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POUR MIEUX COMPRENDRE LA FOI CHRÉTIENNE (9-10)


CHAPITRE 9 - Élection, grâce et responsabilité
QUESTIONS
Chapitre 10 – Israël et l’Église : deux peuples bien distincts
QUESTIONS

 

CHAPITRE 9 - Élection, grâce et responsabilité

            
Deux grands faits forment la base des relations de Dieu avec les hommes :
                   - premièrement, Dieu est absolument souverain ;
                   - deuxièmement, l’homme est une créature intelligente avec des facultés morales, et responsable envers son Créateur.

                        Souveraineté de Dieu et responsabilité de l’homme

            Mais ces deux faits, la souveraineté de Dieu d’une part, la responsabilité de l’homme de l’autre, ont toujours présenté une difficulté à certains esprits. Entre la souveraineté de Dieu qui s’exprime dans l’élection de plusieurs pour la bénédiction, et l’offre libre de la grâce qui s’adresse à tous, il semble y avoir une contradiction difficile à expliquer.
            Naturellement, si, selon les circonstances, nous renonçons à l’un de ces faits en faveur de l’autre, la difficulté peut sembler disparaître. Mais agir ainsi implique de sacrifier une partie de la vérité, ce que nous n’avons pas le droit de faire. Nous devons donc accepter ces deux faits qui sont tous les deux établis par l’Écriture, et nous devons humblement chercher la solution divine, assurés que la seule véritable difficulté vient de l’étroitesse de nos esprits et de leur incapacité à saisir les pensées de Dieu. Il suffit d’ouvrir nos Bibles pour trouver ces deux vérités :
                   - la première se trouve en Genèse 1 : 1 : « Au commencement Dieu créa les cieux et la terre » ;
                   - la seconde au verset 26 : « Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu’ils dominent ».
            L’homme a été fait à l’image de Dieu, c’est-à-dire comme représentant de Dieu dans la création. Étant à l’origine une créature libre, intelligente et morale, il était aussi selon la ressemblance de Dieu. Et même tombé dans le péché, sa responsabilité demeure.
            Il serait difficile de trouver une confession plus précise de la souveraineté de Dieu que celle de Nebucadnetsar, le grand monarque païen en qui la souveraineté humaine atteignit son expression la plus élevée. Il a dit de Dieu : « Il agit selon son bon plaisir dans l’armée des cieux et parmi les habitants de la terre ; et il n’y a personne qui puisse arrêter sa main et lui dire : Que fais-tu ? » (Dan. 4 : 35).
            Pouvons-nous trouver une démonstration plus saisissante de la responsabilité de l’homme après sa chute que celle que Paul donne pour prouver la ruine complète de l’humanité (Rom. 1 : 18 à 3 : 19). Si le péché et la dégradation morale annulaient la responsabilité d’un homme, il serait excusé pour son état, mais ce n’est pas le cas : sa responsabilité demeure, si bien que même le païen le plus dégradé est « sans excuse ».

                        L’élection selon la préconnaissance de Dieu

            Jusqu’ici tout semble clair. La difficulté se produit quand nous commençons à appliquer ces vérités. Les croyants ont été « élus en lui (en Christ) avant la fondation du monde » (Éph. 1 : 4), « élus selon la préconnaissance de Dieu le Père » (1 Pi. 1 : 2). Le Seigneur Jésus a dit à ses disciples : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi ; mais c’est moi qui vous ai choisis » (Jean 15 : 16) ; « Personne ne peut venir à moi, à moins que le Père qui m’a envoyé ne le tire » (Jean 6 : 44). Il a dit aussi aux onze, après sa résurrection : « Allez dans le monde entier et prêchez l'évangile à toute la création » (Marc 16 : 15). Raisonnerions-nous en disant : Puisque l’élection vient de Dieu et que personne ne viendra à Christ à moins qu’il ne soit tiré par le Père, tout effort pour évangéliser est inutile et, prêcher - excepté à ceux qui ont été choisis de Dieu - est une perte de temps ? D’autre part, Pierre a dit à ses auditeurs touchés dans leurs cœurs : « Sauvez-vous de cette génération perverse » (Act. 2 : 40). Et aux pécheurs négligents et rebelles : « Repentez-vous donc et convertissez-vous » (Act. 3 : 19). Paul a prêché, aux Juifs et aux Grecs, « la repentance envers Dieu et la foi en notre Seigneur Jésus Christ » (Act. 20 : 21). Négligerions-nous de prendre en compte ces expressions ?
            Les apôtres n’ont pas dit : « Vous ne pouvez absolument rien faire. Vous êtes spirituellement morts et donc vous devez simplement attendre le bon plaisir de Dieu : s’Il vous a élus, vous serez sauvés. Si vous n’êtes pas élus, vous serez perdus ». Ils n’ont pas non plus adopté la pensée opposée qui consiste à mettre de côté le travail souverain de Dieu dans les cœurs pour la conversion, disant que Dieu, étant omniscient, connaît le commencement, mais n’a aucune volonté en ce qui concerne l’individu, que l’homme est absolument libre, tout à fait capable de choisir le bon chemin s’il lui est présenté d’une manière suffisamment attrayante, et que par conséquent, nous devons faire tout notre possible pour rendre l’évangile agréable afin de gagner des âmes.
            Dès que nous comprenons le vrai caractère de la ruine de l’homme et de la grâce de Dieu, les difficultés disparaissent en grande partie.

                        La ruine de lhomme et son état de perdition 

            En péchant, l’homme s’est placé lui-même sous un fardeau de culpabilité et s’est exposé au jugement de Dieu. Mais il y a plus que cela : sa nature a été corrompue et elle est désormais tout à fait mauvaise et incorrigible ; son cœur est « trompeur par-dessus tout, et incurable » (Jér. 17 : 9). Mais cela n’est pas encore tout. Le péché a agi comme un poison subtil dans ses veines et a ainsi étourdi et perverti sa raison, sa volonté et son appréciation des choses, si bien qu’aucun n’est intelligent, aucun ne recherche Dieu (Rom. 3 : 11). Même en présence de la grâce et des douces sollicitations de l’évangile, les hommes rejettent le Sauveur qui leur est offert, et préfèrent unanimement les folies vides du monde. Comme le « grand troupeau de porcs » de l’évangile (Matt. 8 : 30-32), ils se précipitent follement vers la destruction, et par conséquent seule une interposition souveraine de Dieu peut les arrêter.
            La parabole du « grand dîner » (Luc 14) en donne une bonne illustration. La table bien chargée représente les bénédictions spirituelles résultant de la mort de Christ. À grands frais, tout est prêt, mais tout semble avoir été préparé en vain. Il faut encore autre chose : la mission de l’Esprit Saint, illustrée par la mission du serviteur envoyé par son maître. Le succès est tel que la maison est pleine, grâce aux sollicitations irrésistibles du serviteur et seulement grâce à elles.
            Si nous réalisons toute l’ampleur de la ruine dans laquelle le péché nous a plongés, nous serons délivrés des fausses doctrines répandues autour de ce sujet et comprendrons que tout vient de l’action souveraine de Dieu : Il nous a choisis et nous a attirés par la puissance de son Esprit. C’était notre seul espoir. Alors, au lieu de contester ce côté de la vérité, nos cœurs s’inclineront dans l’adoration et la reconnaissance devant Dieu.
            N’oublions pas cependant que si l’homme tombé dans le péché s’est autodétruit, il reste une créature responsable. Sa raison, sa volonté, et son jugement peuvent être pervertis, mais ils ne sont pas détruits et son salut ne peut venir que de la grâce de Dieu.

                        La grâce de Dieu offerte à tous les hommes

            Qu’est-ce que la grâce ? Est-elle l’amour qui visite et sauve les âmes des élus ? Non ! C’est la miséricorde, cela. En Romains 9 et 11, où on trouve le grand sujet de l’élection, la miséricorde est mentionnée à plusieurs reprises. La grâce, c’est le puissant élan du cœur de Dieu vers le pire des pécheurs. Elle ne montre aucune partialité. Elle ne connaît aucune restriction. C’est une mer large et profonde. Elle est pour « tous les hommes » (1 Tim. 2 : 3-6) : voilà sa seule frontière. Et « là où le péché abondait, la grâce a surabondé » (Rom. 5 : 20) : voilà la mesure de sa profondeur.
            Nous entendons les accents de la grâce dans la dernière grande mission que Christ ressuscité a confiée à ses disciples, quand Il leur a demandé « que la repentance et la rémission des péchés soient prêchées en son nom à toutes les nations, en commençant par Jérusalem » (Luc 24 : 47). Combien ces instructions sont proches de celles du roi de la parabole de Matthieu 22 : 8-9 : « Alors il dit à ses esclaves : La noce est prête, mais les invités n’en étaient pas dignes ; allez donc dans les carrefours des chemins et, tous les gens que vous trouverez, invitez-les aux noces ». Dans cette parabole nous n’avons pas « un » serviteur comme en Luc, mais « des serviteurs ». Ce n’est pas l’Esprit de Dieu dans ses activités souveraines et secrètes, mais ce sont simplement des hommes sauvés qui font les affaires du roi. Ils trouvent toutes sortes de gens dans les larges routes du monde. Alors, sans soulever de question sur leur caractère, et sans demander s’ils sont élus ou non, ils donnent l’invitation à tous. Tous ceux qui écoutent sont réunis, tant mauvais que bons « et la salle des noces fut remplie de gens qui étaient à table » (v. 10).
            Sachant que la prédication satisfait Dieu - « par la folie de la prédication », il lui plaît « de sauver ceux qui croient » (1 Cor. 1 : 21) -, l’évangéliste proclame la bonne nouvelle partout. Quand les hommes croient son message, cela est attribué à l’Esprit de Dieu et l’homme s’en réjouit, sachant qu’ils avaient été élus (1 Thes. 1 : 4).
            Rien ne peut arrêter le pécheur en recherche. Le fait même qu’il cherche indique qu’il est tiré par le Père. L’idée qu’un pécheur puisse être à la recherche du Sauveur, et soit rejeté parce qu’il n’est pas élu, est une affreuse déformation de la vérité. Les paroles du Seigneur Jésus sont aussi vraies que jamais : « Cherchez, et vous trouverez » (Matt. 7 : 7).
            Le fait est que l’élection n’a rien à faire avec le pécheur comme tel. Aucune allusion n’y est faite dans la prédication des apôtres, bien qu’elle soit fréquemment mentionnée quand il s’agit de la foi des croyants. En règle générale, l’élection pose une difficulté seulement quand des prédicateurs non équilibrés la sortent de la place qu’elle occupe dans l’Écriture et la présentent à des auditeurs incroyants.


QUESTIONS

            1 - Peut-on prouver que lélection signifie vraiment plus que le fait que Dieu sait depuis le commencement qui croira et qui ne croira pas ?
                   
Très certainement. Nous avons lu en 1 Pierre 1 : 2, que nous sommes « élus selon la préconnaissance de Dieu le Père ». Ainsi, l’élection est distincte de la préconnaissance, bien qu’elle soit basée sur elle. L’élection, ou le choix de Dieu, n’est pas un sort jeté aveuglément. Cette conception est purement païenne. Il y a une légende en rapport avec Bouddha : On dit que quand des hommes ont été créés, il a jeté un sort en disant : « Ceux-ci au ciel et je ne m’inquiète pas ; ceux-ci en enfer et je ne m’inquiète pas ». Mais notre Dieu et Père n’agit pas comme cela. Il choisit dans la pleine lumière de sa préconnaissance. Par conséquent, aucun pécheur qui veut vraiment être sauvé ne peut trouver la porte fermée parce qu’il n’aurait pas été élu. Son désir même d’être sauvé est le fruit du travail de l’Esprit. Et le choix de Dieu, comme dans le cas d’Ésaü et de Jacob, est toujours justifié par des résultats (comparer Rom. 9 : 12-13 avec Mal. 1 : 2).

            2 - Pourquoi Dieu na-t-il pas élu tout le monde ?
                   
Si Dieu nous disait, à nous qui ne sommes que des créatures, les motifs qui sont à la base de ses décrets, s’Il nous les expliquait, nos esprits finis pourraient-ils saisir cette explication ? Nous pouvons être assurés que tous ses décrets sont en harmonie parfaite avec sa nature divine, lumière et amour. Si quelqu’un conteste, nous nous contentons de lui citer les Paroles inspirées : « Voici, je te répondrai qu’en cela tu n’as pas été juste, car Dieu est plus grand que l’homme. Pourquoi contestes-tu avec lui ? Car d’aucune de ses actions il ne rend compte. » (Job 33 : 12-13). Étant le Dieu suprême, pourquoi le ferait-Il ?

            3 - Si lhomme est moralement incapable de faire le bien ou de le choisir, comment peut-il être vraiment responsable ?
                   
Permettez-moi de répondre par une analogie. Prenons le cas de ce pauvre homme qui paraît devant les magistrats pour la deux cent et unième fois parce qu’il a été trouvé « ivre et désordonné ». Son jugement stipule que « puisqu’il était ainsi dégradé quant à son être, moralement incapable de résister à l’alcool ou de choisir une meilleure vie, il n’est plus responsable ! » Aucune personne raisonnable n’imagine qu’il suffit de descendre assez bas dans le mal pour être affranchi de sa responsabilité !
            Hélas ! Qui peut mesurer les profondeurs de la perversité et de l’incapacité dans lesquelles l’homme s’est plongé par le péché ? Néanmoins, sa responsabilité demeure.

            4 - Est-ce que le fait que la grâce soit gratuite signifie que nous sommes sauvés simplement par un choix opéré par notre volonté personnelle ?
                   
Non. Cela signifie que l’évangile de Dieu concerne tous les hommes. Christ est réellement mort pour tous (1 Tim. 2 : 4, 6). L’évangile est annoncé à tous comme si tous étaient prêts à le recevoir. Mais, hélas ! beaucoup le rejettent naturellement. Des multitudes, cependant, le reçoivent, et alors la justice de Dieu qui est « envers tous » – à l’intention de tous ou destinée à tous – est « sur tous ceux qui croient » quant à son effet réel (Rom. 3 : 22-24). Ceux qui croient sont sauvés par la grâce, par le moyen de la foi, et cela ne vient pas d’eux-mêmes, c’est le don de Dieu (Éph. 2 : 8).
            Leur bénédiction vient de Dieu en tout et pour tout, et ils sont autorisés à se considérer comme choisis, élus par Lui. NdT : Les versions Segond omettent une partie de Romains 3 : 22 du fait que, sur certains manuscrits, ce verset n’est pas complet.

            5 - Est-ce que le pécheur doit choisir Christ ?
                   
Pour utiliser les termes exacts de l’Écriture, la réponse correcte doit être non. Il doit bien recevoir Christ, mais c’est un peu différent. Choisir est un mot qui a une force active. Elle implique d’être en mesure de faire des distinctions. Parler d’un pécheur qui choisit Christ suppose une capacité qu’il ne possède pas.
                   Recevoir est passif plutôt qu’actif. Il implique, qu’au lieu d’exercer ses capacités, le pécheur entre simplement dans le courant de l’offre de Dieu sans bien apprécier ce qu’il a fait. C’est ainsi que l’Écriture utilise ce mot.
                   Les enfants de Dieu sont tous ceux qui ont reçu Christ (Jean 1 : 12), et cette réception est le résultat, non de leur volonté, mais de l’opération de Dieu en grâce ; ils « sont nés… de Dieu » (v. 13).

            6 - Avons-nous raison de pousser des pécheurs à se repentir et à croire ?
                   
Certainement. Notre Seigneur Lui-même l’a fait (Marc 1 : 15). Pierre l’a aussi fait (Act. 3 : 19), ainsi que Paul (Act. 16 : 31 ; 20 : 21 ; 26 : 20). Nous avons non seulement à proclamer que la foi est la base sur laquelle Dieu justifie le pécheur, mais nous devons inviter les hommes à croire. Le fait que la foi soit le résultat du travail de Dieu dans l’âme, tout comme les progrès spirituels pour le croyant, ne milite nullement contre le fait que le serviteur de Dieu qui évangélise doit être très sérieux et parler avec persuasion aux hommes.
                   Paul a prêché à Thessalonique « au milieu de grands combats » (1 Thes. 2 : 2), avec de sérieux efforts ; ailleurs il dit : « Nous persuadons les hommes » (2 Cor. 5 : 11). Avec Barnabas, il a exhorté certains croyants « à persévérer dans la grâce de Dieu » (Actes 13 : 43).
                   Ces exemples suffisent pour refuser tout raisonnement tendant au contraire.

            7 - Que répondriez-vous à une personne qui dit : Je ne peux pas croire tant que Dieu ne men donne la capacité ?
                   
La repentance et la foi exigent de sentir sa faiblesse plutôt que d’avoir quelque capacité ou quelque force. Se repentir, c’est s’approprier la vérité quant à soi-même ; croire, c’est laisser son âme brisée par la repentance et faible, se reposer sur Christ.
                   Je précise à nouveau que l’ordre même que Dieu a donné rend l’homme capable. L’homme qui avait une main paralysée en est un exemple (Luc 6 : 6-10). La puissance était immédiatement là, dès que la parole a été dite.
                   Que dire à un pécheur qui insinue qu’il est très impatient de croire, mais que Dieu ne lui donne pas la capacité de le faire en raison de certains décrets fatalistes ? Dites-lui simplement que ce n’est pas vrai. Dites-lui qu’il abandonne les réalités claires pour le cauchemar de sa raison dévoyée par le péché. Quand nous découvrons le plus faible désir de se tourner vers Christ dans le cœur d’un pécheur, ne manquons jamais de saisir la grâce de l’amener à une foi réelle. Il se peut que celui qui pose la question soit habitué à chicaner, dans ce cas notre devoir est de le laisser. Mais je dois inviter toute âme vraiment perplexe et impatiente à se reposer avec confiance sur le Sauveur, et à porter son attention sur ces grandes vérités qui disent si simplement que les pensées humaines n’entrent pas dans ces choses (au lieu de lui parler de la souveraineté de Dieu, qui est, et doit être, au-dessus de l’homme fini).
                   Un homme sage a dit de ne jamais laisser ce qu’on ne sait pas troubler ce qu’on sait.
                   N’oublions jamais que Celui qui a dit : « Tout ce que le Père me donne viendra à moi », a immédiatement ajouté : « celui qui vient à moi, je ne le mettrai pas dehors » (Jean 6 : 37).


Chapitre 10 – Israël et l’Église : deux peuples bien distincts

            Israël et l’Église sont clairement distingués dans la Parole. Pourtant beaucoup de chrétiens semblent ne pas y avoir prêté attention. Pour comprendre la Bible, il est nécessaire d’avoir une connaissance de ce qu’elle enseigne concernant les différentes périodes ou dispensations, qui se sont déroulées au cours de l’histoire de l’humanité.

                        Des révélations successives

            Il a plu à Dieu que les relations qu’Il a établies avec les hommes correspondent à la révélation qu’ils avaient reçue de Lui. Il s’est révélé progressivement. Les révélations successives qu’Il a faites de lui-même et de sa volonté introduisent de nouveaux modes d’interaction avec les hommes. À chaque étape, une nouvelle dispensation est introduite.
            La connaissance du fondement des dispensations dans la Parole nous aide à distinguer correctement ces changements et à discerner leur nature. Ainsi les caractères propres à chacune deviennent clairs. Comme chrétiens, nous y apprenons le vrai caractère de notre appel (il est céleste), et la période à laquelle notre sort est lié.
            De Moïse à la venue de Christ, la dispensation avait Israël en vue. C’est une nation choisie par Dieu et constituée de la descendance d’Abraham. La période où nous vivons, de la Pentecôte au retour du Seigneur, est marquée par des caractères tout à fait différents. Ce n’est plus Israël, mais l’Église qui est devant Dieu aujourd’hui. Avant de nous arrêter sur les distinctions importantes qui existent entre les deux, voyons si nous sommes tout à fait sûrs de bien comprendre le sujet dont nous parlons.
            Par Israël nous ne voulons pas parler des Juifs, de la nation dispersée comme elle l’est aujourd’hui, ni comme elle l’a été au temps de notre Seigneur, même si un Résidu est toujours resté à Jérusalem. Nous ne faisons pas référence à cette nation telle qu’elle a réellement existé au cours des siècles, mais plutôt à ce qu’elle était dans la pensée originelle de Dieu.

                        La signification du mot « Église »

            Quand nous parlons de l’Église nous ne nous référons pas à un bâtiment ecclésiastique ni à quelque dénomination que ce soit, ni à quelque congrégation de chrétiens nommée église. Nous employons le terme dans son sens scripturaire. Le mot grec rendu par Église signifie simplement « appelé dehors ». Ceux qui sont conduits à sortir moralement du monde par l’appel de Dieu et de l’évangile pendant la période où Christ est rejeté, sont unis en un corps par l’Esprit Saint, qui est l’Église de Dieu. L’Église n’est donc pas une association de quelques chrétiens, mais l’union de tous les chrétiens par l’Esprit Saint.
            Il peut être utile de noter que, dans l’Écriture, le terme « Église » est employé de trois manières :
                   1. Comme l’ensemble complet de tous les chrétiens dans une localité quelle que soit leur dispersion en divers groupes (1 Cor. 1 : 2 ; Col. 4 : 15, etc.).
                   2. Comme l’ensemble de tous les chrétiens sur la terre à un instant donné (1 Cor. 10 : 32 ; 1 Cor. 12 : 28. Éph. 1 : 22, etc). Sous cet aspect, l’Église est comme un régiment où les soldats se renouvellent dans le temps, sans que le régiment perde son identité.
                   3. Comme la totalité de tous les chrétiens, sauvés et scellés de l’Esprit entre la Pentecôte et le retour du Seigneur (Éph. 3 : 21 ; 5 : 25, etc.).

            Parmi ces trois sens, dans ce texte nous emploierons le dernier sauf quand nous parlerons de l’Église telle qu’elle existe sur terre aujourd’hui. Dans ce cas nous ferons évidemment référence à son deuxième aspect.

                        Des distinctions importantes à faire

            Qu’on se souvienne cependant que nous nous référons, comme dans le cas d’Israël, non à ce qu’est l’Église actuellement, ni à ce qu’elle a été à un moment de l’histoire, mais à ce qu’elle est selon sa conception originelle. Ayant ainsi défini nos limites, observons quelques distinctions nécessaires.
                   1. Jean le baptiseur, le précurseur du Seigneur, était le dernier de la longue lignée des prophètes de la dispensation passée. Avec lui, ce que Dieu a voulu montrer par rapport à l’ancienne alliance avait atteint son objectif. Avec Christ, quelque chose de nouveau a commencé. « La Loi et les Prophètes ont été jusqu’à Jean ; dès lors le royaume de Dieu est annoncé » (Luc 16 :16).
            L’arrivée de Christ dans le monde a été décrite par Zacharie comme la venue de « l’Orient d’en haut », le soleil levant (Luc 1 : 78). Son apparition sur terre a annoncé l’aube d’un nouveau jour. Ce nouveau jour n’était pas pour autant déjà arrivé, ni n’était inauguré. Le Seigneur Jésus avait une mission à accomplir au milieu d’Israël, et devait se présenter lui-même à cette nation comme son Messie, promis depuis longtemps. Par ailleurs, il fallait qu’Il pose d’abord les larges bases de la bénédiction en vue par sa mort sur la croix. Mais quand tout cela a été fait, quand le Fils de Dieu a été mort et ressuscité, quand Il est monté au ciel et a envoyé le Saint Esprit, une toute nouvelle dispensation a été inaugurée. Elle est entièrement différente de tout ce qui avait existé auparavant.

                   2. Ce qui caractérisait l’ancienne dispensation, c’était la Loi ; ce qui caractérise la nouvelle, c’est la grâce. Le don de la Loi au Sinaï avait été le commencement de l’ancienne. Dieu avait formulé ses exigences aux hommes. Recevant tout de Dieu, ils devaient accomplir ce qu’Il était en droit d’attendre d’eux. Ce fut un échec immédiat, échec si grand qu’il aurait dû se traduire par une destruction totale. Cependant, Dieu a annoncé à Moïse qu’Il aurait pitié (Ex. 33 :19) et renoncerait, en raison de la venue future de Christ, à la destruction dont Il avait menacé. La Loi a tenu le rôle de conducteur jusqu’à la venue de Christ (Gal. 3 : 24).

                   3. L’ancienne dispensation était centrée sur Israël, la nouvelle est reliée à l’Église.
            La Loi n’a pas été donnée à tout le monde, mais à Israël seulement. Donc, l’attention de Dieu était focalisée sur cette nation. Les privilèges des Israélites ont été nationaux plutôt qu’individuels. Il est vrai cependant que Dieu a toujours eu des relations secrètes avec des individus, et que ces relations ont pris une plus grande importance aux jours de l’apostasie nationale d’Israël. Retenons qu’au départ, Dieu a choisi une nation sans se référer à l’état spirituel des individus.
            L’Église n’est pas une nation. Pierre et Jacques ont déclaré que cette nouvelle dispensation est tournée vers les païens « pour en tirer un peuple pour son nom » (Act. 15 : 13-14) bien que les Juifs n’en soient pas exclus. Par une élection de personnes issues de toutes les nations, Dieu forme son Église avec ceux qui sont ainsi sortis du milieu des païens et des Juifs pour son nom. L’Église, par conséquent, n’est ni nationale, ni internationale, mais plutôt supranationale, tout à fait en dehors de toutes les distinctions nationales et totalement indépendante d’elles. Elle est représentée dans l’Écriture comme un troupeau (Jean 10 : 16), comme un corps (1 Cor. 12 : 13), comme une maison spirituelle, « un saint sacerdoce » (1 Pi. 2 : 5), ou encore comme une famille composée d’enfants de Dieu (1 Jean 2 : 12 ; 1 Jean 3 : 1, etc.).
            Pour former l’Église, Dieu commence par l’individu. Elle se compose de ceux qui ont été personnellement introduits dans une relation avec Lui, basée sur la justice de Dieu. Pardonnés, ayant reçu l’Esprit, ils deviennent membres du seul corps, et pierres vivantes de la maison spirituelle.

                   4. Israël rendait un culte ritualiste, dont la valeur repose sur la signification des types qu’il contient. Les privilèges de l’Église sont liés à ce qui est éternel, et aux « réalités spirituelles » plutôt qu’aux « ombres ». Son culte ne se compose pas d’offrandes sacrificatoires, de cérémonies symboliques et de choses semblables, mais c’est un culte «  en esprit et en vérité » (Jean 4 : 24 : Phil. 3 : 3).
            La Loi était seulement « l'ombre des biens à venir, non l’image même des réalités » (Héb. 10 : 1). Les réalités sont venues par Jésus Christ, et sont la part des chrétiens aujourd’hui. Christ les a établies (Héb. 9 : 24 ; Héb. 10 : 12), l’Esprit les a révélées (1 Cor. 2 : 9, 10), et le croyant peut les voir librement avec l’œil de la foi (2 Cor. 4 : 18).

                   5. Les bénédictions et les privilèges d’Israël étaient en grande partie d’ordre terrestre et matériel, ceux de l’Église sont célestes et spirituels.
            Dans l’Ancien Testament, nous trouvons des instructions quant à la manière dont Israël devait manifester sa reconnaissance à Dieu. Une fois entré en possession de la terre promise, chacun devait prendre les premiers fruits et les placer dans une corbeille devant l’Éternel, son Dieu, en prononçant des paroles de reconnaissance (Deut. 26 : 1-11).
            Le chrétien doit-il s’approcher de Dieu de cette façon ? Aux Éphésiens, au lieu de parler de choses matérielles, Paul a dit : « Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ » (Éph. 1 : 3). C’est un contraste complet !

                   6. Alors qu’Israël est destiné à être le canal de la bénédiction pour toutes les nations pendant le millénium, l’Église est associée à Christ dans le ciel. Ésaïe 60 décrit bien le futur d’Israël. Apocalypse 19 et 21, sous diverses figures, nous présentent le destin de l’Église en tant qu’« épouse de l’Agneau ».
            Ainsi l’Église se distingue d’Israël - passé et futur :
                - par le baptême du Saint Esprit qui fait d’elle un corps (1 Cor. 12 : 12), ce qui ne sera jamais le cas d’Israël ;
                - par son appel et son espérance célestes plutôt que terrestres ;
                - par sa position actuelle dans le monde, rejetée comme Christ, plutôt que dominant le monde…


QUESTIONS

            1- Y avait-il un temps défini où les voies de Dieu avec Israël allaient prendre fin et où la période de lÉglise commencerait ?
                   
On a déjà précisé que la mort de Christ a marqué la fin des relations de Dieu avec Israël comme nation et que sa résurrection et la venue de l’Esprit Saint le jour de la Pentecôte, ont inauguré la dispensation actuelle. Comparer Act. 2 : 41-47 et 1 Corinthiens 12 : 13.
                   Deux remarques doivent, cependant, être faites.
                        1. Dieu a continué ses relations avec Israël rebelle jusqu’à la croix, puis jusqu’à la mort d’Étienne et peut-être même jusqu’à la destruction de Jérusalem ; ces relations se sont amenuisées avant de s’interrompre. Les pensées de Dieu quant à l’Église, n’ont pas été données à connaître dans leur intégralité dès le début de la période actuelle. Elles ont été graduellement révélées par les apôtres, en particulier par Paul, bien que l’Église elle-même ait déjà commencé à exister comme corps.
                        2. Les voies de Dieu envers Israël ne sont pas définitivement interrompues. Elles ont cessé pour un certain temps seulement. Plus tard, dans un jour encore futur, elles seront reprises, et les promesses glorieuses faites à cette nation favorisée seront littéralement accomplies. Israël a été mis de côté, et c’est le cas actuellement, alors que l’Église occupe le devant de la scène. Quand l’Église aura été transférée au ciel, Israël comme peuple sera restauré et retrouvera ses relations avec Dieu.

            2- En Actes 7 : 38, Étienne parle de « lÉglise (ou assemblée) dans le déser». Et aussi, les titres de beaucoup de chapitres de lAncien Testament se rapportent à lÉglise. N’est-il pas évident que lÉglise existait avant que Christ ne soit venu ?
                   
Israël était « l’assemblée dans le désert ». Pour autant cela justifierait-il l’identification d’Israël avec l’Église du Nouveau Testament ? Non ! On trouve le même mot en Actes 19 : 41 et personne ne confond l’Église dans cette ville avec la foule indisciplinée des adorateurs de Diane.
                   L’application à l’Église des expressions prophétiques dans des titres de chapitres de l’Ancien Testament (qui ne font pas partie du texte inspiré) est due aux pensées erronées des théologiens. Ces titres servent de repère, mais peuvent aussi induire en erreur.
                   On a cherché à justifier l’introduction d’éléments et de principes juifs dans le christianisme parce qu’on a confondu Israël et l’Église. C’est une grave erreur.

            3- Abraham, Moïse et Élie ne faisaient donc pas partie de lÉglise. Ces hommes honorés ne sont-ils pas abaissés si on leur refuse une place dans lÉglise ?
                   
Nullement. Leur sort a été lié à la dispensation précédente. Moralement, ces hommes sont des géants, alors que bon nombre d’entre nous, chrétiens, sommes seulement des Pygmées. Pourtant, même Jean le Baptiseur, qu’aucun prophète ne surpassait, était, dans le cadre des dispensations, moins élevé que le moindre dans le royaume des cieux (Matt. 11 : 11). Il a dit : « Ce n'est pas moi qui suis le Christ, mais je suis envoyé devant lui. Celui qui a l'épouse est l'époux : mais l'ami de l'époux, qui se tient là et l'entend, est tout réjoui à cause de la voix de l'époux » (Jean 3 : 28-29). Il a appartenu au temps où les croyants étaient dans un état « d’enfance » ; nous vivons au temps où nous jouissons de notre relation de fils (voir Gal. 4 : 1-7).
                   Ce qui est dit au sujet de Jean le Baptiseur en Matthieu 11, est suivi de Matthieu 16 : 13-18 où le Seigneur parle de lui-même. Il n’était pas seulement un prophète comme Élie, Jérémie ou Jean, mais le Fils du Dieu vivant, et, sur ce roc, a-t-il dit, « je bâtirai mon Assemblée (mon Église) ». Remarquez ces deux mots : « Je bâtirai ». C’était une œuvre future et une œuvre à laquelle aucun de ces grands hommes d’autrefois n’a de part.

            4- Quel était le but de Dieu en appelant Israël pour lui donner la place quil a occupée ?
                   Israël était appelé à prendre possession de la terre promise pour manifester que la terre entière appartient à Dieu, bien que Satan en ait usurpé la domination. Pour y entrer, le peuple a traversé le Jourdain en tant que peuple « du Seigneur de toute la terre » (Jos. 3 : 11, 13).
                   De plus, il devait être le peuple où naîtrait Christ (Rom. 9 : 5).
                   Par ailleurs aussi, cette nation constitue un échantillon séparé de la corruption des peuples environnants, favorisé plus que tous les autres. Il a été l’objet de la dernière mise à l’épreuve de l’homme. La conclusion a été qu’il est impossible de l’améliorer. Les transgressions à leur propre Loi (Rom. 3 : 9-18) ont témoigné de leur échec irrémédiable, et prouvé que la condition de tous les hommes est désespérée. Si, comme Romains 3 : 19 le dit, la Loi condamne les Juifs qui étaient sous elle, alors toute bouche est fermée, et tout le monde est « coupable devant Dieu ».

            5- Quels sont lobjet et le but de Dieu par rapport à lÉglise ?
                   
L’Église est le Corps du Christ (Éph. 1 : 23). Par conséquent elle doit vivre comme un corps, de la même manière que notre corps manifeste notre vie.
                   Ce Corps représente Christ sur la terre pendant la période de son rejet et de son absence personnelle. Toucher l’Église ou ce qui lui appartient, c’est le toucher Lui. Les mots adressés à Saul par le Seigneur impliquent cela : « Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? – Je suis Jésus que tu persécutes » (Act. 9 : 4).
                   L’Église est la maison de Dieu, la seule maison qu’il ait actuellement sur la terre. Dieu ne sera pas renvoyé de son propre monde ! Il demeure donc aujourd’hui dans une maison qu’aucun Nebucadnetsar, ni aucun Titus n’a pu brûler sur la terre, et qu’aucun Néron n’a pu détruire comme ils l’ont fait pour le Temple.
                   Le but de Dieu est d’avoir une épouse pour Christ (Éph. 5 : 25-27), un peuple qui à présent partage son rejet, mais qui partagera éternellement sa gloire céleste.

            6. Pouvez-vous énumérer quelques bénédictions chrétiennes, que même le meilleur en Israël navait pas, avant la venue de Christ ?
                   
1 - La connaissance de Dieu comme Père, pleinement révélée en Christ, est une des plus grandes de ces bénédictions. « Personne n’a jamais vu Dieu ; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, lui, l’a fait connaître » (Jean 1 : 18).
                   2 - Au lieu d’avoir la promesse de la rédemption, le chrétien la possède déjà, car elle est maintenant accomplie. Le « billet de banque » a été échangé pour de « l’or fin », résultat de l’œuvre achevée de Christ.
                   3 - L’Esprit Saint habite maintenant les croyants (voir Jean 14 : 16 ; Act. 2 : 1-4). Bien qu’il ait toujours exercé son influence sur la terre, sa présence permanente dans le croyant est une chose toute nouvelle.
                   4 - Enfin, en Christ, nos relations avec Dieu sont sur une base entièrement nouvelle. Nous ne sommes plus des esclaves, mais des fils (Gal. 4 : 4-7).
            Bien d’autres choses pourraient être ajoutées, mais ces quatre faits serviront à montrer la richesse de la bénédiction qui appartient au chrétien.
            Ne devons-nous pas remercier Dieu de ce que nous vivons après la croix de Christ ?


F. B. Hole
 

À suivre