POUR MIEUX COMPRENDRE LA FOI CHRÉTIENNE (5-6)
CHAPITRE 5 - Le péché et les péchés
QUESTIONS
CHAPITRE 6 - Le croyant a deux natures
QUESTIONS
CHAPITRE 5 - Le péché et les péchés
En distinguant soigneusement ces deux choses : le péché et les péchés, nous ne faisons pas de la controverse. Bien qu’étroitement reliées, elles sont nettement différentes. Toutes les deux sont mentionnées en Romains 5 : 12 : « Par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort , et ainsi la mort a passé à tous les hommes, du fait que tous ont péché ».
Le péché a trouvé une entrée dans le monde à la chute d’Adam. C’est comme le poison d’un serpent qui, une fois injecté dans le corps de l’homme, l’envahit tout entier et effectue son travail mortel. Le péché - le virus du serpent ancien, le diable - a imprégné son être moral pour sa ruine. Le résultat en est que « tous ont péché ». Tous ont commis des péchés - en pensée, en parole ou en acte - que ce soit par omission ou en action. Chacun de nous en a commis.
Le péché est la racine des péchés ; ils sont les fruits honteux qui en jaillissent.
Ceci étant dit, allons plus loin et demandons-nous ce qu’est exactement ce « péché » qui est entré dans le monde ?
1 Jean 3 : 4 répond sur ce point : « Quiconque pratique le péché (commet des péchés) pratique aussi l’iniquité, et le péché est l’iniquité ».
Il y a une immense différence entre transgression et péché. La transgression à la Loi est le non-respect d’un commandement défini. Il ne peut y avoir aucune transgression de la Loi s’il n’y a pas de Loi. D’Adam à Moïse, il n’y avait aucune loi dans le monde, par conséquent il n’y avait aucune transgression et le péché n’était pas imputé. Pourtant le péché était là, terrible, car il entraîne la mort. C’est l’argument de Romains 5 : 13-14.
Qu’est-ce que l’iniquité ? C’est simplement le refus de toute règle, le rejet de toute contrainte divine. C’est l’affirmation de la volonté de l’homme au mépris de Dieu. Le péché est exactement cela. Telle est la voie dans laquelle Adam s’est engagé en mangeant du fruit interdit. Que les résultats sont amers !
Au lieu d’être comme une planète qui brille d’une belle lumière et parcourt son orbite dirigée par le soleil, l’homme est devenu comme une étoile errante, suivant une trajectoire aléatoire qui conduit on ne sait où… L’Écriture indique clairement que les ténèbres sont réservées pour toujours à ceux qui sont perdus (Jude 13). Au lieu de dominer, l’homme est asservi par ce à quoi il s’est volontairement livré. Le péché le domine et se manifeste continuellement par des péchés. Par malheur, il exerce une influence mortifère et étourdissante sur la conscience de telle sorte que les pécheurs semblent être inconscients de leur situation.
Quand la grâce de Dieu intervient, et que l’Esprit travaille et exerce sa puissance vivifiante dans une âme, le premier cri qu’elle pousse est celui du besoin et de la douleur. Le passé lui revient en mémoire et accable sa conscience. Les péchés deviennent la question importante de l’heure, et la détresse ne cesse que lorsque la valeur du sang précieux de Christ est connue et que l’âme peut dire : « Mes péchés me sont pardonnés à cause de son nom ». Ensuite - c’est sans doute l’expérience de la plupart des croyants -, la question du péché se pose. Nous découvrons que, bien que nos péchés soient pardonnés, la racine du mal est toujours en nous. Que faire ? C’est une vraie question.
Si nous discernons que le péché est la cause de nos ennuis, nous avons gagné quelque chose. Cependant certains chrétiens semblent être trop occupés du fruit produit pour voir ce qui le produit.
Il y a quelques années, un jeune s’est approché d’un chrétien plus âgé pour lui dire que malgré toutes ses prières et tous ses efforts, les péchés s’infiltraient continuellement dans sa vie et son comportement. Ils étaient devenus un fardeau insupportable !
– Sur quel arbre poussent les pommes ? fut la seule réponse du chrétien âgé.
– Pourquoi me parles-tu d’un pommier ? a demandé le jeune étonné, tant la question lui semblait ridicule et incongrue.
– Et sur quel arbre poussent les prunes ?
– Sur un prunier… Son étonnement grandit !
– Et sur quel arbre poussent les péchés ? Le jeune fit une pause. Puis, avec un sourire il dit : Sur un « arbre à péché », n’est-ce pas ?
– Tu as raison, lui a dit cet ami. C’est seulement là qu’ils peuvent se développer.
Notez ce point. Les péchés que nous, chrétiens, devons déplorer et confesser ne sont pas de petites choses isolées qui nous sont étrangères, que le diable aurait insérées d’une façon ou d’une autre dans nos vies. Leur cause est beaucoup plus profonde. Ils jaillissent comme un fruit qui sort de ce qu’il y a en nous. Le péché est en nous-même ! Que personne ne dise le contraire quand l’Écriture dit : « Si nous disons que nous n’avons pas de péché, nous nous séduisons nous-mêmes, et la vérité n’est pas en nous » (1 Jean 1 : 8). Le péché est la source, les péchés sont les fruits honteux qui en jaillissent.
Ceci étant, qu’est-ce qui peut mettre fin au péché qui est entré dans le monde ?
La mort, ou mieux encore, le changement apporté par la résurrection. Elle mettra fin au péché en ce qui nous concerne, nous croyants qui sommes vivants, absolument et pour jamais. La dernière trace de sa présence en nous aura alors disparu. Tout chrétien vit en l’anticipant avec joie. Sommes-nous tous joyeux en pensant à l’heure où le grand remède, la mort, a eu lieu - la mort de Jésus, évidemment ?
« Car en ce qu’il est mort, il est mort une fois pour toutes au péché ; mais en ce qu’il vit, il vit à Dieu » (Rom. 6 : 10).
La question se résume donc ainsi : Il est mort pour nos péchés et les a expiés ; Il est mort (relativement) au péché. Ainsi, enseignés par l’Esprit, nous reconnaissons que nous sommes identifiés à notre grand représentant ; notre foi s’approprie sa mort comme étant nôtre. Alors, nous aussi, sommes « morts au péché », et si nous sommes cohérents, nous ne pouvons plus vivre en lui, « dans le péché » (voir Rom. 6 : 2). Nous nous considérons donc comme effectivement « morts au péché », mais comme « vivants à Dieu dans le Christ Jésus » (Rom. 6 : 11).
Il y a juste une différence : le péché auquel Jésus est mort était purement externe à Lui-même. « Il n’y a pas de péché en lui » (1 Jean 3 : 5). Pour nous, il n’est pas seulement externe, mais aussi interne. Le péché est le principe qui règne dans le monde ; il est également, hélas ! le principe qui règne dans la chair qui est en nous.
Mais il y a plus que cela. La mort de Christ n’est pas seulement notre mort au péché, elle est aussi la totale condamnation du péché auquel nous sommes morts. Romains 8 : 3 dit : « Dieu - ayant envoyé son propre Fils en ressemblance de chair de péché, et pour le péché - a condamné le péché dans la chair ». À la croix, le péché a été révélé dans toute sa laideur, car l’iniquité a alors atteint son plus grand débordement ; et dans ce sacrifice saint, le jugement du péché a été porté et sa condamnation prononcée.
Notez donc soigneusement ces distinctions. Des péchés ont été portés et leur jugement épuisé. Le péché a été jugé et condamné, et nous sommes morts vis-à-vis de lui par la mort de Christ. La croix contenait tout cela et encore bien davantage. Quelles merveilles célestes entourent la croix ! Elle seule est inégalée et inégalable !
1 - Nous lisons en Jean 1 : 29 l’expression « péché du monde », et en Romains 8 : 3 « chair de péché ». Y a-t-il une différence entre les deux ? Et comment les distinguer des péchés d’un individu ?
En voyant Jésus venir à lui, Jean le Baptiseur a pu dire, en effet : « Voilà l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde ! » (Jean 1 : 29). L’expression « péché du monde », en Jean 1, désigne tout ce qui concerne le péché. Le péché, la racine des péchés, et chacune de ses ramifications, doit être ôté par l’Agneau de Dieu. Sa croix en est la base, et il le fera lui-même, comme prévu en Apocalypse 19 à 21.
La « chair de péché » ou « le péché dans la chair » a un sens quelque peu différent. Le péché est, naturellement, identique partout où on le trouve dans l’univers de Dieu, que ce soit dans les démons ou dans les hommes, mais en ce qui concerne ce monde, « la chair » - la vieille nature déchue des enfants d’Adam - est le grand moyen lié à notre corps où il habite et par lequel il agit, produisant des péchés. C’est universel. Imaginez-vous une immense station d’énergie électrique, et tout un réseau de fils non protégés, rayonnant partout dans une vaste ville. Des chocs mortels se produisent partout !
Le péché est comme le courant électrique, subtil et indéfinissable, faisant sentir son influence dans chaque direction.
La chair est comme le fil, où se trouve l’électricité et par lequel le péché agit.
Les péchés sont comme les chocs produits dans toutes les directions, ayant pour résultat la mort. L’ensemble représente le péché du monde : les fils, l’électricité, la centrale électrique… ! Un nettoyage de tout ce qui est mauvais doit être fait. Tel est le rôle de la croix. Jean peut dire : « Voilà l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde ! ».
2 - On parle du pardon des péchés. Peut-on parler aussi du pardon du péché ?
Non. Car l’Écriture n’en parle pas. On trouve continuellement dans la Bible le pardon des péchés, le pardon d’un péché aussi, mais le pardon de leur racine, du péché, jamais !
Une simple illustration peut aider. Une mère a un enfant qui développe un tempérament ingouvernable. Un matin, irrité parce que sa sœur est plus intéressée par sa poupée que par la voiture qui est dehors, il essaie d’attirer son attention, et dans la lutte, elle se cogne la tête sur la vitre et se blesse gravement. La mère envoie son garçon dans sa chambre et quand le père revient, il est sévèrement puni.
Le soir, la punition a eu les effets désirés. Il vient vers ses parents en pleurs, confessant sa faute. Le voyant repentant, ils lui pardonnent son acte de colère. Mais lui pardonnent-ils son mauvais caractère d’où est venu l’acte ? Aucunement. Cela serait, plus ou moins l’approuver. Avec amour, mais fermement, ils lui montrent les conséquences de sa mauvaise nature et cherchent à l’amener à en avoir horreur et à la condamner aussi totalement qu’ils le font eux-mêmes.
« Dieu… a condamné le péché dans la chair » (Rom. 8 : 3). Il ne l’a pas toléré ni pardonné, et le travail du Saint Esprit en nous, nous conduit à le condamner comme Dieu l’a condamné, afin que nous soyons délivrés de son pouvoir.
3 - Comment conciliez-vous la condamnation du péché dans la chair avec le fait que les croyants peuvent encore pécher ?
Aucune conciliation n’est nécessaire. Condamner n’est pas éradiquer. La Bible qui parle de la condamnation du péché (Rom. 8 : 3) dit également que le péché est toujours en nous (1 Jean 1 : 8) et suppose que le croyant peut pécher, en précisant la disposition que le Père a prise pour un tel cas (1 Jean 2 : 1). Elle nous dit même clairement, qu’en fait, nous péchons tous (Jac. 3 : 2).
Dieu a laissé la chair et le péché dans le croyant pour qu’il apprenne à connaître pratiquement sa vraie nature. Ainsi il peut expérimentalement comprendre la condamnation de Dieu à la croix et qu’il doit avoir recours à un autre pour trouver vie et affranchissement de la puissance du péché qui est en lui, de sorte qu’après avoir crié : « Qui me délivrera ? », il puisse dire : « Je rends grâces à Dieu par Jésus Christ notre Seigneur » (Rom. 7 : 24-25).
4 - Est-ce que le péché ne sera jamais complètement ôté du croyant ? Il est dit, en 1 Jean 3 : 9 : « Quiconque est né de Dieu ne pratique pas le péché » ?
Quand le croyant meurt, il est « absent du corps et présent avec le Seigneur » (2 Cor. 5 : 8), il en a fini avec le péché pour toujours. À la venue du Seigneur les corps de tous les croyants ressusciteront sans une trace de péché. Jusque-là, le péché est présent en nous, bien que nous ayons déjà le privilège d’être délivré de sa puissance.
Le verset cité - « Quiconque est né de Dieu ne pratique pas le péché » - ne contredit en rien les autres versets que nous avons considérés. Il parle simplement de la nature de celui qui est né de Dieu. Il ne pratique pas le péché (il est question de ne pas « pratiquer » plutôt que ne pas « commettre »). Ce n’est pas dans sa nature de faire ainsi. L’apôtre considère les croyants dans leur nature comme étant nés de Dieu, sans référence à quelque trait de caractère qui peut s’affirmer dans le cours de la vie.
Par exemple, un homme pourrait marcher le long de la mer, près d’un certain village de pêcheurs avec un ami, et lui montrer un grand filet avec d’innombrables flotteurs de liège et lui dire : « Quel grand avantage pour le pêcheur d’avoir du liège qui ne peut pas enfoncer dans l’eau ». Son ami, répondant dirait : « Il peut enfoncer car j’ai vu, il y a une heure seulement, les hommes en train de récupérer ce filet, au fond de la mer ; les poids attachés sur le côté et au-dessous étaient trop lourds et avaient entraîné le tout vers le fond ».
Qui avait raison ? Tous les deux, compte tenu de leurs points de vue respectifs. Le premier pensait aux qualités abstraites du liège, le dernier à une chose curieuse et anormale qui s’était produite dans la pratique. L’apôtre Jean écrit d’un point de vue abstrait, et le péché dans la vie d’un chrétien n’est certainement pas normal ; c’est ce qu’il y a de plus anormal !
5 - Les chrétiens, cependant, commettent tous trop fréquemment des péchés. La conclusion que nous avons tirée quant au péché et aux péchés est-elle juste ?
Non. La croix de Christ est la base de tout. C’est là que le péché a été condamné. C’est là que l’expiation a été faite, de sorte que la rémission nous est donnée dès que nous croyons. Tel est aussi le don de la grâce divine, car « les dons de grâce et l’appel de Dieu sont irrévocables » (Rom. 11 : 29) : ils ne sont pas sujets à un changement de pensée de la part de Dieu. Ils sont donnés pour toujours.
Les péchés commis après la conversion, cependant, perturbent considérablement le bonheur du chrétien, et dissipent sa joie, tant celle du pardon que celle de sa relation avec Dieu, jusqu’à ce que, le croyant se jugeant, ces péchés soient confessés, et que, par le service d’avocat de Christ, il obtienne le pardon du Père (voir 1 Jean 1 : 9 à 2 :1). Leçons douloureuses que nous devons tous apprendre, mais elles nous sont profitables. Nous découvrons ainsi la vraie nature de la chair en nous, et que la seule manière d’être gardés de satisfaire son désir est de marcher par l’Esprit (Gal. 5 : 16).
6 - Le Seigneur Jésus Christ, en mourant, a-t-il porté les péchés de tout le monde ? Cela ne découle-t-il pas du fait qu’il a ôté le péché du monde, selon Jean 1 : 29 ?
L’Écriture dit : « Il est mort pour tous » (2 Cor. 5 : 15). Il s’est donné en « rançon pour tous » (1 Tim. 2 : 6). « Il est la propitiation pour nos péchés, et non pas seulement pour les nôtres, mais aussi pour le monde entier » (1 Jean 2 : 2).
Ces versets parlent de ce que nous pouvons appeler le côté de son œuvre telle que Dieu la voit. Il inclut tous les hommes ; l’intention divine est bienveillante envers tous et la propitiation a été faite, non seulement pour les croyants, mais pour tout le monde.
Quand nous en venons, non à l’intention de Dieu ou au fait de porter les péchés dans son œuvre, mais à ses résultats réels, c’est différent. Quand nous regardons les choses sur la plus grande échelle possible, et pensons dans l’absolu. Jean 1 : 29 nous dit : « l’Agneau de Dieu ôte le péché du monde ». Cela s’applique effectivement à tous, mais c’est tout à fait en accord avec le fait que le péché et tous ceux qui sont identifiés avec lui, iront dans l’étang de feu.
Si nous pensons aux choses en détail, nous ne pouvons pas dire que Jésus a porté les péchés de tout le monde, parce que l’Écriture dit : « Il a porté nos péchés [ceux des croyants] en son corps sur le bois » (1 Pi. 2 : 24). Et nous lisons encore : « Christ ayant été offert une fois pour porter les péchés d’un grand nombre » (Héb. 9 : 28). Grâces soient rendues à Dieu de ce que nous nous trouvons parmi eux !
NdT : 1- Le chrétien est laissé dans ce monde avec la chair en lui dans le but que sa vie sainte démontre la puissance de la vie de Dieu qu’il a reçue. Lorsqu’un chrétien pèche, il donne l’occasion aux ennemis de Christ de dire que son œuvre n’a rien changé.
2- Christ n’a pas expié les péchés de tous les hommes du monde. Si c’était le cas tous seraient sauvés. Son œuvre a pourtant bien été accomplie à l’intention de tous les hommes : il est la propitiation pour le monde entier. L’œuvre de la croix a deux côtés que nous devons distinguer avec soin : propitiation pour le monde entier, substitution pour les élus.
CHAPITRE 6 - Le croyant a deux natures
De nombreux croyants rencontrent des difficultés dans leur vie spirituelle, parce qu’ils n’ont pas une vue claire des enseignements bibliques concernant les deux natures qui coexistent en eux. Ils éprouvent toutes sortes de sentiments contradictoires. Pourtant, demande Jacques, « une fontaine fait-elle jaillir par la même ouverture le doux et l’amer ? » (3 : 11). Mais ces croyants semblent s’accommoder d’un tel mélange, car leurs pensées, leurs paroles et leurs actes trahissent une complète confusion entre le vrai et le faux.
Le point de départ de la délivrance, c’est de saisir par la foi le fait qu’en nous existent deux natures : la nouvelle et l’ancienne. La première est la source de tout désir conforme à la volonté de Dieu, tandis que de la seconde ne procède que le mal.
Dans son entretien avec Nicodème, le Seigneur Jésus insiste sur la nécessité de la nouvelle naissance. Il faut être « né de nouveau », « né d’eau et de l’Esprit ». Il ajoute : « Ce qui est né de la chair est chair ; et ce qui est né de l’Esprit est esprit » (Jean 3 : 6). Méditons avec sérieux ces paroles solennelles.
Elles font ressortir, en premier lieu, l’existence de deux natures, dont chacune est caractérisée par son origine. « Chair » est le nom de la première, car nous la recevons à la naissance ; « esprit » est le nom de la seconde, parce qu’elle tire son origine du Saint Esprit de Dieu.
Il est par conséquent exact d’appeler « chair » la vieille nature que nous héritons d’Adam, le chef de la race humaine, dès notre naissance ; « esprit » la nouvelle nature que nous possédons dès notre nouvelle naissance, en tant que nés de l’Esprit.
Il y a aussi lieu de faire une distinction entre la nature spirituelle et le Saint Esprit de Dieu en personne. La nouvelle nature est le fruit de la puissance miraculeuse de l’Esprit. Il n’habite jamais dans une personne avant d’avoir opéré en elle la nouvelle naissance, et d’avoir ainsi créé en elle une nouvelle nature qui est « esprit ». Ainsi ne confondons pas la nouvelle nature avec le Saint Esprit qui la crée.
Lors de notre nouvelle naissance, cette nouvelle nature a été implantée en nous par le Saint Esprit. La première conséquence de ce fait a été de créer un antagonisme inévitable entre la nouvelle nature et l’ancienne. Toutes les deux tendent à dominer en nous, mais en nous engageant dans deux directions opposées. Ce douloureux conflit entre le bien et le mal subsistera jusqu’à ce que nous ayons appris de quelle manière nous sommes délivrés de la puissance de la chair en nous.
Le chapitre 7 de l’épître aux Romains décrit cette pénible expérience. Lisons-le attentivement (de 7 : 14 à 8 : 4). Ne retrouvons-nous pas là nos propres expériences ? Le verset 18 du chapitre 7 est de la plus haute importance : « Je sais qu’en moi, c’est-à-dire en ma chair, il n’habite point de bien ». La chair est donc entièrement et irrémédiablement mauvaise, et si Dieu nous laisse nous débattre dans le marécage de nos expériences amères, c’est afin que nous apprenions cette leçon. « La chair n’est d’aucun profit », a dit le Seigneur lui-même (Jean 6 : 63). Cette vérité est confirmée par Romains 8 : 8. « Ceux qui sont dans la chair ne peuvent pas plaire à Dieu ». Il ne peut procéder de la chair que du mal : c’est un automatisme désespérant pour le croyant qui n’a pas encore appris cette leçon, ni ne connaît les ressources mises à sa disposition pour marcher selon l’Esprit.
On peut abandonner la chair à elle-même et renoncer à l’éduquer. Elle est tenue, en ce cas, pour grossière, sauvage, jusqu’au cannibalisme. Mais elle peut être aussi civilisée et très cultivée. Elle est alors bridée, éduquée, christianisée, mais elle reste chair ; car « ce qui est né de la chair est chair », indépendamment de toutes les contraintes auxquelles on tente de la soumettre. En elle - quel qu’en soit le raffinement apparent - n’habite point de bien.
Que faut-il donc faire d’une telle nature, source du péché ? Nous répondrons à cette question à l’aide d’une autre : Qu’est-ce que Dieu a fait de la chair ? Quel remède nous propose-t-Il ?
Romains 8 : 3 déclare à ce sujet : « En effet, ce qui était impossible à la Loi, du fait que la chair la rendait sans force, Dieu - ayant envoyé son propre Fils en ressemblance de chair de péché, et pour le péché - a condamné le péché dans la chair ».
Dès le commencement, la Loi condamnait la chair avec ses œuvres, mais elle ne donnait aucune force pour nous délivrer de sa puissance. Ce qui était impossible à la Loi, Dieu l’a fait. À la croix de Christ, il a jugé la chair, ayant « condamné le péché dans la chair ». Il l’a donc jugée dans sa racine et dans son caractère.
Romains 8 : 4 montre les résultats pratiques de cette condamnation, en ce que le croyant ne marche plus « selon la chair, mais selon l’Esprit ». Nous avons reçu le Saint Esprit comme puissance du nouvel homme. En marchant par l’Esprit, nous accomplissons les exigences de la Loi, bien que nous ne lui soyons plus soumis.
Dieu a ainsi condamné la chair - la vieille nature - à la croix de Christ. Quel sera donc notre comportement à l’égard de cette vieille nature ? Nous pouvons accepter avec reconnaissance ce que Dieu a fait et la traiter comme ayant été condamnée. L’apôtre Paul attire notre attention sur cela lorsqu’il dit : « Nous sommes la circoncision, nous qui rendons culte par l’Esprit de Dieu, qui nous glorifions dans le Christ Jésus et qui n’avons pas confiance en la chair » (Phil. 3 : 3).
En lisant ce verset, qui commence par les mots « nous sommes », nous devons nous demander : Suis-je si réellement conscient du vrai caractère de la chair - en elle n’habite aucun bien et Dieu l’a condamnée à la croix - que véritablement je ne me confie pas en elle, pas même sous ses formes les plus attrayantes ? C’est là, assurément, le point crucial, l’obstacle majeur. On n’atteint pas ce point sans peine. On fait maintes expériences douloureuses, on subit maintes défaites humiliantes, car la chair ne se laisse pas dompter, mais rompt chaque fois les liens, fruits d’efforts pieux, par lesquels on tente de la maîtriser. C’est lorsqu’on a compris le vrai caractère de la chair et le jugement de Dieu sur elle, que le but est atteint. Le combat s’achève ainsi et on peut réaliser la vraie position chrétienne.
Dès que nous cessons d’avoir confiance en la chair et comprenons qu’elle a été définitivement condamnée par Dieu en Christ, son pouvoir est annihilé. Alors nous détournons nos regards de nous-même et de nos efforts, pour les porter sur notre Libérateur, le Seigneur Jésus, qui a pris possession de notre être par son Esprit. Celui-ci est la puissance de notre vie et de notre marche chrétienne. Il n’annule pas seulement l’action de la vieille nature (lisez Gal. 5 : 16), mais Il fortifie, développe et dirige la nouvelle (Rom. 8 : 2, 4, 5, 10).
N’oublions pas que la nouvelle nature n’a aucune puissance en elle-même. Romains 7 le confirme. Certes, elle aspire à tout ce qui est bon et beau, c’est-à-dire à tout ce qui est conforme à la volonté de Dieu, mais la puissance nécessaire pour l’accomplir ne se trouve que dans la soumission à Christ et à l’Esprit. Marcher par l’Esprit est conditionné par une adhésion sincère et profondément ressentie au jugement que Dieu a prononcé contre la vieille nature à la croix de Christ.
Examinons maintenant quelques-unes des questions les plus fréquemment posées sur le sujet qui nous occupe.
1 - Certaines personnes sont pleines de bons sentiments et religieuses depuis leur naissance, semble-t-il. Ont-elles aussi besoin de recevoir la nouvelle nature ?
Certes ! Le Seigneur Jésus a adressé ces paroles mémorables : « Il vous faut être nés de nouveau » à un homme justement plein de bons sentiments (Jean 3 : 3). Tout en lui parlait en sa faveur, du point de vue moral, social et religieux. Pourtant le Seigneur l’interpelle avec vigueur, non seulement par un enseignement abstrait, mais en lui présentant la vérité sous une forme concrète et personnelle : « Il vous faut être nés de nouveau » (v. 7).
Voilà qui fait toute la clarté nécessaire sur la question. Même la chair animée de sentiments aimables et religieux n’est que chair et ne peut subsister devant Dieu.
2 - Selon une opinion très répandue, tout homme est capable de faire un peu de bien. Il suffit de le développer par la prière et la maîtrise de soi. Est-ce conforme à la Parole ?
La réponse est contenue dans ce passage : « L’Éternel vit que la méchanceté de l’homme était grande sur la terre, et que toute l’imagination des pensées de son cœur n’était que méchanceté en tout temps » (Gen. 6 : 5).
L’apôtre Paul exprime la même vérité en d’autres termes : « Je sais qu’en moi, c’est-à-dire en ma chair, il n’habite point de bien » (Rom. 7 : 18) - pas la moindre étincelle.
Pour ceux qui croient la Parole de Dieu, ces déclarations sont convaincantes. Il n’y a rien à ajouter.
3 - La nouvelle naissance a-t-elle pour effet de nous délivrer de la vieille nature, ou faut-il admettre que le croyant possède en lui l’ancienne et la nouvelle nature ?
Ayant déjà traité cette question plus haut, nous nous bornerons à répéter que la vieille nature n’est pas extirpée par la nouvelle. Sinon la Parole de Dieu ne dirait pas : « Si nous disons que nous n’avons pas de péché, nous nous séduisons nous-mêmes, et la vérité n’est pas en nous » (1Jean 1 : 8).
Cette vieille nature n’est pas non plus transformée en nouvelle nature. La nouvelle nature n’est pas une espèce de pierre philosophale qui, selon la fable, changeait en or tous les objets qu’elle touchait. Jean 3 : 6 le prouve : « Ce qui est né de la chair est chair » … et demeure chair.
Les deux natures cohabitent dans le croyant, tel l’arbre sauvage qu’on a greffé : le jardinier ne le considère plus comme un arbre sauvage, mais le désigne d’après le fruit produit par les greffons.
Il en est de même du croyant : il possède les deux natures, mais Dieu ne reconnaît que la nouvelle, et nous qui avons reçu l’Esprit Saint, nous ne sommes pas dans la chair, mais dans l’Esprit (Rom. 8 : 9), bien que la chair soit encore en nous.
4 - Puisque la vieille nature habite en nous, nous avons assurément à lutter contre elle ? Comment devons-nous la traiter ?
Certes, nous ne devons pas rester indifférents à sa présence en nous, ni nous laisser influencer par son inclination. Mais aucune résolution ni aucun effort humain ne sauraient être de quelque utilité pour la maîtriser.
La sagesse consiste à se conformer aux pensées de Dieu. Commençons par reconnaître qu’Il nous voit maintenant dans la nouvelle nature et que nous sommes en droit de renier l’ancienne. « Mais alors, ce n’est plus moi qui produis cela : c’est le péché qui habite en moi » (Rom. 7 : 17). La nouvelle nature constitue ma vraie personnalité devant Dieu, non l’ancienne.
Cela étant, notre comportement sera bien simple : imitons le jardinier qui observe d’un œil attentif l’arbre qui vient d’être greffé. Si du tronc sauvage poussent des rejets, il les coupe aussitôt. Appliquons de même en permanence la croix de Christ, comme un couteau tranchant, à notre vieille nature et à ses penchants coupables. « Mortifiez donc vos membres qui sont sur la terre » (Col. 3 : 5). Les mots « vos membres » correspondent exactement aux pousses apparaissant sur l’ancien tronc. La seconde partie du verset 5, ainsi que les versets 8 et 9 énumèrent les péchés dont il s’agit. Mortifions-les tous - l’un après l’autre !
L’énergie spirituelle, le courage, la foi, une ferme décision de cœur… sont nécessaires. Nous ne les possédons pas en nous-même : nous devons regarder au Seigneur Jésus et nous abandonner sans réserve à l’action du Saint Esprit ; voilà l’unique source de puissance dont nous disposons.
« Mais si, par l’Esprit, vous faites mourir les actions du corps, vous vivrez » (Rom. 8 : 13).
5 - Pouvons-nous recevoir la puissance de l’Esprit par une décision, et remporter ainsi la victoire sur le péché, ou suffit-il que nous nous abandonnions à Dieu ?
Laissons l’Écriture répondre elle-même à cette question. « Livrez-vous vous-mêmes à Dieu, comme d’entre les morts étant faits vivants, et vos membres à Dieu, comme instruments de justice » (Rom. 6 : 13).
« Livrez maintenant vos membres comme esclaves à la justice pour la sainteté » (Rom. 6 : 19).
« Mais maintenant, affranchis du péché et devenus esclaves de Dieu, vous avez votre fruit dans la sainteté et pour aboutissement la vie éternelle » (Rom. 6 : 22).
Vouloir acquérir la force nécessaire par un acte de notre volonté propre, ne serait qu’une nouvelle et inutile tentative de reconnaître malgré tout quelque mérite à la chair, au lieu de la considérer comme condamnée sans appel et de donner gloire à Dieu.
6 - La nouvelle nature peut-elle se développer d’une manière si parfaite dans le croyant qu’elle le rende indifférent aux convoitises de la vieille nature ?
2 Corinthiens 12 nous montre clairement que tel n’est pas le cas. L’apôtre Paul avait été l’objet d’une faveur qui n’a été accordée à aucun autre croyant : il avait été enlevé jusqu’au troisième ciel, dans la présence même de Dieu. Après avoir entendu des paroles ineffables qu’il n’est pas permis à l’homme d’exprimer, il devait poursuivre ici-bas sa vie quotidienne. Aussi Dieu lui donna-t-il, dès ce moment, une « écharde pour la chair » - une infirmité particulière - afin qu’il ne s’enorgueillisse pas à cause de l’extraordinaire des révélations qui lui avaient été faites.
Certes, le christianisme de Paul était extraordinaire. Pourtant, après avoir été enlevé temporairement au troisième ciel, il n’était pas à l’abri de l’orgueil, fruit de la vieille nature. Le serions-nous davantage ?
7 - Comment peut-on faire la distinction entre les suggestions émanant de la vieille nature et celles qui procèdent de la nouvelle ?
Il faut l’aide de la Parole et un cœur droit, exercé devant Dieu, dans la communion avec le Seigneur.
« La parole de Dieu est vivante et opérante, plus pénétrante qu’aucune épée à deux tranchants ». Elle seule peut discerner les pensées et les intentions du cœur (Héb. 4 : 12). L’accès au trône de la grâce nous est toujours ouvert pour avoir du secours au moment opportun (v.16). Jésus, le souverain sacrificateur de Dieu, lui confère son caractère : c’est le trône de la grâce.
La Parole de Dieu et la prière nous sont donc indispensables pour discerner la source de nos pensées et de nos désirs.
Souvenons-nous aussi que, comme l’aiguille de la boussole est toujours orientée vers le nord, la nouvelle nature se tourne toujours vers Dieu, tandis que la vieille nature est sans cesse occupée d’elle-même. La question est donc : le motif secret qui me détermine à agir de telle manière, est-ce la gloire de Christ ou la mienne ?
F. B. Hole
À suivre