LES ÉPÎTRES DE PIERRE (1 Pierre 1)
1 PIERRE 1 – 2 : 3 : Le chemin de la foi
Les destinataires de l’épître (v. 1)
Élus pour l’obéissance (v. 2)
L’espérance, l’héritage et le salut (v. 3-5)
Affligés, mais joyeux (v. 6)
L’épreuve et le prix de la foi (v. 7-9)
Le « témoignage de Jésus » (v. 10-12)
L’obéissance des enfants de Dieu marchant dans un chemin de sainteté (v. 13-17)
Rachetés par le sang précieux de Christ, l’Agneau de Dieu (v. 18-21)
L’affection fraternelle, le rejet du mal et la nourriture du croyant (v. 22-25 ; 2 : 1-3)
Le grand sujet de la première épître de Pierre est le gouvernement de Dieu en relation avec son propre peuple (les justes), tandis que ce même gouvernement en rapport avec le monde est le sujet de la seconde. L’apôtre Pierre écrit au chapitre 4 de la première épître : « Le temps est venu de commencer le jugement par la maison de Dieu ; mais si c'est par nous qu'il commence, quelle sera la fin de ceux qui n’obéissent pas à l’évangile de Dieu » (v. 17).
1 PIERRE 1 – 2 : 3 : Le chemin de la foi
Le chapitre premier traite de la manière dont la grâce de Dieu agit envers nous pour nous maintenir dans le droit chemin malgré les tentations, et comment elle nous donne les encouragements nécessaires. Il parle spécialement des épreuves du chrétien, et le chapitre 2, de ses privilèges.
Les destinataires de l’épître (v. 1)
« Pierre, apôtre de Jésus Christ, à ceux qui vivent en étrangers dans la Dispersion - du Pont, de la Galatie, de la Cappadoce, de l’Asie et de la Bithynie ».
Pierre écrit à des Juifs croyants, dispersés à cause des persécutions survenues après la mort d’Étienne. Il entreprend la tâche que le Seigneur lui a confiée, après sa restauration publique, en Jean 21 : « Fais paître mes brebis ». Auparavant, Pierre avait vu Jésus, seul à seul, ainsi que l’évangile de Luc y fait allusion : « Le Seigneur est réellement ressuscité, et il est apparu à Simon » (24 : 34). Nous ne savons rien de cette entrevue ; ils durent certainement s’entretenir de la chute de Pierre, car, devant tous, le Seigneur confie à son disciple ses brebis, ceux qu’Il aime le mieux, et lui donne ainsi la preuve de son entière confiance. Pierre avait nié trois fois connaître son Maître. Celui-ci lui donne trois mandats concernant ceux qu’Il aime. Le reniement de Pierre avait eu pour cause sa trop grande assurance en lui-même, maintenant le Seigneur peut avoir confiance en lui. Devant tous ses frères, Jésus avait rendu à l’apôtre sa place en lui remettant ses agneaux, ses brebis à soigner et à nourrir.
« Élus selon la préconnaissance de Dieu le Père, en sainteté de l’Esprit, pour l’obéissance et l’aspersion du sang de Jésus Christ : Que la grâce et la paix vous soient multipliées ! ».
Au moment où l’apôtre écrit ses épîtres, tout ce qui est juif se trouve sous la sentence du jugement ; il révèle à ceux qui ont quelque attache avec le judaïsme l’appel céleste du croyant, au lieu de l’appel terrestre, maintenant mis de côté. L’appel céleste est une chose plus générale que l’Église : Abraham, par exemple, bien que ne faisant pas partie de l’Église, a part à l’appel céleste, « car il attendait la cité qui a les fondements, dont Dieu est l’architecte et le constructeur » (Héb. 11 : 10).
L’Esprit de Dieu commence par assurer ces dispersés qu’ils sont « élus », situation dans laquelle la grâce de Dieu les a placés. Dans ce verset nous avons la Trinité ; bien rares sont les passages de la Parole qui la mentionnent en une fois comme ici : l’élection du Père, la sainteté de l’Esprit et le sang du Fils. Le Père m’a choisi ; l’élection est individuelle et date d’avant la fondation du monde ; l’Église n’est jamais « élue » dans l’Écriture. Le verset 13 du chapitre 5 parle de « celle qui est élue », probablement une sœur en Christ à Babylone. L’Église n’est pas en vue avant la mort et la résurrection de Christ - sauf comme « le mystère tenu caché de tout temps en Dieu » (Éph. 3 : 9), tandis que l’élection individuelle était déjà avant la fondation du monde (1 : 4). Ce sujet de l’élection peut paraître arbitraire à quelques-uns ; considérons-la comme une affaire de famille qui ne concerne pas le monde. Dans une maison règne la joie et le bonheur ; sur la porte, un écriteau porte ces mots : « Quiconque veut, peut entrer », c’est l’évangile. De l’autre côté de la porte, à l’intérieur, je lis : « Quiconque est entré ne sortira jamais » ; c’est ma sécurité, le fruit de l’élection. Rien ne peut troubler une âme qui est élue, au contraire, elle puise là toute sa consolation. Dieu nous a choisis, nous, croyants en Christ, avant la fondation du monde. Il réserve pour nous tout ce qui est au ciel, comme Il nous garde en vue de cet héritage.
Ce verset 2 établit un contraste frappant avec le judaïsme : « Père » est un nom particulier au christianisme. El Shaddaï était le nom par lequel Dieu se révéla à Abraham, et Abraham marcha devant le Dieu Tout-puissant comme pèlerin, dépendant de Lui (Gen. 17 : 1). Par son nom de l’Éternel, Il s’est fait connaître à son peuple Israël, qui, pour être parfait, devait obéir à ses commandements (Deut. 18 : 13). Mais Père est le nom par lequel Il s’est révélé à nous, afin que nous soyons comme notre Père : « Vous, soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait » (Matt. 5 : 48). Quelle chose merveilleuse que d’avoir Dieu pour Père et de savoir que, par l’œuvre de son Fils, nous sommes en relations avec le Père ! Après la résurrection, Jésus a dit : « Je monte vers mon Père et votre Père » (Jean 20 : 17).
Nous avons ici, mentionnée premièrement, l’élection de Dieu le Père, puis la sainteté de l’Esprit. On aurait supposé que le sang de Jésus serait placé avant la sainteté de l’Esprit, mais ce n’est pas la pensée de Dieu, et pourquoi ? Parce que c’est une chose extrêmement belle de savoir que, à la conversion, nous sommes sous l’action directe de l’Esprit de Dieu. L’action de l’Esprit de Dieu sur l’homme et l’habitation de l’Esprit dans le croyant sont deux choses très différentes. Le Père choisit selon sa préconnaissance, de toute éternité Il a les yeux sur nous. Au moment opportun, l’Esprit a fait son œuvre en nous, et la première chose a été de nous mettre à part pour Dieu. Et voici le contraste avec le judaïsme : qu’est-ce qui mettait Israël à part pour Dieu ? Des ordonnances extérieures. Comment sommes-nous mis à part ? Par l’œuvre de l’Esprit de Dieu en nous, « pour l’obéissance et l’aspersion du sang de Jésus Christ ». Nous devons constater que les choses se passent généralement ainsi. Prenons Saul de Tarse, le modèle d’une conversion dans l’Écriture. Quand il appelait Jésus : « Seigneur », l’Esprit de Dieu travaillait en lui. Lorsqu’il ajoute : « Que dois-je faire ? », c’est l’obéissance ; il ne connaissait pas encore la purification faite par le sang, mais sa volonté était brisée. Ainsi il était préparé à faire la volonté de Dieu, il est resté cependant encore dans une grande misère pendant trois jours. Puis Ananias est venu vers lui et lui a dit : « Lève-toi, sois baptisé, et lave-toi de tes péchés, en invoquant son nom » (Actes 22 : 16). Saul a acquis alors la connaissance du pardon. Telle est la manière dont Dieu travaille ; l’âme, sous l’action de l’Esprit, désire obéir à sa parole, ensuite vient la connaissance du pardon des péchés par la foi en son sang.
L’espérance, l’héritage et le salut (v. 3-5)
« Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, qui, selon sa grande miséricorde, nous a régénérés pour une espérance vivante par la résurrection de Jésus Christ d’entre les morts, pour un héritage incorruptible, sans souillure, inaltérable, conservé dans les cieux ».
Tout espoir juif se concentrait sur le Messie. Lui-même étant mort, toutes les espérances de ce peuple se sont évanouies. Ils ont abîmé l’héritage que Dieu leur réservait ; leurs péchés l’ont souillé et il a disparu de devant leurs yeux lorsqu’ils ont été emmenés en captivité. Mais, par contraste, notre héritage, à nous croyants, est gardé pour nous, et nous sommes gardés pour l’héritage.
« Pour vous, qui êtes gardés par la puissance de Dieu, par la foi, pour un salut qui est prêt à être révélé au dernier temps ».
C’est par l’énergie de la foi, travail de l’Esprit de Dieu en lui, que le croyant est gardé. Dans les épîtres, Pierre fait quelquefois allusion à son propre passé. Il n’avait pas été gardé à cause de sa grande confiance en lui-même, mais, dit-il, Dieu le fera pour vous par sa puissance par la foi. Il devait se remémorer le moment où le Seigneur lui avait dit : « J’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas » (Luc 22 : 32) - le moment où il croyait pouvoir se garder tout seul.
Nous sommes gardés pour « un salut qui est prêt à être révélé au dernier temps ». Pierre fixait toujours les yeux sur la gloire à venir, et le salut, pour lui (sauf au v. 9), est toujours la délivrance du croyant de cette scène présente, esprit, âme et corps, pour être avec Christ dans la gloire, salut qui est « prêt à être révélé ».
« En cela vous vous réjouissez, tout en étant affligés maintenant pour un peu de temps par diverses épreuves, si cela est nécessaire ».
Si vous pensez à la scène où est Christ, où vous serez avec Lui, si vos cœurs s’appuient sur la pensée de l’héritage qu’Il a en réserve pour vous et à la demeure que vous partagerez avec Lui, où il y aura une joie éternelle, vous vous réjouirez. Puis l’apôtre ramène les pensées aux choses d’ici-bas en disant : « Tout en étant affligés par diverses épreuves ». Ce n’est pas l’âme attristée par la perte de communion, c’est l’âme oppressée par des épreuves nombreuses, si le Seigneur en voit la nécessité. Le Seigneur sait ce qu’Il fait. Nous n’aimons pas le joug, mais l’Écriture dit : « Il est bon à l’homme de porter le joug dans sa jeunesse » (Lam. 3 : 27) ; cela nous rend patients au fur et à mesure que nous avançons en âge.
Le Seigneur ne commet pas d’erreurs. Quoi qu’il arrive, que nos cœurs s’en remettent au Père avec cette pensée : « Cela est nécessaire ». Ces épreuves ne sont pas toujours un châtiment, mais une discipline utile à ses enfants, pas seulement une instruction, mais aussi une éducation. Il désire développer, manifester le résultat de sa grâce dans nos âmes, le fruit de l’Esprit : « l’amour, la joie, la paix, la patience… » (Gal. 5 : 22-23) et Il a ses propres voies pour produire ces fruits.
Voyons 2 Cor. 4 : 10-11 ; quelle différence merveilleuse entre ces deux versets ! Au verset 10, Paul désire que la vie de Jésus soit manifestée dans son corps ; au verset 11, c’est comme si Dieu disait : « Paul, je te place dans des circonstances telles que tu puisses réaliser ton désir et que tu ne puisses vivre rien d’autre que la vie de Jésus ».
« Cela est nécessaire », mais comme c’est seulement « pour un peu de temps », et que l’épreuve ne durera pas toujours, cela soutient le cœur. Cherchons toujours le côté lumineux de l’épreuve, et cherchons à avoir toujours des visages radieux et lumineux, même si nous sommes dans une grande tribulation. Pensons à Paul et Silas, à Philippes. Quoi de plus sombre ? Jetés en prison, les pieds attachés au poteau, que faisaient-ils ? Ils priaient et chantaient les louanges de Dieu (Actes 16 : 25) ; ils exerçaient leur saint et royal sacerdoce dans la prison. En chantant les louanges, ils étaient sacrificateurs ; en disant au geôlier terrifié : « Ne te fais point de mal, car nous sommes tous ici » (v. 28), ils étaient sacrificateurs du roi. La joie remplit leur cœur, le geôlier se convertit.
La tribulation peut survenir de diverses manières, mais nous devons nous y préparer : « Sachant que la tribulation produit la patience, la patience l’expérience, et l’expérience l’espérance ; et l’espérance ne rend pas honteux, parce que l’amour de Dieu est versé dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné » (Rom. 5 : 3-5).
L’épreuve et le prix de la foi (v. 7-9)
« L’épreuve de votre foi - bien plus précieuse que celle de l’or qui périt et qui pourtant est éprouvé par le feu - se trouve être un sujet de louange, de gloire et d’honneur, dans la révélation de Jésus Christ ».
Le chemin de l’épreuve a une fin lumineuse. La sphère de la foi est sur la terre, et Dieu l’éprouve. Il ne donne jamais une foi qu’Il ne puisse éprouver ; ceci amènera le fruit qui apparaîtra peu à peu, quand tout sera manifesté à la révélation de Jésus Christ. L’épreuve « par le feu », dont il est question ici, est une allusion aux trois serviteurs hébreux que Nébucadnetsar a fait jeter dans la fournaise (Dan. 3 : 12-30). Le feu a eu pour seul effet de brûler leurs liens et de les rendre libres. Le Seigneur agit de même envers nous ; le feu nous fait éprouver le sentiment de la présence du Seigneur, comme pour Daniel et ses compagnons : « Quelqu’un de semblable à un fils de Dieu » se trouvait au milieu du feu avec eux.
« Lui que, sans l’avoir vu, vous aimez ; et croyant en lui, bien que maintenant vous ne le voyiez pas, vous vous réjouissez d’une joie ineffable et glorieuse ».
Il ne peut y avoir un enfant de Dieu qui n’aime pas le Seigneur, seulement nous ne L’aimons pas comme Il devrait être aimé. Une précieuse relation existe entre ce : « bien que vous ne l’ayez pas vu » et Apoc. 22 : 4 : « ils verront sa face ». Quelle joie pour nous de voir sa face, d’être dans sa présence, de voir ce visage qui a été « défait plus que celui d’aucun homme, et sa forme, plus que celle d’aucun fils d’homme » ! (És. 52 : 14).
« Croyant en lui, vous vous réjouissez ». Nos épreuves peuvent tourner à gloire et à honneur à la révélation de Jésus Christ ; mais, en attendant, la foi doit être en exercice, et nous pouvons nous réjouir. Bien rares sont les enfants de Dieu qui, journellement, se réjouissent dans une personne « d’une joie ineffable et glorieuse », et non dans l’œuvre accomplie pour nous qui vient ensuite.
« Recevant ce qui est le but de votre foi, le salut de l’âme ».
En croyant en Lui, nous avons reçu le salut de notre âme, une chose que nous possédons maintenant. Nous n’avons pas encore vu le Seigneur, mais, du moment que nous nous reposons sur Lui par la foi, nos âmes sont sauvées.
Le « témoignage de Jésus » (v. 10-12)
« De ce salut, les prophètes qui ont prophétisé concernant la grâce qui vous était destinée se sont informés et enquis avec soin ; ils recherchaient quel temps ou quelle sorte de temps l’Esprit de Christ qui était en eux indiquait, quand il rendait par avance témoignage des souffrances qui devaient être la part de Christ et des gloires qui suivraient. Et il leur fut révélé que ce n’était pas pour eux-mêmes, mais pour vous, qu’ils administraient ces choses, qui vous ont maintenant été annoncées par le moyen de ceux qui vous ont évangélisés par l’Esprit Saint envoyé du ciel, choses sur lesquelles les anges désirent se pencher ».
Dans ces trois versets, nous pouvons relever : le témoignage des prophètes ; le témoignage du Saint Esprit ; et la venue du Seigneur (son apparition en gloire).
Dans leurs prophéties, les prophètes ont parlé des souffrances de Christ et des gloires qui suivraient, telles que Dieu les leur avait révélées : ils n’écrivaient pas pour eux, mais pour nous chrétiens.
Jésus Christ remplit les Écritures qui rendent témoignage de Lui (Jean 5 : 39). Nous sommes très négligents dans l’étude des Écritures, et nos cœurs sont souvent bien peu désireux de pénétrer ces profondeurs cachées ; en revanche, les anges désirent les considérer. Les anges n’avaient jamais vu Dieu, avant d’avoir vu l’enfant Jésus à Bethléhem, car jusqu’alors il n’y avait pas eu de révélation de Dieu. À sa naissance il y a eu un mouvement de l’armée céleste ; une multitude de l’armée céleste a accompagné l’ange qui annonçait sa venue et adressait des louanges à Dieu. Le ciel entier s’occupait de ce qui se passait sur la terre, car le Fils de Dieu y était descendu (Luc 2 : 13-14). Les anges L’ont servi, quand il « eut faim » dans le désert, après que Satan L’a quitté (Matt. 4 : 11). Dans le jardin de Gethsémané, quand Il était dans l’angoisse, un ange du ciel est venu Le fortifier (Luc 22 : 43). Les anges se sont intéressés d’une façon merveilleuse à la naissance, à la vie, à la mort et à la résurrection du Seigneur Jésus, toutes choses sur lesquelles « ils désirent se pencher », et pourtant Il n’est pas descendu ici-bas pour les anges. Ils louaient Dieu à sa naissance, mais pas à sa résurrection. Pourquoi ? Pour permettre aux rachetés, à ceux que cela concernait, à ceux pour lesquels Christ est mort, de célébrer la louange.
L’obéissance des enfants de Dieu marchant dans un chemin de sainteté (v. 13-17)
« C’est pourquoi, ayant ceint les reins de votre intelligence ».
En Orient les hommes revêtent une robe flottante ; ainsi pour pouvoir travailler, il est nécessaire de porter une ceinture. Dans les reins se trouve le secret de la force. Ce verset nous engage donc à appliquer nos âmes à la recherche de ces choses : « Cherchez ce qui est en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu » (Col. 3 : 1) ; car, dit Paul, je vous donne quelque chose non seulement pour satisfaire vos affections, mais encore votre esprit, à condition que ce soit dans le ciel.
« Espérez parfaitement dans la grâce qui vous sera apportée à la révélation de Jésus Christ ».
Dans ce chapitre, nous avons trouvé la foi dans le Seigneur, l’amour envers Lui, et maintenant, l’espérance. Dans le Nouveau Testament, nous rencontrons à dix reprises ces trois choses ensemble : foi dans une personne, amour pour une personne, espérance dans une personne ; tout est lié dans une Personne : « la personne de Christ ».
La grâce nous sera apportée « à la révélation de Jésus Christ », la grâce d’être amenés directement dans sa présence, d’être avec Lui et semblables à Lui pour toujours. Jude dit : « Attendant la miséricorde de notre Seigneur Jésus Christ pour la vie éternelle » (v. 21). Quelle miséricorde pourrait être plus grande de la part du Seigneur que celle de nous enlever de cette scène de tristesse, d’épreuves et de mort, pour nous amener dans sa radieuse présence éternellement ? Ce que Jude appelle « miséricorde », Pierre le nomme « grâce ».
« Comme des enfants d’obéissance, ne vous conformez pas à vos convoitises d’autrefois quand vous étiez dans l’ignorance ; mais, comme celui qui vous a appelés est saint, vous aussi soyez saints dans toute votre conduite, parce qu’il est écrit : « Soyez saints, car moi je suis saint ».
L’apôtre nous ramène au temps présent et nous enseigne comment nous devons marcher : non comme nous voulons, mais comme le Père veut, car Il s’attend à une sainteté pratique de notre part.
« Et si vous invoquez comme père celui qui, sans partialité, juge selon l’œuvre de chacun, conduisez-vous avec crainte pendant le temps de votre séjour sur la terre ».
Il ne s’agit pas d’un Christ juge, mais du Père veillant chaque jour sur ses enfants ; nous moissonnerons comme nous aurons semé (Gal. 6 : 7). L’enfant obéissant fait son possible pour que rien ne survienne dans son chemin qui puisse déplaire à son Père. Par grâce, Celui-ci réprimande parfois, mais son jugement est bon et bienfaisant pour nos âmes.
C’est une grande erreur de supposer que les principes du gouvernement de Dieu ont changé, parce que le témoignage de Dieu, dans la lumière du christianisme, est différent de ce qu’il était pour le judaïsme. Le gouvernement moral de Dieu est exactement le même, bien que nous soyons sous la grâce ; c’est pourquoi Pierre ajoute : « Conduisez-vous avec crainte pendant le temps de votre séjour sur la terre ». Ce n’est pas la crainte qui engendre la servitude, ou la crainte quant à notre salut ; mais la connaissance de certaines vérités, telles que la rédemption et la jouissance de la place que Dieu nous accorde, doit rendre notre marche craintive. Si nous n’avons pas cette crainte, nous tombons ; aussi longtemps que nous vivons dans cette crainte, nous sommes préservés. C’est le jugement quotidien de Dieu sur ses enfants, non le jugement du grand trône blanc, ni le jugement de Christ sur les saints, mais le fait que le Père tient les yeux sur moi, et qu’Il me traitera selon ce qu’Il aura vu. « Le Père juge selon l’œuvre de chacun », c’est pourquoi je dois craindre, de peur de l’offenser ou de m’égarer. C’est la crainte de l’enfant envers son père.
Rachetés par le sang précieux de Christ, l’Agneau de Dieu (v. 18-21)
« Sachant que vous avez été rachetés de votre vaine conduite qui vous avait été enseignée par vos pères - non par des choses corruptibles, de l’argent ou de l’or, mais par le sang précieux de Christ, comme d’un agneau sans défaut et sans tache ».
Deux choses nous sont rappelées : la rédemption par le sang, et le fait que nous sommes nés de nouveau. Vous avez été rachetés, dit Pierre, par le sang précieux de Christ, comment pouvez-vous continuer à marcher dans le chemin du vieil homme ? Si nous avons été touchés par l’amour merveilleux de Dieu, et avons été rachetés de l’esclavage de Satan, quel genre de conduite devrait être la nôtre ! Nous avons été rachetés, et pas seulement achetés : le rachat, c’est l’esclave libéré de sa condition d’esclave, et mis dans une entière liberté. L’achat le laisse dans sa condition d’esclave, et ne lui fait que changer de maître. Toute personne incroyante appartient à Dieu ; dans sa seconde épître, Pierre parle du « maître qui les a achetés » ; il acheta le champ, c’est-à-dire le monde, et chaque habitant Lui appartient (Mat. 13 : 44). Même si les hommes Le renient maintenant, le jour approche où ils devront Le reconnaître comme Seigneur. Nous croyants, avons tous été rachetés et rendus libres pour le servir en toute liberté. Il ne reste aucun esclavage pour les enfants de Dieu, ils jouissent de ce que la grâce leur a donné.
L’apôtre, ne l’oublions pas, s’adressait à des gens, Juifs encore de pensées et d’esprit, et il emploie un langage beaucoup plus énergique. Le sang de l’agneau, qu’est-ce que cela disait à un Juif ? Cela lui remémorait la nuit d’Égypte, quand le sang de l’agneau égorgé était répandu sur les linteaux des portes, afin d’éloigner le jugement de Dieu ; cela lui parlait des sacrifices offerts dans le désert pour maintenir la place du peuple devant Dieu. Quand l’Esprit de Dieu disait par le moyen de Balaam : « Il n’a pas aperçu d’iniquité en Jacob, ni n’a vu d’injustice en Israël » (Nom. 23 : 21), n’y en avait-il vraiment point ? Dieu n’en voyait pas. De même pour nous : il voit le sang qui nous a amenés dans sa présence ; aussi le thème de notre louange sera-t-il éternellement : l’Agneau mis à mort.
Remarquons cette expression : « le sang précieux de Christ ». L’Écriture use rarement de qualificatifs, et plus spécialement encore quand il s’agit du Seigneur lui-même ; mais ici, elle fait exception : « le sang précieux », c’est ainsi que Dieu l’estime.
« Préconnu avant la fondation du monde, mais manifesté à la fin des temps pour vous qui, par lui, croyez en Dieu, qui l’a ressuscité d’entre les morts et lui a donné la gloire, en sorte que votre foi et votre espérance soient en Dieu ».
Déjà avant la fondation du monde, Dieu avait décidé d’envoyer l’Agneau de Dieu, car la bénédiction des saints célestes - l’Église - avait été décidée de toute éternité (voir Éph. 1 : 4 ; Tite 1 : 2 ; Matt. 25 : 34 ; Apoc. 13 : 8 et 17 : 8). Du moment que le monde est créé, dit Dieu, j’aurai un peuple dans le monde (les Israélites), mais l’Église n’appartient pas au monde ; elle est céleste, elle était prévue de toute éternité et appartient à l’éternité.
L’homme n’a pas appris à connaître Dieu par les œuvres de la création, pas plus qu’on ne le trouve dans ses voies providentielles du temps de Moïse, ou dans ses révélations faites du haut du Sinaï. Dieu habitait alors dans la nuée, et personne n’osait approcher de la montagne, une bête même n’osait la toucher sans être lapidée ou transpercée d’un dard (Ex. 19 : 13). Celui qui est descendu sous une forme humaine et qui est mort pour nos péchés, Celui-là a révélé le cœur de Dieu envers l’homme - l’Agneau de Dieu.
L’affection fraternelle, le rejet du mal et la nourriture du croyant (v. 22-25 ; 2 : 1-3)
« Ayant purifié vos âmes par l’obéissance à la vérité, pour avoir une affection fraternelle sans hypocrisie, aimez-vous l’un l’autre ardemment, d’un cœur pur ».
Nous sommes pratiquement purifiés de nos anciens désirs et pensées ; ayons maintenant une « affection fraternelle sans hypocrisie ». Nous avons peut-être erré à travers le monde, inquiets et malheureux jusqu’à ce que la grâce de Dieu entre dans nos cœurs ; maintenant « aimez-vous l’un l’autre ardemment ». Il est facile d’aimer des gens aimables, mais ce n’est pas aimer « d’un cœur pur » ; cet amour-là n’aime pas parce que l’objet le mérite, mais quand le contraire se présente : c’est l’amour de Dieu qui nous aime quand il n’y a rien d’aimable en nous. En Rom. 5, l’apôtre dit : « À peine pour un juste quelqu’un mourra-t-il » (v. 7). Un homme juste est celui qui paie chacun et qui compte que chacun le paie, mais il ne récolte pas beaucoup d’amour. « Pour l’homme de bien peut-être quelqu’un consentirait même à mourir » : pour un philanthrope dont la vie s’est passée à faire du bien aux autres, l’apôtre n’en est pas même sûr. Nous étions sans justice, dépouillés de bonté, et Dieu a choisi ce moment-là pour nous aimer : amour d’un cœur pur, amour dont Dieu voudrait nous voir animés. Qu’il est misérable d’entendre quelqu’un se plaindre de manque d’affection ! Si nous manquons d’affection, c’est que nous n’aimons pas nos frères. Nous disons volontiers : Il est impossible d’aimer certaines personnes. - Pierre dit le contraire : aimez-les parce qu’ils sont rachetés, et parce que vous avez reçu la faculté de les aimer puisque vous êtes nés de nouveau.
« Vous qui êtes régénérés, non par une semence corruptible, mais par une semence incorruptible, par la vivante et permanente parole de Dieu ; parce que « toute chair est comme l’herbe, et toute sa gloire comme la fleur de l’herbe : l’herbe sèche et sa fleur tombe, mais la parole du Seigneur demeure éternellement. Or c’est cette parole qui vous a été annoncée »
C’est la parole de Dieu qui nous a renouvelés. « L’homme nouveau » est né de Dieu par l’action de sa Parole, source de vie, et de son Esprit qui l’applique à l’âme. Cette parole est « incorruptible », elle « demeure à toujours » (Es. 40 : 8). Cette citation d’Ésaïe est très remarquable. Croyez-vous être meilleur que votre voisin, ou votre voisin meilleur que vous ? Dieu dit que toute chair est de l’herbe, et Il le dit pour réconforter un peuple repentant ; Dieu sait que je suis indigne et Il n’attend rien de bon de moi. Notre nature est comme l’herbe, mais la parole de Dieu demeure éternellement. Dieu a mis dans nos âmes un principe de bénédiction immuable, éternel, qui vient de Lui et qui est comme Lui. Il a mis sa parole dans nos cœurs afin de nous rendre semblables à Lui.
Comme il est facile à l’enfant de ressembler au Père s’il reçoit cette nouvelle vie. Pas d’effort dans l’amour, comme l’eau qui trouve son propre niveau ; nous jouissons de l’amour de Dieu, nous le répandons autour de nous. Quand nous étions tout à fait indignes, l’amour de Dieu a mis en nous sa parole, qui rend l’enfant capable d’imiter son Père et d’aimer d’un cœur pur comme il aime. Nous avons été rachetés et renouvelés, et dans l’énergie de la nouvelle vie, nous désirerons suivre les traces de l’action du Père. Pour Lui plaire, il faut agir comme Lui ; si nous aimons le Père, nous aimerons les enfants.
« Rejetant donc toute méchanceté, toute fraude, les hypocrisies, les envies et les médisances de toute sorte, désirez ardemment, comme des enfants nouveau-nés, le pur lait de la Parole, afin que vous croissiez par lui à salut, si toutefois vous avez goûté que le Seigneur est bon ».
Puisque nous possédons cette nouvelle vie, mettons de côté tout ce qui faisait partie de notre vie ancienne. La fraude n’aime pas être découverte. Comme était belle la parole du Seigneur au sujet de Nathanaël : « Voici un vrai Israélite, en qui il n’y a pas de fraude (Jean 1 : 48). Être sans fraude c’est être transparent ; le Seigneur était aussi pur que la lumière, car Il était « la lumière » (Jean 8 : 12).
L’hypocrisie doit aussi être mise de côté, c’est-à-dire le défaut qui fait croire ce qu’on n’est pas, et cache ce qu’on est, ainsi que « les envies et les médisances de toute sorte ». L’Écriture nous met complètement à découvert et nous montre ce que sont nos propres cœurs ; aucun autre livre ne révèle Dieu, mais aucun autre livre ne révèle l’homme. Si nous nous soumettions à ce qui nous est enjoint dans ce second chapitre, les mauvaises herbes ne pousseraient pas dans le jardin du Seigneur. Il est très facile de découvrir les défauts des autres, mais ce n’est pas une façon de les aider.
« ... afin que vous croissiez par lui à salut ». Dans le premier chapitre nous étions nés par la parole, ici nous recevons la nourriture de la nouvelle vie. La Parole donne la vie, elle soutient et nourrit cette vie tout le long du chemin. Nous deviendrons des adultes seulement lorsque nous atteindrons le Seigneur dans la gloire, ici-bas nous porterons toujours le caractère d’enfants nouveau-nés. Nous croîtrons en proportion de la mesure dont nous nous nourrissons et jouissons de la Parole de Dieu. Que le Seigneur nous donne d’aimer sa Parole et d’en jouir de plus en plus, et de marcher dans l’obéissance jusqu’à ce que nous Le voyions face à face.
Trop facilement nous acceptons ce que les autres pensent de cette Parole, c’est-à-dire que nous la recevons déformée. Si nous voulons être heureux, nous devons la recevoir nous-mêmes. Si un arbre est dépourvu de sève, il ne peut pas porter de fruit. La Parole de Dieu est tout pour une âme. Saisissons-nous toutes les occasions qui s’offrent pour étudier cette Parole ? Peut-être ne pouvons-nous pas y consacrer des heures, mais utilisons-nous nos minutes ? Est-elle notre guide journalier pour le chemin de la vie ? Nous n’avons jamais été pris par Satan qui nous a fait trébucher, nous n’avons jamais commis une faute dans notre vie qui n’ait été la conséquence de notre négligence de la Parole de Dieu. Le Seigneur, au désert, a déjoué Satan parce qu’Il était nourri de la Parole de Dieu, et non parce que Lui-même était Dieu. Chaque fois que nous avons été battus par Satan, c’est parce que nous n’avions pas la Parole de Dieu pour nous accompagner. Nous trouvons dans la Parole tout ce qui nous est nécessaire pour nous guider en n’importe quelle circonstance pourvu que nous y soyons soumis.
Soyons soigneux et étudions la Parole de Dieu avec prière afin de connaître sa volonté. En comparaison d’autres, la Bible est un petit livre ; comment se fait-il que nous la connaissions si peu ? La Bible est si profonde qu’elle doit être lue dans la dépendance de Dieu pour être comprise ; Satan fait tout ce qu’il peut pour nous empêcher de la cultiver dans nos cœurs parce qu’il connaît sa valeur. « Celui qui a mes commandements et qui les garde, c’est celui-là qui m’aime ; or celui qui m’aime sera aimé de mon Père ; et moi je l’aimerai, et je me manifesterai à lui... Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera ; nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure chez lui » (Jean 14 : 21, 23). Dans la mesure où nos âmes observeront la Parole écrite, nous trouverons l’Esprit de Dieu qui nous rendra capables de jouir de Celui qui est la Parole vivante.
Ne nous étonnons pas que Pierre recommande si sérieusement l’étude de la Parole de Dieu ; il fait allusion à sa propre histoire. S’il s’était souvenu de la parole du Seigneur, il n’aurait jamais renié son Maître dans la cour de Pilate.
D'après W. T. P. Wolston
A suivre