LE LIVRE DE L'EXODE (35-40)
LA PRÉPARATION ET LA CONSTRUCTION DU TABERNACLE
CHAPITRE 35
Le sabbat (v. 1-3)
L’offrande de l’Eternel (v. 4-29)
Les ouvriers (v. 30-35)
CHAPITRE 36
Un seul tabernacle
CHAPITRE 37
Le travail de Betsaleël dans le sanctuaire
CHAPITRE 38
Le travail de Betsaleël dans le parvis (v. 1-20)
L’inventaire du tabernacle (v. 21-31)
CHAPITRE 39
Comme l’Eternel l’avait commandé à Moïse
CHAPITRE 40
Le tabernacle dressé
Conclusion du livre de l’Exode
LA PRÉPARATION ET LA CONSTRUCTION DU TABERNACLE
Nous sommes maintenant à la cinquième et dernière division du livre. Pour construire le tabernacle, il va falloir des matériaux précieux, de belles étoffes, et des artisans habiles et zélés, capables de fournir un travail patient et assidu.
Tout, en effet, doit être fait suivant le modèle que l’Eternel avait montré à Moïse, sur la montagne.
Or, au lieu de commander à l’assemblée des fils d’Israël ce qui concerne la construction du tabernacle, l’Eternel lui rappelle premièrement que le septième jour de la semaine est saint, un sabbat de repos pour lui. Pendant six jours, le travail se fera, mais il s’arrêtera le septième jour.
Ce jour de repos, que la grâce de Dieu accorde à son peuple (Marc 2 : 27), est donc assez important à ses yeux, pour interrompre l’œuvre du service du lieu saint !
Il y avait ici pour la Loi, une confirmation de l’accomplissement des promesses de l’Eternel, une anticipation (31 : 12-17) du repos en Canaan.
Par le sabbat, Dieu rappelait à son peuple qu’Il s’était lui-même reposé le septième jour, après avoir achevé en six jours « les cieux et la terre, et toute leur armée » (Gen. 2 : 1-3) ; Il les invitait ainsi à entrer dans son repos. Mais, à cause de son incrédulité, Israël ne connaîtra ce repos que sous le règne de Christ ; car « il sauvera ; il se réjouira avec joie à ton sujet : il se reposera dans son amour » (Soph. 3 : 17).
Le repos du sabbat s’étendait jusqu’aux premiers travaux domestiques : on ne devait pas allumer de feu dans les habitations. Car le feu n’est pas seulement nécessaire aux activités de la maison ; il est à la base de tout ce qui constitue le « progrès » matériel (Gen. 4 : 22) par lequel l’homme s’efforce de se passer de Dieu.
L’offrande de l’Eternel (v. 4-29)
Le second commandement de l’Eternel concerne l’offrande qu’Il réclame de tout homme qui a un esprit libéral. Une occasion est donnée aux fils d’Israël de montrer leur reconnaissance envers Dieu, en lui offrant sans réserve leurs richesses. Ces richesses représentent symboliquement divers aspects des perfections et des gloires de Christ.
Avoir « un esprit libéral » consiste à reconnaître que ces choses précieuses viennent de Dieu. Cela est vrai des biens matériels, comme des dons spirituels : « Qu’as-tu, que tu n’aies reçu ? » (1 Cor. 4 : 7).
Or ce qui vient de Dieu lui appartient mais aussi nous enrichit, car il nous fait participer à ses richesses, c’est-à-dire, spirituellement, à Christ lui-même (Rom. 8 : 32). Ainsi, nous qui n’avons rien, nous pouvons lui apporter une offrande (1 Chr. 29 : 14).
Maintenant, les offrandes apportées dans un esprit libéral doivent être façonnées. Pour cela, Moïse fait appel à « tous les hommes intelligents » (ou sages de cœur). Ce sont ceux qui sont « remplis de la connaissance de la volonté de Dieu, en toute sagesse et intelligence spirituelle » (Col. 1 : 9). Ils feront « tout ce que l’Eternel a commandé », pour construire le tabernacle. Rien ne doit manquer de ce qui le constitue : tout est soigneusement énuméré et a sa valeur aux yeux de Dieu.
Ainsi, Dieu a placé dans l’assemblée toutes les capacités, tous les dons nécessaires pour son édification (1 Cor. 14 : 12).
Une troisième catégorie de donateurs comporte « tout homme que son cœur y porta et tous ceux qui avaient un esprit libéral » : les affections s’ajoutent à la libéralité. Mais « les femmes » aussi participent aux offrandes, et particulièrement à l’offrande tournoyée d’or à l’Eternel - tournoyer l’offrande signifie que tous ses aspects sont présentés à l’Eternel ; celui qui offre présente, en figure, à Dieu, les diverses gloires morales de Christ. Des ornements comme ceux qui avaient servi pour faire un veau de fonte, vont maintenant être employés pour glorifier Dieu. N’avons-nous pas ici une expression de la reconnaissance du peuple envers l’Eternel qui, au lieu de le consumer, lui a fait grâce, en réponse aux prières de son médiateur ?
Soulignons le travail de « toute femme intelligente ». Il concerne le fil qui va servir à tisser les tentures du tabernacle, le voile, le rideau, la porte… Ensuite, « toutes les femmes habiles que leur cœur y porta, filèrent du poil de chèvre » (v. 26). Le bleu, la pourpre, l’écarlate, et le fin coton témoignent que, dans leurs maisons, ces femmes étaient occupées des gloires de Christ. Le poil de chèvre montre qu’elles attachaient de l’importance à ce que les affections pour Christ ne soient pas amoindries par les influences extérieures, mais gardées dans une sainte séparation pour lui.
C’est une belle figure de ce qui est, pour une femme, la crainte de l’Eternel. « La femme qui craint l’Eternel, c’est elle qui sera louée » (Prov. 31 : 30).
Qui allait être assez habile pour faire bon usage de « l’offrande à l’Eternel », selon « ce qu’il avait commandé ? ».
Moïse présente alors à Israël les artisans appelés par l’Eternel : Betsaleël est rempli de l’esprit de Dieu. Lui et Oholiab ont aussi à cœur d’enseigner leurs compagnons de service, les hommes intelligents et « fidèles » (2 Tim. 2 : 2) dans le cœur desquels l’Eternel avait mis de la sagesse.
Tels sont les vrais serviteurs de Dieu dans tous les temps. Leur capacité vient de Dieu (2 Cor. 3 : 5), car seule la sagesse qu’Il donne par son Esprit peut rendre l’homme capable d’accomplir « toute l’œuvre que … l’Eternel avait commandé de faire » (v. 29).
Les chapitres 36 à 39 du livre de l’Exode décrivent la construction du tabernacle, où Dieu a habité au milieu de son peuple. Nous avons considéré l’énumération des différentes parties et ustensiles du tabernacle, ainsi que les dimensions de la plupart d’entre eux, et la description des matériaux à utiliser. L’Eternel lui-même en a montré le modèle à Moïse, sur la montagne, et lui a dit à plusieurs reprises de s’y conformer avec soin. En aucun cas, il n’est fait appel aux pensées ou à l’intelligence de Moïse ou des fils d’Israël ; Dieu seul choisit ses serviteurs et leur donne les capacités nécessaires pour que le travail soit fait selon ce qu’il a commandé (31 : 6-11), afin qu’il y ait un seul tabernacle. De la même manière, le Seigneur Jésus a donné tous les dons nécessaires à l’édification de son corps (Eph. 4 : 7-16), de telle sorte qu’il y ait effectivement « un seul corps » (Eph. 4 : 4), car l’Eglise est le corps de Christ (Eph. 1 : 23).
Nous apprenons ainsi que l’unité du corps de Christ ou de l’Eglise (1 Cor. 12 : 12-13, 26-27) ne peut être le résultat des efforts des chrétiens, mais qu’elle est réalisée dans l’obéissance aux directives que Dieu nous donne dans sa Parole et dans la puissance du Saint Esprit.
Nous voyons, dans ce chapitre, l’harmonie qui préside à l’exécution du travail, chacun étant à sa place et à son ouvrage. Betsaleël et Oholiab sont ici à la tête, selon la pensée de Dieu (35 : 34). Les hommes intelligents dans le cœur desquels l’Eternel avait mis de la sagesse, les hommes sages qui travaillent à l’œuvre, recevaient sans nul doute l’enseignement de Betsaleël et d’Oholiab (35 : 34).
Tout ce passage illustre l’exhortation faite aux chrétiens d’Ephèse, d’être « soumis les uns aux autres dans la crainte de Christ » (Eph. 5 : 21), ainsi que la prière de l’apôtre Paul aux Thessaloniciens : « Nous vous prions, frères, de reconnaître ceux qui, parmi vous, travaillent, sont à la tête dans le Seigneur et vous avertissent : estimez-les très haut en amour à cause de leur œuvre » (1 Thes. 5 : 12).
Nous pouvons donc penser que tous ces hommes intelligents et sages avaient conscience de travailler pour l’Eternel. « Leur cœur » - c’est le seul motif d’une activité utile devant Dieu - les « porta à s’approcher de l’œuvre pour la faire ». Ils étaient ainsi les administrateurs de « l’offrande que les fils d’Israël avaient apportée pour l’œuvre du service du lieu saint », et qui appartenait à l’Eternel. Combien sont grands les privilèges et les responsabilités des serviteurs de Dieu !
L’ordre dans lequel le tabernacle est construit n’est pas le même que celui de sa description. Les dix tapis sont mentionnés en premier lieu. Nous avons vu qu’ils étaient réunis en deux ensembles de cinq, par deux fois cinquante ganses, jointes par des agrafes d’or. Ces dix tapis se voyaient de l’intérieur du tabernacle proprement dit. Ils couvraient donc le lieu très saint (où était l’arche) et le lieu saint (où étaient la table des pains, le chandelier et l’autel d’or). Les parois du sanctuaire étaient constituées par des ais recouverts d’or, dressés sur leurs bases d’argent.
Ainsi, tout, dans le sanctuaire, est une figure des gloires et de la grâce de Christ, dans sa divinité et son humanité sans tache.
Soulignons enfin que cette tente, bien que constituée de deux fois cinq tapis, est « un seul tabernacle ». Si nous considérons ces tapis comme représentant aussi les croyants vus en Christ, nous pouvons peut-être discerner, dans cet assemblage, « ceux qui étaient loin », les Gentils, et « ceux qui étaient près », les Juifs, qui ont également entendu la « bonne nouvelle de la paix » (Eph. 2 : 17).
Les tapis de poil de chèvre sont décrits ensuite, et l’accent est mis, ici aussi, sur l’unité de la tente ainsi constituée. Les agrafes d’airain qui joignent les ensembles de cinq et de six tapis, nous rappellent que la réconciliation de ces deux parties, « en un seul corps », à Dieu, a été accomplie « par la croix » (Eph. 2 : 16), tandis que les agrafes d’or dans les ganses de bleu, mettent en évidence le caractère divin et céleste de celui qui nous unit.
La couverture de peaux de béliers teintes en rouge, et la couverture de peaux de taissons, sont mentionnées à leur tour, rappelant le dévouement de Christ jusqu’à la mort et sa parfaite séparation du mal qui l’environnait dans le monde.
Nous trouvons ensuite les ais, leurs bases et leurs traverses. Nous avions remarqué qu’ils nous offrent une figure de l’administration de toutes choses, par Christ, sur la base de la rédemption, et qu’ils représentent aussi les rachetés établis sur cette même base. Puissions-nous tous entendre l’exhortation de l’apôtre Paul : « Restez ainsi fermes dans le Seigneur, bien-aimés » (Phil. 4 : 1).
Avec le voile, séparant le lieu saint du lieu très saint, porté par ses quatre piliers plaqués d’or, et le rideau de l’entrée de la tente, sur ses cinq piliers aux bases d’airain, l’ensemble du tabernacle est achevé. Tous ces ouvrages sont faits par l’ensemble des hommes intelligents, sans qu’aucun d’entre eux ne soit mis en avant.
Nous relevons plus de trente fois les expressions : « on fit, on joignit, on plaqua… ». C’est là, sans doute, une illustration de l’exhortation de Paul aux croyants de Philippes : « Rendez ma joie accomplie en ayant la même pensée : ayez le même amour, soyez d’un même sentiment, pensez à une seule et même chose » (Phil. 2 : 2).
Le travail de Betsaleël dans le sanctuaire
Le tabernacle, une fois construit, est prêt à recevoir les précieux objets qui remplissent et caractérisent le lieu très saint et le lieu saint.
Maintenant, jusqu’au verset 20 du chapitre 38, il est question des objets et ustensiles du sanctuaire et du service sacerdotal.
La confection des six meubles contenus dans le tabernacle et le parvis, la préparation de l’huile de l’onction sainte et du pur encens des drogues odoriférantes, et la construction de l’enceinte du parvis, sont entièrement attribuées à Betsaleël. A une quarantaine de reprises, il est dit : il fit… il plaqua… etc.
Betsaleël apparaît ici comme une figure du Saint Esprit, qui glorifie le Seigneur Jésus en prenant de ce qui est à lui, pour l’annoncer aux saints (Jean 16 : 14).
Car l’arche et le propitiatoire, la table, le chandelier, l’autel d’or, l’huile sainte et l’encens, et l’autel d’airain (38 : 1-7), sont des manifestations de Dieu en Christ, et seul, « l’Esprit sonde tout, même les choses profondes de Dieu » (1 Cor. 2 : 10).
L’ordre dans lequel Betsaleël fit les objets du tabernacle est différent de celui dans lequel ils sont décrits dans les chapitres 25 à 30. Ici, l’arche et le propitiatoire sont cités en premier, puis la table et le chandelier, mais ensuite viennent l’autel d’or, l’huile sainte et l’encens, l’autel d’airain et la cuve, et enfin le parvis. Nous allons depuis le centre du lieu très saint, jusqu’à l’enceinte extérieure ; c’est le chemin de Dieu vers l’homme.
Tous les objets du sanctuaire sont décrits, avec tous les détails donnés à Moïse sur la montagne. La différence principale (outre celle de leur signification) est dans le changement de temps, qui a une signification symbolique. En effet, l’emploi du passé au lieu du futur, sous-entend qu’une œuvre a été accomplie. Dans l’ancienne alliance, donnée à Moïse par l’Eternel sur la montagne de Sinaï, Christ est partout annoncé ; mais les fils d’Israël ne le voient pas parce que le voile qui leur cache Christ demeure sur leur coeur, puisqu’ils se sont placés sous la loi. C’est le sujet de l’Ancien Testament, ce sont des choses à venir.
En Betsaleël, nous avons donc un type du Saint Esprit, qui nous enseigne toutes choses, rend témoignage de Christ (Jean 14 : 26 ; 15 : 26), et le présente aux regards de la foi dans la puissance de son œuvre accomplie (1 Jean 5 : 6) : c’est le sujet du Nouveau Testament, tout est accompli (Jean 19 : 30).
Le trait distinctif de cette portion de livre, est donc la présentation d’un travail parfaitement achevé. La comparaison du verset 9 du présent chapitre, avec le verset 20 du chapitre 25, nous semble illustrer ce fait d’une manière telle, que nous pouvons dire avec l’évangéliste : « Tout cela a été écrit afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu’en croyant vous ayez la vie par son nom » (Jean 20 : 31).
Au chapitre 25, l’instruction avait été donnée : « Les chérubins étendront les ailes en haut, couvrant de leurs ailes le propitiatoire et leurs faces seront l’une vis-à-vis de l’autre ; les faces des chérubins seront tournées vers le propitiatoire » (v. 20). Le verset 9 du chapitre 37 nous fait voir ce que contemplent les chérubins, ce qu’ils ombragent, tandis qu’ils se font face, et tournent leurs regards vers le propitiatoire, c’est-à-dire vers Christ, Agneau immolé, qui a acquis par son sang, pour tous ceux qui lui obéissent, une « rédemption éternelle » (Rom. 3 : 24 ; Héb. 9 : 12). Au chapitre 16 du livre du Lévitique, nous avons le grand jour des propitiations. A cette occasion, le souverain sacrificateur, après avoir présenté un sacrifice pour lui-même, offrait une victime pour tous les péchés du peuple, commis pendant l’année. Il portait le sang de ces sacrifices pour le péché au dedans du voile et en mettait devant le propitiatoire (v. 15). C’est ainsi « qu’une fois par an, non sans présenter du sang qu’il offre pour lui-même et pour les fautes du peuple » (Héb. 9 : 7), le souverain sacrificateur entrait dans le second tabernacle.
Nous terminons ce chapitre en remarquant que tous les objets faits par Betsaleël sont ceux que devaient porter les fils de Kéhath (Nom. 4 : 4-15), à deux exceptions près.
La première est relative au parvis, dont les tentures étaient confiées aux fils de Guershom, tandis que les fils de Merari en portaient les piliers et leurs bases (Nom. 4 : 26-32).
La seconde est relative à la cuve d’airain, que nous allons rencontrer au chapitre suivant.
Le travail de Betsaleël dans le parvis (v. 1-20)
L’autel de l’holocauste (v. 1-7)
L’autel d’airain est appelé ici « l’autel de l’holocauste », nom qui ne lui est pas donné au chapitre 27, où il est introduit comme « l’autel de bois de sittim ».
Ce dernier nom met en avant la Personne de Christ qui, dans son humanité parfaite (le bois de sittim), pouvait seul porter « le châtiment de notre paix » (Es. 53 : 5) - le placage d’airain.
L’holocauste représente le sacrifice de Christ qui, « par l’Esprit éternel, s’est offert lui-même à Dieu sans tache » (Héb. 9 : 14).
C’est le sacrifice qui fait propitiation pour celui qui le présente (Lév. 1 : 3-4), c’est « un sacrifice par feu, une odeur agréable devant l’Eternel » (Lév. 1 : 9 ; Eph. 5 : 2).
Ce qui est devant nous ici est donc le sacrifice offert, plutôt que l’offrande alors à venir.
La cuve d’airain (v. 8)
Elle a une place à part parmi les objets faits par Betsaleël. Nous avons remarqué (30 : 17-21), qu’elle fait partie des moyens par lesquels le sacrificateur s’approche de Dieu (ch. 30), et non de ce par quoi Dieu se manifeste (ch. 25-27).
Dans le livre des Nombres, les fils de Kéhath portaient ce qui, symboliquement, manifestait Dieu en Christ, depuis l’arche et le propitiatoire, jusqu’à l’autel de l’holocauste (Nom. 4 : 5-15). Chose remarquable, la cuve, bien que faite par Betsaleël, n’est pas mentionnée dans la charge des Kéhatites. C’est parce qu’elle n’est pas pour la manifestation de Dieu, mais pour la purification des sacrificateurs.
Mais elle n’est pas mentionnée non plus dans les charges confiées aux Guershonites et aux Merarites ; nous ne savons pas qui la portait. Sans doute devons-nous apprendre que « les choses cachées sont à l’Eternel » (Deut. 29 : 29). « A présent je connais en partie, mais alors (quand ce qui est parfait sera venu) je connaîtrai à fond comme aussi j’ai été connu » (1 Cor. 13 : 12).
Une précision nous est donnée ici quant à l’origine de l’airain employé par Betsaleël pour faire la cuve et son soubassement ; il provenait des miroirs des femmes qui s’attroupaient à l’entrée de la tente d’assignation. Elles faisaient donc partie de « tous ceux qui cherchaient l’Eternel » (33 : 7) et sortaient vers lui.
Cela nous éclaire quant à leur état moral : leur parure n’était pas dans des cheveux tressés et de beaux vêtements. Leurs miroirs, de ce fait, devenaient inutiles, car ils ne pouvaient refléter que leur condition naturelle et non « l’être caché du cœur », parure des « saintes femmes qui espéraient en Dieu » (1 Pier. 3 : 3-5 ; 1 Tim. 2 : 9-10).
Le parvis (v. 9-20)
Nous arrivons maintenant au parvis, à ses piliers et à ses bases. Il s’agit de la clôture du tabernacle, de ce qui sépare le lieu de l’habitation de l’Eternel, du désert ou du monde qui l’entoure. Nous avons examiné, au chapitre 27, la composition du parvis, de ses tentures, de ses piliers et de ses bases.
Les dimensions et les matériaux sont soigneusement rappelés, mais le rideau de la porte du parvis est décrit à part, avec ses piliers et leurs bases, et leurs accessoires. Le voile et l’entrée de la tente (36 : 37-38) avaient été faits par « des hommes intelligents », enseignés sans doute par Betsaleël et Oholiab (36 : 2).
Pour la porte du parvis, Betsaleël seul est nommé. La raison en est peut-être qu’elle représente le Seigneur Jésus, vraie porte de la grâce (Jean 10 : 9), largement ouverte à quiconque reçoit le témoignage rendu à Christ par la parole et le Saint Esprit (Jean 3 : 3-7 ; 16-18).
L’inventaire du tabernacle (v. 21-31)
Dieu tient toujours compte de ce que les siens font et donnent pour sa maison. N’oublions pas, pourtant, que ce n’est que par sa grâce agissant dans nos cœurs, que nous pouvons faire quelque chose pour lui. « Nous sommes son ouvrage, ayant été créés dans le Christ Jésus pour les bonnes œuvres que Dieu a préparées à l’avance, afin que nous marchions en elles » (Eph. 2 : 10). Le tabernacle est nommé ici explicitement « le tabernacle du témoignage » ; c’est là et par ce moyen que Dieu se révélait à son peuple, et demeurait au milieu de lui.
Cet inventaire mentionne spécialement les poids des trois métaux employés dans la construction du tabernacle.
A titre indicatif, nous donnons les poids des métaux employés au tabernacle :
- sicle du sanctuaire : 14,5 g
- 50 sicles font 1 mine ; 60 mines font un talent.
1 talent correspond donc à 3 000 sicles, soit : 43,5 kg.
29 talents et 730 sicles d’or font : 4 767,03 kg
100 talents et 1 775 sicles d’argent font : 4 767,03 kg
70 talents et 2 400 sicles d’airain font : 3 079,80 kg.
L’or représente, nous l’avons déjà vu, la justice de Dieu révélée à l’intérieur du sanctuaire, comme un des caractères de sa gloire, tandis que l’airain parle de sa justice en jugement, à l’extérieur du sanctuaire. L’argent occupe ici une grande place ; cela est en conformité avec le caractère du livre de l’Exode, car il représente la rédemption. C’est ce que nous avons considéré (30 : 11-16) au sujet de la rançon que les fils d’Israël devaient donner « pour faire propitiation pour leurs âmes ». Cent talents (soit trois cent mille sicles), ont servi à fondre les bases d’argent du lieu saint et du voile : le « tabernacle du témoignage » a pour fondement l’œuvre rédemptrice de Christ à la croix. Avec le reste de cet argent, mille sept cent soixante quinze sicles, on fit les crochets des piliers du parvis, le plaqué de leurs chapiteaux et leurs baguettes d’attache. Ainsi, le prix de la rédemption était la base et le soutien des tentures du parvis, qui séparaient du monde le service du sanctuaire de Dieu.
Les bases d’airain qui assuraient la stabilité des piliers représentaient le jugement de celui qui ne peut supporter le péché ; tandis que la grâce en rédemption, manifestée dans ce qui soutenait les tentures, brillait dans les chapiteaux et les baguettes, en ornement de toute l’œuvre. Les deux choses s’unissent en Christ et dans sa mort expiatoire.
La fin du chapitre rappelle l’usage fait de l’airain dans la construction du tabernacle.
Comme l’Eternel l’avait commandé à Moïse
A dix reprises, au cours de ce chapitre, nous trouvons ces paroles : « Comme l’Eternel l’avait commandé à Moïse ». Moïse, serviteur de l’Eternel, a répondu par son obéissance à la parole entendue à quatre reprises sur la montagne : « Selon le modèle que je te montre, le modèle du tabernacle et le modèle de tous ses ustensiles, ainsi vous ferez » (25 : 9, 40 ; 26 : 30 ; 27 : 8).
Nous avons remarqué qu’aucun détail n’est laissé à l’imagination ou à l’initiative de l’homme, dans les plans, les matériaux, et la construction du tabernacle. Les ouvriers eux-mêmes sont appelés, donnés, et doués par l’Eternel (31 : 1-6).
Il en est de même aujourd’hui du culte des chrétiens. La Bible, qui est la Parole de Dieu, nous enseigne tout ce qu’il nous faut savoir sur la manière dont Dieu veut être adoré, et comment, par quelle puissance, les rachetés de Christ peuvent le faire. Le culte selon les ordonnances de l’Ancien Testament, a fait place à « l’adoration en esprit et en vérité » (Jean 4 : 23-24) ; les « vrais adorateurs » offrent à Dieu un sacrifice de louanges, c’est-à-dire le fruit des lèvres qui confessent (ou : bénissent en le reconnaissant publiquement) le nom du Seigneur Jésus (Héb. 13 : 15).
Le chapitre que nous lisons nous enseigne que Dieu attache une importance primordiale à ce que nous le servions « comme il nous l’a commandé ».
La construction du tabernacle, la confection de ce qu’il contient, s’achève ici par l’exécution des vêtements du service, pour servir dans le lieu saint. L’ordre dans lequel les saints vêtements sont présentés diffère de celui de leur description au chapitre 28, à partir de la robe de l’éphod.
En effet, avant la lame d’or pur, nous trouvons ici, non la seule tunique d’Aaron, mais aussi celles de ses fils ; ils lui sont ainsi plus étroitement associés. Le fin coton représente la justice, dont Dieu revêt les siens comme il est écrit : « Que tes sacrificateurs soient revêtus de justice » (Ps. 132 : 9). Ainsi, l’apôtre et le souverain sacrificateur de notre confession est Jésus, fidèle comme fils sur sa maison ; et nous sommes sa maison (Héb. 3 : 6). « Il nous a été fait sagesse de la part de Dieu, et justice, et sainteté, et rédemption » (1 Cor. 1 : 30) : Christ est notre justice.
Un détail est fourni ici au sujet de l’or de l’éphod : il devait être étendu en lames, coupé en filets et broché parmi le bleu, la pourpre, l’écarlate et le fin coton. L’éclat de la gloire de Jésus, le Fils de Dieu, est intimement associé à tous les aspects de sa sainte humanité.
Ce travail délicat nous montre que tout ce qui touche à la personne et à l’œuvre de Christ demande toute notre attention et les plus grands soins. Peut-être l’apôtre Paul pensait-il à cette figure lorsqu’il exhortait Timothée à être un bon ouvrier, exposant justement (ou découpant droit) la parole de la vérité.
L’obéissance sans réserve à la Parole de Dieu caractérise donc « l’œuvre du service ». Le Seigneur Jésus rappelle ce même principe d’obéissance à chacune des sept assemblées d’Asie, par ces paroles : « Que celui qui a des oreilles écoute ce que l’Esprit dit aux assemblées » (Apoc. 2 : 7, 11, 17, 29 ; 3 : 6, 13, 22).
Et les fils d’Israël « apportèrent le tabernacle à Moïse » : la tente et tous ses ustensiles… jusqu’aux vêtements pour Aaron le sacrificateur et les vêtements pour ses fils, pour exercer le sacerdoce.
Moïse, qui avait devant lui toute la gloire de la figure et de l’ombre des choses célestes, selon le modèle qui lui avait été montré sur la montagne, peut alors voir l’ouvrage, « et voici, ils l’avaient fait comme l’Eternel l’avait commandé ».
Et Moïse les bénit. Bénir signifie littéralement dire du bien ; nous comprenons facilement que Moïse eut une grande joie à reconnaître l’obéissance et le zèle des fils d’Israël pour faire le travail du tabernacle selon la parole de Dieu.
Le mot « bénir » a plusieurs sens dans la Parole :
- il exprime la louange reconnaissante et l’adoration envers Dieu (1 Chr. 29 : 10, 20)
- il peut être la demande d’une faveur de la part de Dieu, au bénéfice d’une personne ou de plusieurs (Nom. 6 : 24)
- c’est parfois une forme de salutation (Ruth 2 : 4)
- ce peut être encore un don de grâce de Dieu en amour et en sympathie pour les siens (Luc 24 : 51).
Ne sommes-nous pas encouragés, en lisant ce passage, à voir ce que Dieu fait dans les siens, par sa grâce, et par la puissance de son Esprit ? Car ce que Dieu a accompli dans les fils d’Israël, Il l’accomplira aussi en nous aujourd’hui, « si du moins nous retenons ferme jusqu’à la fin la conviction que nous avions au commencement » ( Héb. 3 : 14).
Certainement, « Celui qui a commencé en nous une bonne œuvre l’amènera à son terme jusqu’au jour de Jésus Christ » (Phil. 1 : 6).
Nous arrivons à la conclusion du livre de l’Exode. Nous y avons trouvé d’abord la fidélité de l’Eternel à son alliance avec Abraham, avec Isaac, et avec Jacob (2 : 24).
Nous venons de voir comment, par la grâce et la miséricorde de l’Eternel, le peuple égaré un moment a pu effectuer tout le travail du tabernacle. Moïse les bénit, sanctionnant ainsi leur fidélité.
Le tabernacle est construit ; toute maison est bâtie par quelqu’un, mais celui qui a bâti toutes choses est Dieu. « Et Moïse a bien été fidèle dans toute sa maison, comme serviteur (pour la nation d’Israël en général, comme pour la construction du tabernacle), pour témoigner de ce qui devait être dit ». Mais ce même passage de l’épître aux Hébreux (3 : 1-6) présente en regard le ministère de Christ, établi et fidèle, « comme Fils, sur sa maison », c’est-à-dire non seulement à l’égard d’Israël, mais de tous les enfants de Dieu. Moïse fait partie de sa maison, Christ construit la sienne.
Le tabernacle achevé est donc le résultat de la fidélité de Dieu, de celle de son peuple, par grâce, et de celle de Moïse.
Une nouvelle étape commence dans la vie du peuple, car le tabernacle fut dressé « au premier mois, le premier jour du mois », soit un an après sa sortie d’Egypte (12 : 2). Désormais, l’Eternel va habiter au milieu de son peuple.
Tu dresseras le tabernacle (v. 1-16)
Pour la douzième et dernière fois dans ce livre, nous lisons : « Et l’Eternel parla à Moïse ». Ce qui concerne les relations de Dieu avec son peuple est maintenant parfaitement établi. Le nombre 12 caractérise la perfection de l’administrative divine. Il y a douze tribus en Israël, douze disciples ou apôtres… Les nombres quatre, douze et ses multiples, vingt quatre et cent quarante quatre mille, expriment pour les choses groupées sous ces chiffres, un caractère de bénédiction en rapport avec la rédemption du monde. Le tabernacle sera donc dressé dans l’ordre indiqué par l’Eternel, en commençant par la tente, qui abrite l’arche du témoignage. Aussitôt après, le voile est mis en place, l’arche est « couverte » ; cependant le chemin des lieux saints n’est pas encore manifesté (Héb. 9 : 8). La table, le chandelier, l’autel de l’encens sont installés dans le lieu saint et remplissent aussitôt leur fonction : le pain est rangé en ordre sur la table, le chandelier est allumé, l’encens fume sur l’autel.
Nous avons le même ordre, de l’intérieur vers l’extérieur, que dans la fabrication des objets du tabernacle, mais en plus, le voile, le rideau et la porte du parvis sont mis en place au fur et à mesure de la construction pour fermer les différentes parties du sanctuaire.
L’onction du tabernacle et de tout ce qui est dedans, ainsi que de l’autel de l’holocauste et de la cuve, est prescrite alors ; tout doit être sanctifié car il s’agit de l’habitation du Dieu saint.
Enfin, Moïse doit faire approcher Aaron et ses fils, pour les consacrer et les vêtir, afin qu’ils exercent le sacerdoce devant l’Eternel. Ce saint service leur est donné pour qu’ils l’exercent continuellement, en leurs générations. Mais seul Jésus, « parce qu’il demeure éternellement, a le sacerdoce qui ne se transmet pas » (Héb. 7 : 24).
Moïse achève l’œuvre (v. 17-38)
Certaines personnes ne verront peut-être qu’une répétition, dans les versets 17-33, des dispositions que nous venons de rappeler sommairement.
En fait, c’est l’obéissance de Moïse qui est ainsi placée devant nous, car au cours de ces dix-sept versets, l’Esprit de Dieu se plaît à en rendre témoignage, en répétant à sept reprises : « Comme l’Eternel l’avait commandé à Moïse ».
Cela ne nous rappelle-t-il pas les paroles que nous fait entendre le Seigneur Jésus : « Si vous m’aimez, gardez mes commandements » (Jean 14 : 15) ? « Et Moïse acheva l’œuvre ». Par ces paroles, l’Eternel met le sceau de son approbation sur tout le travail de son fidèle serviteur. Mais le Seigneur Jésus a souverainement déclaré la perfection de son œuvre en disant : « C’est accompli » (Jean 19 : 30).
Tout est en ordre : la nuée alors couvre la tente d’assignation et la gloire de l’Eternel remplit la maison ; Dieu habite au milieu de son peuple, selon ses propos de grâce et d’amour.
Conclusion du livre de l’Exode
Nous venons de lire le second des livres de Moïse ; nous y avons vu quelques rayons de la gloire du Seigneur Jésus ; nous y avons appris quelque chose de la grâce et de la miséricorde de Dieu, mais aussi de sa justice et de sa sainteté.
Nous avons eu le même privilège et la même source de joie que les deux disciples sur le chemin d’Emmaüs, quand le Seigneur Jésus, « commençant par Moïse et par tous les Prophètes… leur expliquait, dans toutes les Ecritures, les choses qui le concernent » (Luc 24 : 27).
L’histoire du peuple nous est donnée « comme type » (1 Cor. 10 : 11), ainsi que nous le rappelions dans le début de notre introduction.
L’enseignement symbolique de ce livre nous a rendu plus accessibles les pensées de Dieu : à l’égard de son Fils bien-aimé, tout d’abord, et à notre égard ensuite.
Tandis que nous lisions ce qui se rapporte au tabernacle, dont tous les éléments nous présentent les caractères divers et glorieux du Fils de Dieu, notre Sauveur, n’avons-nous pas entendu le Père lui-même nous dire : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai trouvé mon plaisir » (Matt. 3 : 17). Et encore : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le » (Luc 9 : 35).
Que le Seigneur Jésus veuille bénir la lecture et la méditation de sa Parole pour chacun des siens, afin que chacun réponde : « Notre cœur ne brûlait-il pas au-dedans de nous, lorsqu’il nous parlait en chemin, et qu’il nous ouvrait les Ecritures ? » (Luc 24 : 32).
D'après « Sondez les Ecritures » (vol. 4)