Une part avec Lui
L’exemple de Jésus lavant les pieds de ses disciples
Le lavage d’eau par la Parole
Pas de « part » avec Christ sans le maintien de la sainteté pratique
Le refus de Pierre
Se laver les pieds « les uns aux autres »
« Il (Jésus) se lève du souper et met de côté ses vêtements ; puis ayant pris un linge, il le serra autour de sa taille. Ensuite il verse de l’eau dans le bassin, et commence à laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le linge dont il était ceint. Il vient à Simon Pierre ; celui-ci lui dit : Seigneur, tu me laves les pieds, toi ? Jésus lui répondit : Ce que je fais, tu ne le sais pas maintenant, mais tu le comprendras par la suite. Pierre lui dit : Non, tu ne me laveras jamais les pieds ! Jésus lui répondit : Si je ne te lave pas, tu n’as pas de part avec moi. Simon Pierre lui dit : Seigneur, non pas mes pieds seulement, mais aussi mes mains et ma tête. Jésus lui dit : Celui qui a tout le corps lavé n’a besoin que de se laver les pieds : il est net tout entier ; et vous, vous êtes nets, mais non pas tous. Car il savait qui le livrait : c’est pourquoi il dit : Vous n’êtes pas tous nets » (Jean 13 : 4-11).
Cette scène remarquable a eu lieu durant la dernière soirée que Jésus passait avec ses disciples. C’était donc très peu de temps avant son arrestation et sa crucifixion (Matt. 26 : 1). Il allait quitter ce monde pour « aller au Père » (Jean 16 : 28), en subissant la mort de la croix nécessaire pour répondre aux droits de Dieu et assurer notre rédemption. Il voulait s’offrir en sacrifice à Dieu par l’Esprit éternel (Héb. 9 : 14), comme le véritable Agneau de Dieu. Il le ferait au moment de la fête de Pâque qui était toute proche.
Or Il allait laisser ceux qu’Il aimait, « pour un temps », dans ce lieu ténébreux, rempli de péché, où Lui-même avait vécu tout à la gloire de Dieu (Jean 17 : 18). Mais ils étaient toujours sur son cœur et Il voulait les aimer « jusqu’à fin » (13 : 1). « C’est la source précieuse de toutes Ses relations avec nous » (JND).
Depuis le chapitre 13 de l’Evangile de Jean, et jusqu’à la fin de chapitre 16, la Parole de Dieu nous fait participer aux derniers entretiens intimes du Seigneur avec les siens. Le grand mot-clé de tout ce passage, c’est l’amour.
L’exemple de Jésus lavant les pieds de ses disciples
Les disciples se trouvent avec le Seigneur dans la chambre haute. Ils y sont à l’écart du monde et à l’abri des ennemis. Jésus se lève alors du souper et commence à laver les pieds de ses disciples (Jean 13 : 4-5). Peut-être venaient-ils de se disputer pour savoir lequel serait le plus grand dans le royaume de Dieu (Luc 22 : 24-27) ? Jésus, par sa façon d’agir, se présente comme un exemple que tous les croyants sont tenus de suivre : « Vous devez vous laver les pieds les uns aux autres » (Jean 13 : 14)
En suivant des chemins couverts de poussière, tout voyageur chaussé de sandales avait très vite les pieds salis ; il avait un besoin urgent d’être lavé, et cette tâche était plutôt réservée aux esclaves. C’était un signe d’hospitalité, lorsqu’on entrait dans une maison en Orient (Luc 7 : 44).
En lavant leurs pieds, Jésus faisait ce jour-là aux siens ce qu’aucun d’entre eux ne s’attendait à Lui voir faire ! Le seigneur et le maître (v.14) s’humilie volontairement et prend la dernière place. Il avait déjà été autrefois écrit à son sujet : « Je suis un homme qui laboure la terre, car l’homme m’a acquis comme esclave dès ma jeunesse » (Zach. 13 : 5). Il était « Dieu manifesté en chair » (1 Tim. 3 : 16) ; le Père avait « tout mis entre ses mains » (Jean 3 : 35). Or, Il accomplit ici cette tâche peu estimée, mais qui a en réalité une grande importance ! Chacun des gestes successifs du Seigneur dans cette scène est digne de retenir toute notre attention. Ayant mis de côté ses vêtements, Il prend un linge et Il s’en ceint. Il lave ensuite les pieds des siens et les essuie avec le linge dont Il était ceint (v. 4-5). En effet, si les pieds restent mouillés, ils seront encore plus rapidement souillés.
Pour nous croyants, ce lavage des pieds a une signification spirituelle. Nous avons « tout le corps lavé » (v. 10) par le sang de la croix (Apoc. 1 : 5b). Mais du fait de nos contacts fréquents avec le mal qui abonde dans ce monde, nous sommes vraiment très exposés à la souillure. Tout se joue dans nos pensées d’abord, et se traduit ensuite dans nos paroles et nos actes. Nous avons donc un grand besoin d’être souvent purifiés.
Dans sa fidélité, le Seigneur veille à ce que pendant son absence nous soyons maintenus sans cesse dans la sainteté pratique. Il nous donne dans ce but des ressources spirituelles pleinement suffisantes : le Saint Esprit, sa Parole toujours disponible - et la prière pour nous adresser à Lui à tout instant en demandant son secours (Jean 17 : 16-19). Présentement, dans la gloire, Il se tient pour nous auprès de Dieu, à la fois comme notre Souverain Sacrificateur et notre Avocat.
Au moment où Jésus lave ainsi les pieds de ses disciples, Il accomplit le service que la cuve d’airain rendait déjà dans le tabernacle en faveur des fils d’Aaron (Ex 30). C’est de l’eau et non du sang ; il est question ici de pureté et non d’expiation.
Il convient de se juger constamment et de laisser la Parole, dont l’eau est une image (Eph. 5 : 26), nous éclairer sur l’état parfois déficient de notre communion avec notre Dieu et Père. Cette Parole, appliquée à notre conscience et à notre cœur, fait toucher du doigt tout ce qui doit être laissé de côté dans notre vie.
Sur la croix, le sang de Jésus Christ a été répandu une fois pour toutes pour nous purifier devant Dieu de tous nos péchés, ceux que nous avons commis avant notre conversion et depuis celle-ci. Ressuscité des morts, le Seigneur est toujours vivant pour intercéder en notre faveur (Héb. 7 : 25). Son intercession s’exerce de deux manières. S’il s’agit de faiblesses, Il est là comme notre grand Souverain Sacrificateur. Si, en revanche, il s’agit d’un péché commis, Il est notre Avocat auprès du Père. Si l’un de ses rachetés confesse son péché et se repent, son Avocat se présente à sa place devant le Père, dans toute l’efficace de son sang - ce sang précieux versé en faveur de son racheté. Il dit à son Père : Il m’appartient, je l’ai revêtu de ma justice parfaite et pure (1 Jean 2 : 1-2) !
Chers enfants de Dieu, conscients d’avoir de si grands recours à notre disposition, « approchons-nous avec un cœur vrai, en pleine assurance de foi, ayant les cœurs par aspersion purifiés d’une mauvaise conscience… » (Héb. 10 : 22).
Nos corps de croyants lavés une fois pour toutes, nous sommes sauvés pour l’éternité (Héb. 10 : 10, 14). En attendant d’atteindre notre domicile céleste, veillons à ne pas nous montrer négligents dans le maintien de notre sainteté pratique. Ainsi nous pourrons plaire au Seigneur et notre âme sera heureuse.
Le lavage des pieds est une image dont le Seigneur se sert pour nous parler avec simplicité de la grande vérité de la sanctification pratique, indispensable pour maintenir le croyant dans la communion avec Dieu, ou pour la retrouver ! Pour cela Il met toutes ses ressources à notre disposition. Certains ont pensé qu’il fallait pratiquer - littéralement - ce lavage des pieds entre nous. S’il avait convenu de pratiquer ce lavage de cette manière-là, la Parole l’aurait certainement précisé, comme elle le fait ailleurs au moment de la purification des sacrificateurs. C’est l’aspect « moral » que le Seigneur avait en vue.
Pas de « part » avec Christ sans le maintien de la sainteté pratique
Jésus a dit à Pierre : « Si je ne te lave pas, tu n’as pas de part avec moi » (Jean 13 : 8b). Si la sainteté pratique n’est pas maintenue, il n’y a pas de part possible avec Christ. Notre bénédiction spirituelle dépend de la réalité de notre communion avec Lui !
Souvenons-nous de l’exemple donné par Marie. Il y avait alors à Béthanie une maison amie, où Jésus a été reçu, servi, écouté et aimé. Marthe en était la maîtresse de maison ; sa sœur, Marie, aimait particulièrement écouter les paroles de Jésus, assise à ses pieds. Elle y restait autant que possible dans ce but ! Cette bonne disposition de cœur chez Marie réjouissait le Seigneur. Il dit à Marthe : « Tu t’inquiètes et tu te tourmentes de beaucoup de choses ; mais il n’est besoin que d’une seule, et Marie a choisi la bonne part, qui ne lui sera pas ôtée » (Luc 10 : 41-42). Attention à ne pas tomber dans le même piège que Marthe. Si un travail excessif nous absorbe, notre communion avec le Seigneur sera vite troublée !
Instruite par le Seigneur, Marie a acquis une perception plus vive de Ses pensées. Elle a le privilège d’oindre Ses pieds avec une livre de parfum de nard pur. Cet élan de son cœur réjouit Jésus ; Il répond lui-même à Judas qui, sans droiture, se permet de critiquer Marie : « Permets-lui d’avoir gardé cela pour le jour de ma mise au tombeau » (Jean 12 : 3, 7). D’autres femmes pieuses iront au tombeau avec la bonne intention d’embaumer Son corps, mais Il sera déjà ressuscité ! Marie, dans une communion étroite avec Lui, avait su « discerner » qu’il convenait de le faire avant sa mort !
Le comportement de Jean - « le disciple que Jésus aimait » - est également un exemple pour tous les rachetés. Il restait souvent incliné sur la poitrine du Seigneur, et tout naturellement, il avait appris à connaître ainsi ses pensées (Jean 13 : 23-27). Il pouvait en faire part aux autres disciples et plus tard écrire, conduit par le Saint Esprit, un précieux Evangile. Il n’a pas négligé cette part excellente. D’autres aussi peuvent la partager, s’ils ont aussi le désir fervent de goûter une vraie communion avec le Seigneur. Nous chantons dans un cantique : « Près de son cœur ayant tous place, comme Jésus et ses amis ».
Quand Jésus s’approche avec amour de Pierre, ce dernier s’insurge à l’idée de le voir accomplir un tel service, habituellement départi aux esclaves. Aucun disciple n’avait voulu semble-t-il jusqu’ici prendre le linge pour laver les pieds des autres ! Jésus est toujours le parfait Serviteur. Il le sera encore dans la gloire (Luc 12 : 37).
Entraîné par de forts sentiments naturels, Pierre refuse donc que le Seigneur lui lave les pieds. Il semblait alors avoir oublié qu’un disciple doit obéir à la volonté de son Maître, même s’il ne comprend pas ses intentions. Jésus lui explique avec patience qu’il connaîtra « plus tard » la signification de Son travail d’amour. Ici, en grec, le mot « ginosko » est employé ; dans un tel cas il ne s’agit pas d’une connaissance intuitive, ce serait en grec : « oida » - un terme employé ailleurs -, mais d’une connaissance acquise à la suite d’un enseignement à ce sujet. En effet, Pierre sera sans doute le premier à comprendre la portée de ce lavage des pieds. Ce sera au moment où, après son reniement, il aura par grâce un entretien privé avec le Seigneur ressuscité - avant sa restauration « publique » (1 Cor. 15 : 4 ; Jean 21 : 15-18).
Cependant, ce disciple parfois versatile change aussitôt d’opinion et demande à Jésus de lui laver aussi les mains et la tête ! Le Seigneur lui répond alors que tous les disciples - Judas excepté - ont déjà été « entièrement lavés » de leurs péchés et pardonnés, car ils ont cru à Sa Parole (v.10-11). C’est du Serviteur par excellence que viennent ici ces enseignements si importants. Il nous est précieux de les mettre en pratique : notre « part » avec Lui en dépend !
Pour toute souillure c’est toi qui te ceins,
Et lavant d’eau pure les pieds de tes saints,
Tu dis au fidèle : Sois l’imitateur
Du parfait Modèle, du vrai Serviteur.
Se laver les pieds « les uns aux autres »
Le « lavage des pieds » est heureusement avant tout l’affaire du Seigneur Jésus, mais Il dit à tous ses disciples : « Vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns aux autres ; c’est un exemple que je vous ai donné : comme je vous ai fait, moi, vous aussi faites de même » (v. 14-15). Comment réaliser ce lavage des pieds de la façon convenable ? C’est de la Parole de Dieu seule qu’il convient de se servir. Dans ce saint service, nos propres pensées n’ont aucune place. Reconnaissons humblement avec Elihu parlant à Job : « Je suis fait d’argile, moi aussi … mon poids ne t’accablera pas » (Job 33 : 6-7).
Pierre se souvenait probablement de cette scène quand il écrivait : « Soyez revêtus d’humilité ; car Dieu résiste aux orgueilleux, mais il donne la grâce aux humbles » (1 Pier. 5 : 5). N’ayons donc pas une haute pensée de nous-même, au-dessus de celle qu’il convient d’avoir (Rom. 12 : 3). « L’esclave n’est pas plus grand que son seigneur, ni l’envoyé plus grand que celui qui l’a envoyé » (Jean 13 :16).
Ayons très à cœur de sonder les Ecritures. Elles amèneront nos pensées à se fixer sur Christ, et à L’imiter. Quelle sagesse brille, par exemple, dans la façon dont Jésus s’est approché de la femme samaritaine (Jean 4). C’est toujours une activité délicate d’appliquer le vrai baume de Galaad sur des plaies qui peut-être coulent (Jér. 8 : 22 ; 46 : 11), mais le Saint Esprit veut nous guider. Le baume souverain se trouve en Jésus seul. Il répond à tous les besoins de nos âmes, profondément souillées par le péché, et Il les purifie. Apprenons à présenter la vérité dans un esprit de grâce. Ayant connu pour nous-mêmes les conséquences du péché, approchons-nous de notre frère si nous discernons chez lui quelque chose qui n’est pas à la gloire de Christ. Mettons-nous « à ses pieds » pour lui montrer avec douceur, à la lumière de la Parole, ses manquements. Si notre frère est « gagné », il pourra promptement reprendre sa marche en avant. Sa conscience une fois purifiée devant Dieu, il jouira à nouveau d’une réelle communion avec son Seigneur.
Prenons garde à notre façon de nous comporter : l’eau versée ne doit pas être ni bouillante, ni trop froide, sinon elle n’aura pas l’effet souhaité. Garde-nous d’une attitude plutôt condescendante dont l’effet serait désastreux. Apprenons aux pieds du Seigneur à nous servir de la Parole à la « température convenable », en cherchant la bénédiction de notre frère en Christ. Nous avons tous beaucoup à apprendre sur la manière d’apporter ou de recevoir des soins mutuels. Le Seigneur désire nous enseigner à nous encourager l’un l’autre, de façon à marcher près de Lui, dans la sainteté pratique, en suivant ses traces (1 Pier 2 : 21).
Que chacun de nous, croyants, ait le désir de goûter cette « part » avec le Seigneur et retienne soigneusement l’avertissement qu’Il a laissé à ses disciples. Il veut que nous agissions avec nos frères et sœurs de la même manière qu’Il a lui-même agi avec délicatesse à cette occasion. Il nous dit : « Si vous savez ces choses, vous êtes bienheureux si vous les faites » (v.17). La vraie connaissance se traduit toujours en actes. Si savoir et faire concordent, une grande bénédiction s’ensuit.
Ph. L Le 02. 09. 2015