-4). De sorte que lorsqu'Abraham offrit son fils sur l'autel, il était justifié par Dieu en vertu de sa foi depuis de nombreuses années.
            Jacques montre comment la justice de Dieu a été imputée à Abraham parce qu'il avait agi par la foi, de sorte que nous lisons : « Ainsi, a été accomplie l’Écriture qui dit… » (v. 23a). Ce que Jacques nous montre est le fruit de la parole reçue précédemment par la foi : en offrant son fils Isaac sur l'autel, Abraham accomplissait une œuvre de foi. (Notons qu'il ne nous est pas dit si cette œuvre de foi avait eu des témoins ; les jeunes gens étaient restés au pied de la montagne, attendant qu'Abraham et l'enfant adorent et reviennent vers eux). Dieu en fut sans doute le seul témoin. Ainsi l'accomplissement d'une œuvre de foi a tout d'abord pour motif l'obéissance à Dieu.
            Une œuvre de foi consiste donc à obéir à la Parole de Dieu. Ainsi par cette œuvre, sa foi (selon qu'il avait été écrit : « Et Abraham crut Dieu, et cela lui fut compté à justice ») a été rendue parfaite.
            Par l'Esprit Saint, Jacques applique le passage de Genèse 15 : 6 à l'acte de foi d'Abraham à Morija (voir Héb. 11 : 17-19). Il attire spécialement l'attention de son lecteur : « Tu vois » (v. 22) - sur le fait que la foi d'Abraham se révélait par ses œuvres et que, par conséquent, sa foi fut rendue parfaite. La réalité de sa foi en la promesse divine (Gen. 15 : 4) est ainsi manifestée alors qu'il témoignait en même temps qu'il croyait que Dieu pouvait ressusciter Isaac d'entre les morts, « d'où aussi, de manière figurée, il le reçut » (Héb. 11 : 19).
            Mais Jacques pense aussi à ceux qui pourraient objecter qu'Abraham était un homme exceptionnel, un patriarche, appelé par Dieu lui-même à sortir de son pays, ayant aussi reçu ses paroles et ses promesses. Tout le monde n'est pas Abraham, tout le monde n'est pas un apôtre, dit-on parfois pour excuser une conduite incrédule.
            Eh bien ! dit Jacques, voici Rahab. Elle est tout l'opposé d'Abraham. Ce dernier était considéré comme « un prince de Dieu » (Gen. 23 : 6) ; elle est appelée « une prostituée nommée Rahab » (Jos. 2 : 1). Elle a pourtant un point commun avec le patriarche : elle avait cru la parole de l'Éternel. C'était une foi de même nature que celle d'Abraham dans les promesses de l'Éternel. Elle savait que l'Éternel avait donné le pays à son peuple ; elle avait entendu comment l'Éternel avait mis à sec les eaux de la mer Rouge. Par la foi, elle peut dire aux messagers : « L'Éternel votre Dieu, est Dieu dans les cieux en haut, et sur la terre en bas » (Jos. 2 : 8-11).
            Elle agit sur la base de sa foi ; elle reçoit les espions en paix (Héb. 11 : 31) ; elle les cache chez elle, les soustrait à leurs poursuivants, les aide à s'enfuir. Ce faisant, elle agissait tout à fait à l'inverse de ce que lui aurait dicté les raisonnements humains, sa nationalité ou son patriotisme. Et nous pouvons dire qu'à son insu, peut-être, sans comprendre la portée de ce qu'elle accomplissait, elle attendait une patrie « meilleure », c'est-à-dire une céleste (Héb. 11 : 16), exactement comme les patriarches dont le Saint Esprit nous entretient dans les 16 premiers versets de ce chapitre. Et dans un sens, n'en reçut-elle pas les arrhes, lorsqu'elle put « habiter au milieu d’Israël » (Jos. 6 : 25), avant d'épouser Salmon (Matt. 1 : 5), et d'avoir l'honneur d'être comptée au nombre des cinq femmes nommées dans la généalogie de Jésus Christ, fils de David, fils d'Abraham ?
            Quelle œuvre de foi aussi, que le cordon de fil écarlate attaché à la fenêtre par laquelle descendirent les espions ! En quelque sorte, sa vie dépendait de ce fil écarlate ; il la protégeait, comme le sang aspergé sur les poteaux et les linteaux des portes de leurs maisons, protégeait les fils d'Israël pendant la nuit de la Pâque (Ex. 12).
            En résumé, nous dirons que les œuvres de foi sont les fruits qui en montrent la vie et la réalité devant les hommes, car Dieu n'a pas besoin de preuves pour savoir ce qui se trouve dans le cœur de chaque croyant.


CHAPITRE 3

                        Les paroles des hommes (v. 1-13)

            Les deux premiers versets sont une mise en garde contre le désir, naturel chez l'homme, de faire état de ses connaissances dans le domaine spirituel - en qualité de docteur. Si Paul exhorte à chercher avec ardeur les dons spirituels (1 Cor. 14 : 1), cela ne contredit pas l'enseignement de Jacques. Les dons ne peuvent être exercés valablement et utilement que « dans l'amour » (1 Cor. 13), pour l'édification de l'assemblée.
            Nous pouvons penser que Jacques voulait mettre ses frères juifs en garde contre toute prétention : selon ce que Paul disait à celui qui « porte le nom de Juif » se glorifiant en Dieu sachant « discerner les choses excellentes, étant instruit par la loi », de peur qu’ils ne s’érigent en « instructeurs de gens sans d’intelligence », en « maîtres de petits enfants » (Rom. 2 : 17–20). N'agissaient-ils pas à l'encontre de ce qu'ils enseignaient (voir v. 21-24) ? Certes, l'avantage du Juif était grand de toute manière et d'abord en ce que les oracles de Dieu lui avaient été confiés. Jacques alors rappelle à ses frères, en quelque sorte, que la vanterie a été exclue par la loi de la foi et que Dieu n'est pas seulement le Dieu des Juifs, mais aussi des nations (Rom. 3 : 27-31). Ce n'est donc pas selon un privilège naturel que l'enseignement peut être donné, mais dans l'obéissance à la pensée de Christ et par la puissance du Saint-Esprit.
            Le principe demeure, cependant, de la responsabilité de ces « docteurs » - qui d'ailleurs ne peuvent être tels que s'ils ont reçu ce don de la part de Christ (Éph. 4 : 11).
            Le danger est alors de faillir en paroles. Comment être gardé ? En ayant Christ devant soi. Son exemple est en saisissant contraste avec ce que Jacques développe à partir du verset 5. Christ avait reçu « la langue des savants pour savoir soutenir par une parole celui qui est fatigué ». Il avait été « comme ceux qu'on enseigne » (És. 50 : 4). Il nous donne ainsi le secret pour ne pas faillir en paroles. Il s'agit de saisir la grâce excellente, les dons parfaits, qui descendent d'en-haut, dêtre prompts à écouter, lents à parler (1 : 17-19). Un serviteur fidèle est celui qui annonce ce qu'il a vu et entendu, afin que la communion des saints soit avec le Père, et avec son Fils Jésus Christ (1 Jean 1 : 3). Nous avons vu au début de l'épître que le fidèle devient « parfait et accompli » (1 : 4) par sa patience dans l'épreuve. N'est-ce pas « attendre dans le silence le salut de l'Éternel » (Lam. 3 : 26) Ici, l'homme « parfait » est celui qui contrôle ses paroles, et par là, toute sa conduite.
            Jacques insiste sur l'influence de ce petit membre qu'est la langue sur toute la vie de l'homme et aussi sur ce qui l'entoure. L'image du mors et celle du gouvernail, petits et de faible apparence, illustrent cette influence, car ceux qui les gouvernent peuvent diriger la course du cheval ou la marche du navire. Le cheval symbolise la puissance ; le mors représente le pouvoir de contrôler, de diriger les capacités reçues en vue du bien des saints. Les esprits des prophètes sont soumis aux prophètes (1 Cor. 14 : 32.). Nous avons là la responsabilité quant à soi-même.
            Le navire représente un ensemble, une collectivité, peut-être une assemblée locale ou même l'assemblée tout entière. Combien il est important de ne pas l'égarer ! De petites causes produisent de grands effets et cela est vrai dans le domaine spirituel : « un peu de levain » fait lever la pâte tout entière (1 Cor. 5 : 6 ; Gal. 5 : 9). Une fausse doctrine est un redoutable ferment qui trouble toute l'assemblée. C'est un fait d'expérience que « dans la multitude des paroles, la transgression ne manque pas ; mais celui qui retient ses lèvres est sage » (Prov. 10 : 19).
            Dans le troisième exemple, l'effet des paroles échappe à tout contrôle. Une étincelle suffit à allumer une forêt. Jacques développe alors quelques-uns des caractères du mal ainsi amorcé. Le premier à en souffrir, à en être souillé, est celui qui n'a pas dompté sa langue. Ensuite, le mal s'étend à toutes ses œuvres et se répand de l'un à l'autre, opérant des ravages irréparables. Car si la langue ne peut être domptée, les conséquences sont le désordre et la mort - « c’est un mal désordonné (ou : indomptable), plein d’un venin mortel », dit Jacques. « Les paroles des rapporteurs sont comme des friandises et descendent jusqu'au dedans des entrailles » (Prov. 18 :  8).

                        La sagesse terrestre et la sagesse d’en haut (v. 14-18)

            Dieu n'est pas un Dieu de désordre, mais de paix (1 Cor. 14 : 33). Il est aussi « le Dieu vivant et vrai » (1 Thes. 1 : 9). C'est pourquoi tous les efforts du diable tendent à détruire l'ordre de la création, tel que nous le voyons, par exemple, dans les relations familiales. Les vains raisonnements des hommes, leurs discours et écrits philosophiques, les conduisent aux égarements décrits en Romains 1 : 21-22. Il est clair que de telles choses ne devraient même pas être nommées parmi les fidèles !
            Nous voyons bien dans ce passage, l'aspect particulier de l'enseignement de Jacques qui insiste plus sur le côté pratique que sur le côté doctrinal dans la marche. À la fin du chapitre 2, nous avons vu la démonstration pratique de la présence et de la vie de la foi, par les œuvres qu'elle produit. Ici, nous trouvons, au contraire, la duplicité du cœur naturel qui s'exprime dans ses paroles.
            F. B. Hole a écrit à propos de ces versets : « Si nous voulons trouver les deux natures clairement distinguées, il nous faut lire attentivement Romains 7. Les deux natures sont à la racine respectivement de deux sagesses. La sagesse qui est de Dieu manifeste les caractéristiques de la nouvelle nature, et elle est « d’en haut », comme la nature qu’elle manifeste. L’autre sagesse manifeste les caractéristiques de la vieille nature, et comme la nature qu’elle manifeste, elle est de la terre ; elle est sensuelle ou naturelle, elle est même diabolique, car, hélas ! la pauvre nature humaine est tombée sous le pouvoir du diable, et a revêtu les caractéristiques qui sont les siennes. Son caractère est résumé au verset 16. À la racine il y a la jalousie ou l’envie. C’est le péché originel du diable. En aspirant à s’exalter, en enviant ce qui était au-dessus de lui, il est tombé. Quand il y a cet état d’esprit, la querelle est inévitable, et de celle-ci à son tour, il résulte ‘’du désordre et toute espèce de mauvaises actions’’ ».
            « Nous faillissons tous à bien des égards » (v. 2), dit Jacques, mais il ajoute avec affection : « Mes frères, il ne devrait pas en être ainsi » (v. 10b). Chez le croyant, il y a conflit entre son ancienne nature en Adam, et sa nouvelle nature acquise par la foi au Seigneur Jésus. Il est appelé à réaliser qu'il est mort avec Christ, et aussi ressuscité avec Lui, de sorte qu'il peut chercher ce qui est en haut et mortifier ses membres qui sont sur la terre (Col. 3 : 1-10). L'enseignement constant des apôtres affirme qu'il n'y a pas de communion entre la lumière et les ténèbres, pas de participation entre la justice et l'iniquité (2 Cor. 6 : 14-18 ; 7 : 1 ; 1 Pi. 1 : 13-21 ; 2 : 1 ; 1 Jean 1 : 6-10). Le Seigneur Jésus n’a-t-Il pas dit : « Personne ne peut servir deux maîtres » (Matt. 6 : 24) ?


J-P. Fuzier - septembre 2009

 

À suivre