LES CANTIQUES DES DEGRES (1)
Introduction
1- Le réveil de la conscience : Psaume 120
2- Les promesses du Seigneur à celui qui tourne le dos au monde : Psaume 121
3- La joie et la paix dans la maison de l'Eternel : Psaume 122
1- Le réveil de la conscience : Psaume 120
2- Les promesses du Seigneur à celui qui tourne le dos au monde : Psaume 121
3- La joie et la paix dans la maison de l'Eternel : Psaume 122
Les 15 courts cantiques du cinquième livre des Psaumes (Ps. 120 à 134), appelés Cantiques des degrés, décrivent l'expérience d'un croyant depuis le moment où il désire se joindre à la compagnie des fidèles jusqu'au jour où il atteint le seuil de l'éternité.
Dans ces cantiques, comme dans toute la Parole de Dieu, le croyant est vu comme un voyageur, un pèlerin, jamais comme un vagabond. Sa route est ascendante. Certes, il peut passer par de profonds exercices spirituels et de grandes épreuves, mais à chaque instant la bonté et la puissance de Dieu sont là pour le garder de tout faux pas et le rétablir dans sa relation avec Dieu, s'il vient à pécher. Au cours des étapes, le sentiment d'approcher de la maison de Dieu, un lieu de repos pour une âme fatiguée, s'approfondit, jusqu'à ce que le but soit enfin atteint.
David et Salomon, dans cinq cantiques, et des compositeurs anonymes dans les dix autres, examinent les diverses relations du croyant dans ce monde : avec Dieu, les frères dans la foi, la famille, mais aussi les incrédules, le travail, la société…
Les Cantiques des degrés ont une application prophétique claire, comme tous les Psaumes. Dans le cinquième livre des Psaumes, le « reste » de Juda est ramené dans son pays où il traverse les dernières épreuves de la grande tribulation, pour ne faire finalement qu'un seul peuple avec les dix tribus. Cet aspect prophétique est particulièrement souligné dans la collection des Cantiques des degrés.
1.1 : Fausse position
Le premier cantique des degrés décrit la situation d'un Juif venu habiter dans le pays de Méshec (Ezé. 27 : 3, 13), au milieu de Kédar, une tribu issue d'Ismaël (Gen. 25 : 13). Méshec et Kédar sont deux peuples ennemis de l'Eternel.
Ce Juif est un croyant. Il appartient au peuple de Dieu, mais il s'en est éloigné. Il a même contracté de mauvaises alliances en Méshec, puisqu'il constate avoir été cruellement trompé (v. 2).
La position de ce croyant est doublement fausse :
- il habite en dehors du pays de la promesse, là où règne le mal
- par conséquent, il est lié au monde (v. 5).
Les résultats d'une telle situation ne surprennent pas : les difficultés s'accumulent et la détresse le saisit. Sa position devient intenable, mais il est incapable de trouver une solution par lui-même. Une seule ressource lui reste : crier à l'Eternel pour la délivrance (v. 1-2). Soudain, les écailles lui tombent des yeux. Il prend conscience de son état malheureux et réalise la fausseté de sa position (v. 5-6). Il s'étonne alors d'avoir pu demeurer si longtemps au milieu d'un monde pervers.
1.2 : Conflit de conscience
Ce croyant a voulu réformer le monde pour ne pas s'en séparer. Remarquons le conflit chez cet homme. D'une part, il veut faire justice en appelant la vengeance sur ceux qui l'ont trompé (v. 3-4). D'autre part, il désire établir la paix autour de lui, mais tous ses efforts restent vains. « Malheur à moi », s'exclame-t-il quand il arrive à l'extrémité de ses forces (v. 5). Tandis qu'il se tait, ceux qui l'entourent supportent sa présence (c'est souvent le cas des chrétiens qui craignent de témoigner pour Christ). Mais dès qu'il parle de paix, ses ennemis lui déclarent la guerre (v. 7). Trompé, calomnié, il récolte le résultat amer de son amitié avec un monde hostile à Dieu (c'est le cas de Lot : Gen. 19 : 9).
1.3 : Prendre conscience de son état
Lorsque nous nous trouvons par notre propre faute dans une fausse situation, ce psaume montre que la première étape indispensable pour retrouver une relation avec Dieu est de prendre conscience de son état et de reconnaître que personne ne peut se tirer d'affaire par ses propres efforts.
La seconde étape est de prendre la résolution de quitter les mauvaises compagnies et de se séparer du monde. La seule ressource est de crier à Dieu pour qu'il nous donne la force et la volonté de sortir de cette terrible condition. Dieu répond toujours à ce cri (v. 1).
Dans l'épître aux Romains, l'apôtre Paul décrit un exercice spirituel semblable à celui-ci, mais plus profond. Cherchant désespérément à s'améliorer par ses propres efforts, un homme arrive à l'extrémité de lui-même et constate se totale incapacité (Rom. 7 : 14-25). Quand, dans un dernier souffle, il s'exclame : « Misérable homme que je suis, qui me délivrera de ce corps de mort ? », il comprend enfin qu'il n'y a pas de condamnation pour ceux qui appartiennent à Jésus Christ et il réalise alors ce qu'est la vie par l'action de l'Esprit (Rom. 8).
Le Psaume 120 décrit la situation d'un croyant juif dont la conscience se réveille. Il désire sincèrement faire la paix avec ceux qui l'entourent, mais une paix extérieure à lui-même. Ce qu'il doit d'abord connaître, c'est la paix intérieure en s'appuyant sur les promesses de Dieu (Ps. 121). Vouloir la paix, c'est bien (v. 7) ; la procurer, c'est mieux (Matt. 5 : 9) ; la connaître, c'est tout (Phil. 4 : 7).
1.4 : Application prophétique
A la suite de délivrances, la nation juive rentre dans son pays et choisit dans son ensemble l'Antichrist pour roi. Mais l'Antichrist et la bête romaine déclenchent bientôt de terribles persécutions contre les Juifs (Apoc. 12 : 13-17 ; 13). Le « reste » fidèle de Juda, qui a refusé de se plier à leur dictature, réussit à s'enfuir dans le désert. Dans le Psaume 120, le « reste » est vu dans une grande détresse, mais sur le point de rentrer une seconde fois dans son pays. Il a échappé à la persécution de l'Antichrist, mais il habite au milieu d'autres ennemis (Méshec) qui font partie du royaume de Gog (Ezé. 38 : 2-3), appelé aussi l'Assyrien, qui montera contre la Palestine.
2.1 : Regarder au Seigneur (v. 1-2)
Ayant enfin réalisé qu'il retrouvera une relation avec Dieu en quittant un mauvais lieu et en abandonnant des associations coupables, ce croyant opère une volte-face décisive. Il détache ses regards d'un monde qui le cerne de tous côtés et il les tourne au-delà des montagnes, vers l'Eternel (v.1). Lever les yeux est un geste accompagnant la prière (Jean 11 : 41). De sédentaire dans la plaine en Méshec, il devient pèlerin.
Deux classes d'hommes parcourent moralement la terre entière : les vagabonds et les pèlerins. Caïn, l'ancêtre des vagabonds, a été condamné par Dieu à errer sur la terre (Gen. 4 : 12). Abraham, le père des pèlerins, a été appelé par la grâce de Dieu à sortir de son pays (Gen. 12 : 1). Par la foi, il se dirigea vers la patrie céleste (Héb. 11 : 4-6). Un vagabond n'a pas d'amis. Le vrai pèlerin, lui, ne voyage jamais seul : des compagnons, des frères l'accompagnent (Ps. 122).
Les dangers du voyage sont multiples. Les montagnes peuvent paraître infranchissables pour atteindre le pays de la promesse, mais le pèlerin sait que le secours vient du Dieu tout-puissant, le Créateur des cieux et de la terre. Nous devrions nous habituer à regarder davantage aux sources divines qu'à nos besoins et à nos difficultés.
2.2 : Les promesses du Seigneur (v. 3-8)
Les promesses du Seigneur répondent à l'obéissance et à la foi. Un seul regard de foi suffit pour que l'Eternel assure le croyant de sa protection, et ceci même avant de faire le premier pas (v. 3-8). Ses promesses accompagnent le pèlerin tout au long de son voyage, jusqu'à ce qu'il atteigne la maison de l'Eternel (Ps. 122 ; 134).
L'Eternel se porte garant d'accomplir ses promesses, puisqu'elles sont toutes liées à sa Personne.
Elles sont en relation avec :
- la marche du croyant : « ton pied » (v. 3)
- ses actes : « ta main droite » (v. 5)
- son être intérieur : « ton âme » (v. 7)
- son service : « ta sortie et son entrée » (v. 8).
De jour comme de nuit, la protection divine est assurée pour chaque étape (v. 8). Seule une personne (« celui qui te garde ») peut nous garder, pas une doctrine, ni nous-mêmes, ni notre fidélité…
La protection du Seigneur est indispensable pour se dégager des mauvaises associations que nous pouvons contracter, car Satan cherche toujours, soit à nous retenir par notre convoitise, soit à nous détruire par ses pièges. Il n'est intéressé que par les âmes, à l'image du roi de Sodome ; celui-ci réclamait les personnes qu'Abram avait délivrées de ses mains, mais il était prêt à lui laisser les biens matériels (Gen. 14 : 21).
L'Eternel promet sa protection pour sortir de Méshec (v. 8 ; Ps. 120 : 5). Pour nous, chrétiens, il ne s'agit pas de sortir du monde : nous devons y vivre pour rendre témoignage à Jésus Christ tous les jours de notre vie (Jean 17 : 11, 15, 18). Toutefois nous n'appartenons pas à ce système ennemi de Jésus et de ses disciples (Jean 17 : 14-16).
L'Eternel garde l'entrée des siens (v. 8) dans le lieu où il a mis sa bénédiction (Ps. 122). Pour sortir de Méshec, comme pour entrer à Jérusalem, la protection divine est nécessaire, car Satan, l'ennemi de nos âmes, mettra tout en oeuvre pour nous empêcher d'atteindre le but que Dieu nous a fixé. Mais avant de pouvoir rejoindre la compagnie des fidèles pèlerins qui montent à la maison de l'Eternel, nous devons changer d'attitude envers le monde et retrouver une relation personnelle avec Dieu. C'est ce que nous enseignent les deux premiers cantiques des degrés.
2.3 : Application prophétique
La pression de l'adversité pousse le fidèle du « reste » de Juda à rentrer dans la terre d'Israël. Il regarde vers Sion, car c'est là que le Seigneur viendra pour détruire les méchants et établir son règne. Le nom de l'Eternel (Yahvé), souvent répété dans ce psaume, est celui qu'il prend dans ses relations avec Israël. Les calamités ne pourront pas détruire ce qui reste du peuple, car l'Eternel le protège continuellement (Es. 49 : 8-13).
3.1 : La joie d'être ensemble
Pour sortir de la détresse (Ps. 120) et connaître l'allégresse, il faut se lever et se joindre aux pèlerins qui montent à la maison de l'Eternel (v. 1). Le temple n'ayant pas encore été construit durant le règne de David (auquel est attribué ce psaume), la maison de l'Eternel est vue ici prophétiquement.
Venir à la maison de l'Eternel demande un effort personnel ; cela peut être une corvée ou un service joyeux. C'est une corvée quand notre amour pour le Seigneur s'est refroidi parce que des péchés n'ont pas été confessés, ou que des tensions extrêmes se manifestent dans l'assemblée locale. C'est un service joyeux, quand notre désir est d'apporter à Dieu la reconnaissance et de rechercher le bien des frères.
Notre attitude envers Dieu détermine notre comportement quand nous lui rendons culte. Cela est si important, qu'il vaut mieux quitter l'autel, pour se réconcilier avec son frère, que de persister à offrir un don (Matt. 5 : 24).
Pour pouvoir vraiment détacher les yeux du monde, il faut les fixer sur un autre objet, sur Jérusalem, le lieu de la communion fraternelle (v. 3). La joie est assurée si nous nous rendons en compagnie d'autres croyants au lieu où l'Eternel a mis la mémoire de son Nom. Pour le vrai pèlerin, son but ultime est de se tenir dans les portes de Jérusalem (v. 2). La solitude expérimentée en Méshec (Ps. 120) s'est changée en une heureuse compagnie de voyageurs. Encourageons-nous donc à nous réunir avec d'autres frères.
La vie chrétienne normale se vit en communion avec d'autres enfants de Dieu. Dès le début de l'Eglise, les premiers croyants ont ressenti ce besoin fondamental. Un des premiers traits qui les caractérisaient était le désir de vivre ensemble : « Tous les jours ils persévéraient d'un commun accord dans le temple (Act. 2 : 46).
Ce besoin d'être ensemble a des causes profondes. Comme enfants de Dieu, nous avons le même Père, la même de vie, le même Esprit. Nous appartenons à un même corps, celui de Christ ; nous sommes liés ensemble à Lui par un même Esprit. Avec Christ et en lui, nous jouissons ensemble de privilèges immenses : « Dieu… nous a vivifiés ensemble avec le Christ, nous a ressuscités ensemble, et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes dans le Christ Jésus » (Eph. 2 : 5-6).
Rien n'est plus étranger à l'esprit de l'évangile qu'un chrétien ou un groupe de chrétiens qui s'isole. Avant que le péché soit entré dans le monde, Dieu a déclaré qu'il n'était pas bon que l'homme soit seul (Gen. 2 : 18). Personne ne peut être joyeux s'il se tient volontairement à l'écart du peuple de Dieu. Les vrais croyants ressentent au plus profond d'eux-mêmes le besoin de se rassembler pour adorer, prier, méditer la Bible, servir le Seigneur et s'exhorter mutuellement. Cette nécessité est ressentie d'autant plus vivement que les épreuves et les difficultés grandissent.
3.2 : L'unité des croyants
La ville de Jérusalem est « bâtie comme une ville bien unie ensemble en elle-même » (v. 3). L'unité existe. Elle est d'un prix inestimable. Ne cherchons pas à la créer, mais mettons tout en oeuvre pour la vivre. Comment le faire ? En nous appliquant à « garder l'unité de l'Esprit par le lien de la paix » (Eph. 4 : 3) et dans l'exercice de « l'amour, qui est le lien de la perfection » (Col. 3 : 14).
Aux yeux de Dieu, Jérusalem est une ville parfaite, sans fissure dans ses murailles. Pourtant les pèlerins sont exhortés à demander sa paix pour maintenir son unité. Le vrai croyant ne prie pas pour sa propre prospérité, mais pour celle de ses frères. Nous sommes prompts à prier pour nos propres nécessités, mais souvent lents à intercéder pour les besoins de nos frères.
Recherchons la paix dans l'assemblée. Elle assurera la prospérité spirituelle des frères (v. 6-8 ; Act. 9 : 31 ; Rom. 14 : 19). Il ne s'agit pas d'une paix telle que les hommes la conçoivent entre nations, qui résulte de compromis et de concessions réciproques, mais de la vraie paix par amour pour Dieu et par amour pour les frères. Personne ne peut déclarer aimer Dieu, s'il ne peut pas pardonner à son frère et l'aimer. Comment prétendre avoir une bonne relation avec notre Père, si nous en avons de mauvaises avec nos frères ?
On peut développer pour Jérusalem, la ville sainte, un tel amour qu'il nous fasse oublier le véritable trésor qu'elle renferme : la maison de l'Eternel (v. 1, 9). C'est la présence seule du Seigneur qui donne sa valeur à notre rassemblement autour de Lui.
3.3 : La paix et la joie
La vraie paix règne dans Jérusalem, car la ville reste séparée (« les murs » - v. 7), mais non isolée du monde. La seule paix entre les hommes que nous puissions trouver sur cette terre est dans le cadre de l'église et de la famille chrétienne quand l'une et l'autre marchent dans une vraie séparation du monde.
Quelles sont les conditions pour être joyeux ? Les trois premiers cantiques des degrés donnent la réponse :
- quitter un mauvais lieu (Ps. 120)
- changer d'attitude envers Dieu et se confier dans ses promesses (Ps. 121)
- se rassembler avec les frères (Ps. 122).
Avec la joie et la paix dans le coeur, le croyant peut mieux affronter le mépris du monde (Ps. 123).
3.4 : Application prophétique
David, l'auteur de ce psaume, considère par la foi la maison de l'Eternel qu'il a ardemment désiré bâtir, mais que son fils construira (1 Rois 8 : 19).
Il voit Jérusalem réédifiée sur ses ruines et prête à recevoir son Roi (Jér. 30 : 18 ; 31 : 4, 6, 12), ce qui se réalisera quand la détresse mentionnée dans les psaumes précédents aura pris fin et que les tribus d'Israël auront été réunies
Extrait de « Sondez les Ecritures » (volume 14).