NOTES SUR L'EPITRE AUX PHILIPPIENS
2- Actions de grâces et prières : v. 3-11
3- Les circonstances de l'apôtre : v. 12-14
4- Christ prêché : v. 15-18
5- Christ magnifié : v. 19-26
6- La conduite des Philippiens : v. 27-30
3- Les circonstances de l'apôtre : v. 12-14
4- Christ prêché : v. 15-18
5- Christ magnifié : v. 19-26
6- La conduite des Philippiens : v. 27-30
L'apôtre Paul a écrit cette lettre, en s'associant Timothée, à la fin de son premier emprisonnement à Rome, vers l'an 62-63 ; il désirait à cette occasion remercier les croyants de Philippes de leur don.
Philippes, une colonie romaine, était la première ville d'Europe où Paul avait annoncé l'évangile. Il y avait été conduit par une claire vision du Seigneur, alors qu'il se trouvait en Troade (Act. 16 : 6-12). Une assemblée s'était donc formée dans cette ville ; ce petit groupe de croyants était initialement composé de quelques femmes qui avaient été attentives au message de Paul. Le gardien de la prison où Paul avait été enfermé, et sa famille, s'étaient joints à elles. Les liens entre l'apôtre et ces chrétiens étaient très forts.
En prison depuis quatre ans lorsqu'il rédige cette lettre aux Philippiens, l'apôtre accepte sans murmurer les souffrances que Dieu lui fait traverser ; il a appris à être « content en lui-même dans les circonstances où il se trouve » (Phil. 4 : 11). Christ est la source de la joie qui remplit son coeur ; tout au long de l'épître, malgré les peines ressenties par son auteur (1 : 12 ; 2 : 27 ; 3 : 18 ; 4 : 14), la joie dans le Seigneur s'exprime (1 : 4, 18, 25 ; 2 : 2, 29 ; 3 : 1 ; 4 : 4, 10).
Cette épître n'est pas un exposé de doctrine, ni un recueil d'enseignement : elle montre un christianisme vécu, c'est-à-dire la vie de Jésus réalisée dans le croyant. Alors que l'épître aux Ephésiens nous montre le chrétien en Christ, dans le ciel, l'épître aux Philippiens montre Christ dans le chrétien, sur la terre. A l'image de la marche d'Israël dans le désert, les croyants marchent dans ce monde dans la puissance de l'Esprit de Dieu, avant d'atteindre le but : leur patrie céleste.
La contemplation du Seigneur Jésus Christ (Phil. 2 : 5-11) devait avoir des résultats concrets dans la vie des croyants à Philippes : aussi, l'apôtre les exhorte-t-il à se « conduire d'une manière digne de l'évangile de Christ » (1 : 27), à obéir et à « travailler à leur propre salut » (2 : 12).
Chacun des 4 chapitres correspond à un aspect de la vie chrétienne:
Chapitre 1 : Christ est notre vie (v. 21)
Chapitre 2 : Christ est notre modèle (v. 5)
Chapitre 3 : Christ est notre but (v. 14)
Chapitre 4 : Christ est notre joie et notre force (v. 4, 13).
« Pour moi, vivre c'est Christ » (v. 21)
L'apôtre Paul ne se prévaut pas de son titre d'apôtre ; il se présente comme esclave de Jésus Christ et s'adjoint Timothée avec lequel il partage les mêmes sentiments. « Il suffit au disciple qu'il soit comme son maître, et à l'esclave qu'il soit comme son Seigneur », avait dit Jésus à ses disciples (Matt. 10 : 25). A la suite du Seigneur, et de Paul qui l'imitait, chaque croyant peut prendre cette place d'esclave de Celui qui a été fidèle jusqu'à la mort (Phil. 2 : 7-8).
La lettre, dont le sujet est l'expérience chrétienne, est adressée à tous les frères et soeurs de Philippes (« tous les saints », sans distinction aucune - v. 1). L'apôtre nomme les surveillants et les serviteurs, responsables d'une charge dans l'assemblée locale ; le service des uns est de « paître l'assemblée de Dieu » (Actes 20 : 28), tandis que les autres travaillent à d'autres tâches pour le bien du troupeau.
L'épître commence et se termine par la mention de la grâce (Phil. 1 : 2 ; 4 : 23) ; l'assemblée est rejetée sur Dieu, seule source de grâce (Héb. 4 : 16) et de paix (Phil. 4 : 7).
L'apôtre Paul conservait un souvenir heureux des Philippiens. Il éprouvait une affection profonde pour eux. Avec la confiance que Dieu achèverait l'oeuvre commencée dans ces croyants, Paul rend grâces à leur sujet. Il est convaincu qu'ils seront maintenus dans la grâce de Dieu durant leur pèlerinage, « jusqu'au jour de Jésus Christ » c'est-à-dire sa venue (v. 6). Nous avons toujours besoin de sa grâce et de son aide.
Ayons la même assurance que Paul au sujet de l'amour, de la fidélité et de la puissance de Dieu qui a le pouvoir de nous garder jusqu'au bout (1 Cor. 1 : 8-9 ; Jude 24).
Les Philippiens portaient également Paul dans leur coeur ; ils en donnaient la preuve en ce qu'ils n'avaient pas honte d'être associés à lui dans ses liens, comme dans la prédication de l'évangile (v. 7). Onésiphore manifestera le même dévouement lors de la seconde captivité de l'apôtre (2 Tim. 1 : 16).
Ce vif intérêt des Philippiens pour Paul s'était montré « depuis le premier jour » (v. 5). L'apôtre désire que cet amour se manifeste « encore de plus en plus en connaissance et toute intelligence » (v. 9) : c'est le sujet de ses prières.
Comme pour les Ephésiens (Eph. 1 : 16-23 ; 3 : 14-21) et les Colossiens (Col. 1 : 9-23), l'apôtre Paul prie pour les Philippiens. Il demande (v. 9-11) :
- que leur amour abonde
- qu'ils discernent les choses excellentes
- qu'ils soient purs et gardés de broncher
- qu'ils soient remplis de fruits de la justice, qui demeurent.
Plus nous serons attachés à Christ, plus nous aurons du discernement spirituel et serons capables d'agir comme il convient, en toutes circonstances. Notre connaissance ne sera pas purement intellectuelle (1 Cor. 8 : 1-3) ; notre coeur étant rendu sensible aux pensées de Christ, nous marcherons d'une manière digne de lui (Col. 1 : 9-10). Comme les saints de Philippes, nous serons gardés de chute, ou d'être une pierre d'achoppement pour d'autres. Nous porterons aussi le « fruit de la justice » (Héb. 12 : 11 ; Jac. 3 : 18) ; un témoignage sera rendu autour de nous, car nous manifesterons les qualités qui ont été vues en Christ comme homme. Ce fruit sera à la gloire du Père (Jean 15 : 8).
L'emprisonnement de Paul n'avait pas arrêté la propagation de l'évangile mais avait permis au contraire son « avancement » (v. 12). Alors que l'Ennemi cherchait à empêcher que l'évangile soit prêché, Dieu faisait tourner en bénédiction les circonstances par lesquelles passait le prisonnier, pour lui-même, comme aussi pour la prédication de la Parole de Dieu.
L'apôtre évalue les choses selon Dieu : bien que dans la solitude de la prison, il était assuré que ses liens étaient « en Christ », puisqu'il pouvait annoncer l'évangile dans le palais même de l'empereur. Témoin de Christ devant les hommes du prétoire, ainsi qu'auprès des soldats chargés de le surveiller, Paul aura la joie de citer, parmi les saints, des gens de « la maison de César » (Phil. 4 : 22).
De plus, cette opposition du monde à Christ et à l'évangile n'aura pas seulement occasionné l'emprisonnement de l'apôtre ; elle servira à stimuler des frères, leur donnant de la hardiesse pour annoncer sans crainte la parole de Dieu (v. 14). Les témoins de Christ ne sont pas réduits au silence malgré les attaques de Satan. La prière des croyants de Jérusalem, après la guérison de l'homme boiteux de la porte du temple avait reçu une réponse immédiate : ils « annonçaient la Parole de Dieu avec hardiesse » (Act. 4 : 31).
Notre zèle pour témoigner de la grâce de Dieu dans ce monde est-il réel ? Demandons au Seigneur de nous donner la hardiesse de ces croyants de Philippes, fruit d'un amour ardent pour Lui.
Alors que beaucoup de serviteurs annonçaient l'évangile avec fidélité et par amour pour le Seigneur, d'autres s'étaient joints à la prédication avec d'autres motifs très discutables. Profitant de l'emprisonnement de l'apôtre, ils cherchaient à se mettre eux-mêmes en valeur. Ces frères envieux et querelleurs annonçaient l'évangile « par esprit de parti » (v. 17) ; ils cherchaient même à augmenter les tribulations de Paul.
Toutefois, l'apôtre ayant appris à tout remettre à Christ, se réjouit de savoir que l'évangile est annoncé. Rien d'autre que les intérêts du Seigneur ne compte pour lui. Malgré les sentiments malveillants de certains serviteurs, il n'éprouve aucune irritation à leur égard, mais il garde une véritable joie en Christ. Ses pensées sont occupées de ce que Dieu accomplit pour sa propre gloire, en dépit de l'action débilitante de la chair.
Assuré que Christ serait « magnifié » en lui (v. 20), jusqu'à la fin de sa vie sur la terre (« par la vie ») et encore au-delà (« par la mort »), Paul compte sur les secours abondants de l'Esprit de Jésus Christ (v. 19). Très modeste et délicat, il déclare avoir besoin des prières des frères à Philippes pour être gardé, en attendant la délivrance de son corps à la venue de Christ, comme Sauveur (Rom. 8 : 24-25 ; Héb. 9 : 28).
Christ est pour l'apôtre son unique objet, sa seule raison de vivre ; rien d'autre n'a d'attrait pour son coeur. Christ vit en lui (Gal. 2 : 20), il est sa vie (Col. 3 : 4).Paul réalise en pratique ce qu'il déclare au v. 21, qui est le point central de ce chapitre : « Pour moi, vivre c'est Christ ».
Dès lors, mourir est pour Paul « un gain » : ce changement de domicile (« déloger ») lui donnera une meilleure part que de vivre sur la terre, car il sera avec Christ.
S'il vit, c'est pour Christ ; s'il meurt, c'est pour être avec Christ.
Pour tout chrétien, la mort devrait être considérée comme un simple passage qui l'introduit auprès du Seigneur. Comme Paul, désirons-nous « avec ardeur » revêtir dès maintenant notre « domicile céleste » ? (2 Cor. 5 : 2). « En mourant, il gagnait Christ, en vivant, il servait Christ » (JND). Il est comme sur un chemin étroit, pressé des deux côtés, et s'en remet à Dieu : le moment est-il arrivé de lever l'ancre ?
Si nous sommes laissés sur la terre, pensons-nous à la gloire de Dieu, au témoignage pour Christ et au service des saints ? Nos coeurs sont-ils vraiment étreints par l'amour de Christ, afin que nous ne vivions plus pour nous-mêmes mais pour celui qui pour nous est mort et a été ressuscité (2 Cor. 5 : 14-15) ?
L'apôtre a la conviction intime qu'il est plus nécessaire qu'il demeure encore en vie pour servir les intérêts de son Maître et travailler au bien des saints à Philippes.
Son retour parmi eux aura plusieurs conséquences bénies :
- leur croissance spirituelle, car ils bénéficieront à nouveau de son ministère
- leur foi affermie par la réponse donnée par Dieu à leurs requêtes
- leur joie en Christ qui aura permis le retour de l'apôtre libéré.
Qu'il revienne ou non vers les Philippiens, Paul désirait les voir « tenir ferme dans un seul et même esprit, combattant ensemble d'une même âme » ; leur grand devoir est de rester unis , gage assuré de la victoire. Pour réaliser cela, ils devaient se conduire d'une manière « digne de l'évangile » (v. 27). La conduite dont il est question ici concerne la tenue morale d'un croyant, plus encore que ses actes.
Dans d'autres épîtres l'apôtre exhorte les chrétiens à réaliser une marche :
- « digne de Dieu » (1 Thes. 2 : 12) : les croyants de Thessalonique qui s'étaient « tournés des idoles vers Dieu » devaient lui plaire dans leur marche
- « digne de l'appel » (Eph. 4 : 1) : les Ephésiens avaient à régler leur marche au « saint appel » dont ils avaient été appelés selon les desseins de Dieu
- « digne du Seigneur » (Col. 1 : 10) : les Colossiens « remplis de la connaissance de la volonté de Dieu » pouvaient faire « les choses qui lui plaisent » (Jean 8 : 29), et ainsi plaire au Seigneur.
Pour que les saints de Philippes marchent dignement, il convenait qu'ils ne soient pas « épouvantés par les adversaires » (v. 28), sachant que Dieu rendrait ceux-ci confus. Un témoignage fidèle entraîne de l'opprobre (2 Tim. 3 : 12). En écrivant à Timothée, l'apôtre l'encourage à « prendre part aux souffrances de l'évangile » (2 Tim. 1 : 8). Les souffrances endurées pour Christ sont un honneur qu'Il accorde à ses serviteurs fidèles (Act. 5 : 41).
Plutôt que de plaindre les chrétiens persécutés, ne devrions-nous pas plutôt les envier ?
C'est avec « le secours qui vient de Dieu » (Act. 26 : 22) que nous pourrons résister aux adversaires et être vainqueurs en Christ. La vie chrétienne tout entière est une vie de lutte avec le diable ; le croyant qui a revêtu l'armure complète de Dieu (Eph. 6 : 11) lui résiste, sachant que Christ a lié Satan et l'a complètement vaincu. Ainsi celui qui marche avec Dieu ne doit pas être effrayé.
Les Philippiens devaient comprendre aussi que leurs ennemis, en se dressant contre Dieu, étaient sur un chemin de perdition. Mais, comme tous les croyants qui subissent une telle opposition, ils avaient réellement la preuve que leur chemin était bon et qu'il aboutirait au salut final (v. 28).
Paul prisonnier et les saints de Philippes soutenaient donc le même combat, bien que séparés les uns des autres par des milliers de kilomètres ! Ils partageaient les mêmes souffrances pour Christ. Cette unité de pensée et d'esprit (« un seul et même esprit », « une même âme », « le même combat » -v. 27, 30) était un souhait ardent de l'apôtre à propos de ses bien-aimés frères et soeurs.
Cette épître montre combien les dissensions entre chrétiens sont nuisibles au témoignage qu'ils sont appelés à rendre ; c'est un mal qui s'insinue sournoisement parmi les plus dévoués.
Les saints de Rome devaient combattre avec l'apôtre dans leurs prières (Rom. 15 : 30). Jude exhorte les fidèles à combattre « pour la foi qui a été une fois enseignée aux saints » (Jude v. 3). Dans ces deux passages, « combattre » est un mot d'où provient le terme « agonie ». L'intensité du combat de ces croyants luttant pour maintenir la vérité de l'évangile n'allait pas sans d'intenses souffrances morales.
Le combat dont il est question au v. 27 désigne plutôt l'activité pour l'évangile en la comparant à la course des athlètes : les serviteurs travaillent ensemble (ou « courent » ensemble), sans se détourner de « la foi de l'évangile ». C'est ce qu'avaient réalisé les femmes et les compagnons d'oeuvre de Paul qui avaient « combattu avec lui dans l'évangile » (Phil. 4 : 3).
Chrétiens, sachons, déjà par la prière, soutenir ce combat collectif, mais réaliser aussi une véritable course en faveur de la propagation de l'évangile.