LA MARCHE DU SEIGNEUR JÉSUS – ÉVANGILE DE JEAN (5)
Lecture : Jean 18 : 1-24, 28-40 ; 19 : 17-18 ; 20 : 17
Jésus au jardin des Oliviers, arrêté et lié (Jean 18 : 1-12)
Jésus est traduit devant les autorités religieuses, puis devant Pilate (Jean 18 : 13-24, 28-40)
Jésus sort « portant lui-même sa croix » (Jean 19 : 17-18)
Jésus annonce à Marie de Magdala qu’Il « monte vers son Père » (Jean 20 : 17)
Jésus est allé avec ses disciples au-delà du torrent du Cédron (18 : 1) ; puis, arrêté et lié, Il est conduit chez Anne et chez Caïphe, le souverain sacrificateur, et enfin devant Pilate (v. 12, 28-40) ; au chapitre 19, Il sort, « portant lui-même la croix », et va « au lieu dit le Crâne », en hébreu Golgotha (v. 17) ; au chapitre 20, Il déclare qu’Il monte vers Dieu pour être avec son Père (v. 17).
Jésus au jardin des Oliviers, arrêté et lié (Jean 18 : 1-12)
Dans ce premier passage, Jésus va donc au-delà du Cédron. Ce torrent est mentionné plusieurs fois dans l’Ancien Testament. C’était la vallée où étaient accumulées toutes les ordures. La signification de ce mot est « lieu très ténébreux et très noir ».
C’est dans cette vallée que le roi Asa a brûlé le simulacre pour Ashère (1 Rois 15 : 13) et que Josias, en son temps, a agi de même en réduisant cette idole en poussière (2 Rois 23 : 6). Des années auparavant, David, rejeté par le peuple séduit par son fils Absalom (incarnant la rébellion contre celui qui est établi par Dieu) doit fuir Jérusalem et il franchit le Cédron avec le peuple qui lui était demeuré fidèle (2 Sam. 15 : 23). Absalom était un leader et avait détourné beaucoup des fils d’Israël du roi David en dérobant leurs cœurs (v. 6).
Ici, cette histoire se répète : Jésus, le vrai David, vient vers les siens, mais ils ne Le reçoivent pas. Nous pouvons imaginer les sentiments de déception de Jésus. Durant toute sa vie, Il a tenté d’attirer son peuple à Lui-même, comme une poule ses poussins (Matt. 23 : 37), mais ils n’avaient pas l’instinct de se rassembler. Il va donc avec ses disciples pour les instruire, dans les circonstances qu’Il est amené à traverser. Nous voulons souvent apprendre nos leçons spirituelles dans des écoles, des facultés, par nos propres efforts, mais c’est dans les circonstances de la vie que le Seigneur veut nous instruire. Connaissant l’histoire de David, ils apprennent au Cédron, que la situation du Seigneur était semblable à celle du roi rejeté par son peuple.
Judas était centré sur sa propre personne et non pas sur les pauvres (Jean 12 : 4-6), semblable à Absalom qui prétendait vouloir le bien du peuple : les deux avaient l’ambition de devenir riches et importants dans ce monde. Comme Ève, ils n’étaient pas satisfaits des conditions dans lesquelles ils se trouvaient. C’est toute l’histoire de l’homme (le péché originel), le plus grand péché ; Satan qui disait dans son cœur : « Je monterai aux cieux, j’élèverai mon trône au-dessus des étoiles de Dieu » (És. 14 : 13), a élevé son cœur comme un cœur de dieu (Ézé. 28 : 6).
Jésus est entré dans le jardin ; là, dans la vallée du Cédron, où était la décharge de Jérusalem, il y avait un jardin comme il y en avait un près du lieu où il a été crucifié et où on L’a enterré (Jean 19 : 41). Les hommes ne veulent pas regarder la mort en face. On embellit les cimetières et beaucoup d’hommes n’ont jamais été aussi bien habillés que dans leur cercueil. Ce monde est la place de la mort, on ne veut pas le montrer et on le décore.
Le Seigneur amène ses disciples avec Lui pour leur apprendre la vérité de sa réjection. Nous-mêmes, nous nous efforçons souvent de présenter le christianisme intellectuellement acceptable par l’homme. Le Seigneur, Lui, nous enseigne le contraire. Loin d’être accepté par tous, Il est rejeté.
Judas rassemble une troupe contre le Seigneur (Jean 18 : 3). Il est toujours facile d’ameuter des personnes contre Christ ; Soldats et gardes, de la part des principaux sacrificateurs et des pharisiens, viennent avec des lanternes et des flambeaux pour trouver Celui qui est « la lumière du monde » (8 : 12).
Jonathan aimait David mais il aimait aussi Saül, son père, et sa place dans le palais. Il n’était pas prêt à accepter la réjection de David. Il va même trouver David rejeté dans le désert de Ziph (1 Sam. 23 : 16) et fortifie sa main en Dieu. Il avait de merveilleuses ambitions : être le deuxième dans le royaume de David, mais il n’était pas prêt à partager le sort de David en fuite : « Et David demeura dans le bois, et Jonathan s’en alla à sa maison » (1 Sam. 23 : 18). Jonathan mourut avec son père dans la bataille. Il voulait régner avec David, mais pas souffrir avec lui.
Pendant trois ans et demi, Judas a fréquenté le meilleur Maître dans la meilleure université du monde, mais cela ne suffit pas. Ce n’est pas une bonne éducation, un bon enseignement, qui nous garderont, mais uniquement l’amour pour Christ. C’est la leçon qu’Il veut nous apprendre au torrent du Cédron.
Jésus est traduit devant les autorités religieuses, puis devant Pilate (Jean 18 : 13-24, 28-40)
Jésus est conduit chez Anne, puis chez Caïphe, et enfin devant Pilate. Celui-ci le renvoie aux Juifs.
Ici se répète l’histoire de l’arche prise par les Philistins (1 Sam. 5). Les Philistins étaient des hommes grands (voir Goliath), puissants guerriers, et occupaient un territoire appartenant à Israël. Il n’y avait pas de place chez eux pour l’arche, personne ne savait qu’en faire. Une fois prise, elle est emportée à Asdod et on la place dans la maison du dieu Dagon. Mais celui-ci est trouvé le lendemain matin, gisant sur sa face. De même, quand les hommes viennent pour prendre Jésus, tous reculent et tombent par terre. Tout le système des Philistins tombe en pièces. L’arche ne trouve pas de place dans le système idolâtre. A Gath, la ville guerrière, centre militaire d’où sortira Goliath, les hommes sont frappés ; on dirige alors l’arche à Ekron et elle fait des ravages dans la ville, les hommes meurent (1 Sam. 5 : 11). Finalement, elle retourne en son lieu. L’arche n’appartenait pas au système du pays des Philistins et Christ n’a pas de place dans le système des Juifs. Jésus est renvoyé d’une instance à l’autre, personne ne sait que faire de Lui.
Les chrétiens non plus ne peuvent trouver de place, être chez eux dans ce monde. Souvent, à notre détriment, nous essayons de nous insérer dans ce système et perdons la communion et le contact avec Christ.
Jésus sort « portant lui-même sa croix » (Jean 19 : 17-18)
Jésus sort maintenant hors des portes de Jérusalem, portant lui-même la croix. Il va vers Golgotha – au lieu dit le Crâne - pour mourir. C’est Lui-même qui entre dans la mort (ici, dans l’évangile de Jean). Nous devons distinguer les différents caractères de la mort de Christ que nous annonçons en prenant la Cène. Presque toujours nous pensons à Christ comme une victime et à ce qu’Il a souffert de la part des hommes. Mais dans l’évangile de Jean, c’est Lui-même qui entre dans la mort, comme l’arche dans le Jourdain. Il y entre comme vainqueur. Personne ne Lui ôte la vie, c’est Lui qui la laisse (Jean 10 : 17). Pourquoi regardons-nous toujours la mort du Seigneur comme celle d’une victime ? En Jean 14 : 31, Il meurt par amour envers le Père ; en Éphésiens 5 : 25, c’est par amour pour l’Église ; en Galates 2 : 20, Paul dit que c’est un acte d’amour envers lui, pour une personne individuelle. Quand Christ est mort, il est mort pour Paul et pour chacun de nous individuellement. Quand nous nous souvenons de sa mort, nous ne devons pas nous limiter à un seul aspect de celle-ci.
En général (du moins dans les pays anglo-saxons), on n’aime pas utiliser le mot Golgotha (lieu dit le Crâne) : on parle du Calvaire. Golgotha parle du crâne, qui contient le cerveau, le siège de l’intelligence humaine, de la sagesse de l’homme ; celle-ci a trouvé sa fin en Golgotha. Les Juifs vont donc être responsables de la mort de Jésus. Même les nations ne détruisent pas leurs dieux. « Y a-t-il une nation qui ait changé de dieux » (Jér. 2 : 11). Mais les Juifs n’aiment pas parler de cela ; ils préfèrent parler de leur propre persécution.
Golgotha nous parle de la mise de côté de tout ce qui est de l’intellect humain. La victoire de David sur Goliath illustre aussi cela. Goliath était fortement armé – image de la mort qui nous menace tous (voir Héb. 2 : 15 : « ceux qui, par la crainte de la mort, étaient, pendant toute leur vie, tenus en esclavage »). David a tué Goliath ; il le savait avant la bataille. Il avait ses cinq pierres et il avait dit au géant : « Je te frapperai, et j’ôterai ta tête de dessus toi » (1 Sam. 17 : 46). Puis il a pris la tête du Philistin et l’a emportée à Jérusalem – qui n’appartenait pas à Israël en ce temps-là.
Ainsi, dans la mort de Christ, la vanité de l’homme (Juif, Grec, Romain), son intelligence, sa pensée, sa perversité, tout est pleinement exposé - un crâne vide -, mais aussi le cœur de Dieu et son amour.
Jésus annonce à Marie de Magdala qu’Il « monte vers son Père » (Jean 20 : 17)
Le Seigneur n’avait pas encore fait son voyage le plus grand. En général, les hommes pensent que tout est fini avec la mort. Le Seigneur, Lui, annonce en Jean 17 le retour vers son Père.
Ici, c’est Lui qui prend l’initiative : « Je viens à toi » (17 : 11) ; en Luc, Il est élevé dans le ciel (24 : 51) ; en Matthieu, Il reste, quoique invisible, sur la terre avec les siens : « Je suis avec vous… jusqu’à l’achèvement du siècle » (28 : 20) ; en Marc, il est élevé dans le ciel et s’assied à la droite de Dieu, mais Il coopère avec eux sur la terre en même temps (16 : 19-20). En Jean, il monte chez son Père dans toute la dignité et l’excellence de sa propre Personne.
Dans cet évangile, c’est lui qui a l’initiative : « la Parole devint (littéralement : se fit) chair » (Jean 1 : 14). C’est Lui qui se livre, c’est Lui qui entre dans la mort, c’est Lui qui reprend sa vie (Jean 10 : 17-18), c’est Lui qui monte au ciel.
N. Short – D’après une méditation (05-2003)