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Lettre de sympathie

 

Cette lettre a été écrite à Pau le 18 mars 1880 à des parents ayant perdu de jeunes enfants.

 

Bien chers amis dans notre Seigneur,

            Mon cœur ne me permet pas de tarder plus longtemps à vous envoyer un petit mot de sympathie. Je n'aurais pas osé vous importuner dans votre douleur profonde si je ne m'étais pas rappelé les larmes du Seigneur Jésus au sépulcre de Lazare (Jean 11 : 35). Tout ce qui vient de Lui est infiniment précieux. Peut-être aussi quelques larmes versées en sympathie le long de la route pénible à travers ce pauvre monde n'auront pas été versées inutilement ; le cœur sera attaché en haut, là où Christ est assis, où tout est paix, joie, lumière et gloire, et où tout se fait exactement selon le cœur de Dieu. Quoi qu'il en soit, les larmes n'ont de valeur qu'en tant qu'elles élèvent le cœur en haut, le rattachant à la personne de Christ. C'est Dieu Lui-même qui se réserve le soin de les essuyer, et n'y a-t-il pas dans ce fait même quelque chose qui fait bondir le cœur en dehors de tout ce qui l'enchaîne ici-bas, jusque dans la lumière céleste où tout est de Dieu, et cela d'une manière évidente ?
            Mais je pense à ces trois petits enfants morts, et à tout le vide dans le cœur du père et de la mère. Ah ! le Seigneur le sait aussi. Il n'y est pas indifférent. Vous n'avez pas pu les retenir ici. Cela vous fait sentir votre impuissance d'une manière toute nouvelle, et vous avez réalisé comme jamais auparavant, que tout est entre les mains du Seigneur. Vous ne pourriez pas les Lui disputer, vous n'oseriez pas penser que vous les auriez mieux soignés que Lui. Ne les gardera-t-Il pas jusqu'au matin glorieux de la résurrection ?
            Vous étiez à Son école et dans une classe plus haute que vous ne le pensiez. Il voulait vous faire entrer dans le cercle intérieur de Ses propres pensées où vous comprendrez pleinement ce que le mot « ami » veut dire. « Je vous ai appelés amis », nous dit-Il (Jean 15 : 15). C'est notre position bénie, l'heureux privilège de tous les croyants, mais nos cœurs connaissent-ils en pratique ce que c'est que d'être un « ami » du Seigneur ? Y a-t-il chez nous cet abandon complet de tout entre les mains du Seigneur, cette dépendance de Lui en tout et pour tout, cette confiance enfantine, cette obéissance absolue rendue joyeusement d'un cœur qui se repose dans l'amour de Dieu - qui caractérise « l'ami » ? Trouvons-nous nos délices uniquement dans les choses qui occupent le cœur de Christ ? Est-ce que Christ est tout pour nous ?
            Il a fallu à Abraham bien des années et des expériences pour lui apprendre en pratique l'immense bénédiction de son appel et pour que son cœur y réponde pleinement. Ce n'était pas le simple fait d'être béni, mais de recevoir toute bénédiction directement du Dieu vivant et de savoir que Dieu agirait envers lui selon l'infini de Son propre cœur. Oh ! c'est grand, c'est merveilleux, chers amis, n'est-ce pas ? Et quand à la fin, il avait abandonné à Dieu son Isaac, son bien-aimé fils unique, le voilà dans ce cercle intérieur où les émotions de son cœur étaient identiques (comparez Gen. 22 : 12 avec Rom. 8 : 32) à celles du cœur de Dieu. Et la « descendance » promise, Christ, était fils de Dieu et fils d'Abraham en même temps ! Cela semble presque trop pour un homme ; cependant, telle est la place préparée pour un « ami » et Abraham a été appelé « ami de Dieu » ( Jac. 2 : 23).
            Et chemin faisant Dieu écrit les larmes des siens dans son registre (Ps. 56 : 8). Remarquez comme Il appuie sur chaque mot qui a du faire tressaillir le cœur d'Abraham en lui rappelant tant de souvenirs passés : « ton fils » - « ton unique » - « celui que tu aimes » - « Isaac » et offre-le.
            Le Seigneur Lui-même remplira tout le vide, chers amis. Il sera avec vous et Il vous bénira : c'est aussi la prière de votre affectionné frère en Christ.



William Joseph LOWE