NOTES SUR LE LIVRE DE LA GENÈSE (ch. 32 à 36)
GENÈSE 32
Jacob placé sous la protection de l’armée de Dieu (v. 1-3)
Fébrilité et prière de Jacob (v. 4-13)
Précautions inutiles (v. 14-24)
Lutte de Jacob à Peniel (v. 25-33)
GENÈSE 33
La rencontre de Jacob avec Ésaü (v. 1-16)
Succoth et Sichem (v. 17-20)
GENÈSE 34
Séduction et déshonneur (v. 1-7)
Les offres du monde (v. 8-24)
Une violence inique (v. 25-31)
GENÈSE 35
Conditions pour monter à Béthel (v. 1-5).
Les promesses pour Israël (v. 6-7, 9-15).
Deuils successifs et naissance de Benjamin (v. 8, 16-29)
GENÈSE 36
La descendance d’Ésaü (v. 1-43)
À Béthel, Dieu avait fait cette promesse à Jacob : « Je suis avec toi... » (28 : 15). Alors qu’il prend maintenant toutes les précautions pour se concilier la faveur de son frère, c’est l’Éternel qui va le préparer à cette rencontre avec Ésaü. Et c’est Dieu lui-même qui va rencontrer Jacob à Peniel (v. 25-33).
Jacob placé sous la protection de l’armée de Dieu (v. 1-3)
Les anges accueillent Jacob sur la route de retour vers le pays de la promesse, après 20 ans passés dans le monde ; cela rappelle le retour du fils prodigue vers son père qui court à lui et le couvre de baisers (Luc 15 : 20). Déjà, dans le songe de Jacob à Béthel, des anges montaient et descendaient sur une échelle dressée jusqu’aux cieux (28 : 12). Avant le départ de Jacob de Canaan, Dieu montrait ainsi, par cette vision des anges, ceux qu’Il allait employer pour prendre soin de lui pendant son exil. Les anges sont « tous des esprits administrateurs, envoyés pour servir en faveur de ceux qui vont hériter du salut » (Héb. 1 : 14).
Lorsque Jacob s’enfuyait de devant Ésaü, l’Éternel lui avait promis de le garder et de le ramener (28 : 15). Et Dieu a été fidèle à sa promesse, car Il l’a gardé, et maintenant Il le ramène. Mais, malgré la protection évidente de Dieu, Jacob se confie dans ses propres calculs.
Jacob a reconnu « l’armée de Dieu » dans les anges venus à sa rencontre à Mahanaïm (v. 3). Cela aurait dû chasser sa crainte, mais nous lisons plus loin : « Jacob eut très peur et fut dans l’angoisse » (v. 8). Vingt ans auparavant déjà, Jacob était dans la peur dans la présence de Dieu (28 : 17). Il a encore des progrès à faire pour que cette peur disparaisse.
Fébrilité et prière de Jacob (v. 4-13)
En bénissant Jacob, Isaac avait dit : « Sois le maître de tes frères, et que les fils de ta mère se prosternent devant toi ! » (27 : 29). Or, lorsqu’il envoie des messagers vers Ésaü, nous ne voyons pas de dignité dans les paroles qu’il demande de transmettre à son frère (v. 4-5). Il use de flatteries : « mon Seigneur », « ton serviteur ». Parti à vide, il revient avec beaucoup de richesses et il pense qu’il sera bien considéré par son frère. Il va préparer également beaucoup de présents pour chercher à apaiser Ésaü (v. 14-16, 21).
De retour de leur visite à Ésaü, les messagers de Jacob lui apportent des nouvelles inquiétantes : Ésaü vient lui-même à sa rencontre avec 400 hommes (v. 7) ! Au lieu d’échafauder tous ces plans, Jacob dont la conscience n’est pas à l’aise vis-à-vis de son frère, n’aurait-il pas dû se préparer à lui confesser sa faute ? Il aurait alors glorifié Dieu, et peut-être gagné son frère. Spirituellement, leur rencontre sera un échec et consacrera leur séparation (33 : 16).
Jacob n’est pas affranchi de la crainte de l’homme. Angoissé, il tremble à la perspective de se retrouver face à Ésaü qui vient à sa rencontre. Pourtant, que pouvaient son frère et ses 400 hommes contre les armées de l’Éternel que Jacob venait de voir à Mahanaïm ?
Jacob partage le peuple qui est avec lui, ainsi que les troupeaux, en deux bandes, espérant que si l’une est frappée par Ésaü, l’autre pourra échapper (v. 8-9). Ne lui ressemblons-nous pas parfois ? Au lieu de faire des plans pour nous délivrer des difficultés que nos propres fautes ont amenées, savons-nous tout remettre à Dieu et nous reposer uniquement sur Lui ?
Dans l’épreuve qui se renforce, Jacob prie maintenant son Dieu (v. 10-13). Après Béthel, il avait fait un marché avec Dieu (28 : 20-22). Ici, il rappelle les promesses de Dieu, les bénédictions dont Il l’a comblé et il demande la délivrance. Il a l’assurance de l’amour de Dieu, mais il lui manque le jugement de lui-même, car il n’a pas réglé ses voies devant Dieu.
Après avoir prié, Jacob ne se confie pas vraiment en Dieu. La paix de Dieu ne remplit pas son cœur (voir Phil. 4 : 7). Au lieu d’aller en paix vers Ésaü, afin de confesser son péché, Jacob cherche par des moyens humains à détourner sa colère. N’est-ce pas ce que nous faisons souvent ? Nous prions, mais ensuite nous agissons selon nos propres plans, au lieu de tout remettre au Seigneur, comme nous y sommes exhortés : « rejetant sur [Dieu] tout votre souci, car il prend soin de vous » (1 Pi. 5 : 7).
C’est durant la nuit que Jacob a échafaudé ses plans. À quoi passons-nous les veilles de la nuit ? Une autre nuit, à l’issue bénie, attend Jacob (v. 25). Ce n’est pas Ésaü qu’il va rencontrer premièrement, mais Dieu Lui-même.
Précautions inutiles (v. 14-24)
Bien qu’il vienne d’avoir recours à la prière, Jacob recommence aussitôt ses arrangements. Il oublie que Dieu tient le cœur des hommes dans sa main ; « il l’incline à tout ce qui lui plaît » (Prov. 21 : 1). L’Éternel n’avait pas besoin des présents de Jacob pour incliner le cœur d’Ésaü en sa faveur.
Au lieu de « rejeter son fardeau sur l’Éternel » pour être secouru (Ps. 55 : 22), Jacob poursuit son plan : il prépare de riches présents, et les partage entre ses serviteurs, afin qu’ils aillent, en laissant une distance entre eux, les présenter à Ésaü. « Je l’apaiserai par le présent qui me précède, et après cela je verrai son visage ; peut-être qu’il m’accueillera favorablement », pense-t-il (v. 21). Oubliant que toutes ses ressources sont en Dieu, il trahit par cette parole le vrai fondement de sa confiance.
Puis Jacob se lève cette nuit-là, prend ses deux femmes, ses deux servantes et ses onze enfants ; il leur fait passer le gué de Jabbok, ainsi que tout ce qui est à lui (v. 22-23) Il reste seul en arrière.
Lutte de Jacob à Peniel (v. 25-33)
« Jacob resta seul » (v. 25). Dieu permet qu’il y ait des circonstances pour que nous soyons seuls avec Lui. Recherchons de tels moments pour entendre ce qu’Il a à nous dire, et pour Lui parler. Or dans ce monde, tout est fait pour que l’homme ne soit jamais seul.
Dieu va arrêter Jacob pour qu’il aille au fond des choses. Il y a 20 ans que ce péché n’est pas jugé, confessé, mais le temps n’a jamais effacé un seul péché. Il ne peut être réglé qu’en revenant vers Dieu.
Cette scène mémorable comporte deux actes :
- Dieu, sous une forme angélique, lutte avec Jacob (v. 24) car il faut que le patriarche apprenne que la force de l’homme et la volonté de la chair sont inimitié contre Dieu. L’Éternel Lui-même ne peut dompter, changer, assujettir cette mauvaise nature ; il faut qu’Il la brise et il lui suffit pour cela de toucher l’emboîture de la hanche, siège de la force de Jacob (v. 26).
- Dans le brisement du moi, la foi de Jacob se développe. C’est lui qui maintenant lutte avec Dieu, lui demandant la bénédiction (v. 27).
Osée 12 éclaire ce passage : « Par sa force [Jacob] lutta avec Dieu » ; oui, il lutta avec l’Ange et fut vainqueur : il pleura et le supplia » (v. 4-5). Jacob lutte avec Dieu dans l’énergie de la foi. « Je ne te laisserai pas aller sans que tu m’aies béni » (Gen. 32 : 26). Maintenant il veut recevoir la bénédiction de Dieu seul et non par des moyens humains. Cette foi que Dieu donne, Il la reconnaît comme une victoire sur Dieu et les hommes.
À la question de Dieu à Jacob : « Quel est ton nom ? », celui-ci répond « Jacob », le supplanteur (v. 28). Il ne cache plus son état. Il avait menti deux fois à son père, en prétendant être Ésaü. Devant Dieu maintenant, il reconnaît son vrai nom ! Alors, Dieu lui donne un nouveau nom : « Israël » (celui qui lutte victorieusement avec Dieu, ou prince de Dieu). C’est le témoignage d’une nouvelle relation. La force du supplanteur fait place à la puissance infinie de la foi. Il a été dit à Paul par le Seigneur : « Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse » et l’apôtre dira : « Lorsque je suis faible, alors je suis fort » (2 Cor. 12 : 9-10).
L’Éternel avait changé le nom d’Abram en Abraham, et celui de Saraï, en Sara. Contrairement à Abraham qui sera ensuite toujours appelé ainsi, Jacob sera appelé tantôt Israël, tantôt Jacob, suivant le caractère qu’il prend. Cependant, malgré des faiblesses, un pas décisif a été fait ; c’est maintenant un chemin montant.
Ces changements de noms indiquent toujours une nouvelle relation avec Dieu. Si nous nous obstinons à lutter contre Dieu, Il finit toujours par nous briser ; mais c’est toujours pour faire quelque chose de bon (voir És. 28 : 18, 29). Jacob a prévalu sur Dieu, non en ce qu’il a soutenu un long combat contre Lui, mais parce qu’il a pleuré et supplié (verset d’Osée rappelé plus haut).
Jacob réclame une bénédiction (v. 27b) : c’est de cette façon qu’il a incliné le cœur de Dieu à le bénir : « Et il le bénit là » (v. 30c). C’est après que Dieu a lutté avec Job qui se justifiait, que celui-ci a été délivré de lui-même, et a dit : « J’ai horreur de moi… » (Job 42 : 5-6). Quand Dieu nous discipline, c’est pour que nous confessions ce qui ne convient pas dans notre vie et c’est pour nous « faire du bien à la fin » (Deut. 8 : 16).
« Le soleil se levait sur lui comme il passait Peniel » (v. 32). La lumière divine s’est enfin levée sur Jacob. Dieu n’a pas permis qu’il entre dans le pays promis avant de l’avoir rencontré. Il nous faut souvent avoir ces rencontres intimes avec le Seigneur pour nous remettre dans son chemin.
La rencontre de Jacob avec Ésaü (v. 1-16)
Jacob va rencontrer son frère qui approche avec son importante troupe. Aussi Jacob est-il rempli de crainte. Il prend alors lui-même des dispositions, ignorant que Dieu a déjà changé les pensées d’Ésaü envers lui. Il dispose sa famille dans l’ordre croissant de son attachement aux personnes : d’abord les servantes et leurs enfants, puis Léa et ses enfants, et enfin Rachel et Joseph qu’il veut protéger plus que les autres, car il sait que Joseph est le seul héritier des promesses. Puis Jacob passe devant eux (v. 3). Et lui, le béni de l’Éternel, se prosterne sept fois devant son frère qu’il appelle ensuite « mon seigneur », se nommant lui-même « son serviteur » (v. 8, 14). Jacob perd là toute sa dignité ! Il changera d’attitude plus tard lorsque Joseph le présentera au Pharaon : plein de la dignité conférée par sa place de béni de l’Éternel, il ne se prosternera pas, lui, le berger, devant le roi le plus puissant d’alors (47 : 7-10) !
La rencontre avec Ésaü se passe bien différemment de ce que prévoyait Jacob. Venu vraisemblablement pour le détruire ainsi que sa famille, Ésaü, en qui Dieu a travaillé, se jette au cou de son frère et « ils pleurèrent » (v. 4). Jacob espérait apaiser son frère avec le présent qu’il lui avait envoyé (32 : 20). Mais tout ce qu’il voulait offrir ne sert à rien : Ésaü n’y prête aucune attention. C’est Dieu qui a permis cet accueil favorable.
Néanmoins, Jacob trompe encore son frère, en prétendant le rejoindre à Séhir, alors qu’il sait qu’il revient au pays de la promesse. Il prétend qu’une grande partie du troupeau mourrait s’il le pressait un seul jour (v. 13-14) ; or, il n’avait pas craint de le presser dans sa fuite de chez Laban… Il perd l’occasion d’un témoignage fidèle et clair, alors qu’il aurait dû glorifier Dieu. Asaph écrira bien des années plus tard : « Le Dieu fort, Dieu, l’Éternel, a parlé… Moi, je suis Dieu, ton Dieu… Invoque-moi au jour de la détresse : je te délivrerai, et tu me glorifieras » (Ps. 50 : 1, 7, 15). Le vieux Jacob se manifeste encore. L’action de Dieu sera longue en Jacob, mais à la fin, il sera dit : « Il adora appuyé sur le bout de son bâton » (Héb. 11 : 21).
Jacob réalise difficilement qu’il doit se rendre à Béthel où Dieu l’appelle. Il s’arrête à Succoth, à l’est du Jourdain. Il y bâtit une maison pour lui et des cabanes pour son bétail. Cependant, la conscience mal à l’aise sans doute, il décide d’entrer en Canaan et installe sa tente aux portes de Sichem, y achète un champ et bâtit un autel.
Dans ces différentes étapes, Jacob perd son caractère de pèlerin, en recherchant un certain confort en deçà du Jourdain. Ce n’était pas là que Dieu le voulait, mais à Béthel, la maison de Dieu où il s’était révélé à lui : « Je suis le Dieu de Béthel » (31 : 13). Jacob semble vouloir sanctifier sa possession en y bâtissant un autel qu’il nomme : « Dieu, le Dieu d’Israël » (v. 20), allusion au nouveau nom que Dieu lui a donné. Plus tard, ce champ recevra les os de Joseph (Jos. 24 : 32). Il est toujours dangereux d’être moralement près du monde ; les difficultés ne tardent pas à se manifester (ch. 34). Si nous sommes « amis du monde », nous devenons « ennemis de Dieu » (Jac. 4 : 4). Abraham avait également acheté un champ (23 : 17-19), mais ce patriarche pensait à la résurrection et à la possession future du pays. Et, là, il a enterré sa femme. Ces croyants de l’Ancien Testament étaient détachés des choses de la terre où ils se considéraient comme étrangers (Héb. 11 : 9-16).
Séduction et déshonneur (v. 1-7)
Des choses profondément tristes vont se passer alors que Jacob est établi à Sichem, dans un lieu où il n’aurait dû être qu’un voyageur. Ce récit nous met en garde contre les graves conséquences pouvant survenir dans nos familles si nous nous installons quelque peu dans le monde. Sichem était bien dans le pays promis, mais toujours aux mains des Héviens, qui représentent ici le monde dont nous devons être séparés. Le monde, c’est un système organisé sans Dieu ; le Seigneur y a été crucifié, la notion du mal y est perdue. L’existence du chrétien se passe dans le monde, avec certaines obligations (1 Cor. 5 : 10 ; Rom. 12 : 2, 18), mais il en a été retiré moralement par l’œuvre de Christ (Gal. 1 : 4). Jésus a dit, en parlant des siens : « Eux sont dans le monde… ils ne sont pas du monde » (Jean 17 : 11, 16).
Si près de la ville, Dina décide d’aller « voir les filles du pays » (v. 1). Mais c’est « Sichem, fils de Hamor, prince du pays » qui « la vit et la prit » (v. 2). De fait, elle est très vite humiliée. Dina est entrée dans le monde corrompu et y a rencontré la souillure, le déshonneur pour elle et sa famille. Outre sa faute, peut-être due à son inexpérience et à sa sottise, il y a la responsabilité de son père qui s’est installé à proximité de Sichem. Les conséquences en seront la violence et le meurtre. Les enfants aussi ont leur part de responsabilité, quant à leur comportement. En effet, s’ils s’égarent dans de mauvais chemins, ce n’est pas toujours la faute des parents. Chacun pour lui-même a affaire au Seigneur : « N’entre pas dans le sentier des méchants… » (Prov. 4 : 14-16). C’est pour le bien de leurs enfants que les parents doivent veiller sur leurs relations. « Les mauvaises compagnies corrompent les bonnes mœurs » (1 Cor. 15 : 33).
Sichem semble être sincère quant à ses sentiments pour Dina : « Son âme s’attacha à Dina, fille de Jacob, et il aima la jeune fille, et parla au cœur de la jeune fille » (v. 3). Dina elle-même a été séduite. Si nous laissons agir le vieil homme en nous, il nous mènera dans le monde et à ses séductions dangereuses, car, ensuite, il est très difficile de s’en arracher.
Sichem demande à son père d’avoir Dina pour femme. Hamor et son fils poussent alors Jacob et sa famille à s’allier avec eux (v. 9). Le monde tend toujours ce même piège aux croyants. Aimons tous les hommes, comme le fait le Seigneur, mais sans nous allier à eux. Hamor ajoute : « Habitez avec nous » ; c’est la suite logique du piège, alors que les croyants doivent garder leur caractère d’étrangers et de pèlerins. L’exemple de Joseph est édifiant : « Il refusa » les avances de la femme de Potiphar, « il ne l’écouta pas », « il s’enfuit… » (39 : 8-12).
Les incroyants « trouvent étrange que vous ne couriez pas avec eux dans le même débordement de corruption », dit l’apôtre Pierre aux chrétiens (1 Pi. 4 : 4) ; mais le chrétien a affaire à son Seigneur.
Une violence inique (v. 25-31)
Les frères de Dina, Siméon et Lévi, furieux de l’outrage fait à leur sœur, usent de violence et de ruse. Ils deviennent des meurtriers et attirent sur eux la malédiction de leur père.
Ces deux fils de Jacob osent parer de « religion » leur tromperie, alors que, même circoncis, les Sichémistes ne seraient pas devenus des descendants d’Abraham.
Siméon et Lévi ont agi de façon violente. Ruben (v. 22) et Juda (38 : 2) agiront de façon corrompue. Violence et corruption : deux grands caractères moraux du monde selon Genèse 6 : 11. Quelle tristesse de les voir chez ceux qui appartiennent à Dieu !
Voilà l’affligeant résultat du comportement insensé de Dina, la fille de Jacob : le malheur tombe sur toute une famille humainement innocente, solennel avertissement pour chacun d’entre nous et spécialement pour nos jeunes !
Au lieu de penser à Dieu d’abord, Jacob pense premièrement à lui-même et au trouble qui résulte pour lui de tous ces événements (v. 30-31). C’est ce que nous devons faire en toute circonstance : Dieu d’abord.
Au chapitre 49 : 5, Jacob parle de Siméon et Lévi, et annonce que, en châtiment de leur violence, ils seront séparés dans la répartition du territoire : effectivement, Siméon n’a pas eu de territoire propre, on lui a donné une partie de celui de Juda, tout au sud. Et Lévi n’a pas eu de territoire, mais à la suite de la fidélité des hommes de cette tribu (Ex. 32 : 26-29), l’Éternel a été son héritage.
Quant à Siméon, dans la future répartition du pays d’Israël, entre le territoire échu à la tribu de Benjamin et celui donné à celle d’Issacar, nous lisons qu’il y aura « une part pour Siméon » (Ézé. 48 : 24-25).
Au-dessus de ces tristes faits, au sein desquels Dieu doit agir en gouvernement, brille sa grâce ! Le péché de l’homme n’arrête pas la grâce de Dieu, et celle-ci ne diminue pas la gravité du péché de l’homme.
Conditions pour monter à Béthel (v. 1-5).
L’Éternel s’adresse une fois de plus à Jacob, et lui donne un commandement (v. 1) :
- « Lève-toi » : il ne doit plus rester à Sichem (image du monde) ;
- « monte » : la pensée de Dieu est toujours que nous montions spirituellement ;
- « à Béthel » : le lieu choisi par Dieu (Deut. 12), la maison de Dieu ;
- « habite là » : le seul lieu d’habitation morale ;
- « fais-y un autel » : le seul vrai lieu pour l’adoration ;
- « au Dieu qui t’est apparu... » : le rappel du péché de Jacob et des soins de Dieu, d’un Dieu connu personnellement, et adoré collectivement.
Jacob comprend qu’avant d’adorer, avant même de partir de Sichem il doit se purifier, avec toute sa famille (v. 2). Aussi donne-t-il l’ordre à tous les siens de se purifier des faux dieux pris chez Laban. Il parle avec autorité en associant sa famille à sa volonté de purification. Et sa famille obéit de cœur en ôtant les « dieux étrangers » (ce qui prend la place de Dieu dans nos cœurs) et les « anneaux qui étaient à leurs oreilles » (ce qui cultive la vanité et détourne le cœur de la vérité) (v. 4). De tels anneaux seront à l’origine du veau d’or (Ex. 32), et aussi de l’éphod de Gédéon (Jug. 8). Leurs vêtements aussi ont été changés (v. 2) ; sachons montrer plus clairement par notre comportement et nos habitudes ce dont Christ nous a revêtus :
- « Vous tous qui avez été baptisés pour Christ, vous avez revêtu Christ… vous êtes un dans le Christ Jésus » (Gal. 3 : 27-28).
- « La vérité est en Jésus… d’avoir revêtu le nouvel homme, créé selon Dieu, en justice et sainteté de la vérité » (Éph. 4 : 21, 24).
- « Revêtez-vous donc, comme des élus de Dieu… de bonté, d’humilité, de douceur, de patience… Par-dessus tout cela, revêtez-vous de l’amour, qui est le lien de la perfection » (Col. 3 : 12-14).
Il est important que nous soyons continuellement exercés quant à la purification, ôtant de nos maisons et de nos cœurs tout ce qui pourrait prendre la place du Seigneur. En particulier, il doit y avoir un exercice tout le long de la semaine en vue du culte le dimanche matin. Il ne faut pas attendre le dernier moment. La communion avec le Seigneur dans toute la vie, et spécialement dans le culte, dépend du jugement profond de nous-mêmes (1 Cor. 11 : 28). Tout doit être confessé et mis en ordre.
Il y a dans ce récit une exhortation sérieuse aux chefs de famille. L’obéissance conduit à la bénédiction. Dieu bénit et aide Jacob. Il le délivre des dangers qu’il redoutait (34 : 30) : « On ne poursuivit pas les fils de Jacob » (v. 5).
Les promesses pour Israël (v. 6-7, 9-15).
Jacob revient à Béthel, d’où il était parti (ch. 28) et y bâtit un autel, comme Dieu l’avait dit. Il avait eu un autel à Sichem (33 : 20), mais il y avait adoré Dieu à cause des délivrances qu’il avait reçues. Ici, il fait un progrès : il adore Dieu pour ce qu’Il est dans sa grandeur. Nous devons aussi progresser dans la connaissance de Dieu ; d’abord Celui que nos parents nous ont appris à connaître, puis Celui qui nous accorde son secours, et dont nous discernons maintenant la grandeur.
Le nom de Béthel est employé sept fois dans ce chapitre, indiquant successivement :
- le lieu où Dieu ordonne d’aller (v. 1) ;
- le lieu où l’on ne peut aller qu’après s’être purifié (v. 3) ;
- le lieu tel qu’il est pour Dieu, et non tel qu’il est pour l’homme : Béthel et non Luz (v. 6) ;
- le lieu où l’on adore Dieu (v. 7) ;
- le lieu des dépouillements (v. 8) ;
- le lieu où Dieu se révèle (v. 9-15) ;
- les soins de Dieu après Béthel, la poursuite de la discipline (v. 16-20).
Les versets 9 à 15 prolongent les versets 24 à 31 du chapitre 32. Au chapitre 28, Dieu avait fait à Jacob la promesse de le garder et de le ramener. Au chapitre 32, Dieu avait déjà donné le nom d’Israël, mais n’avait pas pu lui révéler son propre nom. Maintenant Dieu doit redire à Jacob qu’il a changé son nom, car le patriarche ne l’avait pas réalisé pendant tout ce temps. (Jacob n’est pas appelé Israël dans les chapitres 32, 34 et 35 : 1-9). En revanche, ce nouveau nom lui est donné trois fois dans le chapitre 35 (v. 21 et 22). Ce changement représente le nouvel homme prenant la place du vieil homme. Et c’est après toutes les leçons des chapitres 33 et 34 que Dieu dit à Jacob : « Je suis le Dieu Tout-puissant » (v. 11), comme Il l’avait dit à Abraham (17 : 1), et comme Isaac l’avait appris (28 : 3). Dieu ajoute à cette révélation personnelle la confirmation des promesses de bénédictions terrestres. Quant à nous, croyants, nous avons reçu des bénédictions célestes. Dans un sens nous les possédons déjà par la foi (Éph. 1) ; dans un autre sens, nous les posséderons au ciel (1 Pi. 1 : 3-4).
Remarquons le lien, depuis le début du chapitre, entre l’obéissance, le lieu où l’on habite ; la purification, le lieu où l’on adore ; la révélation de Dieu, et la bénédiction.
Le nom de Tout-puissant convenait aux relations entre Dieu et les siens à cette époque. Le nom merveilleux qui convient actuellement aux relations entre Dieu et les croyants est celui de Père.
Jacob montre son appréciation de cette révélation et de ces promesses : il répand une libation et verse de l’huile (v. 14) ; il exprime sa reconnaissance et sa joie. Il ne tremble pas comme auparavant (28 : 17). Le travail de Dieu a porté ses fruits. L’ordre des événements le montre : au chapitre 28, Jacob sort, et alors Dieu le rencontre sur son chemin ; ici, Dieu parle d’abord, Jacob obéit, Dieu se révèle et bénit.
Deuils successifs et naissance de Benjamin (v. 8, 16-29)
- La nourrice de Rebecca (v. 8) :
Debora avait accompagné Rebecca depuis son départ de la Mésopotamie jusqu'à sa première rencontre avec Isaac (24 : 59). Sa mort rompt pour Jacob le dernier souvenir vivant de sa mère qu’il n’avait pas revue. Debora est enterrée à Allon-Bacuth (« chêne des pleurs »), « au-dessous de Béthel ».
- Rachel (v. 19) :
La mort de Rachel est douloureuse pour Jacob. Il la rappellera avec larmes au chapitre 48 : « Et moi... comme je venais de Padan, Rachel mourut auprès de moi » (v. 7). Ces points de suspension au début du verset rappellent un sanglot de Jacob ! À la fin de sa vie, son chagrin restait le même pour son épouse bien-aimée.
La mort de Rachel en donnant naissance à Benjamin est prophétique. On trouve la même pensée en Apocalypse 12 : 1, 5 : la femme « en grand tourment pour enfanter » (v. 2) est un type de la nation juive qui est jusqu’à ce jour dans les souffrances, n’ayant pas reconnu Christ comme son Messie. Dans l’esprit des Juifs, l’enfant mâle « qui doit faire paître toutes les nations avec une verge de fer » (v. 5) n’est pas encore né. Mais lorsque le résidu croyant reconnaîtra que le Messie, c’est Jésus, il se repentira. Alors, l’ancien état d’Israël disparaîtra (c’est Rachel qui meurt), et le Seigneur prendra sa vraie place dans l’esprit des Juifs : « fils de la droite » du Père (Ps. 110 : 1). Comme le Seigneur, Benjamin est né à Bethléem qui est Éphrata (Mich. 5 : 2). Si Joseph est un type du Seigneur souffrant et rejeté de ses frères, Benjamin représente Christ triomphant de ses ennemis (Apoc. 19 : 11-16). Rachel appelle son fils « fils de ma peine » ; c’est le côté de la nation souffrante parce qu’elle n’a pas reconnu son Messie, L’a rejeté et mis à mort. Jacob l’appelle « fils de ma droite », c’est le côté de Dieu. Le résidu croyant recevra le Seigneur Jésus comme son Messie lorsqu’Il viendra avec puissance les délivrer et établir son règne millénaire.
- Isaac (v. 29) :
Isaac dont on n’entendait plus parler depuis le chapitre 28, meurt et est enterré dans le même tombeau qu’Abraham et Sara. Rebecca y sera enterrée aussi, et Jacob y ensevelira également Léa. À son tour, Jacob y sera enterré (49 : 29-31 ; 50 : 13). Quant à Joseph, les fils d’Israël, à leur retour d’Égypte, enterreront ses os à Sichem (Jos. 24 : 32). C’est à l’occasion de la mort d’Isaac que Jacob et Ésaü, se retrouvent pour la dernière fois, avant de se séparer définitivement (36 : 6-8).
Le verset 22 dévoile le caractère indigne de Ruben vis-à-vis de son père. Jacob ne semble pas réagir, mais il ne l’oubliera pas, et ôtera à Ruben son droit de premier-né auquel se rattachaient des bénédictions spécifiques ; longtemps après, il en sera toujours outré (49 : 3-4). Son droit d’aînesse sera attribué aux fils de Joseph, qui reçut une double part en Éphraïm et Manassé qui deviendront deux tribus, tandis que Joseph ne sera pas nommé dans la généalogie d’Israël, pas plus que Lévi qui sera dispersé dans les autres tribus pour y exercer le sacerdoce (Ex. 32 : 26-28 ; Deut. 33 : 8-11). Il y aura donc toujours, malgré ces changements, douze tribus. Cependant la primogéniture fut donnée à Juda, car c’est de lui que devait naître le Seigneur (1 Chr. 5 : 1, 2 ; Matt. 1 : 2). Le péché de Ruben a eu des conséquences définitives prolongées. Il ne s’est pas purifié de sa faute, et ses frères sont restés muets. De tous les fils de Jacob, seul Benjamin est né dans le pays de Canaan (sur le chemin d’Éphrath) (35 : 16-19).
Jacob, revient à Hébron où avait vécu Abraham, dans une heureuse communion avec Dieu, et où vivait encore Isaac (v. 27). Ayant retrouvé la communion, il revient au lieu où il pourra lui-même en jouir avec son Dieu.
La descendance d’Ésaü (v. 1-43)
Ce chapitre est tout entier consacré à Ésaü. En prenant des femmes étrangères (v. 2), il a provoqué « l’amertume d’esprit » de ses parents (26 : 34-35). C’est un homme profane et ses descendants deviendront des ennemis acharnés d’Israël. Ésaü se retire dans le monde, manifestant qu’il ne pouvait pas marcher avec le croyant Jacob, son frère. En quittant volontairement Canaan, il s’enfonce dans un désert où il n’y a pas de rafraîchissement pour l’âme, car les sources qu’on y trouve sont « chaudes » (v. 24). Le monde n’offre aucun rafraîchissement pour nos âmes. En Canaan, au contraire, on s’abreuve à des sources fraîches et à des eaux profondes (Deut. 8 : 7). Le Seigneur est pour nous la source des eaux vives dont nos âmes ont besoin chaque jour.
Dans sa bonté envers tous les hommes, Dieu a donné le pays de Séhir à Ésaü (Deut. 2 : 5). Ésaü le conquiert sur les Horiens (v. 20), tout en s’alliant par mariage avec ce peuple. Ésaü a eu peut-être cinq femmes. Le peuple d’Édom sera jugé par le Seigneur lui-même, à la fin, et « il n’y aura pas de reste de la maison d’Ésaü » (Abd. 18).
Dans la longue généalogie de ce chapitre 36, les chefs et les rois sont soigneusement mentionnés ; ce peuple ne se soumet pas à l’autorité de Dieu, mais trouve en lui-même la source de l’autorité. Lorsque les Israélites ont demandé un roi, l’Éternel a dit à Samuel : « Ce n’est pas toi qu’ils ont rejeté, mais c’est moi » (1 Sam. 8 : 7). Ce peuple orgueilleux prospère sur la terre selon l’état décrit au début du Psaume 73 ; pour comprendre leur fin, il faut entrer « dans les sanctuaires de Dieu » (v. 17). Cette prospérité trompeuse se termine par la destruction.
L’un des descendants d’Ésaü (Éliphaz), non marié, devient le père d’Amalek (v. 12, 16), d’où est issu le peuple qui a attaqué Israël dès ses premiers pas dans le désert (voir Ex. 17 : 8-14 ; Deut. 25 : 17-19). Contre ce peuple (une image de Satan agissant par le moyen de la chair), il y a « guerre de génération en génération » (Ex. 17 : 16). Nom. 24 : 18-20 contient une prophétie contre Édom et Amalek dont il est dit que « sa fin sera la destruction » car, précise Balaam, « Israël agira avec puissance ».
D’après des notes prises lors de réunions d’étude de la Parole
À suivre (16-03) : Genèse 37-38