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LA DEUXIÈME ÉPÎTRE AUX CORINTHIENS (6)
 

LES EPREUVES ET LE DEPOUILLEMENT DU SERVITEUR
          CHAPITRE 6
                 Les souffrances du serviteur (v. 1-13)
                 Sainteté pratique et communion
            CHAPITRE 7
                 Conclusion pratique (v. 1)
 

LES EPREUVES ET LE DEPOUILLEMENT DU SERVITEUR

                        CHAPITRE 6

            La quatrième subdivision (ch. 6 et 7) termine la première division de l’épître. Elle traite de trois sujets :
                  – le trouble et les épreuves de Paul, qui peuvent être plus généralement ceux de tout serviteur fidèle (6 : 1-10) ;
                  – la sainteté pratique indispensable pour que le serviteur soit agréé par son divin Maître (6 :11 à 7 : 1) ;
                  – les exercices de Paul, plus spécifiquement liés à l’état des Corinthiens (7 : 2-16).

            Dans toute cette partie de l’épître, on voit encore la faiblesse personnelle du serviteur. Mais il éprouve la puissance de Dieu en grâce qui, non seulement le soutient, mais lui fait produire le fruit de la justice. La souffrance et les épreuves donnent occasion à ce secours qui serait inutile si tout était facile. Il n’y aurait plus d’exercice de foi, ni de victoire à remporter. Certainement tout arrive pour le bien et le développement spirituel du serviteur. Paul est l’exemple par excellence de tout ce qui peut arriver à l’enfant de Dieu. A notre époque, cet exemple est souvent mal compris, peu apprécié et quelquefois même désapprouvé.

                                    Les souffrances du serviteur (v. 1-13)

                                                Recevoir la grâce (v. 1)

            Il est question ici d’une collaboration de l’apôtre à l’œuvre de Dieu, en fait avec Dieu lui-même. Il l’avait signalée plus nettement dans la première épître : « Nous sommes collaborateurs de Dieu » (3 : 9). C’est là une notion importante. Nous sommes tous appelés à coopérer à cette grande œuvre de l’évangile, ne serait-ce que par nos supplications (1 : 11), ou notre hospitalité (3 Jean 8). La maison de Stéphanas était un modèle en cela (1 Cor. 16 : 15).
            De quelle œuvre est-il question (v. 1) ? De l’œuvre de la réconciliation.
            L’expression : « recevoir la grâce de Dieu en vain », peut s’appliquer aux deux catégories de personnes qui étaient à Corinthe.
            Quelques-uns avaient la profession chrétienne sans posséder la vie divine. Paul parlera même plus loin de faux apôtres et de ministres de Satan (11 : 13, 15). Pour ceux-là, c’était en vain que la grâce de Dieu leur avait été prêchée. Mis en présence de l’évangile, ils avaient « goûté du don céleste » (Héb. 6 : 4), mais sans être délivrés de leurs péchés. La citation d’Esaïe (v. 2) donne à penser qu’il s’agit plutôt de la réception initiale de la grâce.
            Au contraire, la plupart d’entre eux, à Corinthe, avaient la faveur immense d’avoir été vraiment réconciliés avec Dieu. Mais pour ces croyants authentiques (comme pour chacun de nous) la grâce aurait été reçue en vain si elle n’avait pas eu d’effet dans leur vie quotidienne. Paul se donne lui-même en exemple, lorsqu’il écrit : « Par la grâce de Dieu, je suis ce que je suis ; et sa grâce envers moi n’a pas été vaine ; au contraire, j’ai travaillé beaucoup plus qu’eux tous, non pas moi toutefois, mais la grâce de Dieu qui est avec moi » (1 Cor. 15 : 10).

                                                Le jour du salut (v. 2)

            Nous avons donc la responsabilité de ne pas mépriser la grâce de Dieu pour ne pas en perdre le bénéfice. Mais en même temps, cette grâce vient à notre secours pour que nous ne manquions pas à notre responsabilité. La parole de l’Eternel, citée par le prophète (Es. 49 : 8), confirme cette ressource.
            Israël avait bien reçu, autrefois, la grâce de Dieu, mais en vain. Et son endurcissement a donné occasion à Dieu d’accorder sa grâce aux nations en un temps agréé. Le début de cette prophétie d’Esaïe (49 : 6) est cité par Paul à Antioche de Pisidie (Act. 13 : 47) pour révéler l’appel céleste de Dieu adressé aux nations. Et ce temps agréé (ce temps favorable) sera plus tard la part d’Israël. Mais pour l’heure, le salut est annoncé aux nations : c’est maintenant le jour du salut.
            Quand le Seigneur, dans la synagogue de Nazareth, a choisi de lire le prophète en évoquant « l’an agréable du Seigneur » (Es. 61 : 1-2), Il a ajouté : « Cette Ecriture est accomplie, vous l’entendant (litt : dans vos oreilles) » (Luc 4 : 21). C’était le début de cette ère de grâce dans laquelle nous sommes encore. Mais Il ne lit pas la suite du passage qui évoque le jour de la vengeance de Dieu. Ce jour, Dieu en soit béni, était remis à plus tard.

                                                La conduite du serviteur (v. 3)

            Paul, une fois de plus, revient sur une notion qu’il estime importante. Que pense-t-on de sa marche (4 : 2 ; 5 : 12) ? C’est en effet par sa conduite, exemplaire, soigneuse, irréprochable, qu’il donnera du poids à son message. Elle servira de pierre de touche pour la valeur et la crédibilité de l’évangile qu’il annonce. Il portait, pourrait-on dire, les chaussures de la préparation de l’évangile de paix (Eph. 6 : 15). Une marche répréhensible apporte inéluctablement du blâme sur le ministère.
            Lors de la navigation à voile, un principe vital pour les bâtiments était celui-ci : plus il y a de voilure, plus il faut de lest. Ce qui revient à dire que plus on est connu (la voilure), plus la marche doit être exempte de critique (le lest). Les porteurs d’une bonne nouvelle doivent avoir une bonne conduite.

                                                Le creuset de l’épreuve (v. 4-10)

            L’apôtre montre ses relations avec Dieu dans les deux sens. D’abord du haut en bas (de Dieu vers son serviteur) : il attendait le secours et une énergie intérieure pour réaliser cette grande patience dans les épreuves. Il s’en remettait à Celui qui juge justement. Car précisément ses relations de bas en haut (du serviteur vers Dieu) le poussaient à rendre compte de tout à son Maître céleste.
            Dans ces lignes, deux prépositions : « par » et « dans » sont utilisées une vingtaine de fois, traduisant le même mot grec qui a les deux sens. Les qualités du serviteur sont manifestées à l’occasion du service (par), et celui-ci s’accomplit dans une ambiance hostile (dans). Nous rencontrons aussi quatre fois le mot « comme » (v. 9-10) qui signifie « en tant que ».

                                                La patience et les épreuves (v. 4-5)

            La première qualité requise est la patience dont il sera encore question plus loin (12 : 12). Le mot employé exprime une double notion de patience et d’endurance. Cette vertu nécessite une grande humilité et suppose le secours du « Dieu de patience et de consolation » (Rom. 15 : 5). Elle se rapproche beaucoup de la longanimité, terme traduit ainsi dans d’autres versions (v. 6).
            La patience s’exprimerait plutôt à l’égard des circonstances et la longanimité (traduit aussi par patience) à l’égard des personnes (Eph. 4 : 2).
            L’apôtre fixait les yeux sur le chef et le consommateur de la foi, qui a enduré la croix, ayant méprisé la honte (Héb. 12 : 2). La patience de Paul était mise à l’épreuve à travers ses circonstances et ses souffrances. Il donnera plus loin des détails saisissants (ch. 11) ; mais, dès maintenant, il en mentionne neuf, associées en trois groupes de trois :
                    – 1. Les circonstances générales (tribulations, nécessités, détresses) :
                                . Les tribulations auxquelles il aurait pu se soustraire, sont acceptées comme permises par Dieu.
                                . Les nécessités ne peuvent être évitées et sont permanentes (1 Thes. 3 : 7 ; Phil. 4 : 12). Elles font seulement appel à la dépendance.
                                . Les détresses (12 : 10), jumelées aux nécessités, conduisent à une situation humainement désespérée (Rom. 8 : 35). Un seul cri peut être poussé : « Jusques à quand, ô Eternel ? » Le roi David, avant Paul, avait connu de telles situations (Ps. 13 : 1).

                    – 2. Les souffrances particulières (coups, prisons, troubles) : Ce sont des souffrances plus précises, infligées par les hommes et de plus en plus douloureuses.
                                . Les coups font allusion au fouet
                                . Les prisons. Pour Paul, en l’occurrence, la prison était plus frustrante pour le travail. Mais Satan fait une œuvre qui le trompe (Phil. 1 : 12-14 ; Prov. 11 : 18). L’apôtre reparlera de ces choses (ch. 11) pour préciser leur répétition et en dresser un bilan, certes provisoire, car sa course terrestre à cette époque est loin d’être achevée.
                                . Les troubles, enfin. Rien n’est plus effrayant qu’une foule en furie. C’est l’anarchie (Act. 14 : 19 ; 16 : 22 ; 19 : 28 ; 21 : 27-36).

                    – 3. Les peines dans le travail (travaux, veilles, jeûnes) : Le troisième groupe de circonstances parle des épreuves liées directement à son ardeur au travail. Là aussi elles sont par rang de gravité.
                                . Les travaux. Quelle activité que celle de Paul dans les choses spirituelles et matérielles !
                                . Les veilles. Ses travaux sont souvent nocturnes, d’où les veilles pour subvenir à ses besoins et à ceux des autres (Act. 20 : 33-35).
                                . Les jeûnes. Enfin, il y avait aussi les jeûnes involontaires par manque de moyens et de temps. Peu de sommeil, beaucoup de travail, frugalité, comment résister ?

           La conscience de sa position devant le Seigneur lui fait dominer les circonstances qui ne mettaient pas en cause sa foi dans les ressources d’en haut.

                                                Les ressources (v. 6-7)

            Ces versets montrent que toutes les épreuves endurées par le serviteur contribuent à son développement spirituel et mettent aussi en jeu les ressources du Maître. Les contrastes énumérés à la fin de ce paragraphe n’étonnent pas. Il y a opposition totale entre les estimations superficielles de ce monde et les réalités intérieures qui lui sont cachées.
                    – 1. L’apôtre parle d’abord des vertus morales quant à lui-même (v. 6) :
                                . La pureté : celle de ses motifs et de ses sentiments. Il n’y avait rien d’artificiel chez lui.
                                . La connaissance : il sait qui il a cru (2 Tim. 1 : 12), et il travaille en toute connaissance de cause.
                                . La justice (v. 7) : il s’agit de la justice pratique du croyant, et non de ce qu’il est devant Dieu (5. 21). Elle était pour lui une arme, mais aussi une cuirasse (Eph. 6 : 14).

                    – 2. Viennent ensuite les vertus morales par rapport aux autres (v. 6 fin) :
                                . La patience : l’esprit de vengeance était banni de son cœur. Il supportait tout ce qu’il fallait car il se souvenait d’avoir été lui-même objet de la longanimité de Dieu. Il était persécuté, mais il avait été, lui, un fameux persécuteur.
                                . La bonté : une vertu active, un des aspects du fruit de l’Esprit (Gal. 5 : 22).
                                . L’Esprit Saint est cité ensuite, ce qui peut paraître étrange ici. Les qualités énumérées ne sont pas naturelles, ni innées ou acquises. Seul, l’Esprit de Dieu est la source de toutes vertus.
                                . L’amour sans hypocrisie : ce n’est pas la seule fois que cette précision est donnée (Rom. 12 : 9 ; 1 Pier. 1 : 22). L’amour se réjouit avec la vérité. Amour et vérité sont deux valeurs indissociables. L’absence de l’une défigure l’autre.

                    – 3. Enfin, viennent les ressources pour le service (v. 7) : la parole de la vérité et la puissance de Dieu.
            Il s’agit de la Parole accompagnée d’effets, de la Parole opérante. C’est une arme offensive : l’épée de l’Esprit. Car Paul présente ici le service comme un combat victorieux attribué à la puissance de Dieu et de sa Parole. Ce sont les armes de la main droite. La main gauche, elle, se sert de l’arme défensive : le bouclier de la foi.
            Toutes ces armes, bien avant Paul, avaient été connues du roi David. « Le Dieu qui me ceint de force et qui rend ma voie parfaite… qui enseigne mes mains à combattre, et mes bras bandent un arc d’airain. Et tu m’as donné le bouclier de ton salut, et ta droite m’a soutenu » (Ps. 18 : 32, 34-35).

                                                L’imitation de Christ (v. 8-10)

            Cette série de neuf contrastes montre que les avis peuvent être partagés et contradictoires sur une même personne, dans les mêmes circonstances, suivant qu’on l’apprécie selon la chair ou selon l’Esprit :
                    . d’un côté, la pensée des ennemis, incrédules et malveillants, qui jugent selon l’apparence,
                    . de l’autre côté, celle des croyants et de Paul lui-même et, plus encore, du Seigneur.

            Cela ne rappelle-t-il pas les rumeurs dans la foule à propos du Seigneur ? (Jean 7 : 12).
            Paul est la cible de ses ennemis, mais peu lui importe. Il ne cherche pas la gloire des hommes, à l’opposé de certains Corinthiens qui l’ambitionnaient. Telle est toujours la règle de ce monde : trouver des partisans, s’acquérir honneur et pouvoir.
            Admirons, encore une fois, ce serviteur imitateur de son Maître. Certainement il a porté l’opprobre de Christ, de Celui qui, avant lui, avait connu la contradiction de la part des pécheurs contre lui-même (Héb. 12 : 3). Qui, plus que notre Seigneur, a subi l’ignominie, la calomnie ? Il fut traité de malfaiteur (Jean 18 : 30), de blasphémateur (Matt. 26 : 65), d’imposteur (Matt. 27 : 63), de séducteur (Jean 7 : 12), et même de démoniaque (Jean 8 : 48).
            Paul était inconnu et bien connu (v. 9) : Il n’avait aucune célébrité, il n’avait pas gravi les échelons de l’échelle sociale. On avait dit du Seigneur : « Quant à celui-ci, nous ne savons pas d’où il est » (Jean 9 : 29). Cependant, il était connu de son Dieu et Père (Matt. 11 : 27), et connu des siens (Jean 17 : 7-8, 25).
            Mourant, châtié, voilà le verdict du monde sur l’apparence de Paul : « S’il dépérit dans son corps, c’est un châtiment de Dieu ». Voilà tout à fait l’esprit des amis de Job (Ps. 41 : 5-8). On prononce une sentence de mort sur Paul, mais Dieu préservait sa vie.
            De plus, il avait une joie qu’aucune tristesse ne pouvait altérer. Déjà, lors de son voyage précédent à Philippes, nous le voyons chanter des cantiques avec Silas dans la prison, lié de chaînes. Et plus tard, emprisonné à Rome, il exhortera les chrétiens de Philippes à se réjouir toujours dans le Seigneur. Le Seigneur, lui, à cause de la joie qui était devant lui, avait surmonté la souffrance et la honte de la croix.
            Enfin, comme son Seigneur qui vécut ici-bas dans la pauvreté (8 : 9 ; 1 Cor. 4 : 11), Paul n’avait aucune richesse matérielle (v. 10 ; 11 : 8). Il n’avait ni famille, ni foyer, ni possessions, mais il était riche quant à Dieu (Luc 12 : 21)).
            Nous touchons là au sommet du paradoxe : « Pauvres mais enrichissant un grand nombre ». Combien sont nombreux ceux qui furent et sont encore enrichis par son ministère ! Aucun bien matériel pour entraver sa course. Il avait les richesses insondables de Christ qu’il devait présenter aux nations.
            Paul, imitant le parfait modèle, pouvait dire : « Soyez mes imitateurs, comme moi aussi je le suis de Christ » (1 Cor. 11 : 1).
            Ayons aussi à cœur de refléter d’aussi brillantes qualités !

                                                Le souhait de l’apôtre pour les Corinthiens (v. 11-13)

            La pensée des ressources divines en face de toutes ses souffrances élargissait le cœur de l’apôtre. Les bonnes nouvelles reçues au sujet des Corinthiens l’élargissaient même davantage. Il manifeste à leur égard une plus grande liberté que dans sa première lettre. Il a confiance en leur droiture.
            Considérons bien l’exemple donné ici par l’apôtre. Le coupable qui avait été exclu (1 Cor. 5 : 2, 13) est maintenant réhabilité, l’assemblée à Corinthe elle-même est restaurée. Dès lors, Paul peut donner libre cours à son amour.
            Toutefois, quelle tristesse que les Corinthiens soient encore si étroits de cœur ! Il les assure qu’ils ont tous une grande place dans ses affections, et il leur demande en retour une plus grande place dans les leurs. Il dira plus loin (10 : 15) qu’il a l’espérance d’être « agrandi » au milieu d’eux ; qu’ils ne soient plus à l’étroit dans leurs affections ou, comme on l’a traduit ailleurs, dans leurs entrailles. Dans les Ecritures, les entrailles (v. 12) sont considérées comme le siège des affections. Celles de Joseph furent émues pour ses frères (Gen. 43 : 30), de même celles de la Sulamithe (Cant. 5 : 4). Quant aux entrailles de la miséricorde divine, nous pouvons lire Jér. 31 : 20 et Luc 1 : 78. Enfin, nous avons le témoignage de l’Envoyé du Père qui, en entrant dans le monde, a déclaré : « Ta loi est au-dedans de mes entrailles » (Ps. 40 : 8). Voir aussi : 1 Rois 3 : 26. ; Col. 3 : 12 ; Phm. 7, 12, 20 ; 1 Jean 3 : 17.
            Quelle douleur pour l’apôtre si, parmi eux, certains mettaient encore en doute sa pureté de cœur à leur égard ! Cela ne fait-il pas penser aux larmes de Joseph quand ses frères, après la mort de Jacob, manifestent encore crainte et méfiance à son égard ? (Gen. 50 : 17).

                                    Sainteté pratique et communion

                                                Remarques générales (v. 14-18)

            Paul veut entraîner les Corinthiens à sa suite dans le chemin excellent de l’amour. Quel en est le secret ? Un pacte avec le monde ? Au contraire, c’est en s’en séparant. Ne pensons pas qu’il y ait là une contradiction. Certains voudraient que notre amour s’exprime en élargissant nos voies, c’est-à-dire notre façon de vivre. Et on penserait volontiers que la marche dans un chemin étroit équivaut à une sécheresse du cœur. On parle d’œcuménisme, de mettre toutes nos convictions en commun. Or, c’est exactement l’opposé de l’enseignement que donne ici l’apôtre.
            Si les Corinthiens avaient besoin de ces exhortations, c’est qu’ils toléraient des alliances illicites. En effet, le monde aime ce qui est sien (Jean 15 : 19). Hélas, le mal dénoncé ici n’était qu’à son début. Il se développera pendant des siècles pour ruiner la chrétienté. Le Seigneur avait pourtant dit : « Ils ne sont pas du monde », en parlant de ses disciples (Jean 17 : 16). Paul veut les détacher de ceux qui reniaient Christ et qui reconnaissaient la chair. « Ceux qui habitent sur la terre » (Apoc. 8 : 13), et ceux qui ont un appel céleste, peuvent-ils avoir une même conception de la vie, les mêmes motifs, les mêmes buts ?
            L’apôtre donne d’abord un ordre, avant de poser cinq questions laissées sans réponse ; il termine par un appel puissant à se séparer pour Dieu et vers Lui, accompagné de précieuses promesses (v. 17-18).
            Trois domaines, où la séparation est nécessaire, sont envisagés :
                    – 1. le domaine social (6 : 14-15),
                    – 2. le monde religieux (6 : 16),
                    – 3. la sainteté personnelle (7 : 1).

            Ces trois formes de séparation se trouvaient déjà en figure dans la loi de Moïse (Lév. 19 : 19). Ce sont, dans le même ordre, trois interdictions :
                    – 1. Pas d’accouplement de deux espèces différentes d’animaux. D’autre part, un attelage d’un bœuf (animal pur) avec un âne (animal impur) ne devait pas se faire (Deut. 22 : 10).
                    – 2. Pas de mélange de semences dans un champ. Le champ labouré représente notre cœur. La semence, c’est ce qui y germe. Sera-ce la parole de Dieu, ou tout autre chose ?
                    – 3. Pas de vêtement aux fils mélangés. Le vêtement parle de notre témoignage ; mais il est le reflet de notre sainteté personnelle.

                                                Une incompatibilité (v. 14)

            Que signifie l’expression : « sous un joug mal assorti » ? C’est se trouver ensemble sous la même autorité. Or, sachons bien qu’en définitive il n’y a, fondamentalement, en ce monde, que deux autorités : celle de Christ et celle de Satan. Toutes les associations qui nous priveraient de notre liberté de conscience et d’action constituent un joug, alors que nous professons ne dépendre que du Seigneur et être sous son joug. Et nous savons, de la bouche du Seigneur lui-même, que son joug est facile à porter (Matt. 11 : 30).
            L’exemple le plus typique d’un joug mal assorti est celui du mariage d’un croyant avec une incrédule ou d’une croyante avec un incrédule. Comment, dans ces conditions, tracer ensemble le même sillon de la vie ici-bas ? On peut invoquer l’espoir que l’incrédule se convertira plus tard grâce au conjoint chrétien. Mais comment croire qu’on puisse être un témoin efficace quand on a pris volontairement un chemin de flagrante désobéissance ?
            Dans la vie courante, il n’est pas question d’abdiquer toute relation, tout contact, toute affaire avec les incrédules. Comme le dit Paul lui-même, « il vous faudrait sortir du monde » (1 Cor. 5 : 10). Mais sachons bien que la crainte de Dieu ne se trouve pas chez l’incrédule. Celui-ci n’a pas les scrupules de cœur et de conscience du chrétien, ni les mêmes objectifs, ni les mêmes ressources, ni les mêmes joies. Comme le dit le prophète Amos : « Deux hommes peuvent-ils marcher ensemble s’ils ne sont pas d’accord ? » (Amos 3 : 3).
            Que de douleurs et que de dangers ont dû traverser ceux qui ne se sont pas soumis à cette règle ! Ce fut le cas d’Abdias (1 Rois 18 : 3-16) et de Josaphat (2 Chr. 18 : 1, 29-32). Non, il y a incompatibilité absolue entre ces deux domaines, et même opposition complète (Gal. 5 : 17 ; Eph. 5 : 7-14). La lumière exclut les ténèbres et réciproquement.

                                                Un désaccord total (v. 15)

            Est-il possible d’accorder Christ avec Béliar ? Ce nom de l’Ancien Testament est symbolique de ce qui est mal (petit dictionnaire du Nouveau Testament Bibles et Publications Chrétiennes 1994). Le Seigneur avait déclaré : « Le chef du monde vient ; et il n’a rien en moi » (Jean 14 : 30). De même la foi et l’incrédulité sont deux pôles contraires. Croyants et incroyants n’ont pas de part commune. « Tu n’as ni part ni héritage dans cette affaire », avait dit Pierre au magicien Simon, serviteur de Satan (Act. 8 : 21). En revanche, les croyants ont une même part avec ceux qui sont sanctifiés (Act. 26 : 18).

                                                Une relation bénie (v. 16-18)

            A la séparation morale et spirituelle correspond la différence entre l’objet de notre adoration et celui de ce monde.
            Nous formons le temple de Dieu. Cela est affirmé positivement ici, comme dans la première épître (1 Cor. 3 : 16). Nous sommes édifiés une maison spirituelle (1 Pier. 2 : 5). L’obéissance en est la conséquence immédiate et impérative.
            Pour Israël, les promesses : « J’habiterai au milieu d’eux et j’y marcherai, et je serai leur Dieu » (v. 16) étaient assorties de conditions (Lév. 26 : 3, 11-12).
            Il n’en est plus ainsi pour les chrétiens, peuple céleste. Mais les Corinthiens, s’ils négligeaient la sainteté demandée ici, perdraient la jouissance de leurs relations avec Dieu. Et le dommage est d’autant plus grand que ces relations sont plus intimes que celles d’Israël avec Dieu.
            Le peuple d’Israël avait connu le Seigneur, l’Eternel, le Tout-puissant (Gen. 17 : 1 ; Ex. 6 : 7). Et à ce titre, c’était déjà un peuple qui devait habiter seul et ne pas être compté parmi les nations (Nom. 23 : 9). Délivré des idoles de l’Egypte, il était toutefois retombé dans l’idolâtrie dans le désert et dans le pays de la promesse. Cet état avait duré déjà plus de huit siècles quand Jérémie s’indigne : « Quoi ?… brûler de l’encens à Baal, marcher après d’autres dieux… et vous vous tenez devant moi dans cette maison qui est appelée de mon nom ? » (Jér. 7 : 9-10). Aussi, comme châtiment, Dieu avait déporté son peuple à Babylone. Mais, cent trente ans plus tôt, Esaïe, prévoyant non seulement cette déportation, mais aussi sa délivrance triomphale, ordonne au peuple de sortir de cette ville, symbole de la corruption, et de se purifier d’elle (Es. 52 : 11). Et dans sa grâce, Dieu avait fait la promesse d’une relation future : « Je serai au milieu d’eux ». Il y aura une alliance de paix, une alliance éternelle (Ezé. 37 : 26-27).
            Toutefois, la relation plus étroite de père et de fils ne leur était pas annoncée, sinon à leur Roi, le Messie. En effet, la promesse rappelée ici par l’apôtre (v. 18) est une citation libre des paroles de l’Eternel à David au sujet de son fils Salomon, type de Christ (1 Chr. 17 : 11-14).
            Si l’apôtre fait ici allusion à ces divers passages de l’Ancien Testament, c’est pour les appliquer aux Corinthiens, donc aussi à nous.
            Dès maintenant, nous connaissons le Père, qui cherche des adorateurs. Sanctifiés par la vérité (Jean 17 : 17) et reçus par lui, nous pouvons dès maintenant avoir toute la joie de sa communion. Mais il faut pour cela réaliser la séparation dont parle l’apôtre. En effet, Dieu nous fait goûter les relations de famille de manière toute spéciale, quand nous nous tenons moralement séparés du monde. C’est la condition pour lui rendre culte en esprit et en vérité.


                        CHAPITRE 7

                                    Conclusion pratique (v. 1)

            Ce verset, en effet, peut être considéré comme la conclusion de tout ce passage sur la séparation, peut-être l’un des plus importants du Nouveau Testament sur ce sujet. La séparation du croyant consiste à la fois en une attitude extérieure (6 : 11-18), et un état intérieur (7 : 1). C’est à ce prix que la sanctification sera complète, « achevée ». Une séparation extérieure seulement, de pure forme, serait du pharisaïsme.
            Nous voyons que le corps et l’esprit peuvent être atteints par la pollution morale des hommes. Nos pensées, notre jugement sont facilement souillés par l’esprit de ce monde. La parole de Dieu, elle, nous sanctifiera. Il le faut, nous le répétons, pour que la communion avec notre Dieu soit possible. Dieu est amour, mais il n’est pas moins lumière. Appliquons-nous donc à être « saints » dans toute notre conduite parce qu’il est écrit : « Soyez saints, car moi je suis saint » (1 Pier. 1 : 15-16).


D'après « Sondez les Ecritures » (vol. 6)

 

A suivre