MEDITATIONS SUR LE MINISTERE D'ELISEE (10)
Les œuvres de la chair
La ressource divine
La farine, image de Christ
Jeter la farine dans la marmite
Le pain des premiers fruits apporté à Elisée par l’homme de Baal-Shalisha
La puissance de la grâce dépassant notre capacité à la recevoir
« APPORTEZ DE LA FARINE »
Comment les œuvres de la chair peuvent être réprimées et comment la mort peut céder la place à la vie.
« Et l'un d'eux (les fils des prophètes) sortit aux champs pour cueillir des herbes, et il trouva de la vigne sauvage et y cueillit des coloquintes sauvages, plein sa robe ; et il rentra et les coupa en morceaux dans la marmite du potage, car on ne les connaissait pas. Et on versa à manger aux hommes ; et il arriva que, comme ils mangeaient du potage, on cria et dit : Homme de Dieu, la mort est dans la marmite ! Et ils n'en pouvaient manger. Et il dit : Apportez de la farine. Et il la jeta dans la marmite, et dit : Verses-en à ce peuple, et qu'ils mangent. Et il n'y avait rien de mauvais dans la marmite » (2 Rois 4 : 39-41).
Nous avons tendance à penser que nous n’avons à plaire qu'à nous-mêmes, et que nous pouvons faire nos propres choix sans rendre de compte à personne. C’est d'après ce principe hautement pernicieux qu'agit la chair corrompue qui habite en nous. Et c’est en cela qu’elle sert la loi du péché, car non seulement elle est indifférente au bien d'autrui, mais elle est aussi insoumise à Dieu. Elle est « inimitié contre Dieu, car elle ne se soumet pas à la loi de Dieu ; en effet, elle ne le peut même pas » (Rom. 8 : 7).
Comme nous l’avons déjà montré, la chair est comme la vigne sauvage de laquelle l’un de ces fils des prophètes ignorant a rassemblé des coloquintes sauvages plein sa robe. Si nous la tolérons ou la cultivons, nos robes seront aussi remplies du chagrin et de la honte qui accompagnent ses fruits mortels. Et quels terribles fruits que les siens ! Certains d’entre eux sont énumérés en Galates 5. 19-21 : « la fornication, l'impureté, l'impudicité, l'idolâtrie, la magie, les haines, les querelles, les jalousies, les colères, les rivalités, les divisions, les sectes, les envies, les meurtres, les ivrogneries, les orgies, et tout ce qui y ressemble ». Il se peut que ces choses ne nous paraissent pas haïssables au même degré, mais ce sont toutes les œuvres de la chair. Oui, les querelles, les intrigues et les envies sont aussi réellement les œuvres de la chair que l'adultère, les sectes, ou les meurtres. La corruption et la mort en découlent toujours. Et cela, non seulement pour celui qui cueille l’un d’entre eux et qui, selon l'image si solennelle donnée par le Saint Esprit, doit récolter ce qu'il a semé, car « on ne se moque pas de Dieu » (Gal. 6 : 7), mais c’est vrai aussi pour beaucoup d’autres qui lui sont associés en tant que membres du corps de Christ. C’est la raison pour laquelle nous sommes exhortés à poursuivre « la paix avec tous, et la sainteté, sans laquelle personne ne verra le Seigneur ; veillant, de peur que quelqu'un ne manque de la grâce de Dieu ; de peur que quelque racine d'amertume, poussant des rejetons, ne vous trouble, et que par elle un grand nombre ne soient souillés" (Héb. 12 : 14-15).
Si tous ces fils des prophètes avaient eu de la sagesse, ils auraient eu le bonheur de pouvoir contribuer au bien commun. Mais, par l’ignorance de l’un et la folie de tous, le repas apprêté en vue de les nourrir menace de leur faire un mal incalculable à tous. Ils y introduisent le poison et gâtent le festin, mais ils n’ont pas d’antidote pour le mal qu’ils ont commis. Pourtant, à ce moment-là, leur sagesse leur revient et ils font appel à Elisée, l’homme de Dieu ; et en faisant ainsi, ils exposent leur détresse en présence de la puissance de Dieu, qui agit à travers elle en leur faveur.
Ce récit nous indique clairement le chemin de la sagesse dans les temps de difficulté et de peine. Le Seigneur est notre ressource dans chaque difficulté. Si nous pensons à la responsabilité qu'ont les saints enfants de Dieu de maintenir la vérité divine et de s’édifier l’un l’autre, les jours actuels ne sont pas meilleurs que ceux qui ont précédé. Depuis le commencement, et à travers les siècles, un esprit charnel et la défaillance ont marqué le cours de l’Eglise. Si son histoire devait être écrite à notre intention par le doigt de Dieu, quel récit triste à lire elle constituerait. Il y a eu des temps où les manifestations de la chair ont éclaté, choquant même la conscience naturelle. Mais chaque fois et partout où cela se produit, ce n’est jamais qu’un symptôme de la condition générale ; c'est le fruit de la vigne sauvage, autorisée à fleurir dans le jardin même de Dieu, et c'est à notre honte à tous. Nous devrions avoir appris les leçons du passé, mais l’histoire se répète de nos jours, et notre défaillance est moins excusable que toutes celles qui ont précédé.
Cependant le Seigneur n’a pas changé et il ne peut faire défaut. Il a toujours été la ressource de ses saints quand ils ont failli dans les jours mauvais, et il l’est encore aujourd’hui. Mais il faut que la défaillance soit reconnue et le besoin confessé, et ceci implique que notre orgueil soit abaissé. Lorsque nous avons réalisé que la mort était dans la marmite, nous avons souvent pensé que nous pourrions, par l’application d'un soi-disant principe dont nous nous targuions, la faire tourner en vie. Nous avons cru pouvoir redresser et corriger ce qui était tordu et faussé, par une action ecclésiastique de notre propre invention, peut-être. Et bien souvent, ce n'était que la chair corrigeant la chair se manifestant sous un de ses aspects qui ne nous plaisait pas. La confusion n'en a été que plus grande, et le mal s’en est trouvé décuplé. Nous avons cherché à nous délivrer nous-mêmes - nous épargnant probablement le profond exercice de cœur qui aurait dû être le nôtre - en préservant notre orgueil et notre vantardise, mais nous n’avons pas atteint, extirpé, confessé et jugé la racine du mal. S'il en est ainsi, que le Seigneur nous fasse la grâce de le ressentir et de le confesser, afin que nous puissions être pratiquement purifiés de toute iniquité. Qu’il nous garde de devenir indifférents à l'état des choses parmi les siens. Puissions-nous ne jamais tomber dans l’état d’esprit fataliste qui dit : Ce qui est doit être, le Seigneur l’a permis, il n’y a pas de remède. - Puissions-nous être assez honnêtes pour ne pas chercher à cacher notre besoin aux yeux du Seigneur. Exposons- le plutôt entièrement devant Lui et disons, en le ressentant profondément et avec larmes : « Homme de Dieu, la mort est dans la marmite ! ».
Le remède d’Elisée n’est pas à chercher très loin, car « il dit : Apportez de la farine ». Puis il la jette dans la marmite, et dit : « Verses-en à ce peuple, et qu'ils mangent ». Dès lors, il n’y avait « rien de mauvais dans la marmite ». Nous ne voulons pas laisser libre cours à notre imagination dans la manière dont nous appliquons cette histoire à la situation présente, mais il nous semble très remarquable qu’Elisée réclame de la farine pour purifier le potage, et non du sel, comme dans le cas des eaux de Jéricho. Cela reporte nos pensées vers les offrandes du Lévitique, parmi lesquelles il y avait l’offrande de gâteau (Lév. 2). Cette offrande était composée de fine fleur de farine. Elle typifie la vie parfaite du Seigneur Jésus Christ ici-bas sur la terre.
Toutes les grâces célestes ont brillé en Lui parfaitement à travers son humanité, car Il était tout ce que le cœur de Dieu désirait que l’homme soit. Mais il y a deux traits qui semblent être spécialement mis en évidence par le Saint Esprit : son humilité et son obéissance. Ces traits sont placés devant nous dans ce merveilleux passage de l’épître aux Philippiens : « Ayez donc en vous cette pensée qui a été aussi dans le Christ Jésus, lui qui, étant en forme de Dieu, n'a pas regardé comme un objet à ravir d'être égal à Dieu, mais s'est anéanti lui-même, prenant la forme d'esclave, étant fait à la ressemblance des hommes ; et, trouvé quant à son aspect comme un homme, il s'est abaissé lui-même, étant devenu obéissant jusqu'à la mort, et à la mort de la croix » (2 : 5-8).
Voilà Christ présenté comme l’offrande de gâteau, et Il nous est présenté dans ce caractère afin que nous puissions l'admirer, l'adorer et l'imiter. Pensons à son humilité :
Les voutes célestes résonnaient, tandis que les anges chantaient,
Et proclamaient sa dignité royale ;
C’est en naissant dans la pauvreté que le Seigneur vint sur la terre,
Dans la plus grande humilité.
Bien qu’étant dans sa propre personne le Dieu éternel, Il n’a pas méprisé le sein de la vierge, ni cette humble naissance dans l’étable de Bethléem. Bien qu’étant Seigneur de tout, Il a accepté sans ressentiment le mépris du peuple, et a poursuivi son service inlassable envers eux. Quand ses disciples se sont disputés pour savoir lequel d’entre eux était le plus grand, Lui, leur Seigneur et Maître, s’est abaissé pour laver leurs pieds. Il n’a pas recherché les honneurs, Il n'a pas cherché à se faire un nom. Sa joie était de faire la volonté de son Père, et de servir les plus faibles et les plus vils. Et ce chemin ne faisait que le mener à la croix, dans une humiliation et une honte sans pareilles. Il savait depuis le commencement que telle serait l'issue de ce chemin, et pourtant Il n'a jamais murmuré. C’est l’obéissance qui Le conduisait le long de ce chemin, mais son humilité était aussi parfaite que son obéissance. Aucun souci pour sa réputation, ni remise en question quant au droit chemin, ne pénétra ses pensées. C’était la volonté de Dieu, et en elle Il trouvait ses délices.
Jeter la farine dans la marmite
A Philippe, la chair, telle une « vigne sauvage », commençait à produire ses fruits amers : orgueil et divisions. Ceux-ci ne s’étaient pas encore développés autant que dans certaines des assemblées auxquelles l’apôtre Paul avait écrit ; cependant, la mort était à l’œuvre, son œil exercé l’avait détectée. Et c'est pour stopper le développement de ces éléments pernicieux et fournir un antidote à leurs effets mortels que Paul présenta Christ devant eux de cette manière. En image, la farine était jetée dans la marmite.
Voilà le grand remède. C’est ainsi que le caractère haïssable de toute œuvre de la chair est mis en évidence. Tout orgueil charnel se trouve repris, en présence de cette vie humble vécue avec tant de débonnaireté. Et si cette pensée, qui était dans le Christ Jésus, habite en nous, nous marcherons dans un esprit de grâce les uns à l'égard des autres, et dans l'obéissance à Dieu. Chacun de nous, dans un esprit de modestie, estimera l’autre supérieur à lui-même et, dans l’humilité et l’obéissance, nous travaillerons à notre propre salut (Phil. 2 : 3, 12). Quelle place pourrait-il y avoir parmi les de Dieu pour les querelles et la jalousie, si tel était notre état d'esprit ? Cependant, cela n'est possible que lorsqu'on jette, en image, « la farine dans la marmite ». Alors nourrissons-nous de cette nourriture qui donne la vie !
Ton humilité d'esprit, Seigneur, nous émerveille
Et nous désirerions être semblables à Toi ;
Trouvant tout notre repos et tout notre plaisir
En apprenant, Seigneur, de Toi.
On ne peut ignorer le mal là où il se manifeste, et on ne doit pas laisser les œuvres de la chair continuer à se manifester sans être jugées. Mais on ne peut parvenir à un jugement sain des choses, qu'en présence de la perfection de Christ et de sa croix. Là, le mal n’apparaît pas moins mauvais, mais nous le voyons, non seulement comme nuisant à notre propre bien spirituel, mais tel qu'il apparaît devant Dieu. Quel soulagement alors de nous en détourner, pour nous tourner vers Christ !
Le Saint Esprit est toujours prêt à remplir nos pensées de Christ. Et, puisque Christ est la véritable nourriture des saints, c'est en nous nourrissant de Lui que nous trouvons l’unité pratique et la communion. Et non seulement la communion les uns avec les autres, mais aussi et d’abord la communion avec Dieu, car Christ est le pain de Dieu. « Et il n’y avait rien de mauvais dans la marmite ».
Le pain des premiers fruits apporté à Elisée par l’homme de Baal-Shalisha
« Et il vint de Baal-Shalisha un homme qui apporta à l'homme de Dieu du pain des premiers fruits, vingt pains d'orge et du grain en épi dans son sac ». Le fait que cet événement suive celui de l’élimination du poison et de la mort dans la grande marmite est très intéressant et instructif. Les premiers fruits étaient la portion de Dieu, mais Israël désobéissant avait oublié les droits divins et enfreint la Loi (Lév. 23).
En vérité, voilà quelle était la raison principale de la famine dans le pays. Mais l’homme de Baal-Shalisha ne l’avait pas oublié, comme son présent à l’homme de Dieu le prouve. L’offrande des premiers fruits de la terre, que Dieu réclamait, parlait de manière typique de ce qui est d’une valeur inestimable à ses yeux : « un sacrifice de louanges, c'est-à-dire le fruit des lèvres qui confessent son nom » (Héb. 13 : 15). Mais ces sacrifices spirituels feront certainement défaut, là où la vie est empoisonnée par les œuvres mauvaises de la chair - par les coloquintes sauvages. Si chaque enfant de Dieu, ou chaque compagnie de saints, doit rendre à Dieu ces précieux sacrifices spirituels, il faut que la chair fasse place à « la douceur et à la bonté du Christ » (2 Cor. 10 : 1). C’est seulement lorsque toute amertume, courroux, colère, crierie et médisance sont bannis, pour faire place à des entrailles de miséricorde, de bonté, d'humilité, de douceur, de longanimité, de support et de pardon, que le Seigneur occupe la place qui Lui revient, et reçoit ce qui Lui est dû. C’est alors que nous sommes libres de Le contempler, et que le Saint Esprit est libre de nous remplir de louange et d’adoration envers Lui. Alors, remplis de l’Esprit, nous pouvons nous parler les uns aux autres « par des psaumes, des hymnes et des cantiques spirituels, chantant et apportant la louange, de notre cœur, au Seigneur ; rendant toujours grâces pour tout à Dieu le Père, au nom de notre Seigneur Jésus Christ » (Eph. 5 : 19-20).
La puissance de la grâce dépassant notre capacité à la recevoir
La suite du récit montre encore ce qu'est le cœur de notre Seigneur : « Elisée dit : Donne cela au peuple, et qu'ils mangent. Et celui qui le servait, dit : Comment mettrai-je ceci devant cent hommes ? Et il dit : Donne-le au peuple, et qu'ils mangent ; car ainsi dit l'Eternel : On mangera, et il y en aura de reste. Et il le mit devant eux, et ils mangèrent, et ils en eurent de reste, selon la parole de l'Eternel » (v. 42-44). Tout ce que nous apportons au Seigneur, par l'adoration et la louange, Il nous le rend en riches bénédictions, qui abondent envers beaucoup. Si nous Lui offrons ce qui assurément Lui est dû - le débordement de cœurs heureux et remplis d'adoration -, nos âmes seront très certainement nourries et rassasiées, et notre louange même, qui L’honore, nous édifiera nous-mêmes. Il faut qu'il en soit ainsi, comme lorsque les hommes assis devant Elisée ont été nourris avec les premiers fruits qui lui avaient été présentés. Le serviteur ne faisait pas grand cas de ces premiers fruits qui feraient, pensait-il, un bien pauvre repas pour une foule d’hommes affamés. Et il est, hélas, courant qu'on fasse peu de cas de ce qui est dû au Seigneur. La façon de penser à la mode, c'est qu'il faut prendre en charge les gens, qu'il faut les attirer, et c'est ainsi que la musique, l’éloquence et des services somptueux sont à l’ordre du jour, alors qu'on se préoccupe peu de ce qui a l'approbation du Seigneur. On se préoccupe principalement de plaire aux gens, plutôt que de garder la Parole du Seigneur, et de ne pas renier son Nom. Le Saint Esprit n'a pas la liberté d'agir, il est attristé et ceux qui appartiennent à la maison de Dieu ne reçoivent pas sa nourriture en sa saison.
Mais là où les droits de Christ sont reconnus, là où Il est aimé, adoré et honoré, là où Il est l’objet du cœur de ses saints et le thème de leur louange, son peuple trouvera une réponse à la faim de leur âme. Il en sera ainsi, même si des hommes non spirituels et ayant des pensées charnelles méprisent les choses qui sont précieuses à Christ. Il multiplie les provisions ; son peuple mange, il est rassasié et il y en a de reste. Leurs âmes sont nourries, et de leurs cœurs qui débordent ils peuvent apporter quelque chose à d’autres, comme les heureux disciples des premiers temps qui allèrent partout en prêchant l’Evangile, ainsi que le Seigneur le leur avait commandé : « Allez donc et faites disciples toutes les nations… » (Mat. 28 : 19).
D'après J.T. Mawson
A suivre