POUR MIEUX COMPRENDRE LA FOI CHRÉTIENNE (7-8)
CHAPITRE 7 - Le sang et l’eau
QUESTIONS
Chapitre 8 – Être disciple sous la grâce
QUESTIONS
CHAPITRE 7 - Le sang et l’eau
L’apôtre Jean nous rapporte le fait historique qu’un soldat a percé le côté de Christ mort avec une lance, et qu’immédiatement il en est sorti du sang et de l’eau (Jean 19 : 34). Témoin oculaire, il s’arrête pour certifier ce fait, de manière solennelle (v. 35). On peut en conclure qu’il y a attaché une importance très spéciale, même si aucune autre référence n’y est faite ailleurs.
Cependant, nous ne sommes pas réduits à des conjectures : dans sa première épître, le même apôtre revient sur le sujet et complète le fait historique de son évangile avec des instructions sur sa portée. Il dit : « C’est lui qui est venu par l’eau et par le sang, Jésus le Christ, non seulement dans la puissance de l’eau, mais dans la puissance de l’eau et du sang » (1 Jean 5 : 6). Et plus loin, au verset 8, il parle de l’Esprit, de l’eau et du sang comme de 3 témoins au Fils de Dieu.
Le sang et l’eau bien distincts
La signification de ces paroles n’est pas évidente. Elles contiennent deux choses :
- Le sang et l’eau sont liés à la mort de Christ.
- Cependant, ils sont distincts, si distincts qu’ils peuvent être cités séparément comme témoins.
Ils doivent donc être soigneusement distingués dans nos pensées.
Nous trouvons dans l’Écriture que la purification est reliée à l’eau et au sang, par exemple : « Le sang de Jésus Christ son Fils nous purifie de tout péché » (1 Jean 1 : 7). « … purifiant (l’Église) par le lavage d’eau par la Parole » (Éph. 5 : 26).
Deux sortes de purification
Maintenant, cherchons à distinguer correctement à quoi se rapportent les 2 purifications. En un sens, nous pouvons dire qu’elles se relient aux 2 grands effets du péché, à savoir, la culpabilité qu’il produit et la souillure qu’il apporte :
- Le sang place devant nous la mort de Christ dans l’expiation pour nos péchés, qui ôte notre culpabilité et nous apporte la rémission des péchés. Nous sommes de ce fait nettoyés juridiquement.
- L’eau parle de la même mort qui nous délivre de notre ancien état, Christ ayant été jugé et condamné pour cela. Cette mort nous délivre aussi des associations dans lesquelles nous avons vécu. Nous sommes nettoyés de ce fait moralement et la puissance du péché sur nous est brisée.
La vertu et la puissance du sang de Christ (Héb. 9 et 10)
Ces 2 chapitres placent devant nous la vertu et la puissance du sang de Christ ; ils mettent l’efficacité de ce sang en opposition à l’inefficacité du sang des taureaux et des boucs.
Voici ce que nous y trouvons :
- Le sang de Christ nettoie la conscience des pécheurs des œuvres mortes pour servir le Dieu vivant (Héb. 9 :14)
- Ce sang a ôté les transgressions des saints d’autrefois qui s’étaient accumulées pendant des siècles sous la première alliance basée sur la Loi (Héb. 9 : 15)
- Ce sang ratifiera une nouvelle alliance de grâce (Héb. 9 : 15-18).
- Ce sang a ôté les péchés des croyants, et constitue la base nécessaire pour la suppression totale du péché (Héb. 9 : 22, 26)
- Une fois purifiée, la conscience du croyant est libérée pour toujours en ce qui concerne la question juridique de ses péchés (Héb. 10 : 2)
- Le sang de Christ donne donc la hardiesse au croyant pour entrer dans la présence même de Dieu (Héb. 10 : 19).
- Par ce sang le croyant est définitivement mis à part - sanctifié - pour Dieu (Héb. 10 : 10, 29).
Gardons à l’esprit que le grand sujet de ces chapitres est l’accès du croyant dans la présence de Dieu en vertu du sang de Christ. Sa purification juridique est parfaite par l’offrande de la vie de Christ, et n’aura jamais besoin d’être répétée. Par conséquent ce qui caractérise ces chapitres est le mot « un seul », « une seule fois » (voir Héb. 9 : 12, 26, 28 ; 10 : 2, 10, 12, 14) répété 7 fois pour que nous soyons convaincus de la suffisance et de la gloire liée au sang précieux de Christ.
Une allusion à la consécration d’Aaron et de ses fils
Mais bien que la purification juridique par le sang soit le grand thème de ces chapitres, le besoin de purification morale n’est pas oublié. Nous nous approchons de Dieu non seulement avec des cœurs « par aspersion purifiés d’une mauvaise conscience », mais aussi avec des « corps lavés d’eau pure » (Héb. 10 : 22). C’est, sans aucun doute, une allusion à la consécration d’Aaron et de ses fils pour le service sacerdotal en Exode 29. Ils ont été lavés avec de l’eau (v. 4) aussi bien qu’aspergés avec du sang (v. 20). Ils ont eu l’ombre de ces choses, nous en avons la substance – la mort de Christ. Elle agit dans les deux directions, le sang nous nettoie juridiquement et nous donne une position parfaite devant Dieu, l’eau nous nettoie moralement, en nous coupant de l’ancienne vie et en nous introduisant dans la nouvelle.
Lavage initial une fois pour toutes, et lavage des pieds
Quand nous passons des rites à la réalité qu’ils représentent, la même pensée apparaît. Dans la chambre haute, à Jérusalem, probablement juste avant l’institution de son mémorial, le Seigneur Jésus s’est ceint d’un linge, et a versé de l’eau dans un bassin, puis a commencé à laver les pieds de ses disciples (Jean 13). L’hésitation de Pierre fait apparaître la vérité qu’un tel lavage est nécessaire pour que la communion avec le Seigneur dans sa position céleste puisse être appréciée. « Si je ne te lave pas, tu n’as pas de part avec moi » (v. 8). Son changement enthousiaste et rapide amène le Seigneur à dire : « Celui qui a tout le corps lavé [c.-à-d., baigné] n’a besoin que de se laver les pieds : il est net tout entier ; et vous, vous êtes nets, mais non pas tous » (v. 10).
Ici, il y a 2 nettoyages par l’eau très soigneusement distingués. Nous « avons été baignés » une fois pour toutes. La mort de Christ nous a purifiés de l’ancienne vie, mais pour tout cela nous avons besoin de l’application de cette mort à nos âmes, jour après jour. Sans elle, nous ne pouvons pas nous approcher du sanctuaire ni apprécier notre « part » avec Christ.
Jésus Christ venu par l’eau et par le sang
Ayant ces pensées devant nous, nous pouvons peut-être retourner à 1 Jean 5, et entrer plus profondément dans sa signification.
Jésus Christ, le Fils de Dieu « est venu par l’eau et par le sang » ; sa venue est caractérisée par ces 2 choses. L’Esprit de Dieu souligne particulièrement ce point, disant : « non seulement dans la puissance de l’eau, mais dans la puissance de l’eau et du sang » (v. 6). Pourquoi insiste-t-il ainsi ? Ne serait-ce pas parce que, enseigner la purification par l’eau seulement pourrait avoir de graves conséquences ?
Certains disent qu’il serait venu seulement pour purifier moralement l’homme en plaçant devant lui les idéaux les plus élevés, et en vivant ces idéaux pour l’inciter à les vivre. Il aurait fait, selon eux, la propitiation entre Dieu et l’homme par ce moyen ! Une telle théorie rejette l’idée de l’expiation avec mépris.
Prévoyant cette grave erreur, l’Esprit dit : « non seulement dans la puissance de l’eau, mais dans la puissance de l’eau et du sang ». Pas par la purification morale seulement, mais par la purification et l’expiation du péché. C’est l’Esprit qui témoigne de cela ; « l’Esprit est la vérité » (v. 6).
Et ainsi les 3 témoins sont d’accord et demeurent :
- l’Esprit, le témoin vivant,agissant, et qui parle ;
- l’eau et le sang les 2 témoins silencieux.
Ils témoignent que Celui qui est venu de cette façon est le Fils de Dieu, la source de la vie éternelle, et qu’en Lui, nous qui croyons au nom du Fils unique de Dieu, avons la vie éternelle (v. 13).
Grâces soient rendues à Dieu ! Nous pouvons nous exclamer avec ferveur, qu’aussitôt que le côté du Seigneur Jésus a été percé, il en est sorti du sang et de l’eau.
1 - Ce que Christ a enduré pendant sa vie - la raillerie et le châtiment dont Il a souffert des mains des hommes – n’est-ce pas ce qui constitue une certaine partie de son expiation des péchés ?
L’Écriture indique simplement que « lui-même a porté nos péchés en son corps sur le bois » (1 Pier. 2 : 24). Rien d’autre que la mort ne peut être le salaire du péché. On entend parfois que Romains 5 : 19 enseigne autrement : « par l’obéissance d’un seul, beaucoup seront constitués justes ». Mais une lecture soigneuse du passage entier (v.12-21), prouve qu’il confirme exactement l’épître de Pierre. Paul met en contraste les 2 chefs, Adam et Christ – le péché du premier avec les désastres qu’il entraîne ; la justice, l’obéissance du second, avec la bénédiction qu’il entraîne. Il est question « d’une faute » et « d’une justice » (v. 18). La justice unique de Christ était l’obéissance de sa mort.
2 - Si le sang nous purifie de tout péché, quel besoin y a-t-il de l’eau ?
Pour répondre à cette question, nous en posons une autre : N’êtes-vous pas conscients que vous avez besoin d’être purifiés aussi bien de l’amour du péché que de la condamnation du péché ? Nous avons un grand besoin de l’eau afin de parvenir à détester le péché comme Dieu le déteste.
La cuve d’airain parle de la purification quotidienne (voir Ex. 30 : 18-21). Dans ce monde souillé, n’avons-nous pas besoin d’elle ? N’y a-t-il pas beaucoup de choses à enlever en nous personnellement, sans parler des influences subtiles de ce monde qui nous affectent souvent insensiblement ? Tout chrétien dont la conscience est sensible en conviendra sûrement.
3 -. Il n’est donc pas scripturaire de dire que nous avons besoin du sang pour la purification journalière. En 1 Jean 1 : 7, le verbe purifier est au présent.
Nulle part dans l’Écriture nous trouvons l’idée d’une répétition quotidienne de la purification par le sang de Christ. L’argument basé sur le verbe « purifier » au présent en 1Jean 1 : 7 n’est pas acceptable. Le présent est employé simplement pour préciser la propriété inhérente au sang précieux. Nous employons le présent de cette manière dans des conversations ordinaires. Par exemple, si je dis : le soleil fond la neige, cela ne signifie pas qu’il y a de la neige aujourd’hui et que le soleil est en train de la fondre. Ni que cela se produit tous les jours. La propriété bien connue de la chaleur du soleil sur la neige existe en permanence et partout. C’est ainsi que l’apôtre parle dans 1 Jean 1 : 7.
Mais l’Écriture parle de notre purification par l’eau à plusieurs reprises ; et si nous insistons sur cette distinction ce n’est pas seulement pour l’exactitude théologique. Enseigner que nous devons répéter la purification par des applications nouvelles du sang, fait un double grand mal. D’abord, il déshonore le sang du Christ ; ensuite, le pécheur devrait passer plusieurs fois par le processus de purification et de justification.
La vérité est que « par une seule offrande, [Christ] a rendu parfaits à perpétuité ceux qui sont sanctifiés » (Héb. 10 : 14). Tenons cela fermement.
4 - Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur la purification journalière par l’eau. Comment l’obtenons-nous ?
Par la Parole. L’eau et la Parole sont clairement reliées dans un passage tel que « purifiée par le lavage d’eau par la Parole » (Éph. 5 : 26).
C’est la Parole de Dieu qui introduit la mort de Christ dans nos âmes dans toute sa puissance et la richesse de sa signification spirituelle. Le péché est révélé dans sa véritable laideur, et nos affections en sont purifiées de ce fait. « Comment un jeune homme rendra-t-il pure sa voie ? Ce sera en y prenant garde selon ta Parole » (Ps. 119 : 9).
Nous nous attendons souvent à ce que cet effet purificateur de la Parole de Dieu provienne d’une meilleure connaissance textuelle de cette Parole. Est-ce vrai ?
Un jeune croyant s’est plaint à un croyant expérimenté de sa difficulté à retenir les enseignements écoutés. Ce dernier lui a offert une passoire et lui a demandé de la lui rapporter pleine d’eau. C’était une demande étrange, puisque, à peine sortie de l’eau toute l’eau était écoulée. C’était impossible. Puis il a expliqué cette image en précisant que s’il n’y avait pas une goutte d’eau, la passoire était en tout cas beaucoup plus propre avec ce processus !
Insistons beaucoup sur la Parole de Dieu. Peut-être ne serons-nous jamais profondément versés dans la connaissance de l’Écriture (c’est une considération secondaire) mais nos vies et notre comportement face à chaque événement seront nettoyés par sa lecture.
5 - En Jean 3 nous avons lu qu’il faut être né d’eau ; y a-t-il un lien entre cela et ce que nous disons, ou cela se rapporte-t-il au baptême ?
Cela se lie avec ce dont nous parlons. Par l’eau de la Parole appliquée dans la puissance de l’Esprit Saint, nous sommes nés de nouveau - nous possédons une nouvelle vie et une nouvelle nature qui porte avec elle la condamnation de l’ancienne. Elle est caractérisée par le bain de la tête aux pieds des prêtres juifs (voir Ex. 29 : 4 et Jean 13 : 10).
Mais cela ne se rapporte pas au baptême. Une simple considération du passage le manifeste. Notons d’abord que le Seigneur parle d’une seule nouvelle naissance ; ensuite, cette nouvelle naissance est une naissance « d’eau et de l’Esprit » - l’eau est l’instrument, l’Esprit la puissance ; enfin, il est expressément déclaré par le Seigneur qu’elle serait spirituelle et complètement incontrôlée par l’homme (v.8). Le baptême est facilement définissable et complètement sous le contrôle de l’homme, et par conséquent, ce passage ne parle pas du baptême.
6 - Est-ce seulement quand nous avons péché que nous avons besoin de l’eau ?
Nous avons besoin d’un lavage d’eau quand nous avons péché. Mais indépendamment des péchés réels, étant dans un monde souillé, nous avons besoin d’un lavage d’eau pour adorer, pour demeurer dans la communion avec le Seigneur, ou Le servir. Lire Nombres 19 pour trouver le type de l’eau comme purification du péché ; puis lire le passage d’Exode 30 déjà cité (v.17-21), où, en type, nous avons l’eau qui enlève toute souillure terrestre pour s’approcher de Dieu dans le sanctuaire sans référence à des péchés réels. Dans le Nouveau Testament, Jean 13 est davantage relié au dernier aspect qu’au premier.
Combien nous avons besoin du sang, mais aussi de l’eau !
Chapitre 8 – Être disciple sous la grâce
Un salut gratuit
Le caractère essentiel de la grâce de Dieu est qu’elle est gratuite et sans condition. La manière de la recevoir - la repentance et la foi - est parfaitement établie dans l’Écriture. Mais, bien qu’il puisse y avoir des conditions à sa réception, la grâce n’est entravée par aucune d’elles. Certains hommes sont experts dans l’art de donner d’une main et de reprendre de l’autre, de faire des dons tellement protégés par des restrictions et des conditions qu’ils sont franchement inutiles aux destinataires ; mais ce n’est pas là la manière de Dieu.
« La grâce de Dieu est gratuite », dit-on communément ; c’est juste, et nous le croyons. Pourtant elle embarrasse beaucoup de croyants, quand, en ouvrant leur Bible, ils sont confrontés à des « si ». Ainsi, on peut lire par exemple, « SI quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour, et me suive » (Luc 9 : 23).
Qu’est-ce que cela signifie ? Le salut, après tout, est-il aussi gratuit que nous l’avions supposé ? Devons-nous faire une sorte de négociation avec le maître selon les termes que nous lisons ici, avant de pouvoir être comptés parmi ceux qui lui appartiennent ?
Être disciple du Seigneur
Répondons à ces questions en lisant Luc 14 : 25-35. Les mêmes pensées réapparaissent ici : « SI quelqu’un vient à moi, et ne hait pas son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, ses sœurs et même aussi sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple ». Ces quatre derniers mots sont répétés trois fois (v. 26, 27, 33). Il n’est pas dit, remarquez-le bien : « il ne peut pas être sauvé », mais « il ne peut pas être mon disciple ».
Parmi les quatre évangiles, Luc est celui qui souligne particulièrement la grâce. En effet en Luc 14, le paragraphe même qui précède celui-ci, contient la parabole du « grand souper » (v. 15-24), qui est une image du déploiement merveilleux de la grâce de Dieu. Ne vaut-il pas la peine de noter, alors, que, ayant dévoilé la grâce divine de façon à amener de grandes multitudes à désirer l’entendre, le Seigneur leur donne les limites du fait d’être disciple ; et ne ferions-nous pas bien, tout en observant la distinction entre eux, de les maintenir ensemble dans l’ordre dans lequel Il les a mis ?
On peut les distinguer comme ceci :
La grâce est une forme spéciale de l’amour divin, ou un de ses caractères. C’est la forme qu’il prend quand il s’épanche vers ceux qui en sont totalement indignes, en s’adaptant à leurs besoins, mais aussi en les dépassant de beaucoup, selon sa grande richesse.
Le fait d’être disciple est la forme spéciale prise par l’amour qui jaillit du cœur d’un croyant en réponse à celui de Dieu. C’est le retour de l’amour divin vers sa source, la réponse à cet amour. Être un disciple c’est être un étudiant, et non un étudiant seulement, mais quelqu’un qui suit un exemple ; et quand la grâce de Dieu saisit une âme et qu’elle a reçu la nouvelle vie, son premier instinct la pousse à apprendre à connaître son Sauveur et à le suivre.
L’instruction des paraboles
La grâce est le ressort principal du fait d’être disciple et ce n’est pas sans raison qu’en Luc 14 ils sont liés.
Dans la parabole du grand souper nous trouvons la porte du salut largement ouverte et le plus mauvais des hommes est aussi invité. Aucun critère n’est donné, aucune condition imposée… La grâce brille sur ceux qui viennent à elle tels qu’ils sont. Mais celui qui a prononcé cette parabole donne aussi un double avertissement :
- Beaucoup diraient avoir reçu la grâce, sans que cela soit vrai ;
- Ceux qui la recevraient vraiment, auraient un amour qui y répond. Ils seraient irrésistiblement engagés à suivre le Seigneur, source de cet amour. Ils comprendraient quels sont leurs devoirs.
Le Seigneur a donc ajouté à sa déclaration sur la grâce l’instruction quant au fait d’être disciple. C’est ainsi qu’il a ajouté deux courtes paraboles (Luc 14 : 28-33) pour montrer l’importance de « calculer la dépense ».
« Il en coûte trop pour être chrétien », a dit un jour un homme découragé. Avait-il raison ? Voulait-il dire : « il en coûte trop pour être sauvé ? ». Dans ce cas, il avait entièrement tort. Le coût indicible du salut a été réglé par Celui qui pouvait le payer et Il a tout réglé. Le salut ne nous coûte rien. Cette personne a employé le mot « chrétien » dans son sens propre, parce que les disciples ont été appelés chrétiens à Antioche (Act. 11 : 26). Même s’il a voulu dire : cela coûte trop d’être un vrai disciple, il avait quand même tort. Il est vrai que cela coûte d’être un disciple, mais pas trop ! Le fait est que notre ami n’était pas sauvé, il n’avait jamais goûté la grâce, et n’avait donc rien à dépenser. Quand un homme va au marché sans argent dans sa poche, tout coûte trop cher. Il mettait le fait d’être disciple avant la grâce, ce qui équivaut à mettre les exigences avant l’approvisionnement, et la responsabilité avant la puissance qui permet de l’assumer - en langage courant, c’est « mettre la charrue avant les bœufs ».
Que coûte le fait d’être un disciple du Seigneur ? Cela coûte un sacrifice en tout, et donc ces petites paraboles trouvent ici leur place. Cela coûte beaucoup de travail pour enrichir notre position, et beaucoup d’énergie pour combattre nos ennemis.
« Qui parmi vous, en effet, s’il veut bâtir une tour… » (v. 28). Avez-vous une telle intention ? C’est le cas si vous vous proposez de suivre vraiment le Seigneur. La tour parle de protection ; et nous en avons besoin. C’est clairement affirmé dans l’Écriture, bien que nous soyons gardés par la puissance de Dieu, « par la foi » (1 Pi. 1 : 5). Nous avons la responsabilité de nous édifier nous-mêmes sur notre très sainte foi. Par conséquent il nous incombe de « prier par le Saint Esprit ». Nous serons ainsi gardés « dans l’amour de Dieu » (voir Jude 20-21). Quand l’amour de Dieu nous enveloppe comme une tour défensive, nous sommes bien enrichis !
Agir « par la foi », c’est la main qui bâtit. « La foi » - nous le trouvons dans la Parole de Dieu - est la base puissante sur laquelle nous bâtissons. La prière est l’attitude la plus adaptée à ces travaux de construction. L’amour de Dieu, quand nous en jouissons, est notre tour de défense, notre protection.
Mais ce sont des moyens pour un même but. Bien équipés pour notre défense nous pouvons monter à offensive contre l’ennemi. La truelle vient d’abord, l’épée vient ensuite.
« … Ou quel roi, partant pour faire la guerre… » (v. 31). Avez-vous une idée de ce que peut être cette situation ? Si vous êtes un disciple vous devez savoir de quoi il s’agit. Notez que le roi, avec dix mille hommes, se propose d’attaquer un plus fort que lui. C’est audacieux, mais derrière lui, il y a une base d’opérations bien fortifiée : sa tour est construite. C’est toujours la manière de Dieu : protection puis combat. La tour de David a été construite par les expériences qu’il a faites au désert en rencontrant le lion et l’ours, et, par conséquent, Goliath ne lui faisait pas peur. À Worms, forteresse de l’animosité contre la foi, Luther, « le moine qui a ébranlé le monde », avance avec son petit livre. Son cri de bataille était le cantique que nous connaissons : « C’est un rempart que notre Dieu, Une invincible armure… »
Être disciple, ce que cela implique
- La prière et l’étude de la Parole de Dieu. Cela produit des exercices que nous ne connaîtrions pas autrement ;
- Le choc de la bataille avec le monde, la chair et le diable. Asseyez-vous et calculez. Vous tremblez ? Alors recalculez le coût dans la pleine lumière de la puissance de Dieu et des immenses réserves de la grâce. Alors vous commencerez à vous « glorifier dans le Christ Jésus » plus profondément, car vous aurez expérimenté qu’il ne faut pas avoir « confiance en la chair » (Phil. 3 : 3).
Ainsi la grâce et le fait d’être disciple vont de pair, comme l’illustre l’histoire de Bartimée (Marc 10 : 46-52). La grâce est présente dès qu’il crie et elle lui donne tout ce qu’il désire, gratuitement. Jésus lui dit d’abord : « Que veux-tu que je te fasse ? » Et ensuite elle le laisse libre : Bartimée, aucune limite ne t’est imposée, « Va », va où tu veux, comme tu le désires. Tu es libre ! Quel chemin a-t-il pris ? Immédiatement après avoir recouvré la vue, poussé par la grâce, il est entré dans le chemin du vrai disciple. Il a suivi Jésus !
1 - Est-ce que tout chrétien est un disciple, ou est-ce seulement certains chrétiens favorisés qui ont cette distinction ?
Aucun chrétien n’est « favorisé » dans le christianisme. Malgré tout cette idée a envahi le monde et a conquis la chrétienté si bien que, comme dans la société mondaine, on trouve une hiérarchie parmi les chrétiens, clergé et laïques. Le christianisme de la Bible, tout en reconnaissant les dons spirituels et les ministères, ne reconnaît rien de cela. Les premiers chrétiens étaient tous des croyants, des saints, des disciples (voir Act. 1 : 15 ; 6 : 1 ; 9 : 38 ; 19 : 9 ; 20 : 7). Et le plus grand des apôtres n’était qu’un simple croyant, un saint, ou un disciple comme les autres, cependant doué et revêtu d’une autorité indiscutable. C’est une grave erreur de considérer que le fait d’être disciple n’appartient qu’à quelques-uns – un genre de clergé – et que les gens plus ordinaires peuvent se satisfaire d’être sauvés pour avoir le ciel et de stagner inévitablement dans cette situation. Si nous y voyons clair comme Bartimée, il serait regrettable d’aller flâner à Jéricho plutôt que de suivre le Seigneur ! Cependant plusieurs ont cette tendance, et le Seigneur a dit à des Juifs qui avaient cru en lui : « Si vous persévérez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples » (Jean 8 : 31).
Être disciple appartient à tous les chrétiens, pourtant beaucoup de croyants ne sont pas de vrais disciples, alors qu’ils le devraient
2 - Pouvez-vous récapituler pour nous les conditions du fait d’être disciple chrétien ?
Lisez soigneusement Luc 9 : 23-26, 46-62, aussi Luc 14 : 25-33, si vous voulez en avoir une idée claire.
La condition essentielle se trouve en Luc 14 : 26, 33 : Christ doit être le premier en tout – le reste (relations, possessions, et soi-même) n’a plus de place.
Nous ne devons pas absolument « haïr » ; naturellement, cela est dit dans un sens relatif. Notre amour pour Christ devrait ainsi transcender l’amour naturel que nous portons à nos relations, à tel point que le dernier semble être de la haine en comparaison du premier (Luc 9 : 59-60 donne une forme d’illustration).
Renoncer veut dire que nos affections sont détachées de nos possessions, elles sont désormais à notre Maître et doivent être entretenues pour Lui. Cela peut signifier de tout quitter, comme dans le cas des premiers chrétiens, ou, comme Lévi, laisser tout, sans pour autant s’en défaire. La maison de Lévi était toujours à lui, et son argent a été employé pour faire un grand festin à Christ et pour attirer des pécheurs vers Lui (Luc 5 : 27-29). Il est un très bon exemple pour certains d’entre nous !
Si Christ doit être le premier, le moi doit Lui faire place, et ainsi nous constatons que le disciple doit renoncer à lui-même et prendre sa croix journellement. Renoncer, c’est savoir dire non à soi-même, accepter de ne plus avoir de volonté propre – être « mort » quant à sa volonté. Cela se passe à l’intérieur de nous-même. « Prendre sa croix », est une chose extérieure : c’est accepter d’être coupé du monde et de sa gloire, dire non à l’amour de la réputation et à la popularité.
C’est un dur travail, amer pour la chair… mais il est adouci par l’amour de Christ. Telles sont les conditions du fait d’être disciple.
3 - Il est facile de voir ce que signifiait être disciple pour les premiers chrétiens. Nous vivons dans des jours différents. Quelle en est la signification en pratique pour nous aujourd’hui ?
Cela signifie exactement la même chose qu’alors. La seule différence concerne des détails extérieurs. C’est dire non à notre propre volonté autant qu’autrefois. C’est porter sa croix – le rejet du monde – autant qu’autrefois. Le monde a rejeté les premiers chrétiens par l’épée, par les bêtes sauvages ou le bûcher ; il peut nous rejeter par un mépris silencieux, nous ignorer volontairement, ou nous mettre hors de sa société. C’est la même chose. Mais, dans leur cas, l’attaque était directe, radicale, aiguë, et allait jusqu’à la mort ; dans le nôtre, l’attaque est souvent plus larvée, mais durable et prolongée. Aujourd’hui, dans certains pays c’est exactement comme aux premiers jours du christianisme. Cela demande de marcher dans un esprit de jugement de soi et dans la séparation du monde et même du monde religieux. Cela demande d’abandonner beaucoup de choses pour l’amour du nom de Christ. Cela demande, à tout moment et dans toutes les circonstances, de se poser la question, qui n’est pas « Qu’est-ce que je désire ? », mais « Qu’est-ce que le Seigneur désire ? ».
4 - On dirait que le vrai disciple perd beaucoup de ce que ce monde apporte. Que va-t-il gagner ?
Il reçoit « beaucoup plus (que ce qu’il a perdu) en ce temps-ci et,dans le siècle qui vient, la vie éternelle » (Luc 18 : 30). Le bénéfice ne sera pas de nature à interpeller l’homme du monde, qui estime ses avantages principalement par rapport à la quantité d’argent qu’il a dans son compte en banque. Ce sera un bénéfice plus grand, de caractère différent : « Si quelqu’un me sert, qu’il me suive ; et où je suis, moi, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu’un me sert, le Père l’honorera » (Jean 12 : 26). Servir Christ et recevoir l’honneur du Père ! Qui peut estimer le gain qu’apportent ces deux choses ? Les trois disciples en ont eu un aperçu, quand, ayant entendu ce qu’être disciple impliquait, ils furent témoins de la transfiguration du Seigneur (Luc 9) quand ils étaient « avec lui sur la sainte montagne » (2 Pi. 1 : 16-18). Quand Paul, étant au front du combat, a souffert la perte de tout pour Christ et a fixé l’œil de la foi sur les choses éternelles, il a estimé que la perte occasionnée par le fait d’être disciple était une « légère tribulation » et a en salué le bénéfice comme « un poids éternel de gloire, en mesure surabondante » (2 Cor. 4 : 17-18).
5 - Y a-t-il une différence entre un disciple et un apôtre ?
Il y a une différence très claire. Nous avons lu que le Seigneur « appela à lui ses disciples ». « Il en choisit douze, qu’il nomma aussi apôtres » (Luc 6 : 13). Le mot disciple signifie : celui qu’on enseigne ou qu’on forme. Le mot apôtre signifie : envoyé. Tous ceux qui suivaient vraiment le Seigneur étaient des disciples ; seuls les douze ont été envoyés comme apôtres. Quant à l’autorité et au service, ils avaient une place spéciale. Ils ont disparu après avoir posé les bases de l’Église (Éph. 2 : 20) : il n’y a plus d’apôtres aujourd’hui, mais on doit trouver des disciples de Christ partout.
6 - D’où vient la puissance pour être disciple, et comment pouvons-nous la garder ?
La puissance nécessaire ne peut pas être trouvée en nous, ni être produite par des exercices religieux. Elle vient de Dieu seul. Elle nous parvient, cependant, d’une manière très simple. Quand les rayons de l’amour de Dieu pénètrent dans un cœur, même très sombre, il reçoit immédiatement une nouvelle puissance active qui lui permet de commencer à être disciple. Ce qui initie cette puissance, le soutient aussi.
Lisez les chapitres 14 à 16 de Jean. Ils sont un parfait manuel du disciple. Vous constaterez que l’amour est le ressort de tout. Le Consolateur, l’Esprit Saint, est la puissance. L’obéissance – garder et suivre les commandements d’amour de Christ – est la voie dans laquelle le disciple est conduit.
7 - Pouvez-vous nous donner des conseils pour nous aider, car nous cherchons à vivre comme disciples du Seigneur Jésus ?
Je vais dire trois choses seulement :
- Vous aurez besoin de sagesse et de discrétion. Par conséquent vous devez donner aux Écritures leur vraie place, car la volonté de notre Maître et Seigneur y est exprimée. Notre affaire, comme disciple, est de la rechercher dans la dépendance et l’enseignement de l’Esprit Saint. Les Écritures sont la Parole de Dieu, et nous devons en faire une étude soigneuse.
- Vous devez cultiver un esprit de dépendance de Dieu. Par conséquent la prière est nécessaire. Le disciple doit toujours avoir un esprit porté à prier.
- Vous devez toujours rechercher la voie de l’obéissance. Comme disciples, notre grande affaire c’est d’obéir, plutôt que faire de grands exploits. Il est arrivé dans l’histoire qu’un homme ait fait de grands exploits. Mais ses exploits ont souvent contribué à sa ruine. S’il avait moins pensé à ses exploits et davantage à son but dans la vie, les résultats auraient pu être bien différents.
L’obéissance à la Parole de Dieu est notre première affaire. Laissons de côté tout ce qui pourrait nous gêner, en nous rappelant ce que disait notre grand Maître lui-même : « Si vous savez ces choses, vous êtes bienheureux si vous les faites » (Jean 13 : 17).
F. B. Hole
À suivre