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Bref exposé du livre d’Esdras (1)


Introduction
PREMIÈRE PARTIE – Chapitres 1 à 6
          La proclamation de Cyrus ; ceux qui répondent – ch. 1 et 2
          L’autel établi sur son emplacement – ch. 3
          Les fondements de la Maison – ch. 3
          Les ennemis – ch. 4
          La dédicace de la Maison – ch. 6 : 1 : 18
          Célébration de la Pâque – ch. 6 : 19-21

 

Introduction

                        La grâce de Dieu envers un peuple abaissé

            Les livres d'Esdras, Néhémie et Esther, exposent l'histoire du peuple d'Israël après la destruction du temple et de la ville de Jérusalem. Dieu n'habite plus dans la ville de David, au milieu du peuple qu'Il avait fait sortir d'Égypte ; la gloire s'en est allée, la domination est ôtée à Israël, le temps des Nations a commencé, et durera jusqu'à ce que le Seigneur vienne soudain à son Temple (Mal. 3 : 1) et que les réchappés de la grande tribulation regardent à celui qu'ils ont percé (Zach. 12 : 10), dans la repentance et les larmes.
            Ces livres sont de ce fait un témoignage remarquable à la grâce de Dieu, car bien que le peuple soit sous la sentence de « Lo-Ammi » (« pas mon peuple » - Osée 1 : 9), Dieu veille sur lui et se révèle encore à ceux qui au milieu de la détresse « parlent l'un à l'autre... craignent l'Éternel et pensent à son nom » (Mal. 3 : 16-18). Dieu se réserve toujours un « résidu » (ou : reste fidèle) qui attend la venue du Seigneur. Ainsi, l'Agneau préconnu a été manifesté aux quelques fidèles qui « attendaient la délivrance » (Luc 2 : 38). Dieu veillera à ce que, du milieu du peuple incrédule revenu dans le pays d'Israël, un résidu soit encore là pour recevoir le Messie tant attendu. Et, bien que dans une économie différente, les rachetés du Seigneur qui constituent son assemblée L’attendent du ciel comme Sauveur (Phil. 3 : 20).
            La chronologie des livres d'Esdras, Néhémie et Esther, d'après les dates indiquées en note dans notre Bible, compte tenu de leur relative imprécision et du fait aussi qu'elles ne font pas partie du texte inspiré, est intéressante en ce qu'elle montre que Dieu n'avait pas rejeté son peuple qu'il a préconnu et qu'il le considérera toujours comme tel, bien que la nature de ses relations avec lui ait changé. L'apôtre Paul nous en donne la raison : « Les dons de grâce et l'appel de Dieu sont irrévocables (litt. : sans repentir ») (Rom. 11 : 29).
            La proclamation de Cyrus en la première année de son règne (2 Chr. 36 : 22-23) marque la fin des 70 années de la captivité à Babylone. La construction du temple fut achevée environ 20 ans plus tard. L'histoire d'Esther se situe 32 années après l'achèvement du temple et la venue d'Esdras à Jérusalem eut lieu une quinzaine d'années après les événements rapportés dans le livre d'Esther, et 13 ans avant l'arrivée de Néhémie pour bâtir la muraille de la ville.
            Une période de presque 70 ans s'écoule donc entre la proclamation de Cyrus et l'achèvement de la muraille de Jérusalem. Pendant ce temps, Dieu veillait sur son peuple, aussi bien sur ceux qui étaient revenus à Jérusalem sitôt après la proclamation de Cyrus, pour entreprendre la construction du temple, que sur ceux qui étaient restés dans le pays où ils furent délivrés des projets d'Haman l'Agaguite, par le moyen de Mardochée et d'Esther.
            Mais la pensée de Dieu n'était pas que ce peuple s'établisse en Chaldée. Il n'y avait et il ne pouvait y avoir ni autel ni temple auprès des fleuves de Babylone, sur un sol étranger (Ps. 137 : 1, 4), et les sacrifices ne pouvaient être offerts que sur l'autel bâti sur l'emplacement choisi par Dieu. Ainsi, au temps convenable, Il envoya Esdras, « un scribe versé dans la loi de Moïse qu'avait donnée l'Éternel, le Dieu d'Israël » (Esd. 7 : 6).

                        Le livre d’Esdras

            Ce livre se divise en deux parties :
                  1 - Chapitres 1 à 6 : une partie des captifs de Babylone remontent à Jérusalem et bâtissent l'autel et le temple.
                  2 - Chapitres 7 à 10 (introduits par les termes « Et après cela ») : Esdras monte à Jérusalem.


PREMIÈRE PARTIE – Chapitres 1 à 6

                        La proclamation de Cyrus ; ceux qui répondent – ch. 1 et 2

            Selon la volonté de Dieu, la proclamation de Cyrus offrait aux fils d'Israël de remonter à Jérusalem ; mais c'est Dieu encore qui réveilla l'esprit de ceux qui répondirent à cette offre. Ceux-là seuls étaient habilités à quitter Babylone.
            Dès le chapitre 2, nous rencontrons l'énumération de ceux qui remontèrent de la captivité. Nous avons ici ce qui correspond au premier chapitre du livre des Nombres : Dieu connaît par nom chacun des siens, mais Il connaît aussi leur état moral, car certains d'entre eux « ne purent pas montrer leurs maisons de père et leur descendance, s'ils étaient d'Israël » (2 : 59).
            Une simple profession ne suffit pas ; il faut que soit établi - en figure - l'état du cœur, la nature des relations avec Dieu.
            En un temps de faiblesse dans le peuple de Dieu, il est nécessaire de s'assurer de ce que nous pourrions appeler « l'identité spirituelle » de ceux qui en font partie - ou prétendent en faire partie. Appartiennent-ils à la famille de Dieu ? Peuvent-ils produire leur inscription généalogique (2 : 62) ? Certains ne le pouvaient pas ; sans doute auraient-ils pu invoquer les difficultés à les garder pendant leur déportation à Babylone et au milieu des aléas de l'exil. Mais cela supposait que d'autres soucis les avaient occupés et qu'ils n'avaient pas attaché à leur inscription le prix que Dieu y attache.
            Qu'en est-il aujourd'hui ? Un chrétien doit être certain d'appartenir à la famille de Dieu, d'être un « enfant de Dieu ». Douter d'être maintenant enfant de Dieu, c'est ne pas pouvoir crier « Abba, Père ! » ; la généalogie de l'enfant de Dieu est attestée par l'Esprit, qui « rend témoignage avec notre esprit que nous sommes enfants de Dieu ; et si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers... » (Rom. 8 : 15-17).

                        L’autel établi sur son emplacement – ch. 3

            La première chose que firent les fils d'Israël une fois dans leurs villes, fut de s'assembler comme un seul homme à Jérusalem, autour de Jéshua le sacrificateur et de Zorobabel, le gouverneur d'ascendance royale (Matt. 1 : 6-12), pour bâtir l'autel du Dieu d'Israël. Christ, à la fois roi et sacrificateur sur son trône (Zach. 6 : 13), est ainsi entrevu prophétiquement.
            « Ils établirent l'autel sur son emplacement » (3 : 3). Il ne s'agit pas d'un nouvel autel, mais de L'AUTEL unique aux yeux de Dieu et pour la foi, car il est une figure de la croix, comme l'est l'autel d'airain du tabernacle. Et le choix de son emplacement n'est pas laissé à l'appréciation des sacrificateurs ; c'est la montagne de l'Éternel, Jéhova-Jiré au pays de Morija (Gen. 22 : 1-18), où il a été pourvu à la justice et à la sainteté de Dieu, ainsi qu'à sa grâce et à son amour.
            Les holocaustes du matin et du soir sont offerts, la fête des tabernacles est célébrée selon ce qui est écrit... « mais les fondements du temple de l'Éternel n'étaient pas encore posés » (3 : 3-6). Nous avons là sans doute une figure de ce qui s'est passé après la mort, la résurrection et l'ascension de Christ : les disciples remplis d'une grande joie « étaient continuellement dans le temple, louant et bénissant Dieu » (Luc 24 : 53), mais les fondements de la maison de Dieu, qui, aujourd'hui, est l'assemblée du Dieu vivant, n'étaient pas encore posés.

                        Les fondements de la Maison – ch. 3

            « Et la seconde année de leur arrivée à la maison de Dieu à Jérusalem... » (3 : 8) ; c'est une expression remarquable, car extérieurement, la maison n'était pas visible, ses fondements allaient être posés. Mais aux yeux de Dieu, et pour l'œil de la foi, LA MAISON est là, toujours la même, comme il n'y a qu'un seul autel.
            Le temple de Salomon, le temple d'Esdras, celui d'Hérode que le Seigneur a appelé « la maison de mon Père » (Jean 2 : 16), celui où sera placée « l'abomination qui cause la désolation » (Dan. 11 : 31), ne sont que des aspects différents de « la maison » dont la dernière gloire sera plus grande que la première (Agg. 2 : 9), quand elle revêtira la forme de l'édifice décrit par Ézéchiel. Nous voyons ainsi comment la fidélité de Dieu dans ses relations avec son peuple correspond à son état moral. La gloire du temple de Salomon, avant-goût de ce qui conviendrait au règne de Christ, roi de justice et de paix, ne pouvait convenir au temps d'humiliation qui suivait la captivité de Babylone.
            Remarquons d'ailleurs que tandis que le temple de Salomon avait été bâti selon le modèle de tout ce que David avait dit - « tout cela… toute l'œuvre du modèle, il m'en a, par écrit, donné l'intelligence, par la main de l’Éternel sur moi » (1 Chr. 28 : 19) -, celui du livre d'Esdras répondait aux instructions du roi Cyrus (Esdr. 6 : 3-4). Quant au temple d'Hérode, il ne répondait guère qu'au désir de celui-ci de se rendre populaire auprès des Juifs.
            N'en a-t-il pas été de même de « la maison de Dieu, qui est l'assemblée du Dieu vivant, la colonne et le soutien de la vérité » (1 Tim. 3 : 15), sitôt que l'imagination de l'homme s'est substituée à la pensée divine ? Certes, Dieu a veillé à susciter des réveils, au temps de la Réformation, et plus particulièrement au 19ème siècle, pour maintenir « ni par force ni par puissance, mais par son Esprit » (Zach. 4 : 6), un témoignage à son Fils bien-aimé, dans le souvenir de ses souffrances, de sa mort, de sa résurrection et de sa présence dans la gloire éternelle « jusqu'à ce qu'il vienne » (1 Cor. 11 : 26). Que tous ceux qui, par sa grâce, ont entendu la parole de la patience de notre Seigneur Jésus Christ, puissent tenir ferme ce qui leur a été confié, dans l'attente de sa venue. La parole du Seigneur et son Esprit demeurent au milieu de nous (voir Agg. 2 : 5) ; à ce sujet, rappelons que l'un des caractères fondamentaux de la dispensation présente est que nous avons affaire avec un Homme glorifié dans le ciel, et à une Personne divine sur la terre, demeurant éternellement dans chaque croyant et parmi les saints (Jean 14 : 16 ; Éph. 1 : 13 ; 2 : 22).
            Pour revenir au livre d'Esdras, les fondements de la maison sont posés au son des cantiques du peuple louant l'Éternel : « Car il est bon, car sa bonté envers Israël demeure à toujours » (3 : 11). Mais les pleurs des plus âgés, ceux qui avaient vu la première maison mesuraient leur infidélité, se mêlaient aux cris de joie de ceux qui pouvaient ne voir que la bonté et la fidélité de l'Éternel envers son peuple.
            N'éprouvons-nous pas quelque chose de cela, si en quelque mesure nous avons connu des temps meilleurs dans l'assemblée, mais avons encore le privilège d'annoncer la mort du Seigneur jusqu'à ce qu'il vienne ?

                        Les ennemis – ch. 4

            Mais les ennemis de Juda et de Benjamin interviennent. Le maintien de la séparation d'avec eux par les serviteurs de l'Éternel provoque leur hostilité ouverte, et la construction de la maison se ralentit jusqu'à ce qu'elle soit arrêtée « par force et par puissance » (4 : 23).
            À l'intervention des ennemis répond celle de l'Éternel, par le moyen de ses prophètes qui font entendre la Parole de Dieu. Le ministère d'Aggée et de Zacharie, divinement adapté à une période de faiblesse caractérisée par l'oubli des droits du Seigneur sur les siens, est ainsi une source d'instruction et d'avertissement pour « nous que les fins des siècles ont atteints » (1 Cor. 10 : 11), comme il l'avait été pour le résidu du temps d'Esdras. « Soyez forts... car je suis avec vous, dit l'Éternel des armées. La parole selon laquelle j'ai fait alliance avec vous lorsque vous êtes sortis d'Égypte, et mon Esprit, demeurent au milieu de vous ; ne craignez pas » (Agg. 2 : 4-5).
            Telle est la réponse divine à l'opposition de l'ennemi, qui « par force et par puissance » avait fait cesser la construction de la maison. Combien est rassurante la parole adressée à Zacharie : « Ni par force, ni par puissance, mais par mon Esprit, dit l'Éternel des armées. Qui es-tu, grande montagne, devant Zorobabel ? Tu deviendras une plaine ; et il fera sortir la pierre du faîte avec des acclamations : Grâce, grâce sur elle ! » (Zach. 4 : 6-7).
            C'est ainsi que, tandis que les prophètes Aggée et Zacharie réveillaient Zorobabel et Jéshua, les ennemis du résidu intervenaient auprès du roi Darius, pour leur totale confusion. Alors la maison fut bâtie et achevée le troisième jour du mois d'Adar, car « les anciens des Juifs bâtirent et prospérèrent par la prophétie d'Aggée le prophète, et de Zacharie, fils d'Iddo » (6 : I4). Mais il est ajouté que ce fut « selon l’ordre du Dieu d'Israël et selon l'ordre de Cyrus, et de Darius et d'Artaxerxès, roi de Perse » ; car le peuple ne devait pas oublier que la domination avait été ôtée à Israël et donnée aux Nations et il lui appartenait désormais de présenter les caractères convenables à son état : « un peuple affligé et abaissé » qui se confie au nom de l'Éternel (Soph. 3 : 12), comme ce sera le cas en un temps encore à venir.

                        La dédicace de la Maison – ch. 6 : 1-18

            La dédicace de cette maison de Dieu est célébrée avec joie, par les fils d'Israël, les sacrificateurs et les lévites et le reste des fils de la déportation (6 : 16). La mention des « fils d'Israël » en premier lieu est sans doute un témoignage à l'unité du peuple tout entier, comme cela est spécifié à deux reprises à la fin du verset 17 du chapitre 6 : « Ils offrirent pour la dédicace de cette maison de Dieu, 100 taureaux, 200 béliers, 400 agneaux et comme sacrifice pour le péché, pour tout Israël, 12 boucs, selon le nombre des tribus d'Israël ». Dieu, autrefois comme aujourd'hui, a toujours devant Lui son peuple tout entier. C'est pourquoi nous sommes « édifiés ensemble, pour être une habitation de Dieu par l'Esprit » (Éph. 2 : 22).
            À ce sujet, un frère a écrit : « La dédicace de la maison a lieu alors. Et c'est un beau témoignage de l'état moral du résidu. Ils ne peuvent faire que peu de choses - bien peu en vérité - mais ils les font. Salomon avait égorgé 22 000 bœufs et 120 000 moutons à la dédicace de la première maison (1 Rois 8 : 63), alors que les captifs revenus ne peuvent présenter que quelques centaines de taureaux, de béliers et d'agneaux. Mais ils font ce qu'ils peuvent, et qui dira que la pite de cette veuve d'autrefois n'était pas davantage que toutes les offrandes de leurs pères plus riches ? Ils firent ce qui était en leur pouvoir, sans rougir de leur pauvreté. - Je n'ai ni argent ni or, mais ce que j'ai, je te le donne (Act. 3 : 6) » (J.-G. Bellett).
            De plus, les sacrificateurs et les lévites sont établis pour le service de Dieu à Jérusalem, « selon ce qui est écrit au livre de Moïse » (6 : 18). Le service de Dieu, quel qu'il soit, ne peut être accompli que selon ce qui est écrit, car c'est par « toute Écriture » que l'homme de Dieu est « accompli et parfaitement préparé pour toute bonne œuvre » (2 Tim. 3 : 16-17). Ce principe divin est invariable et s'applique à notre temps avec la même autorité qu'à celui d'Esdras ou de Salomon.

                        Célébration de la Pâque – ch. 6 : 19-21

            Cette première partie du livre d'Esdras s'achève par la célébration de la Pâque, le 14e jour du premier mois, car « les sacrificateurs et les lévites s'étaient purifiés comme un seul homme : ils étaient tous purs » (v. 20). De même que l'autel avait été bâti en premier lieu par ceux qui étaient remontés de Babylone, la Pâque est la première fête célébrée une fois la maison dédicacée. La croix, la mort du Seigneur et la puissance de son sang ne sauraient être oubliés par les croyants, car ils sont la base unique et parfaite de leurs relations avec Dieu. Tous participent à la Pâque et à la fête des pains sans levain : les fils d'Israël, mais aussi tous ceux qui s'étaient séparés de l'impureté des nations du pays, pour rechercher l'Éternel le Dieu d'Israël, dans la joie de la faveur de Dieu.
            C'est la sixième et dernière célébration de la Pâque mentionnée dans l'Ancien Testament (exception faite cependant de la célébration de cette fête durant le règne millénial de Christ – Ézé. 45 : 21). C'est un résidu restauré qui se souvient, selon l'ordonnance divine, de la préservation des maisons des fils d'Israël en Égypte (Ex. 12 : 27), et qui célèbre la fête des pains sans levain, car c'est un peuple sanctifié, qui appartient à l'Éternel (Ex. 13 : 1-8).


J-P. Fuzier

 

À suivre