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PIERRE ET SON MAÎTRE (3)


« QUAND L’HEURE FUT VENUE »
       La préparation de la Pâque  (Luc 22 : 1, 7-14)
       Le lavage des pieds (Jean 13 : 1-17)
       La Cène
       Gethsémané (Matt. 26 : 36-56 ; Marc 14 : 32-52 ; Luc 22 : 39-53 : Jean 18 : 1-11)
 

« QUAND L’HEURE FUT VENUE »

            « C’est maintenant votre heure et le pouvoir des ténèbres » (Luc 22 : 53)


                        La préparation de la Pâque  (Luc 22 : 1, 7-14)

            « La fête des Pains sans levain… approchait… Alors arriva le jour des Pains sans levain, où il fallait sacrifier la Pâque… Quand l’heure fut venue, il se mit à table, et les douze apôtres avec lui… ».
            Bien des fois, les Juifs avaient voulu se saisir de Jésus, mais « son heure n’était pas encore venue » (Jean 7 : 30 ; 8 : 20). Pierre avait dit : « Seigneur, Dieu t’en préserve, cela ne t’arrivera pas ! » (Matt. 16 : 22) ; mais, repris par le Maître, à présent il se taisait ; et, montant à Jérusalem avec ses compagnons, ils étaient « frappés de stupeur et le suivaient avec crainte » (Marc 10 : 32). Maintenant le jour « où il fallait sacrifier la Pâque » était arrivé. Jésus envoie Pierre et Jean pour l’apprêter.
            Où est le lieu où Jésus se retrouvera avec les siens ? Cette question des disciples a été posée bien des fois depuis lors, par ceux qui désirent être vraiment réunis autour du Seigneur pour se souvenir de Lui. « Un homme portant une cruche d’eau », dit le Maître, « viendra à votre rencontre ; suivez-le ». Cet « homme », qui apparaît ainsi sans être nommé, sans plus de précision, ne nous fait-il pas penser au Saint Esprit qui guide et conduit la voie des enfants de Dieu ? Tel autrefois l’intendant de Joseph vis-à-vis de ses frères ; tel l’hôtelier de la parabole, qui recueille le blessé et a soin de lui (Luc 10 : 35).
            Y aura-t-il de la place dans le « logis » qu’indique l’homme porteur de la cruche ? Autrefois, dans l’« hôtellerie » (même mot que « logis » en grec), il n’y avait pas eu de place pour le Sauveur (Luc 2 : 7). Mais dans ce jour mémorable, Pierre et Jean trouvent tout comme Jésus leur avait dit.
            Quand l’heure est venue, Jésus peut se mettre à table, et les apôtres avec Lui.


                        Le lavage des pieds (Jean 13 : 1-17)
 
             « Son heure était venue ». « L’heure… pour passer de ce monde au Père », n’impliquait-elle pas la croix (Jean 12 : 27), puis l’entrée dans la gloire (17 : 1) ?
            Une dernière fois les disciples étaient « en train de souper » avec leur Seigneur. Bien souvent, ils s’étaient retrouvés à table avec Lui. Chez Lévi, après sa réponse à l’appel du Maître (Luc 5 : 29) ; chez le pharisien, où la pécheresse venait arroser les pieds de Jésus de ses larmes et de son parfum (Luc 7 : 36-38) ; tout récemment encore, chez Simon le lépreux, où Marie avait oint le Fils de Dieu qui allait mourir (Matt. 26 : 6-7).
            Mais cette fois, quelle chose étrange : Jésus se lève du souper, met de côté ses vêtements, prend un linge et se met à laver les pieds des disciples. Simon observe : les autres se laissent faire, mais lui-même refuse ! Inconscient de ses besoins, mais très conscient de la grandeur de son Seigneur, il déclare : « Seigneur, tu me laves les pieds, toi ? ». Son Maître devait-Il vraiment prendre cette place d’esclave, et accomplir la plus humble besogne en faveur des siens ? Mais Il lui déclare : « Ce que je fais, tu ne le sais pas maintenant, mais tu le comprendras par la suite ». L’acte accompli par Jésus n’avait-il pas une signification plus profonde, que Pierre ne saisissait pas encore ? Ce lavage des pieds avait une portée spirituelle, indispensable pour « avoir une part avec Lui ». Pas de communion avec le Seigneur, si les souillures contractées dans la marche du croyant n’ont pas été « lavées », comme autrefois à la cuve d’airain (Ex. 30 : 18-21).
            « Si quelqu’un a péché, nous avons un avocat auprès du Père, Jésus Christ, le Juste » (1 Jean 2 : 1). Et d’autre part, « si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés et nous purifier de toute iniquité » (1 Jean 1 : 9). D’une part le Seigneur Jésus dans le ciel est un avocat pour les siens qui pèchent ; d’autre part, sur la terre, nous sommes appelés à confesser nos fautes, à Dieu toujours, au prochain offensé selon le cas, avec l’assurance que Dieu est fidèle à sa promesse, et juste envers Christ, pour pardonner et purifier. Pour que ceux qui ont manqué soient rétablis dans sa communion, Jésus, aujourd’hui encore, lave leurs pieds ; par son intercession, par l’application de la Parole, au moyen du Saint Esprit, à la conscience et au cœur, il amène l’âme à la restauration ; mais celle-ci demande de notre part repentance et confession, associées au souvenir de ce qu’il en a coûté au Sauveur de porter nos fautes. C’est Nombres 19 : les cendres de la victime conservées pour être aspergées, le troisième jour et le septième jour, sur celui qui s’était rendu impur.
            Pierre, toujours impulsif, ne veut pas que son Maître lui lave les pieds. Mais l’instant d’après, plein d’enthousiasme pour avoir cette même « part avec Lui », il dit : « Seigneur, non pas mes pieds seulement, mais aussi mes mains et ma tête ». Jésus lui donne alors un deuxième enseignement : « Celui qui a tout le corps lavé n’a besoin que de se laver les pieds ». Que voulaient dire ces mots « tout le corps lavé » ? Bien des passages nous montrent que ce lavage fondamental de la régénération s’opère à la nouvelle naissance. 1 Corinthiens 6 : 11, après avoir rappelé, au verset précédent, les péchés des « dix lépreux », nous déclare : « Mais vous avez été lavés, mais vous avez été sanctifiés, mais vous avez été justifiés au nom du Seigneur Jésus, et par l’Esprit de notre Dieu ». Hébreux 10 : 22 nous parle du corps lavé d’eau pure. Tite 3 : 5 du lavage de la régénération. 1 Pierre 1 : 23 précise que nous sommes régénérés par la Parole, interprétant ainsi la figure de Jean 3, nés d’eau et de l’Esprit.
            Si nous avons manqué, même gravement, il ne s’agit pas d’être convertis encore une fois ; celui qui est né de nouveau, qui est donc un enfant de Dieu, le demeure. Mais la communion avec le Seigneur a été interrompue ; la joie du salut est perdue. Suite à l’intercession du Seigneur, il faut, sous l’action de la Parole appliquée à la conscience par l’Esprit, repentance et confession, afin de nous restaurer, et de nous donner à nouveau « une part avec Lui ».
            Jésus va ajouter une autre exhortation : « Si donc moi, le seigneur et le maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns aux autres ». Que veut-Il dire par ces mots ? Tout d’abord sans doute engager à un acte d’humilité, dont Il nous a donné Lui-même l’exemple. Certains chrétiens à travers les âges, et encore maintenant, ont appliqué ces paroles dans un sens matériel et tangible. S’ils l’ont fait et le font pour le Seigneur, Lui-même saura apprécier à sa valeur réelle l’acte ainsi accompli. Mais nous comprenons qu’avant tout cet enseignement est d’ordre spirituel. S’il était nécessaire que Jésus lave les pieds des disciples, pour qu’ils aient communion avec Lui, ce lavage réciproque des pieds entre croyants, n’est-il pas nécessaire pour que nous ayons communion pratiquement les uns avec les autres ? Il ne s’agit pas que l’un se plaçant, consciemment ou non, au-dessus de son frère, le rendre attentif à ses fautes ; mais bien plutôt que, réciproquement (« les uns aux autres »), des croyants dont la communion fraternelle est pratiquement interrompue, reconnaissent l’un vis-à-vis de l’autre leur manquement propre, et s’aident mutuellement à retrouver, et avec le Seigneur, et entre eux, cette communion qui fera leur joie.
            Cette expression, « l’un à l’autre », se retrouve dans Jacques 5 : 16, à propos de la confession réciproque de nos manquements, qui amène à prier l’un pour l’autre. Sans doute s’agit-il, en première ligne, d’un cas de maladie, mais le principe ainsi posé n’est sûrement pas limitatif. Notons qu’il implique une discrétion absolue, selon le verset 20 du même chapitre. 1 Jean 5 : 16 aussi, engage à cette prière des uns pour les autres, lorsqu’on a vu son frère manquer.


                        La Cène

            Seul Jean nomme Pierre en rapport avec le souper de la Pâque, qui aboutit dans les trois premiers évangiles à l’institution de la Cène. Jésus venait de déclarer : « L’un de vous me livrera » (Jean 13 : 21). Les disciples se regardaient les uns les autres, perplexes. Dans son désarroi, Pierre fait signe à Jean, qui était « à table, tout contre le sein de Jésus » (v. 23), de Lui demander lequel était celui dont Il parlait. On comprend ce bouleversement de Pierre, devant une telle déclaration de son Maître : durant tout le cours de son ministère, Jésus n’avait jamais fait sentir ostensiblement à Judas ce qu’il savait de lui.
            Ayant reçu le morceau, Judas sort ; la Parole ajoute : « Or il faisait nuit » (v. 30) ; non pas seulement la nuit naturelle, mais la nuit morale, éternelle, dans laquelle s’enfonçait le traître.
            Le trouble de Pierre va augmenter, lorsque le Seigneur parle de son départ. Avec anxiété il demande : « Seigneur, où vas-tu ? » (v. 36). C’est l’occasion pour Jésus, qui avait dit un peu plus tôt : « Ce que je fais, tu ne le sais pas » (v. 7), de déclarer maintenant : « Tu ne peux pas me suivre maintenant » (v. 36). Pierre n’était conscient ni de cette ignorance, ni de cette incapacité. Il affirme avec véhémence : « Je laisserai ma vie pour toi ! » (v. 37). Avec tristesse Jésus doit lui répondre : « Le coq ne chantera pas, que tu ne m’aies renié trois fois ».


                        Gethsémané (Matt. 26 : 36-56 ; Marc 14 : 32-52 ; Luc 22 : 39-53 : Jean 18 : 1-11)

            Pour la troisième fois, Pierre est appelé, avec Jacques et Jean, tout près du Seigneur, afin de partager avec Lui un des moments les plus solennels de son existence terrestre. C’était beau d’entrer dans la chambre où reposait la jeune fille, et de la voir revenir à la vie ; c’était « magnifique » d’assister, sur la sainte montagne, à la gloire dans laquelle apparaissait le Fils du Père ; mais que dire de ces heures de ténèbres, où, à Gethsémané, Jésus demande à ses disciples, et à Pierre en particulier, de veiller une heure avec Lui ? Un petit groupe reste près de l’entrée du jardin ; les trois plus intimes sont invités à L’accompagner un peu plus loin. Mais le Seigneur seul, à « un jet de pierre », se prosterne devant son Père dans l’angoisse du combat. Pierre, qui voulait laisser sa vie pour Lui, s’endort ! Les onze étaient accablés de tristesse : dans cette nuit terrible, « le pouvoir des ténèbres » prévalait. A trois reprises, Jésus avertit son disciple : « Simon, tu dors ?... Veillez et priez, afin que vous n’entriez pas en tentation ; l’esprit est prompt, mais la chair est faible » (Marc 14 : 37-38) ; mais, au moment même, ces paroles ne servent à rien ; la chair de Simon avait promis de suivre Jésus jusqu’à la mort, cette chair-là ne pouvait que s’endormir.
            Pierre, inconscient de sa présomption et de sa faiblesse, portait l’épée dont il se sert pour couper l’oreille de Malchus. A quoi bon ? Jésus guérit l’esclave, et déclare à son défenseur honteux : « Remets l’épée dans le fourreau : la coupe que le Père m’a donnée, ne la boirai-je pas ? » (Jean 18 : 11).
            Quelle distance entre le Seigneur Jésus et son disciple ! Déclaration présomptueuse, affirmation bien vite abandonnée, incapacité de veiller ; d’autre part, angoisse du combat, soumission à la volonté de Dieu, gloire de Celui qui peut dire « Je suis », et tous reculent et tombent par terre (Jean 18 : 6) ; par-dessus tout, obéissance jusqu’à la mort, qui accepte de la main du Père la coupe et tout ce qu’elle implique.


G. André