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PIERRE ET SON MAÎTRE (1)


CONVERSION ET APPEL
       Au bord du Jourdain (Jean 1 : 35-43)
       La pêche miraculeuse (Matt. 4 : 18-20 ; Marc 1 : 16-18 ; Luc 5 : 1-11)
       Etre avec Lui (Marc 3 : 13-15)
EN SUIVANT JESUS – SA PUISSANCE ET SA GRANDEUR
       La belle-mère de Pierre (Matt. 8 : 14-15 ; Marc 1 : 29-31 ; Luc 4 : 38-39)
       La fille de Jaïrus (Matt. 9 : 18-19, 23-26 ; Marc 5 : 21-24, 35-54 ; Luc 8 : 40-42, 49-56)
       La marche sur la mer (Matt. 14 : 22-23 ; Marc 6 : 45-52 ; Jean 6 : 16-21)
       Le statère (Matt. 17 : 24-27)
       Auprès de qui irions-nous ? (Jean 6 : 66-69)


CONVERSION ET APPEL

                        Au bord du Jourdain (Jean 1 : 35-43)

            « Regardant Jésus qui marchait », Jean le Baptiseur avait dit, comme une expression de son cœur : « Voilà l’Agneau de Dieu ! ». Deux de ses disciples, l’entendant parler, suivent Jésus.
            Remarquons cette scène. Jean parle. Les disciples écoutent ; Jean est une « voix » (v. 23), mais il ne saurait nullement être un objet de contemplation. Seul peut l’être, l’Agneau de Dieu, Jésus lui-même.
            Les deux disciples entendent, suivent Jésus et demeurent auprès de Lui. « C’était environ la dixième heure » (v. 39). Pourquoi ce détail ? Le jour et l’heure de sa première rencontre avec Jésus, sans doute de sa conversion, n’avaient-ils pas une telle importance pour André, et son compagnon, qu’ils ont voulu conserver le souvenir de ce moment unique ? La nouvelle naissance n’est pas un schéma, qui se répète de la même manière chez chacun. Mais heureux ceux qui peuvent se souvenir du jour précis où Jésus les a rencontrés et sauvés.
            Sans doute faisait-il bon auprès du Maître, et André aurait-il voulu demeurer là longtemps. Mais « il trouve d’abord son propre frère Simon », et le mène à Jésus. Peut-être a-t-il fallu à André quelques efforts pour le persuader de venir vers Celui au sujet duquel il déclare : « Nous avons trouvé le Messie » (v. 41). C’est ce qu’impliquerait le verbe « trouver ». Quoiqu’il en soit, Pierre est amené là, au bord du Jourdain, face à face avec Celui qui est déjà devenu précieux à son frère.
            Que va-t-il se passer ? Que va dire le Seigneur devant cet homme ardent, bouillant, au tempérament de chef, pourtant si facilement démoralisé ? Tout d’abord Jésus ne dit rien, Il le regarde ! Ce regard va pénétrer au tréfonds de l’âme de Simon. Celui-ci se tait. Le moment n’est pas encore venu de déclarer : Tu es le Christ. Jésus non plus ne dit pas : Suis-moi. Il affirme simplement : « Tu es Simon… tu seras appelé Céphas (ce qui se traduit par : Pierre) » (v. 42). Une transformation devra s’opérer dans le cœur du fils de Jonas, transformation que Jésus déclare certaine, mais qui est encore à venir.
            Aux noces de Cana, le disciple aura sous les yeux un exemple de cette puissance qui transforme. Voyant l’eau changée en vin, il pourra se dire : Il peut me changer. A Cana, Jésus « manifesta sa gloire ; et ses disciples crurent en lui » (Jean 2 : 11).
            Mais Simon retourne à Capernaüm et reprend ses filets.


                        La pêche miraculeuse (Matt. 4 : 18-20 ; Marc 1 : 16-18 ; Luc 5 : 1-11)

            Combien de temps s’est-il écoulé depuis le Jourdain jusqu’au moment où le Seigneur vient au bord du lac et se révèle à nouveau à Simon ? Nous ne pouvons le préciser. Il y a, pour Jésus, la période des tentations, le début du ministère, et une succession d’événements dont la chronologie est difficile à établir. Est-ce même nécessaire ? Ne cherchons pas à harmoniser les évangiles, mais recevons-les comme quatre tableaux différents que l’Esprit de Dieu a voulu nous donner du Seigneur Jésus.
            En Luc 5, Jésus se tenait sur le bord du lac de Génésareth ; « la foule se pressait autour de  lui pour entendre la parole de Dieu » (v. 1). Pendant que les pêcheurs lavent leurs filets au bord du lac, Il monte dans une barque et prie Simon de s’éloigner un peu de la terre. Là, depuis la barque, Il enseigne la foule. C’est l’enseignement du Seigneur que l’on pourrait qualifier de général. Simon l’écoute sans doute, mais ce n’est pas cela seul qui va le transformer. Telle est souvent la situation de bien des jeunes parmi nous. Ils ont senti le regard de Jésus se poser sur eux. Ils savent qui Il est ; ils écoutent et réécoutent ses enseignements, toutes les fois que la Parole leur est présentée ; mais ils n’ont pas encore eu d’expérience personnelle avec le Seigneur ; la Parole qu’ils entendent n’est pas « mêlée avec de la foi » chez eux » (Héb. 4 : 2).
            Comment Jésus va-t-il s’y prendre pour opérer chez Simon ? Va-t-il l’enseigner avec plus de précision que la foule ? Va-t-il lui démontrer qui Il est ? Il n’agit pas ainsi dans ce cas.
            « Mène en eau profonde », dit-il à celui qu’il veut gagner, « et lâchez vos filets pour la pêche » (v. 4). Simon vient de faire l’expérience de la « nuit ». Pendant toutes ces heures sombres, avec ses compagnons, ils ont travaillé. Mais leur labeur n’a rien produit. Tableau de ceux qui cherchent confusément, peut-être dans la mauvaise direction, et qui ne trouvent rien. Il faut la parole du Maître (Dominus), du Seigneur ; il faut lui obéir : « Maître… sur ta parole, je lâcherai les filets » (v. 5). Il en résultera une démonstration personnelle, directe, de la présence et de puissance de Jésus. Pour l’un ce sera à l’occasion d’une faute ; pour un autre, d’une épreuve ; un troisième sera confronté avec un texte de la Parole de Dieu. Quoi qu’il en soit - et les voies de Dieu sont infiniment diverses -, une expérience doit intervenir afin de produire la conviction du péché.
            Témoin de cette pêche extraordinaire, de cette puissance de Celui qui était dans sa barque, sentant sur lui ce regard qui pouvait voir les poissons dans l’eau, mais aussi les péchés dans son cœur, « Simon Pierre se jeta aux genoux de Jésus, disant : Retire-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur » (v. 8). La frayeur l’avait saisi, lui et ses compagnons, comme elle avait saisi le jeune Esaïe, face à la sainteté et la grandeur de l’Eternel (Es. 6) ; comme elle saisira Saul sur le chemin de Damas (Act. 9), ou les Juifs, au jour de la Pentecôte, quand Pierre placera devant eux la résurrection du Messie, qu’ils avaient renié et crucifié (Act. 2). Sans conviction de péché, pas de réelle conversion, souvenons-nous-en.
            Est-ce le même jour, ou le lendemain, ou quelques jours après, que Jésus appelle à Le suivre Simon et son frère, puis ses deux associés ? Nous ne pouvons pas le dire. Marc 1 et Matthieu 4 mettent l’accent sur cet appel. Rien de dramatique ; peu de paroles ; quelques mots seulement, mais qui changent toute la vie : « Venez après moi, et je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes » (Marc 1 : 17). Si cet appel retentit un jour aux oreilles de nos cœurs, que répondrons-nous ?
            « Venez après Moi. » La vie va être totalement réorientée ; elle aura un but ; elle aura un centre. Appelés à être pêcheurs d’hommes, les disciples, et Simon en particulier, seront formés à cette fin : « Je vous ferai devenir… ».
            Simon deviendra - mais pas encore ! - « pêcheur d’hommes ». Que recherchons-nous, ou plutôt qui recherchons-nous ? Avons-nous déjà eu la joie d’amener une âme au Seigneur ?
            Chacun doit discerner, dans la communion avec le Seigneur, ce qu’Il lui demande d’abandonner. C’est la première chose nécessaire pour prouver sa réponse à l’appel. Pour Simon ce furent ses filets ; pour Elisée, sa ferme ; pour Lévi, son bureau ; pour Jean et Jacques, leur père, afin de s’engager à la suite de Celui qui était descendu dans ce monde pour y accomplir jusqu’au bout la volonté de son Père.
            Tous ne sont pas appelés à consacrer tout leur temps à l’œuvre du Seigneur ; c’est une grâce particulière. La plupart restent dans le contexte habituel de la vie : profession, famille. Chacun n’en est pas moins appelé à servir le Seigneur, et à abandonner toute entrave à la communion ou au service. Ces obstacles peuvent être dans les circonstances ; ils sont surtout dans le cœur.


                        Etre avec Lui (Marc 3 : 13-15)

            « Sur une montagne », Jésus « appelle à lui ceux qu’il voulait » (v. 13). Au bord du lac, les quatre compagnons avaient reçu ce qu’on pourrait appeler un appel « secret ». Vient maintenant l’appel « officiel », connu de tous alentour. Il y aura la formation ; plus tard viendra l’envoi (Jean 21) ; mais maintenant, sur cette montagne, à l’écart, près de Dieu, Jésus appelle ceux qu’il voulait, et « ils vinrent à lui ».
            Douze sont établis pour les envoyer prêcher et pour avoir autorité de guérir. Est-ce ainsi exactement que parle le texte ? Non ! – Avant de prêcher, avant de guérir, avant de chasser les démons, il fallait « être avec Lui ».
            Simon reçoit publiquement son nouveau nom de Pierre. Pendant trois ans il va être avec le Seigneur afin d’être formé pour la tâche qui l’attend : il entendra les enseignements de Jésus aux foules ; il prêtera une attention particulière aux instructions données aux disciples, sur la route, dans la maison, ou durant les dernières heures passées avec eux (Jean 14-16). Pendant trois ans il aura, chaque jour, sous les yeux l’exemple de son Maître : son humilité, son amour, sa puissance, sa grandeur, sa sainteté, son dévouement inlassable. De temps à autre, Jésus enverra ses disciples, deux à deux, pour faire en quelque sorte l’apprentissage du service. Le Seigneur mettra aussi leur foi à l’épreuve : dans la tempête sur le lac, par la pêche du poisson qui apporte le statère, en les invitant à donner à manger aux foules alors qu’ils ne disposent que de cinq pains et de deux poissons. Par tant d’autres incidents et expériences, petit à petit, la foi de Pierre sera affermie, jusqu’au jour où il sera vraiment devenu « pêcheur d’hommes ».


EN SUIVANT JESUS – SA PUISSANCE ET SA GRANDEUR

            Nous ne voulons pas reprendre toutes les scènes de la vie de Jésus, telles que les évangiles nous les présentent, mais nous limiter à certaines où Pierre est expressément mêlé.
 

                        La belle-mère de Pierre (Matt. 8 : 14-15 ; Marc 1 : 29-31 ; Luc 4 : 38-39)

            Quelle joie dans le cœur de Pierre, lorsque, peu après l’appel au bord de lac, sortant un jour de la synagogue, Jésus vient dans sa maison. Il vaut la peine, à travers les évangiles, de chercher toutes les maisons dans lesquelles Jésus est entré, et d’examiner le résultat de telles visites. Dans notre cas, une grande déception va faire place à la joie : la belle-mère de Pierre est couchée avec une « forte fièvre » (Luc 4 : 38). Que faire, sinon parler d’elle à Jésus et Le prier pour elle ? Le Seigneur s’approche, Il se penche sur la malade, Il la prend par la main, et « aussitôt la fièvre la quitta » (Marc 1 : 31). Dans sa maison visitée par l’épreuve, Pierre fait l’expérience de la puissance et du cœur de son Maître. Que va faire la femme qui a trouvé maintenant la paix ? Se confondre en remerciements, en effluves de paroles de gratitude ? Tout simplement, elle se lève et « elle les servit » disent Marc et Luc… « elle Le servit » dit Matthieu. Reconnaissance en actes et non en paroles, reconnaissance envers Jésus, en Le servant dans les siens.
            Que serait-il advenu si, peu de jours auparavant, Pierre n’avait pas répondu à l’appel de Jésus et ne l’avait pas suivi ? La maladie s’installait au foyer, peut-être le deuil, tandis que, maintenant, c’était la joie et la reconnaissance. Ne vaut-il pas la peine de suivre un tel Maître.


                        La fille de Jaïrus (Matt. 9 : 18-19, 23-26 ; Marc 5 : 21-24, 35-54 ; Luc 8 : 40-42, 49-56)

            Pour la bénédiction d’une seule âme, Jésus avait traversé le lac et la tempête. A son retour, « tous l’attendaient » (Luc 8 : 40) - Jaïrus, peut-être depuis longtemps. Il se jette à ses pieds et le supplie instamment pour sa fille. Le cortège dans lequel Pierre a pris place s’ébranle ; mais tout procède avec lenteur, à cause de la foule, de la femme qui vient toucher le vêtement du Seigneur, de l’entretien qui suit… jusqu’à ce que les messagers annoncent au pauvre père, sur un ton de reproche : « Ta fille est morte, n’importune pas le maître » (v. 49).
            Jésus répète à Jaïrus la parole dite à Pierre : « Ne crains pas » ; mais il ajoute : « Crois seulement » (v. 50).
            Quels sentiments devaient agiter le cœur de notre disciple devant une telle scène ? Il savait que son Maître pouvait guérir ; à Naïn il avait vu sa puissance de résurrection. Allait-il opérer, et comment, en faveur de cette famille en deuil ? Le plus merveilleux pour Pierre c’est que Jésus le prend seul avec Lui, accompagné de Jacques et de Jean ; ils vont être les témoins de la scène qui va suivre. Renvoyant dehors la foule, ceux qui pleuraient, ceux qui criaient, ceux qui se moquaient de Lui, Jésus prend, dans le silence de la chambre mortuaire, le père de l’enfant et la mère, et les trois disciples qu’Il avait choisis. Et là, de même qu’Il s’était penché sur le lit de la belle-mère de Pierre, il se penche sur l’enfant étendue. La même main qui avait saisi celle de la femme malade, prend la main de l’enfant, avec ces paroles : « Enfant, réveille-toi » (v. 54). Aussitôt elle se lève et marche ; elle avait douze ans. Encore une précision intéressante : l’âge auquel cette enfant a rencontré Jésus.
            Pour Pierre, quel tableau ! Le Maître a donné la vie à la jeune fille étendue sur son lit mortuaire ; il avait rendu à sa mère le fils que l’on conduisait au cimetière (Luc 7) ; plus tard il ressuscitera Lazare, depuis quatre jours dans le tombeau (Jean 11).


                        La marche sur la mer (Matt. 14 : 22-23 ; Marc 6 : 45-52 ; Jean 6 : 16-21)

            Jésus avait contraint ses disciples à s’embarquer, alors que Lui-même montait sur une montagne à l’écart pour prier. La nuit venue, I était là, seul ; la nacelle, au milieu de la mer, était battue par les flots ; les disciples se tourmentaient à ramer.
            Ils L’avaient oublié, tout concentrés sur leurs efforts pour échapper au vent et aux vagues. A son arrivée, ils l’auraient reconnu, s’ils avaient pensé à Lui ; mais leur esprit et leur cœur étant ailleurs, ils croient qu’i s’agit d’un fantôme. Il faut la voix de Jésus dans la tempête disant : « C’est Moi », pour qu’ils le reconnaissent. Pierre, frappé de cette présence, répond : « Seigneur, si c’est toi, commande-moi d’aller à toi sur les eaux » (Matt. 14 : 28). Jésus dit : « Viens » (v. 29). Confiant en la parole du Maître, Pierre quitte la barque et, pour aller à Lui, marche sur les flots démontés.
            Bel exemple de la vie chrétienne ; quitter les « sécurités » auxquelles Jésus appelle à renoncer, pour s’engager dans un chemin où, comptant sur la puissance de Dieu, seule la foi pourra nous garder. Peu importe les vagues et le vent, la même puissance est nécessaire sur une eau calme ou sur une mer tourmentée. Mais Pierre regarde aux circonstances, au vent contraire, à l’opposition – opposition de Satan, opposition du monde, opposition intérieure même dans les assemblées telle que Paul l’a souvent rencontrée – et Pierre doute.
            Quoi d’étonnant s’il commence à enfoncer. Mais conscient de sa détresse, il crie : « Seigneur, sauve-moi ! » (v. 30). Jésus va-t-il intervenir ? Laissera-t-il son disciple poursuivre l’expérience du doute et s’enfoncer, puis disparaître dans les eaux en furie ? – « Aussitôt, Jésus étendant la main, le saisit » (v. 31a). La même main qui s’était étendue vers la fillette inanimée, la même main qui avait calmé la fièvre de la belle-mère, saisit cette fois celle de Simon qui doute ; la même voix, là sur la mer, sur les vagues, dans le vent, alors que le disciple et son Maître sont face à face dans la nuit, – la même voix se fait entendre : « Homme de petite foi, pourquoi as-tu douté ? » (v. 31b).
            Jésus sait guérir, sait donner la vie, sait réconforter et consoler ; quand il le faut, Il sait aussi reprendre. Quelle mise en garde pour l’avenir ! Apprendre à se défier de soi et à compter sur Lui. Il faudra à Pierre plus d’une leçon encore pour le savoir vraiment.
 

                        Le statère (Matt. 17 : 24-27)
 
            Pierre avait été témoin de la puissance du Seigneur. Il devait apprendre à connaître aussi la grandeur de la Personne qu’il suivait. A ceux qui lui demandent si son Maître paie les impôts du temple, il répond aussitôt affirmativement, plaçant le Seigneur au niveau d’un Juif quelconque.
            Quel embarras éprouve-t-il ensuite pour expliquer cet engagement précipité ! Dans sa grâce, Jésus prend les devants. Après avoir bien fait ressortir qu’en général à l’époque, les impôts étaient dus par les étrangers, non par les fils, Jésus propose pourtant d’acquitter ce tribut, « afin que nous ne les scandalisons pas » (v. 27). Lui, le Seigneur du temple, en l’honneur de qui la maison était bâtie et toutes les cérémonies qui s’y célébraient étaient accomplies, n’aurait pas dû payer l’impôt du temple. Mais Il avait pris place parmi les hommes, et il convenait à son abaissement qu’Il l’acquitte.
            Pierre devait devenir conscient, beaucoup plus qu’il ne l’était, de la prééminence de Celui qu’il suivait. Le Créateur de toutes choses donne l’ordre à un poisson de lui apporter l’argent nécessaire, tout en ajoutant : « Donne-le leur pour moi et pour toi », non pas « pour nous ». Il souligne par ces simples mots la différence essentielle existant entre Lui-même et son disciple. Il dira de même à Marie : « Je monte vers mon Père et votre Père, non pas, « vers notre Père » (Jean 20 : 17). C’est la même relation, mais non l’égalité d’essence.
            Cette leçon, Pierre aura de la peine à l’apprendre. Sur la montagne de la transfiguration, de nouveau, il mettra son Maître au même niveau que Moïse et Elie, proposant de faire pour eux trois tentes. Il faudra la voix du Père pour distinguer, aux yeux des disciples, son Fils bien-aimé (Luc 9 : 33-35).


                        Auprès de qui irions-nous ? (Jean 6 : 66-69)

            Une première mise à l’épreuve attendait Pierre : son attachement à Jésus était-il réel ou passager ? Plusieurs des disciples se retiraient ; ils ne marchaient plus avec le Maître. Et Jésus pose cette question aux douze : « Et vous, voulez-vous aussi vous en aller ? » (v. 67).
            Epreuve que rencontre plus d’un jeune dans une famille chrétienne. Parmi ceux de son âge qui avaient paru un temps suivre le Seigneur, quelques-uns s’égarent dans le monde, d’autres sont attirés par des affections qui les détournent ; d’autres encore sont troublés par des doutes intellectuels, ou suivent un homme, ou s’attachent à des erreurs. Et la même question est posée : « Et toi, veux-tu aussi t’en aller ? ».
            Pierre répond avec toute l’admiration qu’il avait pour son Maître : « Seigneur, auprès de qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle ». Il ajoute : « Nous, nous croyons et nous savons que toi, tu es le Saint de Dieu » (v. 68-69). Déclaration nette et claire, dans laquelle Pierre mêlait peut-être un peu de satisfaction personnelle, puisque Jésus ajoute : « N’est-ce pas moi qui vous ai choisis, vous, les douze ? » (v. 70). Ce n’est pas toi, Pierre, qui es venu à moi, mais c’est moi que t’ai attiré et formé. Cette leçon, Jésus la répétera tout à la fin de sa vie, dans ses derniers enseignements aux disciples : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi ; mais c’est moi qui vous ai choisis et qui vous ai établis, afin que vous alliez et que vous portiez du fruit et que votre fruit demeure » (Jean 15 : 16).


G. André