LE LIVRE DU PROPHÈTE OSÉE (ch. 4 à 10)
LES DÉBATS DE L’ÉTERNEL AVEC ISRAËL (ch. 4-10)
Chapitre 4 – L’état moral et religieux d’Éphraïm
Chapitre 5 – Le jugement du peuple et le retour à l’Éternel
Chapitre 6 – L’appel à Israël et à Juda (1)
Chapitre 7 – L’appel à Israël et à Juda (2)
Chapitre 8 – Cri d’alarme, tristesse et destruction (1)
Chapitre 9 – Cri d’alarme, tristesse et destruction (2)
Chapitre 10 – Cri d’alarme, tristesse et destruction (3)
LES DÉBATS DE L’ÉTERNEL AVEC ISRAËL (ch. 4-10)
Chapitre 4 – L’état moral et religieux d’Éphraïm
Dans les trois premiers chapitres le message du prophète a été illustré par sa triste expérience du mariage. Viennent alors les textes prophétiques proprement dits.
L’état moral et religieux d’Éphraïm (les dix tribus) révélé ici par le prophète montre que sa situation était sans espoir. Dieu jugerait l’infidélité de son peuple, et irait jusqu’à endurcir son cœur (És. 6 : 9-10). Toutefois, un faible espoir subsistait encore pour Juda, s’il ne suivait pas les traces d’Israël.
• Les chefs d’accusation ( v. 1-5)
Comme dans un procès, nous sommes invités à prêter attention au réquisitoire par l’appel : « Écoutez la parole de l’Éternel » qui introduit la liste longue et accablante des chefs d’accusation contre Israël infidèle.
En s’éloignant de l’Éternel, le peuple avait perdu la vérité, la bonté et la connaissance de Dieu. Les conséquences de cet abandon étaient la corruption (mensonge et adultère) et la violence (meurtre, vol et effusion du sang). C’est un tableau d’une étonnante actualité du monde où nous vivons.
L’histoire des descendants de Jéhu au milieu d’Israël confirme les déclarations du prophète; la plupart ont péri de mort violente. Toute la création animale (bêtes des champs, oiseaux des cieux et poissons de la mer) participait même aux conséquences des péchés d’Israël (v. 3). Nous constatons de nos jours la même servitude de la création aux conséquences du péché de l’homme (Rom. 8 : 22).
Le sort de la nation est arrêté par Dieu. Il est trop tard pour réprimander le peuple ou entrer en discussion avec lui (v. 4). En refusant le service du sacerdoce, Israël se privait ainsi de tout secours divin. Auparavant, le résidu fidèle devait encore plaider contre sa mère, symbole d’Israël (2 : 4). Maintenant, celle-ci allait être détruite (4 : 5) : ainsi, le résidu serait épargné, mais la nation profane serait jugée.
• « Mon peuple est détruit » (v. 6-8)
Par la voix vibrante du prophète, l’Éternel parle encore de « Mon peuple » (v. 6, 12), avant de lui appliquer la sentence de « Lo-Ammi » (pas mon peuple). Avec douleur, Dieu constate son éloignement.
Le peuple avait perdu la vraie connaissance, celle de Dieu. C’est le résultat de l’absence de crainte de l’Éternel (Prov. 1 : 7). En tirant son peuple hors d’Égypte, et en lui faisant le don de la loi, Dieu s’était choisi pour lui « un royaume de sacrificateurs et une nation sainte » (Ex. 19 : 6). Mais Israël avait abandonné l’alliance de la loi, et le sacerdoce royal lui était désormais ôté. « Comme tu as oublié la loi de ton Dieu, moi aussi j’oublierai tes fils » (v. 6). Quelle parole solennelle ! Chaque génération conserve sa propre responsabilité devant Dieu ; mais n’oublions jamais les conséquences de notre conduite sur ceux qui nous suivent et qui sont témoins de l’exemple que nous leur laissons.
• Le sacrificateur, comme le peuple (v. 9-14)
Le prophète s’adresse alors particulièrement aux sacrificateurs, au milieu de la nation sacerdotale, mise de côté dans son ensemble. C’était comme un proverbe en Israël : « Comme le peuple, ainsi sera le sacrificateur » (v. 9). La responsabilité des sacrificateurs était plus grande, car ils représentaient la nation devant Dieu. Associés aux péchés du peuple et à son aveuglement, ils réduisaient leur service religieux à des avantages matériels. En effet, les offrandes pour le péché apportées par le peuple étaient une source de gain pour les sacrificateurs. C’était déjà le péché des fils d’Éli, au moment de la ruine du sacerdoce, avant même l’instauration de la royauté (voir 1 Sam. 2 : 12-17). Comment Dieu pourrait-il supporter un tel affront à sa gloire ? Dieu rétribuerait leur égarement, mis en évidence par cette déclaration : « La fornication, et le vin, et le moût ôtent le sens » (v. 11). Un exemple de l’effet des boissons fortes est donné par la conduite des deux fils d’Aaron, Nadab et Abihu (voir Lév. 10) ; dans cette scène du livre du Lévitique, la comparaison des versets 8 à 11 avec le début du chapitre, permet bien de penser que Nadab et Abihu étaient sous l’influence des boissons fortes lorsqu’ils ont offert le feu étranger. La portée spirituelle de cette déclaration d’Osée est très importante pour nous. Si notre amour pour Christ s’éteint, nous rechercherons inévitablement ce qui nourrit et excite la chair (la fornication, le vin et le moût). Alors, nous perdrons notre discernement moral et spirituel ; nous ne pourrons plus juger sainement des choses. Que de fois ne succombons-nous pas à un tel danger!
L’abandon du vrai Dieu avait conduit Israël aux pratiques superstitieuses les plus insensées (v. 12-13). Les hommes, les premiers responsables, étaient tombés dans le mal, et Dieu les livrerait aux penchants obstinés de leur mauvais cœur (v. 14). Le même principe se retrouve dans les voies de Dieu envers les nations corrompues, qui sont livrées à l’impureté, à leurs passions, et même à un esprit réprouvé (voir Rom. 1 : 24, 26, 28). Par leur triste exemple, « ils » (les hommes) avaient entraîné au mal les femmes parmi le peuple (leurs filles et leurs belles-filles), qui pouvaient valablement faire remarquer : « Si nous avons brûlé de l’encens à la reine des cieux… est-ce sans nos maris... ? » (Jér. 44 : 19). Aussi Dieu ne punirait pas ces femmes, malgré leur péché.
• Un espoir pour Juda (v. 15-19)
Dieu engage alors Juda à ne pas suivre le funeste exemple d’Éphraïm : « Que Juda ne se rende pas coupable ! » (v. 15a). Osée avait certainement été témoin du réveil moral de Juda sous la conduite du roi pieux Ézéchias.
Juda est expressément exhorté à ne pas participer aux festivités idolâtres de Guilgal et de Beth Aven, sanctuaires bien connus des dix tribus. Alors que ces lieux avaient perdu leur caractère d’origine, le peuple se réclamait encore de la présence de Dieu au milieu de lui, en disant : « L’Éternel est vivant ! » (v. 15b).
Guilgal, premier campement d’Israël dans le pays après la traversée du Jourdain, rappelait la circoncision (symbole pour nous de la mortification de la chair) ; c’était le point de départ de toutes les campagnes victorieuses contre les ennemis. Maintenant, Guilgal était devenu un lieu où la chair se manifestait sans retenue, moralement ou religieusement (9 : 15 ; 12 : 12).
De même, Béthel (la maison de Dieu), où Dieu était apparu à Jacob pour lui faire des promesses (voir Gen. 28 : 13-15), avait perdu son caractère, au point que le prophète, ironiquement, lui substitue par trois fois le nom de Beth-Aven, c’est-à-dire « maison de vanité ou d’iniquité » (v. 15 ; 5 : 8; 10 : 5).
Dans un temps où l’infidélité générale prévaut, les fidèles sont invités à s’abstenir de ce qui déshonore Dieu : ils doivent se retirer de l’iniquité, se purifier des vases à déshonneur et fuir les convoitises qui peuvent être les mêmes quand on est vieux que quand on est jeune (2 Tim. 2 : 19-22). Tout en adressant à Juda son vibrant appel à lui être fidèle, Dieu déclare dès maintenant le jugement d’Éphraïm (les dix tribus); il s’agit d’un endurcissement gouvernemental : « Éphraïm s’est attaché aux idoles : laisse-le faire » (v. 17) ; ici, le mot « attaché » est le même que celui qui est employé pour désigner les liens provoqués par les incantations. Israël était lié par le joug de l’idolâtrie, comme ensorcelé par celle-ci et incapable de s’en libérer.
Les ailes du vent (v. 19) symbolisent le jugement divin sur le terrible état moral du peuple et de ses chefs.
Un autre exemple d’endurcissement est celui du Pharaon, repris par l’apôtre Paul pour illustrer le principe de la justice divine (Rom. 9 : 17-18). Les plaies envoyées par Dieu sur l’Égypte avaient d’abord conduit le Pharaon à endurcir son cœur (Ex. 8 : 32 ; 9 : 7). Mais, lorsque tout espoir de repentance est perdu, Dieu endurcit alors le cœur du Pharaon et le frappe de son juste jugement (Ex. 9 : 12 ; 10 : 20).
Si nous persistons à négliger les appels de Dieu et la voix de notre conscience dans notre vie personnelle ou collective, Dieu peut nous abandonner à nos propres voies, au moins pour un temps. Quel terrible état ! Que le Seigneur nous conserve un cœur sensible à ses avertissements, de sorte qu’un tel jugement nous soit épargné !
Chapitre 5 – Le jugement du peuple et le retour à l’Éternel
Dans le chapitre précédent, le prophète s’était adressé au peuple dans son ensemble, les « fils d’Israël » (4 : 1). Maintenant, son message concerne plutôt les conducteurs, à la fois en Israël et en Juda. Exhorté à ne pas imiter les infidélités d’Israël (4 : 15), Juda n’avait pas écouté ; il était donc passible du jugement (ch. 5). Toutefois, l’espérance d’un relèvement futur subsiste.
• Un message aux chefs religieux et civils du peuple (v. 1-7)
Osée interpelle les sacrificateurs, le peuple et la cour royale de Juda. Le jugement fondra sur eux tous, car le virus de l’idolâtrie avait infecté toutes les couches de la société.
Comme Guilgal et Béthel, la ville de Mitspa en Benjamin (Jos. 18 : 26) avait joué un rôle important à l’époque de Samuel, prophète, sacrificateur, intercesseur et juge (1 Sam. 7 : 5-17). Autrefois lieu de rassemblement pour l’humiliation devant Dieu, Mitspa était maintenant devenue un piège pour le peuple, à cause de l’idolâtrie des sacrificateurs. Il en était de même du Thabor, montagne centrale du territoire d’Israël, créée à l’origine avec l’Hermon pour célébrer la gloire de Dieu (Ps. 89 : 12). Les chefs religieux, les plus coupables, seraient donc châtiés par Dieu (v. 2).
Mais l’état général d’Éphraïm et d’Israël n’était pas meilleur. Dieu connaissait parfaitement Éphraïm (v. 3) ; en revanche, le peuple, lui, avait perdu toute connaissance de l’Éternel (v. 4). La dégradation morale et l’orgueil d’Éphraïm empêchaient son retour vers Dieu. Un même jugement atteindrait donc Éphraïm et Juda. Il serait alors trop tard pour chercher Dieu par le moyen de sacrifices (v. 6). En fait, l’Éternel s’était retiré d’eux ! Terrible état, qui rappelle celui de Samson ; il ne savait pas que l’Éternel s’était retiré de lui (Jug. 16 : 20). La similitude sera plus claire encore dans la suite de la prophétie (7 : 9).
Israël avant sa déportation en Assyrie est l’image de la chrétienté professante (constituée de ceux qui professent être chrétiens, mais qui n’ont pas la vie de Dieu) avant son jugement. Les formes religieuses peuvent subsister, sans que Dieu soit au milieu de son peuple !
Le jugement tomberait promptement sur eux, en « un mois » (v. 7). Peut-être, Osée prédit-il ici la rapidité des jugements qui devaient atteindre Sédécias, le dernier roi de Juda (2 Rois 25 : 3-7).
• La ruine du peuple (v. 8-14)
Comme un cri d’alarme, le cor et la trompette sonnent avec éclat pour annoncer le jugement d’Éphraïm et de Juda. Guibha et Rama, deux villes de Benjamin, rappellent le triste état du peuple au temps des Juges (Jug. 19 : 13). C’est là qu’est maintenant décrété le jugement certain du peuple qui refuse de se repentir.
Conscients de l’imminence du danger, Éphraïm et Juda, plutôt que de retourner vers leur Dieu, se tournent vers les nations pour chercher du secours (v. 13). C’est ce qui a eu lieu lorsque Menahem, roi d’Israël, s’est tourné vers Pul, roi d’Assyrie (2 Rois 15 : 19), et lorsqu’Achaz, roi de Juda, s’est adressé à Tiglath-Piléser, également roi d’Assyrie (2 Rois 16 : 7). Ce recours aux nations, loin d’apporter de l’aide, n’était qu’une étape vers le jugement divin. En effet, Dieu réveillait l’esprit des rois d’Assyrie contre son peuple, en châtiment (1 Chr. 5 : 26). L’état du peuple de Dieu était déjà assez triste par lui-même, sans qu’il soit nécessaire d’y impliquer les nations ennemies.
Quel contre-témoignage ne présentons-nous pas devant ce monde, quand nous lui donnons le spectacle de nos conflits intérieurs et de nos infidélités envers Dieu !
En conclusion, l’Éternel se tournait contre son peuple pour le déchirer, c’est-à-dire le châtier. L’image du lion (v. 14 ; 13 : 7) pour désigner Dieu dans l’exercice de son jugement est frappant, car ailleurs, le lion, qui ne se détourne devant personne, symbolise la puissance de Satan (Ps. 22 : 13, 21 ; 1 Pi. 5 : 8).
• L’Éternel attend le retour du peuple coupable (v. 15)
N’est-il point de parole d’espoir pour le peuple coupable et accablé ? Point de remède à la blessure faite par la main de l’Éternel ?
L’Éternel, qui avait parlé lui-même pour annoncer le jugement (v. 14), déclare maintenant qu’il resterait caché dans sa demeure, jusqu’à ce que son peuple reconnaisse sa culpabilité et revienne vers Lui (v. 15a). La détresse conduira le peuple sur le chemin de la repentance. Il ne s’approchera plus avec de vains sacrifices (v. 6), mais avec un cœur contrit (Mich. 6 : 6-8)
« Ils me chercheront dès le matin » (v. 15b). Après la longue nuit de l’épreuve, se lèvera un matin sans nuage pour un peuple repentant (2 Sam. 23 : 3). Ce travail de la grâce dans le cœur du résidu sera produit par le Saint Esprit, en vertu de la mort de Christ, Celui qu’ils avaient percé (Zach. 12 : 10-14).
Chapitre 6 – L’appel à Israël et à Juda (1)
• Retournons à l’Éternel (v. 1-2)
La promesse de Dieu (5 : 15) inspire au prophète son émouvant plaidoyer pour encourager le peuple à revenir dès maintenant avec lui à l’Éternel. La ressource de la foi est toujours de se tourner vers Celui qui nous châtie pour notre bien, afin qu’il nous guérisse : « Car c’est lui qui fait la plaie et qui la bande ; il frappe, et ses mains guérissent » (Job 5 : 18).
Le « troisième jour » (v. 2) est d’abord une allusion mystérieuse à la résurrection de Christ « ressuscité le troisième jour, selon les Écritures » (1 Cor. 15 : 4). C’est le « signe de Jonas » : le Fils de l’homme a été trois jours et trois nuits dans le sein de la terre (Matt. 12 : 39-40). Mais Jonas est aussi le symbole du résidu juif jeté par-dessus bord, alors que le vaisseau des nations continue son chemin sur la mer, symbole de l’agitation des peuples. Au troisième jour, sortant des eaux de l’épreuve et de la mort, il est rejeté, vivant, sur la terre. Le prophète annonce ainsi la résurrection nationale d’Israël, comme rendue possible à cause de la résurrection de Christ. La vision des os secs transformés en une immense armée d’êtres vivants qui se tiennent sur leurs pieds confirme cette promesse (voir Ézé. 37 : 1-10).
• La pluie de bénédiction (v. 3)
La prophétie d’Osée va plus loin et anticipe la résurrection spirituelle du peuple, par l’effusion du Saint Esprit (symbolisée par la pluie) ; ce sont les privilèges de la nouvelle alliance, goûtés par le peuple dès l’aube du jour millénaire.
La Parole nous parle des pluies de la première et de la dernière saison (Jac. 5 : 7) :
- La pluie de la première saison est le symbole de l’effusion du Saint Esprit au jour de la Pentecôte sur l’assemblée céleste réunie à Jérusalem ; c’était l’accomplissement partiel de la prophétie de Joël (Act. 2 : 1-4 ; Joël 2 : 28-32). Cette pluie accompagne les semailles et fait germer le grain dans la terre.
- La pluie de la dernière saison évoque la bénédiction céleste descendant sur la terre (Ps. 84 : 6). Elle annonce une nouvelle effusion du Saint Esprit en faveur du peuple terrestre de Dieu. Il ne s’agit plus de l’habitation du Saint Esprit, personne divine, dans les croyants ou dans l’assemblée ; cette habitation n’appartient qu’à la période chrétienne. Il s’agit des bénédictions accordées à la terre par les secours de l’Esprit. Par elle, le fruit est amené à maturité au temps de la moisson.
Mais tout est pour la joie du divin Semeur qui revient en portant ses gerbes dans son sein (Ps. 126 : 5-6 ; 129 : 7) !
• Une piété fugitive et une alliance rompue (v. 4-7)
Dieu reprend la parole pour interpeller à nouveau les deux nations d’Éphraïm et de Juda, avant d’étendre son appel à tous les hommes.
« Que te ferai-je, Éphraïm ? Que te ferai-je, Juda ? » (v. 4). Par cette question pleine d’amour, l’Éternel veut toucher le cœur et la conscience de son peuple tout entier ; il leur demande de porter eux-mêmes le jugement sur leur infidélité. Dieu avait déjà tant fait pour eux afin de les attirer à Lui. Mais leur piété (l’expression des relations de l’âme avec Dieu) n’avait duré qu’aux premiers moments de leur existence comme nation; « de bonne heure », elle avait disparu, comme la rosée qui s’évapore au soleil. Aimons-nous la présence du Seigneur Jésus ? Cultivons-nous la relation de notre âme avec Dieu ?
Pourtant, « se levant de bonne heure », Dieu leur avait envoyé ses serviteurs les prophètes, pour les avertir et maintenir les relations du peuple avec lui (2 Chr. 36 : 15-16). C’était en vain, et le peuple avait rejeté et mis à mort les messagers de l’Éternel (Matt. 23 : 34-35). Aussi, par un juste retour des choses, les prophètes eux-mêmes et la parole de l’Éternel qu’ils annonçaient, seraient les instruments d’un jugement mérité.
Un jour, la grâce sortira comme l’aube du jour (v. 3). Mais, auparavant, le jugement divin doit sortir comme la lumière (v. 5), avant que le soleil de justice n’apporte la guérison dans ses ailes (Mal. 4 : 2).
Dieu aime la bonté (v. 6). Il se plaît à faire grâce. Le Seigneur rappelle deux fois cette déclaration du prophète (Matt. 9 : 13 ; 12 : 7). Dans les deux cas, c’est pour montrer que Dieu ne peut agréer dans l’homme que les fruits d’un bon état intérieur, et non les actes extérieurs prescrits par une religion. Le Seigneur montre aussi qu’il ne peut être satisfait que par les effets de sa propre grâce.
Les holocaustes et sacrifices offerts par l’homme ne peuvent remplacer la « connaissance de Dieu ». L’Éternel prend plaisir à la piété du coeur et à l’obéissance plutôt qu’aux formes extérieures (1 Sam. 15 : 22). Dieu s’est fait connaître par Christ seul, le Saint de Dieu - cette expression parle de la bonté de Dieu, révélée en perfection en Christ (2 Chr. 6 : 42) ; Christ est venu sur la terre, s’est offert en sacrifice et a répondu ainsi à la sainteté et à l’amour divins (Ps. 40 : 6-7 ; Héb. 10 : 5-7).
Devant la révélation de la grâce de Dieu, qu’avait fait Israël et même, tout homme sur la terre ? Ils ont transgressé l’alliance, comme Adam ; ici, le nom « Adam » est un nom propre, celui du premier homme; c’est aussi un nom de race, celui de la race humaine. Dans le jardin d’Éden, Adam avait violé l’alliance avec Dieu, par laquelle il pouvait goûter les bénédictions divines dans l’innocence. En prêtant l’oreille à la voix de Satan, il avait agi perfidement (avec traîtrise) à l’égard de Dieu. Israël avait fait de même en rapport avec l’alliance de la loi en Sinaï. L’apôtre Paul étend cette constatation de la double rupture des alliances (alliance des œuvres en Éden par Adam et alliance de la loi en Sinaï par Israël) à la situation de tous les hommes, car tous ont péché. Il montre alors le changement introduit par la venue de Christ, qui devient chef d’une nouvelle race (Rom. 5 : 14).
• Un message de jugement à Éphraïm, puis d’espérance à Juda (v. 8-11)
L’angoisse du prophète se mêle à son indignation en face de l’iniquité d’Éphraïm, qui méprisait Dieu.
Galaad (probablement Ramoth de Galaad) et Sichem (dans la terre d’Éphraïm) étaient deux des six villes de refuge en Israël. Elles avaient aussi été données aux Lévites pour leur habitation. Loin de jouer leur rôle de protection et de repos, elles étaient devenues le théâtre de « choses horribles », violence (meurtres et vols) et corruption (prostitution). Ce mal était arrivé par les sacrificateurs, qui auraient dû être les messagers de la bonté de Dieu. Même placé dans une position privilégiée, de quoi l’homme n’est-il pas capable ? Juda aussi, comme Éphraïm, irait en captivité.
C’est alors que jaillit l’espérance. Dieu moissonnerait un résidu pour Lui en Juda, en rétablissant ses captifs pour la bénédiction La promesse est faite par Dieu à « mon peuple ». Il ne s’agit donc pas de la remontée de la déportation à Babylone, à une époque où le peuple était encore sous la sentence de « Lo-Ammi », pas mon peuple. Le prophète parle ici d’un rétablissement encore futur pour nous. Ce n’est pas ici l’annonce du jugement séparatif exécuté à l’achèvement du siècle (Matt. 13 : 39 : Apoc. 14 : 16), mais la confirmation d’une promesse déjà faite par Moïse (Deut. 30 : 3). L’amour de Dieu sera vainqueur ; Dieu aime la bonté (v. 6) !
Chapitre 7 – L’appel à Israël et à Juda (2)
• Débordement de perversité (v. 1-7)
Comme un flot tumultueux, les images de la méchanceté d’Éphraïm passent devant les yeux d’Osée. Le juge se tient déjà devant la porte (Jac. 5 : 9). Le désir de Dieu de guérir son peuple n’a rencontré qu’endurcissement et duplicité de sa part. Ses péchés l’ont comme entouré d’une ceinture.
Israël encourage même le roi et les princes dans leur iniquité, et tous ensemble, ils commettent adultère (moralement et spirituellement, en poursuivant l’idolâtrie). Il est terrifiant de constater la ruse des chefs pour accomplir le mal, et tromper le peuple. Le gâteau « levé » (v. 4), image de la corruption morale ou des fausses doctrines, doit être cuit à point, sans surchauffe, dans le four de leur cœur, pour gorger le peuple de cette nourriture empoisonnée. Pendant la nuit, le boulanger (image de la conscience) dort. Le parallèle avec l’activité inlassable et subtile des faux docteurs dans la chrétienté est saisissant ! La corruption religieuse entraîne alors la corruption morale : « l’ardeur du vin » (v. 5). Perdant tout sens moral, les rois d’Israël contemporains d’Osée sont tombés dans la violence. Le péché du peuple est retombé sur eux, les plus responsables. Les chefs, les juges et le peuple se sont alors entre-détruits. Cette sombre période est relatée dans le livre des Rois (2 Rois 15 : 10, 14, 25, 30).
• Éphraïm, un gâteau qui n’est pas retourné (v. 8-12)
Le prophète poursuit la comparaison entre Éphraïm et le gâteau levé. Israël aurait dû être un gâteau sans levain, saint, consacré à l’Éternel (Jér. 2 : 3). Au contraire, mêlé aux nations idolâtres (l’Égypte et l’Assyrie), il est devenu un gâteau levé, surchauffé dans le four de leurs cœurs, et qui n’a pas été retourné ; il n’est plus bon à rien. Cette situation d’Israël est à rapprocher de celle de Moab, comparé à du vin mêlé à sa lie (Jér. 48 : 11). Rappelons-nous que si l’Église du Seigneur se mêle au monde et à son système, elle perd son caractère de sanctification et son parfum pour son Sauveur !
Éphraïm n’avait pas conscience de son état; il avait perdu sa force au contact des nations, et la grâce de sa jeunesse : « et il ne le sait pas » (v. 9). Le parallèle avec Samson est solennel, et devrait parler au cœur de chacun ! La conscience du déclin de la chrétienté devrait nous garder de tout orgueil spirituel ; celui-ci va de pair avec la perte du discernement du bien et du mal. « Colombe niaise » (v. 11), Éphraïm volait çà et là pour chercher du secours auprès des nations. Dieu étendrait son filet pour la reprendre et la châtier en lui ôtant sa liberté. Effectivement, Israël a bien été déporté en Assyrie, en perdant son identité nationale (2 Rois 17 : 6).
• Malheur et ruine ! (v.13-16)
Le désir de Dieu était de racheter son peuple. Mais, en réponse à tant de compassions divines, qu’a fait Israël ?
- Il s’est enfui loin de Dieu ;
- il s’est rebellé contre lui ;
- il lui a menti ;
- il s’est retiré de lui ;
- il a médité du mal contre lui ;
- enfin, il ne s’est pas tourné vers le Très-Haut.
Sensible à sa propre misère, le peuple hurlait bien de douleur, mais sans crier à Dieu, et sans reconnaître son péché pour implorer le pardon (Ps. 32 : 5). Plutôt que de se tourner vers Dieu, il est allé chercher du secours en Égypte, et elle s’est moquée de lui (v. 16).
Ne cherchons donc pas de secours dans le monde, mais prions le Seigneur (v. 7) ; tournons-nous vers Lui pour le rechercher (v. 10). Il est fidèle et veut nous guérir (v. 1).
Chapitre 8 – Cri d’alarme, tristesse et destruction (1)
Pour décrire l’état d’infidélité du peuple d’Israël, le prophète Osée emploie plusieurs symboles qui ont tous une signification morale ; pour chacun, le remède correspondant est donné dans d’autres passages de la Parole de Dieu :
- une femme adultère (1 : 2) - infidélité à Dieu - « Demeurez dans mon amour » (Jean 15 : 2) ;
- un homme ivre (4 : 18 ; 7 : 5) – perte de la spiritualité - « Soyez remplis de l’Esprit » (Éph. 5 : 19) ;
- une génisse récalcitrante (4 : 16) – insoumission à Dieu – La croix de Christ (Gal. 2 : 20) ;
- une troupe de voleurs (6 : 9 ; 7 : 1) - violence collective – Méditation de la Parole (Ps. 1 : 1-2) ;
- une pâte levée (7 : 4) - abandon de la séparation – Ôter le mal dans notre vie (Gal. 5 : 9) ;
- un gâteau non retourné (7 : 8) – hypocrisie (deux faces) – Sentir ses misères (Jac. 4 : 9) ;
- une colombe niaise (7 : 11) – instabilité (va de droite à gauche) – La foi en Dieu (Marc 11 : 22) ;
- un arc faussé (7 : 16) – manque le but – Christ, notre but (Phil. 3 : 14).
Deux autres images sont maintenant ajoutées (ch. 8) :
- un vase auquel on ne prend pas plaisir (v. 8) – dépravation, inutilité – Se purifier, se séparer (2 Tim. 2 : 21) ;
- un âne sauvage (v. 9) – obstination, vie pour soi – Prendre le joug de Christ (Matt. 11 : 29).
Tous ces symboles servent à décrire les divers aspects du péché du peuple, qui avait oublié Dieu pour rechercher l’appui du monde, et s’était enfoncé dans l’idolâtrie, en vivant pour lui-même.
Laissons-nous sonder par la force de ces expressions, et demandons à Dieu de nous garder de ces divers dangers ou de nous en délivrer si nous nous sommes laissés entraîner par l’un ou l’autre d’entre eux.
• Rejet de l’autorité divine dans les domaines politique et religieux (v. 1-8)
Tout au long de son livre, Osée s’est élevé par tous les moyens (supplications, avertissements) contre le péché d’Israël. Il cherche à empêcher le peuple de tomber dans la fosse de destruction. Le prophète emploie ici (v. 1) les mêmes termes que le Seigneur pour annoncer les jugements à l’achèvement du siècle : le son de la trompette, et l’aigle qui fond sur sa proie avec rapidité (Matt. 24 : 28, 31). Le jugement est appelé sur la « maison de l’Éternel » qui désigne les dix tribus, c’est-à-dire Éphraïm. Le peuple est donc vu ici sous son caractère de maison de Dieu sur la terre, au moins extérieurement. Aujourd’hui, la chrétienté est cette grande maison, par laquelle Dieu commencera son jugement (1 Pi. 4 : 17).
Si Israël avait été fidèle, Dieu aurait été son seul roi. Au lieu de cela, le peuple s’était « fait des rois… et des princes », mais non selon l’Éternel, en se cachant même de lui (v. 4). Ce rejet de l’autorité de Dieu était une infidélité particulièrement grave : au temps d’Osée, les rois d’Israël n’étaient plus de descendance royale, et n’étaient pas établis par ordre divin. De plus, Israël avait ajouté l’abandon de Dieu en établissant un culte païen. Jéroboam I avait placé un veau d’or à Béthel et un autre à Dan, pour sceller dans l’idolâtrie l’unité politique du royaume des dix tribus (1 Rois 12 : 28-29).
Sous ce double point de vue (politique et religieux) le peuple avait donc « semé le vent » (v. 7). En juste rétribution, il devait donc « moissonner le tourbillon » (ou récolter la tempête) et Dieu déclare : « Ma colère s’est enflammée contre eux » (v. 5).
L’Assyrien allait fondre comme l’aigle sur Israël, et ses idoles seraient détruites, en particulier les veaux de Samarie. La moisson en Israël serait donc un jugement de destruction, plutôt qu’une récolte, et aucun fruit ne serait produit pour Dieu. La tige de blé serait stérile ; et si même de la farine avait été produite, la nourriture aurait été dévorée par les étrangers. Israël lui-même était dévoré ; il était devenu un vase vide qui n’apporte aucune joie à celui qui le possède (v. 8).
Quelle différence avec le Fils de Dieu, en qui le Père trouvait son plaisir (Matt. 3 : 17 ; 17 : 5), car Il faisait toujours ce qui lui était agréable (Jean 8 : 29) ! Toutefois, dans sa grâce, Dieu n’en restera pas là envers son peuple, et opérera pour lui faire porter du fruit (14 : 8).
• L’appui du monde (v. 9-10)
Éphraïm avait abandonné Dieu pour chercher du secours auprès des nations, notamment l’Assyrie. Menahem avait signé un pacte avec Pul, roi d’Assyrie (2 Rois 15 : 19). Israël est comparé à un âne sauvage, farouchement épris de liberté, et que personne ne peut dompter. Si le chrétien, dans sa vie pratique, n’accepte pas le joug aisé de son Sauveur, et recherche l’appui du monde, il perd sa liberté chrétienne et se place sous l’esclavage des hommes, loin de toute bénédiction divine.
Israël avait « rejeté les eaux de Siloé, qui vont doucement ». Dieu lui enverrait donc « les eaux du fleuve, fortes et grosses, le roi d’Assyrie, et toute sa gloire » (És. 8 : 6-7). Dieu allait se servir des nations mêmes avec lesquelles Israël avait fait alliance, pour châtier son peuple. Ainsi, Shalmanéser, roi d’Assyrie, a opprimé Israël sous le règne d’Osée, et l’a finalement déporté dans son pays (2 Rois 17 : 3, 6). Au-delà des Assyriens, le « roi des princes » (v. 9) désigne peut-être aussi Nebucadnetsar, qui devait jouer un rôle si important dans les relations de Dieu avec Juda.
• L’idolâtrie (v. 11-14)
Le grand péché d’Éphraïm demeurait l’idolâtrie. Il avait multiplié les autels et offrait dessus des sacrifices aux faux dieux, c’est-à-dire aux démons, en rejetant le vrai Dieu. La controverse entre l’Éternel et son peuple au sujet des idoles culmine dans cette déclaration divine : « J’ai écrit pour lui les grandes choses de ma loi ; elles sont estimées comme une chose étrange (ou étrangère) » (v. 12). La soumission de cœur à la Parole de Dieu est la condition pour toute bénédiction et le préalable à tout service.
Pourtant, Éphraïm idolâtre prétendait continuer le service divin (v. 13). Or, « le sacrifice des méchants est en abomination à l’Éternel » (Prov. 15 : 8). Aussi Dieu ferait-il retourner Israël “en Égypte” (v. 13 ; 9 : 3, 6). Pourtant, le prophète annonce le fait historique qu’Israël serait déporté en Assyrie, et non pas en Égypte (11 : 5). Cette captivité en Égypte est donc une image. Israël avait recherché l’appui des nations (y compris l’Égypte) ; il devrait donc à nouveau connaître la servitude dont Dieu l’avait autrefois délivré. Mais ce jugement moral serait matérialisé par le joug de l’Assyrie.
Juda, quant à lui, était extérieurement plus fidèle qu’Israël, mais son coeur s’était aussi éloigné de Dieu (6 : 11 ; 8 : 14 ; 12 : 1). Déjà au temps du réveil d’Ézéchias et de l’attaque de Sankhérib, Juda ne regardait plus vers Dieu qui permettait l’épreuve (És. 22 : 11). Puis, au temps de Josias, Dieu sondait l’état de « Juda la perfide » par comparaison avec « Israël l’infidèle » (Jér. 3 : 6, 11). Le jugement divin devrait atteindre l’un et l’autre, mais à des moments différents.
Chapitre 9 – Cri d’alarme, tristesse et destruction (2)
• Vivre pour soi-même, sans joie (v. 1-4)
Dans leur ignorance et leur superstition, les nations pouvaient s’étourdir dans les joies factices du monde. Il ne pouvait pas en être de même d’Israël qui avait abandonné son Dieu : sa joie lui était ôtée (v. 1). Aujourd’hui encore, un chrétien mondain qui ne goûte pas la communion avec Dieu ne peut être heureux. Ni le souvenir des bénédictions passées, ni les « citernes fissurées » du monde (Jér. 2 : 13) ne rafraîchissent le cœur ; en fait, toute joie est perdue.
Israël cultivait pour lui-même le froment (fruit de l’aire) et le vin ou le moût (fruit de la cuve). Ses aliments lui seraient ôtés pour être remplacés par la nourriture impure de l’Assyrie, pays de leur captivité. En prétendant servir Dieu, Israël se servait lui-même. Il offrait des sacrifices à l’Éternel dans le but de les manger : « leur pain est pour eux-mêmes » (v. 4). De telles offrandes n’avaient pas d’accès « dans la maison de l’Éternel ». Les œuvres religieuses des hommes, accomplies pour la satisfaction de la chair (Col. 2 : 23), ne peuvent jamais plaire à Dieu. Vivons-nous pour nous-mêmes ou pour Christ ?
• Le jour de la visitation pour Juda (v. 5-9)
Le prophète revient sans transition à Juda : Quel souvenir garderait-il des bénédictions perdues lorsqu’il serait en captivité en Égypte ? Malgré l’avertissement de Dieu, un reste de Juda y descendra en effet pour échapper à la déportation en Chaldée (Jér. 42 : 19 ; 43 : 7) ; ces événements ont eu lieu 150 ans environ après la prophétie d’Osée, mais pour Dieu le temps ne compte pas. Alors que ses biens les plus précieux seraient la proie de ses ennemis, Juda allait rencontrer la mort et la malédiction, figurées par les ronces et les épines (v. 6).
Ce serait le jour de la visitation et de la sanction, le jour du jugement. On est loin de la visitation en grâce du peuple par l’Éternel, comme au temps de Ruth (Ruth 1 : 6). Plus tard, ni le peuple de Dieu, ni la ville de Jérusalem ne connaîtront la visitation de l’Orient d’en haut (Luc 1 : 78 ; 7 : 16 ; 19 : 44) pour la bénédiction, et le jugement fondra sur la nation qui a rejeté son Messie.
Devant la grandeur de l’iniquité du peuple, le prophète est comme saisi de folie. Le mal était comparable au crime de Guibha, au temps des Juges, dont le résultat avait été la disparition presque complète de la tribu de Benjamin (Jug. 21 : 3).
• Israël autrefois et maintenant (v. 10-17)
Dieu rappelle ce qu’Israël avait été pour lui dans le désert au commencement, en utilisant l’image habituelle de la vigne et du figuier ; Israël était comme des raisins dans le désert, qui donnent de la joie à celui qui les trouve, et comme les premières figues de la récolte, dont la douceur était proverbiale. Le peuple était alors les prémices des fruits pour Dieu (Jér. 2 : 2), et Balaam avait été contraint de dire de Lui : « Que tes tentes sont belles, ô Jacob, et tes demeures, ô Israël » (Nom. 24 : 5). Hélas, la grave faute de Baal-Péor avait immédiatement suivi. Israël avait alors succombé à l’idolâtrie et à la fornication, entraîné par la perfidie du méchant prophète (Nom. 25 : 1-2).
Éphraïm (son nom signifie double fertilité) était autrefois semblable à une ville prospère (Tyr) « plantée dans une campagne agréable » (v. 13). Il allait devenir comme une femme stérile, privée de son identité, de sa gloire, et de toute descendance. Si les chrétiens oublient leur vocation céleste, ils perdront leur dignité morale devant le monde.
Le prophète est contraint à en appeler au jugement divin (v. 14), qui confirme qu’Israël serait frappé de stérilité. À Guilgal le peuple avait été libéré de l’opprobre de l’Égypte, pour être sanctifié pour Dieu. Maintenant, au mépris de la sainteté de Dieu, Israël étalait là toute sa méchanceté, sans honte, ni retenue. Dieu ne pouvait supporter un tel affront, et les chasserait de sa maison. Il doit retenir ses affections, au moins pour un temps, jusqu’à ce qu’il puisse les aimer « librement » (14 : 5).
Un double jugement est ajouté :
- Israël selon la chair, comparé à un figuier stérile, ne porterait plus jamais de fruit. En accomplissant son seul miracle de jugement, le Seigneur a confirmé cette prophétie d’Osée (Matt. 11 : 14, 20) ;
- Le peuple serait dispersé : « errants parmi les nations » (v. 17). Déjà annoncée par Moïse (Deut. 28 : 25, 64), cette dispersion est encore une réalité aujourd’hui. Ne sommes-nous pas émus par la triste condition actuelle du peuple élu de Dieu ? Prions pour que beaucoup se tournent vers Christ comme Sauveur pour avoir la vie.
Chapitre 10 – Cri d’alarme, tristesse et destruction (3)
• Une vigne stérile (v. 1-3)
La vitalité d’une vigne ne se montre pas dans ses branches, mais dans le fruit qu’elle porte pour son cultivateur. Israël, transporté d’Égypte pour être « la vigne de l’Éternel des armées » (Ps. 80 : 8 ; És. 5 : 7), avait autrefois porté du fruit pour Dieu (9 : 10). Maintenant, la vigne refusait son fruit à son propriétaire, et ne vivait que pour elle-même. Bien plus, pour chaque bénédiction accordée par Dieu, le peuple rendait gloire à ses viles idoles. Aussi, Dieu abattrait leurs autels et leurs statues (v. 2), et permettrait un temps d’anarchie politique, où un roi ne leur serait d’aucun secours (v. 3).
• Béthel devient Beth-Aven (v. 4-8)
Parmi les maux en Israël, figure le bavardage. Notre époque n’est-elle pas marquée par la profusion des moyens de communication et d’information ? Satan se sert de ce verbiage pour masquer l’essentiel aux hommes : la voix de Dieu par sa Parole, la Bible.
Le peuple et son roi sont accusés de traîtrise. En effet, Osée (roi d’Israël) avait conclu une alliance de soumission avec Shalmanéser, roi d’Assyrie, tout en complotant en secret avec Sô, roi d’Égypte (2 Rois 17 : 3-4). De la même manière, 200 ans plus tard, Sédécias, roi de Juda, s’engagera par serment au nom de l’Éternel devant Nebucadnetsar, pour rompre ensuite son serment en appelant l’Égypte à l’aide (2 Chr. 36 : 13 ; Ézé. 17 : 18). Quel contre-témoignage devant le monde, quand les chrétiens ne respectent pas leur parole ! Le jugement appelé sur Israël à cause de son parjure est comparé à une « plante vénéneuse » (v. 4), un véritable poison qui empêche la moisson.
En face du jugement, que fait Israël ? Il s’inquiète pour ses idoles et les richesses qu’elles représentent (v. 5). Le prophète identifie Béthel, autrefois la maison de Dieu, qui abrite maintenant un veau d’or (déjà depuis Jéroboam I), avec Beth-Aven, une maison de vanité ou d’iniquité (4 : 15 ; 5 : 8 ; 10 : 8). L’idolâtrie est toujours une abomination pour Dieu. Le transfert des idoles (symbole de la prospérité matérielle du peuple d’Israël) par les ennemis serait pour la honte des sacrificateurs idolâtres (les Camarim).
Dès lors, Israël et son roi sont déportés en Assyrie. Cette prophétie s’est accomplie à la lettre (2 Rois 17 : 4-6 ; 18 : 9-12), du vivant même du prophète Osée. La terre d’Israël devient un désert ; les épines et les ronces, souvenir de la malédiction de la terre après la faute d’Adam (Gen. 3 : 18), couvrent désormais les autels (v. 8a) et cachent l’idolâtrie d’Éphraïm. La honte et la peur sont la part du peuple coupable, dont l’histoire nationale est désormais close, jusqu’à son rétablissement à venir, encore futur pour nous.
Cette prophétie d’Osée annonce en outre des événements ultérieurs. Un autre jugement atteindra Juda, coupable du rejet et de la mort du Messie. Le Seigneur (le bois vert pour Dieu) annonce ainsi la condamnation du bois sec (Israël sans Dieu), en employant les paroles d’Osée (v. 8b ; voir Luc 23 : 28-31). Enfin, à l’ouverture du sixième sceau de l’Apocalypse, la terreur des hommes devant la colère de l’Agneau s’exprimera par le même cri d’angoisse (Apoc. 6 : 15-17). Quelle fin tragique !
• « Défrichez pour vous un terrain neuf » (v. 9-15)
La triste affaire de Guibha de Benjamin n’avait jamais été complètement réglée devant Dieu et, comme un levain, avait pénétré la masse du peuple pour le corrompre. À l’époque, la tribu de Benjamin avait bien été châtiée pour sa faute par les autres tribus. Mais « les fils d’iniquité » (v. 9), les vrais coupables de la monstruosité commise, avaient échappé au jugement.
Ce jugement de Guibha présageait un jugement plus sévère encore celui de tout Israël. Dieu se servirait alors des nations pour châtier à la fois Juda (et Benjamin) et Éphraïm (les dix tribus), « liés pour leurs deux iniquités » (v. 10). Il semble que celles-ci soient l’abandon de Dieu, la source des eaux vives et l’idolâtrie (Jér. 2 : 13).
Ce sont précisément les deux grands sujets de controverse entre Dieu et son peuple dans la prophétie d’Ésaïe. Éphraïm et Juda seraient ainsi soumis au joug des nations. Esclaves, ils travailleraient pour d’autres (v. 11), parce qu’ils avaient « labouré la méchanceté, moissonné l’iniquité, mangé le fruit du mensonge » (v. 13).
Le prophète interrompt ce triste tableau de jugement pour adresser au peuple un vibrant appel de grâce (v. 12), en poursuivant la même image des travaux dans les champs : semer en justice pour moissonner selon la piété, recommencer une nouvelle vie, en recherchant l’Éternel. Dieu ne manquerait pas de répondre ; il viendrait pour arroser par sa justice le terrain préparé, et faire descendre une pluie de bénédiction (6 : 3). Ce serait l’aube du jour de la délivrance du peuple. Combien il est touchant de voir comment Dieu répond au moindre mouvement du cœur vers Lui !
Toutefois, le chapitre se termine sur l’aube d’un autre jour, celui du jugement qui marquerait la fin de l’histoire d’Éphraïm (v. 13-15). « Vous avez labouré la méchanceté » : comme souvent dans la prophétie d’Osée, ce sont les images qui suscitent la pensée. Ce labourage peut évoquer le joug des nations placé sur le peuple comme conséquence de son iniquité. Ailleurs, le labourage parle du travail opéré dans un cœur pour le ramener à l’Éternel.
Béthel avait été le lieu où Dieu avait confirmé ses promesses à Jacob et à sa descendance (Gen. 28 : 13, 19). Devenu maintenant le centre de l’apostasie, Béthel était le témoin de la méchanceté des propres descendants de Jacob (v. 15).
Extrait de « Sondez les Écritures » (vol. 11)
À suivre