NOTES SUR LE LIVRE DE LA GENÈSE (ch. 42 à 44)
GENÈSE 42
Première entrevue avec Joseph (v. 1-24)
La poursuite du travail de Dieu (v. 25-38)
GENÈSE 43
La pression de la famine (v. 1-14)
Deuxième rencontre avec Joseph (v. 15-34)
GENESE 44
La coupe de Joseph (v. 1-17)
La supplication poignante de Juda (v. 18-34)
Première entrevue avec Joseph (v. 1-24)
Du point de vue prophétique, la période où Joseph est seul en Égypte (ch. 37 à 41) correspond à la chute d’Israël, occasion pour que la bénédiction s’étende aux nations descendant des trois fils de Noé : Sem - les Juifs (Act. 2) ; Cham - l’eunuque éthiopien (ch. 8) ; Japheth - le centurion romain (ch. 10). Le chapitre 42 présente la reprise des relations de Dieu avec Israël (Rom. 11 : 26-36).
À partir de ce chapitre 42, Dieu donne le récit de la restauration des frères de Joseph, en particulier du travail qui s’est fait dans leur conscience sous les soins de Joseph. Ce travail était nécessaire pour que leur situation soit réglée complètement. Dieu contrôle toutes nos circonstances et les fait servir à son but. Il faut être attentif à tous les moyens que Dieu emploie pour nous parler. Il permet des circonstances dans lesquelles il n’y a pas d’issue humaine pour nous amener à revenir au Seigneur.
Dieu permet cette famine sur toute la terre, afin d’amener les frères de Joseph à aller en Égypte pour acheter du blé (41 : 57 ; 42 : 1- 2). Et là, Il les conduit à leur insu, devant Joseph lui-même qui, aussitôt, commence ce travail de restauration.
Pour les fils de Jacob, aller à Joseph était une question de vie ou de mort. Leur premier acte, à leur arrivée devant Joseph, a été de se prosterner devant lui (v. 6). À leur insu, les songes du chapitre 37 s’accomplissent, 20 ans après : Joseph avait vu ses parents et ses frères se prosterner devant lui, et maintenant s’ouvre une nouvelle période de sa vie (v. 6). Ses frères qui l’avaient haï à cause de ses songes, vont se prosterner par cinq fois devant lui.
Si Joseph reconnaît ses frères, ceux-ci ne le reconnaissent pas. Ils semblent avoir oublié leurs péchés contre lui : ils ont voulu le mettre à mort, puis ils l’ont vendu pour quelques pièces d’argent. Enfin, leur péché contre leur père, qu’ils ont horriblement tourmenté en lui faisant croire que Joseph était mort, semble oublié aussi. Joseph qui n’a rien oublié, va s’attacher avec amour à la restauration complète de ses frères. Ce n’est qu’au chapitre 50 qu’elle sera complète et définitive. Nous-mêmes, nous pouvons « oublier » un péché non confessé ; mais le Seigneur, Lui, ne l’oubliera pas, et nous poussera à la confession en vue de notre restauration. Israël, autrefois, a crucifié son Messie. Dans l’avenir, la discipline divine le poussera à la repentance et à une pleine restauration, lorsqu’il recevra son Seigneur.
Joseph agit envers ses frères avec une apparente dureté (v. 7) ; en fait, avec un amour qui « se réjouit avec la vérité » (1 Cor. 13 : 6), il cherche à atteindre leur conscience. Joseph va jusqu’à accuser ses frères injustement, sans doute pour leur rappeler l’injustice qu’ils ont commise. Dieu peut vouloir nous parler en nous laissant subir des injustices. Ne réagissons pas contre les « causes secondes » ! C’est ce qu’avait compris David en entendant les injures de Shimhi (2 Sam. 16 : 10).
Joseph ne montre ni orgueil, ni égoïsme, ni esprit de vengeance, mais il prend à cœur de travailler à leur restauration, sans les accabler, et sans passer légèrement sur le péché (Jér. 6 : 14 ; 8 : 11). Cela rappelle, de loin, le Seigneur lavant les pieds des disciples (Jean 13). On a dit : Dieu découvre ce que l’homme couvre, et couvre ce que l’homme découvre.
Accusés d’être des espions (v. 9, 15), les frères de Joseph sont plongés dans la détresse, et se défendent de cette accusation en se disant membres d’une seule famille. Ils affichent une certaine honorabilité, mais en mentant : « Nous sommes d’honnêtes gens… nous sommes fils d’un seul homme… et voici le plus jeune est aujourd’hui avec notre père, et l’un n’est plus » (v. 11, 13). « L’un n’est plus… » : avec quelle légèreté ils passent sur l’acte horrible qu’ils ont commis ! Les Juifs feront crucifier leur Messie ; ils diront : « Détruisons l’arbre avec son fruit, et retranchons-le de la terre des vivants, afin qu’on ne se souvienne plus de son nom » (Jér. 11 : 19). Mais très vite leur péché va leur revenir à la mémoire (v. 21). Il faudra d’autres soins pour que ce péché soit entièrement confessé, et qu’ils soient entièrement restaurés.
Mais cette détresse va, peu à peu, conduire les frères de Joseph à la confession : le travail de Dieu commence. « Ce n’est pas volontiers que Dieu afflige et contriste le cœur des hommes » (Lam. 3 : 31-33). Ils vont subir trois jours de prison (v. 17), durant lesquels leurs consciences vont être labourées (v. 21-24). Jonas est resté trois jours et trois nuits dans le ventre du grand poisson (Jon. 2 : 1), appelé « cétacé » par le Seigneur (Mat. 12 : 40). Saul de Tarse est resté trois jours sans voir (Act. 9 : 9). C’est une épreuve de durée limitée. Après ces trois jours, Joseph allège l’épreuve (v. 19).
Joseph va amener ses frères, qui ont très mal agi envers lui, à se trouver devant Dieu. Le résultat de son travail progressif est évident dans les paroles successives qu’ils prononcent : « Nous sommes d’honnêtes gens… » (v. 11) ; « nous sommes coupables… » (v. 21) ; « son sang est redemandé » (v. 22) ; « qu’est-ce que Dieu nous a fait ? » (v. 28). « Dieu a trouvé l’iniquité de tes serviteurs », dira Juda au chapitre 44 (v. 16). Joseph n’agit pas ainsi par vengeance, mais pour ramener ses frères à la communion avec Dieu et avec lui, dans la repentance et la confession. Seule la discipline pouvait produire ce fruit. Ils sont mis à l’épreuve, ainsi que leurs paroles (v. 15-16). C’est le travail secret et béni dans une âme ayant bonne opinion d’elle-même (v. 21). Brusquement, l’épreuve fait remonter à la surface de la conscience tout ce qui était enfoui dans les cœurs : leur péché commun…
Ruben, absent lorsque Joseph a été vendu aux Ismaélites, proteste de son « innocence » (v. 22) ; mais il omet de dire qu’il était présent et consentant, pour tremper la tunique de Joseph dans le sang et l’envoyer à leur père, avec ces mots durs : « Reconnais si c’est la tunique de ton fils ou non » (37 : 32) ; « ton fils », ont-ils dit, et non « notre frère ». Quelle cruauté ! Ce n’est pas cette fausse innocence de Ruben qui lui conférera une quelconque autorité morale : son père ne l’écoutera pas (v. 37-38). C’est Juda qui prendra la prépondérance sur ses frères, et qui emportera le consentement de Jacob (43 : 8-11). Nous sommes exhortés à aimer tous les frères, même si l’un d’eux nous a fait tort : « quiconque hait son frère est un meurtrier » (1 Jean 3 : 15).
Ses frères étaient loin de penser que Joseph comprenait ce qu’ils se disaient entre eux (v. 23). Cela nous rappelle que le Seigneur connaît tout de nous, jusqu’aux pensées les plus secrètes (Ps. 139).
Par le moyen de l’action de Joseph, Dieu fait sentir aux autres fils de Jacob qu’il a affaire à eux, et ils ont peur, comme Pierre en Luc 5 : 9. Ils ne connaissent ni le cœur de Joseph, ni le cœur de Dieu (Osée 11 : 3-4). Ce n’est pas le moment pour Joseph de leur montrer son amour ; il se cache pour pleurer (v. 24). Sans doute pleure-t-il à cause de la joie qu’il a de voir ce début du travail de Dieu dans le cœur de ses frères, mais aussi en voyant leur lenteur à comprendre. Bien qu’il ait beaucoup souffert de la part de ses frères, Joseph verse sur eux des pleurs d’amour (v. 24a). Il est un type de Christ qui, Lui aussi, pleure sur les hommes, devant les ravages du péché (Jean 11 : 35), ainsi que sur Jérusalem (Luc 19 : 41-44).
Joseph lie Siméon devant ses frères (v. 24b), et cela rappelle qu’ils l’avaient lié, lui, autrefois (37 : 28). Puis, il leur rend leur argent, leur rappelant qu’ils l’avaient vendu pour de l’argent.
Les deux caractères de Joseph dans son action envers ses frères sont mentionnés en Romains 11 : 22 : la bonté et la sévérité - ce sont les caractères sous lesquels Dieu agit envers les nations et envers Israël actuellement. Cette bonté, accompagnée de sévérité, ou vrai amour, est souvent mal comprise. Vouloir passer sur les fautes, oublier le passé et s’engager à prendre un nouveau départ n’est pas le vrai amour selon Dieu.
La poursuite du travail de Dieu (v. 25-38)
Joseph pense aux besoins de son père et de sa famille. Il leur fait parvenir la plus grande quantité de nourriture possible. Il montre son amour pour ses frères en leur donnant des provisions pour le chemin (v. 25). De plus, il leur rend leur argent. Et toute cette grâce leur fait peur, tant leur conscience est mal à l’aise. « Le méchant se sauve quand personne ne le poursuit, mais les justes sont pleins d’assurance comme un jeune lion » (Prov. 28 : 1). Joseph donne, comme le Seigneur donne et Dieu donne beaucoup plus richement que nous ne le pensons.
Dans le caravansérail, les frères comprennent l’intervention de Dieu en discipline : « Qu’est-ce que Dieu nous a fait ? » (v. 28). Plus tard, pour son peuple, Dieu donnera des instructions précises quant au comportement qu’il devait observer pour un frère pauvre (Lév. 25 : 35-37). Joseph semble agir à l’encontre de cela : il a lié l’un de ses frères et, d’un autre côté, il leur donne des provisions et leur rend leur argent (v. 25. Mais Dieu poursuit son travail dans leurs cœurs. Jacob, accablé par les épreuves, dit amèrement : « Toutes ces choses sont contre moi » (v. 36). Mais le Dieu de bonté s’apprête à lui rendre son fils, Joseph.
En contraste, on voit une grande foi dans le cœur de la femme de Sunem (2 Rois 4 : 23-26) : son fils est mort, et pourtant elle dit : « Tout va bien », sachant que l’homme de Dieu le ressuscitera. « Toutes choses travaillent ensemble pour le bien de ceux qui aiment Dieu » (Rom. 8 : 28). Sans la communion avec Dieu, « le cœur leur manqua » (v. 28). La grâce divine est, soit repoussée, et la peur en résulte, soit acceptée, et l’on désire, dès lors, se trouver dans la lumière de Dieu (Ps. 139 : 1-24). « Sans conscience de péché », approchons-nous librement du Dieu de grâce (Héb. 10 : 19-22) : telle doit être notre attitude de croyants. Si nous avons péché, confessons-le tout de suite, afin de rétablir la communion. Jésus, notre « avocat », plaide pour nous devant Dieu (1 Jean 2 : 1-2). « Le sang de Jésus Christ... nous purifie de tout péché » (v. 7). Mais gardons-nous de pécher volontairement « afin que la grâce abonde » (Rom. 6 : 1).
Dans les versets 29 à 34, les frères de Joseph, de retour auprès de Jacob, font le récit de leurs rapports avec Joseph, en n’ayant retenu que sa dureté extérieure, et sans paraître se repentir. Ce qu’a montré le verset 21 des exercices de conscience des frères de Joseph - « certainement nous sommes coupables à l’égard de notre frère » - n’est qu’un commencement. En effet, devant leur père, ils n’expriment pas le moindre regret, la moindre confession du mal qu’ils ont commis. Les 20 années écoulées dans le bien-être leur avaient fait oublier leur péché. Mais pour Dieu, cette période n’avait rien effacé. Aussi Dieu les soumet à la famine et fait qu’ils viennent devant le seul homme qui connaissait leur péché. « Votre péché vous trouvera » (Nom. 32 : 23). Il ne peut pas y avoir de restauration sans repentance profonde. Le remords, le regret des conséquences, ne sont pas la repentance.
On remarque de nouveau, au verset 35, que la grâce montrée par Joseph provoque la peur chez ses frères. Maintenant, les voilà pris entre deux accusations, celle de Joseph et celle de leur père. Il y a déjà quelque chose de changé en Ruben (v. 37) et Juda (43 : 3-10). Leurs dispositions vis-à-vis de leur père ne sont plus les mêmes que lorsqu’ils l’ont cruellement trompé après avoir vendu Joseph. C’est Juda qui a proposé de vendre Joseph aux Ismaélites. Maintenant il s’engage personnellement pour décider son père (43 : 9). Mais son cœur est encore endurci ; il déclare (v. 9) : je serai coupable au sujet de Benjamin, sans confesser qu’il l’était déjà au sujet de Joseph. Il devra dire, plus tard : « Dieu a trouvé l’iniquité de tes serviteurs » (44 : 16).
Ce texte présente non seulement la continuation du travail de Dieu dans la conscience des frères de Joseph, mais aussi une nouvelle phase de ce même travail en Jacob. Il n’avait pas été question de lui depuis la fin du chapitre 37. Ici, Dieu se sert de la même épreuve pour agir selon son propos en ces différentes personnes.
Jacob, accusateur et troublé, est malheureux : « Toutes ces choses sont contre moi » (v. 36), et Dieu doit poursuivre son travail en lui afin que sa foi devienne paisible. Paul peut parler de sa « légère tribulation d’un moment » (2 Cor. 4 : 17). Ces circonstances restent incompréhensibles pour les frères de Joseph ; mais Dieu travaille dans leur cœur pour leur « faire du bien à la fin » (Deut. 8 : 16). Jacob, de son côté, montre la différence qu’il fait entre les enfants de Rachel et les enfants de Léa : Joseph et Benjamin occupaient une place spéciale dans son cœur.
Jusqu’au verset 6 du chapitre 43, Jacob montre encore des caractères analogues à ceux qu’il a montrés au chapitre 34. Par exemple, il accuse ses fils : « Vous m’avez privé d’enfants : Joseph n’est plus, et Siméon n’est plus, et vous voulez prendre Benjamin ! » (v. 36). Au contraire de ses fils, Jacob n’a pas oublié son bien-aimé. Il dira encore : « Pourquoi m’avez-vous fait le tort de déclarer à l’homme que vous aviez encore un frère ? » (43 : 6). Il se fait lui-même le centre de ses circonstances. Il prépare des arrangements. Il ne paraît pas rechercher la pensée de Dieu en disant : « Toutes ces choses sont contre moi » (v. 36). Il accuse Dieu, ignorant que Dieu agit en sa faveur (Rom. 8 : 28, 31). Cependant Dieu continue son œuvre pour l’amener à un vrai dépouillement de lui-même, et plus tard à la manifestation de sa dignité de serviteur de Dieu, moralement au-dessus du Pharaon et digne de bénir celui-ci (47 : 10). Il l’amènera encore plus tard à l’adoration (Héb. 11 : 21).
La pression de la famine (v. 1-14)
L’épreuve dure, et les frères de Joseph doivent retourner en Égypte pour s’y ravitailler de nouveau. Cette épreuve pénible les atteint tous, car cette fois, Benjamin va avec eux, comme Joseph l’exigeait. Dieu a toujours des raisons de nous discipliner : « Dieu … ouvre leurs oreilles à la discipline, et leur dit de revenir de l’iniquité » (Job 36 : 5-10).
Dieu va se servir de cette famine pour amener les frères de Joseph à la repentance, mais aussi pour produire en Jacob une foi paisible qu’il connaîtra à la fin : « Toutes choses travaillent ensemble pour le bien de ceux qui aiment Dieu » (Rom. 8 : 28). La vie tourmentée de Jacob a conduit Dieu à lui envoyer des épreuves. Mais Dieu les mesure toujours pour les siens. Au chapitre 42, Jacob a refusé fermement la proposition de Ruben ; il acceptera pourtant celle de Juda. C’est lui qui avait proposé de vendre Joseph aux Ismaélites ; mais le travail de Dieu en lui, l’amènera à protéger Benjamin (v. 18-34), innocent de leur crime passé. C’est le fruit de la repentance (Luc 15 : 17-19).
Jacob cède donc à Dieu (v. 13-14), car c’était sa volonté que Benjamin paraisse devant Joseph : il sera un jalon dans le travail de repentance dans les cœurs coupables de ses frères (44 : 16-17). Déjà privé de Joseph, Jacob connaîtrait une douleur incurable, s’il perdait aussi Benjamin, mais il semble dire : Que la volonté de Dieu se fasse ! - « Un cœur brisé et humilié » a toujours la faveur de Dieu (Ps. 51 : 17). Quand l’homme touche ses limites, Dieu peut agir. N’ayant pas reconnu Joseph, ses frères doivent répondre aux questions pertinentes qui leur sont posées, mais eux ne savaient pas ce qui allait se passer (v. 6-7).
Jacob a encore cette pensée de donner quelque chose à celui dont il doit attendre gratuitement sa subsistance. Le vieux Jacob est toujours là : il veut, maintenant qu’il a cédé, se concilier la faveur de « l’homme » (v. 11-13) ; comme il avait fait lors de sa rencontre avec Ésaü (32 : 20). L’homme veut toujours donner quelque chose pour obtenir la faveur de Dieu, alors qu’il n’a rien ! On manque de la nourriture essentielle, et l’on offre un présent qui ne nourrit pas ! Que sera ce pauvre présent pour le puissant seigneur du pays ? L’argent qu’ils avaient retrouvé à l’entrée de leur sac (42 : 27, 37), c’est Joseph qui le leur avait rendu ; et c’est lui qui avait payé le blé qu’ils avaient emporté pour leur nourriture. C’était Joseph le donateur auquel il fallait aller pour être nourri. Il était « le soutien de la vie » (41 : 45) - beau type du Seigneur donnant la vie éternelle que nous ne pouvons que recevoir comme un don de Dieu (Éph. 2 : 8-9).
Jacob ordonne trois fois à ses fils de prendre quelque chose :
- les meilleurs produits du pays (v. 11) - cela rappelle l’offrande de Caïn, et l’inconvenance de pareils dons ;
- d’autre argent (v. 12), alors que Dieu dit : « Achetez sans argent et sans prix » (Es. 55 : 1) ;
- votre frère (v. 13), mais Dieu dit : « Un homme ne pourra en aucune manière racheter son frère, ni donner à Dieu sa rançon » (Ps. 49 : 7).
Les seules vraies ressources sont les compassions de Dieu et l’œuvre du Seigneur à la croix. Nos cœurs naturels ne comprennent pas et n’acceptent pas la grâce de Dieu.
Une fois ces dispositions prises, Jacob ajoute : « Que le Dieu Tout-puissant vous fasse trouver compassion devant l’homme » (v. 14a). Enfin, il introduit Dieu dans ces circonstances : « le Dieu Tout-puissant… », reprenant le caractère sous lequel Il s’était révélé à Abraham (17 : 1), et connu sous ce nom par les patriarches. À Moïse et au peuple, Il se révélera sous le nom d’« Éternel ». À nous, le Seigneur nous L’a révélé comme « Père » (Jean 20 : 17).
Puis Jacob prononce la parole par laquelle il abandonne tout à Dieu, sans réserve : « Et moi, si je suis privé d’enfant, j’en serai privé » (v. 14).
Deuxième rencontre avec Joseph (v. 15-34)
D’abord traités d’espions, les frères sont maintenant traités par Joseph comme des hôtes qu’il comble d’honneur (v. 16-17). Quant à eux, c’est la peur qui les domine (v. 18-22). Dieu poursuit son travail en vue de leur bénédiction. La réponse du préposé sur la maison de Joseph les déconcerte (v. 23), mais cet homme connaît bien la pensée de Joseph et parle en son nom. L’invitation de ses frères à manger avec lui était incompréhensible pour ces hommes durs et habitués aux affaires. Mais le travail de Dieu achevé, il pourra leur révéler que c’était « pour la conservation de la vie » que tout cela était arrivé (45 : 5-8).
Les frères de Joseph ont peur, car leur conscience n’est pas à l’aise, n’ayant guère de communion avec Dieu. Seul, celui qui peut se confier entièrement à Dieu peut jouir de la paix.
Dans ce récit, une personne anonyme joue un rôle important : l’homme préposé sur la maison de Joseph. Comme l’homme portant une cruche d’eau (Luc 22 : 10), il est une image du Saint Esprit :
- Cet homme fait d’abord entrer les fils de Jacob auprès de Joseph (v. 16). Le Saint Esprit amène les hommes au Seigneur.
- Puis il leur dit : « Paix à vous, ne craignez pas » (v. 23). Le Saint Esprit produit la paix dans la conscience et dans le cœur, sur la base de l’œuvre de Christ.
- Ensuite, il donne de l’eau pour que les frères de Joseph se lavent les pieds (v. 24). Le Saint Esprit applique la Parole de Dieu au cœur et à la conscience pour notre purification.
- Enfin, au chapitre 44, il parlera à leur conscience (v. 4-6) ; puis il découvrira la coupe dans le sac de Benjamin (v. 12). Jésus a dit : « Il confondra le monde au sujet du péché (Jean 16 : 8).
Toute l’attitude des frères de Joseph, en particulier leur longue explication (v. 18-22), montre qu’une conscience chargée ne peut pas se trouver à l’aise devant Dieu. Un cœur qui ne connaît pas l’amour de Dieu, ne comprend pas les manifestations de son amour, et n’imagine pas être aimé, « ne connaissant pas que la bonté de Dieu le pousse à la repentance » (Rom. 2 : 4).
Le travail de Dieu a pour but de produire la paix dans le cœur. « Ayant donc été purifiés sur le principe de la foi, nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ » (Rom. 5 : 1). Notre paix avec Dieu est fondée sur le sang de Christ. Nous devons nous le rappeler souvent, et demander à Dieu de nous donner de jouir vraiment de la paix qu’Il a faite.
On retrouve en plusieurs endroits de la Parole un personnage anonyme présentant le rôle du Saint Esprit :
- En Jean 16 (v. 13-15), le Saint Esprit est appelé « l’Esprit de vérité ». Le Seigneur dit de lui : « Il prendra de ce qui est à moi, et vous l’annoncera » (v. 14). Le Père et le Fils sont les objets de notre adoration, mais c’est le Saint Esprit qui produit cette faculté d’adorer, et il agit en pleine communion avec les deux autres personnes de la divinité.
- En Luc 14 (v. 16-17, 21), il est assimilé à un esclave devant amener les gens au « grand souper » de Dieu, et à les contraindre d’entrer. C’est bien le rôle du Saint Esprit de contraindre les âmes d’accepter le salut par grâce.
- En Luc 10 (v. 30-35), dans la parabole du bon samaritain (type du Seigneur Jésus), il est comparé à un « hôtelier » prenant soin de l’homme blessé.
- En Luc 22 (v. 10), le Seigneur dit à ses disciples qu’un « homme portant une cruche d’eau » les guidera jusqu’à la maison où ils prépareront la pâque ; cet homme représente le Saint Esprit qui apporte aux croyants le rafraîchissement de la Parole.
- Ici (v. 24-25), le préposé sur la maison de Joseph prend soin des voyageurs, avec l’empressement de l’amour : on lave leurs pieds et du fourrage est fourni à leurs ânes. Ses soins parlent aux cœurs des frères de Joseph. Au chapitre 44, il parlera à leur conscience. À la Samaritaine, le Seigneur a d’abord parlé à son cœur, puis à sa conscience et, ainsi, l’a amenée à Lui.
À l’arrivée de Joseph, ses frères se prosternent encore devant lui (v. 26) et lui offrent le présent qu’ils avaient apporté. Mais Joseph poursuit son but : la restauration de ses frères. Quelle folie de vouloir donner quelque chose à Dieu pour « s’assurer » le salut ! C’est Lui qui donne gratuitement. S’il y avait eu une parcelle de « bon » sens en nous, le Seigneur n’aurait pas eu à souffrir la mort. Ils se jettent à terre devant Joseph. « L’orgueil va devant la ruine » (Prov. 16 : 18). Mais là, ils sont humiliés et en proie à la peur. Joseph s’enquiert de leur bien-être et de son père, montrant ainsi son affection pour lui (v. 27). Il pouvait craindre que ce vieillard meure entre-temps, mais il jouira de sa présence 17 ans encore. Il n’a jamais cherché la vengeance, mais le bien de ses frères, patiemment : « Ne rendez à personne mal pour mal... ne vous vengeant pas vous-mêmes, bien-aimés » (Rom. 12 : 17, 19). Les affections de Joseph sont profondes pour Benjamin - ce jeune frère, fils de sa propre mère, âgé d’une dizaine d’années lorsqu’il l’avait quitté et maintenant un homme. Son cœur est touché en le revoyant, et il se cache pour pleurer (v. 29-30) ; il est « ému jusqu’aux entrailles ». Les « entrailles » et les « compassions » de Dieu sont souvent associées dans la Parole (Es. 63 : 15 ; Jér. 31 : 20). « Par la profonde miséricorde de notre Dieu… l’Orient d’en haut nous a visités » (Luc 1 : 78). « Revêtez-vous donc, comme des élus de Dieu, saints et bien-aimés, d’une profonde miséricorde » (Col. 3 : 12).
Joseph dit : « Dieu te fasse grâce, mon fils ! » (v. 29b). Entendre Joseph parler de Dieu aurait dû le faire reconnaître de ses frères. Mais, comme les disciples sur le chemin d’Emmaüs, « leurs yeux étaient retenus, de sorte qu’ils ne le reconnurent pas » (Luc 24 : 16). À table avec Joseph, ils doivent manger « à part » (v. 32). Joseph les fait asseoir selon leur âge qu’il connaissait bien – encore un sujet d’étonnement pour eux (v. 33) ; qui est cet homme qui semble tout connaître sur eux ? -, et leur fait porter les mets de devant lui ; de plus, il octroie une part à Benjamin cinq fois plus grande.
Joseph verse les larmes de l’amour, mais en secret. Devant ses frères il doit encore se contenir (v. 31). Ce dernier mot rappelle le contrôle de soi, appelé tempérance dans le Nouveau Testament (Gal. 5 : 22 ; 2 Pier. 1 : 5).
La communion ne peut pas encore s’exprimer : le péché fait obstacle à la libre expression de la communion. Il peut arriver, dans nos relations fraternelles, que la communion pratique ne puisse pas, ou même ne doive pas, s’exprimer. Mais pour autant, l’amour ne doit jamais manquer.
D’un point de vue prophétique, les frères de Joseph représentent le peuple juif, avec qui Dieu n’a pas de relations actuellement, mais qu’Il aime toujours du même amour. Les relations reprendront après l’enlèvement de l’Eglise, et après un profond travail de conscience (Rom. 10). Les Juifs, selon ce chapitre, en sont à essayer d’établir leur propre justice, comme les frères de Joseph (43 : 18-22 ; 44 : 7-9).
Si l’on se rappelle qu’à ce moment-là les frères n’avaient pas encore reconnu Joseph, toute la scène pouvait bien les amener à se poser de sérieuses questions ; par exemple, pourquoi Benjamin recevait-il cinq fois plus que les autres ? Et Joseph, conduit par Dieu, dirige tout pour atteindre la conscience et le cœur des coupables. Il emploie tour à tour les accusations et les soins de bonté, selon la sagesse de Dieu, cette « sagesse d’en haut » qui est « premièrement pure, ensuite paisible, modérée, conciliante, pleine de miséricorde et de bons fruits, sans partialité, sans hypocrisie (Jac. 3 : 17).
Benjamin, innocent de leur ancien crime et du vol supposé de la coupe de Joseph, est accusé et menacé d’être retenu comme serviteur. Voici les frères de Joseph placés devant une situation qui les met à l’épreuve par rapport à leur frère plus jeune et par rapport à leur père, comme cela avait été le cas au chapitre 37.
Joseph a attendu que Dieu achève son travail dans le cœur et la conscience de ses frères, et il ne leur adresse aucun reproche.
Dès le verset 13, ils montrent qu’ils se soumettent à Dieu ; c’est à Lui qu’ils attribuent leurs circonstances. Ils s’humilient « sous la puissante main de Dieu » (1 Pi. 5 : 6). Ils réalisent qu’ils ne peuvent pas se justifier au fond, même si l’accusation contre Benjamin n’est pas juste.
Joseph leur dit : « Quelle action avez-vous faite ? Ne savez-vous pas qu’un homme tel que moi sait deviner ? » (v. 15). Juda répond?: « Que dirons-nous à mon seigneur ? Comment parlerons-nous, et comment nous justifierons-nous ? Dieu a trouvé l’iniquité de tes serviteurs » (v. 16). Voici le résultat du travail accompli par Dieu, par le moyen de Joseph, dans la conscience de ces hommes. C’est la repentance : ils confessent leur iniquité devant Dieu. « Sachez que votre péché vous trouvera » (Nom. 32 : 23). « Contre toi, contre toi seul, j’ai péché », dira David (Ps. 51 : 6). C’est le travail de Dieu après 20 années d’endurcissement, pendant lesquelles aucun regret ne s’est manifesté.
« Après que j’ai été converti (ou : après mon retour), je me suis repenti », lisons-nous en Jérémie 31 : 19. Le travail de Dieu produit d’abord un changement complet dans le jugement que l’on porte sur sa conduite et sur son état : c’est la conversion. Ensuite vient la repentance, la confession des fautes vues dans la lumière de Dieu.
La supplication poignante de Juda (v. 18-34)
Dans cette fin de chapitre, c’est Juda qui exprime les sentiments des dix frères, lui, l’homme qui a proposé de vendre Joseph, l’homme des péchés du chapitre 38. Mais c’est lui aussi qui s’est engagé auprès de son père au sujet de Benjamin (43 : 3-10). Ses paroles montrent leurs nouvelles dispositions envers leur plus jeune frère et envers leur père.
Mais les frères de Joseph, sans pitié pour lui autrefois, plaident ardemment pour Benjamin et pour leur père. Le travail divin dans leur cœur s’achève (v. 16-34). Ils ont dépouillé tout égoïsme, et Juda, autrefois l’instigateur de leur péché contre Joseph (37 : 26-27), plaide maintenant avec beaucoup de chaleur pour leur père et Benjamin. Dieu se sert des circonstances difficiles ou injustes pour nous ramener à Lui (Jér. 3 : 21-23). « L’Éternel a donné, et l’Éternel a pris, que le nom de l’Éternel soit béni », a dit Job (Job 1 : 21).
Ce que rapporte Juda n’est pas la confession détaillée de leurs fautes, mais la preuve du changement complet des dispositions de leurs cœurs, contrastant avec la si grande cruauté qu’ils avaient montrée au chapitre 37. Maintenant, Juda est prêt à renoncer à sa liberté pour délivrer son père et son frère. Il faut noter que Juda dit plusieurs fois « mon père », traduisant d’une manière touchante sa réelle affection. Ce changement témoigne de la réalité de leur repentance.
Du point de vue prophétique, on peut se rappeler que le peuple d’Israël devra être amené, dans l’humiliation, à reconnaître ce qu’il a fait à son Seigneur, maintenant glorifié : « Le Dieu de nos pères a ressuscité Jésus... que vous avez fait mourir… C’est lui que Dieu a exalté par sa droite Prince et Sauveur, afin de donner à Israël la repentance et le pardon des péchés » (Act. 5 : 30-31).
D’après des notes prises lors de réunions d’étude de la Parole
À suivre (27-04) : Genèse 45-46