bible-notes.org

Imprimer ou partager la page :

LE PREMIER LIVRE DE SAMUEL (4-7)

 

RUINE DU SACERDOCE ET RELEVEMENT DU PEUPLE (ch. 4-7)


CHAPITRE 4
           Le jugement du peuple et du sacerdoce 
CHAPITRE 5
            L'arche de l'Eternel chez les Philistins (v. 1-12)
CHAPITRE 6
            Le retour de l’arche en Israël (6 : 1 – 7 : 1)
CHAPITRE 7
            Le relèvement du peuple (v. 2-14)
            Samuel, juge en Israël (v. 15-17)


CHAPITRE 4

                        Le jugement du peuple et du sacerdoce

            Trente ans environ se sont écoulés entre les récits des chapitres 2 et 4. Il y a probablement simultanéité entre le livre des Juges et celui de 1 Samuel. Ce chapitre 4 ferait donc directement suite à Juges 16. Samson, qui a jugé le peuple 20 ans, mourut vraisemblablement peu de temps avant Eli qui, lui, a jugé (dans le sens d'exercer le sacerdoce) pendant 40 ans (v. 18), soit entre 1110 et 1070 environ avant Jésus Christ. De quelle patience use notre Dieu ! Mais les fils d'Eli ne se sont pas repentis. « Parce que la sentence contre les mauvaises œuvres ne s’exécute pas immédiatement… le cœur des fils des hommes est… plein d’envie de faire le mal » (Ecc. 8 : 11).
            Samuel a vraisemblablement une trentaine d’années à cette époque. Comme tout Lévite, son rôle était d’enseigner le peuple (Deut. 33 : 10 ; 2 Chr. 17 : 9 ; 30 : 22). De plus, il était prophète (Act. 3 : 24), et aussi le dernier des juges (Act. 13 : 20) ; il allait de lieu en lieu pour encourager et exhorter chacun. Israël a ainsi appris à reconnaître son autorité (3 : 20 ; 7 : 15-17).

                                    Première défaite devant les Philistins (v. 1-2)

            Depuis 20 années déjà, les Philistins dominaient sur Israël (Jug. 13 : 1 ; 14 : 4 ; 15 : 11) en dépit de leur destruction massive à la mort de Samson (Jug. 16 : 30). Pour essayer de secouer ce joug, les Israélites engagent la bataille. Croient-ils jouir de la faveur de l’Eternel qui se révélait désormais par Sa parole (3 : 21) ? Toujours est-il que, bien présomptueusement et sans consulter Samuel, détenteur de la Parole de Dieu, ils décident l’attaque. Ils méconnaissent leur état réel et suivent leurs propres désirs : aussi l’échec est inéluctable. Ils auraient dû se souvenir de la défaite d’Aï (Jos. 7) et aussi de la destruction de Benjamin (Jug. 20).
            Ils se rassemblent à Eben-Ezer (ce lieu se trouve à Mitspa - ou Mitspé - de Benjamin, à ne pas confondre avec d'autres Mitspa de Juda, de Gad ou de l'Hermon). Ce nom de Mitspa est donné ici par anticipation. Là, par grâce, sera placé le témoignage à la fidélité de Dieu (7 : 12). Mais pour l’heure, il ne faut pas compter sur le secours de l’Eternel, qui n’a pas été consulté (Ps. 81 : 13-14).
            De leur camp situé à Aphek, ville de l’ouest d’Ephraïm, les Philistins vont remporter une première victoire. Contrairement aux Egyptiens et aux Assyriens, ils ont leur territoire en Canaan. Ils sont pour nous une image de l’ennemi intérieur, c’est-à-dire de la chair qui agit dans le chrétien et dans la chrétienté. Son influence redoutable ne peut être vaincue par notre propre force (Ex. 13 : 17 ; Rom. 7). La victoire sur la chair ne s’obtient que par le Saint Esprit.

                                    Le recours à l’arche (v. 3-5)

           Les anciens d’Israël reconnaissent spontanément le doigt de l’Éternel dans cette défaite. Mais ce « pourquoi » (v. 3) est-il interrogateur ou accusateur (Prov. 19 : 3) ? Y a-t-il une recherche sérieuse, en soi-même, de la cause de cet échec ? Aucune humiliation ne se manifeste, contrairement à l’affaire d’Acan et à la lutte contre les Benjaminites (Jos. 7 : 6 ; Jug. 20 : 26).
            Les Israélites font alors appel à l’arche. Quelle folie de compter sur elle sans compter sur le Dieu de l’arche ! Et quelle superstition de s’attendre au symbole matériel de la présence de Dieu quand le cœur n’est pas en règle avec Lui ! Au demeurant, n’est-il pas étrange, après avoir reconnu que la défaite était de la part de l’Eternel, de désirer Sa présence au moyen de l’arche pour un deuxième combat ? Pensent-ils, avec nostalgie, à l’efficacité de l’arche dans le Jourdain ou devant les murs de Jéricho ? Dans le désert, l’arche prenait elle-même l’initiative de ses déplacements pour conduire le peuple et Moïse disait : « Lève-toi, Eternel ! et que tes ennemis soient dispersés ! » (Nom. 10 : 35). Maintenant le peuple était dans le pays et l’arche devait demeurer au lieu que l’Eternel avait choisi (Deut. 12 : 5, 11, 14, 18).
            Plus tard, Jérémie dénoncera la prétention à se glorifier de la présence de Dieu : « Ne mettez pas votre confiance en des paroles de mensonge en disant : c’est ici le temple de l’Eternel, le temple de l’Eternel » (Jér. 7 : 4). De toute façon, on ne peut pas faire venir Dieu à soi, on doit aller vers Lui ! C’est un principe pratique permanent (Jac. 4 : 8 ; Héb.10 : 22).
            Les fils d’Eli même sont avec l’arche. Quelle inconscience et quelle inconséquence ! Les cris qui accueillent l’arche à son entrée dans le camp sont plutôt des cris d’excitation collective que des cris de victoire (17 : 20 ; Jos. 6 : 10, 20 ; Jug. 7 : 18, 20). On prétendait se servir du nom de Dieu sans s’être jugé. La terre tremble à ces cris mais le ciel reste insensible. L’arche est appelée ici avec emphase : « l’arche de l’alliance de l’Eternel des armées, qui siège entre les chérubins » (v. 4).
            De nos jours, chez certains qui se disent chrétiens, il y a beaucoup d’apparat (représenté ici par l’arche, les vêtements sacerdotaux), beaucoup de bruit dans les réunions. Mais si on ne s’est pas jugé auparavant, les plus beaux cantiques ne seront qu’un bruit insupportable pour Dieu (Amos 5 : 23).

                                    La réaction des Philistins (v. 6-9)

            La peur des Philistins est bien compréhensible. Pour ces gens habitués aux images taillées, l’arche de l’Eternel équivaut à l’Eternel lui-même. La sortie d’Egypte par la puissance de l’Eternel est dans toutes les mémoires (Jos. 2 : 10), et comme pour tous ceux qui ne connaissent pas le seul vrai Dieu, les ressources sont en eux-mêmes : « Philistins, fortifiez-vous ! » (v. 9) Nous savons que maudit est l’homme qui se confie en l’homme, mais béni celui qui se confie en l’Eternel (Jér. 17: 5 ; Phil. 4 : 13 : 2 Tim. 2 : 1).

                                    La seconde défaite d’Israël et ses conséquences (v. 10-11)

            La description du désastre d’Israël est brève et dramatique. Asaph mettra en poème ce souvenir terrible : « Il livra à la captivité sa force, et sa magnificence en la main de l’ennemi ; et il livra son peuple à l’épée… Leurs sacrificateurs tombèrent par l’épée, et leurs veuves ne se lamentèrent pas » (Ps. 78 : 61-62, 64). Cette terrible scène confirme que la faveur et la présence de Dieu ne peuvent être revendiquées en dehors du jugement du mal. « Je ne serai plus avec vous si vous ne détruisez pas l’anathème du milieu de vous » (Jos. 7 : 12). Les promesses de victoire même en cas d’infériorité numérique (Lév. 26 : 8 ; Deut. 32 : 30 ; Jos. 23 : 10) ne peuvent se réaliser.
            Anne avait chanté la gloire future du roi. Mais pour l’heure, cette gloire s’en est allée. La demeure de Silo est abandonnée (Ps. 78 : 60). L’arche est prise par les Philistins et ne reviendra plus à Silo, ni même en Ephraïm (Jér. 7 : 12-14).

                                    La fin d’Eli (v. 12-18)

            Pendant ce temps, Eli tremble d’angoisse pour l’arche. Le tumulte de la confusion (v. 14) qui succède aux cris de la présomption (v. 5) accroît son inquiétude. Le messager mentionne la prise de l’arche en dernier lieu, comme un fait peut-être accessoire. Or, pour Eli, c’était l’essentiel. Il meurt de tristesse, non pas en apprenant la mort de ses fils, mais en comprenant que l’arche est prise ! Quelle remarquable preuve d’attachement à son Dieu ! S’il lui a manqué pendant sa vie l’énergie de la fidélité, sa piété personnelle brille magnifiquement à la fin de sa vie. Au fond, il aimait l’Eternel plus que ses fils.

                                    La naissance d’I-Cabod (v. 19-22)

            Le témoignage de la femme de Phinées est aussi clair. Sa plus grande douleur est la perte de l’arche. Rien ne peut la consoler, pas même la naissance d’un fils. Le nom donné à l’enfant gardera le souvenir solennel du jugement de Dieu sur son peuple. Ainsi, en contraste avec le peuple qui se sert de l’arche à ses propres fins, Eli et sa belle-fille montrent dans leur mort leur réel attachement à l’Eternel.
            Ce contraste se retrouve aujourd’hui : combien de personnes bafouent le Seigneur, prétendant « l’emmener » avec eux, se réclamant de Lui et se glorifiant de sa présence, tout en méconnaissant ou en méprisant sa Personne. Ne nous glorifions donc pas de nos privilèges, en oubliant la responsabilité qui en découle ; et ne soyons pas satisfaits d’une position ecclésiastique qui ne correspondrait pas à notre condition morale. En particulier, n’ayons pas de prétentions déplacées sur la vertu de la présence du Seigneur, sans en réaliser la solennité ; mais attachons toujours nos cœurs à Lui.



CHAPITRE 5

                        L'arche de l'Eternel chez les Philistins (v. 1-12)

            La prise de l’arche était un jugement de Dieu sur le peuple aussi bien que sur le sacerdoce - plus directement en vue ici (Ps. 78 : 56-64). Dieu jugeait son peuple en permettant un tel châtiment (Gal. 6 : 7). Mais tout en parlant à son peuple, Dieu parle aux nations : les Philistins subiront un jugement sur leur dieu (v. 1-5), sur leur personne (v. 6-12) et sur leurs biens (6 : 5).

                                    L’humiliation du dieu des Philistins (v. 1-5)

            L’arche est menée triomphalement comme un trophée à Asdod, dans la maison de Dagon, dieu national des Philistins (Dagon signifie « poisson ». Cette idole, en effet, était formée d'une tête, d'un buste d'homme et d'une queue de poisson, mélange monstrueux d'un homme et d'une bête). Les Philistins pensaient-ils honorer l’arche en la plaçant à côté de cette statue ? Dans leur idolâtrie, les nations sont toujours disposées à adopter de nouveaux dieux. Les deux chérubins pouvaient peut-être à leurs yeux symboliser deux divinités (ils avaient déjà parlé « des » dieux d’Israël : 4 : 8). Mais le seul vrai Dieu va revendiquer sa gloire (Es. 48 : 11).
            Le triomphe des Philistins va se changer en défaite, et leur orgueil en honte. L’arche captive devient conquérante (Ps. 78 : 65-66). Devant les Philistins stupéfaits, Dagon est renversé une première fois devant l’arche, puis il est mutilé la seconde fois ; sa tête (l’intelligence) et ses mains (la puissance) sont coupées. Les Philistins, sans voir le ridicule de la situation, instituent, avec vénération et superstition, l’interdiction de marcher sur le seuil de la maison de leur idole.
            De nos jours aussi, que de faux dieux sont ainsi honorés ! Or, derrière les idoles, se cachent les démons (1 Cor. 10 : 19-21). Dagon n’était qu’une statue : l’arche, au contraire, un symbole représentant Dieu. Ils appartiennent l’une et l’autre au monde visible, mais sont en relation avec le monde invisible qui n’est pas moins réel. Cependant, l’humiliation de Dagon devant l’arche annonce la victoire de Celui qui, à la croix, brisera la tête du serpent (Gen. 3 : 15 ; Marc 3 : 27 ; Col. 2 : 15 ; Héb. 2 : 14).

                                    Le jugement sur les Philistins (v. 6-12)

            Après Dagon, leur faux dieu, les Philistins eux-mêmes sont frappés par Dieu. Il est difficile de préciser la nature de cette plaie : une dermite faite de furoncles ou de tumeurs. Elle rappelle une des plaies d'Egypte (Ex. 9 : 8-12). Israël lui-même, en cas d'infidélité, était menacé de ce même mal (Deut. 28 : 27). En général, une maladie de la peau symbolise la révélation extérieure d'un mal intérieur.
            La main de Dieu s’appesantit de plus en plus : peur, angoisse, douleur, plaies honteuses, consternation mortelle (v. 11) et mort. Le pays lui-même est ravagé (6 : 5). Tous sont atteints, car devant Dieu tous sont égaux (v. 9 ; 6 : 4 ; Apoc. 20 : 12).
            L’arche est déplacée dans le vain espoir que le mal ne suivra pas. Ainsi, l’homme réagit en cherchant à se soustraire aux conséquences du mal sans le juger. On cherche d’abord à soigner son corps et à éviter les difficultés matérielles avant de se soucier de guérir son âme d’un mal incurable, le péché.

 

CHAPITRE 6

                        Le retour de l’arche en Israël (6 : 1 – 7 : 1)

                                    Comment se débarrasser de l’arche (v. 1-9)

            Devant l’épreuve qui les atteint, les Philistins sont obligés de reconnaître le doigt de Dieu (5 : 7, 11 ; 6 : 3), et de lui donner gloire (6 : 5 ; Ex. 9 : 27 ; Dan. 2 : 47 ; 3 : 28 ; 4 : 37 ; Phil. 2 : 10-11). Les devins et les sacrificateurs (le pouvoir religieux) et les anciens (le pouvoir civil) sont d’accord pour renvoyer l’arche en Israël. De même, au lieu de se laisser pénétrer par la lumière divine, les hommes, se sentant jugés, sont effrayés et refusent le moyen du salut, symbolisé ici par l’arche dont le propitiatoire était aspergé de sang (Marc 5 : 17 ; Luc 23 : 31 ; 19 : 14 ; Act. 4 : 26). Mais de quelle manière faut-il renvoyer l’arche qui les terrorise depuis sept mois ? Pour apaiser ce Dieu si terrible, les Philistins décident d’offrir, selon la coutume païenne de l’époque, une image du mal subi. Ils ignorent totalement ce qui convient à Dieu. Les souris, même en or (1 Pier. 1 : 18), sont pour Lui des animaux impurs (Lév. 11 : 29 ; Es. 66 : 17).
            Le monde n’a pas changé : il cherche à apaiser Dieu par un présent (par l’argent en particulier), par des œuvres de valeur ou par un formalisme de contraintes. Il laisse ainsi de côté le seul moyen donné par Dieu pour être sauvé. Seul le sang de l’Agneau peut satisfaire la justice de Dieu.
            De même, transporter l’arche sur un chariot, même neuf, n’était pas le moyen choisi par Dieu. Mais Il tient compte de l’ignorance des Philistins, alors que, pour le même acte, son peuple Israël sera châtié (2 Sam. 6 : 1-11). Le chariot neuf et les vaches qui n’avaient pas porté le joug semblent exprimer un certain respect craintif de Dieu.

                                    Le retour de l’arche en Israël (v. 10-12)

            L’épreuve proposée par les devins démontre avec éclat la grandeur de Dieu : l’instinct maternel cède devant le Créateur de cet instinct et les vaches vont droit au but, à Beth-Shémesh, ville située à 15 ou 20 km à l'est d'Asdod (Jos. 21 : 16). Quel spectacle pour les princes des Philistins qui, sept mois plus tôt, se croyaient vainqueurs en se saisissant de l’arche ! Les voilà maintenant contraints de la suivre, dans une position humiliante pour eux, celle de serviteurs. Et Dieu, dans sa miséricorde et sa majesté, retourne à son peuple, car Son propos est toujours d’être au milieu des siens.

                                    L’arrivée de l’arche à Beth-Shémesh (v. 13-18)

            Le retour de l’arche est une source de joie (Luc 2 : 20 ; Jean 20 : 20). Le nom de Beth-Shémesh, « la ville du soleil », prend un sens particulier en ce jour où revient l’arche, figure de la lumière de Dieu au milieu de son peuple. Le peuple montre sa reconnaissance par un sacrifice, certes imparfait (il aurait fallu sacrifier un mâle au lieu de deux vaches laitières), mais que Dieu agrée (Jug. 6 : 19 ; 2 Chr. 30 : 18-20). La présence de Dieu au milieu des siens ne peut être basée que sur le sacrifice de Christ. Par ailleurs, si notre louange (représentée par le sacrifice) est parfois bien imparfaite, Dieu dans sa grâce l’accepte si notre cœur est droit.
            Après avoir été témoins du retour miraculeux de l’arche, les princes des Philistins sont les spectateurs de l’offrande des Beth-Shémites. Insensibles dans leur conscience et dans leur cœur, ils s’en retournent à leurs idoles. Ils sont l’image du triste état actuel du monde, étranger à la grâce et à la gloire de Dieu.

                                    Les Beth-Shémites châtiés pour avoir regardé dans l’arche (6 : 19 ; 7 : 1)

            La joie et la bénédiction de la présence de Dieu peuvent être brusquement gâchées. Les Beth-Shémites font preuve de curiosité, de témérité et de mépris de la majesté de l’Eternel en cherchant à regarder dans l’arche. Pour cela, ils ont dû enlever son couvercle, le propitiatoire. Dès lors, il ne restait dans l’arche que les deux tables de la Loi que Moïse y avait placées en Horeb (1 Rois 8 : 9). Or la Loi condamne et produit la mort (2 Cor. 3 : 6, 9) ; aussi 70 Beth-Shémites sont frappés !
            Ne cherchons pas à scruter avec un esprit profane la personne de Christ, vrai Dieu et vrai homme. « Personne ne connaît le Fils, si ce n’est le Père » (Matt. 11 : 27). La liberté que nous avons de nous approcher du Seigneur n’enlève rien à la sainteté de sa présence ; devant Lui, tout notre être se prosterne dans une profonde vénération.
            Au lieu de mener deuil sur leur péché, les Beth-Shémites se lamentent uniquement sur ses conséquences, comme c’est souvent le cas (5 : 12 ; Gen. 4 : 13 ; 2 Sam. 6 : 9). La crainte doit accompagner le sentiment de la grâce mais non le remplacer (Ps. 130 : 4). Une vraie humiliation aurait incité les Beth-Shémites à conserver l’arche chez eux. Au contraire, ils tombent d’une témérité coupable à une timidité excessive, et n’osent même plus porter l’arche eux-mêmes (v. 21).
            La crainte des Beth-Shémites fait penser à ceux qui craignent une relation personnelle de communion avec Dieu. N’y a-t-il pas un heureux chemin qui évite la légèreté et l’indignité et en même temps la lâcheté et la fuite des responsabilités ? Appliquons-nous à garder l’équilibre, que seul le Seigneur a parfaitement réalisé !
            L’arche ira à Kiriath-Jéarim, un lieu de repos plus propice pour elle que Silo, encore sous le souvenir récent de l’inconduite des fils d’Eli. A part une simple allusion (14 : 18), il ne sera plus question d’elle pendant environ 70 ans. Les hommes de Kiriath-Jéarim ne pouvaient ignorer ce qui s’était passé à Beth-Shémesh. Cependant ils acceptent l’offre, estimant peut-être que la présence de Dieu parmi eux serait une source de bénédiction. Les noms des hommes qui hébergent l’arche sont mentionnés - Abinadab signifie « père noble » et Eléazar, « celui que Dieu aide » (7. 1), car Dieu apprécie tout service pour Lui.


CHAPITRE 7

                        Le relèvement du peuple (v. 2-14)

                                    Le retour du peuple d'Israël à l'Eternel (v. 2-4)

            La Parole est silencieuse sur les 20 années qui suivent le retour de l’arche en Israël. Mais la fin du chapitre autorise à penser que Samuel, dans son affection pour le peuple, n’a pas cessé de prier pour lui, de l’exhorter, guettant les premiers signes d’un retour vers Dieu. Les fils d’Israël sont encore opprimés par les Philistins et n’ont pas abandonné leur idolâtrie. Mais un travail intérieur se fait en eux ; il produit des lamentations et le désir de retrouver pleinement l’Eternel (Jér. 31 : 9). Le travail de Dieu pour relever, individuellement ou collectivement, est souvent bien long parce que nous sommes lents à reconnaître nos fautes. Ayons comme notre Dieu la patience d’attendre, en priant, le retour d’un frère. Que le Seigneur veuille « incliner nos coeurs « à l'amour de Dieu et à la patience du Christ » (2 Thes. 3 : 5).
            Israël s’approche de Dieu et Dieu s’approche de lui (Jac. 4 : 8). La bénédiction est prête. Samuel parle à la fois de grâce à leur cœur et de vérité à leur conscience. Il « parle », et c’est bien toujours la Parole qui nous apporte la conscience de notre état (Héb. 4 : 12). Dieu ne peut tolérer la rivalité d’aucun faux dieu. Il délivrera si les cœurs sont purifiés et fermement attachés à Lui. En effet, ici, la repentance porte ses fruits et les faux dieux sont ôtés.

                                    L’humiliation collective à Mitspa (5-9)

            Samuel, à l’image du Seigneur, les a exhortés (v. 3), les a rassemblés (v. 5) ; maintenant, il va intercéder pour eux, devant eux (v. 5), et enfin les juger (v. 6).
            Mitspa, colline de Benjamin, domine le pays ; c’est un lieu élevé, propice à la communion. Il s’y passe un fait historique unique : une libation nationale. L’eau répandue ne peut plus être recueillie à nouveau ; cet acte signifie donc que l’on reconnaît sa misère et sa totale faiblesse et que l’on est profondément affligé de la situation actuelle (2 Sam. 14 : 14 ; Ps. 22 : 14 ; Lam. 2 : 19). Le peuple reconnaît aussi la valeur de l’intercession persévérante de Samuel (v. 8) : belle figure du service rempli par Jésus qui intercède maintenant pour les siens (Héb. 7 : 25). Et spontanément, dans sa sincérité, le peuple jeûne ce jour-là. Voilà donc le chemin complet du retour accompli : confession, humiliation, repentance et enfin séparation du mal.
            A peine revenu à l’Eternel, le peuple est mis à l’épreuve. Les Philistins, prenant peut-être le rassemblement de Mitspa pour les préparatifs d’une offensive, montent contre Israël. Quand le peuple de Dieu se vouait à l’idolâtrie des Philistins, ceux-ci restaient tranquilles. De même, Satan laisse tranquille un chrétien spirituellement endormi (Luc 11 : 21), alors que le témoignage vivant d’un enfant de Dieu zélé pour son Sauveur attise la haine du diable.
            Samuel sera exaucé et le peuple remportera la victoire sur la base d’un sacrifice agréé : un agneau de lait offert tout entier, belle image de la douceur et de l’innocence d’une victime consacrée totalement à Dieu, qui se substitue au peuple coupable mais repentant.

                                    La victoire d’Eben-Ezer (v. 10-14)

            La victoire est éclatante. Elle est l’œuvre exclusive de Dieu. Toute la gloire lui en revient (v. 10), tandis que l’énergie de la foi est donnée au peuple pour poursuivre les Philistins jusqu’à Beth-Car (dont le nom signifie : « maison de l’agneau ») et bénéficier de la victoire (v. 11). Le chemin du chrétien ressemble, en figure, à ces diverses étapes : il commence sa vie nouvelle à la croix où l’Agneau de Dieu a été sacrifié ; puis, après les combats spirituels de sa vie sur la terre, il sera recueilli dans la présence de l’Agneau glorifié, dans la maison céleste.
            Eben-Ezer est le nom donné officiellement maintenant à la pierre dressée. Elle est un mémorial qui rappelle l’endroit exact de la défaite 20 ans plus tôt (4 : 1), mais surtout l’auteur de la victoire actuelle (v. 12). N’oublions jamais d’exprimer à Dieu notre reconnaissance pour toutes ses délivrances, jour après jour (Ps. 68 : 19). Aux grandes étapes de notre vie, nous pouvons souvent rappeler combien souvent Dieu a usé de grâce envers nous et nous a secourus.


                        Samuel, juge en Israël (v. 15-17)

            Ces versets donnent un résumé du déroulement de la vie de Samuel et de son service officiel au milieu du peuple de Dieu. Pour sa relation avec l’Eternel, le peuple dépend entièrement de lui qui assume tout. Samuel remplit simultanément les rôles de prophète, de sacrificateur, d’intercesseur, de juge et presque de roi. Il est un type de Christ qui cumule parfaitement toutes ces fonctions. Son rôle de juge est particulièrement mis en évidence ici.
            Le peuple, délivré, en paix, objet de soins attentifs, avait tout pour être heureux. Lors de ses tournées, Samuel passe dans divers lieux qui ont chacun une application spirituelle pour nous :
                    – Béthel signifie « maison de Dieu » : nous sommes la maison de Dieu sur la terre (Eph. 2 : 20) ; l’assemblée, « colonne et soutien de la vérité » (1 Tim. 3 : 15), est le lieu où le croyant trouve protection et nourriture ;
                    – Guilgal est le lieu de la circoncision (Jos. 5 : 9) : si la chair en nous est jugée (Rom. 7 : 18), et si nous n’avons plus aucune confiance en elle (Phil. 3 : 3), nous jouirons de notre liberté de fils ;
                    – Mitspa signifie « lieu élevé » ou « tour de guet » : le croyant doit se montrer vigilant (Hab. 2 : 1) et, lorsqu’il s’est éloigné de Lui, il verra la fidélité de son Dieu (7 : 5) qui le relève dans sa grâce ; le cœur du croyant pourra alors s’élever en reconnaissance ;
                    – Rama était le domicile de Samuel qui avait là un autel particulier ; il est bon qu’un serviteur mette en pratique chez lui, dans sa famille, ce qu’il prêche ailleurs ; soyons diligents pour maintenir un culte familial qui sera une protection pour toute notre maison.

            Ainsi le service de Samuel est-il encadré par l’adoration : dès sa tendre enfance, il se prosterne devant l’Eternel (1 : 28) ; à la fin de sa vie, il bâtit un autel à Rama, là où il habitait. L’équilibre doit être maintenu entre le service et la communion avec le Maître : si le service prend trop d’importance et empiète sur les moments d’adoration, il devient une activité de la chair, agitée et occupée d’elle-même. La vie de Samuel est donc un modèle d’équilibre pour la vie spirituelle du croyant.

 

D'après « Sondez les Ecritures » (vol. 7)