PIERRE ET SON MAÎTRE (2)
LE CONNAITRE, LUI
« Tu es le Christ » (Matt. 16 : 13-17 ; Marc 8 : 27-30 ; Luc 9 : 18-20)
La souffrance (Matt. 16 : 21-27 ; Marc 8 : 31-38 ; Luc 9 : 22-26)
La transfiguration (Matt. 17 : 1-8 ; Marc 9 : 2-8 ; Luc 9 : 28-36)
La puissance du Seigneur, sa grandeur, la réalité de ses paroles de vie, tout cela avait été présenté à Pierre. Mais il devait être conduit plus loin. Celui qu’il suivait, qui était-Il vraiment ? L’apôtre Paul désirait « Le connaître, Lui, et la puissance de sa résurrection, et la communion de ses souffrances » (Phil. 3 : 10). Entrer dans cette connaissance personnelle du Seigneur Jésus, pénétrer quelque peu dans la communion de ses souffrances, être témoin de sa résurrection et de sa gloire, voilà ce que Pierre allait encore apprendre, dans la deuxième partie de cette époque où il suivait Jésus.
« Tu es le Christ » (Matt. 16 : 13-17 ; Marc 8 : 27-30 ; Luc 9 : 18-20)
Jésus s’en va hors des limites du pays, loin des foules, pour être seul avec ses disciples. « Chemin faisant », Il s’arrête pour « prier à l’écart », avant de les interroger. Il avait passé toute la nuit à prier Dieu, avant de les appeler. Maintenant qu’Il va mettre à l’épreuve leur discernement, encore une fois Il prie.
« Qui dit-on que je suis ? » Toutes sortes de réponses sont présentées. « Les uns disent : Jean le Baptiseur ; d’autres, Elie ; d’autres : Jérémie ou l’un des prophètes » De même aujourd’hui, on parle de Jésus de Nazareth, du Christ, du modèle qu’Il nous a laissé par sa vie…
Dans l’évangile, la question a été posée à plusieurs. Qu’en dit Pilate ? « Je suis innocent du sang de ce juste » (Matt. 27 : 24). Interrogeons le brigand, qui, à ses côtés, souffre : « Celui-ci n’a rien fait qui ne doive pas se faire » (Luc 23 : 41). Que disent les principaux du peuple défilant au pied de la croix ? « Il a sauvé les autres » (Matt. 27 : 42). Qu’a dit Judas, le traître ? « J’ai péché en livrant le sang innocent » (Matt. 27 : 4). Le centurion qui a veillé sur lui pendant les heures tragiques, ne peut que conclure : « Véritablement celui-ci était Fils de Dieu » (Matt. 27 : 54). Devant son Maître, à la résurrection duquel il n’avait pas voulu croire, Thomas déclare : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » (Jean 20 : 29).
Et toi, qu’est-Il pour toi ? C’est la question que Jésus pose à ses disciples : « Et vous, qui dites-vous que je suis ? » (Matt. 16 : 16). André avait dit : « Nous avons trouvé le Messie » (Jean 1 : 41). Pierre avait déclaré : « Tu es le Saint de Dieu » (Jean 6 : 69). Maintenant il confesse clairement : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » (Matt. 16 : 17a). Alors, avec quelle joie, Jésus peut répondre : « Tu es bienheureux… tu es Pierre » (v. 17b-18). Au bord du Jourdain, Jésus avait dit : « Tu es Simon... tu seras appelé Céphas (ce qui se traduit par : Pierre) (Jean 1 : 42). Mais maintenant que, dans la barque au bord du lac, le disciple a reconnu son état de pécheur, qu’il a discerné en son Maître Celui qui a les paroles de la vie éternelle, et qu’Il l’a confessé comme le Christ, le Fils de Dieu, il ne convient plus de dire : Tu seras Pierre, mais, tu es Pierre ; le nouveau nom est affirmé : l’opération de l’Esprit de Dieu dans le cœur a produit la nouvelle naissance, l’homme nouveau. « Si, de ta bouche, tu reconnais Jésus comme Seigneur, et si tu crois dans ton cœur que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, tu seras sauvé » (Rom. 10 : 9).
La révélation que le Père a faite à Pierre – Jésus, le Christ, le Fils du Dieu vivant – est accordée à quiconque reçoit la Parole de Dieu : « Cela a été écrit afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu’en croyant vous ayez la vie par son nom » (Jean 20 : 31). Possédant la même révélation que Pierre, nous pouvons, dans la communion du Père, jouir du même bonheur : « Notre communion est avec le Père et avec son Fils Jésus Christ. Et cela, nous vous l’écrivons afin que votre joie soit complète » (1 Jean 1 : 3-4).
La souffrance (Matt. 16 : 21-27 ; Marc 8 : 31-38 ; Luc 9 : 22-26)
Nous aimons chanter, dans un cantique : « Quel bonheur de Te connaître… » ; mais jamais il ne faut oublier que le chemin vers la gloire avec Christ, passe par la souffrance.
Après la confession de Pierre, Matthieu nous dit : « Dès lors Jésus commença à montrer à ses disciples qu’il fallait qu’il aille à Jérusalem, et qu’il souffre beaucoup… ». Marc précise : « Il commença à les enseigner : Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup… ». A trois reprises encore l’évangéliste rappelle comment Jésus a enseigné ses disciples au sujet de ses souffrances (9 : 12, 31 ; 10 : 32-34).
Mais Pierre ne pouvait supporter cette pensée. Le Messie n’était-Il pas Celui qui devait délivrer Israël ? Alors pourquoi nous parler de rejet, de souffrance, de mort ? Prenant Jésus à part, il « se mit à le reprendre en disant : Seigneur, Dieu t’en préserve, cela ne t’arrivera pas ! » (Matt. 16 : 22). Jésus va-t-il apprécier cette sollicitude ? Il se retourne, il regarde ses disciples (Marc 8 : 33) et reprend Pierre. Le petit groupe, un peu à l’écart, peut entendre les paroles sévères du Maître ; eux aussi auront à souffrir puisqu’ils s’engagent à sa suite : « Va arrière de moi, Satan, tu m’es en scandale ; car tes pensées ne sont pas aux choses de Dieu, mais à celles des hommes » (Matt. 16 : 23). Quel contraste entre « tes pensées… » et celle de Christ : « Voici, je viens… pour faire, ô Dieu, ta volonté » (Héb. 10 : 7) ! Pourtant Il savait à l’avance quel chemin de souffrances cette obéissance impliquait.
Puis Jésus appelle la foule avec les disciples et leur déclare : « Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et me suive » (Marc 8 : 34). S’engager à la suite de Jésus, c’est connaître la joie et le bonheur, mais c’est aussi accepter la souffrance, quelque forme qu’elle prenne. Lorsqu’Ananias est envoyé à Saul pour lui imposer les mains, le Seigneur dit : « Cet homme est un instrument que je me suis choisi… je lui montrerai tout ce qu’il doit souffrir pour mon nom » (Act. 9 : 15-16). Non pas je lui montrerai quelles grandes choses il accomplira pour moi, si vrai que cela fût ; mais, combien il doit souffrir ! Dans sa dernière lettre, l’apôtre Paul déclare à Timothée : « Tu as pleinement compris… mes souffrances, telles qu’elles me sont arrivées à Antioche, à Iconium, à Lystre, quelles persécutions j’ai endurées – et le Seigneur m’a délivré de toutes » (2 Tim. 3 : 11). Parlant à son enfant bien-aimé, il recommande : « N’aie donc pas honte du témoignage de notre Seigneur … prends part aux souffrances de l’évangile » (2 Tim. 1 : 8) ; « prends ta part des souffrances comme un bon soldat de Jésus Christ » (2 : 3).
Il y a les persécutions ; combien de chrétiens les connaissent douloureusement aujourd’hui même ! Il y a aussi les larmes que doivent rencontrer tous ceux qui sèment (Ps. 126 : 5) : l’opposition extérieure et intérieure, les déceptions, l’incompréhension, même parfois parmi les frères, comme Paul l’éprouvait à Corinthe ou en Galatie.
Le Seigneur ajoute : « Quel profit y aura-t-il pour un homme s’il gagne le monde entier, mais qu’il fasse la perte de son âme ? » (Matt. 16 : 26). Va-t-on abandonner le chemin chrétien à cause de la souffrance qu’il implique, pour tâcher de gagner « le monde entier » ? Souvenons-nous de l’expérience du Prédicateur : « Vanité des vanités… tout est vanité ! » (Ecc. 12 : 8).
Quand Pierre dira : « Voici, nous avons tout quitté, nous t’avons suivi », – Jésus répondra : « Il n’y a personne qui ait quitté maison, ou frères, ou sœurs, ou mère, ou père, ou enfants, ou champs, à cause de moi et à cause de l’évangile, qui n’en reçoive maintenant, en ce temps-ci, cent fois autant… avec des persécutions et dans le siècle qui vient, la vie éternelle » (Marc 10 : 28-30). Celui qui, pour le Seigneur, ou pour l’évangile, a dû renoncer à des affections chères, ou qui a dû les faire passer après les nécessités du service ou de la fidélité au Maître, en retrouvera une compensation multipliée, ici-bas dans le cadre de la famille de Dieu, et, dans la gloire, une récompense éternelle. Seulement ajoute le Maître... avec des persécutions !
La transfiguration (Matt. 17 : 1-8 ; Marc 9 : 2-8 ; Luc 9 : 28-36)
Si le chemin doit passer par la souffrance, il aboutit à la gloire. Le Seigneur ressuscité le soulignera aux deux disciples se rendant à Emmaüs : « Ne fallait-il pas que le Christ endure ces souffrances et qu’il entre dans sa gloire ? » (Luc 24 : 26). C’est l’expérience qu’Il va faire faire à ses disciples, peu après leur avoir parlé de la souffrance qu’ils rencontreraient en suivant ses traces.
« Six jours après » : six jours de travail, six jours de labeur, six jours de souffrances, mais, six jours après… Jésus ! N’est-ce pas notre privilège, après chaque semaine, de nous réunir autour du Seigneur pour contempler sa gloire ?
Pour la seconde fois Pierre, avec Jacques et Jean, va se retrouver seul avec le Maître qu’il aime. Non pas cette fois-ci pour être témoin de sa puissance de résurrection, mais pour voir sa gloire.
A plus d’une occasion déjà, le Maître et ses disciples se sont rassemblés sur la montagne. Aujourd’hui, Il les mène « à l’écart, sur une haute montagne ». Loin du monde, loin des foules, loin du bruit, dans le silence, « près de Dieu », là où l’on aime à se retirer, dans la solitude de Sa présence.
Là-haut, Jésus prie. Que fait Pierre ? Il dort ! Le sommeil le prend sur la montagne de la transfiguration, comme il s’emparera de lui à Gethsémané, – expression de la faiblesse humaine en face des plus hautes révélations des souffrances et de la gloire de Christ. Mais, nous dit Luc, « quand ils furent réveillés, ils virent sa gloire » (Luc 9 : 32). Paul écrira aux Ephésiens : « Réveille-toi, toi qui dors, relève-toi d’entre les morts, et le Christ luira sur toi » (5 : 14). L’apôtre prête l’oreille à l’entretien des trois hommes apparaissant en gloire à ses yeux : de quoi parlent-ils ? – « De sa mort qu’il allait accomplir à Jérusalem » ; justement de ce dont Pierre avait dit : « Dieu t’en préserve ». Complètement désorienté, et ne sachant ce qu’il disait, le disciple propose de faire trois tentes, mettant sur un même plan et son Maître, et Elie et Moïse. Il ne pouvait s’empêcher de parler, de montrer qu’il était là ; n’aurait-il pas mieux fait de se taire devant l’éclat de la « gloire magnifique » ?
La « nuée lumineuse » les recouvre, sujet d’effroi pour tout Juif qui se souvenait qu’elle avait rempli le tabernacle, et que Moïse même n’y pouvait alors pénétrer, ni plus tard les sacrificateurs dans le temple, « car la gloire de l’Eternel remplissait la maison de Dieu » (2 Chr. 5 : 14). De la nuée retentit une voix : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai trouvé mon plaisir ; écoutez-le » (Luc 9 : 35). La nuée n’est plus la demeure de l’Eternel dans sa majesté inaccessible ; elle devient la maison du Père, où « la gloire magnifique » révèle celui qui la remplit.
De qui les disciples garderont-ils le souvenir glorieux, lorsqu’ils redescendront de la montagne ? Du Messie ? Du Roi de gloire ? – Avant tout du Fils bien-aimé du Père. Ils ne voient plus que « Jésus seul avec eux » (Marc 9 : 8).
Et Lui, tournant le dos à la maison du Père, descend de la montagne pour retrouver, dans la plaine, la souffrance, la misère, l’incompréhension : « O génération incrédule, jusqu’à quand serai-je avec vous ? jusqu’à quand vous supporterai-je ? » (Marc 9 : 19).
Jusqu’à la fin de sa vie, Pierre a gardé le souvenir ému d’avoir été témoin oculaire de la majesté du Seigneur Jésus Christ, d’avoir entendu la voix de Dieu le Père déclarant « Celui-ci est mon Fils bien-aimé », d’avoir été « avec Lui » sur la sainte montagne (2 Pier. 1 : 16-18).
Et quand, dans le cours de son ministère, il reparlera des années vécues avec le Seigneur, avec quels mots simples et vivants il saura les résumer (Act. 10 : 38-39).
Que de leçons il avait apprises « en suivant Jésus » !
G. André